Le dossier de presse
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Le dossier de presse
Communiqué de presse UN PROJET RÉALISÉ PAR ANJI DINH VAN, MELISSA EPAMINONDI, SOPHIE VIGOUROUS © l 140, 2011 l 140 : une édition de 500 nuits l 140 : UNE ÉDITION DE 500 NUITS Adresse : 36, rue Durantin 75018 Paris Surface : 34 m2 Distribution : 1 Chambre / Douche à l’italienne / WC séparé / Bar / Séjour Vitrine QUANTUM GLASS ™ opaque ou transparente selon envies Sans statut défini ni vocation particulière, mise à part celle d’être en constante mutation, Mélissa Epaminondi, l’acquit en 2006, pour en faire son habitat privé et principal. Elle décida rapidement de convertir cet espace de contraintes liées à sa taille et à sa grande vitrine donnant sur la rue, en un terrain propice à divers expérimentations artistiques. Le lieu fut baptisé « l.140 » D’une architecture de contrainte a un habitat de confort : un concept artistique, une œuvre d’art Le projet «l 140, une édition de 500 nuits» est né de la rencontre de trois personnes: Mélissa Epaminondi – architecte et artiste, Anji Dinh-Van – responsable du dévéloppement de Andrea Crews, et Sophie Vigourous – directrice de la galerie Jousse Entreprise, art contemporain. Willy Ronis Rue Tholozé, Montmarte, 1956 Le n°36 rue Durantin, est un petit immeuble, faisant l’angle avec la rue Tholozé, construit vraissemblablement en 1926 lors de l’exposition universelle afin de combler un vide d’une largeur de 1m40 et d’une longueur de 9 m. Dans un but d’harmoniser le tissu urbain, la vocation de ce lieu ne fut pas celle d’être habitable. En 1956, Willy Ronis, l’immortalisa en tant que cordonnerie dans un de ses clichés. C’est en faisant référence aux Femmes-maison de Louise Bourgeois, que nous est venue l’idée de faire expérimenter à autrui, cette architecture atypique en explorant une nouvelle fonction: la parodie d’une chambre d’hôtel. Un hôtel d’1 chambre plus exactement. Nous avons décidé de valoriser les faiblesses de ce lieu, de les convertir en atout majeur et intéressant à partager avec des personnes extérieures. Au-delà d’une revendication féministe dénonçant le poids écrasant de la maison dans la vie d’une femme au foyer, comme pourraient le faire penser les titres de Louise Bourgeois, il s’agit d’un noyau immense d’inspiration.La maison est le contenant idéal de tous les souvenirs et en particulier de ceux de l’enfance et des rencontres. « l 140 », n’est pas un hôtel, mais une édition artistique: une édition de 500 exemplaires à expérimenter. 500 nuits à vivre dans une oeuvre d’art. Il s’agit de bâtir une histoire, en même temps que nous bâtissons les murs de notre maison. Les acteurs en seront nous 3, des artistes, des amis, des visiteurs. l 140 : une édition de 500 nuits Aujourd’hui l’intime est un espace à récupérer, un territoire à reconquérir. Dans la société actuelle l’individu n’est plus considéré dans son unicité, mais il fait partie d’une masse qui elle seule est entité. Nous proposons donc une œuvre d’art concrétisée sous la forme d’une édition de 500 nuits hors des références « contemporaine design » dans un espace dont l’unité de mesure se compte en lit double standard (140x190cm). En mesure de lit, l’espace fait 4 lits de long x 1 lit de large (sur un rdc et un étage). B - Des murs comme une toile Des murs comme une sculpture Des murs comme une installation sonore Des murs comme un écran de cinéma Des murs comme un livre .... Nous souhaitons inviter des artistes à bâtir le lieu avec nous. Nous leur proposons d’intervenir à la manière d’un artisan d’une façon décalée par rapport à leur pratique courante. Nous leur demandons de penser le lieu, de se mettre à son service. Leur « marque de fabrique » n’apparaîtra pas mais existera d’une autre manière, dans la subtilité du geste et d’une façon ludique. A - Un « hôtel » d’1 chambre: De Duchamp à Stella, d’autres artistes ont manifesté l’importance de forme d’art inscrites dans le réel en dehors des régles de l’illusion de la tradition picturale issue de la Renaissance, sans pour autant oublier que l’artiste du 16ème siècle est lié à la commande. La meilleure manière d’intervenir artistiquement dans la société est d’y être présent économiquement par le moyen d’une structure qui relie l’art et l’industrie, un art ancré dans la vie, la vie quotidienne. Nous proposons de manière singulière et personnelle la métaphore d’une chambre d’hôtel, directement inscrite dans l’espace public de la ville. Les murs de la chambre sont la propre interface entre le dehors et le dedans offrant le choix de se protéger du dehors (dans la chambre annexe, cf plan) ou à l’inverse d’être directement connecté avec l’extérieur (vivre dans espace vitrine). La dimension que nous cherchons à explorer se rapporterait à l’espace de l’intime d’une ou deux personnes. Le peintre Tim Eitel (D) est invité à peindre les murs de l 140. L’artiste Ange Leccia (F) s’occupera de mettre en place le dispositif vidéo de l’espace du haut et de l’annexe. Apichatpong Weerasethakul (TH) proposera une sélection de films disponibles dans le lieu ainsi que Sam Samore (USA). La bande son de l140 sera réalisée par Carsten Nicolaï (D). Le mur de pierres du rez-de-chaussée sera nettoyé par l’ariste Karin Sander(D). Florence Doléac (F) interviendra ludiquement dans l’espace. Gerard Wajcman (F) proposera les livres de la bibliothéque. Le dancefloor sera imaginé par Philippe Jousse (F), le chanteur Christophe interviendra sur l’objet radio. Les Fréres Baschet (F) réaliseront l’évier musical du bar. Enfin Peter Saville (Uk) et Anna Blessmann (D) proposeront la signalétique du projet. L’édition d’un magazine: un ouvrage comprenant des interviews d’écrivains sera édité. Ils répondent tous à la questions « Quel serait l’hôtel idéal pour vous ? ». Ces entretiens ont été réalisés durant la phase de recherche et de travail sur le projet l 140 pour nous aider à bâtir le lieux de manière plus précise. l 140 / LE PARADOXE DE LA FAÇADE L 140 / LE PARADOXE DE LA FAÇADE Vincent Loiret comme un couloir et que les mouvements n’y sont pas aisés. C’est aussi un lieu où l’on est plutôt seul, éventuellement à deux, qui n’a en tout cas pas vocation à être un espace de réception… l 140 se présente donc comme un lieu singulier dans lequel il semble difficile d’habiter. On peut à ce propos se demander s’il était vraiment possible d’en faire un lieu de vie. C’est pourtant le projet qu’ont mené Mélissa Epaminondi, Sophie Vigourous et Anji Dinh Van à une nuance près : un lieu à vivre plus qu’un lieu de vie. Trop exigu, trop ouvert sur l’extérieur, l 140 se positionne délibérément du côté de l’excès. Il n’y a pas de place pour un débattement minimum, comme chez Absalon, surtout pas d’espace nécessaire, tel que l’évoque E.T.Hall dans La dimension cachée. l 140 prend sens dans toutes ces questions, posées pêle-mêle : Que sommes-nous capables d’endurer ? Quelle limite entre ce que l’on expose de soi et ce que l’on ne montre pas ? Quelle limite entre le privé et le public, entre le dehors et le dedans ? Autant de questions d’une actualité on ne peut plus criante. l 140 ne s’habite donc qu’à certaines conditions, à commencer par le fait que c’est un lieu de provocation, un lieu qui ne laisse d’autre choix que de vivre l’expérience qu’il propose, ou impose, le temps d’une nuit. l 140 invite à habiter l’artifice d’une ville, aujourd’hui, à distance de tout rythme ou schéma naturel. l 140 avant travaux, 2007 Un tout petit immeuble, sur deux niveaux, quartier des Abbesses, à Paris. Un mètre quarante de largeur, presque un couloir... l 140 est à n’en pas douter un immeuble vitrine. Faut-il pourtant n’y voir qu’une façade ? Et puisque ce lieu a, pour devenir l 140, été transformé en habitation, faut-il désormais le considérer comme une façade d’habitation ou serait-il au contraire une façade que l’on habite ? Un lieu depuis toujours étrange, qu’en son temps, Willy Ronis avait immortalisé ; c’était alors l’atelier d’un cordonnier. l 140 est un lieu où l’on passe, à commencer par le fait qu’il s’organise Habiter un tel espace pose tout un ensemble de questions complexes relatives au statut de l’intimité aujourd’hui. Si de nombreuses expériences sont menées à ce sujet, plus ou moins consciemment, à commencer par les multiples émissions de télé réalité, peu tendent à penser cette intimité surexposée, pour reprendre les termes du psychanalyste Serge Tisseron. l 140 propose une expérience brute : pas de virtuel, que du réel. L’habitant d’l 140 vit l’expérience de plein fouet. Il y a quelque chose de l’ordre de l’extimité, et ce en tant qu’il est question d’exposer son intimité, d’en faire l’expérience, sans nécessairement tomber dans les travers de l’exhibitionnisme. L’expérience engage également chaque passant, qui devient voyeur. L’espace est ouvert sur la rue l 140 / LE PARADOXE DE LA FAÇADE et questionne autant de l’intérieur que de l’extérieur. Pour ce qui est de l’espace en lui-même, il est organisé comme un couloir. C’est un lieu linéaire, les fonctions s’enchaînent sans réel cloisonnement. On passe ainsi de la chambre à la salle de bains, ou encore de l’entrée à la chambre, sans distinction… Il y est donc difficile de marquer pleinement son intimité. L’existence de certains aménagements peut par ailleurs paraître incongrue, telle cette piste de danse, imaginée par Florence Doléac et Philippe Jousse, qui engage à vivre seul, au regard de tous, tout au moins de soi-même, une expérience collective. Du collectif individuel. Une forme d’introspection sous l’œil de multiples témoins. Une expérience de l’extime, en somme… Ponty de ce que serait une œuvre d’art ; un regard sur le réel, une interprétation. L’ensemble donne quelque chose d’atemporel, qui transcende toute idée de tendance. Il y a du non-démonstratif dans ce projet, cependant que les artistes choisis pourraient aussi être considérés comme une façade du projet. L’écueil du « fait par des artistes » reste pourtant très précisément évité par la nature même de leurs interventions. Les pistes sont brouillées, obligeant l’habitant à porter son attention sur le lieu, plus exactement sur l’expérience proposée, et donc en définitive sur lui même. L 140 évite de poser trop de repères auxquels nous pourrions nous raccrocher. Et si l’immeuble fait façade, on peut considérer que le projet fait front. Seconde étape du projet, l’aménagement du lieu. Jusque là, le projet semble assez simple : imaginer un lieu qui mette en question le statut et les formes de l’intimité aujourd’hui. On aurait donc pu s’attendre à lieu un peu cosy, qui donne envie de s’y installer, qui fasse oublier la mise en vitrine imposée. Au lieu de cela, Mélissa Epaminondi, Sophie Vigourous et Anji Dinh Van ont choisi une toute autre option, celle d’une apparente discrétion, celle d’une brutalité discrète, aussi. L’intervention reste donc très respectueuse de l’esprit du lieu, à commencer par son architecture… Une discrétion qui pourrait pourtant sembler paradoxale au regard des personnes invitées à aménager le lieu. Carsten Nicolaï, Sam Samore, Apichatpong Weerasethakul, Gérard Wajcman, le chanteur Christophe, entre autres… Un ensemble très hétéroclite d’artistes, designers, vidéastes, intellectuels, tous choisis par affinité, envie, passion… Certains, connus, d’autres moins. Certains, contemporains, d’autres moins. Chacun a été invité à penser une intervention discrète pour le lieu, ainsi Ange Leccia ne propose-t-il qu’un schéma de câblage du matériel vidéo, Tim Eitel repeint un mur uniformément, ou presque, tandis que Dewar & Gicquel en transforment un autre, à leur manière. Les frères Baschet poursuivent leurs recherches en proposant un évier sculptural et sonore. Le graphiste Peter Saville, qui s’est illustré dans le milieu du rock, s’occupe avec Anna Blessmann de la signalétique du projet. Apichatpong Weerasethakul, palme d’or du festival de Cannes en 2010, présente un choix de films, tout simplement… Faire façade, justement, est-ce réellement ce que propose l 140 ? Et c’est là tout le jeu d’l 140 que de jouer sur ce paradoxe. Faire façade est une tendance bien actuelle : montrer, se montrer, paraître. Or, l 140 est bien une façade d’habitation en même temps qu’il est une façade que l’on habite. L’expérience oblige donc chaque habitant à faire l’épreuve de ce paradoxe : paraître et être, en même temps. L’idée que l’on se débatte de soi dans cette entreprise de définition du soi, entre paraître et être, prend son origine dans l’organisation même du lieu, très ouvert sur la ville. On s’y débat comme l’on se débat de soi. l 140 propose en somme une expérience de la façade, avec tous les paradoxes qui lui sont liés. De la discrétion, de l’humilité. L 140 devient ainsi un objet artistique plus qu’un centre d’art. On ne vient pas voir les œuvres de tel ou tel artiste, on vient les vivre. L 140 est un objet artistique en ce sens qu’il propose un regard sur l’actualité, sur nos manières de vivre la ville. Il y a quelque chose de l’ordre du décalage. Le lieu propose un « réel à la seconde puissance », définition que donne Merleau- Je les ai faits dans l’atelier, lorsque j’avais envie de peindre mais pas de travailler « Je les ai faits dans l’atelier, lorsque j’avais envie de peindre mais pas de travailler » Chantal Joffe, 2010 Michele Robecchi d’autres représentants du Land Art creusèrent davantage ce sujet. Smithson combattait les restrictions imposées par la relation entre l’objet et l’espace en déclarant que son art relevait fondamentalement d’une question dialectique entre le site et le non-site, et que ses pièces exposées dans des espaces d’art désignés comme tels n’étaient que les représentations de l’œuvre véritable, située elle à l’extérieur. D’autres, comme Richard Long et Hamish Fulton, suivirent l’exemple de Smithson en renforçant l’idée selon laquelle, dans l’expérience, le déplacement était aussi important que la visite. Enfin, Joseph Beuys déclara en 1982 que « Chaque personne est un artiste », provocation politique qui attisa davantage un débat déjà brûlant. Mais qu’en est-il du processus inverse ? Que se passe-t-il lorsque les artistes s’adonnent à une activité qui ressemble à leur pratique mais qu’ils effectuent sans aucun but artistique ? D’un point de vue technique, une photo de famille prise par Jeff Wall n’est-elle pas un « Jeff Wall » ? Ne peut-on pas considérer une vidéo de famille filmée par Chantal Akerman comme un « Chantal Akerman » ? Un tableau de Chantal Joffe n’est-il pas un « Chantal Joffe », même lorsqu’il est peint dans un moment d’ennui et n’a rien à voir avec le travail de l’artiste ? l 140 pendant les travaux, 2011 En 1913, Marcel Duchamp répondit à la question « Qu’estce qui est art et qu’est-ce qui ne l’est pas ? », lorsqu’il fixa une roue de bicyclette sur un tabouret, donnant ainsi naissance au premier readymade. A l’époque, son geste mit le milieu artistique sens dessus dessous, mais laissa un héritage sans égal, qui impliquait que des objets ordinaires ne l’étaient plus, qu’ils devenaient des œuvres d’art à part entière une fois intégrés aux domaines de l’atelier de l’artiste, du musée ou de la galerie. Robert Smithson et En 1998, Benjamin Buchloh pressa Lawrence Weiner de questions quant à sa décision d’autoriser le Ned Sublette Band à mettre en musique le texte de son célèbre manifeste Statement of Intent (1969), et ce à la grande surprise de l’artiste. Le contexte différait mais la signification était en fin de compte la même. En effet, pourquoi quelque chose perdrait-il son intérêt une fois descendu de son piédestal ? Lorsque Shirin Neshat a tourné son premier film majeur, Women Without Men (2010), elle en a produit deux versions distinctes : l’une destinée au milieu artistique et l’autre à l’exploitation en salles. Malgré leurs variantes de longueur et de montage, il s’agit fondamentalement du même film. Pourtant, ce geste de Neshat pose une problématique, en anticipant les attentes du public cinéphile et artistique et en déterminant par une série de règles ce qui conviendrait Je les ai faits dans l’atelier, lorsque j’avais envie de peindre mais pas de travailler à chacun. En un mot, si l’on suit la logique de Neshat, seul l’artiste peut décider de ce qui relève de l’art ou non. l140 – An Edition of 500 Nights proposé par Anji Dinh Van, Mélissa Epaminondi et Sophie Vigourous, ajoute un nouveau chapitre à l’étude de cette problématique. Le lieu en question, un immeuble construit en 1926 pendant l’Exposition universelle de Paris, a connu un grand nombre de vies différentes à l’issue de sa conception. D’abord converti en boutique de cordonnier, comme l’atteste une photographie prise par Willy Ronis en 1956, il connut ensuite des usages tous plus variés les uns que les autres, jusqu’à ce que Melissa l’acquiert en 2006 pour en faire à la fois son domicile et une plateforme d’expérimentation artistique. l140 – An Edition of 500 Nights, en suivant l’idée de la fameuse citation de George Orwell «Qui contrôle le présent, contrôle le passé. Qui contrôle le passé, contrôle le futur », joue sur l’histoire du lieu afin de redéfinir son rôle actuel et sa fonction potentielle dans l’avenir. Inspiré par la Femme Maison de Louise Bourgeois, groupe d’œuvres majeures qui figurent les corps étêtés de femmes prisonnières d’un environnement domestique claustrophobe, l’espace prend désormais l’apparence d’une «chambre d’hôtel» individuelle, ce petit espace privé et anonyme où se réfugient les fugitifs, les romantiques et les voyageurs. Aussi étrange que cela puisse paraître, le rapport entre les chambres d’hôtel et les espaces d’exposition ne relève pas du hasard. Tous deux servent de logement de substitution temporaire à leurs habitants et, bien que leur existence soit émaillée d’une variété d’histoires et de personnages, leur statut particulier impose d’effacer régulièrement chaque trace de leur passé et de réinstaller leur statut immaculé d’origine, condition nécessaire à la reprise d’un nouveau cycle de vie. Dans l140 – An Edition of 500 Nights, ce chemin cyclique est momentanément suspendu. La chambre d’hôtel vit au rythme du présent, nourrie par le passage des clients, artistes, simples visiteurs et amis. La dimension imaginaire qui sépare le spectateur des acteurs, que l’on nomme « quatrième mur », se trouve partiellement ouvert comme pour signifier une acceptation, tout en rappelant qu’il s’agit néanmoins d’une demande volontaire d’invasion. A travers cet exercice d’intimité, d’économie, d’art et de vie, les artistes se libèrent de leur rôle habituel en proposant du contenu et non de l’art. Leur intervention présente des objectifs pratiques ainsi que des défis créatifs. Libre à eux d’explorer de nouveaux moyens d’expression et de décider jusqu’à quel point ils souhaitent être reconnaissables. Ainsi, Tim Eitel peint les murs, gardant le geste mais pas l’intention qui caractérise habituellement son travail. Ange Leccia adopte un code similaire, en s’occupant seul de l’installation de l’espace vidéo – une action comparable à celle d’encadrer la peinture d’un d’autre. Le tableau en question est métaphoriquement peint par Apichatpong Weerasetakhul et Sam Samore, qui ont sélectionné des films et des vidéos à projeter à la demande des invités. Carsten Nicolaï se sert de son alter ego, Alva Noto, pour passer une nuit à l140 et reproduire ce qu’il fait d’ordinaire en de telles occasions : composer de la musique. Alain Villeminot et Gérard Wajcman choisissent des publications et des livres destinés à la salle de lecture, Peter Saville et Anna Blessman créent le logo du projet, les frères Baschet se chargent du bar, tandis que Florence Doléac envahit les espaces de détente, et collabore avec Philippe Jousse pour créer une piste de danse tactile et psychédélique. En contraste absolu avec l’atmosphère solitaire généralement associée aux chambres d’hôtel, celle de l140 – An Edition of 500 Nights propose une étrange incursion dans cette aventure collective au sein cet hôtel métaphorique. Peut-être est-ce la supposition qu’implique la question « Quel serait votre hôtel idéal ? » que les curateurs ont posé aux personnalités de cette publication. Il s’agit d’une étude qui vise à découvrir comment transformer un espace inaccessible en force unificatrice, et que tous les dirigeants de grandes enseignes, de Ramada à Hilton, seraient sans doute curieux de lire. Au croisement du bar de Dieter Roth à Zurich, des performances conviviales de Rirkrit Tiravanija et du bureau de l’Organisation pour une Démocratie Directe à travers le Référendum installé en 1972 au Kunsthalle Fridericianum de Kassel par Joseph Beuys, l140 – An Edition of 500 Nights semble défier le propos de l’artiste allemand en l’inversant complètement. Après tout, si tout le monde est un artiste, alors personne ne l’est. DOSSIER ARTISTIQUE DES MURS COMME UNE SCULPTURE > KARIN SANDER DES MURS COMME UNE MUSIQUE > CARSTEN NICOLAÏ, FRANÇOIS BASCHET, CHRISTOPHE DES MURS COMME UN ÉCRAN DE CINÉMA > ANGE LECCIA DES MURS COMME UNE ASSISE > FLORENCE DOLÉAC DES MURS COMME UN FILM > APICHATPONG WEERASETHAKUL, SAM SAMORE DES MURS COMME UN LIVRE > GÉRARD WAJCMAN, ALAIN VILLEMINOT DES MURS COMME UNE TOILE > TIM EITEL DES MURS COMME UNE PISTE DE DANSE > PHILIPPE JOUSSE ET FLORENCE DOLÉAC DES MURS COMME UN SIGNE > PETER SAVILLE ET ANNA BLESSMANN DOSSIER ARTISTIQUE ANGE LECCIA GERARD WAJCMAN LES FRÈRES BASCHET Après des études d’arts plastiques, Ange Leccia s’engage dans une double activité de peintre et de cinéaste. Il initie ses recherches cinématographique et vidéographique en tant que pensionnaire à l’académie de France à Rome. Gérard Wajcman, écrivain, psychanalyste, maître de conférences au département de psychanalyse de l’Université Paris 8, dirige le Centre d’Étude d’Histoire et de Théorie du Regard. Il est l’auteur notamment de : Le Maître et l’Hystérique, Navarin/Le Seuil, 1982 ; L’interdit, Denoël, 1986 ; Nous, 2002 ; L’objet du siècle, Verdier, 1998 ; Arrivée, départ, Nous, 2002 ; Collection, Nous, 1999, 2003 ; Fenêtre, chroniques du regard et de l’intime, Verdier, 2004. François Baschet, 1920, vit et travaille à Barcelone. À l’instar de ses précédents travaux, tels que les courts métrages Île de beauté (1996) et Gold (2000), tous deux coréalisés avec Dominique Gonzalez-Foerster, il réalise Nuit bleue avec Cécile Cassel et François Vincentelli, sorti en 2011. Son film Azé, réalisé en 1999, est sorti en salle en décembre 2004. Depuis quelques années, il développe plus particulièrement son activité de cinéaste. Enseignant à l’école des beaux-arts de CergyPontoise, Ange Leccia dirige aussi une cellule de recherche pour jeunes artistes au Palais de Tokyo, Le Pavillon. Il est représenté par la galerie Almine Rech, Paris et Anselm Dreher, Berlin Pour l’exposition inaugurale de la Maison Rouge intitulée « l’intime, le collectionneur derrière la porte » (2004), Gérard Wajcman propose de reproduire grandeur nature des pièces d’habitations privées pour mettre en lumière le rapport intime du collectionneur à ses oeuvres. En parallèle à ses expositions, la maison rouge, en collaboration avec Gérard Wajcman, invente une autre façon d’approcher la création, en accueillant dans le décor intime et décalé d’une grande chambre d’hôtel, appelée La Suite, des invités issus de tous les domaines de la pensée. L’œuvre des frères Baschet s’attache à démontrer les rapports existant entre la forme et le son. Inimaginable, inouï, fait unique dans l’histoire de la facture instrumentale, ils révèlent au début des années 1950 un principe acoustique original. La reconnaissance internationale qui leur est conférée est donc double. D’une part elle provient de l’invention d’une nouvelle famille instrumentale, dénommée Structures Sonores, d’autre part ils sont considérés comme les pères de la Sculpture Sonore. Exposée dans les galeries et musées les plus prestigieux tels le Museum of Modern Art (MoMA) et le Guggenheim Museum de New York, leur œuvre figure par ailleurs dans nombre de collections publiques et privées. Exploitées dans de multiples dimensions, leurs découvertes aboutissent plus particulièrement à la création du cristal Baschet, dernier instrument acoustique inventé depuis le saxophone (1840-1846), à l’élaboration d’un instrumentarium dédié à l’éveil aux sons. Leur travail est représenté par la galerie Mercier et Associés, Paris. DOSSIER ARTISTIQUE TIM EITEL PETER SAVILLE & ANNA BLESSMANN Tim Eitel, Boot, 2004. Oil on canvas, 250x210cm Courtesy EIGEN + ART Leipzig/Berlin and The Pace Gallery. Photo: Uwe Walter, Berlin Anna Blessmann et Peter Saville se sont rencontrés dans une galerie à Berlin en 2001 et ont rapidement commencé à collaborer sur des œuvres qui ont été montrées à la galerie Hotel à Londres, chez Paul Stolper, Londres, au CRAC Alsace, au Migros Musée de Zurich et dans diverses publications. Né le 16 juillet 1970 à Bangkok, est un En 2010 ils ont présenté «Swing Project 1» au réalisateur, scénariste, producteur et artiste FRAC Champagne-Ardenne, Reims. Ils vivent et contemporain thaïlandais. travaillent ensemble à Londres. Apichatpong Weerasethakul a grandit à Khon Anna Blessmann est née à Berlin en 1969. Elle Kaen dans le nord-est de la Thaïlande, où ses a étudié les beaux-arts au HDK. Son travail fut parents sont médecins dans un hôpital. Il étudie inclus dans divers expositions de groupe comme à l‘Université de Khon Kaen et obtient un Master «Chambres ‘37’»Kunstwerke Berlin, «Die Macht en Architecture en 1994, ce qu‘il dit l‘avoir des Alters - Strategien der Meisterschaft» et influencé par la suite. Il va ensuite étudier aux «Viens et découvrir, vol. 2 ‘Podewill Berlin ou bien États-Unis et obtient un Master en Beaux-Arts des expositions personnelles comme à la Galerie de l‘Art Institute de Chicago en 1997. Achim Kubinski, Berlin et Reinhard Hauff Stuttgart. Ses oeuvres apparaissent dans des catalogues et Il a commencé à réaliser des courts métrages sur des pochettes de disques. Elle a également dès 1993. Depuis le début des années travaillé avec Maurizio Altieri et Bless. 1990, il tourne des films documentaires ou expérimentaux centrés principalement sur Peter Saville est né à Manchester en 1955. En 1979, des habitants et des régions modestes de la en tant que fondateur de la Factory Records, le Thaïlande. légendaire label indépendant, il a créé une série de couvertures d’albums emblématiques de Joy En 1999, Weerasethakul fonde Kick the Machine Division et New Order. Jonglant avec brio entre pour développer et promouvoir ses propres le monde de la mode et le secteur culturel, son projets et ceux d‘autres réalisateurs thaïlandais travail est crédité de manière significative par indépendants. l’interaction entre art et design. Saville a exposé internationalement avec une grande rétrospective Dans les années 2000, il milite contre la censure organisée au Musée du Design de Londres en du cinéma en Thaïlande. 2003, puis à Tokyo et à Manchester, accompagné de la monographie «Designed by Peter Saville» Apichatpong Weerasethakul est considéré publié par Frieze. Sa première exposition comme un réalisateur majeur du début du XXIe majeure dans un musée d’art contemporain a été siècle : les Cahiers du Cinéma classent Tropical «ESTATE» au Migros Museum de Zurich en 2005. Malady troisième film le plus important des Il a joué un rôle stratégique de premier plan dans années 2000-2009,le cinéaste obtient la Palme la régénération économique et la renaissance cultu- d‘or du Festival de Cannes 2010 pour son film relle de Manchester, sa ville natale, en tant que Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses directeur consultant créatif au conseil municipal de vies antérieures. Manchester. Le peintre Tim Eitel, né en 1971, fait partie d’un groupe de jeunes artistes allemands qui donnent actuellement un nouvel élan au retour de la peinture dans l’art contemporain à une échelle internationale. Après une observation très précise, Eitel réalise des images objectives de sa génération et leurs interactions sociales et culturelles. Sa peinture rappelle les images photographiques et filmiques des années 1990 stockées dans sa mémoire, mais révèle un caractère pictural incomparable. Tandis qu’Eitel poursuit ses préoccupations avec la figuration, il libère l’image figurative des prescriptions socio-critiques comme elle apparaissait dans l’expressionnisme ou la nouvelle objectivité, comme l’observe Markus Stegmann. Eitel teste des nouvelles formes de figuration « simples, trés banales, trés quotidiennes » montrées sur fond d’espaces spacieux et vides, dénués de toutes anecdotes superflues. Comme l’écrit Martin Schick « Eitel réduit tout à son essence ». Les surfaces colorées et les architectures, souvent monochromes, fusionnent avec une énigmatique élégance, qui n’est pas sans rappeler celles développées par Piet Mondrian. Tim Eitel est représenté par la Galerie Eigen+Art Berlin / Leipzig et par The Pace Gallery, New York. APICHATPONG WEERASETHAKUL DOSSIER ARTISTIQUE FLORENCE DOLEAC CARSTEN NICOLAÏ KARIN SANDER Carsten Nicolai (2009) photo: Summer Yen, Taiwan ([email protected]) Née en 1968 à Toulouse elle vit et travaille entre Paris et la Bretagne. Florence Doléac inscrit son travail dans un espace interstitiel dans lequel le design dialogue avec l’art et où ses modalités de présentation et de production oscillent entre un dispositif marchand et institutionnel. La revendication de cette position peu commune lui confère une identité particulière. En effet, non seulement Florence Doléac met en jeu une tension entre la production et l’exposition, avec des réponses pleines d’humour et de poésie, mais elle déploie en plus un questionnement sur la fonction et son pendant : l’inutilité. Ses propositions se jouent des codes établis afin de perturber nos habitudes de perceptions ; elle intercepte nos gestes en pointant leurs limites. L’incongruité des situations provoquées nous renvoie à notre imaginaire, allégeant une réalité excessivement bridée. Elle est représentée par la galerie Jousse Entreprise, Paris. Carsten Nicolai, né en 1965 à Karl-Marx-Stadt, est un artiste visuel, musicien et compositeur qui vit et travaille à Berlin et à Chemnitz. Comme artiste visuel, créant essentiellement des objets et des installations, Nicolai cherche à surmonter la séparation entre les formes d’art et les genres afin de sensibiliser la perception humaine à l’interconnexion des différents niveaux sensoriels. Le travail de Karin Sander joue sur la perception et le déplacement du familier. Dans de précédents projets, elle a transformé ce qui était déjà en place dans les lieux d’exposition: les structures et les surfaces comme les murs, les papiers peints, les fenêtres et les sols. Nicolaï a reçu de nombreux prix et bourses, comme la Villa Massimo, Rome (2007), Zurich Prix, Bâle (2007), Villa Aurora, Los Angeles (2003), Golden Nica, Ars Electronica, Linz (2000 und 2001), F6-Philip Morris GraphikPreis, Dresde (2000). Ses œuvres ont été montrées au niveau national et lors de grandes expositions internationales dans des galeries et musées prestigieux. Ses œuvres ont été acquises par d’éminentes collections privées et publiques du monde entier. Sander a récemment exposé au Japon, en Europe et à travers les Etats-Unis où son travail fut inclus dans le San Francisco Museum of Modern Art 010101: dans Technological Times, et fut montré dans «Project 46» au MOMA, New York. Plus d’informations sur l’artiste peuvent être trouvées sur son site http://www. karinsander.de Depuis plusieurs années maintenant Nicolaï a sorti des albums sous le pseudonyme de Noto et Alva Noto, qu’ il a présenté lors de performances live dans des salles de concert nationales et internationales, des clubs et des musées. il a collaboré avec des compositeurs et des musiciens de renom notamment Ryuichi Sakamoto, Blixa Bargeld, Ryoji Ikeda, Michael Nyman, Mika Vainio, Olaf Bender + Frank Bretschneider (signal), ainsi qu’avec différents groupes de musique moderne, tels que l’Ensemble Modern, BCN 216 et zeitkratzer. www.carstennicolai.de / www.alvanoto.com Ses œuvres les plus fameuses sont des scans en 3D de personnages réels à l’échelle 1:10. DOSSIER ARTISTIQUE CHRISTOPHE SAM SAMORE PHILIPPE JOUSSE Sam Samore est un artiste américain surtout connu pour ses grandes images dans la tradition de la peinture Renaissance ou Baroque, avec leur cortége de mise en scène, de tension dramatique, active, de théàtralité psychologique, de même que leur surface granulaire, texturisée, picturale et de contexture ambigüe. Philippe Jousse est un spécialiste du mobilier des années 50 – Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Mathieu Matégot, Pierre Jeanneret etc qu’il défend depuis plus de vingt ans. Il développe également un programme ambitieux en art contemporain avec des artistes nationaux et internationaux – Julien Previeux, Louidgi Beltrame, Clarisse Hahn, Atelier van Lieshout, SUPERFLEX, Ariane Michel etc... LES MOTS BLEUS (Jean-Michel Jarre/Chistophe) Il est six heures au clocher de l’église Dans le square les f leurs poétisent Une fille va sortir de la mairie Comme chaque soir je l’attends Elle me sourit Il faudrait que je lui parle A tout prix Je lui dirai les mots bleus Les mots qu’on dit avec les yeux Parler me semble ridicule Je m’élance et puis je recule Devant une phrase inutile Qui briserait l’instant fragile D’une rencontre D’une rencontre Je lui dirai les mots bleus Ceux qui rendent les gens heureux Je l’appellerai sans la nommer Je suis peut-être démodé Le vent d’hiver souff le en avril J’aime le silence immobile D’une rencontre D’une rencontre Il n’y a plus d’horloge, plus de clocher Dans le square les arbres sont couch?s Je reviens par le train de nuit Sur le quai je la vois Qui me sourit Il faudra bien qu’elle comprenne A tout prix Je lui dirai les mots bleus Les mots qu’on dit avec les yeux Toutes les excuses que l’on donne Sont comme les baisers que l’on vole Il reste une rancoeur subtile Qui gâcherait l’instant fragile De nos retrouvailles De nos retrouvailles Je lui dirai les mots bleus Ceux qui rendent les gens heureux Une histoire d’amour sans paroles N’a pas besoin du protocole Et tous les longs discours futiles Terniraient quelque peu le style De nos retrouvailles De nos retrouvailles Je lui dirai les mots bleus Ceux qui rendent les gens heureux Je lui dirai tous les mots bleus Tous ceux qui rendent les gens heureux Tous les mots bleus Daniel Bevilacqua est né le 13 octobre 1945. Chanteur français incontournable a écrit les titre aline les mots bleus les marionnette. Il est aussi un grand collectionneur notamment jukebox et radios. Il est représenté par la galerie Anne de Villepoix à Paris, la galerie Rodolphe Janssen à Bruxelles et par la galerie D’Amelio Terras à New York. www.jousse-entreprise.com VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE 1. chantier extérieur, 2011 © l 140 2. chantier intérieur, 2011 © l 140. Photo : Chantapitch WIWATCHAIKAMOL PRÉSENTATION DU PROJET A LA GALERIE MERCIER & ASSOCIÉS 3, rue Dupont de l’Eure 75 020 (métro Gambetta) 22 septembre conférence de presse cocktail uniquement sur invitation de 20h à 22h 23 et 24 septembre de 11h à 21h Ouverture du lieu au public : fin octobre l 140 36 rue durantin - 75018 Paris Anji Dinh Van [email protected] +33 6 82 55 74 31 Mélissa Epaminondi [email protected] +33 6 82 80 66 02 Sophie Vigourous [email protected] +33 6 25 19 13 66 — Logo « l140 » est déssiné par Peter Saville & Anna Blessmann — Graphisme Ok Kyung Yoon / [email protected]