J`étais musulmane, je suis devenue chrétienne
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J`étais musulmane, je suis devenue chrétienne
zoom J’étais musulmane, je suis devenue chrétienne À l’occasion de la semaine islamo-chrétienne, rencontre1 avec Monique Djadi, d’origine musulmane et convertie au christianisme. Elle parle de sa foi, des relations interreligieuses et pose un regard serein sur la vie malgré les chaos traversés. Kabyle, née dans une famille de commerçants, Monique habitait une petite ville à 100 km d’Alger. Mariée, elle a eu cinq enfants. Institutrice pendant trente ans, elle a toujours été passionnée par la poésie et la langue française. Elle est allée à l’école coranique, a commencé le ramadan à sept ans et a fréquenté la Mosquée pour la prière du vendredi. Elle fêtait l’Aïd qu’elle célébrait avec sa famille, les voisins et les pauvres. La notion de pardon était toujours très ancrée au quotidien. Née après quatre frères, elle eut une vie à part et devint chrétienne. Elle porte d’ailleurs le prénom de la mère de saint Augustin qui signifie en berbère "petite chose de Dieu, cadeau de Dieu". Sa conversion se passa en trois temps. © D.R. Élevée dans la foi musulmane Monique, dans l’oratoire des sœurs du Très Saint Sauveur à Neudorf Une découverte à cinq ans « J’ai senti quelque chose de différent dans mon cœur comme si ma vie n’était pas ici mais ailleurs. » Ses parents, un peu décontenancés, ont su voir la souffrance qu’elle avait en elle sans la condamner. « Désormais, il y eut un espace libre entre mon père, ma mère et moi, occupé par Jésus. Je ne dirai pas de mal de l’islam, c’est une belle religion qui m’a ouvert les yeux, m’a aidé à prier Dieu et m’a appris à accueillir l’étranger (partage, pardon). L’Évangile ne m’a pas surpris, j’y étais préparée » dit-elle. En effet, sa mère accueillait pauvres et handicapés dans sa cour régulièrement comme les pauvres invités au banquet de l’Évangile. Mais Monique demeure insatisfaite après ses études et son mariage : « vie professionnelle, enfants, vie conjugale, familiale, amicale, je croyais que cela était le bonheur d’une femme. » Rencontre du Père Claverie « Lorsque je n’avais que trente ans, j’ai eu de graves problèmes de santé (goitre, fibromes, problèmes dentaires).» Son mari rencontre un père blanc qui vient la voir avec une amie. Il lui offre l’Évangile, lui demande de le lire et l’emmène voir le Père Claverie2 qui deviendra un ami. Trois passages l’interpellent fortement, dont « viens et suis-moi. » Elle chemine prudemment mais la maladie la poursuit. Monique risque de mourir, le médecin a demandé à la famille de se préparer au pire. Seule face à Dieu, elle lui dit : « si tu veux que je t’aide et que je parle de toi, il faut que tu me guérisses. » Elle récite la prière du Notre Père qu’elle vient d’apprendre. Elle guérit de façon inexplicable pour le corps médical. Arrivée en France et reconstruction Viennent ensuite, en 1995, l’arrachement à son pays pour fuir les terroristes, le départ en bateau avec son mari et ses enfants et l’arrivée en France. Elle sera baptisée le 20 août 1995 à Lourdes. Suivra une lente reconstruction du quotidien, aidée par les paroissiens de SaintAloyse, les Sœurs de la Croix et les Sœurs du Très-Saint-Sauveur en Alsace. Elle s’investit depuis dans leurs associations mais aussi en faveur des Focolari, de l’A.C.F3, du baptême des adultes, de la réconciliation et de l’interreligieux (la fraternité d’Abraham). Elle écrit aussi sa biographie. Pour elle, qui se dit « comblée par la vie », il faut « faire de sa douleur quelque chose qui donne la vie et ne pas s’arrêter à l’épreuve. Voir en toute situation et en tout être le positif. Et puiser, dans la prière, la grâce d’être en paix avec les autres. » Laurence Levard 1 Cf Rencontre Catholique du 10 novembre 2013 sur www.diocese-alsace.fr 2 Prêtre dominicain français d’Algérie, né à Bab El-Oued le 8 mai 1938, évêque d’Oran dès 1981, assassiné le 1er août 1996 après l’assassinat des moines de Tibhirine en mars 1996 ; a passé sa vie à aller à la rencontre de l'autre, s'efforçant de dépasser les barrières que la race, la religion et les drames du passé dressent entre les hommes. 3 Action Catholique des femmes. Carrefours d’Alsace, novembre 2013 21