Compétences en gestion de carrière
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Compétences en gestion de carrière
n n n n n n POUR ALIMENTER LA RÉFLEXION Document no. 8 Compétences en gestion de carrière Les clés d’une carrière et d’une vie passionnantes Phillip S. Jarvis Centre national en vie-carrière n n n Produit par Fondation canadienne pour l’avancement de la carrière 119, avenue Ross, Suite 202 Ottawa (Ontario) K1Y 0N6 Pour Établir le contact Le symposium pan-canadien sur le développement de carrière, la formation continue et le développement de la main-d’œuvre 17 et 18 novembre 2003 Disponible sur le site: www.crccanada.org/symposium le 7 novembre 2003 n n n Compétences en gestion de carrière Les clés d’une carrière et d’une vie passionnantes Phillip S. Jarvis Centre national en vie-carrière (Extrait tiré d’un document disponible sur le site Internet www.lifework.ca/accueil.htm dans la section Projets) Carrières non désirées En juillet 2002, une équipe de l’OCDE chargée d’étudier le domaine de l’orientation professionnelle a fait ressortir que l’une des forces du Canada résidait dans « l’étendue et la qualité de ses informations concernant le marché du travail »1 . Conséquemment, on pourrait vraisemblablement s’attendre à ce que les jeunes canadiens profitent pleinement de cet avantage pour planifier leur carrière de manière éclairée et confiante. Cependant, il appert que la plupart des diplômés d’études secondaires canadiens n’ont aucun objectif de carrière articulé au moment de leur diplômation même si les jeunes de 17 à 24 ans , tant les filles que les garçons, poursuivent des études postsecondaires dans une proportion de 67 % et de 57 %, respectivement.2 La plupart d’entre eux accèdent à l’université ou au collège sans s’être vraiment fixés des objectifs de carrière précis. Ils sont encore trop peu nombreux à opter pour un apprentissage ou une formation professionnelle qui répondrait à la demande du marché du travail, actuelle ou projetée. Près de la moitié des jeunes change de programme ou décroche vers la fin de la première année de leurs études supérieures. Enfin, deux ans après la fin de leurs études, la moitié des diplômés n’aura pas obtenu d’emploi directement relié au domaine étudié.3 De nombreux adultes passent toute leur vie active sans jamais vraiment faire de choix professionnels pleinement désirés et éclairés. Un trop grand nombre d’entre eux a d’abord accédé à un poste, davantage par hasard que suite à une décision éclairée et occupe ensuite leur vie dans des milieux de travail qu’ils n’aiment pas particulièrement. Un récent sondage Gallup mené à l’échelle nationale aux États-Unis révèle que sept adultes sur dix (69 %) avouent que, s’ils devaient recommencer leur carrière, ils essaieraient d’aller chercher davantage d’informations sur les possibilités d’emploi et de carrière qu’ils ne l’ont fait au début de leur vie professionnelle.4 Selon le même sondage, cinq personnes sur dix avouent avoir compté davantage sur le hasard pour entrer sur le marché du travail, sans vraiment avoir discuté de choix possibles avec un professionnel en développement de carrière. Même si certaines d’entre elles finissent malgré tout par jouer un rôle professionnel satisfaisant et gratifiant, un trop grand nombre n’y parviennent jamais, se sentant constamment coincées dans un rôle professionnel inapproprié et générant une faible productivité par rapport à celle de leurs collègues. La perte de productivité et le gaspillage de capital humain sont palpables, qu’ils soient mesurés en termes de coûts de formation ou de potentiel humain inexploité. 1 http://www.oecd.org/els/education/careerguidance Statistique Canada, Accès, persévérance et financement : premiers résultats de l’Enquête sur la participation aux études postsecondaires (EPEP), septembre 2003 3 Statistique et Développement des ressources humaines Canada, Enquête auprès des sortants, 1997. 4 National Survey of Working America, National Career Development Association et The Gallup Organization, 1999. 2 1-9 n n n Conséquences économiques Pour garantir une meilleure qualité de vie à un nombre plus élevé de citoyens, le Canada investit des sommes considérables pour soutenir les personnes, les groupes et les régions défavorisés en percevant pour ce faire des impôts plus élevés que plusieurs autres pays. Toute perte, si minime soit-elle, touchant ces énormes investissements peut être très onéreuse pour les gouvernements, les sociétés et les collectivités, surtout lorsque l’équilibre budgétaire représente un véritable défi. Les écarts entre les compétences des individus et les besoins en main-d’œuvre entraînent des répercussions comme, par exemple, une diminution du rendement souhaité à juste titre en raison des sommes investies en éducation, en soins de santé et en services sociaux, en plus de provoquer des pertes de revenus pour les gouvernements et des baisses de productivité et de compétitivité pour les entreprises. Productivité « Nous pourrions obtenir une augmentation significative de productivité, si nous pouvions seulement retirer les employés inaptes de la situation inconfortable où ils se trouvent ». 5 Une hausse de 1 p. 100 de la productivité au Canada aurait pour effet d’augmenter de 10 milliards de dollars la valeur annuelle des produits et services. De meilleurs mécanismes d’aide aux individus pour trouver un emploi qu’ils aimeraient et où ils excelleraient auraient des conséquences importantes sur les entreprises de tout le pays et contribueraient à hausser le niveau de vie d’un océan à l’autre. Éducation Selon une enquête menée par l’OCDE en 2003, les élèves canadiens se classent au deuxième rang sur 32 pays de l’OCDE au chapitre de la compétence en lecture, 5e en mathématiques et 5e en sciences. Notre investissement annuel de plus de 60 milliards de dollars 6 en éducation porte donc des fruits. Néanmoins, encore trop d’élèves ne savent vraiment pas pourquoi ils étudient les matières qu’on leur enseigne à l’école. Ils sont trop nombreux à changer de programme d’études, à obtenir des résultats décevants ou à décrocher de l’école Certains jeunes prolongent leurs études parce qu’ils hésitent à entrer sur le marché du travail. Peu d’élèves connaissent bien la diversité des rôles professionnels correspondant à leurs aptitudes scolaires et à leurs compétences techniques. Beaucoup de diplômés doivent éventuellement rembourser des prêts d’études élevés tout en n’ayant aucune perspective de carrière précise. Trop peu d’entre eux maîtrisent les compétences en gestion de carrière qui leur seront plus tard nécessaires pour acquérir de façon autonome les compétences scolaires et techniques requises pour prendre charge de leur vie. Une hausse de 1 p. 100 obtenue en aidant davantage d’élèves à participer pleinement à des programmes leur permettant de trouver un emploi correspondant à leurs intérêts générerait des recettes annuelles supplémentaires de 600 millions de dollars, somme avec laquelle on pourrait aider encore plus d’élèves ou améliorer l’infrastructure. Santé Les chômeurs ou ceux qui occupent un poste qu’ils n’aiment pas sont davantage susceptibles de souffrir de stress et de mener une vie existence néfaste pour leur santé et sont davantage portés à la toxicomanie et à la violence physique. Les « bons » emplois favorisent la santé mentale alors que les « mauvais » sont porteurs de détresse (Loscocco et Roschelle, 1991)7. Selon un sondage Ipsos-Reid mené en septembre 2002 pour le Globe and Mail et CTV8, un adulte sur six (17 %) disait avoir parfois subi un stress tel qu’il a songé au suicide. Les principales causes de stress mentionnées étaient le travail (43 %) et l’argent (39 %). On estime que les travailleurs dépressifs coûtent aux employeurs américains 5 Po Bronson, « What Should I do With My Life? The True Story of People Who Answered the Ultimate Question ». Random House, janvier 2003. 6 Savickas, M., 14 Facts Career Specialists Could Assert in Debates about Public Policy Regarding Workforce Development and Career Guidance, For International Career Development Policy/Practice Symposium participants, Vancouver, mai 2002. 7 Canadians and Stress: A Special Report, Ipsos-Reid, septembre 2002 8 Stewart, W., Ricci, J., Chee, E., Hahn, S. et Morganstein, D. (2003). Cost of Lost Productive Time Among US Workers with Depression. Journal of American Medical Association, 289 (23), 3135- 3143 2-9 n n n environ 44 milliards de dollars par année en perte de productivité.9 Les divers niveaux de gouvernement investissent environ 80 milliards de dollars 1 0 par année dans le seul secteur des soins de santé. En supposant que 1% des dépenses en santé sont attribuables à un stress de nature professionnelle, l’économie réalisée en aidant davantage de gens à trouver un emploi satisfaisant pourrait s’établir à près de 800 millions de dollars par année Services sociaux Chaque année, les canadiens investissent plus de 100 milliards de dollars 11 en services sociaux, incluant l’aide sociale. Il y aurait moins de personnes ayant besoin d’aide si celles-ci étaient plus nombreuses à posséder les compétences nécessaires pour trouver et conserver un emploi qu’elles aiment. Une modeste augmentation de 1 p. 100 à ce chapitre permettrait d’économiser plus de 1 milliard de dollars par année. Protection, prisons et services correctionnels Plus de 15 milliards de dollars 1 2 sont investis chaque année pour « la protection des personnes et des biens », y compris le maintien de l’ordre, les prisons et les services correctionnels. Si l’on permettait à 1 p. 100 de plus de détenus d’acquérir des compétences en planification et en gestion de carrière et de devenir raisonnablement optimistes face à leur avenir et plus autonomes quand ils devront trouver et conserver un emploi qu’ils aiment, on pourrait économiser 150 millions de dollars par année. Assurance-emploi Développement des ressources humaines Canada verse environ 10 milliards de dollars 1 3 par année à plus d’un demi-million de prestataires de l’assuranceemploi, lesquels obtiennent en moyenne environ 18 semaines de prestations. Ce soutien au revenu est inestimable pour les travailleurs saisonniers ou pour ceux qui subissent des contraintes économiques indépendantes de leur volonté. Cependant, certains bénéficiaires ne peuvent tout simplement pas conserver un emploi qu’ils aiment. Si ces individus étaient plus nombreux à posséder les compétences nécessaires pour gérer avec succès les possibilités d’emploi et d’apprentissage qui s’offrent à eux, les prestations d’assuranceemploi diminueraient. Une amélioration de 1 p. 100 à cet égard produirait des économies d’environ 100 millions de dollars par année. Recettes de l’État Plus de 400 milliards de dollars 14 sont perçus chaque année par les divers niveaux de gouvernement sous forme d’impôts sur le revenu ( particuliers et sociétés), de taxes foncières, de taxes à la consommation, de primes d’assurance-maladie et de cotisations d’assurance sociale. Si davantage de canadiens pouvaient trouver un emploi qu’ils aiment, les recettes augmenteraient pour tous les niveaux de gouvernement. Une augmentation de 1 p. 100 à cet égard générerait plus de 4 milliards de dollars de recettes par année alors qu’une augmentation de 5 p. 100 entraînerait chaque année des recettes exceptionnelles de 20 milliards de dollars. 9 Statistique Canada, CANSIM II, Bilan consolidé des recettes et dépenses des administrations publiques fédérale, provinciale, territoriale et locale, août 2002 10 Statistique Canada, CANSIM II, Bilan consolidé des recettes et dépenses des administrations publiques fédérale, provinciale, territoriale et locale, août 2002 11 Statistique Canada, CANSIM II, Bilan consolidé des recettes et dépenses des administrations publiques fédérale, provinciale, territoriale et locale, août 2002 12 Développement des ressources humaines Canada, Rapport sur le rendement, page 28, 31 mars 2001 13 Statistique Canada, CANSIM II, Bilan consolidé des recettes et dépenses des administrations publiques fédérale, provinciale, territoriale et locale, août 2002 14 McMahon, M., Patton, W. et Tatham, P. Managing Life, Learning and Work in the 21st Century. Document de fond expliquant pourquoi le nouveau plan directeur australien pour le développement de carrière est inspiré du Plan directeur pour le design en développement vie-carrière. 2003. Perth : Miles Morgan Australia Pty Ltd. 3-9 n n n Conséquences sur le plan humain Lorsqu’un trop grand nombre de citoyens occupent un emploi qui ne leur convient pas ou se retrouvent au chômage, les conséquences économiques peuvent devenir énormes. On constate que trop de canadiens ne mènent pas une existence heureuse et satisfaisante. En conséquence, certains mourront même avant que leur heure : ils deviennent tellement frustrés vis-à-vis la tournure de leur vie personnelle et professionnelle qu’ils y mettront fin ou qu’ils négligeront leur santé, abusant peut-être d’une substance quelconque pour échapper à leur réalité. Il n’est pas exagéré de dire que le manque de compétences en gestion de carrière peut constituer un danger pour la vie, d’autant plus que ce problème ne touche pas seulement l’individu concerné : les familles, les collectivités et la société canadienne sont toutes perdantes lorsque des personnes sont incapables de gérer leur vie et leur carrière de manière efficace et confiante. Le moment de changer de paradigme est venu Le paradigme traditionnel de l’orientation professionnelle ne fonctionne plus pour de nombreux canadiens. Selon ce modèle, les jeunes devaient, avec l’aide d’un conseiller, pouvoir faire un choix de carrière éclairé et à long terme et ce, avant la fin de leurs études secondaires. Cependant, lorsqu’on demande à des groupes d’adultes s’ils exercent aujourd’hui le métier prévu à la fin de leurs études, peu d’entre eux lèvent la main! Les résultats démontrent que seule une faible minorité de gens trouve leur « voie » dès le secondaire, et ce malgré les pressions familiales et sociales exercées en ce sens. Le modèle traditionnel d’orientation professionnelle de l’ère industrielle consistait à aider les gens à faire un choix de carrière informé en utilisant le modèle suivant : 1. analyse de leurs intérêts, leurs aptitudes et leurs valeurs, entre autres (à l’aide de tests et d’assistance professionnelle); 2. exploration du monde du travail (professions); 3. détermination de la profession qui leur convient le mieux, en jumelant leurs traits de personnalité à des facteurs professionnels; 4. planification en vue d’acquérir la formation requise; 5. obtention d’un diplôme, entrée dans un emploi assuré pour la vie et ascension des échelons professionnels; 6. départ à a retraite dès que possible, avec le bénéfice d’une rente de retraite comme récompense de dizaines d’année de travail. Les étapes 1 à 4 s’appliquent toujours dans les milieux de travail contemporains, mais on devrait maintenant remplacer le terme profession par rôle professionnel, groupe ou secteur industriel. Toutefois, une société basée sur le savoir rend désormais ces étapes récurrentes, augmentant sensiblement les besoins en services d’information et de soutien à tous les âges. L’étape 5 n’est plus garantie. Même l’emploi des cadres supérieurs et des PDG n’est plus assuré. L’étape 6 n’aura lieu que pour ceux qui acquièrent des compétences en planification financière personnelle et les appliquent à leur vie. De plus en plus, les gens ne peuvent ou ne souhaitent plus quitter le marché du travail à une date fixe. Le nouveau paradigme de la gestion de carrière ne concerne plus le bon choix de carrière, mais bien le fait de doter les gens des compétences (aptitudes, connaissances et attitudes) nécessaires pour les divers choix auxquels les adultes sont aujourd’hui sans cesse confrontés, dans tous les aspects de leur vie et tout au long de celle-ci. « Alors que des compétences techniques et spécifiques à un emploi suffisaient dans le passé, on considère de plus en plus que désormais le travailleur de l’avenir aura besoin d’un ensemble plus complet de méta-compétences qui ne sont plus spécifiques à une seule profession et qui 4-9 n n n sont transférables d’un volet à l’autre de la vie personnelle ou professionnelle. La valeur économique, pour la personne et pour toute la nation, d’une main-d’œuvre dotée de ces méta-compétences ne peut être sous-estimée et le développement de celles-ci ne peut être laissé au hasard ». 1 5 La clé, en milieu de travail et dans la vie personnelle, n’est pas de trouver l’emploi, l’ami ou le partenaire idéal : c’est de devenir le meilleur travailleur, ami ou partenaire de vie possible. Dans le paradigme de la gestion de carrière, la question « Que voulez-vous faire quand … ? » est désormais remplacée par des questions comme : « Qui êtes-vous maintenant et qu’aimez- vous accomplir? » « Quels talents et aptitudes particuliers possédez-vous? » « Quels genres de situations, de milieux et de rôles professionnels vous attirent le plus? » « Quels types d’organismes requièrent ce que vous avez à offrir? » « Quelles conditions de travail novatrices vous conviendront de même qu’à vos employeurs potentiels ? » « À la fin de vos études, que voulez-vous d’abord faire afin de vous diriger vers l’avenir désiré? » L’objectif ultime consiste à trouver un emploi que l’on aime, tout en se construisant graduellement une carrière et une vie passionnantes. L’hypothèse généralement répandue selon laquelle l’argent représente le plus court chemin vers la liberté et le bonheur comporte, comme l’ont découvert tant d’adultes stressés, de très nombreuses failles. En fait, « le plus court chemin vers la belle vie se trouve dans le fait de se convaincre que l’on peut vivre heureux selon ses moyens tout en occupant un emploi que l’on aime vraiment ». 1 6 « Les gens n’atteignent pas nécessairement le succès en migrant vers une industrie « vedette ». Ils réussissent plutôt en se concentrant sur ce qu’ils sont vraiment et en trouvant ou en créant un emploi qu’ils aiment réellement (libérant ainsi une force productrice et créatrice qu’ils n’auraient jamais pu imaginer). Les entreprises sont gagnantes quand elles mettent à contribution le cœur et l’esprit de personnes qui s’appliquent à répondre à leurs questions sur l’existence ». 1 7 Les gens qui aiment ce qu’ils font sont plus productifs. Comme le signale le chef du Service des Solutions de Yahoo, Tim Sanders, « j’ai toujours constaté que les gens d’affaires les plus occupés, les plus heureux et les plus prospères sont ceux qui partagent le plus leurs connaissances et leur expertise avec les autres. Les gens qui aiment ce qu’ils font, qui aiment apprendre de nouvelles choses, rencontrer de nouvelles personnes, transmettre leurs connaissances et partager leur réseau sont ceux qui finissent par créer le plus de valeur économique et faire évoluer ainsi leur entreprise ». 1 8 Les tests et les systèmes informatiques répondent rarement aux questions existentielles des individus et les professionnels en développement de carrière ne sont pas les seuls qualifiés à poser ce type de questions. Le paradigme de la gestion de carrière consiste à confier le contrôle et la responsabilité à la personne concernée et non aux tests, aux systèmes informatiques ou aux spécialistes. Pour contrôler pleinement leur propre vie, les gens doivent acquérir des compétences en gestion de carrière, au même titre qu’ils étudient les 15 Po Bronson, « What Should I do With My Life? The True Story of People Who Answered the Ultimate Question ». Random House, janvier 2003 16 Ibid. 17 Ibid. 18 Tim Sanders, « Love Is the Killer App: How to Win Business and Influence Friends ». Crown Business/Random House, février 2003 5-9 n n n mathématiques, les sciences et les langues ou qu’ils acquièrent des compétences techniques. Le développement de carrière doit devenir un processus d’apprentissage continu pour tous plutôt qu’un processus occasionnel de counseling pour les quelques personnes « qui ont besoin d’aide ». Les professionnels en développement de carrière et les spécialistes en ressources humaines qui comprennent le nouveau paradigme deviennent des acteurs essentiels du changement de paradigme au sein de leur organisme. Ils jouent des rôles cruciaux sur les plans de l’encadrement, du mentorat et de la coordination. Ceux qui ne sont pas en harmonie avec le nouveau paradigme seront relégués à la périphérie et de plus en plus isolés. Pour aider un plus grand nombre de citoyens à maîtriser des compétences en gestion de carrière, les professionnels en développement de carrière, les conseillers, les éducateurs et les spécialistes en perfectionnement de la main-d’œuvre et en ressources humaines ont besoin de recourir à des programmes et à des ressources basés sur des résultats spécifiques d’apprentissage et de rendement au niveau de la gestion de carrière. Ils ont besoin de moyens pour établir avec précision les connaissances acquises par les élèves ou les clients (ERA) et pour choisir des programmes, des ressources et des services basés sur les besoins réels de leurs clients en vue de combler leurs lacunes. Les organismes oeuvrant dans le domaine de la carrière doivent élaborer des cadres de travail et d’imputabilité pour la prestation de services complets de gestion de carrière. Une langue et une planification communes touchant les compétences en gestion de carrière et les indicateurs de rendement s’imposent désormais dans le contexte du nouveau paradigme. Plan directeur pour le design en développement vie-travail : un cadre de compétences en gestion de carrière : C’est en 1988 que des travaux d’avant-garde ont été amorcés aux États-Unis en vue de développer un cadre de compétences en gestion de carrière. Ces travaux ont produit les National Career Development Guidelines, lesquels ont depuis été adoptés par la plupart des États américains. Au Canada , l’adaptation des lignes directrices américaines a commencé en 1998 et a produit le Plan directeur pour le design en développement vie-travail (www.blueprint4life.ca.) Le Plan directeur définit les principales compétences en gestion de carrière de même que les indicateurs de rendement connexes selon quatre niveaux de développement couvrant toute l’existence. Les compétences principales représentent la base sur laquelle les programmes de gestion de carrière peuvent être conçus. Les indicateurs de rendement, organisés en étapes d’apprentissage, servent à mesurer les gains au niveau de l’apprentissage et à démontrer l’efficacité des programmes. Les compétences sont divisées en trois domaines : A. Gestion personnelle 1. Bâtir et maintenir une image positive de soi. 2. Interagir avec autrui de façon efficace et positive. 3. Évoluer et croître tout au long de sa vie. B. Exploration des contextes d’apprentissage et de travail 4. Participer à un apprentissage continu qui soutient ses objectifs vie-travail. 5. Trouver de l’information vie-travail et l’utiliser de façon efficace. 6. Comprendre le lien qui existe entre le travail, la société et l’économie. C. 7. 8. 9. Développement vie-travail Trouver ou créer du travail et le conserver. Prendre des décisions qui respectent ou améliorent ses scénarios vie-travail Maintenir un équilibre entre les divers rôles vie-travail 6-9 n n n 10. Comprendre la nature changeante des divers rôles vie-travail 11. Comprendre et gérer son processus de développement vie-travail Le Plan directeur expose les compétences améliorant l’employabilité, les compétences essentielles et les compétences émotionnelles qui sont inexistantes, selon de nombreux groupes d’employeurs, chez trop d’employés éventuels, les jeunes en particulier,. En fait, les habitudes et les attitudes professionnelles influencent fortement les premiers gains touchés à l’âge adulte. C’est pourquoi les programmes de formation doivent être axés tant sur les comportements professionnels que sur les compétences professionnelles.1 9 L’autonomie découle de l’acquisition de ces mêmes compétences. Dans le Plan directeur, on reconnaît que les gens apprennent différemment selon leur âge et selon l’étape la vie où ils sont parvenus et que même des jeunes enfants peuvent acquérir et comprendre les diverses compétences. En fait, puisque les attitudes manifestées à l’égard du travail se forment tôt dans la vie, les politiques relatives à la main-d’œuvre et à la gestion de carrière doivent dès lors être adoptées selon un point de vue développemental. Des psychologues en orientation professionnelle comme Super, Crites, Gribbons et Lohnes ont conclu, suite à des études longitudinales, que les plans de compétences mis en place au début de l’adolescence touchent davantage des choix de formation et de carrière réalistes, la réussite professionnelle et le cheminement de carrière.2 0 C’est pourquoi les compétences principales sont définies à quatre niveaux de développement : Niveau 1 : École primaire ou élémentaire Niveau 2 : École secondaire de premier cycle ou intermédiaire Niveau 3 : École secondaire Niveau 4 : Établissements d’enseignement pour adultes, incluant l’enseignement postsecondaire Voici un exemple d’indicateurs de rendement pour la compétence 5 – niveau 3 (école secondaire) – Trouver, interpréter, évaluer et utiliser de l’information vie-travail Étape d’apprentissage a : Acquisition 5.3 a1 Explorer les exigences relatives à l’éducation et à la formation de divers rôles professionnels. 5.3 a2 Découvrir comment le personnel clé dans certains milieux professionnels peut s’avérer une véritable source d’information ou devenir un rôle modèle. 5.3 a3 Explorer comment les nouvelles tendances et les possibilités de travail constatées dans divers secteurs de l’économie et du travail influencent les scénarios à envisager touchant l’éducation et la formation. 5.3 a4 Explorer la question de savoir comment les tendances constatées dans l’emploi et le milieu de travail influencent les scénarios à envisager touchant l’éducation et la formation. 5.3 a5 Comprendre comment une variété de facteurs (l’offre et la demande de travailleurs, les changements démographiques, les conditions environnementales, le lieu géographique...) influence les possibilités de travail. 5.3 a6 Comprendre comment l’information sur le marché du travail (profils, statistiques...) devrait être utilisée au moment de la prise de décisions vietravail. 19 Savickas, M., 14 Facts Career Specialists Could Assert in Debates about Public Policy Regarding Workforce Development and Career Guidance, For International Career Development Policy/Practice Symposium participants, Vancouver, mai 2002 20 Ibid. 7-9 n n n 5.3 a7 Explorer une variété de solutions de rechange au travail traditionnel (emploi à temps plein, emplois multiples, travail contractuel, consultation, entrepreneurship...). Étape d’apprentissage b : Application 5.3 b1 Utiliser les ressources en information professionnelle telles que les monographies professionnelles, les systèmes de classification des métiers et des professions, l’information sur le marché du travail, les médias ainsi que les systèmes informatisés d’informations et diffusés sur l’Internet afin de se renseigner sur les réalités et les exigences que comportent divers rôles professionnels. 5.3 b2 Consulter du personnel clé de certains milieux professionnels comme source d’information ou rôle modèle. Étape d’apprentissage c : Personnalisation 5.3 c1 Déterminer, selon ses préférences principales, les avantages et les désavantages que présentent diverses solutions de rechange au travail traditionnel (emploi à temps plein, emplois multiples, travail contractuel, consultation, entrepreneurship...). 5.3 c2 Réexaminer l’information vie-travail que l’on consulte et évaluer son influence sur ses décisions vie-travail. Étape d’apprentissage d : Actualisation 5.3 d1 Améliorer ses propres stratégies pour trouver, interpréter, évaluer et utiliser de l’information vie-travail. Pour connaître le cadre complet des 44 compétences et d’environ 500 indicateurs de rendement répartis selon les niveaux de développement et étapes d’apprentissage, visitez le site http://blueprint4life.ca/competencies.cfm/lang/2 Ce cadre peut être utilisé par les départements d’éducation et de perfectionnement de la main-d’œuvre, les services communautaires et les services des ressources humaines, aussi bien que dans les programmes de gestion de carrière mis en œuvre dans l’industrie. De nouveaux programmes, ressources et services sont présentement en voie d’élaboration afin d’aider plus de gens à maîtriser les compétences essentielles en gestion de carrière. Imputabilité « Quelle méthode utilisons-nous pour vérifier les résultats des services d’orientation? Nous devrons impérativement mettre au point une méthode de contrôle spécifique pour l’expérimentation et la vérification des résultats obtenus. Si nous omettons d’accomplir cette démarche, un autre groupe le fera et nous courrons le risque de faire face à des conséquences désastreuses pour notre travail ». Payne, 192321 De récents travaux de recherche ont permis de prouver que les écoles qui offrent des programmes complets de gestion de carrière obtiennent des résultats avantageux pour leurs élèves. Ainsi, dans le cadre d’une évaluation effectuée récemment sur une grande échelle dans toutes les écoles publiques de l’Utah2 2 , les élèves fréquentant une école offrant des programmes d’orientation professionnelle complets et sérieusement appliqués ont: 21 22 Payne, ……………………., 1923 Département de l’éducation de l’Utah ….. 8-9 n n n § § § § § § estimé que, dans l’ensemble, leur préparation scolaire aux études supérieures était meilleure, évalué leur préparation à l’emploi comme étant excellente, davantage suivi des cours enrichis en mathématiques et en sciences, entrepris plus de cours professionnels et techniques, obtenu de meilleures notes à l’ACT dans chaque domaine, accordé une cote supérieure à leur service d’orientation et de planification de carrière. Au cours d’une récente évaluation effectuée au Missouri2 3 , 45 565 élèves provenant de 420 écoles intermédiaires et secondaires qui offrent des programmes complets d’orientation et fortement centrés sur le développement de carrière ont affirmé : § § § § § avoir obtenu de meilleurs résultats scolaires, que leurs études les ont mieux préparés pour l’avenir, que leur école a mis à leur disposition plus d’informations sur les carrières, que leur école offrait un climat plus positif, que cette école était celle qui leur convenait le mieux. Ces résultats sont à la fois encourageants et rassurants pour les professionnels en développement de carrière. Cependant, la plupart des services offerts dans les écoles, même celles qui mettent en œuvre des programmes complets de développement de carrière, demeurent encore largement destinés à aider les élèves à choisir des objectifs de carrière plutôt qu’à les doter de véritables compétences en gestion de carrière. Un programme complet de gestion de carrière devrait comprendre tout ce qui est compris dans les programmes complets de développement de carrière, mais également l’acquisition systématique et expérientielle de compétences en gestion de carrière. Il devrait en être de même pour le plus grand nombre possible de clients et d’employés des milieux professionnels et communautaires. S’inspirant du vieil adage, on peut dire que le but ultime est ici de « permettre aux gens d’apprendre à pêcher, et non pas de choisir le poisson à leur place » . Compétences en gestion de carrière : voilà les clés d’une carrière et d’une vie passionnantes! À mesure que les jeunes et les adultes feront l’acquisition de compétences en gestion de carrière et qu’ils les raffineront sans cesse, ils deviendront en mesure de trouver d’abord un emploi qu’ils aimeront et de se construire ensuite une carrière et une vie passionnantes. Un plus grand nombre d’individus, de familles et de collectivités seront donc plus heureux et plus prospères et, par conséquent, les avantages de cette situation se feront sentir pour tout le pays. 23 Université du Missouri …. 9-9 n n n