Les opus sectile

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Les opus sectile
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Compte rendu de la conférence sur les tableaux de marbre du mercredi 20 octobre
BOUSQUET Manon
Les tableaux de marbre
L’opus sectile ou le décor pariétal des demeures aristocratiques de Néron à Justinien
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Compte rendu de la conférence sur les tableaux de marbre du mercredi 20 octobre
BOUSQUET Manon
Sommaire
Introduction ..................................................................................................................................... 3
Emmanuelle Boube : « L’opus sectile figuré des provinces hispaniques » .................................... 5
Jean-Pierre Loustaud : « Eléments d’opus sectile découverts à Limoges » .................................... 7
Emmanuelle Boube : « Villa de Chiragan : des décors rares et originaux pour une résidence
impériale ? » .................................................................................................................................... 8
Bibliographie ................................................................................................................................... 9
Sources images ................................................................................................................................ 9
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Compte rendu de la conférence sur les tableaux de marbre du mercredi 20 octobre
BOUSQUET Manon
Introduction
Le marbre n’est pas une pierre du point de vue géologique, cela englobe différentes sortes de
calcaires. Ils sont désignés ainsi par les romains et grecs (marmor) pour leur aspect lisse et
brillant.
C’est une pierre dure qui peut être abrasée et dont l’on se servait beaucoup pour la décoration,
dont les tableaux de marbre, bien qu’elle fût également utilisée dans bien d’autres ouvrages
durant l’époque romaine, période où ces pierres polies ont été le plus souvent utilisées.
Ces marbres et pierres utilisés viennent de tout l’Empire romain et même si l’on
privilégie le transport fluvial, certains marbres connaissent une zone d’influence
assez grande sans voie d’eau à proximité.
La carte figure les principaux gisements des pierres nobles qui étaient en activité à l’époque
romaine. On y retrouve par exemple les marbres des Cyclades (1) qui ont été très exploités et
exportés ; du Pentélique (3) ; le porphyre d’Eurotas (16) ; les pierres (dont les granits rouges)
d’Assouan (24) ; le chemtou (jaune) à Chemtou (33) qui fût une pierre précieuse et très prisée ;
le Grand Antique d’Aubert (34), etc…
L’opus sectile est un art pariétal mais aussi de sol, composé de morceaux de pierres et de
marbres découpés, qui fut très utilisé dans l’Antiquité romaine. Généralement, les morceaux au
sol sont plus épais et représentent des motifs géométriques, tandis que les détails des œuvres
pariétales sont très fins pour être collés à la résine et ont plus souvent des représentations
figurées. Outre le marbre, on trouve d’autres pierres et d’autres types de marbre dans ces
tableaux mais aussi de la pâte de verre (telle qu’elle ou en millefiori) ou de la nacre, bien que ces
matériaux fragiles soient uniquement utilisés sur les œuvres pariétales.
On en retrouve une collection très importante et plutôt bien conservée à Ostie.
Les opus sectile de sol sont bien plus récents que les pariétaux, et apparaissent au second siècle
avant JC. Quant à l’art pariétal, ce sont les figurés qui apparaissent le plus tardivement. On y
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trouve plusieurs thèmes et différents types de présentations, la plus fréquente étant : une plinthe,
puis au-dessus de panneaux rectangulaires, souvent des dalles de marbre blanc, surmontés par
une frise à motifs géométriques. Dominent ensuite les tableaux ou les frises figurées, dont la
composition apparait sous le règne de Claude ou de Néron. Les plus anciens remontent à la villa
Hadrien, à Tivoli, à la moitié du premier siècle ou au début du second de notre ère. On les
retrouve bien plus tard, aux cinquième et sixième siècles dans les églises.
Crusta-ae : plaquage, ce qui recouvre, ce sont les petits morceaux, les tessons de marbre. Ceux
qui fabriquent les crustae sont appelés crustarii. Les opus interasille sont les crustae que l’on
incruste dans les supports pour créer un tableau décoré. Plus tardivement, l’opus sectile ne
s’incruste plus dans un support mais consiste en une juxtaposition des pièces.
On en trouve également en pâte de verre, en coquillage (pour la nacre) ou en argile. On utilise
plus rarement la technique du millefiori, qui consiste en la création d’un
décor à l’intérieur de la pâte de verre.
Détail d’opus sectile à la Villa Porta Marina
On retrouve souvent ce genre de décors en feuilles d’acanthe dans les frises
figurées, avec de temps à autre des représentations animales qui s’intègrent
parmi les rinceaux, comme ici un oiseau et un papillon.
Le marbre était une manière de montrer sa richesse, car c’était plus coûteux,
autant en transport qu’en taille et en application, que la peinture. On
utilisait cette dernière dans une imitation du marbre, par goût ou à cause
d’un accès trop difficile. On pense aussi à une tradition hellénistique qui aurait été importée.
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Emmanuelle Boube : « L’opus sectile figuré des provinces
hispaniques »
La péninsule Hispanique fournissait de nombreuses pierres de remplacement et cela permit la
création de nombreux décors en opus sectile. On y trouvait par exemple du « rojo Bilbao »
(rouge Bilbao) qui imitait le « Occhio di pavone » (paon-de-jour), extrait à Ereño.
Ces revêtements de marbre ou de pierre, correspondent au revêtement du sol, et plus rarement
des murs. Les découvertes sont essentiellement urbaines, voire périurbaines. Les décorations les
mieux connues sont celles autrefois situées au plus près du sol, rarement figurées, car dans leur
chute, les crustae sont restés proches les uns des autres.
Couvrant le nord-est et sud-est de la péninsule hispanique, on trouve des opus sectile dans des
sites surtout en Catalogne, sur la côte méditerranéenne et à Tolède, avec environ soixante sites.
Sur quarante-neuf sites, on les retrouve au sol, dans vingt sites en pariétal et seulement dix sites
présentent des cas de tableaux figurés. D’autres sites se situent à Tarragone, à la villa Els Munts,
à la villa de Molina, à Chiprana. Au centre, on trouve le site de Carranque, et au sud-est, la villa
d’Almedinilla, Yecla et enfin le site le plus important : Gabia la Grande.
Les carrières locales sont très exploitées, mais une
très grande partie des pierres et des marbres est
importée. Par exemple, l’onyx, les porphyres verts et
rouges, les marbres blancs, puis le chemtou jaune et
le pavonazzetto qui sont les plus utilisés. Sur
certains sites, on a identifié des salles qui aurait pu
être dédiées à la taille du marbre, pour les finitions et
la taille des opus sectiles.
Types de décor à Gabia la Grande (gauche) et à la
Porta Marina (à droite). Les types de décors
présents sur les sites hispaniques sont :
représentations humaines, animales, végétales (dont
florale). On trouve également des lettres, peut-être
croix, des figures géométriques… Mais l’épigraphie
et les croix sont rares. Ces dernières sont souvent
gemmées. Les figures végétales ont des éléments
stylistiques particuliers qui peuvent permettre de
dater le décor et l’on peut noter une forte présence
de feuilles et de rinceaux d’acanthe. Pour les
animaux, nous avons quelques rares vestiges
d’oiseaux, de très rares de poissons et quelques traces de bêtes féroces avec ocelles.
On retrouve surtout les figurations humaines à Gabia la Grande et Yella, tandis que les animales
sont plus représentées à Gabia la Grande, Elche et à la villa Els Munts.
Le site de Gabia la Grande
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Mal connu, le site fut fouillé une première fois dans les années 1920. Il consiste en un long
corridor qui donne sur une chambre carrée avec bassin. Les crustae ont été découverts dans les
décombres du couloir mais venaient probablement de la chambre du fond. Parmi eux, de
probables pétales de fleurs, semblables à celle d’Ostie, ainsi que des bractées.
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Jean-Pierre Loustaud : « Eléments d’opus sectile découverts à
Limoges »
Lors de la création des opus sectile de Limoges, on a utilisé beaucoup de roches d’importation
car celle de la région sont très sombres, sauf la serpentine (qui peut être verte, jaune ou noire) et
les grès colorés. On a retrouvé des éléments d’opus sectile dans la « Maison double » mais
surtout dans celle des Nones de Mars.
La maison double
La marqueterie est présente essentiellement au sol par de grandes mosaïques. Une partie des
marbres, et donc des opus sectile présents, a été détruite, vraisemblablement pour fabriquer de la
chaux.
La maison des Nones de Mars
La maison, qui est l’une des plus grandes domus de Gaule, doit son nom à une inscription sur
l’un des murs. Lors de la fouille, les archéologues ont retrouvé des fragments d’opus sectile dans
un tas de gravats dans le jardin, à l’arrière de la maison. Il était donc impossible de restituer des
tableaux ou des figures entières, mais l’on a pu retrouver quelques éclats qui donnent des
indications sur la décoration qui était alors sur les murs :
Il y avait probablement des motifs géométriques, floraux, des éléments figurés (torses, bras,
pieds, visage humains ainsi que des restes de taureau). Ils ont environ un ou deux millimètres
d’épaisseur, mais les plus épais font cinq millimètres.
On note ici l’utilisation de calcite, d’onyx, de calcaire, de serpentine et de granit blanc (peut-être
du nord de Milan) ainsi que des traces, probablement du liant (résine) au dos des pièces.
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Emmanuelle Boube : « Villa de Chiragan : des décors rares et
originaux pour une résidence impériale ? »
On note deux types de découvertes, plutôt tardives : des éléments en pierres locales et importées,
en forme de végétaux (comme des rinceaux d’acanthe) ou géométriques. Il y a surtout des
marbres blancs ou roses, dont quelques marbres pyrénéens. Les matériaux les plus chers sont
remplacés par des locaux qui ont des couleurs et des effets semblables.
On a retrouvé des feuilles d’arbre en calcaire et en schiste : de tilleul, de chêne, dont les couleurs
dominantes sont le gris et le noir.
Il y a avait également une grappe de raisin (plutôt original), une pomme de pin (en griotte rose,
assez rare également), et un poisson. S’y joignaient probablement de grands pétales et des
feuilles courbes de chêne. On trouve des trous forés dans les feuilles : peut-être remplis d’or ou
avec un clou d’or, peut-être par goût des contrastes (feuilles sombres). Plus souvent sur les
feuilles de chênes (quatre occurrences).
L’hypothèse proposée : celle d’une « pluie de feuille » que l’on peut retrouve en tant que pluie
de fleurs à Rome, par exemple. Hypothèse renforcée par des feuilles incomplètes mais très
travaillées, qui pourraient chevaucher d’autres éléments dans leur chute. Incontestablement du
domaine dionysiaque, la présence du poisson est incongrue.
Dans la maison de Néron par exemple, les invités recevaient une pluie de fleurs et de parfum,
peut-être les propriétaires ont-ils voulu illustrer cet accueil pour leurs propres invités.
On retrouve des traces d’outils, de ciseaux (et de griffes pour que le mortier adhère plus
facilement) et de polissage au dos des pièces principalement. Les pièces d’architecture de la
maison présentent le même genre stylistique et iconographique, ainsi que le même outillage dans
les mêmes matériaux : les mosaïques d’opus sectile appartenaient peut-être à un ensemble plus
vaste.
On retrouve des traces d’oxydation sur les frises : auraient-elles été fixées avec des clous ou des
tenons métalliques ? Il y a également des traces de mortier, et parfois de résine, qui auraient pu
fixer les crustae.
La richesse anormale de cette villa la rattacherait-elle à la famille impériale romaine ?
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Bibliographie
Dossiers d'Archéologie numéro 173, juillet/août 1992, Le marbre dans l'antiquité (articles : Les
pierres ornementales dans l’Empire Romain – L’exploitation des ressources lapidaire en
Hispanie – L’opus sectile pariétal à Rome et en Italie)
Sources images
http://www.ostia-antica.org/regio3/7/7-8.htm
http://www.collezioni-f.it/ostia/ostia.html
El opus sectile parietal del yacimiento romano de Gabia la Grande de Esther Pérez Olmedo
Dossiers d'Archéologie numéro 173, juillet/août 1992, Le marbre dans l'antiquité

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