Coarse graphic art

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Text by Joël Vacheron
Coarse graphic art
Le graphisme barbare
There are an infinite number of graphic creations that are in complete breach of the current graphic norms. How do you interpret the
status of these self-taught productions and
their impact on the development of new visual
trends? The favorite ground for this “unauthorised” graphic art undisputably remains the
Internet, where the blunders are particularly
visible. In this respect, some sites are little
gems of mass-produced errors, loud colors
and improbable layouts. However, some trends
stand out from this jumble, expressing stable
and homogeneous styles. This is particularly
the case with recurring stereotypes from the
Hip Hop, R’n’B or Ragga universes. Glittering
letters, gleaming cars and attractive girls form
some of these graphic conventions, enhanced
thanks to an abundant range of effects. Far from
minimalist concepts, the basic requirement of
this visual tuning is to maximise the image’s
cumulative and convertible potential.
Within artistic circles, we usually use concepts
such as raw, spontaneous or naive when evoking these stylistic overstatements. However, to
describe this overtly provocative graphic art,
we voluntarily prefer to use a more suggestive expression. In esthetics, the label “coarse”
includes productions which do not look back
reflectively on the standards in force in their
discipline. Graphic equivalent of the rappers’
Il existe un nombre infini de réalisations graphiques en décalage complet par rapport aux
normes graphiques du moment. Comment
interroger le statut de ces productions autodidactes et leur impact sur la constitution de nouvelles voies visuelles? Le terrain de prédilection
de ce graphisme «sauvage» reste incontestablement internet où les maladresses sont particulièrement visibles. Certains sites constituent à
ce titre des petits joyaux d’erreurs en chaîne,
de couleurs criardes et de layouts improbables.
Toutefois, certaines tendances émergent de ce
magma, dessinant des styles stables et homogènes. C’est le cas notamment des stéréotypes
récurrents dans l’univers du Hip Hop, du R’n’B
ou du Ragga. Lettres scintillantes, voitures rutilantes et filles avenantes constituent quelquesunes de ces conventions graphiques dopées grâce à tout une gamme d’effets expansifs. Loin des
concepts minimalistes, l’impératif premier de ce
tuning visuel est de maximiser les potentialités
cumulatives et convertibles de l’image.
Dans les milieux artistiques, on utilise généralement des notions telles que brutes, spontanées ou naïves pour évoquer ces surenchères
stylistiques. Toutefois, pour qualifier ce graphisme ouvertement provocant, on préférera
volontairement utiliser un terme plus connoté.
En esthétique, l’appellation «barbare» recouvre les productions n’effectuant aucun retour
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delivery, these “bling bling” universes implicitly follow the same idea. That of reflecting an
excessively large representation of the dominating ideals without, however, trying to strive
towards the slightest ideal of beauty.
Yet, according to a logic distinctive to the culture
circuit, the most significative deviant or marginal trends end up sooner or later being integrated into these circuits. In this particular case,
this introduction happens when some graphic
artists who master the “scientific” standards of
their field, adopt certain meaningful elements of
this esthetic. Thanks to this camp attitude, the
laborious cut-outs, unlikely juxtapositions, large
fonts with luminous brilliance and approximative collages turn into recognised visual codes. In
many cases they can even rapidly become standards of good taste. Through this process, coarse
graphic art will always remain an inexhaustible
source of inspiration – sort of supergenerative
force which will continue to impart its influence
to future graphic conventions. | JV
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réflexif sur les canons en vigueur dans leur
discipline. Analogies graphiques du débit des
«rappers», ces univers «bling bling» suivent implicitement le même dessein. Celui de renvoyer
une représentation hypertrophiée des idéaux
dominants, sans chercher pour autant à poursuivre un quelconque idéal de beauté.
Toutefois, selon une logique propre au circuit
de la culture, les courants déviants ou marginaux les plus significatifs finissent tôt ou tard
pas être intégrés aux circuits institués. Dans le
cas précis, cette intronisation s’opère lorsque
des graphistes, maîtrisant les normes «savantes» dans leur discipline, sélectionnent certains
éléments significatifs de cette esthétique. Grâce
à cette attitude «camp», les découpages laborieux, les juxtapositions improbables, les grosses fontes aux éclats lumineux et les collages
approximatifs se transforment en codes visuels
reconnus. Dans de nombreux cas, ils peuvent
même rapidement devenir des modèles de bon
goût. À travers ce processus le graphisme barbare restera toujours une source d’inspiration
intarissable. Une sorte de supergénérateur, qui
n’a pas fini de diffuser son influence sur les conventions graphiques à venir. | JV
www.penandpixel.com