l`improvisation libre - Jean
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l`improvisation libre - Jean
L'IMPROVISATION LIBRE « Le virtuose tzigane ne connaît aucune loi, aucune servitude. Son système de modulation est simplement la négation de notre système coordonné, il ne recule devant aucun changement de ton pour exprimer ses sensations en ignorant la parenté, les degrés d'affinité entre les tonalités et c'est sans hésitation qu'il attaque les tons les plus éloignés, développe et enrichit les plus capricieuses variations. C'est une des raisons de ce style si charastéristique, à la fois plein de nostalgie et de verve communicative. » Emeric MISKA (Extrait de la pochette du disque «L'ÂME TZIGANE» de Zoltan et son Ensemble Gypsy). « Si vous vous mettez à improviser, vous ne savez fort heureusement pas où vous allez vous retrouver à chaque instant. Mais vous devez être en mesure de conduire tout ça dans différentes directions, et de l'équilibrer, comme si vous jongliez. C'est ça qui est amusant, et pas de jouer vite pour impressionner la galerie, en sachant ce que vous allez jouer après. Nous nous retrouvons parfois dans cette situation, mais en désespoir de cause car nous sommes à court d'idées. Mais ça, c'est les mauvais jours; faire cela de façon délibérée est, me semble-t-il, passer à côté de ce qui est véritablement l'improvisation. Improviser, c'est composer sur une base solide, écouter, jongler et tourner en spirale avec et dans quelque chose dont vous ignorez l'existence. Vous en approchez mais êtes inconscients de ce que vous faites. Cela se passe indépendamment de vous; en tout cas, cela semble ainsi. Et c'est à ce point précis que j'aime jouer. Un morceau de jazz, du moins pour l'essentiel, doit être, selon moi, une expérience nouvelle. Vous vous lancez, avec quelques poignées...d'idées, la forme d'ensemble de la musique...et faites un vœu. C'est absolument risqué! Vous pouvez en prendre plein la figure; vous pouvez en ressortir KO, mais...vous pouvez aussi dépasser les choses et découvrir des idées dont vous ignoriez que vous les possédiez...ce moment où les idées sortent de vous sans que vous en ayez conscience, comme si vous n'étiez qu'un spectateur. Vous essayez des choses que vous n'aviez pas osées avant et, à votre grande surprise, elles passent et vous incitent à aller encore plus avant. Une fois que vous avez expérimenté cela, vous êtes mordu. C'est comme la drogue; c'est ce qui vous fait marcher. Étant bien entendu que cela ne se produit pas assez souvent, lorsque cela survient, on est largement payé de son attente. Mais après tout, cela n'est-il pas l'essence même du jazz? » Jimmy RANEY (HISTOIRE DE LA GUITARE DANS LE JAZZ, de Norman MONGAN, page 132). « Duke avait déjà assuré une première partie d'une vingtaine de minutes. Lorsqu'il demanda à Django en quelle tonalité il désirait jouer, Django répliqua: « Pas de tonalité. » – Mais il y a toujours une tonalité, répondit Duke. – Ne vous inquiétez pas pour moi! Je suivrais, déclara Django. Démarre!». Duke ELLINGTON et Django REINHARDT (HISTOIRE DE LA GUITARE DANS LE JAZZ, de Norman MONGAN, page 57).