JUIN 2012 - N° 204
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JUIN 2012 - N° 204 P.01 LES PAYS MEDITERRANEENS VONT-ILS ETRE PENALISES PAR L’ATONIE DE LA CONSOMMATION ? Alors qu’à la fin du mois de mars la consommation d’articles d’habillement et textiles affichait encore un résultat encourageant (- 0,3 % en valeur pour le premier trimestre 2012 par rapport aux trois premiers mois de 2011), les résultats du mois d’avril ont anéanti tout espoir de voir l’année 2012 se solder par un résultat positif. En avril, les chiffres d’affaires des distributeurs ont en effet subi une chute de 15 % en valeur. Dans un contexte économique toujours préoccupant, la météo particulièrement pluvieuse, conjuguée à un effet de calendrier défavorable (un samedi de moins) ont lourdement pesé sur les ventes. Les premiers éléments d’information recueillis pour le mois de mai révèlent que les résultats certes moins dégradés que ceux d’avril vont s’inscrire en léger recul par rapport à mai 2011. Au total, pour les quatre premiers mois de l’année, la consommation devrait s’établir à un niveau inférieur d’environ 4 % en valeur à celui des quatre premiers mois de 2011. Quel est l’impact de ce recul de la consommation sur les approvisionnements des distributeurs ? On observe une corrélation de plus en plus forte entre l’évolution de la consommation et celles 1 des importations. Les distributeurs multiplient les achats tardifs et limitent, autant que possible, la prise de risque liée aux commandes de long terme. Selon l’étude réalisée par l’IFM pour le Défi1 en 2010, 36 % des achats des grandes marques et enseignes mondiales sont des achats tardifs, dont 23 % concernent les réassorts et l’actualisation déclenchés après le démarrage de la saison. On se souvient qu’à partir du deuxième semestre 2011, le recul de la consommation observée dans la plupart des pays européens s’était traduit par un repli des importations européennes d’habillement. Ces dernières avaient notamment connu une baisse de 3,9 % en valeur au cours du quatrième trimestre 2011. Au cours du premier trimestre 2012, les importations d’habillement de l’Union européenne sont restées sur la même tendance puisqu’elles se sont repliées de 4,4 % en valeur par rapport au premier trimestre 2011. Les importations d’habillement en provenance d’Asie n’ont diminué que de 3,5 %. Au sein du continent asiatique, les achats au Bangladesh ont bénéficié d’une croissance soutenue : + 18,3 % au premier trimestre. En revanche, la Chine a perdu des parts de marché dans les importations européennes d’habillement. Les importations de l’Union européenne en provenance de l’Empire du Milieu ont ainsi chuté de 9,4 %. Au plan macro-économique, la Chine a enregistré un ralentissement de sa croissance économique au premier trimestre 2012. Le PIB n’a en effet progressé « que » de 8,1 %, ce qui correspond au taux le plus bas observé depuis trois ans. Il semble donc que la Chine peine à mettre en place un système de croissance plus endogène et le pays reste finalement très dépendant de ses exportations vers les marchés occidentaux. Les pays méditerranéens, quant à eux, ont été nettement moins sollicités au premier trimestre 2012 qu’à la même période de l’année dernière (les importations européennes d’habillement ont diminué de 9,7 % en valeur en provenance de la région). Les importations d’habillement de l’Union européenne en provenance du Maroc ont connu un recul de 15 %. Le pays a été particulièrement touché par la chute des achats de l’Espagne : - 22 % au cours du premier trimestre. Il est vrai que l’activité au Maroc avait été particulièrement soutenue au début de l’année 2011. Les arrivées en provenance de Tunisie se sont, quant à elles, repliées de 4,9 %, tandis que les importations issues de Turquie ont baissé de 9,8 %. Par ailleurs, les importations d’habillement en provenance des pays d’Europe centrale et orientale semblent retrouver une certaine dynamique. Les importations d’habillement de l’Union européenne à 25 en provenance de Roumanie ont par exemple bénéficié d’une bonne orientation depuis 2010, après avoir chuté entre 2004 et 2009. A court terme, les perspectives ne semblent guère favorables pour le sourcing de proximité. La consommation est toujours en recul au mois de mai en France et les consommateurs à l’approche des soldes font preuve d’attentisme. GILDAS MINVIELLE [email protected] Chaînes logistiques performantes de mode, IFM avril 2011. INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 RÉSULTATS PROVISOIRES DE LA CONSOMMATION DU MOIS DE MAI 2012 P.02 ÉVOLUTION DES VENTES DU COMMERCE INDÉPENDANT MULTIMARQUES LES VENTES DES DISTRIBUTEURS FRANCE Après les résultats catastrophiques du mois d’avril, les premières tendances de consommation observées pour le mois de mai s’avèrent plus contrastées. Les circuits de distribution, dont les résultats sont disponibles, ont enregistré en moyenne un recul de 4 % en valeur par rapport à la référence élevée de mai 2011 (la consommation du mois de mai avait bénéficié l’année dernière d’une hausse de 3 % en valeur par rapport à mai 2010). Si les grands magasins et les magasins populaires ont connu au mois de mai des hausses respectives de 3 et 4 % en valeur, le commerce de détail multimarques et les chaînes spécialisées ont vu leurs ventes accuser des reculs de 6 et 5 %. CONSOMMATION D’ARTICLES D’HABILLEMENT ET TEXTILES EN MAI 2012 Cumul en valeur Variation en % PAR RAYON Variation en % Cumul en valeur MAI 2012 / MAI 2011 RAYONS TOTAL INDEPENDANTS MULTIMARQUES Valeur Prix constants JANVIER à MAI 2012 / JANVIER à MAI 2011 -6 -9 - 5,5 -3,8 -7,3 + 2,1 -1,3 -8,7 -11,5 +1 -4,3 + 9,4 -5,2 -5,5 -6,2 -8,4 -0,5 -2,5 -12,0 -13,0 -4,6 -6,8 -0,6 -15,6 -5,5 - 2,1 - 8,3 - 6,5 - 1,4 - 4,2 - 8,2 -2 - 5,2 +2 - 7,2 - 1,5 Dont : Prêt-à-porter homme Prêt-à-porter femme Petites pièces homme Petites pièces femme Sous-vêtements et chaussants homme Lingerie et chaussants femme Habillement enfant TOTAL HABILLEMENT INDEP. MULTI. Linge de maison Tissus au mètre Mercerie-Laine MAI 2012 / MAI 2011 CIRCUITS DE DISTRIBUTION Valeur Prix constants JANVIER à MAI 2012 / ÉVOLUTION DES VENTES DU COMMERCE INDÉPENDANT MULTIMARQUES JANVIER à MAI 2011 PAR RÉGION (MAI 2012 / MAI 2011) INDEPENDANTS MULTIMARQUES -6 -9 - 5,5 TOTAL CHAINES -5 -8 - 4,5 GRANDS MAGASINS +3 -0 - 2,1 MAGASINS POPULAIRES +4 +1 +2 INDÉPENDANTS MULTIMARQUES : Au sein des différents rayons du commerce de détail multimarques, les segments enfant et petites pièces homme ont bénéficié d’une hausse de la consommation. Les perspectives pour le mois de juin ne sont pas des plus favorables, on peut craindre que les consommateurs à l’approche des soldes (27 juin) fassent preuve d’un certain attentisme. GILDAS MINVIELLE [email protected] INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 LES NON-TISSES SE FONT PERFORMANTS, DE PAIR AVEC LES TEXTILES TECHNIQUES La fabrication de non-tissés trouve son origine dans les industries du textile, du papier, du plastique et du cuir, qui, pour répondre à un marché émergent, ont adapté leurs procédés et leurs matières premières. C’est dans les années 1960, avec l’apparition de l’industrie des fibres synthétiques et des polymères, que l’on voit l’essor de l’industrie des non-tissés. L’Europe est le premier producteur de non-tissés, avec une production qui est passée de 40 000 tonnes en 1970, à 750 000 tonnes en 1997, et près de 2 millions de tonnes en 2011. Historiquement, l’industrie des non-tissés est organisée différemment de l’industrie textile, visant surtout la production de gros volumes, rapidement et à moindre coût. Selon l’association INDA (International Nonwovens & Disposables Association), l’industrie mondiale a produit environ 7,6 millions de tonnes de non-tissés en 2011, avec un taux de croissance de près de 8 % par an. Les principales régions produisant des nontissés sont l’Europe, les Etats-Unis et la Chine. Il est important de noter que ce sont à la fois les principaux exportateurs et les principaux importateurs, concentrant donc entre eux les principaux échanges commerciaux de non-tissés. DÉFINITION DES NON-TISSÉS L’EDANA (European Disposal and Nonwoven Association) définit le non-tissé comme un produit manufacturé fait d’un voile ou d’une nappe de fibres individuelles, orientées directement ou au hasard, liées par friction, cohésion ou adhésion. L’industrie utilise essentiellement quatre procédés : la voie sèche (cardage), le flux d’air (airlaid), la voie fondue (filière), et la voie humide (ou voie papetière) qui est la moins répandue, avec seulement 6 % de non-tissés ainsi fabriqués en Europe. En amont, la préparation de la fibre est une étape essentielle pour garantir l’efficacité du procédé et la performance du produit. Excepté la technique de voie fondue, il est nécessaire de consolider la majorité des non-tissés, que ce soit par consolidation chimique, thermique, mécanique, voire hydraulique où les non tissés produits ne contiennent pas d’adjuvant, ce qui est important pour les applications alimentaires et médicales. Les non-tissés sont parfois incorporés dans des composites (garnitures de portières, insonorisation pour l’industrie automobile, revêtements de sols). Le marché des non-tissés s’avère parfois difficile à quantifier, car certains produits non-tissés, essentiellement « voie humide » et « airlaid », sont faits de plus de 50 % de fibres non textiles, et ne sont pas classés dans la nomenclature économique officielle HS 56031, spécifique à ce secteur. On a coutume de penser dans ce secteur industriel que la consommation de non-tissés serait directement corrélée au niveau de revenu individuel de la population. On estime ainsi qu’en Inde la consommation individuelle de non-tissés rejoindrait le niveau actuel des Etats-Unis et de l’Europe Occidentale vers 20352. On distingue les non-tissés jetables et les non-tissés durables. Dans les pays développés comme les Etats-Unis, la croissance des non-tissés durables est d’environ 4,5 %, impulsée par les marchés des géotextiles, de l’automobile et de la construction, tandis que le marché des non-tissés jetables est pratiquement stable en volume, mais s’oriente vers des produits plus sophistiqués. La répartition du marché des non-tissés durables en volume se présente assez différemment en Europe 1The HS Code 5603 is described as Nonwovens, Whether Or Not Impregnated, Coated, Covered Or Laminated 2“India Rising : opportunities in nonwovens and technical textiles”, Texas Tech University, may 2008 INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE P.03 (854 000 tonnes) par rapport aux Etats-Unis (476 000 tonnes). Ainsi, le secteur de la construction représente 30 % de ce marché en Europe, et seulement 10 % aux Etats-Unis. C’est le cas des Allemands Reicofil GmbH et Trützschler GmbH, du Belge Oerlikon, ou encore de l’Autrichien Andritz qui a racheté le Français AsselinThibeau, spécialisé sur ce secteur. LES NON-TISSES JETABLES Focus sur le domaine médical En terme d’application, les non-tissés sont surtout utilisés dans des produits jetables destinés à l’hygiène, le médical, la filtration, voire la protection. Ce marché représente 70 % du secteur des non-tissés aux Etats-Unis, alors qu’il ne représente qu’une part de 20 % dans les pays émergents. On estime que le marché mondial des non-tissés jetables pourrait être de 15,8 milliards de dollars en 20173 (avec 80 % pour les marchés de consommation, et 20 % pour les produits industriels). De fait, le marché de l’hygiène n’a pas été très impacté par les pressions économiques, et il continue de connaître un bon essor dans les pays émergents, tout en accroissant sa sophistication dans les zones développées. L’année 2011 a connu une expansion sans précédent de l’industrie des non-tissés de type « voie fondue », soit le plus courant et le moins coûteux des nontissés. De plus, ce sont des centaines de milliers de tonnes de capacité supplémentaire qui seront opérationnelles d’ici moins de deux ans, essentiellement en Asie, où les principaux leaders comme l’Américain PGI, le Finlandais Ahlstrom ou le Japonais Toray réalisent d’énormes investissements. Les constructeurs partenaires de ces opérations ont su faire évoluer la technologie de leurs machines de fabrication, travaillant en grande largeur, avec une réduction notable du poids de matière utilisée (33 %). Les non-tissés sont utilisés couramment dans le domaine médical pour les blouses ou les draps jetables. Tandis que se poursuit le débat à propos des solutions jetables, versus réutilisables, en lien avec la problématique de l’environnement, l’évidente nécessité d’une meilleure prévention contre les infections favorise la pénétration des non-tissés, en particulier en Asie où le taux de croissance annuel est d’environ 15 %. Le marché des non-tissés de protection médicale est estimé à 271 000 tonnes en 2012. Il devrait croître de 4 % par an, pour atteindre 332 000 tonnes en 20174. Focus sur la filtration Les textiles non-tissés ont connu une impressionnante croissance depuis qu’ils ont pénétré les marchés de la filtration dans les années 1970. Les produits nontissés de filtration représenteraient environ 12 % du marché global des non-tissés, soit une valeur de 2,5 milliards de dollars en 20095, avec 65 % pour la filtration de l’air, et 35 % pour la filtration des liquides. Aujourd’hui l’industrie mondiale de la filtration croît de 4 à 8 % par an6, avec un développement qui devrait encore s’accélérer. 3“The Future of Global Markets for Nonwoven Wipes : market forecast to 2017”, Smithers Apex 4“Changes in medical barrier nonwovens”, by Warren Collier, John R. Starr Inc, april 2012 5“Nonwoven Filter Media : Technologies and Global Markets”, BCC Research 2011 6“Primer on Nonwoven Fabric Filtration” , by Edward C. Gregor, Textile World, march 2009 LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 LES NON-TISSES SE FONT PERFORMANTS, DE PAIR AVEC LES TEXTILES TECHNIQUES (SUITE) De nombreux facteurs impulsent le marché de la filtration. D’une part, les industriels filtrent plus fréquemment à des niveaux plus fins que le micron pour améliorer la qualité des produits, d’autre part, les réflexions environnementales incitent les états à ériger des lois pour limiter les émissions de gaz et le gaspillage des eaux. La filtration des liquides nécessite des produits à forte valeur ajoutée, en particulier pour les industries médicales, pharmaceutiques et microélectroniques, qui vont grandir avec le besoin global d’eau pure et potable. En Amérique du Nord, le marché HVAC (Heating, Ventilating and Air Conditioning) est évalué à plus de 850 millions de m2 de non-tissés. LES NON-TISSES DURABLES (A USAGE LONG) Voyant l’opportunité de nouvelles applications à forte composante technologique, les grands acteurs du secteur des non-tissés, comme Ahlstrom ou Fiberweb, se focalisent sur les marchés les plus pointus, en plein essor. L’anglais Fiberweb se concentre sur la construction et l’agriculture, tandis que Ahlstrom se consacre aux marchés de la filtration et des revêtements muraux. Avec sa technologie Energain, l’américain Dupont investit dans la technologie des membranes poreuses utilisées pour les séparateurs de batterie, visant le développement du marché des voitures électriques. Aux Etats-Unis, ce segment ne représente que 3 % du tonnage des non-tissés durables, mais 11 % en termes de chiffre d’affaires. De nombreux non-tissés haute performance sont aussi utilisés pour stabiliser les structures, comme les routes ou les quais. Les non-tissés support pour limpression digitale Dans l’impression digitale, la réaction de la surface du support avec l’encre est un élément critique. L’utilisation de non-tissés permet de contrôler la taille de la fibre, et ainsi la densité du textile, pour une meilleure résolution. Ils peuvent être découpés selon la forme désirée car il n’y a pas d’effilochage. Leur surface peut être texturée et gaufrée pour des effets 3D, et leur usage permet une économie de poids (un tiers de moins par rapport à un produit tissé). On peut citer le produit Evolon® de l’Allemand Freudenberg Nonwovens, récemment entré sur le marché de l’impression digitale, ou encore Tyvek® Vivia de DuPont, un non tissé recyclable à l’aspect velouté, qui fait concurrence au vinyl.Le Finlandais Ahlstrom propose des non tissés “voie humide”, avec un procédé qui permet d’utiliser des fibres synthétiques très performantes, apportant stabilité des dimensions et solidité. Ces nouveaux produits ont un aspect fibreux qui diffuse bien la lumière, et ouvrent la voie à de nouvelles applications, destinées en particulier à l’aménagement intérieur et à l’événementiel. Les non-tissés réfléchissants Les non-tissés réfléchissants arrivent sur un nouveau marché, celui de l’éclairage. Des chercheurs de RTI International (NC) ont mis au point la technologie NLITe™, à base de nanofibres de polymère qui permet d’accroître la réflectivité des installations d’éclairage, avec un rendu de lumière supplémentaire de 40 %, sans apport d’énergie en plus. Ce projet avait été initié par le Département américain de l’Energie, afin de trouver une technologie pour diminuer l’énergie dépensée dans l’éclairage public. Ces nouveaux non-tissés devraient remplacer les revêtements traditionnels, comme l’aluminium, avec un meilleur facteur de réflexion. 7Don & Low fait partie du Thrace Plastics Group, basé à Athènes en Grèce INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE P.04 De son côté, le fabricant écossais Don & Low7 propose un nouveau composite à base de non-tissé réfléchissant. Destiné à la décoration et à la construction, ce produit permet d’améliorer l’isolation thermique, et laisse passer la vapeur tout en étant hydrofuge, ce qui ouvre la voie à d’autres usages. LES FIBRES UTILISEES POUR LES NON-TISSES A part les feutres, les non-tissés sont essentiellement constitués de fibres chimiques. Cependant, le coton, originel ou recyclé, fait son entrée dans de nombreux produits non-tissés, malgré son prix, du fait de son profil environnemental. Mélangé à des fibres synthétiques, il évite les traitements chimiques spéciaux. Avec l’augmentation du coût des matières premières, l’utilisation de fibres recyclées prend de l’importance, et le recyclage s’organise, qu’il s’agisse de matières naturelles ou synthétiques (PET). Ainsi les deux leaders américains Leigh Fibers et TransAmericas Textile Recycling, ont monté un partenariat pour accroître le volume de fibres et de textiles recyclés. Les préoccupations environnementales modifient la dépendance industrielle par rapport aux ressources dérivées de la pétrochimie (en fait, aujourd’hui la majeure partie du pétrole sert à fournir de l’énergie, et les produits dérivés ne représenteraient que 3 % du pétrole extrait). Dans les prochaines années, les biopolymères basés sur l’amidon, la cellulose ou l’acide polylactique pourraient se substituer au plastique utilisé par l’industrie de l’emballage en Europe, à raison de 3 à 5 % par an8. La cellulose issue de la pulpe de bois a aussi la cote, et trouve chez l’Autrichien Lenzig ou l’Indien Birla Cellulose une large gamme d’applications de non-tissés. Comme les fibres botaniques, ces fibres sont pleinement biodégradables. La tendance est aux fibres fines, voire microfibres pour accroître la performance avec le même poids de non-tissés. Si les non-tissés à base de microfibres sont utilisés dans les composants automobiles, ils ne font encore qu’une entrée timide dans l’habillement technique, car ce sont souvent des matières peu élastiques et difficiles à teinter. La recherche sur les fibres On développe des fibres spécifiques, ou fibres bicomposants, où la sélection de polymères joue un rôle essentiel car les fibres doivent avoir une réelle affinité entre elles. Les fibres dites « fragmentées » fournissent souvent un effet « velcro » qui permet de les fixer facilement à d’autres surfaces. Les fibres submicroniques présentent une large surface de contact. Les non-tissés ainsi conçus sont flexibles et leur usage est particulièrement adapté au marché de l’activewear, où les vêtements se portent à même la peau. L’industrie textile se focalise sur deux aspects des nanotechnologies, les fibres et les traitements. Les grands leaders mondiaux de l’hygiène, du médical, du transport, de l’énergie voire de la défense concentrent leur attention sur le marché des nanofibres, conscients des enjeux qu’il représente. Ce marché était estimé à 140 millions de dollars en 20109 , et devrait atteindre 2 milliards de dollars en 2020, avec un taux de croissance de plus de 30 % par an. 8Searching for alternatives to petrochemical fibres in nonwovens”, Technical Textile International, june 2009 9Nanofibers : Technologies and Developping Markets, BCC Research 2011 LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 LES NON-TISSES SE FONT PERFORMANTS, DE PAIR AVEC LES TEXTILES TECHNIQUES (SUITE ET FIN) P.05 Production annuelle 2011 de non non-- tissés en volume, millions de tonnes (Mt) : Cette croissance est largement impulsée par l’utilisation de nanofibres dans les structures de nontissés, fournissant ainsi des filtres plus efficaces. De fait, les applications de filtration ne nécessitent que quelques grammes de nanofibres pour couvrir le substrat de base fait de non-tissés de cellulose ou de polyester. Cependant, il est important de comprendre l’incidence des nano-particules sur l’environnement et la santé, avant de laisser prise au lobbying de l’industrie. Ainsi la Commission Européenne a récemment publié une première définition des nanomatériaux. permettront de faire émerger une nouvelle génération de textiles techniques destinés à de nombreuses applications critiques. Ces nouvelles structures sont solides et possèdent une zone de surface sensiblement plus importante que celle des tissus existants. Certains développements peuvent également impacter les textiles tissés ou tricotés car les nouvelles fibres mises au point peuvent être filées en filaments ou fibres longues, et former la base pour la nouvelle génération de vêtements techniques. INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE Europe Amérique du Nord Chine Production 7,61 non-tissés Mt volume (Mt) 7,8 % Croissance prévue 2011-2016 (%/ an) * source : INDA 1,95 Mt 1,87 Mt 1,65 Mt 5,9 % 3,3 % 12 % Reste Asie Pacifique 0,59 Mt 5,7 % Japon MoyenOrient 0,33 Mt 0,32 Mt 1,2 % 7,7 % Reste du monde 0,90 Mt 14,6 % ! "#$% & # ( VERS UNE NOUVELLE GENERATION DE TEXTILES TECHNIQUES De forts changements technologiques affectent l’industrie des textiles non-tissés, qui s’oriente vers des produits à forte valeur ajoutée, en plus petits volumes, tout comme le secteur des textiles techniques où le moteur est la recherche de performance. La mise au point de nouvelles matières rend indispensable la conception de nouveaux équipements, capables de fabriquer ces produits. Ainsi, le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants) est doté d’équipements de non-tissés voie sèche, voie fondue, et de machines de filage tricomposants. Le CETI est un centre high-tech destiné aux entreprises pour la création de prototypes, de production, afin de tester grandeur nature les recherches des laboratoires, et il prépare activement le lancement de son activité en octobre 2012. La recherche porte sur l’amélioration des fonctionnalités telles que l’absorbance, la résilience, l’élasticité, la douceur, la résistance, et aussi la lavabilité, la filtration, la stérilisation. Les développements sur les nouveaux non-tissés durables Monde (total) CHRISTINE BROWAEYS [email protected] & # ' $# % " # ! " !"#$% # & # " $# % # ! " LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 POINT PAYS ROUMANIE Chiffres-clés 2011 : * Population : 21 millions d'habitants * Emplois textile-habillement : 173 000 * Exportations françaises textilehabillement vers La Roumanie : 201 millions d’euros * Importations françaises textilehabillement depuis la Roumanie : 400 millions d’euros INDUSTRIES TEXTILES : UNE INDUSTRIE FORTEMENT TRIBUTAIRE DES COMMANDES EUROPÉENNES… La Roumanie a connu, en 2009 et 2010, deux années particulièrement difficiles pour son économie. Son PIB a successivement reculé de 7,1 % puis de 1,3 %, avant de connaître un redémarrage limité en 2011 (+ 1,5 %). Le pays a clairement pâtit de sa dépendance envers les échanges extérieurs, essentiellement orientés vers l’Union européenne. Le commerce extérieur roumain représentait jusqu’en 2009 jusqu’à 75 % du PIB (par comparaison, le ratio commerce extérieur / PIB n’est que de 49 % pour la France). La Roumanie a longtemps constitué une base arrière industrielle incontournable pour les entreprises européennes désireuses de délocaliser en zones proches. Les secteurs de l’automobile, mais également de la chaussure et de l’habillement se sont largement développés grâce aux implantations étrangères, favorisés par un coût de main d’œuvre attractif par rapport aux standards européens et une culture industrielle bien ancrée. INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE P.06 …ET PEU SPÉCIALISÉE DANS LES TEXTILES Le secteur textile roumain regroupe 1 500 entreprises, emploie 26 000 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros. Ces performances sont bien inférieures à celles réalisées par les industries de l’habillement, et qui plus est, en recul rapide par rapport aux années récentes. Ainsi, en 2006, le secteur comptait encore 2 100 entreprises et employait 75 000 personnes. Les textiles roumains s’adressent peu aux clients locaux qui ont eu jusqu’en 2007 tout intérêt à travailler sur des tissus importés d’Europe afin de bénéficier d’un accès sans droits de douanes aux marchés de l’Union. En 2011, le montant des importations roumaines de textile était supérieur à 2,7 milliards d’euros. L’industrie textile roumaine engendre près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires à l’export, ce qui témoigne de la forte internationalisation des entreprises. Les produits exportés sont principalement issus des fibres et filaments synthétiques. Les fibres, fils et tissus synthétiques comptent pour plus d’un tiers dans les exportations roumaines de textiles. Les textiles à usages techniques figurent en bonne place en lien avec les industries présentes sur place (transport, électronique…). TEXTILE LES PREMIERS CLIENTS DE LA ROUMANIE EN 2011 EN % DES EXPORTATIONS EN VALEUR PART DE LA ROUMANIE DANS LES EXPORTATIONS MONDIALES DE TEXTILE EN % DES VALEURS O.M.C. TOTAL TEXTILE IIMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE IMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE DE ROUMANIE VENTILATION DES PRINCIPAUX POSTES EN MILLIONS D'EUROS EN MILLIONS D'EUROS FRANCK DELPAL [email protected] LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 POINT PAYS ROUMANIE INDUSTRIES DE L'HABILLEMENT : UNE INDUSTRIE INCONTOURNABLE… Le secteur de la confection emploie pour sa part 147 000 personnes, compte plus de 4 500 entreprises et réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de 1,8 milliards d’euros. Les exportations roumaines sont supérieures à ce chiffre, ce qui témoigne du statut de plaque tournante du pays. Ouvert sur cinq pays (qui ne font pas tous partie de l’UE) ainsi que sur la mer noire, les échanges - facilités par la proximité culturelle du pays avec à la fois l’Est et l’Ouest de l’Europe - s’avèrent riches et complexes. La Roumanie a notamment tissé un lien étroit avec l’industrie italienne de l’habillement, comme en témoigne la place de ce pays dans les exportations roumaines d’habillement. L’Allemagne constitue le deuxième partenaire privilégié du pays. Les savoir-faire présents localement sont très variés. Le travail des pièces à manches est l’un des points forts du pays (19 % des costumes masculins produits en Europe viennent de Roumanie), mais l’on peut également citer le secteur de la lingerie qui est également très développé. 14 % des soutiens-gorges produits dans l’UE27 sortent d’usines roumaines. De nombreuses marques de lingerie, notamment françaises, ont décidé de délocaliser leur production en Roumanie et des champions nationaux tels que Jolidon rencontrent un grand succès sur les marchés européens. Notons INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE P.07 toutefois que les exportations de produits à maille sont deux fois inférieures à celles de vêtements chaîne et trame. …EXCLUSIVEMENT TOURNÉE VERS LES DÉBOUCHÉS EUROPÉENS HABILLEMENT LES PREMIERS CLIENTS DE LA ROUMANIE EN 2011 EN % DES EXPORTATIONS EN VALEUR PART DE LA ROUMANIE DANS LES EXPORTATIONS MONDIALES D'HABILLEMENT EN % DES VALEURS OMC Comme dans le textile, l’industrie roumaine de l’habillement a réduit la voilure, notamment depuis la levée définitive des quotas sur les productions chinoises. Près de 100 000 emplois ont disparu en seulement sept ans et le poids de la Roumanie sur les marchés internationaux ne cessent de s’effriter : de 1,7 % des exportations mondiales en 2005, l’industrie roumaine est tombée à 0,9 % en 2010. L’UE27 absorbe 95 % des exportations roumaines d’habillement. L’Italie représente à elle seule près de 40 % du montant total. Les importations italiennes d’habillement en provenance de Roumanie se sont fortement redressées en 2011 (+ 19 %) après des chutes drastiques en 2009-2010. Toujours est-il que sur longue période, le niveau des échanges a clairement diminué par rapport au début des années 2000. De la même manière, les importations allemandes ont perdu un tiers de leur valeur par rapport à 2005. TOTAL HABILLEMENT IIMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE DE ROUMANIE EN MILLIONS D'EUROS IMPORTATIONS DE LA FRANCE EN PROVENANCE DE ROUMANIE VENTILATION DES PRINCIPAUX ARTICLES EN MILLIONS D'EUROS FRANCK DELPAL [email protected] LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 INDICE RAPIDE DE CHIFFRE D’AFFAIRES HABILLEMENT FRANCE SOURCE DEFI IFM P.08 EVOLUTIONS DES CHIFFRES D’AFFAIRES EN % PAR RAPPORT A LA MEME PERIODE DE L’ANNEE PRECEDENTE Mai 2011 à Avril 2012 Janv. 2012 à Avril 2012 Code NAF 182A Vêtements de travail +9,8 +1,7 182C Vêtements sur mesure +12,4 +3,3 182D Vêtements de dessus Homme-Garçon +3,4 -1,2 182E Vêtements de dessus Femme-Fille +2,8 -3,5 182J Autres vêtements et accessoires +16,9 +32,0 18 Total vêtements chaîne et trame +5,4 +1,6 CONJONCTURE TEXTILE FRANCE PRODUCTION (EN VOLUME) ÉVOLUTION MENSUELLE INDICE CHIFFRES D'AFFAIRES PRODUCTION HABILLEMENT CHAINE ET TRAME 2006 = 100 EVOLUTIONS EN % PAR RAPPORT À LA MÊME PÉRIODE DE L'ANNÉE PRÉCÉDENTE Janv. 2012 à Avril 2012 200 160 2012 Préparation de fibres textiles et filature -38 2011 Tissage -13 Ennoblissement -15 120 Fabrication d'autres textiles 80 40 -7 Fabrication de fibres artificielles ou synthétiques +20 Total textile -11 JV FV MR AV MA JN JL AT SP OC NV DC SOURCE : INSEE INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE LA LETTRE ÉCONOMIQUE, JUIN 2012 - n°204 ACTUALITÉ CONTACTS NOUVELLES PUBLICATIONS DE L’IFM MODE ET INTERNET 2012 IFM 36 quai d’Austerlitz 75013 Paris, France T. 33 (0)1 70 38 89 89 F. 33 (0)1 70 38 89 00 [email protected], www.ifm-paris.com RAPPORT ANNUEL PERSPECTIVES INTERNATIONALES 2012 LES TEXTILES DE MAISON 2011 POUR RECEVOIR LA LETTRE PAR COURRIER ÉLECTRONIQUE, envoyez un e-mail à : [email protected] ou inscrivez-vous à la Newsletter sur notre site : www.ifm-paris.com (rubrique RÉFLEXION ET EXPERTISE -> CONJONCTURE et PROSPECTIVE -> PUBLICATIONS) Directeur de la Publication : Gildas MINVIELLE ISSN : 1251-7372 Dépôt légal : 2èr trimestre 2012 LES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L’IFM LES FEMMES ET LA MODE FRANCE, EUROPE 2011 INSTITUT FRANÇAIS DE LA MODE LA LINGERIE, EDITION 2011 L’ANNUAIRE DES ENSEIGNES DE MODE ET D’ACCESSOIRES 2011