Tue-t-il tout à fait tout?

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Tue-t-il tout à fait tout?
8 Critiques
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Killzone 2
A
vec cinq ans d'attente, suivant une annonce troublée par une histoire de cinématique pas
vraiment temps réel, et la promesse d'être ZE blockbuster PS3, Killzone 2 se devait sans doute
d'aller chercher les joueurs de tous poils à la force d'une réalisation béton, mais aussi, aurait-on
pu penser, d'une accessibilité suffisante pour qu'il s'aligne avec les gros succès du genre.
À l'opposé, il aura fait le choix d'une campagne difficile, en flux tendu, d'un respect total
- voire entêté - de son univers ultra sombre, et d'une jouabilité plutôt hardcore…
Tue-t-il tout à fait tout ?
illzone 2 et moi, on n'a pas vraiment commencé de la bonne
façon. Tout de suite, à fond, en difficile ; mauvaise idée. J'aurais dû y aller
plus doucement, car c'est toujours
pénible de se prendre des grosses
baffes. Qu'à cela ne tienne, j'ai repris
à zéro, plus doucement, et c'est allé
bien mieux…
K
Helghastéropode
Killzone 2 propose une expérience
finalement assez différente de celles
de ses pairs. Oppressant, dur, violent,
avare en respirations et en environnements ouverts, la campagne de Killzone 2, quasi-entièrement située sur la
planète Helghan, monde de l'ennemi
Helghast, est un défi ludique, mais
aussi psychologique. Une descente
sur une terre aride balayée par des
vents de rouille, dont les villes crasseuses et étroites ressemblent plus
à des bidonvilles accusant la tyrannie du dictateur Visari qu'à un camp
Pierre & Vacances. Les développeurs
ont visiblement tout fait pour instituer ce sentiment de claustrophobie,
de tension, afin que le joueur sente
à chaque instant qu'il s'enfonce en
territoire ennemi, péniblement, un
pas à la fois. La progression se fait
ainsi plutôt lente. Impossible de foncer tête baissée en comptant sur un
coup de chance. Gagner du terrain
face aux vagues de soldats Helghast,
plutôt très bons tireurs et très bien
coordonnés, est difficile, et on peut
passer de longs moments épinglé
derrière une couverture de fortune
pendant que les balles fusent de partout, sans trop savoir comment s'en
sortir, ou jusqu'à ce qu'une grenade
bien placée ne nous oblige finalement
à sortir de notre trou. On meurt, souvent, et l'assistance régulière d'un
autre membre du peloton auquel on
appartient ne change que très rarement la donne (ces équipiers, eux, ne
sont pas aussi futés que les ennemis,
malheureusement). Résultat : pour
ma part, je n'ai pas pu finir le jeu sans
prendre de grosses pauses ; difficile à
avaler d'un coup.
Dans les faits, rien d'original
Ce parti pris plaira sans aucun doute à ceux qui attendent un FPS avec
des poils. Pour ma part, je préfère
les histoires aux rythmes plus balancés, et qui savent nous faire avancer
avec de la nouveauté régulièrement
injectée, à la Call of Duty 4. Oh mais
rassurez-vous, Killzone 2 aussi intro-
Les ennemis manquent un peu de variété, certes ; mais
leurs tactiques, elles, évoluent, et ils sont bien coriaces.
duit régulièrement de la nouveauté,
bien sûr : de nouvelles armes, évidemment, quelques scènes épiques
aux commandes d'autre chose que
son propre fusil (même s'il faudra
être patient, c'est plutôt vers la fin),
une scène sur un train, des mini-boss,
etc. Mais c'est l'ambiance, elle, qui ne
change pas, ou très peu. Dans un Call
of Duty 4, on passait avec plaisir de
l'enfer du Moyen-Orient aux assauts
nocturnes et discrets en Europe de
l'Est. On nous faisait vivre quelques
scènes, uniquement pour l'ambiance.
Ici, le choix des développeurs est celui d'un rollercoaster qui file toujours
tout droit. La maniabilité, excellente,
reste cependant austère, sans les assistances à la visée répandues depuis
Halo. Tout, depuis la direction artistique jusqu'au gameplay, sert ce parti
pris : Soldat, t'es là pour en chier,
t'es en territoire hostile, et on n'a pas
de temps à perdre . Avec une seule
arme à la fois (en plus du pistolet et
du couteau, bien insuffisants), il faut
savoir choisir, gérer ses munitions. Et
quand on commence à en manquer et
qu'il y a encore trois ou quatre yeux
rouges prêts à vous plomber si vous
tentez une échappée à découvert
vers un rack d'armes, on réfléchit
à deux fois avant de tenter le coup.
Ça éclate dès le départ, et jusqu'à la
fin… mais sans réelle surprise.
Ce qu'il fait,
il le fait excellemment
Seulement voilà : ce que Killzone 2 a
choisi de faire, ludiquement et en termes d'ambiance, il le fait foutrement
bien. Côté réalisation, inutile de chipoter ou de reparler de cette obscure
polémique : c'est d'une beauté technique et artistique à couper le souffle,
Guerrilla a rempli son contrat. Il y en
aura toujours pour tergiverser des
lustres afin de savoir si c'est vraiment
le plus beau jeu de toute l'histoire de
l'humanité de l'univers, mais si une
liste existe, il y figure clairement dans
les premières places. Les armes sont
réalistes (à l'exception d'une arme
énergétique Helghast un peu bienvenue, d'ailleurs), violentes, se jouent en
finesse et en conjonction avec le système de couverture non seulement
réussi (car simple et parfaitement huilé) mais surtout indispensable pour
avancer. D'une manière générale, chaque Helghast qui tombe est une fierté
pour le joueur, car ils sont lourdement
armurés et très très coriaces. Ces fusillades brillantes (surtout grâce à l'IA
ennemie) constituent clairement le
point fort du jeu, et ce n'est paradoxalement que lorsqu'il tente d'autres
petites choses qu'il en devient un peu
moins jouissif, tombant parfois dans
du cliché vidéoludique certes bien

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