Les Lundis de Caran d`Ache

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Les Lundis de Caran d`Ache
Les Lundis de Caran d’Ache
(I)
Caran d’Ache, « La sécurité dans les chemins de fer », Le Figaro du 9 décembre
1895.
Contrairement à ce qui est habituellement écrit sur Caran
d’Ache, la première collaboration régulière du dessinateur à
un quotidien ne fut pas au Figaro mais au Journal dès 1894.
En 1892, Fernand Xau, ayant fait fortune quelques années
auparavant comme impresario de Buffalo Bill lors de sa tournée
en France, se lance dans la presse avec Le Journal. Pour se
démarquer à l’époque des quarante-six autres quotidiens
parisiens, il crée un « journal littéraire d’un sou », à la
portée de tous et qui mêle à l’information, des contes, des
chroniques, des fantaisies, des nouvelles, etc. Pour cela il
attire les plumes consacrées de la Capitale et de jeunes
prometteurs : Maupassant, Courteline, Marcel Schwob, Octave
Mirbeau, Maurice Barrès, François Coppée, Jules Renard,
Alphonse Allais, etc. Il fait également appel à de jeunes
dessinateurs remarqués : Sem, Capiello, Jean Veber, Forain et
Caran d’Ache.
Ce dernier y donne une page tous les lundis, du 26 mars 1894
au 25 novembre 1895. Il s’agit d’une véritable nouveauté pour
la presse quotidienne. Jamais jusqu’alors une place si
importante n’avait été donnée régulièrement à un dessinateur.
Pour Caran d’Ache, c’est une consécration. Bientôt, on se
dispute ses ses dessins.
Les Lundis du Figaro
En décembre 1895, Le Figaro passe de 4
à 6 pages. Il débauche alors Caran d’Ache pour qu’il signe
désormais sa page du lundi dans ses feuilles.
Le dessinateur d’origine russe n’est pas un inconnu de ce
journal. Il avait déjà fait paraître des dessins et des
histoires en images dans les publications annexes du Figaro,
comme Le Figaro illustré (dès 1884) ou son supplément
littéraire du dimanche (dès 1885). Rappelons aussi que c’est
au Figaro que le dessinateur d’Ache proposera son « roman
dessiné », Maestro, en juillet 1894.
Du 2 décembre 1895 au 14 mai 1906, le dessinateur signe chaque
lundi, presque sans exception, un dessin en troisième page du
quotidien. C’est ainsi plus de 500 contributions qui sont
fournies en dix ans de publication, soit une longévité
exceptionnelle ! De plus, Caran d’Ache, qui ne semble pas être
restreint par un contrat d’exclusivité, redevient un
collaborateur régulier du Journal à partir de décembre 1899.
Ainsi, jusqu’à la fin de son activité de dessinateur (en mai
1906), Caran d’Ache cumule ces contributions hebdomadaires
dans deux grands quotidiens parisiens : le lundi pour Le
Figaro, le mercredi pour Le Journal
((Malheureusement,
aujourd’hui , il ne reste aucune trace de Caran d’Ache dans
les archives de ces deux journaux.)).
Ces pages se présentent sous diverses formes : un simple
dessin légendé, une macédoine de vignettes sur un thème, ou
une histoire en images. Les légendes sont écrites par Caran
d’Ache lui-même. La plupart de ces « Lundis » sont des
allusions à l’actualité ou à des caricatures de mœurs et du
quotidien de l’époque… dont la subtilité nous échappe un peu
aujourd’hui ! Il reste cependant de magnifiques compositions
d’un dessinateur toujours inspiré.
Les « Lundis » du Figaro feront la célébrité du dessinateur
((Elles feront également sa fortune : selon la revue Lecture
pour tous (n°7, avril 1909, p.683), lors de sa collaboration
au Figaro et au Journal, Caran d’Ache touchait chaque semaine,
pour deux dessins, 500 francs.)). Preuve de leur succès, ces
planches hebdomadaires du Journal et du Figaro furent
recueillies au fur et à mesure de leur publication en albums
vendus en librairie ((Ces albums sont : Les Lundis de Caran
d’Ache (« Album pour les enfants de 40 ans et au-dessus »),
Plon, 1896 ; Les Lundis du Figaro, Librairie du Figaro, 1898 ;
Album des lundis, Librairie du Figaro, 1899 ; Pages
d’Histoire, Librairie du Figaro, 1904 ; Gros et détail, Plon,
1907.)).
A propos de ces pages hebdomadaires, Georges Montorgueil a
écrit : « Son genre s’adaptait remarquablement au journalisme
: il était le mouvement, l’actualité, la vie qui passe. Sa
page de dessins était la chronique parlant au yeux, avec un
comique direct » ((Les Annales politiques et littéraires, 1er
août 1930, p.108)).
113 ans après…
Tout juste 113 ans après la publication du premier des «
Lundis de Caran d’Ache », Töpfferiana propose de retrouver
régulièrement ces pages du Figaro. Cette « réédition » est
possible grâce à la numérisationde ce quotidien réalisée par
le site Gallica.
Cependant, si vous ne pouvez attendre la prochaine livraison,
vous pouvez consulter ces dessins de Caran d’Ache en
sélectionnant n’importe lesquels des numéros du lundi entre
1895 et 1906 et vous rendre à la troisième page de ceux-ci !
Pour accéder au Figaro numérisé sur Gallica, cliquer ici.
(En illustration : Dessin de Caran d’Ache inséré dans une
colonne de la Une du Journal en 1900 annonçant sa contribution
hebdomadaire.)
Mise-à-jour du 27-05-2009 : Cet article a été traduit en
italien par Massimo Cardellini : « I lunedì di Caran d’Ache »
est
consultable
sur
son
site
:
http://letteraturagrafica.over-blog.com/ (Merci à lui).
« Les Lundis de Caran d’Ache » dans Le Figaro — Décembre 1895
– 2 décembre 1895 : « Théorie sur le nom des officiers du
166e régiment »
– 9 décembre 1895 : « La sécurité dans les chemins de fer »
– 16 décembre 1895 : « Boomerang, le nouveau sport »
– 23 décembre 1895 : « John Bull et Jonathan »
– 30 décembre 1895 : « Le roman du jeune homme riche »
(A suivre…)