47eme session de la conference internationale de l`education

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47eme session de la conference internationale de l`education
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix – Travail – Patrie
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MINISTERE
DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
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CABINET DU MINISTRE
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REPUBLIC OF CAMEROON
Peace – Work – Fatherland
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MINISTRY
OF HIGHER EDUCATION
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THE MINISTER’S CABINET
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47EME SESSION DE LA CONFERENCE
INTERNATIONALE DE L’EDUCATION
RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DE
L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU
CAMEROUN
Genève, du 08 au 11 septembre 2004
2
L’Etat assigne à l’Enseignement Supérieur une mission
fondamentale de production, d’organisation et de diffusion des
connaissances scientifiques, culturelles, professionnelles et éthiques
pour le développement de la Nation et le progrès de l’Humanité.
La Loi n°005 du 16 avril 2001 portant Orientation de l’Enseignement Supérieur et ses textes d’application.
3
INTRODUCTION
L’avènement de l’Enseignement Supérieur au Cameroun en 1961,
c’est-à-dire au lendemain de l’indépendance survenue en 1960, est
caractérisé par trois faits majeurs, à savoir : la création de l’Institut
National d’Études Universitaires, avec l’aide de la France, l’ouverture
d’un cycle préparatoire de l’École Normale Supérieure, avec l’aide de
l’UNESCO et le projet de création d’un Établissement de formation
d’Ingénieurs agricoles.
En 1962, la création de l’Université Fédérale du Cameroun,
institution bilingue (français/anglais), devenue Université de Yaoundé en
1974, viendra couronner ces efforts. Mais en 1967 déjà, la nouvelle
institution universitaire sera étoffée, comprenant désormais trois
Facultés et sept Grandes Écoles. En 1977 furent créés quatre centres
universitaires spécialisés à Douala, Buéa, Dschang et Ngaoundéré. En
plus de la volonté de décongestionner l’Université Fédérale où de réels
problèmes d’inadéquation entre les effectifs d’étudiants et les
équipements pédagogiques et logistiques commençaient à se poser avec
acuité, cette création des centres universitaires amorçait la
décentralisation de l’institution universitaire et la constitution de pôles
d’excellence, en vue de valoriser les atouts particuliers que présentent
les régions réceptrices. Ces centres universitaires sont devenus des
Universités à part entière, en 1992 et en 1993, servant ainsi de base à
ce qu’on a qualifié de Réforme Universitaire du Cameroun, au début des
années 90.
Il y a également eu évolution en ce qui concerne l’organe de
coordination. En effet, après le deuxième Conseil de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique et Technique, tenu en 1982, il
fut créé, en 1984 – soit deux ans plus tard – un Ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et Technique
(MESIREST). Compte tenu de l’importance du sous-secteur
Enseignement Supérieur, un Département Ministériel à part entière lui
sera confié en 1992.
Le dynamisme interne du système se manifeste également par une
recherche constante d’adaptation aux contextes à la fois sous-régional et
mondial. C’est ce qui justifie le souci d’harmonisation et d’amélioration
des programmes de formation, la professionnalisation des
enseignements, l’encouragement des Institutions privées d’enseignement
supérieur (IPES), notamment en leur offrant un cadre juridique visant à
hisser la qualité des prestations académiques relevant de ce sous-secteur
aux canons établis sur le plan international.
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Le XXIème siècle s’est ouvert sur la mondialisation, une force
centripète qui entraîne avec elle les États et leurs institutions, édictant
des normes parfois diffuses mais tellement fortes qu’il est difficile voire
impossible d’y résister. L’Enseignement Supérieur s’arrime à cette
nouvelle donne en travaillant pour la réduction de la fracture numérique.
Cela
suppose
l’informatisation
des
structures
académiques,
pédagogiques et administratives et son pendant qui est, tout
naturellement, le recyclage des personnels (enseignants et
administratifs) du sous-secteur Enseignement Supérieur.
Le bilan actuel sur le développement de l’Enseignement Supérieur
au Cameroun fait ressortir trois aspects principaux, à savoir : les
réformes et innovations introduites en ce début du XXIème siècle, les
leçons tirées des principales réalisations et l’identification des principaux
défis à relever. On pourrait également approfondir la réflexion sur deux
aspects fondamentaux de ce sous-secteur, concernant notamment
l’approche genre et le rôle clé que jouent les enseignants.
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I - Les Principales réformes et les innovations
introduites dans l’Enseignement Supérieur
au Cameroun au début du XXIème siècle
I.1. Le Cadre juridique de l’Enseignement Supérieur
par :
L’Enseignement Supérieur au Cameroun est régi prioritairement
- la Loi n° 005 du 16 avril 2001 portant orientation de
l’Enseignement Supérieur ;
- le Décret n° 99/201 du 17 septembre 1999 portant organisation
et fonctionnement du conseil de l’Enseignement Supérieur et de
la Recherche Scientifique ;
- le Décret n° 98/231 du 28 septembre 1998 portant organisation
du Ministère de l’Enseignement Supérieur.
Il faut relever que le cadre juridique de l’Enseignement Supérieur
au Cameroun ne devient plus lisible qu’avec la promulgation de la Loi
n°005 du 16 avril 2001 portant orientation de l’Enseignement Supérieur,
susmentionnée.
En effet, à sa création en février 1984,
le Ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a pour plateforme les structures ci-après qui, en grande partie, héritent de leur
ancienne base juridique :
- la Direction de l’Enseignement Supérieur (MINEDUC) ;
- l’Université de Yaoundé et les centres universitaires
(MINEDUC) ;
- la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique
(et ses Instituts).
Le département connaît, par la suite, d’autres mutations
institutionnelles
(Ministère
de
l’Enseignement
Supérieur,
de
l’Informatique et de la Recherche Scientifique) et devient, le 9 avril 1992,
le Ministère de l’Enseignement Supérieur. La loi portant orientation de
l’Enseignement Supérieur intervient donc neuf (09) ans après la
naissance d’un Ministère chargé exclusivement de l’Enseignement
Supérieur, et huit (08) ans après la Réforme de l’Enseignement
Supérieur. Cette loi dote le Ministère de l’Enseignement Supérieur d’un
cadre adéquat pour l’exécution de ses missions. Car l’Enseignement
Supérieur Privé n’est plus géré comme auparavant par le Ministère de
l’Education Nationale. La promulgation de cette loi, en elle-même,
constitue une innovation dans l’espace de l’Enseignement Supérieur et
ouvre une voie aux universités privées.
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I.1.1 : La Loi d’Orientation de l’Enseignement Supérieur
Cette loi fixe les orientations fondamentales de l’Enseignement
Supérieur au Cameroun, et donne lieu à un ensemble de textes
réglementaires particuliers concernant les divers domaines de
l’élaboration, de la mise en œuvre et du suivi de la politique de
l’Enseignement Supérieur, en ce qui concerne les Institutions Privées
agréées par l’Etat. La loi, tout en intégrant les acquis de la Réforme
Universitaire de 1993, dont la déconcentration, la participation de tous,
l’amélioration
des conditions de travail, et de l’encadrement, les
franchises universitaires, apporte des innovations qui élargissent les
objectifs et les missions de l’Enseignement Supérieur.
I.1.1.1 Les objectifs de l’Enseignement Supérieur
Au moment de la création de l’Université camerounaise, juste après
l’Indépendance, l’objectif premier est de former des cadres techniques et
des fonctionnaires qui devront servir dans les divers secteurs d’activité
de la jeune République. Mais à l’entrée du XXIème siècle, ce stade est
largement dépassé. L’Enseignement Supérieur, constitué d’un ensemble
d’enseignements post-secondaires, vise maintenant la formation de
l’Homme dans sa globalité. L’éducation est un droit inaliénable pour le
citoyen, droit illimité tant qu’on dispose de potentialités nécessaires pour
la poursuite d’une formation donnée.
Aussi l’Etat accorde t-il à l’Enseignement Supérieur une « priorité
nationale » et lui assigne la mission fondamentale de production,
d’organisation et de diffusion scientifiques, culturelles, professionnelles
et éthiques, pour le développement National et le Progrès de l’Humanité
(article 2 de la loi d’orientation).
Cette mission qui vise globalement trois aspects, à savoir
l’enseignement, la recherche et l’appui au développement, a pour
préoccupations subsidiaires :
- La recherche de l’excellence dans tous les domaines de la
connaissance ;
- La promotion de la science, de la culture et du progrès social ;
- La formation et le perfectionnement des cadres ;
- Le renforcement du sens éthique et de la conscience nationale,
entre autres, par la promotion du bilinguisme ;
- La promotion des droits de l’Homme et de la culture
démocratique.
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Il va de soi que ce dernier point est une innovation qui appuie
l’option prise par l’Etat dans le sens de la pluralité politique, innovation
qui étend le champ des missions de l’Enseignement Supérieur.
I.1.1.2 : Les missions de l’Enseignement Supérieur
Composante ultime du système éducatif, l’Enseignement Supérieur
vise à « satisfaire la demande sociale de formation post-secondaire et de
production de nouveaux savoirs ».
Au plan de la formation et de la recherche, l’Enseignement Supérieur :
- assure l’orientation appropriée des élèves et étudiants sur les
modalités pratiques des études et les débouchés desdites
études ;
- garantit la formation initiale, la formation continue et les
perfectionnements des étudiants et autres apprenants, tant
dans les domaines intellectuel, physique que moral ;
- organise la formation des formateurs et des chercheurs.
Aux plans culturel et du progrès social :
- favorise l’innovation, la création individuelle et collective dans le
domaine culturel (arts, lettres, sciences économiques) ;
- œuvre à la promotion du bilinguisme des cultures, des langues
nationales, et au renforcement de la conscience nationale ;
- concourt à la promotion de l’Etat de droit, par la diffusion d’une
culture de la paix, de la tolérance, du respect de la justice, de
l’éradication des formes de discrimination dont celle portant sur
le genre ;
- participe à l’émergence de la culture démocratique.
L’élaboration, la mise en œuvre et le suivi de cette politique,
comme relevé plus haut, sont régis par des textes particuliers qui, pour
la plupart, ont été signés ou modifiés dès la Réforme universitaire. Il
s’agit entre autres :
1) Du Décret n° 93/026 du 19 janvier 1993 portant création
d’Universités. Par ce texte, l’espace universitaire s’enrichit de 3
autres Institutions, après le Décret n° 92/074 du 13 avril 1992
portant transformation des centres universitaires de Buéa et de
Ngaoundéré en Universités ;
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2) Du Décret n° 93/035 du 19 janvier 1993 portant Statut Spécial
des Personnels de l’Enseignement Supérieur, gage d’une émulation
pour les enseignants, régis jusque-là par un texte assez sommaire
(Décret n° 076/472 du 10/10/1976 portant certaines dispositions
applicables aux personnels du cadre de l’Enseignement
Supérieur) ;
3) Du Décret n° 2000/049 du 15 mars 2000 fixant l’échelonnement
indiciaire du Corps de l’Enseignement Supérieur, et qui révise
l’ancien échelonnement ;
4) Du Décret de janvier 1993 instituant les droits universitaires qui
répond à l’orientation de la participation de tous à la formation ;
5) Du Décret n° 93/027 du 19 janvier 1993 portant dispositions
communes aux Universités qui consacre, à l’article 12, l’accès libre
dans les Universités sous réserve des capacités d’accueil et des
conditions de diplômes ;
6) Du Décret n° 2001/832/PM du 19 septembre 2001 fixant les règles
communes applicables aux Institutions Privées d’Enseignement
Supérieur ;
7) De l’Arrêté n° 008/CAB/PR du 19 janvier portant création d’Instituts
Universitaires de Technologie au sein des universités et qui
consacre la priorité à l’Enseignement technologique et
professionnel ;
8) De l’Arrêté n° 99/0054/MINESUP/DAO du 11 novembre 1999
instituant et organisant le Festival Universitaire des Arts et de la
Culture ;
9) De l’Arrêté n° 002/MINESUP/DFO du 15 janvier 1998 portant
reconnaissance des diplômes de l’Institut Catholique de Yaoundé ;
10) De l’Arrêté n° 073/CAB/PM du 06 décembre 2001 fixant
l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Commission
Nationale de l’Enseignement Privé.
C’est dire que les innovations au niveau de la base juridique sont
nombreuses. Elles permettent d’ailleurs aux Institutions universitaires,
d’entretenir une coopération fructueuse entre elles et avec des
partenaires locaux et étrangers. Ce cadre juridique devrait s’enrichir du
Statut des Personnels de l’Etat régis par le Statut des Personnels d’Appui
Pédagogique de l’Enseignement Supérieur, prévu à l’article 35 du Décret
portant dispositions communes aux Universités.
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I.2- L’organisation, la structure et la gestion du système de
l’Enseignement Supérieur Privé
L’Enseignement Supérieur Privé naît dans les années soixante avec
des formations en théologie dispensées par les confessions religieuses. Il
connaîtra un début d’officialisation dès 1990 avec l’avènement des
établissements préparant au BTS et sera consacré par la Loi n° 005 du
16 avril 2001 portant Orientation de l’Enseignement Supérieur.
A la suite de cette Loi et particulièrement en ce qui concerne
l’Enseignement Supérieur Privé, plusieurs textes d’application ont été
signés, à savoir :
- le décret n° 2001/832/PM du 19 septembre 2001 fixant les règles
communes applicables aux instituions privées d’enseignement
supérieur ;
- l’arrêté n° 073/CAB/PM du 06 décembre 2001 fixant l’organisation
et les modalités de fonctionnement de la Commission Nationale de
l’Enseignement Supérieur Privé ;
- l’arrêté n°01/0096/MINESUP du 07 décembre 2001 fixant les
conditions de création et de fonctionnement des institutions
privées d’enseignement supérieur ;
- l’arrêté n°02/0024/MINESUP du 27 mars 2002 fixant la
composition, le fonctionnement et les attributions des organes
administratifs et des autorités académiques des Institutions Privées
d’Enseignement Supérieur ;
- l’arrêté n° 02/0035/MINESUP du 16 avril 2002 fixant les conditions
et les modalités d’obtention des autorisations d’enseigner et
agréments aux postes de responsabilité dans les Institutions
Privées d’Enseignement Supérieur ;
- l’arrêté n° 03/0093/MINESUP du 05 décembre 2003 fixant les
modalités de création et d’ouverture des institutions privées
d’enseignement supérieur préparant au diplômes étrangers.
A ce jours 12 institutions privées d’enseignement supérieur (IPES)
fonctionnent officiellement au Cameroun dont 2 universités (l’Institut
Catholique d’Afrique Centrale et l’Université Adventiste de Nanga-Eboko).
La population estudiantine dans ces institutions s’élève à environ 7000
étudiants encadrés par 825 enseignants.
10
Par ailleurs, sept (07) autres Institutions Privées d’Enseignement
Supérieur ont reçu un accord de création et attendent une autorisation
d’ouverture.
Alors que les deux universités privées confessionnelles dispensent
des formations générales en Théologie, Philosophie, Gestion et autres
sciences sociales, les 10 institutions privées laïques offrent des
formations professionnalisantes courtes (à BAC + 2) préparant au BTS et
depuis deux ans au HND devenu un diplôme national. Les étudiants y
sont formés dans les filières suivantes :
- Commerce et Gestion ;
- Tourisme et Société ;
- Industrie et Technologie ;
- Communication et Audiovisuel ;
- Education and Professional Developpement ;
- Medical and Biomedical Sciences.
Les IPES sont parrainées par les universités d’Etat avec qui elles
signent des conventions de partenariat. Ces conventions avec les
universités d’Etat sont d’ailleurs, pour certains cas, un élément constitutif
du dossier de demande d’ouverture.
L’enthousiasme suscité par la publication des textes réglementant
l’enseignement supérieur privé a amené plusieurs promoteurs à solliciter
la création et l’ouverture des institutions dans ce secteur. Mais plusieurs
projets étant dépourvus de toute viabilité, la nécessité de sauvegarder la
qualité dans cet ordre d’enseignement dicte qu’aujourd’hui le principe de
progressivité dans la création et l’ouverture des IPES soit respecté. Cette
progressivité impose des étapes dans l’évolution de ces institutions. On
commencera ainsi à la création par un Institut Supérieur à BAC+2 avant
d’accéder à un Institut universitaire (Bac+3), etc. Le stade ultime de
l’université ne devant être atteint que lorsqu’ au moins deux
établissements, à formation BAC+5 et plus, gérés par un même
promoteur fonctionnent déjà sous le régime de l’homologation.
Par ailleurs, il s’impose qu’une réflexion soit amorcée sur l’élaboration
d’une carte universitaire en termes de répartition géographique des
établissements en fonction des filières de formation.
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Pour s’adapter à l’évolution du secteur et sauvegarder la qualité, le
Ministère reste dans la dynamique de mise en place progressive et de
l’amélioration des textes réglementant l’Enseignement Supérieur Privé.
I.3- Les politiques curriculaires, le contenu de l’éducation et les stratégies
d’enseignement et d’apprentissage
La Réforme Universitaire de 1993 obéit à quatre types de raisons
qu’il convient de rappeler :
- faire face à la croissance exponentielle des effectifs de la seule
université existant jusque-là (l’Université de Yaoundé) ;
- parer au déséquilibre manifesté dans la répartition territoriale de
l’Institution Universitaire ;
- relever le défi de l’encadrement pédagogique ;
- juguler le déséquilibre du budget, consacré prioritairement à
l’intendance, au détriment de l’enseignement et la recherche.
Les textes de 1993 consacrant la Réforme universitaire et la mise
en place des six (06) Universités d’Etat voient leur nature et leurs
missions définies par des textes particuliers.
C’est ainsi qu’on peut citer :
- la création au Ministère de l’Enseignement Supérieur de la
Direction du Développement de l’Enseignement Supérieur ; cet
événement manifeste une vision plus dynamique de
l’Enseignement Supérieur ;
- le contrôle
universités ;
des
programmes
d’enseignement
dans
les
- la création des Ecoles Doctorales, en cours ;
- la création des spécialités professionnalisantes (DESS), en
partenariat avec les Institutions Privées d’Enseignement
Supérieur (IPES) ;
- la recherche permanente des voies d’amélioration du système ;
- la promotion de la recherche appliquée.
Si l’on s’en tient au fait que la Réforme a été lancée dans un
contexte de crise économique, il y a lieu de reconnaître de manière
générale qu’elle apparaît déjà comme une réussite dans la mesure où les
spécialistes en charge de l’élaboration des programmes dans le système
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de l’Enseignement Supérieur camerounais continuent de travailler au fil
des jours dans le sens de son amélioration, avec des ressources
humaines d’une bien meilleure qualité sur le terrain.
I. 4- Objectifs et principales caractéristiques des réformes actuelles et à venir
Les réformes actuelles et à venir du système d’Enseignement
Supérieur camerounais s’inscrivent dans la continuité de l’amélioration de
son rendement interne et externe. L’objectif est d’œuvrer pour la
formation du capital humain dont le Cameroun a besoin pour s’arrimer à
la modernité, ce qui suppose un système universitaire de qualité,
compétitif, pertinent et capable de s’adapter harmonieusement à la
nouvelle
« Société Internationale des Savoirs » qu’impose la
mondialisation.
Dans cette perspective, le Ministère de l’Enseignement Supérieur
s’investit actuellement dans un certain nombre de programmes et
chantiers institutionnels présentés ainsi qu’il suit.
a) La professionnalisation des enseignements à travers la création et la
consolidation des filières professionnelles dans les Facultés, avec pour
objectif stratégique : au moins une filière professionnelle par Faculté à
l’horizon 2005 et par Département à l’horizon 2010.
b) Le développement et la valorisation de la recherche universitaire par
la mise en place des Ecoles Doctorales, des équipes de recherche, des
laboratoires et des Centres de recherche, l’appui à la publication des
ouvrages didactiques et à l’organisation des manifestions scientifiques.
c) La modernisation universitaire à travers l’interconnexion des Universités
d) Le développement des Etablissements Technologiques
e) Le développement des formations continues à distance et en
alternance
f) Le programme de Mobilité académique qui permet de dynamiser la
formation par la recherche et le décloisonnement du système national
d’enseignement supérieur, aussi bien pour les enseignants que pour les
étudiants.
g) La gouvernance Universitaire en vue de l’amélioration de la gestion
académique à travers la signature des contrats de gestion académique,
l’actualisation et l’officialisation des programmes d’enseignement.
h) L’amélioration de la condition de l’étudiant pour favoriser son plein
épanouissement au sein des Institutions Universitaires.
i) Le développement de l’Enseignement Supérieur privé pour accroître
l’offre de formation supérieure.
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II - Les principales réalisations sur le plan quantitatif et qualitatif,
ainsi que les leçons tirées, notamment en ce qui concerne :
II . 1 - L’accès à l’Enseignement Supérieur
La Loi d’orientation de l’Enseignement Supérieur du 16 avril
2001 est venue consacrer l’option prise par le Gouvernement
camerounais lors de la Réforme Universitaire de 1993. Elle consacre
l’égalité d’accès à l’Enseignement Supérieur à tous, sans discrimination
aucune, sous réserve des conditions académiques requises, et en
fonction des capacités d’accueil de chaque Institution.
La démocratisation de l’accès s’est caractérisée par la
diversification des Institutions universitaires, des Etablissements et des
filières de formation, ainsi que par l’augmentation des capacités
d’accueil. Aujourd’hui, le taux de scolarisation dans l’Enseignement
supérieur est de l’ordre de 5,98 %.
L’Enseignement Supérieur Privé concourt à la diversification de
l’offre de formation. C’est ainsi que 12 Institutions Privées de
l’Enseignement Supérieur bénéficiant d’un agrément formel de l’Etat
pour leur fonctionnement encadrent environ 7.121 étudiants dans 38
filières de formation.
Pour respecter le principe « un esprit sain dans un corps sain », le
Ministère de l’Enseignement Supérieur a entrepris un certain nombre
d’actions en vue d’améliorer la santé au sein de la communauté
universitaire.
II . 2 – L’équité
Dans le souci de faciliter l’accès aux études supérieures, des
Universités ont été créées dans des villes autres que les deux grandes
métropoles. C’est le cas de l’Université de Ngaoundéré, pour prendre en
compte l’éloignement
des étudiants issus des
provinces
septentrionales ; de l’Université de Buéa , essentiellement anglosaxonne, pour répondre à la demande des élèves issus du système
scolaire anglophone, et de l’Université de Dschang, pour tenir compte de
la demande pressante des étudiants originaires de la province de l’Ouest.
Des actions en vue de l’amélioration de la parité filles/garçons
sont menées dans l’Enseignement Supérieur au Cameroun. Elles se
manifestent par la prise en compte de l’aspect genre dans l’accès aux
différentes filières de formation, avec l’encouragement des candidatures
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féminines dans les filières scientifiques et professionnelles. Les
statistiques actuelles indiquent un pourcentage de filles qui s’élève à
38,78 %.
L’équité est aussi perçue à travers des programmes d’assistance
aux étudiants de couches sociales défavorisées tels que : l’octroi des
bourses aux jeunes filles des filières scientifiques, les aides financières et
commodités spéciales aux étudiants handicapés, les stages de vacances,
le Work study program entre autres.
II . 3 – La qualité de l’Enseignement Supérieur
La recherche permanente d’un Enseignement Supérieur de qualité
est demeurée, ces dernières années, un souci permanent des pouvoirs
publics camerounais. En vue d’adapter les programmes de formations à
l’environnement national et international, des assises des programmes se
sont tenues à Yaoundé en 2001 en partenariat avec le secteur privé, et
ont permis d’officialiser les contenus de formation dans les différentes
filières. L’organisation des enseignements en modules a permis de
rationaliser l’évaluation des étudiants tout en améliorant leurs cursus
académique. Pour améliorer l’encadrement des étudiants, un
recrutement spécial de plus de 500 enseignants a été autorisé par le
Chef de l’Etat. Par ailleurs, la politique de formation des formateurs a
été renforcée à travers un certain nombre d’actions dont l’appui à la
finalisation des Thèses, les mobilités académiques, l’appui à la
préparation aux concours d’agrégation.
La recherche de la qualité s’est également traduite par le
renforcement du partenariat avec le secteur socioprofessionnel,
notamment par la création
des structures d’interface entre les
entreprises et les Universités. Ce partenariat a abouti à l’octroi des
bourses de Recherche-Développement et des stages en entreprises.
II .4 - Les contenus de l’éducation
II .4 –1 -Tendances majeures
Les tendances majeures portent actuellement sur :
- la révision du système pédagogique ;
- la mise en place et l’officialisation des nouveaux programmes
d’enseignement ;
- la professionnalisation des enseignements dans les facultés ;
15
- l’adéquation formation/emploi, par la création des filières
professionnalisantes (Tourisme, Banque, Propriété intellectuelle,
etc.) ;
- la promotion de la Recherche-Développement par
multiforme aux projets de recherche.
un appui
II - 4. 2- Les défis
- La formation d’une masse critique de capital humain nécessaire
pour le développement du pays ;
- Une meilleure gestion des flux d’étudiants ;
- Le développement des infrastructures académiques et sociales
au sein des Institutions Universitaires (Amphithéâtres,
Laboratoires, Bibliothèques, équipements en NTIC, Résidences
universitaires, Centres Médico-sociaux, etc.) ;
- La lutte contre le VIH/SIDA et les maladies émergeantes, dans
la Communauté Universitaire.
II.5- Le Dialogue social
Le dialogue social est inscrit, au rang des objectifs poursuivis par
l’Enseignement Supérieur, au titre de la Loi d’Orientation n°005 du 16
avril 2001 et de ses textes d’application.
Le dialogue social ainsi institutionnalisé fait intervenir plusieurs
catégories d’interlocuteurs.
C’est dans ce contexte que le IIème Forum des Etudiants des
Universités d’Etat du Cameroun (FETUNEC), tenu à Buéa du 29 juillet au
02 août 2000, a permis aux étudiants camerounais d’effacer les préjugés
défavorables qui pesaient encore sur eux. Ce forum a été l’occasion
propice de l’émergence de la catégorie d’interlocuteurs responsables et
dignes de confiance, capables de passer de « l’étudiant usager », à
« l’étudiant citoyen ». Comme l’observait le Ministre de l’Enseignement
Supérieur lors des assises de ce IIème Forum, l’étudiant camerounais est
désormais conscient qu’il doit être le meilleur promoteur de l’égalité des
chances et de l’excellence dans l’Enseignement Supérieur. Il doit se
convaincre lui-même de sa participation aux activités académiques avec
un souci d’éthique de plus en plus accentué. De même, l’étudiant ne doit
pas oublier que sa condition dépend pour beaucoup de l’orientation qu’il
entend donner à ses activités associatives et mutualistes à travers un
dialogue social jamais rompu.
16
Force et priorité doivent ainsi constamment être données à la
concertation, au dialogue, au débat libre sur les problèmes communs aux
étudiants de nos universités.
La nouvelle catégorie de l’étudiant citoyen souligne la dimension de
responsabilité qui est celle de la Réforme. Ainsi, la formation prépare
l’étudiant à entrer plus facilement et plus durablement dans la vie
professionnelle, celle-là même qui l’attend au lendemain de sa formation,
avec ses partenaires. Le dialogue ouvre alors une option de partenariat
avec des acteurs divers :
- les structures universitaires ;
- l’Etat ;
- le monde socio-professionnel à travers les ONG, les entreprises,
etc.
Le cadre élaboré lors du IIème Forum a permis aux étudiants de
faire des propositions constructives pour permettre à l’Institution
universitaire d’améliorer la qualité du service qu’ils sont en droit
d’attendre d’elle. A cette occasion, le dialogue a permis de dégager
quelques séries d’objectifs ainsi graduellement présentés :
- apprendre des uns et des autres ;
- s’écouter les uns les autres à percevoir la meilleure façon pour
chacun et pour tous de tirer le meilleur avantage de ce que la
Nation et les parents peuvent offrir ;
- s’édifier des échecs individuels et collectifs ;
- réfléchir ensemble sur la manière de réunir les efforts en vue de
l’édification d’un avenir meilleur pour la jeunesse d’aujourd’hui
et de demain ;
- apporter sa contribution à la mise en place au Cameroun d’un
système universitaire toujours plus efficace, plus crédible et plus
humain.
Les Forums contribuent à instaurer dans les universités cet esprit
de dialogue, de tolérance et de partage qui caractérise la nouvelle
université. Dialogue entre étudiants, dialogue étudiants-enseignants,
dialogue entre les divers partenaires du système universitaire. Il permet
d’établir les informations et les expériences. Il permet de vaincre les
préjugés, établis des passerelles entre partenaires, prévenir les conflits
et les incompréhensions, préparer des canaux et des modalités.
ème
17
Le II
Forum a permis de dégager des propositions allant des
quotas de représentation des étudiants dans les instances délibératives
des universités jusqu’aux modalités d’intervention des étudiants au sein
de ces instances. Il a aussi permis d’établir un code de bonne conduite,
de fédérer les énergies et les intelligences afin d’assainir le climat social
dans les universités.
En outre, les activités de promotion du dialogue social ont connu
un temps fort avec l’exhortation par le Ministre des différents acteurs des
Communautés Universitaires Nationales pour un regroupement en
mutuelles par catégorie. Cette dynamique de promotion des mutuelles a
enregistré les faits marquants ci-après :
- mission de plaidoyer et de sensibilisation sur le développement
des mutuelles universitaires à l’attention des Recteurs des
Universités d’Etat lors de la Conférence des Recteurs du 23 juin
2003 ;
- mission d’informations et d’échanges à Paris du 03 au 05 mars
2003 par le Président du Conseil d’Administration de la Mutuelle
de Solidarité des Etudiants du Cameroun (MUSEC) ;
- organisation de trois séminaires de sensibilisation/découverte à
l’intention des différentes composantes de la Communauté
Universitaire (Personnel d’Appui), Enseignants, Etudiants).
Il existe entre les différentes universités et les entreprises, divers
types de partenariats, l’Enseignement Supérieur se présentant comme
un « fournisseur de compétences » en vue de contribuer à l’amélioration
de la productivité. C’est dans ce sens qu’il faut situer la tenue, lors des
JUST 2003, d’une Conférence au Palais des Congrès de Yaoundé, les 06,
07 et 08 février 2003, et qui avait pour thème : « UniversitéEntreprise. Un mariage de raison pour l’Industrialisation et le
Développement. » Cette Conférence était organisée par le MINESUP, en
partenariat avec le Ministère de la Recherche Scientifique et Technique,
en collaboration avec le GICAM et l’appui de la Banque Mondiale.
III - Principaux problèmes et défis
III.1- Qualité et pertinence
La politique de développement de l’Enseignement Supérieur au
Cameroun se fonde sur le souci de faire participer l’apprenant à
l’élaboration et à la mise en œuvre de sa propre formation. Dans ce
contexte, l’Etudiant camerounais est désormais conscient du fait qu’il
doit être le meilleur promoteur de l’égalité des chances et de l’excellence
18
non seulement dans l’Enseignement Supérieur, mais aussi dans toute
la société camerounaise. La formation universitaire est pensée par
l’étudiant lui-même, avec le concours des partenaires institutionnels.
Pour parvenir à créer ce cadre de vie nécessaire pour l’étudiant
d’université, la Réforme se devait d’être créatrice de valeurs éthiques ;
elle devait susciter un nouveau type de gouvernance de l’université à
partir d’elle-même sur le rôle de la dynamique estudiantine dans les
activités académiques et associatives. Cette démarche visait alors à
aboutir à une démocratie universitaire durable à partir du dialogue social
au sein de l’université.
La nouvelle université a aussi été pensée comme un partenaire
privilégié pour les entreprises. Au-delà de l’idée classique de
professionnalisation des enseignements, la nouvelle université est le lieu
de promotion du partenariat université/secteur privé.
L’université de la Réforme se confirme comme un espace de
socialisation de l’Etudiant. La nécessité de créer un tel cadre s’est
montrée d’autant plus impérieuse que plus de quatre bacheliers sur cinq
obtiennent un baccalauréat de série générale (A,B,C,D,E). Une
proportion en augmentation régulière depuis plusieurs années. De plus,
le nombre de candidats aux baccalauréats F (industriels) et G
(commerciaux) a régulièrement diminué jusqu’en 1997.
L’offre d’enseignement supérieur ne se réduit pas aux seules
universités d’Etat ; il existe un secteur privé. Au-delà de l’Université
Catholique d’Afrique Centrale, des Institutions Privées d’Enseignement
Supérieur comme l’Institut Siantou Supérieur, l’Institut Samba Supérieur,
l’Ecole Supérieure de Gestion de Douala et nombre d’autres encore se
caractérisent par un dynamisme certain qui les amène à ouvrir de
nouvelles filières, de manière régulière.
Même si les résultats de la réforme sont difficiles à évaluer à cause
du manque de disponibilité des données sur le rendement interne des
formations pour l’ensemble du système, il y a lieu de reconnaître son
apport à travers les unités de valeur et les modules.
III.2- Financement de l’Enseignement Supérieur au Cameroun
Depuis la Réforme universitaire de janvier 1993 qui a vu le passage
d’une seule université à six autres, les effectifs de l’enseignement
supérieur ne cessent d’augmenter. Parallèlement, le Cameroun, qui a
connu d’énormes fluctuations consécutives au Plan d’Ajustement
Structurel imposé par les Institutions de Bretton Woods (Banque
Mondiale et Fonds Monétaire International), commence à peine à
retrouver une certaine stabilité économique.
19
L’Enseignement Supérieur n’a pu échapper à cette restriction, car
les ressources allouées à ce secteur de l’éducation sont extrêmement
limitées. S’il est clair que l’ Enseignement Supérieur est dans une
situation de crise économique, le défi sera celui de gérer une population
d’étudiants en nombre croissant et de répondre à une demande accrue
de diversification, d’expansion du savoir, de ressources humaines de
qualité. En clair, comment relever les défis d’Enseignement Supérieur en
ce début de XXIè siècle ?
De manière générale, la préparation du budget alloué à
l’Enseignement Supérieur incombe au Ministère de l’Enseignement
Supérieur, conformément aux objectifs, buts et plans d’action de ce
secteur d’une part, et d’autre part à la disponibilité des fonds indiqués
par le Ministère des Finances et du Budget.
La Réforme de 1993 ayant entraîné l’autonomisation des
universités publiques, ces dernières sont chargées de l’élaboration de
leur budget de fonctionnement et d’investissement. Après négociation
entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur et le Ministère de
l’Economie, des Finances et du Budget, un accord est conclu pour
l’exécution de ce budget et un déblocage par tranches est effectué,
après évaluation de leur utilisation par les universités bénéficiaires.
Sources de financement des Universités d’Etat
Contrairement à l’enseignement primaire et secondaire financé
entièrement par l’Etat, au niveau de l’Enseignement Supérieur et
particulièrement dans les universités d’Etat, les droits d’inscription versés
par les étudiants et les recettes provenant d’autres sources constituent
l’essentiel des sources de financement des Universités. Les recettes sont
générées également par la participation partielle des étudiants aux frais
de restauration et d’hébergement.
Outre ces sources, les agences ou les fondations nationales et
internationales apportent un soutien financier appréciable à ces
institutions. Il s’agit notamment de fonds destinés au financement des
projets de recherche d’intérêts national et international.
Financement des Institutions Privées d’Enseignement Supérieur (IPES)
Il en existe douze reconnues officiellement. Leur financement est
essentiellement constitué des frais de scolarité (montant variant entre
200.000 et 700.000F Cfa selon les filières) versés par les étudiants et des
fonds privés de leurs promoteurs.
20
La crise économique et l’augmentation sans cesse croissante des
effectifs dans l’Enseignement Supérieur ont exercé des pressions
sérieuses sur les infrastructures et les ressources humaines. Cette
situation a conduit les universités à élaborer plusieurs systèmes et
programmes destinés à mobiliser des fonds afin de surmonter la pénurie
de financement, à l’exemple du Fonds de Développement de l’Université
de Buéa soutenu par les populations locales (entreprises, communauté
universitaire et élites).
La gestion des ressources financières dans les universités souffre
d’un défaut d’informations et des dotations très faibles sont réservées
aux bibliothèques et la recherche, domaines pourtant cruciaux pour
l’amélioration de la qualité de l’Enseignement Supérieur.
L’un des défis majeurs de l’Enseignement Supérieur, en ce début
de millénaire, est de pourvoir le Cameroun en ressources humaines
compétentes nécessaires pour un développement social, économique et
culturel du pays. Pour ce faire, il est important de veiller à la qualité de
l’Enseignement Supérieur à travers un financement approprié en
développant des actions telles que l’augmentation du budget de
fonctionnement et d’investissement alloué à l’Enseignement Supérieur, le
renforcement de la capacité des bibliothèques et des laboratoires et des
Institutions Privées d’Enseignement Supérieur, entre autres.
III.3- Problèmes des infrastructures et gestion des effectifs
Cette rubrique appelle une appréciation différente selon qu’il s’agit
des universités d’Etat, des Institutions Privées d’Enseignement Supérieur
(IPES), des grandes écoles, etc. Et même au sein des différentes
universités, la différenciation est nécessaire selon qu’il s’agit d’un
établissement ou d’un autre.
Les filières de formation à finalité générale (lettres et sciences
humaines, droit, sciences économiques et de gestion) représentent 80%
des effectifs totaux des universités d’Etat, soit 4/5 étudiants. Ces filières
cumulent de nombreux dysfonctionnements :
a) effectifs « pléthoriques » en comparaison avec les capacités
d’accueil correspondantes : locaux + taux d’encadrement
pédagogique ;
b) Faibles taux de rendement pédagogique ;
c) Insuffisance de formations professionnalisantes combinée à un
taux de chômage élevé des diplômés.
21
Le système des Unités de valeurs introduit par la Réforme de
1993 aurait pu être utilisé pour construire des filières
professionnalisantes au sein des filières généralistes. Au lieu de cela, la
professionnalisation des cursus s’est traduite par la mise en place des
filières spécialisées à faible effectif et à entrée sélective qui
fonctionnement sur des modèles d’ « écoles » à côté des facultés à gros
effectifs, accès non sélectif, cursus longs et théoriques, débouchés
professionnels incertains. D’où une moindre efficience dans l’utilisation
des ressources.
Dans les établissements hors tutelle et les établissements privés,
on note une forte présence de personnels vacataires et un faible
nombre d’enseignants permanents. La représentation du personnel
vacataire dont on ne connaît par ailleurs pas le niveau de qualification,
est en principe un indicateur de moindre qualité des formations.
Dans les universités d’Etat, on note un nombre insuffisant
d’enseignants de rang magistral. A peine 1/6 enseignant a le statut de
professeur ou de Maître de Conférences. Par ailleurs, un certain nombre
d’enseignants d’université occupent des postes de responsabilité au
Ministère de l’Enseignement Supérieur et/ou dispensent des cours dans
des institutions privées.
La qualité des infrastructures, surfaces bâties, affectation et
utilisation des locaux à usage pédagogique et de recherche, est un
élément essentiel de la qualité des formations.
Pour les établissements supérieurs hors tutelle, on ne peut
supposer, en l’absence d’information, que la taille réduite des
promotions accueillies permet à chaque institution de disposer des
surfaces quantitativement suffisantes. Ce constat est valable également
pour les IPES.
Dans l’état actuel des choses, l’utilisation de l’outil informatique et
des TICs n’est pas intégrée dans une démarche de modernisation de
l’Enseignement Supérieur considérée dans son ensemble et par
secteurs.
Pour ce qui est des IPES, elles disposent d’infrastructures assez
étoffées pour la plupart. Toutes les institutions disposent par exemple
d’une bibliothèque, de centaines de salles multimédias avec accès à
l’Internet. On peut souligner le nombre particulièrement important des
infrastructures de l’Université Catholique ou encore de l’Institut Samba
Supérieur.
22
Comme la gestion pédagogique, la gestion des infrastructures
pose d’énormes problèmes. Il n’est pas rare de voir deux cours
programmés dans la même salle à la même heure. Les plans de campus
sont généralement inexistants, ce qui pose des problèmes au niveau de
la gestion et de la maintenance. Les capacités d’accueil sont donc
généralement insuffisantes dans les universités d’Etat, notamment dans
les facultés à accès non sélectif. Le rythme auquel s’inscrivent les
nouveaux étudiants dépasse celui des diplômés qui sortent de
l’université. L’accroissement du nombre d’enseignants ne suit pas celui
des étudiants. On aboutit à la non-corrélation entre le ratio
professeurs/étudiants et des résultats aux examens.
Le manque d’espace en bibliothèque, le manque de revues
techniques ou scientifiques d’actualité et d’aides pédagogiques, les
librairies mal achalandées, contribuent à la médiocrité des résultats
universitaires.
Le nombre d’étudiants toujours plus croissant rend les installations
existantes inadéquates. Le corps enseignant a du mal à trouver des
bureaux où préparer les cours et corriger les copies ; à trouver un
espace dans les laboratoires pour continuer leurs travaux de recherche.
III.4- Problèmes socio-économiques (Lutte contre le VIH/SIDA,
lutte conte la pauvreté)
L’Enseignement Supérieur au Cameroun en ce début de millénaire
est marqué par un contexte (national et international) de crise.
En temps de crise économique, c’est le secteur social qui est le
plus touché. Le montant des fonds alloués a été réduit dans le secteur
de l’éducation, en général, et dans l’enseignement supérieur en
particulier. Les conditions de travail des étudiants et du personnel se
sont détériorées en raison de la pénurie d’équipements et de revues.
En matière d’éthique universitaire, on peut distinguer trois
catégories de comportements, liés à différents problèmes :
a) académiques (tricherie, trafic des notes et d’influence, fraude aux examens,
corruption, paresse des étudiants et des enseignants, harcèlement,
intolérance) ;
b) administratif ( tribalisme, favoritisme, népotisme, laxisme, monnayage des
documents administratifs, politisation) ;
c) social (prostitution, homosexualité, agression, tabagisme, alcoolisme,
pratiques
mystico-religieuses,
vandalisme,
escroquerie,
intolérance,
toxicomanie, manque de solidarité, mauvaise tenue, atteinte à la pudeur, crise
de dialogue).
23
En raison de la menace persistance que constituent les IST et le
VIH/SIDA pour le précieux capital humain dont il a la charge,
l’Enseignement Supérieur a engagé des actions à différents niveaux.
Aussi développe-t-il, depuis 1990, des interventions en réponse au
VIH/SIDA, sous forme d’initiatives diverses portant sur les aspects
suivants :
- la prévention de la transmission par voie sexuelle ;
- le renforcement des capacités des structures sanitaires et sociales ;
- la prise en charge ;
- l’intensification de la lutte contre le VIH/Sida ;
- la recherche ;
- la coordination des interventions.
24
CONCLUSION
Le système universitaire camerounais est passé, depuis sa création
en 1961, par une dynamique de perfectionnement dont la maturation est
perceptible aux différentes phases de sa réalisation. Partis de l’Université
Fédérale du Cameroun, nous sommes rendus, en ce jour, à une étape où
le système d’Enseignement Supérieur est ouvert à tous les acteurs
sociaux, en vertu d’une approche participative et partenariale de 1993. A
inscrire dans ce registre la Réforme universitaire de 1993 qui a vu naître
les six (06) Universités d’Etat et la Loi d’orientation de l’Enseignement
Supérieur qui a ouvert les portes à l’Enseignement Privé, permettant à la
carte universitaire de s’agrandir d’année en année.
De ce point de vue, l’on peut affirmer que l’Université
camerounaise a atteint une certaine maturité parce que consciente à la
fois des enjeux, des difficultés et des défis qui l’interpellent dans une
conjoncture internationale où l’Enseignement Supérieur doit faire face à
des mutations radicales et rapides, pour s’adapter aux exigences de la
mondialisation.
A cet égard, les grandes orientations stratégiques, notamment
l’excellence académique, la recherche pour le développement durable, la
modernisation, le dialogue social et la solidarité, la coopération et le
partenariat, la promotion de l’éthique, de la culture et de la conscience
nationale, tout cela va concourir à permettre au Cameroun d’assumer sa
mission fondamentale, qui est aujourd’hui la formation de l’homme
intégral, au sein d’une université ouverte, d’une part à l’environnement
immédiat (c’est-à-dire résolument au service des populations), et,
d’autre part, au monde.
Depuis ces dernières années, les grands chantiers institutionnels
arrêtés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur sont venus
consolider la mise en œuvre de l’instruction gouvernementale relative au
développement et à la modernisation de l’Enseignement Supérieur. Il
s’agit de :
-
Synergies et Mutualisation ;
Gouvernance universitaire ;
Renforcement des Capacités Institutionnelles ;
Universités et Société.
L’opportunité que nous offre la 47ème Conférence Internationale de
l’UNESCO sur l’éducation qui porte sur le thème : Une éducation de
qualité pour tous les jeunes, défis, tendances et priorités, fonde les
espoirs de l’Enseignement Supérieur pour l’accomplissement de ses
missions.
25
Sources :
1- La Réforme Universitaire au Cameroun ;
2- « Femmes et Enseignement Supérieur. Questions et perspectives », document
présenté à l’occasion de la Conférence Internationale sur l’Enseignement
Supérieur, Secrétariat de l’UNESCO, Paris, août 1998 ;
3- Agence Universitaire de la Francophonie, Vol. 19, n°3, novembre 1998 ;
4- Rapport Sanyal, UNESCO, IIPE, 1999 ;
5- Réseau de Recherche Inter Universitaire
Développement, Yaoundé-MINESUP, juin 2003 ;
Genre,
Gouvernance
et
6- « Gouvernance partagée : la lutte contre la pauvreté et les exclusions ».
Contribution du Ministère de l’Enseignement Supérieur et des Universités
d’Etat du Cameroun. 2ème Conférence Internationale Régionale. Yaoundé, 1418 juillet 2003, Yaoundé, CUP, juillet 2003 ;
7- Actes des Journées Universitaires de la Science et de la Technologie (JUST),
Yaoundé, Cameroon University Press (CAMUP), 2003 ;
8- Actes du 2ème Forum des Etudiants des Universités d’Etat du Cameroun
(FETUNEC), Yaoundé, (Cameroon University Press (CAMUP) 2003 ;
9- Recueil des textes de l’Enseignement Supérieur, Yaoundé-novembre 2003 ;
10- Programmes et Chantiers institutionnels du Ministère de l’Enseignement
Supérieur, Biennum 2003-2004 ;
11- Le Rapport d’Activités 2003 du Ministère de l’Enseignement Supérieur,
Yaoundé, Cameroon University Press (CAMUP), mai 2004 ;
12- Stratégie Sectorielle de l’Enseignement Supérieur (Version de Juin 2004) ;
13- Changement et Développement dans l’Enseignement Supérieur : document
d’orientation – Unesco.