Petiot, le « Docteur Satan

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Petiot, le « Docteur Satan
Petiot, le « Docteur Satan »
(01-07-2006) - Soumis par Alix Ducret - Dernière mise à jour : (01-07-2006)
C'est dans le Paris de l'Occupation que se déroule le dernier des crimes célèbres de ce numéro. Une époque troublé
qui va servir de théâtre aux fantasmes de l'un des plus grands criminels de l'histoire de France. L'histoire du docteur
Petiot, si admirablement relatée dans le film éponyme, avec dans le rôle titre Michel Serrault, est étroitement liée aux
événements de la Seconde Guerre mondiale, d'où la difficulté du sujet. Dans cet article, l'auteur relate les faits tels qu'ils
nous sont connus mais trop de questions n'ont toujours pas trouvé de réponses. Le 11 mars 1944, un habitant de la rue
Lesueur prévient les pompiers ; un incendie semble s'être déclaré dans la cheminée d'un immeuble abandonné, au
numéro 21 de cette rue cossue située dans le XVIe arrondissement. Une odeur pestilentielle de chair brûlée flotte dans
l'air devenu irrespirable. Le propriétaire, un certain docteur Petiot, a été prévenu mais il tarde à venir. Les pompiers
décident donc de pénétrer sans plus attendre dans l'immeuble.
Tout semble à l'abandon sauf une cave et une cuisine qui débouche sur une cour intérieure. En traversant la cour, les
pompiers entrent dans un petit bâtiment comprenant un bureau, un couloir et un réduit sans fenêtre qui ressemble
étrangement à une cellule. À côté, un cellier sert de débarras. Au fond, dans un angle de la pièce, les pompiers
découvrent avec horreur des troncs humains, des bras et des jambes en vrac... La cheminée, pleine jusqu'à la gueule de
membres humains divers, fonctionne à plein régime.
L'alerte est immédiatement donnée et c'est au commissaire Massu qu'est confiée l'enquête. Mais alors que la rue
Lesueur est en effervescence, personne ne remarque la sombre silhouette qui s'éclipse à la vue des policiers...
Le lendemain, le commissaire Massu se rend au domicile du propriétaire, rue Caumartin. Sa femme est là pour
répondre aux questions des policiers :
-Mon mari ? Non, il est absent. Il a été appelé hier. Sans doute un accouchement difficile...
Petiot ne reparaîtra plus...
Ce « bon docteur » Petiot
Né en 1897 à Auxerre, Marcel Petiot apparaît très tôt comme étant un enfant très intelligent mais souvent difficile.
Renvoyé deux fois, il finit par étudier tout seul et passe son bac à dix-huit ans avec succès. En 1916, Marcel s'engage
au 98e R.I.. La guerre, pour lui, sera vite un lointain souvenir : légèrement blessé au pied, il est examiné par des
psychiatres lors de sa convalescence qui le déclarent mentalement déséquilibré et enfin le réforment.
Profitant des avantages donnés aux Anciens combattants, il entreprend des études de médecine qu'il achève
brillamment en 1921. Trois ans après, il s'établit à Villeneuve-sur-Yonne.
Ce jeune docteur plaît beaucoup : il est vif, dynamique, amusant même, quoiqu'un tantinet cabotin. Surtout, il sait être
« compréhensif » pour les jeunes filles imprudentes et soigne bien volontiers les pauvres gens pour presque rien... Ah !
Ce bon docteur Petiot ! Plus tard, on découvrira qu'il inscrivait en cachette ses patients à l'assistance médicale et
détournait leurs prestations...
En 1926, la jeune bonne de Petiot, Louise, déclare, un peu trop fort, être enceinte des oeuvres de son employeur.
Mauvais point ! D'autant que Petiot compte entamer bientôt une carrière politique. Et c'est alors que, curieusement, la
jeune Louise disparaît...
Quelques bruits courent, on découvre aussi d'étranges disparitions d'argent ou d'objets précieux après les visites du
docteur, mais c'est insuffisant pour ébranler les consciences et Petiot est élu maire de Villeneuve-sur-Yonne l'année
suivante. Tout sourit au brave docteur qui épouse la fille d'un riche charcutier d'Auxerre et qui est élu secrétaire généra
du département de l'Yonne, en 1928.
Des rumeurs persistantes
En mars 1930, la police découvre le corps à moitié calciné de Madame Debauwe, gérante de la coopérative laitièr
de Villeneuve-sur-Yonne. Elle a été achevée à coups de marteau et la laiterie a été incendiée. La veille, elle avait
encaissé la somme de deux cent quatre-vingt mille francs...
Les rumeurs persistent. On insinue qu'elle était la maîtresse du docteur Petiot et un certain Frascot affirme même
l'avoir vu rôder vers la laiterie peu avant le début de l'incendie. Petiot est bien soupçonné... mais seulement
soupçonné. Les preuves manquent et le témoin meurt, fort opportunément, il faut le reconnaître. Frascot sortait
d'ailleurs d'une visite chez le médecin quand il a été foudroyé par une crise cardiaque. C'est du moins ce qui est inscrit
sur le permis d'inhumer signé par ce même médecin... c'est-à -dire Marcel Petiot !
Ces indices sont insuffisants pour la police mais la population, elle, ne tarde pas à réagir : Petiot, qui vient aussi d'être
condamné pour vol d'électricité, est révoqué de ses fonctions de maire. Les rumeurs persistantes le poussent Ã
abandonner aussi son cabinet. En 1933, il s'installe à Paris.
Cet intermède bourguignon permet cependant à Petiot de « prendre ses marques » ; c'est pour lui une sorte
d'entraînement. Il est déjà escroc et assassin. Plus tard, il ne fera jamais que développer ces activités à une plus grand
échelle...
Petiot s'installe donc avec sa petite famille dans un hôtel particulier de la rue Caumartin et s'adonne dès lors à la
médecine « de pointe ». C'est que notre bon docteur est un véritable génie, un inventeur, un « médecin-miracle »,
comme il le sous-entend dans la publicité dont il inonde tout le quartier :
Vous êtes prié de bien vouloir noter que le cabinet médical, tenu précédemment au premier étage, 66, rue Caumartin
sera désormais occupé par le Dr Marcel Petiot, diplômé de la Faculté de Médecine de Paris en 1921, Conseiller gén
de l'Yonne, ex-interne de l'hôpital, directeur de clinique, médecin-chef de l'Office médical de la Seine.
Ce cabinet, en plein centre de Paris, vous offre toutes facilités d'accès (autobus, métro : stations Saint-Lazare et
Caumartin).
Il comporte les matériels des plus modernes et des plus perfectionnés, avec rayons X, UV, UR, et radiothérapie
superficielle ou même profonde, laboratoire de galvanisation, ionisation, ergothérapie, diathérapie (toutes fréquences,
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ondes courtes à grande puissance, fièvre artificielle, bistouris électriques, outillage chirurgical, oenothérapie,
aérothérapie, etc.).
Le docteur Petiot fut le promoteur en 1921-1923 d'une technique parvenant à supprimer complètement les douleurs
dans les accouchements, sans anesthésie générale ou régionale et sans instrument dangereux. Cette méthode permet
la suppression de la douleur dans les affections les plus pénibles (sciatique, rhumatisme, névralgie, zona, névrite,
ulcération, cancer).
Auteur d'ouvrages originaux sur les maladies nerveuses et leurs traitements modernes (spécialement des affections Ã
crises périodiques et cures de désintoxication).
Créateur, avec un physicien connu, d'un matériel et d'une technique permettant la guérison de toute tumeur non
généralisée ou affectant des organes vitaux (ganglions externes ou internes, loupes, lipomes, polypes, végétations,
verrues, taches rouges, goitres, déformations, tatouages, cicatrices, etc. et même fibromes et tumeurs malignes ou
cancers, même profonds).
Le docteur Petiot vous sera parfaitement reconnaissant de bien noter dans vos annuaires, son adresse : 66, rue
Caumartin Paris IXe, ainsi que son numéro de teléphone : PIG 7711.
Et évidemment, comme souvent pour les charlatans les plus audacieux, les résultats ne se font pas attendre ! Petiot se
constitue ainsi une clientèle solide et remplit son compte en banque tout en satisfaisant sa mégalomanie : il achète
deux propriétés en province et un hôtel particulier... rue Lesueur.
C'est en 1936 que se situe un petit intermède qui nous donne un indice supplémentaire sur la personnalité du docteur.
Le 4 avril de cette année-là , Petiot est pris en flagrant délit de vol à l'étalage à la librairie Gibert, dans le Quartier latin.
Face aux juges, il déclare avec emphase qu'un « génie ne se préoccupe pas de basses choses matérielles ! » Bien
sûr, dans l'histoire, le génie c'est lui. Peu impressionné par ce mégalomane, les juges l'envoient faire une cure de sept
mois dans un hôpital psychiatrique. Simple péripétie qui ne mettra guère fin à la carrière de ce mythomane. À sa sortie,
en février 1937, Petiot reprend ses activités et obtient même la charge de médecin d'État civil du IXe arrondissement !
Le réseau du docteur Eugène
Paris sous l'Occupation En 1939, la guerre éclate et l'année suivante Paris est occupé par les Allemands : ce sera
l'occasion pour Petiot d'assouvir tous ses instincts...
Il achète donc l'immeuble de la rue Lesueur qui, avant de servir d'officine du crime, sera un lieu de trafic. En effet,
Petiot, comme toujours, utilise tous les moyens pour s'enrichir et il s'adonne, bien qu'à une petite échelle, à la vente de
drogue. C'est aussi à cette époque que Petiot commence les travaux de la rue Lesueur. Sait-il déjà à quoi lui servira cet
immeuble ? Toujours est-il qu'il fait construire un mur dans la cour intérieure, afin d'échapper à la curiosité de ses voisins,
et qu'il aménage la « cellule » où périront ses victimes : une porte que l'on ne peut ouvrir que de l'intérieur, une fausse
porte et un judas, installé de façon à voir ce qui se passe dans la pièce.
Fin 1941, un voisin du médecin, Joachim Guschinow, un fourreur juif, confie à son cher ami Petiot qu'il aimerait quitter la
France. Le médecin peut-il l'aider ? Ne connaît-il pas, ainsi qu'il l'a laissé entendre, un réseau qui lui permettrait
d'échapper aux nazis ? Petiot saute sur l'occasion et se présente même comme... le chef du réseau d'évasion :
-Prenez tout ce que vous avez de valeur, ce sera ça de moins pour les boches. Dans quelques semaines vous serez
en Argentine et alors... Ã vous la belle vie !
Le 2 février 1942, Guschinow se rend rue Lesueur avec des diamants cachés dans ses vêtements d'une valeur de
deux millions de francs. Jamais plus il ne réapparaîtra...
Quelques semaines après, Jean-Marc Van Brever, un toxicomane notoire qui avait dénoncé Petiot comme trafiquant
de drogue, disparaît. Ensuite c'est le tour d'une Madame Khayt, qui avait refusé d'être impliquée dans une des «
magouilles » de Petiot.
Cependant ces victimes-là ne sont « qu'accidentelles ». Un véritable vivier est à sa portée : les juifs -les riches bien
sûr- qui tentent de fuir la France occupée. En juin 1942, Petiot monte son « réseau » clandestin : il devient le docteur
Eugène. À la même époque, disparaît Paul Braunberger, un médecin, suivi le mois suivant de la famille Kneller, le
père, la mère et le petit René, âgé de huit ans à peine. En janvier 1943, Petiot lance les « tarifs de groupe » : quatre
couples, les Basch, les Woolf, les Stevens et les Anspach « s'embarquent » à leur tour...
Dans les mains de la Gestapo
À cette clientèle choisie, s'ajoutent quelques malfrats, heureux de se « mettre au vert » pour quelque temps. Parmi
eux, François Albertini, dit le Corse ; Joseph Réocreux, dit aussi Jo le Boxeur, accompagné de ses deux « gagneuses
» : Claudia Chamoux, dite Lulu, vingt ans de métier, et Annette Petit, une mineure. Puis c'est le tour de Joseph
Piéreschi, dit Zé, d'Adrien Estébétéguy, le Basque, de Paulette Grippay, dite la Chinoise, et de Gisèle Rossmy. Ce pet
monde, qui trempe avec bonheur dans le proxénétisme et qui n'hésite pas, le cas échéant, à donner un petit « coup d
main » à la Gestapo, disparaît donc grâce aux bons soins du docteur Eugène, moyennant cent mille francs par tête.
Le réseau de Petiot connaît un franc succès ! Un peu trop même, puisque la Gestapo commence à avoir de sérieux
soupçons. Elle décide donc de piéger ce fameux docteur Eugène. En mai 1943, la Gestapo extirpe Yvan Dreyfus de sa
cellule à Compiègne afin qu'il infiltre le réseau du docteur Eugène. De son côté, Dreyfus compte « semer » la Gestapo
et utiliser le réseau pour fuir vers l'Amérique du Sud. Le jeune industriel remonte donc toute la filière, passant par les «
rabatteurs » habituels de Petiot, un maquilleur de théâtre et un coiffeur de la rue des Mathurins. Il rencontre finalement
le docteur Eugène et... disparaît dans le charnier de la rue Lesueur en mai 1943. C'est Béretta, un autre « bouc
émissaire » qui fera tomber Petiot. Ce dernier est arrêté le 21 mai 1943 par la Gestapo et conduit à la prison de Fresnes.
Pendant huit mois, Petiot subit la torture et les interrogatoires sans fin de la Gestapo... en vain. Jamais, il n'avouera
quoique ce soit. À partir de cet épisode sanglant, il se forgera le mythe du grand résistant, mythe qu'il saura exploiter le
moment venu...
Trahi par son écriture
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Avis de recherche concernant Petiot et sa femme Libéré le 8 février 1944, le médecin décide alors d'effacer les
preuves de ses crimes, c'est-à -dire les cadavres. Quand la Gestapo l'avait arrêté, elle ignorait l'existence de l'immeuble
de la rue Lesueur mais les choses peuvent changer... Petiot s'active donc, avec les conséquences que l'on sait, c'est-à dire la découverte du charnier le 11 mars 1944 et... la disparition du docteur Eugène !
Malgré les recherches frénétiques de la police, Petiot demeure introuvable. Et la plus grande difficulté de la police n'est
pas de déterminer l'identité du meurtrier mais bien celle des victimes ! En attendant l'arrestation de Petiot, les policiers
accumulent les preuves. Ainsi on découvre quelques quarante-sept valises confiées par celui que la presse appelle
désormais le Docteur Satan à un couple habitant l'Yonne. La police espère déterminer, grâce aux vingt-six sacs Ã
mains, aux vingt-et-un manteaux de laine, aux trente-trois cravates, aux quatre-vingt-six chaussures, aux soixante-dixneuf robes, bref, grâce aux mille sept cent soixante pièces d'habillement, le nombre des victimes, leurs classes
sociales et aussi, éventuellement, leurs identités...
Le 19 septembre 1944, soit sept mois après, un journaliste en mal de copie, Jacques Yonnet, publie un article sous le
titre : « Petiot soldat du Reich ». L'article fait mouche : le mois suivant, le journal Résistance publie un droit de
réponse... du docteur Petiot lui-même. On l'accuse de collaboration, lui un authentique résistant !
Dans les milieux policiers aussi bien que militaires, c'est le branle-bas ! D'après la lettre-réponse, il est clair que le
Docteur Satan se cache dans les rangs de la Résistance et à Paris même. Une autre enquête commence, minutieuse.
On prend des renseignements, on compare les écritures... Et c'est là que Petiot se fait prendre. Le 31 octobre 1944, le
capitaine Simonin arrête le capitaine Wetterwald, alias Valéry dans la Résistance, médecin-capitaine au 1er Bataillon,
alias Marcel Petiot !
Le réseau Fly-Tox
Petiot au cours de son procès Ce n'est pourtant qu'au cours de la deuxième journée de son procès, commencé le
18 mars 1946, que Petiot se justifie. Et à un juge qui l'accuse d'avoir tué vingt-sept personnes, il répond avec emphase :
-Comment vingt-sept ? Soixante-trois, vous voulez dire !
Et qui sont ses victimes ? Des traîtres à la France, des collabos, des nazis, déclare-t-il. Car Petiot n'est pas un vulgaire
assassin. Il est le chef d'un réseau de Résistance : le réseau Fly-Tox. Personne n'en a entendu parler ? Normal, c'était la
guerre ! Toutes les personnes qu'il a citées comme étant ses contacts sont mortes ou inconnues ? Normal, c'était ça la
Résistance !
Entourant ses « activités résistantes » d'une aura de mystère propre à dérouter, Petiot construit tout son système de
défense autour de ce mythe. Car, jusqu'à preuve du contraire, ce fameux réseau Fly-Tox n'a jamais existé... C'est
pourtant suffisant pour semer le doute dans l'esprit des juges et des enquêteurs. De toute évidence Petiot connaît bien
la Résistance. D'où tient-il ses renseignements ? Personne ne le sait ni ne le saura jamais. Petiot a sans doute appris
beaucoup de choses durant son séjour entre les mains de la Gestapo et c'est là qu'il a pris l'identité du capitaine Valéry.
Mais certaines des révélations qu'il fait à ses juges ont de quoi laisser perplexe...
Petiot a beau se défendre d'avoir tué « pour la France », il n'en reste pas moins que certaines de ses victimes,
comme Yvan Dreyfus ou même le petit René Kneller, que l'on peut difficilement accuser de collaboration, étaient
parfaitement innocentes. Les juges ne s'y laisseront pas prendre. Petiot est un psychopathe. Il a seulement profité de
toutes les opportunités que cette période troublée lui fournissaient.
Le 4 avril 1946, à minuit dix, malgré une défense brillamment menée par maître Floriot, le docteur Marcel Petiot est
reconnu coupable de vingt-quatre des vingt-sept meurtres qui lui sont reprochés. Pour cela, il est condamné à la peine
capitale.
La sentence est appliquée dans la cour de la prison le 25 mai 1946. Jusqu'au bout, Petiot -et il sera bien le seul- aura
espéré une grâce présidentielle et aura proclamé qu'il avait agi pour la France. Il n'aura rien perdu de sa morgue et de
son emphase. Le couperet tombe à 5h05.
Petiot a emporté ses secrets dans la tombe. L'argent ? Disparu ! Deux cents millions évanouis ! Deux cents millions
pour vingt-quatre vies humaines. Quant à la vérité, nous ne la saurons sans doute jamais.
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