Edmund S. Phelps: Prix Nobel d`Économie 2006
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Edmund S. Phelps: Prix Nobel d`Économie 2006
Edmund S. Phelps: Prix Nobel d’Économie 2006 Jean-Michel Cousineau École de relations industrielles Université de Montréal ASDEQ, Ottawa, 18 janvier 2007 1 Introduction • Qui est Edmund S. Phelps? • • • Professeur à l’Université Columbia Diplômé de l’Université Yale en 1959 Collègue du professeur Bodkin à la Cowles Foundation au début des années 60. • Pour quoi a-t-il obtenu le Prix Nobel d’économie? • Pour plusieurs contributions dont sa contribution à la théorie de la croissance économique, mais la première raison mentionnée par l’Académie est d’ avoir amélioré notre compréhension de la relation entre l’inflation et le chômage • Sur quoi s’appuie cette contribution? • Pour l’essentiel, cette contribution s’appuie sur deux articles scientifiques. 2 Les articles méritoires • Ces deux articles sont: • « Phillips Curve, Expectations of Inflation and Optimal Unemployment Over Time »,Economica, vol. 34, pp. 254 à 281, 1967. • « Money-Wage Dynamics and LaborMarket Equilibrium », Journal of Political Economy, vol. 76, pp. 678 à 711, 1968. 3 Plan de la présentation Présentation des deux articles dans le désordre chronologique. z Article de 68= fondements théoriques de la dynamique des salaires. z Article de 67: véritables contenu et enjeux de la courbe de Phillips. z 4 Courbe de Phillips: les origines z z z z z 5 Avant Phelps, il y eut Phillips. Phillips met en évidence des couples: variations en pourcentage des salaires nominaux/taux de chômage pour le Royaume-Uni pour la sous-période 1861-1913. Il applique cette « Loi » aux années subséquentes: 1914-1957. Il découvre une relation inverse et séculaire entre ces deux variables. MAIS IL N’Y A PAS DE THÉORIE. Richard G. Lipsey: La Théorie z z z z 6 Richard Lipsey considère deux situations de demande excédentaire au point de départ. Si, d’une part, la variation de salaire augmente avec la taille de la demande excédentaire et si, d’autre part, il s’établit une relation inverse entre le chômage et la demande excédentaire. Il s’ensuit qu’une augmentation de la demande excédentaire augmente les variations de salaire d’un côté et diminue le taux de chômage de l’autre. Donc, quand le chômage diminue, les variations de salaire augmentent. C’est la Courbe de Phillips « classique ». La courbe de Phillips « classique » •Taux d’inflation • ∆P% •Arbitrage • Inflation• Chômage •Taux de chômage 7 Le questionnement ou la critique de Phelps z 1° Ce ne sont pas de véritables fondements théoriques: ils ne font pas intervenir le comportement des entreprises. z 2°L’analyse ne tient pas compte des anticipations. 8 La contribution de Phelps: les fondements économiques z A) Lorsque le chômage est bas les entreprises voient leurs taux de roulement s’accroître. z B) Cela occasionne des coûts: perte de production ou, si l’entreprise veut maintenir son niveau de production: recrutement, sélection, formation des nouveaux employés en remplacement. 9 Fondements microéconomiques (suite) z C)Pour minimiser ces coûts, chaque entreprise sera tentée d’augmenter son salaire par rapport à ses concurrents. z D) Si toutes les entreprises font de même, le salaire moyen devra aussi augmenter. Donc à chômage bas, les salaires devront augmenter. 10 Les anticipations: en équilibre z En l’absence de changement salarial ailleurs,une entreprise qui veut conserver sa différence salariale par rapport aux autres entreprises, en équilibre (si ses attentes se réalisent), maintiendra son salaire de départ. z Si elle s’attend à ce que les autres augmentent leurs salaires de 2%, elle augmentera les siens de 2%. 11 Les anticipations: en déséquilibre z En déséquilibre (chômage bas), en l’absence d’augmentations de salaires anticipées ailleurs, l’entreprise pourra vouloir augmenter ses salaires de 1%. z Mais en présence d’anticipations de croissance salariale de 2% ailleurs, elle les augmentera de 3%. z On doit donc ajouter les augmentations anticipées à l’augmentation souhaitée. 12 Conclusions théoriques z Si les augmentations anticipées sont égales aux augmentations générales, le processus est sans fin car chaque entreprise voudra augmenter son salaire plus que les anticipations tant que U<U*. U* est le NAIRU. z Alors qu’il y a une courbe de Phillips à court terme, il ne peut y avoir de courbe de Phillips à long terme. z La courbe de Phillips à court terme est non seulement variable en fonction de l’inflation anticipée, mais elle devient parfaitement verticale à long terme. 13 Courbe de Phillips dynamique révisée par Phelps. (∆w/w)2 Variations en % des salaires ∆w% Courbe de Phillips à long terme (∆w/w)1 Taux de chômage U TC d’équilibre 14 Les implications pour la politique publique (le deuxième article) z Dans premier article de 1967, Phelps propose de maximiser une fonction d’utilité sociale sous contrainte de la courbe de Phillips dynamique. z Dans ce contexte, il postule que l’inflation (P) est une fonction du chômage (U) et de l’inflation anticipée (Pe): P =Ф(U) + Pe z Puis, il découvre que les arbitrages ne sont pas ceux auxquels on pensait. 15 La représentation graphique du problème z Ceci peut s’illustrer par la représentation suivante: Taux d’inflation ∆P% Courbe de Phillips à long terme Inflation = (∆P/P)1 Taux de chômag eU TC d’équilibre 16 Un changement de paradigme z Au point de rencontre entre une courbe de Phillips standard et l’abscisse on trouve le taux de chômage d’équilibre. z Au point de tangence entre la courbe d’iso-utilité sociale et la courbe de Phillips statique, on trouve les préférences mises en évidence par l’analyse conventionnelle. z Ce scénario ne tient plus. 17 Contenu et enjeux de la Courbe de Phillips. z Le vrai contenu de la courbe de Phillips n’est pas un taux d’inflation stable qui correspond à un taux de chômage inférieur au NAIRU, mais une inflation mouvante et galopante. z Les vrais enjeux sont donc un bas taux de chômage dans le présent au prix d’une inflation sans limite dans le futur. 18 Les leçons de politique publique z La leçon qu’on en retire pour la politique publique est simple. z Il faut gérer la demande globale de telle sorte qu’elle nous amène à un taux d’inflation structurelle optimale (qui correspond aux préférences pour le temps). z Au Canada et aux États-Unis, ce type de politique a été suivie. z Pour le Québec, il en est résulté un baisse de l’indice de « misère » = somme inflation plus chômage. 19 Indice de Misère au Québec= taux d’inflation plus taux de chômage. z z z z z z z z 1970: 1972: 1974: 1976: 1978: 1980: 1982: 1984: 13,3 12,3 17,5 16,2 19,8 20,0 24,7 17,2 z z z z z z z z 1986: 1988: 1990: 1992: 1994: 1996: 1998: 2005: 15,1 13,4 14,9 14,3 12,5 13,5 11,2 10,5 20 Merci Évolution de l'indice de"Misère" au Québec 25 23 Valeur de l'Indice 21 19 17 15 13 11 9 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 Année 21