LUSSU Emilio (1890 - 1975)

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LUSSU Emilio (1890 - 1975)
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LUSSU Emilio (1890 - 1975)
1) Le témoin :
Emilio Lussu est né en 1890 à Armungia, en Sardaigne, d’une famille aisée. Armungia
fut pour Lussu le lieu de formation de ses valeurs démocratiques, égalitaires, du respect de
l’homme et du travail, inculquées par son père.
En 1914, Lussu, jeune universitaire, se range aux côtés des interventionnistes
démocrates qui sont pour l’entrée en guerre de l’Italie contre l’Autriche et l’Allemagne. Ce
qui est chose faite en mai 1915, neuf mois après le début du conflit.
Il participe à la guerre en tant qu’officier de réserve dans la Brigade Sassari (en qualité
de lieutenant, puis de capitaine), qui regroupe les 399e et 400e régiments, et qui est constituée
en majorité de paysans et bergers sardes, avec lesquels il partage la vie des tranchées.
En 1916, la brigade est envoyée sur le plateau d’Asagio (province de Vicence) afin de
créer un front résistant à l’avancée des Autrichiens. Il participe entre autres aux combats sur le
mont Zebio et près de Castelgamberto. Dans Les Hommes contre, Lussu insiste notamment
sur les avancées et reculs (meurtriers et souvent inutiles) des troupes italiennes et
autrichiennes autour du Monte Fior (de juin 1916 à juin 1917).
A la fin de la guerre, Emilio Lussu s’engage dans la politique pour défendre la
question nationale sarde en créant avec ses amis et des anciens combattants le Parti sarde
d’action. Élu en 1921 à la Chambre des députés, Lussu s’oppose de nombreuses fois aux
fascistes. Il est plusieurs fois agressé physiquement. Après la mort d’une chemise noire qui
était entrée chez lui par effraction, il est assigné aux îles Lipari en 1929, mais il s’évade et
s’exile à Paris où il se livre à plusieurs actions clandestines et crée le mouvement antifasciste
Giustizia e Libertà.
Après la Seconde Guerre Mondiale, il devient ministre, puis adhère au PSIUP (Parti
socialiste italien d’unité prolétaire) en 1964 et y restera jusqu’à sa mort en 1975.
2) Le témoignage :
- informations sur l’édition :
- Les hommes contre (titre retenu pour cette édition), Uno anno su’ll Altipiano
- édition 2005, Denoël & d’ailleurs, Paris (la première édition est parue à Paris en langue
italienne au début de l’année 1938, aux Edizioni Italiane de Cultura)
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- nouvelle traduction d’Emmanuelle Genevois et de Josette Monfort
- introduction de Philippe Claudel (novembre 2004)
- préface d’Emilio Lussu (Rome, septembre 1960, 23 après la publication du livre)
- postface d’Emmanuelle Genevois
- résumé et commentaires sur le témoignage :
Il est difficile de placer Les hommes contre dans une certaine catégorie de
témoignage : ce n’est pas un roman, ce n’est pas un carnet de guerre, c’est une sorte
d’autobiographie romancée, un recueil de « souvenirs personnels » d’Emilio Lussu. Comme
l’affirme Lussu : « Ce travail n’est pas une thèse, mais un livre qui ne veut être qu’un
témoignage italien sur la Grande Guerre » (avertissement de 1937).
Le texte se concentre sur une année, qui va de juin 1916 à juin 1917 (sur le plateau
d’Asiago, avec notamment la conquête, et la perte, du Monte Fior), sans rigueur
chronologique, même si Lussu a fait la guerre durant 4 ans. Il n’y a pas vraiment d’ordre
particulier, de liens entre les différents chapitres, qui se concentrent sur plusieurs personnages
(soldats, commandants, généraux, etc.). Son témoignage est un recueil de tableaux successifs
sur la Grande Guerre : les assauts, les mutineries, la vie dans les tranchées, les permissions, la
visite à sa famille, les fanfares, les inspections, etc.
Les hommes contre a été écrit pendant une période d’immobilisation dans le
sanatorium de Clavadel, en Suisse, suite à la contraction de la tuberculose en prison. S’il
n’avait pas été immobilisé pendant un an et si son ami Gaetano Salvemini n’avais pas insisté
(depuis 1929) auprès de lui pour qu’il écrive son témoignage, Les hommes contre n’aurait
peut-être pas vu le jour, comme l’affirme son auteur. Cette œuvre, adaptée à l’écran par
Francesco Rosi en 1970, se situe entre Marcia su Roma e dintorni (La marche sur Rome… et
autres lieux, titre assez ironique…) en 1933 et l’essai politique Teoria dell’insurrezione
(Théorie de l’insurrection) en 1936.
Lussu entend montrer les événements tels qu’ils sont, sans visée stylistique, même si
on peut déceler dans sou œuvre un style particulier : un style particulier, sec, concis, efficace,
qui va droit au but, et qui est parfois ironique. Lussu fait passer son idée, sa description en
quelques mots : « Tout à coup, notre mitrailleuse ouvrit le feu. Je me levai pour voir. Les
Autrichiens attaquaient » (p. 63). Son témoignage est imprégné de modestie et d’honnêteté.
Lussu rappelle souvent au lecteur que son œuvre n’est pas parfaite, complète, ce n’est pas le
but, et il évite ainsi de tomber dans le piège du « tout raconter, ne rien oublier » et de la
somme historique. Il est conscient du fait que le temps modifie nos souvenirs : « Même
maintenant (…), alors que notre amour-propre, par un processus psychologique involontaire,
ne retient du passé que les sentiments nobles et qu’il écarte les autres, je n’ai pas oublié l’idée
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dominante de ces premiers instants [juste avant l’assaut, qui est pour Lussu le moment le plus
terrible dans une guerre] » (p. 61), il se rappelle surtout des événements les plus traumatisants,
dramatiques, tels que la visite à l’hôpital où son ami Avellini est mourant et méconnaissable,
les attaques des Autrichiens ou le moment précédent l’assaut.
Le témoignage de Lussu est surtout un grand réquisitoire contre la guerre et ses
absurdités. En fait, c’est plus une dénonciation de la nature humaine que de la guerre, et son
œuvre pourrait se résumer en ces quelques mots : il y a « toujours ce brin de méchanceté qui
se glisse dans le cœur des hommes les plus doux » (p. 29). Son témoignage se caractérise par
l’omniprésence du désaccord violent entre les soldats et leurs officiers, à travers les
mutineries (dont celle du chapitre 24), les suicides, les tentatives de meurtre, l’automutilation,
les désertions, si bien qu’on a l’impression que l’ennemi le plus dangereux n’est pas
l’Autrichien, mais l’officier italien, comme l’affirme un capitaine : « - Ceux qui commandent
l’armée italienne sont des Autrichiens ! S’exclama-t-il. L’ennemi est en face de nous, derrière
nous, parmi nous ! » (p. 77). L’auteur fait également voler en éclat une certaine conception de
la guerre qui s’était développée en Italie, notamment avec D’Annunzio et les Futuristes :
celles d’une guerre belle, sublime, de la guerre comme « hygiène du monde ». Ici, les
hommes sont sacrifiés par leurs chefs incompétents, souvent tués par leur propre artillerie, ils
ne sont que chair à canon.
Les hommes contre est également un témoignage important en ce sens que les textes
sur la Grande Guerre traitant du front italien sont rares. De plus, on a souvent une vision
partielle, faussée, de ce front, à travers les textes de D’Annunzio, ou encore les poèmes
d’Ungaretti. Lussu est donc un témoin oculaire de premier choix.
Il est important de noter que Lussu était favorable à la guerre au début de celle-ci, il le
réaffirme encore dans son œuvre : « - J’étais pour la guerre, mon général, et à mon université,
je représentais le groupe des interventionnistes. » (p. 73), mais il va peu à peu changer
d’opinion.
Il faut également souligner le contexte politique dans lequel a été écrit ce témoignage.
Lussu était alors un fervent antifasciste condamné à l’exil et on peut retrouver dans son
témoignage des allusions au fascisme, dans les comportements des généraux, tels que le
général Leone, dans la discipline militaire réutilisée par le fascisme, ou dans le décorum
militaire, avec les fanfares, ou les grands discours.
L’humour est aussi très présent dans son témoignage, certains épisodes frisent même
l’absurde, comme celui de l’inspection des baïonnettes du chapitre 20 (qui servent à couper
du pain, de la viande, mais personne ne s’en sert au combat, ce qui horrifie le général) et
l’attitude du général qui tient le couteau entre ses dents : « La posture originale dans laquelle
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il se trouvait, le regard qui l’accompagnait et les poils de sa moustache dressés sur les lèvres
lui donnaient tout l’air d’une loutre tenant un poisson dans sa gueule. » (p. 187), ou encore le
général qui donne ses ordres depuis un arbre : « - Si le général reste sur son arbre et y fait son
nid, la division est sauvée (...) S’il descend, la division est perdue. » (p. 81). Ces officiers qui,
en plus d’être pour la plupart incompétents, se comportent quelques fois de manière curieuse,
le témoignage de Lussu les tourne en dérision.
3) L’analyse des principaux thèmes :
Le narrateur alterne entre le « nous » et le « je » : il insiste tantôt sur son groupe de
soldats (Lussu était alors lieutenant, puis capitaine), tantôt sur lui-même, il confie au lecteur
ses souvenirs.
- l’alcool :
C’est le thème principal du témoignage de Lussu, l’alcool (surtout le cognac) est
omniprésent. Il aide les soldats, les généraux (tout le monde) à tenir le coup, à oublier un peu
la réalité des tranchées, des assauts. L’évocation de l’alcool donne lieu à des scènes cocasses –
le colonel Abbati demande à Lussu s’il boit de l’alcool, il lui répond que non, interloqué, il
note alors dans son journal : « Rencontré lieutenant qui ne boit pas d’alcool. 5 juin 1916 » (p.
40) – ou dramatiques, qui prêtent à réflexion, comme lorsqu’un commandant confie à Lussu :
« Je me défends en buvant. Autrement, je serai déjà à l’asile. (…) Se tuer sans se connaître,
sans même se voir ! C’est horrible ! C’est pour cela que nous nous saoulons tous, d’un côté
comme de l’autre. » (p. 55). En lisant Les hommes contre, il semble que l’acte de combattre
soit impensable sans la présence de l’alcool pour les soldats (« - On peut manquer de
chocolat, à la rigueur, mais pas de gnôle. », p. 124), cet alcool qui annonce les assauts
lorsqu’il est distribué en grande quantité, et qui rythme donc en partie la vie des tranchées.
D’ailleurs le témoignage se termine sur des soldats qui trinquent à la prochaine bataille.
- la folie, la fragilité de l’esprit humain :
La folie apparaît dans le comportement de certains soldats ou généraux, pris d’une
sorte de furie, d’hystérie : « Et il se tournait tantôt vers les Autrichiens (…) Il se donnait de
violents coups de pistolets su la tête, et le sang coulait sur son visage. On aurait dit une furie
ensanglantée. » (p. 66).
L’alcool peut d’ailleurs amener les hommes à la folie. A force d’en abuser, pour
oublier, le colonel Abbati s’est petit à petit détruit, dans sa dernière apparition (qui n’a pas été
vue par Lussu mais qui lui a été raconté par un soldat), il se met à faire de la gymnastique
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pendu la tête en bas à un arbre (p. 264), il est devenu méconnaissable, à cause de la guerre et
de l’alcool.
- résignation, exaspération, colère, et sentiment de révolte, tant chez les soldats que chez les
officiers :
L’exaspération et la colère sont omniprésentes, même chez des officiers qui refusent
d’obéir à des ordres absurdes, ainsi, un officier qui risque gros en désobéissant affirme : « - Je
me ferai fusiller, répétait-il, mais je ne me replierai pas. » ; « - Moi, destitué de mon
commandement ? Mais l’armée italienne est commandée par des Autrichiens ! C’est une
honte ! » (p. 68). On a l’impression que ces soldats luttent plus contre l’absurdité des ordres,
l’incapacité de leurs généraux que contre les Autrichiens. C’est ainsi le sentiment
d’exaspération, de révolte, qui domine dans le témoignage de Lussu, avec quand même
quelques moments de réconfort, en permission, ou entre amis, bien trop rares.
Lussu passe lui-aussi par ces états d’esprit, notamment après la mort inutile de Santini,
envoyé couper des barbelés en plein jour : « Il avait les larmes aux yeux. Mais moi, j’étais
trop révolté pour pouvoir me contenir. » (p. 119). C’est là que le choix du titre Les hommes
contre prend tout son sens.
- l’incompétence du commandement militaire :
Elle est omniprésente et témoigne des absurdités de la guerre, et plus largement de la
nature humaine. L’art militaire, d’un autre temps (avec notamment les charges de cavalerie et
les canons lourds inefficaces en montagne) est ainsi tourné en ridicule, puisque dans tous les
cas, ça se conclura par un massacre des deux côtés, c’est ainsi qu’un officier confie à Lussu,
non sans ironie : « - (…) Vous verrez que les Autrichiens attaqueront Monte Fior avec 40
bataillons, et en pure perte. Nous serons à égalité. C’est ça l’art militaire » (p. 42-43). Il
conseille également à Lussu de ne pas se fier aux cartes, et qu’il vaut mieux s’en remettre à
ceux qui connaissent déjà le terrain.
Le commandement multiplie également ordres et contre-ordres, ce qui peut paralyser
les actions en cours. Ainsi, ce dernier ordonne à ses hommes de rester dans les abris alors que
ceux-ci se font pilonner par leur propre artillerie, ce qui donne lieu à une scène surréaliste
entre Lussu et un général exaspéré : « - Mon général, que de sottises sommes-nous en train de
commettre aujourd’hui ! Le général se leva brusquement. (…) Il vint vers moi et m’embrassa
en pleurant : - Mon fils, c’est notre profession, me répondit-il. » (p. 247).
- l’inflexibilité du commandement militaire :
La mort de Santini illustre ce concept utilisé en temps de guerre : un ordre doit être
exécuté, quel qu’il soit, même s’il est absurde. Ainsi, un colonel lui demande s’il est
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volontaire pour couper les barbelés, Santini lui répond que non, il lui en donne donc l’ordre.
Santini est donc contraint d’obéir.
Dans l’œuvre de Lussu, on peut distinguer plusieurs types de comportements vis-à-vis
des ordres, notamment dans le chapitre 24, dans lequel deux généraux-vétérans des guerres
coloniales discutent de la notion d’ordre : il y a celui qui les exécutent sans sourciller, comme
le major Melchiorri : « L’obéissance doit être aveugle », et celui qui réfléchit, comme le major
Frangipane : « Lorsque je reçois un ordre en temps de guerre, je suis assailli par la
préoccupation que cet ordre puisse être erroné. J’en ai tellement vu ! ». On peut d’ailleurs
dans le major Melchiorri un fasciste avant l’heure, qui obéit à une discipline de fer et à la
devise fasciste : « Croire, obéir, combattre ».
- les morts inutiles :
Outre la mort de Santini, on peut également citer celle du soldat posté sur un parapet et
dans la ligne de mire des ennemis, parce que le général Leone lui en a donné l’ordre, pour
montrer que ses soldats peuvent être aussi courageux (ou inconscients) que lui…
- l’inefficacité du matériel :
L’artillerie qui pilonne ses propres hommes est une constante dans toutes les guerres,
on trouve dans le témoignage de Lussu de nombreux exemples : « Ce n’est pas l’artillerie qui
nous soutient (…) Notre artillerie nous démolit souvent, en nous tirant dessus. » (p. 55).
L’exemple le plus frappant est celui des cuirasses Farina, censées protéger les soldats,
désarmés, des tirs ennemis. Or, elles ne servent à rien face à l’ennemi et des soldats sont ainsi
sacrifiés pour rien. Des cuirasses ont pu être utilisées sur d’autres fronts (sur le torse ou sur le
casque), mais seulement pour se protéger dans les tranchées contre les éclats d’obus, pendant
le tour de garde.
- la lutte des classes dans la guerre :
Les thèses marxistes sont développées par le lieutenant Ottolenghi (incarné par Gian
Maria Volonte dans le film). Pour lui, la guerre ne doit pas se faire entre soldats, des frères
unis par leur condition sociale, mais contre la hiérarchie, la classe politique au pouvoir (« Où
est l’ennemi ? Là est la question. Les Autrichiens ? Non, évidemment. Nos ennemis naturels,
ce sont nos généraux. », p. 235).
- l’évasion par la littérature et les femmes :
La figure féminine est également présente et Lussu nous fait part de ses problèmes
sentimentaux (« Heureux et malheureux en même temps. En effet, mes problèmes
sentimentaux n’étaient pas clairs. », p. 243), qui se substituent pour un temps (le temps d’une
permission, qui est seulement évoquée en quatre pages) aux problèmes quotidiens de la
guerre. La littérature est aussi un moyen d’évasion : Baudelaire, les mythes antiques. Lussu
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est un homme cultivé qui est allé jusqu’à l’Université, mais on peut également noter le fait
que contrairement à d’autres (Céline, Barbusse, Genevoix…), il n’était pas encore écrivain
lorsqu’il s’est engagé.
- le concept de déshumanisation de l’ennemi :
Ce concept nécessaire en temps de guerre (ça évite de se poser trop de questions) et
accepté implicitement par les soldats (ce qui est encore plus facile dans l’aviation et dans la
marine) se révèle au narrateur lorsque celui-ci parvient à voir un Autrichien de près, prenant le
café, discutant, dans sa ligne de mire. A ce moment-là, il ui est impossible de tirer : « Des
hommes et des soldats comme nous, en uniforme comme nous. (…) J’avais en face de moi un
homme, un homme ! (…) Faire la guerre est une chose, tuer un homme est une autre chose.
Tuer un homme comme ça, c’est l’assassiner. » (p. 174-178).
- la trêve :
La trêve est ici montrée comme un des plus beaux moments qui puissent arriver dans
la guerre, à travers les paroles d’un officier-vétéran des guerres coloniales : « Mais quand
nous sommes prêts pour un combat, et que, à la dernière minute, arrive l’ordre de le
suspendre, je vous le dis, et vous pouvez me croire, on a beau être aussi courageux que
possible, c’est une nouvelle qui fait plaisir. Franchement, ce sont là les plus beaux moments
de la guerre. » (p. 213-214). Cette déclaration est surprenante et contradictoire car cet officier
a été de nombreuses fois décoré pour des actes de bravoure. Lussu nous montre avec justesse
qu’il n’y a pas d’un côté les lâches et de l’autre les braves, ce sont avant tout des humains aux
attitudes nombreuses, complexes et parfois contradictoires.
- une humanité malgré tout perceptible :
C’est aussi un des rares témoignages qui n’oublie pas le fond d’humanité qui existe en
chacun de nous : à travers les chants, qui réconfortent les soldats, les liens de solidarité (même
si l’instinct de conservation existe) entre soldats ou entre soldats et officiers, les permissions...
Ainsi, certains officiers son compréhensifs vis-à-vis de leurs soldats, ce qui n’est pas
fréquent : « Le général fronça les sourcils, puis il sourit. Homme de bon sens, il ne trouva pas
inconvenant que des soldats qui avaient vécu dans la boue et la mitraille toute l’année,
s’autorisent une pareille détente [une fanfare improvisée], même si elle n’était pas très
règlementaire. » (p. 28). Le thème de la lutte des hommes pour conserver leur humanité,
contre les instincts primaires, les plus bas (ce qui fragilise le concept de brutalisation) est ainsi
constant dans son œuvre, ce qui est plutôt rare pour un témoignage.
Axel PALLAREZ (Université Paul-Valéry Montpellier III)

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