Jésus les aima jusqu`au bout… Homélie 35
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Jésus les aima jusqu`au bout… Homélie 35
Jésus les aima jusqu’au bout… Homélie 35- jeudi saint 2003 St Jean 13 16-15 Jusqu’au bout…. Donc encore plus que pendant ces trois ans passés avec eux. Il faut dire que l’histoire d’amour, entre Dieu et son peuple est une longue histoire. Elle commence justement par la libération de milliers d’esclaves en Egypte, avec Moïse, événement si considérable qu’il était raconté chaque année, dans toutes les familles juives, au temps de Pâques. Nous l’avons entendu dans la 1ère lecture. C’était donc le début d’une libération que Jésus veut mener jusqu’au bout : le peuple de Dieu ne sera pas un peuple d’esclaves, mais un peuple de frères et sœurs, un peuple libre, car il n’y a pas d’amour sans liberté. Alors, par un simple geste, le lavement des pieds, Jésus va apprendre aux disciples : A aimer et à se laisser aimer, à servir et à être servi, à donner et à recevoir. Et ceci dans une totale humilité et une grande dignité.. Regardons bien l’attitude de Jésus dans l’évangile : Lui, le Maître et Seigneur, il se met à genoux aux pieds de ses disciples, pour les laver, comme faisait le dernier des esclaves, mais lui, avec tant d’amour et de tendresse. Pierre réagit vivement : il ne veut pas se laisser faire : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Et Jésus lui répond : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » C’est comme s’il lui disait : « Pierre, laisses-toi aimer, laisses-toi faire. Apprends à recevoir l’amour des autres, sinon, tu empêches la fraternité de se construire.. En faisant cela, Jésus bouleverse de fond en comble les rapports entre les hommes, et donne la clé d’une communion fraternelle totale, que sera le royaume de Dieu… Rappelons-nous en effet les paroles de St Paul : « Vous êtes le corps du Christ, membres chacun les uns des autres. » Et il explique : l’œil à besoin de la main pour saisir un objet, mais la main a besoin de l’œil pour voir l’objet à saisir. Donc, chaque membre donne et reçoit, faisant fonctionner le corps entier. Et c’est pourquoi le lavement des pieds est décrit dans l’évangile de Jean, à la place de l’Eucharistie, car il construit, lui aussi, le Corps du Christ, comme l’Eucharistie. Le Corps du Christ, c’est le peuple de Dieu, un peuple de frères et sœurs, un peuple libre où chacun trouve sa place, en coordination avec les autres, pour servir et être servi, donner et recevoir, aimer et être aimé. Regardons encore Jésus : nous l’avons vu dans l’attitude du serviteur, mais lui aussi à commencer par se laisser aimer, quand il était enfant, comme chacun de nous, et même devenu adulte. Rappelons-nous cette scène admirable où Jésus se laisse laver les pieds par une pécheresse, au grand scandale des biens pensants de l’époque. Chacun de nous se trouve, au cours de sa vie, dans la situation de servir ou d’être servi, d’aimer ou d’être aimé, de donner ou de recevoir. Jésus nous demande de le faire avec beaucoup d’humilité et de dignité dans les 2 sens. En effet, il peut y avoir une attitude de supériorité dans la façon de donner, qui humilie celui qui reçoit. Jésus, au contraire, se met à genoux, dans ce geste bouleversant d’humilité, de respect, d’affection. De même une attitude faussement servile est un manque de dignité pour celui qui reçoit. Jésus, lui, instaure, dans ce geste du lavement des pieds, une attitude simple et vraie où chacun se respecte. C’est absolument indispensable pour construire une vraie fraternité. Il y a beaucoup d’applications dans les rapports entre les personnes : Les rapports soignants-soignés ; les rapports enseignants- enseignés ; les rapports employeurs-employés ; les rapports curés-paroissiens ; les rapports parents-enfants. Sans oublier les rapports jeunes-adultes. Nous les adultes nous avons besoin du regard neuf des jeunes sur le monde, sur la vie, sur l’Eglise, de leur imagination, de leur enthousiasme. Et les jeunes ont besoin du témoignage de la fidélité des adultes à tenir le coup dans les rudes combats pour la justice, dans un monde difficile. Essayons de bien trouver notre place les uns avec les autres, avec simplicité, sans peur, comme des êtres libres, dans ce peuple de Dieu que Jésus est venu rassembler dans l’Eucharistie que nous fêtons ce jeudi-saint.