Les vautours fauves au secours des bergers

Transcription

Les vautours fauves au secours des bergers
Regard d’ESPERANCE N°273 - Février 2013
Regard sur notre temps (par Samuel Charles)
Les vautours fauves au secours des bergers...
Quatorze éleveurs de moutons d’Aste-Béon, dans les
Pyrénées-Atlantiques testent
actuellement un procédé
d’équarrissage particulièrement
performant. Il allie rapidité, simplicité administrative, hygiène et
salubrité, à un prix défiant toute
concurrence, puisque quasi nul !
Et la société responsable de
l’enlèvement des cadavres de
brebis s’avère d’une efficacité
redoutable et d’une organisation
sans faille : il n’est même pas
besoin de lui passer un appel
téléphonique pour l’inviter à
intervenir. Moins d’un quart
d’heure après le dépôt par
l’éleveur de la bête morte sur la
« placette d’équarrissage » – un
simple enclos grillagé – il n’en
reste plus rien !
Cette formidable machine à
nettoyer s’appelle… le vautour
fauve.
Espèce protégée, après
avoir presque disparu dans les
années 70, le vautour fauve
compte près de 1 200 individus
dans les Pyrénées.
Son avantage sur les sociétés
d’équarrissage locales est sans
appel, aux yeux des éleveurs
qui expérimentent pendant un
an le procédé inédit : alors que
celles-ci, dont la plus proche
est implantée à Agen, soit à
300 kilomètres d’Aste-Béon,
mettent parfois plusieurs jours à
intervenir, la « placette d’équarrissage » est située à moins de
quinze minutes de route des
élevages…
Et un vol de vautours est
capable de repérer un cadavre
à 35 kilomètres de distance,
en tournoyant entre 500 m et
3 000 m d’altitude !
De plus, l’oiseau est ce
que les scientifiques appellent
un « cul-de-sac épidémiologique » grâce à la puissance
de ses sucs gastriques qui éliminent les agents pathogènes
contenus dans un cadavre.
Voilà donc un vrai projet
écologique, concret, intelligent,
utile…
Son avenir est prometteur…
à condition qu’une mesure
administrative aussi inepte que
celle prise lors de la « crise de
la vache folle » ne vienne pas
le mettre à mal : l’on avait alors
privé les vautours de cadavres,
si bien qu’affamés, ils avaient
commencé à attaquer des moutons vivants…
A condition aussi que les
sociétés d’équarrissage n’appellent à y mettre fin, criant à la
concurrence déloyale…
A condition enfin que l’on
sache gérer avec bon sens les
effectifs de cette « SARL vautour fauve »…
Bref, que se mette en place
une cohabitation intelligente
entre l’homme et l’animal, aussi
éloignée de la vision destructrice
de la « bête sauvage » d’antan,
que de cette vision idéalisée,
voire idéologique, d’un animal anthropomorphique, issu
d’une « mère nature » divinisée,
qui se répand aujourd’hui… Le
totem ou le fétiche ne sont jamais loin de la nature humaine.
Que volent donc les vautours… Ceux-là sont bien moins
rapaces que certains hommes,
dont leur nom sert pourtant à
qualifier l’attitude et les actes.
S.C.

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