DOSSIER PEDAGOGIQUE «Faut pas payer
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DOSSIER PEDAGOGIQUE «Faut pas payer
DOSSIER PEDAGOGIQUE Faut pas payer ! Texte de Dario Fo, mis en scène par la compagnie Jolie Môme La compagnie Jolie Môme présente cet automne un nouveau spectacle : Faut Pas Payer ! de Dario Fo Cette farce politique menée tambour battant évoque la crise économique des années 70 en Italie. Elle pose les questions de la solidarité, de la légalité, de la légitimité, de la crise... La Crise... Un théâtre populaire, chaleureux et enthousiaste, comme on aime et nous souhaitions vous le faire connaître. Du 13 novembre au 13 décembre 2009 Au théâtre La Belle Etoile Du jeudi au samedi à 20h30 Le dimanche à 16h Réservations au 01 49 98 39 20 Tarif pour groupes scolaires : 10 euros La Belle Etoile, 14 rue Saint-Just, La Plaine, Saint-Denis M° Porte de La Chapelle ou Rer B La Plaine Stade de France Puis 15mn à pied ou 5mn en bus, Bus 153 ou 302 arrêt Eglise de La plaine www.cie-joliemome.org La compagnie Jolie Môme est accueillie à La Belle Etoile par la ville de Saint-Denis et soutenue par le Conseil Régional d'Ile de France Le contexte L’Italie des années 70 est durement touchée par la crise. Les usines se délocalisent. Les patrons recherchent une main d’œuvre bon marché. Les salaires baissent et la paix sociale est garantie... Même pour ceux qui ont un travail, il devient difficile de joindre les deux bouts. Le coût des transports, l'alimentation, le loyer, le gaz et l’électricité, ... Tout devient difficile à payer. Face à cette situation, la solidarité s'organise, les militants organisent des « ventes à prix coutant ». L’histoire : En pleine crise, la police empêche une « vente militante » sur le marché. Les femmes excédées -Antonia entre autres- trouvent une solution : « Ne pas payer ». En parallèle, à l'usine, les ouvriers se révoltent contre l'augmentation du coût de la cantine. Ils trouvent une solution : « Ne pas payer ». Pour certains ouvriers légalistes -Giovanni entre autres- c'est du vol. Et le vol n'est pas une solution. Les patrons sont des voleurs, certes. Mais les ouvriers, eux, ne doivent surtout pas l'être. La Police réagit. Elle perquisitionne dans tout le quartier à la recherche des denrées « nonpayées ». Antonia et son amie Margherita devront élaborer tout un stratagème pour éviter la colère de Giovanni et la répression de la Police. Les propos : - La grande crise des années 70. 1974, 1er choc pétrolier, la crise est mondiale, l'Italie est donc touchée. Délocalisations, fermetures d'usines, pertes de pouvoir d'achat, paupérisation des ouvriers... La période est dure pour la classe ouvrière. Mais, à cette époque, les idées communistes sont fortes et une importante solidarité se met en place dans les usines comme dans les quartiers. - L'évocation de la crise des années 70 permet d'aborder la crise que nous vivons en ce moment avec les nombreuses fermetures d'usine de ces derniers mois en France, les luttes menées par les ouvriers de Continental, Good Year, ... - Trois des besoins fondamentaux deviennent difficiles à satisfaire : 1. logement 2. travail 3. alimentation Tiens ! Comme aujourd'hui... - La légalité, la légitimité, le droit, la loi, la justice... tout cela est-il la même chose ? Y a-t-il un droit voire un devoir de résistance... quand cela commence-t-il ? Les personnages : Antonia. Elle travaille et doit, comme beaucoup de femmes (est-ce toujours actuel ?) en plus s'occuper des affaires du ménage, les courses, les repas, gérer le budget du ménage qu'elle forme avec Giovanni. Ils ont la quarantaine bien tassée. Giovanni travaille à l'usine. Il est militant communiste. Pour lui l'honnêteté et la discipline sont les qualités essentielles qui caractérisent les ouvriers face aux patrons, qui leur volent leur force de travail. Luigi travaille à l'usine avec Giovanni. Il est plus jeune (25-30 ans). Bien qu'amis, ils sont d'accord sur les grandes lignes mais leur analyse des causes et les moyens d'action envisagés divergent. Pour Giovanni, Luigi c'est un peu « la maladie infantile du communisme ». Margherita est l'épouse de Luigi. Voisine d'Antonia, elle est catholique pratiquante. Elle se retrouve malgré elle impliquée dans les facéties d'Antonia. Le flic, le militaire, sont deux personnages, deux figures de l'autorité, deux approches différentes de l'ordre et de la justice. Un Choeur est présent, il accompagne l'histoire en musique et chante parfois. Il fait entendre la voix de la foule. La forme : A la fin des années 50, Dario Fo et sa femme Franca Rame fondent leur compagnie et créent des pièces courtes qui s’inspirent de Feydeau ou de Labiche pour la mécanique de scène et de Tati ou Chaplin pour le caractère des personnages. Le style de leurs pièces perpétue la logique de la commedia Dell’arte et de la farce médiévale . Dario Fo cherche à outre passer le cadre de la représentation scénique en la parodiant et en la renvoyant sans cesse à sa nature d'artifice. Le naturisme est rejeté. Le faux et l’invraisemblable sont érigés en principe incontournable. Dans Faut pas payer, Dario Fo utilise le ton de la farce, du vaudeville,ainsi que celui de la commedia dell'arte mais aussi celui du théâtre politique. Dario Fo pioche dans chacune de ces formes théâtrales et crée son propre style. Dans sa façon d'aborder son travail théâtral nous retrouvons le principe même de la farce et de la commedia dell'arte qui est : l'improvisation. Un canevas est établi, c'est un synopsis général schématisant les lignes principales du scénario. Ce canevas précise nettement chacune des phases narratives du déroulement du spectacle sans entrer dans le détail méticuleux du jeu, des déplacements des acteurs ou du contenu textuel des répliques. Tout en suivant les étapes du canevas, les acteurs sont donc chargés d'en meubler l'action par leur jeu effectif, par leur texte semi-improvisé et par des accrobaties gestuelles. Le jeu varie donc à chaque représentation tandis que le canevas demeure stable. Dario FO cherche a faire du théâtre un art populaire, accessible à tous. Et pour cela il passe aussi par un langage plus proche de notre quotidien. Il utilise le parlé populaire, les expressions idiomatiques ou les jeux de mots, mais surtout l'adresse directe au public ce qui fait de son théâtre un art du présent, de l'instant. La performance physique (ex:les différentes chutes du gendarme) et l'enchainement des gags (ex : la panne d'électricité chez Antonia puis le policier qui croit etre aveugle et se cogne et qui finit par se faire « mettre enceinte » par Marguerita et Antonia) sont eux aussi deux fondamentaux de ces deux styles. Les acrobaties verbales et gestuelles sont aussi appelée Lazzi en Commedia dell'arte. Dans le texte de Faut pas payer , nous retrouvons d'autres traces d'influences de genre outre la farce et la commedia. Il y a aussi le vaudeville. Les signes typiques de cette forme sont : les portes qui claquent (celle du placard ou de l'entrée), les quiproquos ( entre les personnages) mais aussi les retournements de situation très souvent orchestrés par Antonia. Tout ce qui tourne autour de la sexualité et de la maternité fait également allusion à cette forme théâtrale, mais fait aussi écho à la farce et à la commédia. Le thème du ventre, tout ce qui tourne autour ce cette partie du corps humain qui nous fait vivre et qui nous anime, est un thème récurant dans ces trois genres théâtraux. Hormis la forme, le fond... Le comique et la satire s'inscrivent dans une perspective éminemment politique, voire militante : la charge sociale aux accents anti-conformistes, anticapitalistes et anti-cléricaux est toujours présente, entraînant fréquemment la censure, car on tolérait encore qu'ils fassent rire de petites salles de théâtre, mais on s'effrayait du message corrosif qu'ils pourraient faire passer avec les médias. Par conviction « anti-bourgeoise », refusant de poursuivre son rôle de bouffon de la bourgeoisie, il amène le théâtre dans les usines et les maisons du peuple, s'inspirant de l'idée du TNP Théâtre National Populaire et des pièces de Bertold Brecht. Les spectateurs viennent souvent pour la première fois voir une pièce. Le théâtre de Dario Fo parle de l'actualité, de la vie des italiens. Dans Faut pas payer il donne à réfléchir aux spectateurs sur le rôle du parti, des syndicats. De l'importance qu'il y a à être solidaire dans la lutte et face au pouvoir répressif. Dario FO pointe du doigt les responsables de cette crise. Il évoque tous les points de vue possibles. Les questionnements qui nous habitent. Celui de l'épouse insouciante, de la femme militante, de l'ouvrier travailleur et honnête, ou de l'ouvrier idéaliste ou encore celui du policier hypocrite « qui ne fait que ce qu'on lui demande ». Dario Fo parle de la vraie vie, pas de celle qui fait réver mais de celle qu'on souhaite changer... L’auteur : Dario Fo naît en 1926 à San Giano, village de Lombardie, dans une famille ouvrière de tradition démocratique et antifasciste. C'est par l'intermédiaire de son grand-père maternel qu'il découvre très jeune le théâtre populaire et la tradition orale. Ce grand-père, «fabulatore» connu, mais aussi agriculteur vendant ses produits sur les marchés, improvisait de longs monologues pour attirer le chaland. En 1952, Dario Fo écrit pour la radio ses premiers monologues comiques, découvre le Piccolo Teatro de Giorgio Strehler, fait ses débuts d'acteur et monte des revues de satire sociale et politique. En 1954, il épouse Franca Rame, fille d'une grande famille de comédiens populaires, qui devient son inséparable partenaire. Ensemble ils reprennent à leur façon des farces traditionnelles et écrivent de grandes comédies où ils fustigent les institutions et les classes dirigeantes, tout en déployant une fantaisie débridée. La réussite de ces monologues lui ouvre les portes de la radio et bientôt celles de la télévision. Leurs sketches déclenchent polémiques et menaces et la programmation est arrêtée. En 1968, ils abandonnent les structures du théâtre officiel et de la télévision pour se produire dans des salles gérées par une association culturelle de gauche, «Nuova Scena», avec l'aide du Parti Communiste Italien. Mais la gauche «historique» et le parti communiste réagissent mal, eux aussi, au théâtre de Dario Fo et Franca Rame. En 1970, Dario Fo crée donc, avec ses camarades, un autre collectif théâtral: «La Commune». Ces années sont celles des grands succès: Mystère Bouffe en 1969, qui apporte à Dario Fo une renommée mondiale, Mort accidentelle d'un anarchiste en 1970, et Faut pas payer! en 1974, écrite en lien avec la campagne d'auto-réduction des factures en période d'inflation. L'anti-conformisme de Dario Fo et son engagement politique et social l'entraînent dans d'innombrables procès en Italie, avec l'État, la police, la télévision, le pape, selon lequel Mistero buffo offense «les sentiments religieux des Italiens». En collaboration avec Franca Rame, il écrit une série de monologues inspirés par la lutte des Italiennes pour le droit au divorce et la légalisation de l'avortement. Il écrit également sur la résistance italienne et palestinienne, le nazisme, le fascisme, les problèmes politiques au Chili, la drogue, le terrorisme, la mafia, le sida, la sexualité et les luttes des femmes. Artiste hors normes, il reçoit en 1997 le Prix Nobel de Littérature. C'est la première fois qu'un homme de théâtre acteur-auteur-metteur en scène reçoit une telle distinction. Depuis quelques années, à travers ses pièces, il s'ingénie à dénoncer les travers du gouvernement en place. Son nouveau spectacle ne fait pas exception à la règle. Dario Fo et sa femme y campent Silvio Berlusconi et son épouse, recevant Vladimir Poutine dans leur villa sicilienne. La compagnie Jolie Môme... ... En quelques dates : 1983, naissance de la compagnie De 1983 à 1998 : la compagnie joue de nombreuses pièces : Albert Camus, Bertolt Brecht, Victor Hugo, Jacques Prévert, Robert Merle... Elle écrit et crée elle-même plusieurs spectacles. Elle co-réalise un court-mètrage : Jeanine et enregistre un premier CD issu de son spectacle de chansons. 1999 – 2009 : Le répertoire actuel. En 1999 : deuxième CD Rouge Horizon et création de Barricade spectacle sur la Commune de Paris. 2000 : Mise en scène et en musique de La crosse en l'air de Prévert. 2001 : troisième CD Pendant c'temps-là. Octobre 2001 : Cabaret d'Urgence contre la guerre : des intervenants artistiques, politiques s'élèvent contre le bombardement de l'Afghanistan... Type de mise en scène repris ensuite en soutien aux grévistes de Mac'Do, aux sans-papiers, aux prisonniers politiques palestiniens, aux militants poursuivis par la justice française.... 2002 : création au Théâtre de l'Epée de Bois à la Cartoucherie de Je reviendrai et je serai des millions... Spartacus. 2003 : Sortie du 4ème CD légitime colère. Eté 2003 : La grève des travailleurs du spectacle, souvent connus sous le nom d'intermittents. 2004 : Installation à Saint Denis dans son théâtre : La Belle Etoile. 2005 : Tournée du mouton noir, hymne du Non à la constitution européenne. Représentations du répertoire de la compagnie à La Belle Etoile. 2006 : Reprise de « Je reviendrai et je serai des millions ... Spartacus » à Saint-Denis Avignon en « out » avec La Crosse en l'air dans la cour d'un cloître de la cité des Papes. Le festival des « 10 ans de Jolie Môme à Saint-Amant-Roche-Savine » : La Belle Rouge... 2007 : Sortie de l'album Basta Ya !. Adaptation de la pièce Alerte ! Gaïa et Prométhée d'Enri Wegmann. Deuxième édition du festival La Belle Rouge. 2008 : tournées du spectacle Basta Ya !. Le Cabaret Déchaîné attire un millier de personnes au Théâtre de L'Epée de Bois pour une journée de soutien à Ludovic et Michel (créateur et directeur de la compagnie). Ils sont poursuivis en justice par la direction nationale de la CFDT à la suite d'une action d'intermittents. Création de Wanted, Procès-Spectacle. La Belle Rouge, 3ème édition. 2009 : Michel et Ludovic, condamnés à des peines symboliques font appel. 4ème édition de La Belle Rouge. Adaptation de Faut Pas Payer ! De Dario Fo... ...C'est surtout une troupe : Le noyau est constitué de 12 comédiens, techniciens et administratifs, une dizaine d'autres comédiens ou techniciens participent à un ou plusieurs projets. Cette équipe nombreuse et stable nous permet de pouvoir présenter 6 spectacles d'un répertoire constitué ces dix dernières années : Le spectacle de chansons Basta Ya !, Les pièces Barricade sur la Commune de Paris 1871, La Crosse en l'air de Jacques Prévert, Je reviendrai et je serai des millions -Spartacus-, sur l'impérialisme, Wanted, Procès-Spectacle, sur la criminalisation des militants Alerte ! Gaïa et Prométhée.d'Enri Wegmann Les chansons, jouées dans la rue comme sur scène, nous permettent de séduire et d'amener au théâtre un public nombreux. 5 CD ont été extraits de ce spectacle. Basta Ya ! est aussi le spectacle d'intervention qui est joué sur un piquet de grève, dans une fac occupée, en soutien aux mal-logés, aux sans-papiers, aux mal-payés... Un chapiteau nous permet de nous installer pour plusieurs semaines sur une région de façon autonome. Les adhérents de l'association Jolie Môme constituent d’importants relais d’information et de mobilisation lorsque nous jouons. Saint-Amant-Roche-Savine est notre port d'attache en Auvergne depuis 1997. Nous y créons nos spectacles, nos CD, nous y jouons, nous y montons un festival pluridisciplinaire La Belle Rouge. Plus qu'une résidence d'été, c'est notre base de repli. Nous sommes arrivés à Saint-Denis, en septembre 2004. La Belle Etoile est mise à notre disposition comme « Port d'attache » et nous la faisons vivre. Créations, représentations, ateliers, rencontres, accueils,... tout est possible ! La compagnie Jolie Môme est accueillie par la ville de Saint-Denis et soutenue depuis 2008 par le Conseil Régional d'Ile de France.