Marcel Moreau “Le sentiment orgiaque de la vie”. Cela pourrait être

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Marcel Moreau “Le sentiment orgiaque de la vie”. Cela pourrait être
Marcel Moreau
“Le sentiment orgiaque de la vie”. Cela pourrait être le titre d’un livre à la Unamuno.
C’est celui de toute peinture signée Ghin.
Rares sont les grouillements déchiffrables, mais dans cette œuvre la profusion respire. Tantôt
elle éclaire la violence des symboles, et tantôt elle crève de masques identifiables. Une émeute
lyrique roule dans ses assauts la surpopulation de l’inconscient. Et pourtant, c’est au moment où
elle semble engloutir ses nombres qu’elle dévergonde son unité. Je ne vois rien dans ce
spectacle qui n’obéisse aux cadences à peine paradoxales du débordement vital et de la
conjuration du vide.
Le sexe et la mort, cravachés par des monstres animaliers, nous entraînent dans des tourbillons
dansants, sauvés de la désolation de la chute par une vision caricaturale des phantasmes
éternels. L’humour tempère l’enfer quand la douleur habite le rire.
Art obsessionnel, certes, mais où les idées fixes bougent, courent, se pourchassent, se
télescopent, s’imbriquent et parfois se dévorent les unes les autres dans un trouble déluge de
cruautés et de célébrations. Les couleurs mêmes sont des perversions ivres. Les blancs et les
blêmes succombent sous la torture chromatique. Ils avouent tout ce qu’on veut, mais d’abord le
dérisoire de toute virginité. Univers rythmique s’il en est, et selon mon cœur.
L’orchestration saignante d’une débandade rationnelle. La trépidation des tréfonds contre
l’Ordre paralytique. La rumeur incantatoire des instincts riposte à l’asphyxiante géométrie des
lois.
Ghin a épousé une folie. Belle est la mariée