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Finie l'époque où les amis d'Assad logeaient
au Royal Monceau
Dimanche 19 Août 2012 à 09:00 | Lu 14953 commentaire(s)
REHAB BENCHERGUI
Hôtel de luxe situé au 37 avenue Hoche dans le 8ème arrondissement de Paris, le
Royal Monceau fut longtemps un lieu prisé des grandes familles syriennes proche
du régime Assad. Aujourd’hui, elles ont fait leur valise, tout comme l'ancien
propriétaire du palace, Osmane Aidi, présenté comme «ambassadeur bis» de la
Syrie en France...
(Jusqu'en 2007, le Royal Monceau était détenu par un milliardaire syrien,
Osmane Aidi, proche du régime-MEIGNEUX/SIPA)
Une vraie tour de Babel chic et luxueuse, le Royal Monceau. Anglais, Allemands, Italiens, Canadiens,
Australiens ou tout simplement Français... les plus grosses fortunes venues des quatre coins du
monde affluent vers l’entrée du prestigieux hôtel parisien. L'endroit, longtemps réputé comme le QG
à Paris des hauts dignitaires syriens, amis du régime de Bachar El-Assad, a bien changé !
Une fois la porte du palace passée, le décor est vite planté : un spa de 1500 m2 jouxte le cinéma, le
club cigare réservé aux amateurs de barreaux de chaise, ou les différentes boutiques de luxe… mais il
n'y a pas foule en ce 16 août. Et encore moins de clients Syriens...
«En cette période de l’année [période de Ramadhan], vous n’avez aucune chance de croiser un Syrien
dans nos couloirs», indique un membre du personnel hôtelier avant qu’un de ses collègues affirme :
«Vous savez, depuis à peu près cinq ans (en 2007, Qatari Diar, le fonds souverain du Qatar, rachète
l’hôtel et ses murs pour la modique somme de 250 millions d’euros), la clientèle syrienne se fait
extrêmement rare pour ne pas dire absente. Vous trouverez énormément de Qataris après les
festivités de l’Aïd mais sûrement pas de Syriens».
Leur supérieur en rajoute une couche affirmant que «même ces Qataris exprimeront très difficilement
leur ressenti sur la question syrienne. Ils préfèrent rester muets, d’autant plus s’ils ont de la famille làbas». Et puis, on n’importune pas le client du Royal Monceau pour si peu…
« Refuge » parisien du régime syrien
Ce n’est pas ce tableau que l’on dressait du Royal Monceau au temps du milliardaire Osmane Aidi,
«patriarche» auto-proclamé et grand patron du luxueux hôtel de l’avenue Hoche de 1978 à 2007,
date de son rachat par Qatari Diar. De nationalité syrienne et libanaise, Aidi est connu pour avoir été
l’un des proches de l’ancien président syrien Hafez El-Assad, père de Bachar, mort en 2000. Il aura
marqué l’histoire de son pays en prenant le pouvoir par un coup d’Etat en 1970. Hafez El-Assad fut
propriétaire du palace, notamment en 1998, lorsque des soupçons de corruption planaient au-dessus
du 37 avenue Hoche.
Qu’il est loin le temps où, en plus d’être un homme respecté et admiré dans son pays, celui qui se
présentait comme «technocrate», ne souhaitant pas intervenir dans la politique franco-syrienne
avait le statut d’«ambassadeur bis» de la Syrie en France... L'opacité de ses activités ont fait courir
différentes rumeurs et soupçons sur cet «homme de développement», dans l’Hexagone.
(Osmane Aidi, entouré de Massimo Garcia et Jean Tiberi lors d'une soirée
organisée au Royal Monceau, en 2005-BENAROCH/SIPA)
Décoré chevalier, puis officier de la Légion d’honneur sous Chirac, on se souvient aussi de sa
présence à l’Institut du Monde Arabe, en automne 1993, lors de l’exposition monumentale sur la
Syrie, en compagnie de l’ambassadeur de Damas et du ministre français de la Culture, Jacques
Toubon. Il avait alors été décrit comme «un homme discret, en costume bleu sombre et paraissant
faire l’objet de toutes les attentions».
Sa renommée en France était telle qu’il avait pour rôle ce jour-là d’assurer la promotion de la Syrie
comme un pays en plein renouveau : son tourisme, son artisanat, sa gastronomie et… ses
hôtels Cham (première société d’économie mixte de Syrie qui compte dix-huit hôtels de grand luxe à
travers tout le pays). 2007… Date primordiale pour l’ancien grand ami de la France qui voit son
palace tomber entre les mains du Qatar. Le «milliardaire aux costumes bleu-Aidi» s’en va et avec lui,
tous les riches Syriens, amis de la famille El-Assad. Ainsi que la clientèle la plus fidèle qui s’est
empressée de faire ses valises au moment où Aidi bouclait les siennes.
Le «refuge» du régime syrien n’est plus. Celui qu’on considérait être le plus syrien des hôtels
parisiens laisse place à celui qu’on estime aujourd’hui le plus qatari des hôtels de la capitale.
Désormais entre leurs mains, ce sont ces derniers qui occupent les lieux la majeure partie du temps.

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