Lire la suite en format PDF - Filles de la Sagesse International

Congrès international - Rome
«Vivre en Christ,
selon la forme de vie de l’Evangile»
Dans le cadre d’un congrès international, du 7 au 11
avril 2015. Mille deux cents formateurs du monde
entier ont été convoqués à Rome. Organisé par la
«Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et
les sociétés de vie apostolique», ce congrès avait
comme thème : «Vivre en Christ, selon la forme de
vie de l’Evangile». Ensemble, les participant-e-s ont
réfléchi sur les fondements de l’identité de la vie
consacrée dans l’Eglise et dans le monde et sur les
exigences de la
formation dans le contexte
contemporain.
Trois Filles de la Sagesse ont participé à ce congrès :
Sr Vimala Gnanaprakasam, Responsable du noviciat
anglophone, aux Philippines,
Sr Evelyne Cétoute, Responsable du noviciat
francophone, en France
Sr Antonella del Cuore Immacolato, responsable du
pré noviciat, en Italie.
Le congrès a débuté par une veillée de prière ponctuée
par trois grands moments : La Parole est lumière, la
Parole est joie, la Parole nous façonne.
Les travaux du Congrès se sont ouverts ensuite avec la
conférence du Cardinal João Braz de Aviz intitulée :
« Regarder le passé avec gratitude, vivre le présent
avec passion, embrasser l’avenir avec espérance ».
DIFFÉRENTS SUJETS TRAITÉS
Les différents sujets traités tout au long du Congrès
semblent indiquer le chemin à prendre pour accompagner
un processus de formation initiale à la vie consacrée.
 Sur les routes du monde avec le coeur du Fils.
 Formés par le Père pour toute la vie dans la
puissance de l’Esprit Saint.
 Le processus de formation : unification en Christ
pour le monde.
 Apprendre à apprendre (de la docilité à la
«docibilitas»).


À la manière de l’Evangile : être des témoins joyeux dans la périphérie du monde.
Formation des formateurs; nécessité pour chaque institut d'avoir des itinéraires de formation avec
critères et finalité.
QUELQUES EXIGENCES DE LA FORMATION ENVISAGÉE
Les interventions ont conduit graduellement, il nous semble, vers le même but : promouvoir une
formation (Christiforme) qui permet de «prendre la forme du Christ», dès la formation initiale. Cela
permettant qu’il y ait dans la suite, une formation continue. Voici quelques exigences de cette formation
:
- Adopter une pédagogie permettant au coeur du Christ de prendre forme dans les personnes
accompagnées
- Former des hommes et des femmes véritablement libres qui puissent dialoguer avec toutes les
cultures et devenir, dans les flux migratoires actuels, signes prophétiques d’accueil et de
communion
- Vivre la liturgie comme école de formation, y apporter tout le soin nécessaire,
- Faire de la vie fraternelle, un espace théologale (fraternité ou communauté formatrice)
- Développer une formation qui soit en symphonie avec le concile
- Développer l’amour de l’étude : aller à la périphérie de la pensée
- Ne pas craindre que la formation donnée ait des exigences... («Ce n’est pas le moment de
proposer une vie consacrée «légère», sans consistance», a insisté fortement, Monseigneur José
Rodriguez Caballo.
PLACE AU PARTAGE, AU DIALOGUE
En alternance avec les conférences, 50 ateliers ont été proposés avec une variété de sujets très
intéressants à prendre en compte dans le processus de formation. Sujets qui pourraient éventuellement
faire l’objet d’un approfondissement, tels ...
 La réalité des jeunes aspirants à la vie consacrée
 La formation de l’affectivité au temps des scandales sexuels
 La formation à la communication digitale à l’ère digitale
 Le défi des conseils évangéliques dans l’anthropologie moderne
 De l’animation vocationnelle à la culture vocationnelle
 La dimension prophétique de la vie consacrée
 Les pauvres comme agents de la formation
 L’accompagnement et le discernement dans les étapes initiales
 La dimension contemplative dans la vie consacrée
 La complémentarité et la réciprocité féminine/masculine dans la vie courante
 Le rôle de la communauté -- la fraternité dans la formation
 Le dialogue avec les cultures et l'inculturation
 Justice, paix et intégrité de la création
 En temps de crise dans la vie des Formateurs
UNE AUDIENCE AVEC LE PAPE FRANÇOIS
Nous avons eu la joie de participer à une audience avec le Pape François : rendez-vous tant désiré ! Lors
de son message, il a insisté sur le discernement et l’accompagnement. Le défi de l’accompagnement en
vue d’un discernement, nous a dit le Pape, est d’amener la personne à prendre des décisions libres et
responsables -- c’est là un des plus grands défis de l’accompagnement.
Tout au long de ce Congrès, nous avons entendu des paroles fortes et beaucoup de questions ont
surgi. Nous sommes devenues encore plus conscientes du rôle du formateur /de la formatrice. Comme
Jean-Baptiste, nous devons montrer Jésus. C’est la mission la plus importante et la plus délicate.
L'importance pour la personne en formation est de rencontrer Jésus, véritable architecte de la formation.
N'est-il pas le seul à pouvoir changer le cœur des personnes en leur insufflant son esprit ?
EN QUITTANT CE CONGRÈS
A la fin du Congrès, nous sommes habitées par un double sentiment:
- D’une part, nous sommes enrichies d'une pensée d’Eglise et confirmées dans la conduite à tenir
sur ce chemin de la formation. Nous sommes aussi convaincues des questions à creuser, de la
vigilance à cultiver, et du chemin de transformation à poursuivre nous-mêmes
- D’autre part, nous sommes habitées d'un sentiment de grande pauvreté face à l’ampleur et
l’importance de la formation, face aussi aux défis qui s’y imposent
En guise de conclusion nous faisons nôtre la prière finale de la veillée qui a inauguré le Congrès.
«Seigneur Jésus,
Donne-nous un cœur intelligent, de sorte que tu puisses
 nous éduquer pour éduquer,
 nous former pour former,
 nous accompagner pour accompagner.
Donne-nous la grâce de vivre ce ministère sacré, parce que sacrées sont les personnes qui nous sont
confiées, avec une joie profonde qui naît de l’expérience d’être aimées et appelées à te suivre de « plus
près », et avec une foi droite et une espérance certaine accompagnant les personnes que tu nous as
confiées.
Vierge Marie, mère et modèle des formateurs et formatrices :
Accompagne-nous sur ce chemin, délicat et beau en même temps, non sans difficultés, mais toujours
plein de possibilités, pour arriver, nous aussi, à nous identifier avec le Christ, ton Fils et notre Sauveur.
Fiat, fiat, Amen, amen !»
Sœurs Vimala, Antonella et Evelyne, Filles de la Sagesse
Rome, le 11 avril 2015
Défi numérique
· L'archevêque José Rodríguez Carballo présente le congrès international sur la formation en
programme à partir du 7 avril à Rome ·
4 avril 2015
Le défi numérique, la justice, la paix, la défense de la création: telles sont les nouvelles
frontières de la formation des religieux et des religieuses. C’est ce dont on parlera au congrès
international en programme du 7 au 11 avril à Rome sur le thème: « Forme toi à la vie
consacrée dans le cœur de l’Eglise et du monde ». Mgr José Rodríguez Carballo, secrétaire de
la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique nous en
parle dans un entretien.
Comment les religieux affrontent le défi de la communication numérique?
Pourquoi un congrès international sur la formation?
L’urgence éducative et de la formation est une
priorité pour la vie consacrée. Le présent et
l’avenir de la vie consacrée dépendent en
grande partie de la formation que nous
recevons et que nous offrons. Il n’y a pas de
fidélité créative, il n’y a pas de possibilité de
vivre le présent avec passion et d’embrasser
l’avenir avec espérance – objectifs de l’année
de la vie consacrée – sans une formation de
qualité et adaptée à notre temps. D’autre part,
pour nous personnes consacrées la formation est une telle urgence que nous ne distinguons
plus la formation initiale de celle permanente, comme cela se faisait précédemment, mais
aujourd’hui nous sentons la nécessité de parler de formation continue. D’autre part nous
sentons l'urgence de la formation des formateurs. Voilà la raison de ce congrès, qui prévoit la
présence de 1.500 participants, avec diverses interventions prononcées par des spécialistes
dans le domaine de la formation et plus de 30 laboratoires. Il y aura aussi un forum
interdicastères et une table ronde pour partager les expériences.
Comment les religieux affrontent le défi de la communication numérique?
Former à une utilisation adaptée des moyens de communication est un grand défi que nous
avons devant nous. L’utilisation des moyens de communication présente certains problèmes
auxquels nous devons porter attention. L’utilisation d’internet favorise la résolution rapide des
problèmes, mais n’aide pas la pensée profonde et rend plus difficile la mémoire à long terme.
Ce mode d’interagir pourrait avoir des conséquences négatives sur la disposition des personnes
consacrées à l’étude, à la méditation de la Parole, à l’introspection et à la réflexion profonde,
au discernement.
Du congrès à la vie : quelques priorités
Accueillez donc, comme une attention de ce dicastère, des orientations à considérer comme des
priorités pédagogiques et spirituelles pour votre service de formateurs.
1. Soyez des formateurs et formatrices heureux, contents de rendre le service qui vous est demandé.
Et manifestez votre joie, pour la transmettre aux jeunes.
2. Prêtez attention à la formation du cœur, pas seulement à la formation du comportement, en vous
rappelant que “cor ad cor loquitur”. C’est la passion pour Jésus qui vous rend formateurs.
3. Ne présumez pas de vous-mêmes, soignez votre formation continue, soyez prêts à apprendre
chaque jour l’art de former les cœurs : apprenez de Jésus et de sa pédagogie, mais aussi de vos jeunes, de
vos erreurs, de la vie.
4. N’oubliez pas que c’est le Père qui forme en chaque jeune la personnalité du Fils par la puissance
de l’Esprit : vous êtes des médiateurs de cette action trinitaire.
5. Soyez des formateurs à plein temps, donnant le meilleur de vous-mêmes. C’est le Seigneur qui
vous confie les jeunes que vous accompagnez comme une réalité précieuse à ses yeux et qui doit devenir
telle également à vos propres yeux.
6. Ayez un grand cœur pour accueillir ceux que le Père vous confie de toutes les parties de la terre.
Valorisez chaque personne pour que la communauté de formation soit expression de la foi et du charisme,
dans la variété des cultures et des richesses de chacun.
7. Formez des jeunes dont le cœur est amoureux de Dieu et passionné pour l’homme, « citoyens du
monde » en dialogue avec toute culture ; des jeunes riches de miséricorde pour les personnes « sans
dignité », qui apprennent à chercher Dieu dans les périphéries de l’existence, libres de se laisser former
par la vie et tout au long de la vie.
8. Ne prétendez d’eux rien que vous n’ayez vécu et traduit en action. Sans imposer des poids
impossibles et motivant toujours toute demande par la loi de la liberté des fils de Dieu, la loi de l’amour.
9. Dédiez votre temps à des rencontres régulières, avec le groupe et surtout avec les personnes
individuelles. C’est la relation interpersonnelle entre formateur et personne en formation qui est
l’instrument par excellence de l’action éducative.
10. Que l’équipe de formation, surtout dans les communautés éducatives nombreuses, exprime les
différentes compétences pédagogiques, dans le respect des rôles spécifiques, dans le partage du même
modèle formatif et la convergence vers le bien des jeunes. La formation des formateurs est une
responsabilité qui incombe, de façon précise et sans dérogation possible, aux supérieurs qui sont, avec
vous, promoteurs d’une culture authentique de la formation continue.
11. N’ayez pas peur d’accompagner le jeune à se découvrir soi-même et sa vérité, avec ses faiblesses,
mais faites alors sentir votre proximité comme un sacrement de l’amour du Père, qui guérit et pardonne.
Faites percevoir votre proximité en particulier auprès de ceux qui, pour des raisons diverses, abandonnent
le chemin de formation.
12. Mais, surtout, n’ayez pas peur d’accompagner vos jeunes sur le chemin de la Pâques de Jésus.
C’est à cela que chaque parcours de formation doit viser, comme un chemin qui devra durer toute la vie,
en compagnie de Marie, Disciple et Mère au pied de la croix.
Chers formateurs, chères formatrices, l’Eglise vous aime, elle vous apprécie et prie pour vous. Sans
votre service, la vie consacrée ne pourrait pas exister, ou elle aurait un avenir incertain. Sans votre patience
et votre discernement, le peuple de Dieu risquerait de ne plus voir cette voie lumineuse capable de faire
briller, dans un monde qui passe, le monde définitif transfiguré par les Béatitudes.
Rome, 11 Avril, 2015
João Braz Card. de Aviz
Préfet
José Rodríguez Carballo, O.F.M.
Archevêque Secrétaire