La voix. Mardi 31 mai 2011

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La voix. Mardi 31 mai 2011
CULTURE
mardi 31 mai 2011
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Elle ne pleure pas, elle chante à Montréal
Julian Marley vendredi soir à la Kulturfabrik
Le film Elle ne pleure pas, elle chante, de Philippe de Pierpont,
coproduit par Tarantula Luxembourg sera présenté au Festival
des Films du Monde à Montréal, qui aura lieu du 18 au 28 août.
Il est sélectionné en compétition mondiale des premières
œuvres.
Fils du légendaire Bob Marley, Julian foulera les planches de la
Kulturfabrik d'Esch-sur-Alzette le vendredi 3 juin pour nous transmettre
un reggae à la fois moderne, teinté de hip-hop et de r’n’b, mais élaboré
dans la plus pure tradition roots. Infos et billets au tél.: 55 44 93 1 et sur
www.kulturfabrik.lu
Fernand Bertemes expose sur le thème de «la mémoire de l'eau» du 2 au 12 juin à l'Espace Paragon
Face à la mer... et au ciel
Armé, non plus de son chevalet et de ses pinceaux mais de
son appareil photo et de son
œil aiguisé, Fernand Bertermes, 47 ans, a écumé la côte
française d'Arcachon à SaintNazaire pour saisir des instantanés de paysages océaniques. La vague de tableaux
frais qu'il exposera à compter
de ce 2 juin et jusqu'au 12 à
l'Espace Paragon à Luxembourg, est un retour à une
peinture libre de contraintes.
A la lumière de son atelier
parisien, l'artiste s'est entièrement fié à sa mémoire émotionnelle. Pour faire vivre, en
couleur, le ciel et la mer. Rencontre dans son atelier-labocuisine.
■ Son coup de pinceau est rapide, furtif. A la manière d'un
fleurettiste, Fernand Bertemes
tient l'outil par son bout, bras
tendu. L'idée n'est pas d'obtenir
un résultat moucheté mais de
garder la distance nécessaire, à
ses yeux, d'une œuvre vue
comme un ensemble.
Elle évoluera, quitte à être modifiée de fond en comble, jusqu'à
ce que l'artiste soit satisfait de
son travail. Celui d'avoir transposé sur la toile cette émotion
qui l'a touché au bord de l'Atlan-
Après une escapade au bord de l'océan, Fernand Bertemes s'est fié à sa mémoire émotionnelle
tique, les pieds dans l'eau: «Le
tableau est fini quand la magie
est là. Un état atteint sans que je
sache à quoi il tient», résume
Fernand Bertemes.
Cette fois, l'artiste-peintre
luxembourgeois installé depuis
une quinzaine d'années à cinq
minutes de Kangoo (imprégnée
d'une odeur d'acrylique) du péri-
phérique parisien, a délaissé les
vaches dans les prés, les usines en
friches du Sud luxembourgeois,
ses modèles lovés sur le canapé et
même Rodéo (son fidèle bâtard
qui apparaît sur de nombreuses
œuvres), pour s'ouvrir à l'océan,
vu de la terre. Avec comme seule
limite l'horizon, cette ligne où se
rejoignent ciel et mer. «Il n'y a
(Photo: Maurice Fick)
pas une seule plage entre Arcachon et Saint-Nazaire où je ne
me suis pas arrêté», se souvient
Fernand Bertemes qui a parcouru
des journées entières la côte atlantique en septembre 2010. Des
centaines de kilomètres. «J'ai observé entre dix minutes et une
grosse demi-heure. J'ai réfléchi à
ma composition et pris une va-
De l'échantillon à la totalité,
de l'objet au concept: pour
présenter une exposition nouvelle, nous vous proposons un
éclairage sur une œuvre en
particulier, conçu comme une
incitation à visiter l'ensemble
accueillant ce spécimen.
Aujourd'hui,
zoom
sur
Tower of Shade #2, 2006
de Maja Weyermann à la
Fondation de l'architecture et
de l'ingénierie.
Rue bric-à-brac
Le diner des cons
au Café Rocas
L'Atelier Théâtre d'Esthel présente
au café-théâtre Rocas de Luxembourg Le diner des cons de Francis
Veber. Avec la participation de
Myriam Obiegala, Marco Besançon, Frederic Lemoine, Steve Hevessy, Philippe Raynaud, Laure
Gatter, Philippe Corbard.
Les 7, 8, 14, 15, 28, 29 juin à 20 h.
Billets au 691 61 03 42.
■ L'objet. Une structure bétonnée occupe la majeure partie de
l'image. Les volumes adoptent
des angles différents, perturbant
le regard qui cherche, vainement
dans cette composition architecturale stricte, un point central.
Or, l'ensemble du travail de l'artiste est à situer dans la contradiction. Elle juxtapose ici perspective latérale et perspective
centrale. A des photos prises in
situ, elle associe des éléments
tantôt redessinés, tantôt imaginés. Tel un architecte, elle travaille dans la tridimensionnalité,
telle une peintre, elle recrée un
univers, telle une artiste qui
questionne l'espace, elle s'interroge sur la capacité d'un bâti à
influencer les cultures, et inver-
«Tower of Shade #2»
sement. De ces structures de béton, son objectif et son regard
captent ombres et lumières, mais
s'intéressent surtout à la perception et au vécu de cette architecture moderne occidentale en
Inde. Si ses reconstructions numériques proposent des visions
personnelles, elles sont le résultat de dialogues, d'études de
plans originaux, d'interviews
avec les habitants du lieu en
question, Chandigarh, mais
aussi d'architectes et d'urbanistes
qui ont travaillé sur le projet du
Corbusier dans les années 1950.
Le contexte. Partie entre
2006 et 2008 dans la ville qui
regroupe le plus grand nombre
de bâtiments conçus au monde
par l'architecte le plus influent
du siècle dernier, Maja Weyermann a pour objectif d'étudier
les impacts de l'architecture du
Corbusier sur la vie économique,
sociale et culturelle d'une ville
considérée comme le modèle de
l'architecture moderne en Inde.
L'exposition Chandigarh de la
photographe suisse Maja Weyermann présente une sélection de
ses reconstructions numériques
qui questionnent l'architecture
d'un point de vue critique. Outre
une vidéo qui documente les recherches menées par l'artiste,
gue en rafale. Jusqu'à une vingtaine de photos pour bien saisir
le mouvement», explique l'artiste échaudé par une première
expérience sur les plages bretonnes et les frustrations du peintre
qui doit illico remballer son attirail pour cause de marée ou de
ciel s'assombrissant.
C'est là, dans son immense
atelier-labo-cuisine (une ancienne sellerie automobile) que
Fernand Bertemes a, après une
longue période de peinture
contraignante faite de lignes et
de rouages précis, «réaiguisé sa
capacité à saisir l'émotion».
Sur fond de houle musicale (il
peint toujours en écoutant du
rock ou de la musique ultra
contemporaine), Fernand Bertemes a laissé déferler les couleurs
sur les toiles. La mer et le ciel
sont évidemment à dominante
bleu mais, chez lui, le choix de la
couleur est lié à un souvenir
émotionnel.
Si les humeurs de l'océan sont
palpables, les ciels surprenants
de réalisme, ce qui surprend ce
sont les angles de vue qui nous
permettent de voir la mer autrement.
■ Maurice Fick
L'exposition «la mémoire de l'eau»
se déroulera du 2 au 12 juin (tous les
jours de 14 à 19 heures) à l'Espace
Paragon (45, boulevard Joseph II à
Luxembourg.
www.fernbertemes.lu
l'ensemble de ses recréations fascinent tant par la maîtrise des
langages photographique et pictural que par les propositions de
recréation d'espaces, surtout intérieurs, qui établissent nombre
de liaisons entre éléments du
passé, traditionnels ou culturels,
s'adaptant à une architecture venue d'ailleurs.
Au gré des photographies, on
retrouve ainsi des éléments floraux reproduits dans leur abstraction formelle telle une fresque parcourant le mur gauche
d'une rampe, ou un masque cultuel traditionnel exposé dans un
musée prendre une place au-dessus d'un linteau. Dans toute sa
contrariété, c'est l'histoire d'une
adaptation d'un contenu à son
contenant, selon des paramètres
de perceptions divergents. Si
Chandigarh a été considéré
comme suspect au moment de sa
construction, il faut en retenir
une planification et une conception urbaine tellement abouties
que, malgré les inaptitudes architecturales à des conditions climatiques propres, ce projet reste
plus que jamais un modèle architectural au cœur duquel les habitants sont fiers d'habiter.
■ Séverine Zimmer
Jusqu'au 4 juin.