Préparation au mariage: un livret pour les couples

Transcription

Préparation au mariage: un livret pour les couples
Préparation au mariage: un livret pour les couples
islamo-chrétiens
Dans un numéro spécial de leur revue Accueil Rencontre, présenté à Paris le 1er décembre, les
Centres de préparation au mariage (CPM) se penchent dans le détail sur les questions des
couples islamo-chrétiens, dont la sociologie en France a beaucoup évolué au cours des dernières
années, de même que les attentes.
Corinne SIMON/CIRIC/
8 février 2015, Paroisse Notre-Dame du Sacré-Coeur, Maisons Alfort (94). Session des Centres de préparation au Mariage (CPM).
Ce n’est pas la première fois que les Centres de préparation au mariage (CPM) se penchent sur le mariage
islamo-chrétien. Mais depuis le dernier numéro consacré à ce sujet, il y a maintenant une dizaine d’années, la sociologie
française des couples mixtes a évolué.
« Il y a 20 ou 30 ans, les couples islamo-chrétiens étaient souvent binationaux: on épousait une femme musulmane
rencontrée pendant une coopération internationale ou un homme musulman venu de l’étranger faire ses études en France
, note Dominique Fonlupt, une des pionnières du groupe des Foyers islamo-chrétiens (GFIC). Aujourd’hui, dans bien des
cas, les deux membres du couple sont français, nés en France, dont l’un d’une famille d’origine musulmane, d’où un
facteur religieux plus prégnant ».
« C’est pour répondre au mieux à la situation actuelle que les CPM ont décidé de préparer un hors-série dédié de sa
publication, Accueil Rencontre, qui est un outil à l’adresse de plusieurs cibles: les couples eux-mêmes, mais aussi leurs
familles et les accompagnateurs », détaille Agathe Henniart, rédactrice en chef de la revue présentée à Paris, le
1er décembre.
1/2
Des pistes concrètes
En collaboration avec le Secrétariat national pour les relations avec les musulmans (nouveau nom du Secrétariat pour les
relations avec l’islam, de la Conférence des évêques de France), l’équipe a travaillé pendant neuf mois pour tenter
d’approcher tous les aspects du sujet: différences de foi, différences cultuelles, cérémonie du mariage, éducation des
enfants, dans une perspective concrète et enrichie de nombreux témoignages.
« Ce numéro intervient peu après la fin du Synode des évêques, relève le P. Vincent Feroldi, directeur du SNRM, au
cours duquel il y a eu une prise de conscience sur le sujet ». « Les évêques d’Afrique du Nord ont notamment souligné
que les couples mixtes traçaient un chemin de vivre ensemble possible ». « Le texte final des évêques parle de signe
d’espérance, surtout là où existent des tensions religieuses ».
« Souvent, a-t-il poursuivi, les communautés ne sont pas très favorables à ce type d’union, mais les couples eux-mêmes
sont facteurs d’évolution et nous poussent à réfléchir, à envisager de nouvelles solutions sur ce qui est possible ou pas ».
> Lire aussi: Les Sept dormants d’Éphèse rapprochent les couples islamo-chrétiens
Pas question pour autant de nier qu’il y a des difficultés, et c’est bien là l’objet de ce hors-série. « Nous sommes souvent
contactés par de jeunes couples qui ont besoin d’être rassurés, accueillis, qui désirent rester chacun dans leur propre foi
et perçoivent l’engagement comme un parcours plein d’obstacles, explique Dominique Fonlupt. Nous n’avons aucun
modèle à proposer, mais une éthique élaborée au fil des années de la conjugalité interreligieuse, grâce aux expériences
des uns et des autres ».
Une occasion de dialogue et d’approfondissement de la foi
« Dans le cas d’un couple islamo-chrétien, aux angoisses naturelles de l’engagement s’ajoutent les préjugés et les peurs
des deux côtés », souligne pour sa part Lucie, 37 ans et mariée avec Adel, Français d’origine algérienne, qui témoignent
tous deux dans le hors-série d’Accueil Rencontre.
« Il y a la crainte de la dilution de l’identité, les questionnements autour de la transmission de sa religion aux enfants, mais
c’est aussi une richesse, l’occasion d’approfondir sa propre religion et d’aller à la rencontre de l’autre en apprenant à
connaître ses croyances et ses traditions », ajoute-t-elle.
« Autrefois, appuie son mari, il y avait davantage de conversions de façade, pour faciliter l’union, tandis qu’on est
aujourd’hui dans une démarche qui relève plutôt du débat, de l’échange, sans syncrétisme, et en s’interrogeant en
profondeur sur ce que l’on veut pour soi et sa famille ».
« Lorsque les bases de ce dialogue ont été posées, et au bout de plusieurs années d’apprentissage, nos disputes
tournent comme pour tous les autres couples autour des petites choses de la vie quotidienne, et pas sur des questions
culturelles ou religieuses! », s’amuse Lucie. « On parle beaucoup de nos choix, et on ajuste au fur et à mesure, assure
encore Adel, pour essayer de planter chez nos trois enfants la petite graine de la foi ».
Marie Malzac
http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/France/Preparation-au-mariage-un-livret-pour-les-couples-islamo-chretiens-2015-12-01-1387418
2/2