René Lévesque - Commission de la capitale nationale du Québec

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René Lévesque - Commission de la capitale nationale du Québec
Photo Marc Lajoie, Archives nationales du Québec,
Fonds Ministère des Communications
LE RÉFÉRENDUM DE 1980
À la fin de l’année 1979, le gouvernement expose
son projet de souveraineté politique du Québec
assortie d’une association économique avec le
Canada. Après de nombreuses discussions au Conseil des ministres et à l’Assemblée nationale, le
libellé définitif de la question qui sera soumise à
la population est adopté le 20 mars 1980 :
« Le Gouvernement du Québec a fait connaître sa
proposition d’en arriver, avec le reste du Canada, à
une nouvelle entente fondée sur l’égalité des peuples ;
cette entente permettrait au Québec d’acquérir le pouvoir
exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et
d’établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté - et, en même temps, de maintenir avec le
Canada une union économique comportant l’utilisation de
la même monnaie ;
aucun changement de statut politique résultant de ces
négociations ne sera réalisé sans l’accord de la population lors d’un autre référendum ;
Amorcé par une crise constitutionnelle, le deuxième
mandat du Parti québécois se déroule sur fond de
crises successives. Une crise économique d’abord, qui
porte les taux de chômage et d’intérêts à des niveaux
rarement atteints. Une crise des finances publiques
ensuite, alors que le budget de l’État accuse un
manque à gagner de 700 millions de dollars. Afin de
regarnir ses coffres, le gouvernement impose des
ponctions salariales pouvant atteindre 20% aux personnels des secteurs public et parapublic. La grève
qui s’ensuit se termine par une loi spéciale. À la
suite de ces mesures, l’effectif du Parti québécois
chute dramatiquement : 140 000 de ses membres
quittent les rangs.
DE CRISE EN CRISE
Le 20 mai, près de 60% des Québécois refusent
d’accorder ce mandat au gouvernement Lévesque.
Malgré son désaveu de la politique constitutionnelle du Parti québécois, la population le reporte au
pouvoir à l’élection d’avril 1981.
René Lévesque préside aux destinées du Québec
lorsque le gouvernement fédéral de Pierre Elliot
Trudeau s’apprête à modifier la Constitution du
Canada comme il l’avait annoncé durant la campagne référendaire. Après la confirmation de la
légalité du processus par la Cour suprême du
Canada, de nombreuses tractations ont lieu. À
l’insu de René Lévesque et de son équipe, une
entente intervient dans la nuit du 5 novembre
1981 entre le gouvernement fédéral et toutes les
provinces canadiennes à l’exception du Québec.
Pour René Lévesque, « Le 20 mai 80 avait été jour
de deuil, infiniment triste. Ce 5 novembre 81, c’était
jour de rage et de honte. » Proclamée en 1982, la
nouvelle Constitution canadienne ne porte toujours
pas la signature du Québec.
À l’approche des élections de 1985, le parti doit de
nouveau définir sa position constitutionnelle. La
volonté des conservateurs de Brian Mulroney, nouvellement élus à Ottawa, de ramener le Québec au
sein du giron constitutionnel décide René Lévesque à
opter pour le « beau risque » d’un renouvellement de
la fédération. Plusieurs membres du gouvernement
qui refusent de renoncer à la souveraineté, même
temporairement, choisissent de partir.
Son parti fortement ébranlé et impopulaire, René
Lévesque, contesté, annonce sa démission et son retrait
de la vie politique en 1985. Après avoir publié ses
mémoires, il fait un retour au journalisme quelques
er
mois avant sa mort, qui survient le 1 novembre 1987.
Il a alors 65 ans.
Photo Pierre Joosten
René Lévesque prononçant un discours
lors d’une assemblée pour le OUI à
Saint-Agapit, le 6 mai 1980.
Fabien Pagé
Sculpteur autodidacte depuis 1976, Fabien Pagé est ébéniste
de formation. Diplômé de l’École du meuble de Victoriaville, il a
réalisé de nombreux travaux de sculpture ornementale, notamment lors de la visite du pape Jean-Paul II à Québec. Il a aussi
longtemps enseigné les rudiments de son art à la Polyvalente
de Donnacona.
Depuis 1996, sa production statuaire est considérable. En plus
des monuments honorant René Lévesque à Québec et à New
Carlisle, Fabien Pagé a réalisé de nombreuses œuvres religieuses telles la restauration des deux anges à la trompette de
la chapelle Notre-Dame de Bonsecours et celle de l’archange
Saint-Michel terrassant le dragon de l’église de Lachine. On lui
doit aussi les représentations de saint Augustin et de saint
Pierre qui ornent la façade de l’église Saint-Charles-Borromée
de Charlesbourg. Par ailleurs, l’artiste a à son actif les bustes
d’Alphonse Desjardins et de M gr Joseph David Déziel installés au
Collège de Lévis, de même que le monument Charles-de-Gaulle, un
bronze de 2,40 mètres situé au cours du Général-De Montcalm
à Québec.
La Commission de la capitale nationale du Québec est heureuse
que René Lévesque soit immortalisé aussi dans son village
natal, New Carlisle en Gaspésie.
en conséquence, accordez-vous au Gouvernement du
Québec le mandat de négocier l’entente proposée
entre le Québec et le Canada ? »
Denis Lazure, Louis Laberge (FTQ), René Lévesque et
Corinne Côté-Lévesque à la Marche du Québec du 17 avril 1982,
dénonçant le rapatriement de la constitution canadienne le jour
de sa proclamation à Ottawa par la reine Élizabeth II.
Photo Centre de documentation du Parti québécois
En couverture :
Le premier ministre René Lévesque.
Photo Centre de documentation
du Parti québécois
RENÉ
LÉVESQUE
PREMIER MINISTRE
DU QUÉBEC
DE 1976 À 1985
René Lévesque recueillant les commentaires
d’un commandant du Royal 22 e Régiment durant
la guerre de Corée.
Photo Société-Radio-Canada-Montréal
René Lévesque en visite aux
Moulages sous pression Lyster dans Lotbinière en 1975.
René Lévesque entouré d’une partie de son équipe
ministérielle en 1979, dont Jean-François Bertrand,
Jacques-Yvan Morin et Bernard Landry.
Photo Centre de documentation du Parti québécois
Photo Centre de documentation du Parti québécois
JOURNALISTE
René Lévesque est né le 24 août 1922 à New Carlisle,
village gaspésien sur la Baie des Chaleurs. Passionné
d’écriture et de radio, il entreprend une carrière de
journaliste, et, dès 1944, il travaille pour l’Office of War
Information de l’armée américaine. Puis il devient
successivement journaliste à Radio-Canada international, correspondant de guerre en Corée et reporter à la
télévision de Radio-Canada. En 1956, son travail de
vulgarisation de l’actualité internationale à l’émission
hebdomadaire Point de mire fait de lui une vedette de la
télévision.
En décembre 1958, les réalisateurs de la télévision
française de Radio-Canada déclenchent une grève à
laquelle René Lévesque participe activement. L’attitude des dirigeants de cet organisme fédéral et celle
du gouvernement canadien durant le conflit favorisent
l’émergence chez lui d’un sentiment nationaliste. René
Lévesque adhère au Parti libéral du Québec, dont le
programme progressiste est empreint de justice, et
se présente aux élections de 1960. Il est élu dans la
circonscription de Montréal-Laurier et Jean Lesage
le fait entrer dans le premier cabinet de la Révolution
tranquille.
MINISTRE LIBÉRAL ET LEADER SOUVERAINISTE
René Lévesque se voit confier deux ministères :
les Ressources hydrauliques - bientôt rebaptisé
Richesses naturelles - et les Travaux publics où il a
pour mandat de rendre transparent le processus
d’attribution des contrats. Dorénavant, le gouvernement du Québec recourra aux appels d’offres publics
afin d’adjuger aux entreprises les contrats de plus
de 25 000 $.
À titre de ministre des Richesses naturelles, René
Lévesque propose la nationalisation des compagnies
privées d’électricité. Après l’élection de 1962 portant
principalement sur ce sujet, le Québec entreprend de
se réapproprier ses ressources hydrauliques. L’étatisation, sous l’égide d’Hydro-Québec, permet de niveler
les écarts de qualité et de tarification entre les régions
urbanisées et les rurales. Et, parce qu’elle emploie
majoritairement des professionnels francophones et
qu’elle est un acheteur important pour les entreprises
québécoises, Hydro-Québec devient une entreprise
phare.
La défaite électorale de 1966 amène des remises en
question chez les libéraux. Au congrès d’octobre
1967, René Lévesque, qui affirme de plus en plus
son nationalisme, propose la souveraineté-association
comme orientation constitutionnelle pour son parti.
Son option mal accueillie, il démissionne du Parti
libéral du Québec, suivi par plusieurs sympathisants.
Un an plus tard, les forces indépendantistes québécoises s’unissent au sein d’une nouvelle formation
politique, le Parti québécois. René Lévesque en sera
le chef dès sa création. Récoltant 23 %, puis 30 %
des suffrages aux élections de 1970 et 1973, le parti
souverainiste ne réussit toutefois pas à faire élire plus
de sept députés, au nombre desquels ne figure pas
René Lévesque. Le mécontentement à l’égard du gouvernement Bourassa et la stratégie étapiste que propose le Parti québécois – la tenue d’un référendum
est une condition préalable à la réalisation de la souveraineté-association – permettent aux souverainistes
de remporter les élections le 15 novembre 1976.
PREMIER MINISTRE
Sitôt au gouvernement, René Lévesque et son
équipe entreprennent de réaliser leur programme.
Une réforme de la législation linguistique est alors
engagée. Adoptée le 26 août 1977 sous l’appellation
de Charte de la langue française, la loi 101 fait du
français la langue officielle du Québec dans tous les
secteurs d’activité et réserve l’enseignement en anglais aux enfants de parents ayant étudié dans cette
langue. Certaines parties de cette législation seront
plus tard jugées inconstitutionnelles.
René Lévesque lors d’un enregistrement télé où
il explique à la population, à la façon Point de mire,
les avantages de la loi sur l’assurance-automobile.
Photo Centre de documentation du Parti québécois
En 1977, la loi régissant le financement des
partis politiques est adoptée à l’unanimité par
l’Assemblée nationale. Les contributions des entreprises, des syndicats et des associations à des
formations politiques deviennent alors illégales.
Désormais, seuls les individus pourront apporter
un soutien financier aux partis politiques et le
montant ne pourra dépasser 3 000 $ par an. De
plus, l’identité de toute personne versant plus
de 100 $ sera rendue publique. Cette loi, confesse
René Lévesque dans ses mémoires, est celle dont
il restera le plus fier.
Plusieurs autres législations marquent le premier
mandat du Parti québécois. La loi modifiant
le Code du travail transforme les relations
employeurs-employés en interdisant le recours
aux briseurs de grève et en rendant obligatoire
le prélèvement des cotisations syndicales par les
entreprises. Le bilan législatif du gouvernement
comprend également les lois sur l’assuranceautomobile, sur le zonage agricole, sur l’immigration
et sur les services de garde à l’enfance. C’est fort
de ces réalisations que René Lévesque demande à
la population le mandat de négocier la souveraineté-association avec le gouvernement fédéral.

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