Albert Jacquard (né en 1925) est un biologiste, spécialiste de

Transcription

Albert Jacquard (né en 1925) est un biologiste, spécialiste de
Objet d’étude Identité Diversité
SUJET D’EXAMEN
TEXTE 1
Albert Jacquard (né en 1925) est un biologiste, spécialiste de génétique. Il a notamment réfléchi, dans
plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique, sur les liens à la fois biologiques et culturels qui
unissent l'individu et la collectivité.
Certes, seul, je pourrais exister, mais je ne pourrais pas le savoir. Ma capacité à penser et à dire «je » ne
m'a pas été fournie par mon patrimoine génétique ; ce que celui-ci m'a donné était nécessaire, mais non
suffisant. Je n'ai pu dire «je » que grâce aux « tu » entendus. La personne que je deviens n'est pas le
résultat d'un cheminement interne solitaire ; elle n'a pu se construire qu'en étant au foyer des regards
des autres. Non seulement cette personne est alimentée par tous les apports de ceux qui m'entourent,
mais sa réalité essentielle est constituée par les échanges avec eux ; je suis les liens que je tisse avec les
autres. Avec cette définition, il n'y a plus de coupure entre moi et autrui. [...] C'est justement parce qu'il
n'est pas identique à moi qu'autrui participe à mon existence. Une charge électrique n'est définissable
qu'en présence d'une autre charge. C'est cette coexistence qui est source de tension ; elle initie une
dynamique, celle de la communication. [...]
Il faut [...] prendre conscience de l'apport d'autrui, d'autant plus riche que la différence avec
soi-même est plus grande.
Albert Jacquard, Petite philosophie à l'usage des non-philosophes, 1997.
DOCUMENT 2
Le projet Face 2 Face, conçu par l'artiste français JR, a été exposé de part et d'autre du mur qui sépare les
Israéliens des Palestiniens, à Bethléem. Les visages de différents représentants de chaque
communauté y apparaissent, imprimés sur des affiches en très grand format.
JR, Face 2 Face, 2006.
TEXTE 3
Gaspar est un enfant de la ville. Un jour, il se perd au cours d'une promenade dans la montagne. Après avoir
beaucoup marché, il fait la rencontre d'enfants bergers.
Ils étaient petits, pieds nus, habillés de vêtements en vieille toile. Leurs visages étaient couleur de cuivre, leurs
cheveux couleur de cuivre aussi tombaient en larges boucles. Au milieu, il y avait une petite fille à l'air farouche, vêtue
d'une chemise bleue trop grande pour elle. L'aîné des quatre enfants tenait dans sa main droite une longue lanière verte,
qui semblait faite de paille tressée.
Comme le jeune garçon restait immobile, les enfants s'approchèrent. Ils se parlaient à mi-voix et riaient, mais le jeune
garçon ne comprenait pas ce qu'ils disaient. Il leur demanda d'où ils venaient, et qui ils étaient, mais les enfants
secouèrent la tête et continuèrent à rire un peu.
Avec une voix un peu enrouée, le jeune garçon dit :
-Je m'appelle Gaspar.
Les enfants se regardèrent et ils éclatèrent de rire. Ils répétaient : « Gach Pa ! Gach Pa ! » comme cela, avec des voix
aiguës. Et ils riaient comme s'ils n'avaient jamais rien entendu de plus comique.
«Qu'est-ce que c'est?» dit Gaspar. Il prit dans sa main la lanière verte que tenait l'aîné des enfants. Le garçon se
baissa et ramassa une petite pierre par terre. Il la plaça dans le creux de la lanière et la fit tournoyer au-dessus de sa
tête. Il ouvrit la main, la lanière se détendit et le caillou fila haut dans le ciel en sifflant, f...] Ensuite ils s'assirent par
terre. Gaspar montra son petit miroir. L'aîné des enfants s'amusa un instant avec le reflet du soleil, puis il se regarda dans
le miroir.
Gaspar aurait bien voulu connaître leurs noms. Mais les enfants ne parlaient pas sa langue. Ils parlaient une drôle
de langue, volubile1 et un peu rauque, qui faisait une musique qui allait bien avec le paysage de pierres et de dunes. C'était
comme les craquements des pierres dans la nuit, comme les cliquetis des feuilles sèches, comme le bruit du vent sur le
sable. [...]
Gaspar se demandait comment ils vivaient ici, loin de la ville. Il aurait bien aimé poser des questions à l'aîné des garçons,
mais ce n'était pas possible. Même s'ils avaient parlé le même langage, Gaspar n'aurait pas osé lui poser des questions.
C'était comme ça. C'était un endroit où on ne devait pas poser de questions.
J.-M. G. Le Clezio, « Les bergers », Mondo et autres histoires, 1978.
1. Volubile : qui parle vite et beaucoup.
EVALUAT ION DES COMPETENCES DE LECTURE
(10 POI NTS)
PRÉSENTATION DU CORPUS
1. Présentez, dans un paragraphe d'environ cinq lignes, les documents du corpus.
Montrez que chacun traite de la question de l'altérité, mais d'une façon différente. (3 points)
ANALYSE ET INTERPRÉTATION
2. Quelle image de l'autre le texte 1 donne-t-il? En quoi cette image permet-elle de mieux comprendre
le document 2 et le texte 3 ? (4 points)
3. Dans le texte 3, quel point de vue privilégie le narrateur? Quelles attitudes vis-à-vis de l'autre
ce procédé met-il en valeur? (3 points)
EVALUATION DES COMPETENCES D'ECRITURE (10 POINTS)
Selon vous, la différence entre les hommes les rend-elle forcément étrangers les uns aux autres ?
Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté d'une quarantaine de lignes, en vous appuyant sur les
textes du corpus, vos lectures de l'année et vos connaissances personnelles.

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