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PRÉSENTATION DU LIVRE DE S.E. EMILIO MARIN, AMBASSADEUR DE CROATIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE, »HO CONOSCIUTO DUE PAPI« PAUL CARD. POUPARD Presidente em. del Pontificio Consiglio della Cultura Città del Vaticano, Palazzo San Callisto 16 UDK: 354.11 Marin, E. 327 (497.5 : 456.31) 262.132 Pregledni članak Primljeno: 15. I. 2011. Le texte, offert par Son Eminence le Card. Paul Poupard, représente son discours prononcé à la Pontificia Università Lateranense, à Rome, le 4 décembre 2008. C’est pour moi un vrai privilège, et en même temps une gageure, d’intervenir après tant de voix autorisées, le Recteur magnifique de l’Université pontificale du Latran, le Recteur du Collège teutonique, et les Ambassadeurs d’Espagne et de Pologne près le Saint-Siège, pour présenter le livre de notre ami, Son Excellence l’ambassadeur de la République de Croatie près le Saint-Siège, et près l’Ordre souverain militaire de Malte: »Ho conosciuto due Papi«, qui inaugure une collection prometteuse: »testimonianze«, aux Presses universitaires du Latran, avec une présentation substantielle de Son Excellence Monseigneur Nikola Eterović, Secrétaire général du Synode des Evêques. Notre auteur nous partage généreusement ses émotions et réflexions sur les pas de Jean-Paul II et de Benoît XVI, et il le fait avec brio, en se présentant aux lecteurs comme un vieil archéologue et un jeune ambassadeur, qui est aussi professeur à l’Université de Split et membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, de l’Institut de France. Si j’ai alors quelque qualité pour intervenir au terme de cette présentation prestigieuse, ce sera sans doute comme Président émérite du Conseil pontifical de la culture et du Conseil de coordination entre Académies pontificales, qui a eu le privilège de connaître quatre papes. 1209 Kačić, Split, 2009.-2011., 41-43 Le témoignage émouvant de notre ambassadeur se présente d’abord comme une rencontre avec l’histoire. Et il est bien vrai que, de la tombe de Pierre sur laquelle se dresse la basilique Saint-Pierre, au successeur de Pierre dont la résidence a été érigée dans sa proximité immédiate, deux millénaires d’histoire se sont inscrits dans une continuité impressionnante qui s’offre à la méditation du croyant et à la réflexion de l’historien. La plus vieille institution du monde, la papauté, incarnée hier de façon flamboyante par Jean-Paul II, et assumée aujourd’hui avec ferveur par son successeur Benoît XVI, n’est pas en effet une abstraction. Le pape, comme l’évoque notre ambassadeur dans son double témoignage, est une personne bien vivante. Et il est émouvant de suivre le professeur Emilio Marin dans son itinéraire romain, de la présentation de ses lettres de créance au pape Jean-Paul II, lutteur déjà affaibli par l’âge et les épreuves, mais toujours intrépide, à ses rencontres avec le cardinal Joseph Ratzinger, devenu Pape Benoît XVI, et demeuré »mon cher confrère« académique. Le beau témoignage de l’Ambassadeur Emilio Marin nous fait toucher du doigt, par delà deux millénaires d’une histoire contrastée, une continuité qui impressionne les historiens, et est pour les croyants, le développement homogène d’un germe d’éternité semé dans le temps. »Car le spirituel est lui-même charnel«, disait mon compatriote le poète Charles Péguy, »et l’arbre de la grâce est raciné profond«. Le successeur de Pierre n’est pas une mythique soucoupe volante tombée du ciel de Pologne ou de Bavière sur les bords du Tibre, mais une personne concrète en chair et en os, avec son histoire personnelle, la culture qui l’a façonnée, et qui, pour n’en être pas moins homme, est transmué en vicaire du Christ, porteur de l’anneau du pêcheur de Galilée. L’Ambassadeur Emilio Marin a le don de nous introduire par touches successives au cœur d’un univers souvent considéré comme mystérieux, tant son évocation médiatique habituelle oscille de l’anecdotique à l’anachronique. Notre ambassadeur, à l’inverse, nous fait toucher du doigt, comme aurait dit Pascal, l’auteur des »Pensées«, que le mystère de la papauté est d’un autre ordre. Des funérailles du pape Jean-Paul II à l’intronisation du ministère pétrinien de son successeur, la grandiose célébration liturgique de l’Eglise, à la fois surhumaine et touchante d’humanité, emplit de force et de beauté, de tendresse et de gravité l’immense espace de la place Saint-Pierre, entre les deux bras grands ouverts de la colonnade du Bernin, déjà sur cette terre un peu de Paradis. En lisant d’un trait les pages écrites par Emilio Marin, me revenaient en mémoire les réflexions du jeune Monseigneur Gian Battista Montini, futur pape Paul VI, dont j’ai été longtemps le collaborateur à la Secrétairerie 1210 P. Poupard, Predstavljanje knjige »Upoznao sam dva pape« d’Etat, sur le Vatican: »Regarder et comprendre«, disait-il. Ailleurs, »il suffit de regarder; ici, il faut aussi comprendre. Car ici il survit quelque chose d’infiniment présent, quelque chose qui appelle la réflexion, qui exige une rencontre, qui impose un effort intérieur, une synthèse spirituelle… Le Vatican n’est pas seulement le passé, c’est la demeure du Pape, d’une autorité toujours vivante et agissante«. C’est le mérite de l’Ambassadeur Emilio Marin qui, en nous faisant partager ses émotions et réflexions sur la fin du pontificat de Jean-Paul II, le grand, et le début du pontificat de son successeur Benoît XVI, nous introduit, avec sa propre sensibilité croate, au cœur du mystère de l’Eglise catholique, éducatrice des peuples européens, dans le respect de leurs valeurs nationales, creuset de cette identité culturelle qu’ils n’auraient pu atteindre sans le partage et l’incarnation des valeurs reçues de l’Evangile. L’ambassadeur, toujours archéologue, sait que notre avenir européen est indissolublement lié à notre mémoire méditerranéenne. Le »Mare nostrum« des Romains est peut-être, parmi toutes les mers intérieures du globe terrestre, celle qui unit la plus grande variété de peuples venus s’implanter sur ses rivages qui bordent à la fois trois continents. Les grandes civilisations du passé ont disparu, mais elles nous ont laissé un héritage qui ne cesse d’alimenter notre existence quotidienne et notre odyssée terrestre, du temps des hommes vers l’éternité de Dieu. Je sais gré à l’Ambassadeur de Croatie, en nous partageant son discours d’intronisation »Sous la coupole« des bords de Seine, de nous rappeler que, si toute l’Europe n’est pas la Méditerranée, ni toute la Méditerranée l’Europe, les relations n’en sont pas moins vitales entre l’une et l’autre, et que notre avenir dépend de leur interrelation vitale, et de notre capacité de jeter un pont vivant entre l’identité du cœur et l’universalité de la raison, la singularité de notre enracinement charnel et l’universalité de notre vocation catholique. SAŽETAK - SUMMARIUM PREDSTAVLJANJE KNJIGE EMILIJA MARINA, VELEPOSLANIKA HRVATSKE PRI SVETOJ STOLICI, »UPOZNAO SAM DVA PAPE« Hrvatska verzija toga govora objavljena je u hrvatskom izdanju knjige Emilija Marina, Upoznao sam dva pape – Pripovijest o čuvstvu i promišljanju na tragu Ivana Pavla II. i Benedikta XVI., Kršćanska sadašnjost - Crkva u svijetu, ZagrebSplit, 2009., 83-85. 1211 Kačić, Split, 2009.-2011., 41-43 Naslovna stranica knjige E. Marina, »Ho conosciuto due papi« (Roma, 2008.) 1212