Quoi, vous ne connaissez pas le célébrissime “Courrier du cul”, de
Transcription
Quoi, vous ne connaissez pas le célébrissime “Courrier du cul”, de
ON/OFF ON/OFF « J’ai un problème avec mon clito. Au début, on s’entend toujours bien, lui et moi. On se comprend, tout roule, on commence à s’envoler tous les deux vers un monde de kif et de volupté, jusqu’au moment où il devient douloureux. Genre vraiment douloureux. Impossible de le toucher, c’est fini. Sauf que moi, j’ai pas fini. Et ça se termine toujours comme ça. » Aude « Je ne parviens à l’orgasme que quand mes jambes sont serrées. D’abord, il me semble que c’est assez bizarre, voire anormal ; ensuite, ce n’est vraiment pas pratique quand j’ai un rapport sexuel avec ma copine et que dès que le plaisir commence à monter j’ai envie de fermer les jambes (au revoir !) pour que ça m’emmène quelque part. » Raphaëlle 1 Quoi, vous ne connaissez pas le célébrissime “Courrier du cul”, de notre collaboratrice Clarence Edgard-Rosa, sur son non moins fameux blog Poulet rotique ? D'abord, il est temps d'y remédier. Ensuite, en voici un aperçu. Pour Causette, notre journaliste répond aux questions “100 % clito” posées par ses lectrices et lecteurs. Questions pour le moins récurrentes. Et parfois inquiètes. « Mon copain est dégoûté par le cunnilingus. Ses rares tentatives sont des échecs : il ne sait pas comment s’y prendre et je n’arrive pas à le guider sachant qu’il est en train de se forcer. Je suis clitoridienne et j’ai toujours été avec des mecs qui adoraient faire ça. Mes amies ne pouvant m’aider (bande de connasses vaginales), je m’en remets à vous. » Chère Farah, Vos « connasses » de copines (c’est vous qui le dites) n’en sont pas vraiment, je vous l’assure, puisque l’orgasme féminin provient forcément du clitoris, cet organe dont on ne dit pas suffisamment à quel point il est formidable. C’est un grand organe dont la partie visible n’est que la promesse de ce qui se cache derrière. Vous n’êtes donc pas plus « clitoridienne » qu’elles ne sont « vaginales ». Vous me suivez ? Revenons-en à nos chatons. Ce n’est probablement pas ce que vous aimeriez entendre, mais non : vous ne pouvez décemment pas forcer votre partenaire à se livrer à une pratique sexuelle qui ne lui plaît pas. Quand quelqu’un exprime son refus, il faut le respecter, ma bonne 60 ƋťÅŻŻÅŸHORS-SÉRIE dame. Cela dit, il serait utile de savoir ce qu’il trouve de dégoûtant dans cellelà, de pratique. Sinon, ça ne va pas être pratique. S’il déteste ça, il est plutôt logique qu’il ne sache pas comment s’y prendre. Si on me convainc très fort d’écouter le dernier album de M. Pokora, voyez, je le ferai peut-être à l’usure, ou pour faire plaisir, mais avec bien peu de conviction. Rien ne sert de s’acharner, il y viendra peut-être spontanément, peut-être pas… À vous de déterminer si c’est indispensable à votre épanouissement. Si ça ne l’est pas, il y a environ un milliard d’autres manières de stimuler votre clitoris sans en venir à la langue. U * Le prénom a été modifié. © B. DIDONATO - PLAINPICTURE/FRANCKAPARIS - PLAINPICTURE /A. DA. CUNHA Farah * Chère Raphaëlle, Vous n’êtes absolument pas bizarre, encore moins anormale. Dans son rapport sur la sexualité féminine publié en 1976, Shere Hite révèle que de nombreuses femmes atteignent l’orgasme en serrant, voire en croisant les jambes. Ça concerne 33 % des femmes qui répondent à son questionnaire… contre seulement 22 % qui rapportent se masturber les jambes écartées"2. À l’époque, c’est une découverte cruciale, mais elle n’a pas franchement atteint le grand public. Déjà que Hite réaffirme que le plaisir féminin vient du clitoris et que la plupart des femmes jouissent en dehors de la pénétration, cette info fout encore un peu plus la merde : elle va à l’encontre de l’idée bien répandue d’une sexualité féminine « vaginale » – les jambes grandes ouvertes avec un petit panneau indiquant « entrée principale » en capitales. Dans votre cas, cette spécificité, qui n’en est pas du tout une, peut au contraire être très pratique : vous savez exactement comment vous y prendre pour atteindre l’orgasme. Il n’y a donc qu’un minuscule arrangement à passer avec votre partenaire quand vous lui dévoilerez votre recette : au risque de l’asphyxier entre vos cuisses (au revoir !), il va juste lui falloir jouer plutôt des doigts que de la langue. U 1. Le prénom a été modifié. 2. « Statistical breakdown of findings », Hite Report : A Nationwide Study of Female Sexuality, de Shere Hite. Chère Aude, Il n’y a rien de pire que quelqu’un qui prend la mouche comme ça, d’un coup, et qui se mure dans le silence sans explication. Vous devez bien avoir les nerfs. Sauf que, voilà, en fait, c’est lui qui a les nerfs. Il en a plein, tellement vifs et puissants, là, sur le sommet du gland, qu’au bout d’un moment, c’en est trop : il n’en peut plus d’être tripoté et vous claque la porte au nez. Il faut prendre des biais détournés. Des itinéraires bis pour continuer à lui faire minette sans qu’il se froisse. Pour cela, voyez le capuchon du clitoris non pas comme un obstacle à dégager à tout prix de votre route, mais comme une moelleuse petite couverture au travers de laquelle votre clito peut être titillé moins directement. De l’art de flatter un être sensible. U « Il faudrait arrêter de faire semblant que le clitoris est super facile à localiser et que si on n’y arrive pas, on n’est qu’un gros beauf focalisé sur son pénis. J’ose le dire, et je n’ai pas honte, il est carrément difficile à trouver, ce truc. C’est différent pour chaque femme. Et parfois, je préfère faire sans, au risque de passer pour un égoïste, plutôt que de demander des directions. » Paul Cher Paul, Point de honte, le « truc » sait en effet se faire discret. Qui vous a traité de beauf parce que vous ne le trouviez pas à tous les coups ? On peut regretter qu’après des millénaires de galère à le trouver le corps humain n’ait pas fait l’effort, en toute logique, de muter au moins un tout petit peu pour nous faciliter la vie – un petit voyant lumineux pour se repérer dans le noir, un indicateur sonore genre détecteur de métaux quand on s’en approche, quelque chose, quoi ! Oui, mais non. Par contre, des millénaires d’évolution nous ont appris ceci : quand on est perdu, c’est bien de demander son chemin. Comment vous faites, paumé dans la brousse, si votre GPS vous lâche ? Entre demander de l'aide et mourir de froid, seul sur la banquette arrière de votre voiture, à essayer de trouver le nord en pensant à tous les rapports sexuels que vous n’aurez plus, vous choisissez quoi ? Si pour éviter de passer pour un beauf vous choisissez de passer pour un égoïste, Paul, on ne va pas s’en sortir. Mettez un peu votre fierté de côté, allons. U Pour plus de questions… et de réponses, rendez-vous sur pouletrotique.com Voyage en Clitorie 61