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SOMMAIRE 3 Jean-Claude Pacitto. Éditorial. 5 Coralie Damay, Nathalie Guichard. Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants. 23 Agnès Helme-Guizon, Fanny Magnoni. Les marques sont mes amies sur Facebook : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance. 35 Sylvaine Castellano, Vincent Dutot. Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux. Actualités 53 Sylvain Mbongui-Kialo. Le brevet comme instrument de veille technologique et d’innovation : une application au secteur automobile. 63 Agenda. 67 Actualités Juridiques : Le projet de « Class Action » à la française : réparation collective ou arme de dissuasion ? 71 Vient de paraître. 73 À lire sur le net. 79 La RFM a lu pour vous : Brève critique de la responsabilité marketing. Rénover un magasin : une stratégie réellement rentable ? Le Category Management (et son « capitaine de catégorie ») : un intérêt réel pour le revendeur ? 83 Bulletin d’abonnement à la R.F.M. 84 Note aux auteurs. CAHIER 243 SEPTEMBRE 2013 Photo de couverture : iStockphoto REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ÉDITORIAL Le thème de l’enfant consommateur est en marketing souvent évoqué et étudié. Pour autant, deux questions se posent : si l’on admet que le prix est un élément fondamental dans les choix que pose le consommateur, quel que soit son âge, quelle stratégie adopter en la matière lorsque l’on s’adresse aux plus jeunes d’entre eux ? Et, seconde question liée à la précédente, comment les enfants traitent-ils les informations relatives au prix ? Le premier article intitulé « Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants » apporte, concernant ces deux questions, des éclairages intéressants. D’une part, cet article révèle une forte hétérogénéité dans la manière de positionner le prix de la part des enseignes qui reflète, bien entendu, pour une bonne partie leur positionnement primordial. Mais, d’autre part, elle n’en rend pas toujours la lecture aisée de surcroît lorsque l’on s’adresse à des consommateurs très jeunes d’où la difficulté pour ces derniers à traiter l’information-prix dans les catalogues de jouets qui leur sont destinés. L’auteure de l’article formule, de ce point de vue, des recommandations que beaucoup d’enseignes auraient intérêt à prendre en compte. L’irruption des réseaux sociaux ne pouvait pas être sans conséquences dans la définition des stratégies marketing. Même si l’utilisation de ces réseaux peut être ambivalente pour les marques, il n’en demeure pas moins qu’ils constituent des outils privilégiés pour construire des relations privilégiées avec les clients. Les marques ne peuvent plus les ignorer et Facebook est devenu un acteur incontournable dans la construction de ces liens nouveaux. Une stratégie marketing ne peut, pour autant, s’élaborer sur des généralités, car ce qu’il importe de connaître pour les marques c’est le profil de leurs « fans », comment ils utilisent le réseau social et quelle est, via Facebook, leur relation particulière à la marque. Le second article intitulé « Les marques sont nos amies : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance » révèle des résultats qui permettront aux marques de mieux affiner leurs stratégies dans la construction d’une relation toujours plus personnalisée avec leurs clients. Car, et comme le montrent les auteures, il existe des profils de fans très différenciés qui n’induisent pas du tout les mêmes stratégies de la part des marques. La relation à la marque via Facebook est plus complexe parce qu’hétérogène. Entre le fan Passif et le fan Intéressé, les motivations sont très contrastées de même que leur relation à la marque. Le fan idéal-type pour les marques, à savoir le fan Modèle, reste minoritaire. De ce point de vue, les recommandations faites par les auteures pour transformer le maximum de fans en fans Modèle montrent comment la connaissance des processus, quels qu’ils soient, constituent toujours le préalable à une action en profondeur sur les comportements. La montée en puissance des médias sociaux pose la question de l’impact qu’ils peuvent avoir sur la réputation des entreprises. L’e-réputation a fait son apparition et est devenue de plus en plus un centre de préoccupation 3 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 pour les entreprises car plus difficile à circonvenir. Quelle relation entretient dès lors l’e-réputation avec la réputation en général, les deux sontelles aussi éloignées que la littérature le prétend, ou est-il possible de les intégrer ? L’article intitulé « Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux », s’est intéressé au secteur du tourisme. Les auteurs montrent que, d’une part, l’e-réputation est perçue comme un tout et que les entreprises ne peuvent donc pas s’engager sur un seul facteur ou sur quelques facteurs et que, d’autre part, même si les points de convergence entre réputation et e-réputation sont nombreux, on est face à deux réalités différentes, deux réalités pour autant interdépendantes. La gestion de l’e-réputation nécessite donc des stratégies différentes et, par là même, des outils différents. C’est un des mérites de l’article que de donner des recommandations précises qui seront utiles aux entreprises de plus en plus confrontées aux défis de l’eréputation et à ses conséquences. Dans la construction de leur e-réputation, les entreprises ne sont pas impuissantes pour autant qu’elles sont en mesure d’en appréhender toutes les facettes. On comprendra aussi que la gestion de l’e-réputation va être au centre de nombre de stratégies d’entreprise et, qu’à ce niveau, les entreprises auront de moins en moins le droit à l’erreur. Pour conclure et dans notre rubrique Fenêtre sur, l’article intitulé « Le brevet comme instrument de veille technologique et d’innovation : une application au secteur automobile » révèle comment l’attention portée aux brevets des tiers peut être bénéfique tant pour les performances générales de l’entreprise que pour sa propension à innover. Comme le souligne l’auteur, il ne faut jamais perdre de vue qu’avant d’être un instrument juridique, le brevet est « une véritable source d’informations scientifique et technologique » et que l’information ainsi captée peut déboucher sur de l’innovation. De ce point de vue, le brevet ne doit plus être considéré comme un seul output mais comme un input fondamental, nécessaire à la réalisation de stratégies fondées sur la performance et l’innovation. Dans cette perspective, il intéresse les sciences de gestion. Enfin, la veille technologique appliquée aux brevets aide à la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les industriels et ce n’est pas le moindre de ses mérites. En vous en souhaitant une bonne et fructueuse lecture. Jean-Claude Pacitto Rédacteur en chef adjoint de la RFM 4 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 PRÉSENTATION DES PRIX DANS LES CATALOGUES DE JOUETS ET TRAITEMENT COGNITIF DES PRIX INDUITS CHEZ LES ENFANTS Coralie DAMAY(1) Enseignante-chercheur de Marketing, ISC Paris Nathalie GUICHARD(2) Maître de conférences – HDR, Laboratoire PRISM-Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Les auteures remercient Annie Llorca, Directrice de l’Observatoire des Enfants et des Jeunes, pour l’entretien qu’elle nous a accordé et pour avoir ainsi partagé son expertise sur la conception des catalogues de jouets. Résumé Dans cette recherche, nous nous intéressons aux différentes présentations de prix dans des catalogues de jouets. Nous nous focalisons tout d’abord sur le processus de « rédaction » de la liste de Noël chez les enfants et, en particulier, leur recours au catalogue et aux prix qu’il comporte. Une analyse circonstanciée de l’affichage des prix dans ces différents supports permet ensuite de déterminer les processus cognitifs induits chez les enfants suivant les différentes techniques de présentation des prix. Mots clés : Enfant - Prix - Catalogue de jouets - Traitement cognitif - Noël. PRICE DISPLAY IN TOYS CATALOGUE AND CHILDREN’S COGNITIVE PROCESS DUE TO THIS PRESENTATION Abstract This research deals with the different ways to present price in a sample of toys’ catalogues. It first focuses on the writing process of Christmas list by children and more precisely on their use of catalogues. If they use catalogues we wonder if children pay attention to prices. Secondly, an elaborate analysis of price display in catalogues allows determining cognitive processes infer on children depending on the various price presentation technics. Key w or ds : Children - Price - Toys catalogue - Cognitive process - Christmas. (1) Courriel : [email protected] (2) Courriel : [email protected] 5 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM sir la vitesse de transmission de l’information. En particulier, chez les plus jeunes enfants, les médias imprimés favorisaient la connaissance et la restitution des prix (Stephens, Moore, 1975). Le catalogue de jouets est, de surcroît, un support particulièrement impliquant, notamment à l’approche du 25 décembre. INTRODUCTION Si la situation de crise que connaissent de nombreux pays européens affecte incontestablement les dépenses des consommateurs, la Fédération Française du Jouet confirme la bonne santé du secteur du jouet en France(3). Les jouets apparaissent ainsi comme une catégorie de produits préservée que les consommateurs-adultes ne sont pas encore prêts à sacrifier et la période de Noël est, à cet égard, un moment crucial pour l’activité du secteur(4). L’enfant, cible directe de cette catégorie de produits(5), est depuis longtemps au cœur de différents travaux de recherche, tant son rôle d’acteur économique est aujourd’hui indiscutable (McNeal, 1992 ; Roedder John, 1999 ; Brée, 2012). Pourtant, parmi l’ensemble des études consacrées à cette cible particulière, celles qui concernent sa relation au prix ne sont pas légion et sont, pour la plupart, relativement récentes (Damay, 2008 ; Damay, Guichard et Clauzel, 2011). La complexité croissante des stratégies de prix des entreprises ciblant les adultes(6) invite à s’interroger sur la façon dont cette variable est considérée lorsque ces dernières visent plus particulièrement les enfants. Plus précisément, différents travaux (e.g.. Schindler, Wiman, 1989 ; Schindler, Kirby, 1997 ; Gueguen, Legoherel, 2004) ont permis de mettre en exergue l’impact de la présentation des prix (prix rond versus avec décimales, différentes terminaisons du prix) sur l’image qu’ils renvoient et leur impact sur la demande. Or, si l’attitude des enfants à l’égard de différents formats de prix a déjà été envisagée en recherche marketing (Damay, Guichard et Clauzel, 2011), le traitement de l’information-prix des catalogues n’a, lui, pas été considéré. Or l’enfant, parce qu’il est aujourd’hui de plus en plus souvent en prise directe avec des situations d’achat variées, est exposé à de nombreuses informations commerciales, dont le prix. Parmi ses différentes occasions d’être confronté à cette information numérique, la lecture du catalogue de jouets est sans doute l’un des moments privilégiés. Pour les jeunes enfants, le catalogue, contrairement aux spots publicitaires télévisés, « constitue un support tangible » (Elmanssouri, 2010). L’enfant peut feuilleter le catalogue et traiter l’information qui y figure à son rythme, sélectionner des images, les découper, etc. Si le catalogue de jouets pâtit des mêmes défauts que la presse magazine adressée aux enfants qui « offre beaucoup moins de possibilités d’exécution (statique versus dynamique, muet versus sonore…) que la télévision » (Guichard, Pécheux, 2012), il est un pourvoyeur d’idées et sert de matériau à l’élaboration de nombreuses lettres envoyées au Père Noël. Le catalogue de jouets, comparé au magasin par exemple, permet à l’enfant d’avoir une vision holiste et synthétique de l’offre produits de l’enseigne et il est, quel que soit son format, facilement manipulable et/ou transportable. Les linéaires des magasins, même s’ils apportent leur lot de rêves aux enfants, par l’exposition directe avec les packagings des jouets, ne permettent pas une telle synthèse. Par ailleurs, les médias de l’écrit permettent une élaboration cognitive plus grande car le lecteur peut choi- Si la plupart des catalogues de produits ne ciblent pas les enfants, ceux de jouets les concernent au premier chef – principalement les enfants de maternelle et de primaire(7) –, notamment à l’approche de la fête de Noël. Ces catalogues sont nombreux et divers tant dans leur format que dans leur contenu. Parmi les nombreuses informations qu’ils renferment, figurent fréquemment les prix, présentés de manière non uniforme. Dès lors, il est légitime de s’interroger sur ce que cette présentation hétérogène (3) En 2011, 243,3 millions de jouets ont été achetés en France (+3 % versus 2010), soit un marché total de 3,329 milliards d’euros (+5% versus 2010) (source : fjp.fr/actus/actualites). (4) Les Français dépensent en moyenne 242 € par an et par enfant de moins de 15 ans. Le quatrième trimestre 2011 a représenté 60 % des ventes de l’année (source : fjp.fr/actus/actualites). (5) Plus de 12 millions d’enfants de moins de 15 ans en France, 34 % sont âgés de 7 à 11 ans. (6) « Les prix n’ont plus de valeur », Enjeux Les Échos, février 2010, p. 24-30. (7) Considérant que le traitement du prix ne s’opère que lorsque l’enfant a appris les nombres, notre travail concerne les enfants de primaire (6-11 ans). 6 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard génère comme mode de traitement du prix chez les enfants, notamment en termes de difficultés des tâches cognitives requises. L’identification de ces processus devrait permettre de mieux comprendre comment les prix sont potentiellement traités par les enfants et la place qu’ils peuvent dès lors prendre dans leurs choix. De surcroît, le rapport enfant-prix qu’instaure le distributeur via le catalogue joue vraisemblablement un rôle dans la construction de l’image-prix de l’enseigne aux yeux des enfants. L’étude devrait également permettre de proposer des pistes aux managers pour l’élaboration de leurs catalogues du point de vue de l’information-prix. LE CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE Le prix chez les enfants L’ensemble des recherches n’aboutit pas à des résultats concordants sur le rôle dévolu aux prix par les enfants lors de leur processus d’achat (i.e. Mc Neal, 1992) ni sur leur niveau de connaissance des prix (e.g. Stephens, Moore, 1975). La majorité d’entre elles cependant, notamment les plus récentes, permet de conclure à une prise en compte de cette information lors du processus de choix des enfants, plus ou moins déterminante selon différents de scénarios (variant suivant le destinataire, la source d’argent…) et à une relative connaissance des prix par les plus jeunes (Damay, Guichard, 2007 ; Damay, 2008). Dans ce contexte, et afin d’appréhender le traitement du prix dans les catalogues de jouets par les enfants, une première étude, de nature exploratoire, a été conduite afin d’étudier le processus de « rédaction » de la liste de Noël chez les enfants de primaire. Il s’agissait de vérifier, dans ce processus, le recours par les enfants au catalogue, d’une part, leur utilisation d’informations – notamment les prix – figurant dans ces supports, d’autre part. Une étude portant sur les prix dans les catalogues pour enfants n’est en effet pertinente que si cette information est d’une façon ou d’une autre mobilisée par les enfants lors de la construction de la liste. Dans un deuxième temps, nous avons mené une analyse circonstanciée de la présentation des prix dans différents catalogues de jouets, pour tenter de déterminer les processus cognitifs induits, chez les enfants, par les différentes techniques de présentation des prix. Le traitement cognitif des prix induit par leur forme et leur terminaison Les recherches qui portent sur le traitement des prix par le consommateur concernent principalement l’adulte. Mais, elles méritent d’être présentées car elles permettent une première compréhension des processus cognitifs liés au traitement des prix. Différents chercheurs se sont intéressés au traitement des prix par le consommateur en fonction de leur forme (ronde ou décimale) et de leur terminaison, prenant appui sur le constat d’une surreprésentation des terminaisons en 0, 5 et 9 dans les prix observés (e.g. Martin, Védrine, 1991 ; Schindler, Kirby, 1997). Il semble ainsi que la terminaison du prix ne soit pas neutre dans le traitement des prix. Selon Schindler et Wiman (1989) en effet, les individus font davantage d’erreurs de rappel quand le prix se termine par 9 que lorsqu’il se finit par 0. Les répondants ont, en outre, tendance à produire davantage de prix à terminaison nulle dans leur tâche de rappel. L’article comporte une première partie qui présente de façon synoptique les résultats des principaux travaux relatifs à la relation au prix des enfantsconsommateurs. Elle évoque également la diversité des traitements cognitifs induits par des présentations différentes du prix (typographie, terminaison…). Ce premier développement est aussi l’occasion de souligner la place particulière de la liste de Noël dans la vie de l’enfant-consommateur et de présenter les travaux qui ont porté sur les catalogues de jouets. La deuxième partie de l’article expose la méthodologie adoptée pour cette recherche tant lors de la phase exploratoire, que lors de l’étude des catalogues. La présentation des résultats et leur discussion font l’objet des deux parties suivantes. L’article se termine par l’évocation des principales limites, des voies de recherche et des implications managériales qui découlent de l’étude. Les effets du format des prix sur la propension des consommateurs à acheter les produits (que ce soit en termes d’intention d’achat ou d’achat effectif) ne sont pas attestés et les résultats des recherches ne sont pas convergents (e.g. Ginzberg, 1936 ; Wagner, Beinke, 2006). Selon Schindler et Kibarian (1996), une terminaison en 99 d’un prix de forme décimale conduirait à une augmentation des ventes compara- 7 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM tivement à une terminaison en 00 alors qu’un prix se terminant par 88 ne produirait aucune différence significative. mieux comprendre le traitement de cette variable par les enfants. Une étude récente (Damay, Guichard et Clauzel, 2011) a par ailleurs montré que, conformément aux présupposés issus des travaux de cognition numérique, les enfants préfèrent les prix ronds ou les terminaisons en 00 lorsque les prix ont une forme décimale. D’autres travaux ont permis d’identifier un lien entre la présentation du prix et l’image qu’il produit (Schindler, 2006). La mémorisation d’une terminaison en 0 étant plus simple, elle entraîne une perception plus favorable de l’offre et peut, dès lors, conduire à la formation d’un prix de référence. Une terminaison en 9 induit, quant à elle, soit une perception du prix plus basse que ce qui était attendu par le consommateur (Schindler, Kirby, 1997), soit une association aux soldes (Hawkins, Hoch, 1992). Le catalogue et la liste de Noël des enfants Choisir le catalogue de jouets comme matériau d’études du traitement des prix par les enfants amène à considérer les travaux de recherche qui ont porté sur les pratiques de consommation liées à la période de Noël d’une part, au contenu des catalogues d’autre part. Par ailleurs, la métaphore de la ligne mentale numérique a été mobilisée dans différentes recherches pour décrire le processus automatique au cours duquel le nombre est d’abord considéré dans son intégralité puis transformé en une quantité approximative située sur une ligne de forme logarithmique (Dehaene, 1992)(8). En conséquence, les nombres sont traités de manière approximative, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un nombre élevé (Dehaene, Marques, 2002). Ce concept, issu de la cognition numérique, est ainsi mobilisé pour tous les nombres, y compris les prix (Dehaene, Marques, 2002 ; Damay, 2008). Au sein du premier groupe de ces recherches, certaines ont ainsi permis d’élaborer des typologies de cadeaux reçus à Noël, notamment selon le développement cognitif de l’enfant (Schaaper, 2006). La constitution de la liste de Noël, activité à laquelle de nombreux enfants s’attèlent avec bonheur, a également été appréhendée en tant que moment clé de cette période, que ce soit sous l’angle expérientiel ou sous celui des compétences, variables, de l’enfant-consommateur (Ezan, Roederer, 2006). Dans une perspective plus managériale, l’analyse structurelle des listes de Noël permet de mieux comprendre les représentations du Père Noël et de proposer « des actions commerciales respectueuses de l’imaginaire et des valeurs de l’enfant » (Roederer, 2008). Enfin, la culture occidentale conduit à adopter un sens de lecture de gauche à droite. Cette imprégnation culturelle, qui débute dès l’enfance, n’est évidemment pas neutre dans notre façon de lire les prix : elle induit qu’une attention plus grande est portée au(x) premier(s) chiffre(s) d’un nombre (Thomas, Morwitz, 2005). Par extension, l’attention accordée à la partie entière d’un prix de forme décimale est plus élevée et sera ainsi mieux mémorisée (Guéguen, Legoherel, 2004). Le second groupe de ces recherches est centré sur les catalogues de jouets. De nombreuses études en sociologie et psychologie ont ainsi eu pour objet d’étudier le contenu des pages, principalement sous l’angle de la sexualisation des enfants par les jouets et la représentation sociale des deux sexes (e.g. Chaumier, 2004). En marketing, c’est l’attitude des enfants à l’égard du catalogue qui a été envisagée du point de vue des préférences à l’égard des marques de jouets (Elmanssouri, 2010). Le prix, en tant que tel, a rarement été considéré, encore moins dans le contexte de la liste de Noël. Ainsi, l’étude sur les Le traitement de l’information-prix chez les enfants selon leur présentation De nombreux chercheurs (à l’instar de Piaget et Inhelder (1966)) ont souligné la place prépondérante de la perception visuelle chez les enfants, notamment les plus jeunes. Cette prégnance des caractéristiques visuelles chez la population enfantine a déjà été mise en parallèle avec la constitution numérique des prix (Damay, 2008) ; elle a ainsi permis de (8) Des recherches, à l’instar de Chillier (1999), ont permis d’attester l’existence de cette ligne chez les plus jeunes ; elles soulignent cependant que la ligne mentale des enfants est plus compressée que celle des adultes. 8 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard Tableau 1 Composition de l’échantillon des enfants(9) CP Filles Garçons 2 CE1 1 1 CE2 1 1 CM1 1 CM2 2 2 aux enfants qui avaient pour seule instruction de réaliser leur liste de Noël. En particulier, la consultation des catalogues n’était pas imposée. La durée de l’exercice a fortement varié selon les enfants : de 10 mn à 2 h 30 sans que l’on puisse établir de lien entre l’âge et le temps de réalisation de la liste. catalogues de jouets de Noël menée par FèvrePernet (2005), qui vise à mettre au jour les mécanismes de la communication persuasive dans ces supports, passe en revue l’ensemble des productions polysémiotiques (textes + images) des catalogues mais occulte totalement le prix. Ezan et Roederer (2006) soulignent cependant que les enfants sont aujourd’hui bien informés et qu’il n’est pas rare qu’ils comparent les prix des différents catalogues entre eux. Pendant cette activité, les enfants n’étaient pas contraints au silence. Bien au contraire, ils pouvaient à tout moment faire partager les idées qui leur traversaient l’esprit lors de la constitution de la liste. Les chercheurs s’appuyaient sur ces déclarations spontanées pour approfondir le processus d’élaboration de la liste. Par ailleurs, un petit guide d’entretien, comportant 6 questions, permettait de compléter les commentaires des enfants et d’expliciter les raisons de leurs choix. Aucune question du guide ne portait spécifiquement sur le prix. Cette variable n’a été abordée qu’à l’initiative des enfants. MÉTHODOLOGIE Notre recherche comporte deux étapes. Dans un premier temps, une étude exploratoire qualitative a été conduite afin de comprendre les éléments pris en compte par les enfants lors de l’élaboration de la liste de Noël. À cet effet, onze enfants de primaire âgés de 6 à 11 ans (tableau 1) ont été invités à l’approche de Noël 2011 à établir la liste des jouets qu’ils souhaitaient recevoir puis à la décrire et à la commenter. Dans un second temps, nous avons étudié la présentation des prix dans vingt catalogues de jouets afin de faire émerger plus spécifiquement les processus induits par des approches de prix variées. Nous avons ainsi procédé à une analyse de contenu de différents types de catalogues de jouets pour enfants édités pour Noël 2011 correspondant à différents formats de magasin situés en Ile de France, ou à des fabricants de jouets (tableau 2). La borne supérieure de cette tranche d’âge se justifie par le fait qu’une fois entrés au collège, les enfants voient leurs goûts évoluer et considèrent une palette de produits sans doute plus large que la simple catégorie « jouets ». Le procédé de la liste de Noël pour manifester ces vœux est alors moins mobilisé. En sens inverse, il apparaît qu’en dessous de 5-6 ans, les enfants sont encore trop « petits » pour concevoir une liste renseignée, c’est-à-dire recourant à des éléments textuels (nom du produit, âge requis, prix…) car cet exercice suppose de savoir à peu près lire et écrire. Ils peuvent certes se faire aider mais la rédaction de la liste est alors sans doute moins spontanée du fait de l’intervention d’un adulte. Une grille d’analyse a été constituée par les chercheurs à l’issue d’une première lecture de l’ensemble des catalogues. Cette grille a ensuite servi de base à une analyse systématique – menée individuellement par chacun des chercheurs – de la présentation des prix dans chacun des catalogues. Les analyses ont ensuite été comparées, complétées le cas échéant, puis fusionnées afin de disposer d’un matériau unique. Pour constituer leur liste, les enfants avaient à leur disposition différents catalogues de jouets, des feuilles blanches, des feutres, des ciseaux, de la colle… Une totale liberté de réalisation était donnée (9) Seuls un garçon en CP et un garçon en CE1 croyaient encore à l’existence du Père Noël. 9 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Tableau 2 Origine des catalogues étudiés ENSEIGNES Grands distributeurs Auchan, Monoprix, E. Leclerc, Carrefour Grands magasins Le Bon Marché, BHV, Galeries Lafayette Enseignes spécialisées La Grande Récré, Oxybul Éveil et Jeux, Joué Club, Nature & Découvertes, FNAC Enseignes moyennes 123 familles, Le petit bonhomme de bois MARQUES Fabricants de jouet Lego, Playmobil, Djeco, Schleich, Papo, Sylvanian Families recherche : les prix. Cette grille comprend un premier thème relatif à la description des catalogues (taille, volume, nombre et intitulés des univers, couleurs des rubriques et des pages, etc.). S’agissant des prix, une première arborescence distingue les catalogues suivant le type d’affichage : classes de prix versus prix précis. Sont ensuite reportées dans la grille toutes les caractéristiques de leur présentation. Dans le cas des prix présentés sous forme de fourchettes, tous les éléments constitutifs de ces classes de prix sont répertoriés : nombre de classes, amplitude, format et terminaison des limites inférieures et supérieures, nature de la légende, couleurs, etc. Le même travail d’inventaire a été réalisé sur les prix précis : emplacement dans la page et position par rapport au visuel du jouet, nombre de produits/prix par page, taille de police, couleur du prix versus couleur du fond le cas échéant, format, terminaison, place du signe €, taille respective des parties entières versus décimales, juxtaposition éventuelle de plusieurs prix, différences possibles de polices entre le descriptif du jouet et le prix. Il faut tout d’abord souligner que tous les enfants (qu’ils croient encore ou non au Père Noël) ont établi leur liste de Noël comme un exercice allant de soi. Aucun enfant n’a paru contraint et chaque enfant s’est plié à l’exercice avec plaisir. Tout d’abord, l’analyse des résultats fait émerger trois types de relation au prix lors de l’élaboration de la liste de cadeaux. Un premier groupe d’enfants ne semble pas concerné par cette variable (aucune mention orale, aucune indication écrite dans leur liste). Un deuxième groupe évoque les prix lors de la sélection de produits mais ne les signale pas dans sa liste. L’information est recherchée et certains produits sont même comparés sur la base de cette variable : « c’est un peu bizarre que les talkies walkies coûtent aussi cher que le télescope. Normalement, un télescope ça coûte plus cher » (G(10). CM2). Mais, au final, aucune mention de prix ne figure sur la liste une fois achevée : « je mets pas les prix, je regarde pas vraiment les prix mais je me fais une idée dans ma tête. Je me dis c’est pas trop cher car une copine m’a déjà offert presque le même » (F. CM2). Enfin, le dernier groupe d’enfants évoque les prix lors de la réalisation de la liste et les fait figurer sur la liste en les découpant avec la photo du produit qui les intéresse ou en les écrivant : « J’entoure et marque le nom de la chose et ensuite j’écris et je mets LA PLACE DU PRIX DANS LA LISTE DE NOËL L’étude exploratoire a permis de collecter un grand nombre de données, les enfants étant plutôt diserts concernant Noël et ses préparatifs, parmi lesquels figure la liste de Noël. Nous ne mentionnons ici que ceux ayant directement trait à notre sujet de (10) G. pour garçon et F. pour fille. 10 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard fie alors sur la légende (de 75,01 à 100 €). Au cours de l’exercice, il s’est en effet plusieurs fois reporté à la légende et il est capable de préciser immédiatement qu’elle se situe « page 7 ». Un autre enfant (garçon de CE2) va s’étonner de l’absence de mention des prix au sein de certains catalogues « Dans Lego il y a pas les prix… ! » démontrant ainsi l’importance que revêt cette information à ses yeux. le prix » (G. CE2). Le deuxième résultat est que la plupart des enfants ont mentionné, d’une façon plus ou moins explicite, une forme de contrainte budgétaire, y compris ceux qui croient encore à l’existence du Père Noël : « je vais faire plaisir au Père Noël, je vais pas en prendre hyper beaucoup. Ça c’est trop énorme, je peux pas le prendre (…) ça va être trop dur pour le Père Noël, il y a trop de choses » (G. CE1). Chez les enfants qui ne croient pas au Père Noël, ce sont les parents qui sont évoqués, soit comme censeurs, soit comme décideurs ultimes : « Je mets ce qui me plait le plus et pas trop cher. Je les mets et après maman me dit on verra » (G. CE2). L’ensemble des résultats de cette étude exploratoire confirme que cette variable sert d’une manière ou d’une autre à une majorité d’enfants lors de l’élaboration de leur liste de Noël. Certes, la mention des prix n’est-elle pas toujours apparente dans les listes mais l’information-prix est incontestablement saillante pour nombre d’entre eux (ne serait-ce qu’en termes de contrainte budgétaire). Ces premières conclusions justifient de s’intéresser au traitement des prix figurant sur les catalogues par les enfants. Deux approches du prix doivent être distinguées selon le type de liste, longue ou réduite. Certains enfants élaborent une liste qui comporte un ensemble de propositions dans lequel les cadeaux offerts seront piochés. L’enfant ne s’attend pas à obtenir l’intégralité de sa liste. Dès lors, c’est la valeur unitaire de chaque produit qui est considérée « je ne sais pas si je le prends car il coûte vraiment cher » (G. CM1). D’autres enfants construisent une liste plus réduite avec l’espoir qu’elle sera parfaitement respectée. C’est alors le niveau de prix global qui est évalué : « Sur ma liste j’ai mis moyen, entre deux et trois, parce que je sais que le « Père Noël » ne va pas m’apporter tout ce que je mets. Mais si j’en mets moins, peut-être qu’il va tout m’apporter » (F. CM2). Une cacophonie dans la présentation des prix L’analyse de contenu des catalogues menée dans un deuxième temps permet de constater l’absence d’harmonie dans l’affichage des prix inter catalogue. Mais, avant d’aller plus avant, une première observation permet de remarquer qu’ils diffèrent tous selon deux variables : leur taille (de 13,8 x 21 cm à 21 x 29,5 cm) et leur volume (de 23 à 730 pages). Si les catalogues sont fréquemment scindés en univers fondé sur l’âge des enfants, certains adoptent d’autres découpages basés sur le sexe du destinataire du jouet ou encore sur la nature des jeux présentés, voire superposent deux ou trois classements. Le nombre de jouets présentés au fil des pages est également sujet à variation. Aucune règle ne semble non plus dominer quant à la couleur des pages du catalogue. Certaines enseignes optent pour des pages blanches ou majoritairement blanches, sur lesquelles les produits se distinguent aisément. Pour d’autres, c’est la couleur de l’univers de référence qui prime. Les pages apparaissent de fait parfois avec un fond uni parfois avec un fond dégradé. Au final, le design des pages est plus ou moins clair et le contenu en termes d’informations des pages plus ou moins chargé. Finalement, différentes réactions spontanées relatives au prix ont été relevées chez certains enfants, démontrant un intérêt pour cette variable, et notamment pour sa présentation. À titre d’exemple, un garçon de CM1 s’interroge sur la multiplicité des prix indiqués pour un produit : « cela veut dire quoi cagnotte déduite(11) ? ». Lorsque l’enquêteur lui demande la raison de cette question, il répond : « Je regarde pas tout de suite les prix mais après quand je vais regarder les prix j’ai besoin de savoir lequel mettre ». Un autre enfant (garçon de CM2) indique explicitement avoir intégré la présentation sous forme de fourchettes de certains catalogues. Ainsi, lorsque pour rebondir sur ses propos, l’enquêteur l’interroge sur le prix du jouet – qu’il semble hésiter à inscrire sur sa liste – sa réponse fuse : « 75 € ». Quand des précisions lui sont alors demandées sur l’origine de cette information il répond « G ». Il véri- D’une façon globale, les fabricants de jouets (11) Dans le catalogue Auchan. 11 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Tableau 3 Synthèse des catalogues dans lesquels les prix sont présentés sous forme de fourchette Organisation du catalogue Type de légende Position de la légende / récurrence Nombre et amplitude des classes de prix 171 pages 5 univers Présentée sous forme de tableau 9 lettres (A à I) 59 pages 5 univers Formes étoilées de En bas de chaque couleurs différentes page de gauche sous les noms des jouets et leurs descriptifs 5 classes : . - 15 € . de 15 à 30 € . de 30 à 50 € . de 50 à 75 € . 75 € et plus Galeries Lafayette 65 pages 4 univers Icônes de couleurs Une fois par double différentes page (le plus souvent en bas de la page) 5 classes : . - de 15 euros . de 15 à 30 euros . de 30 à 50 euros . de 50 à 75 euros . de 75 euros et + La Grande Récré Le BHV Monoprix 31 pages 7 univers 1ère page gauche de 9 classes : chaque univers, . de 0 à 15€ (soit à 5 reprises) . de 15,01 à 25€ . de 25,01 à 35€ . de 35,01 à 45€ . de 45,01 à 60€ . de 60,01 à 75€ . de 75,01 à 100€ . de 100,01 à 125€ . + de 125€ Disques de couleurs En bas de chaque 4 classes : . moins de 15 € différentes page gauche . entre 15 € / 25 € . entre 25 € / 40 € . plus de 40€ enseignes appartenant au même groupe (à l’instar de Monoprix et des Galeries Lafayette). (tels Lego ou Playmobil(12)) ne font jamais mention des prix dans leurs propres catalogues, ce qui semble logique du fait de la différence de prix qui découle de la diversité des canaux de distribution de leurs produits. En effet, la présentation des prix, lorsqu’elle existe, ne semble pas relever d’une habitude liée aux formats et aux natures d’enseigne mais plutôt d’un choix propre à chacune d’elles. On trouve donc tout aussi bien des fourchettes de prix ou des prix précis dans les différents formats d’enseignes (magasin de jouets, distributeur…). On remarque seulement une présentation assez proche chez les L’affichage des prix sous forme de classes L’analyse des catalogues qui expriment les prix sous forme de fourchettes permet de constater l’ab(12) Le catalogue Playmobil comporte un catalogue intérieur dans lequel figurent les articles complémentaires et leur prix, voir plus loin dans l’encadré. 12 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard sont variables d’un catalogue à l’autre mais, dans tous les cas, le prix dispose le plus souvent d’une police d’une taille plus importante que la description du jouet et les diverses informations qui l’accompagnent (jamais de taille moindre). sence de consensus dans les approches (tableau 3). Dans certains cas, la fourchette est matérialisée par des lettres majuscules, d’en d’autres par des icônes colorées, plus ou moins figuratives. L’emplacement même de la légende n’est pas constant : il peut varier selon les pages au sein d’un même catalogue et n’apparaît pas avec la même fréquence dans tous les catalogues. Le nombre de classes dans la légende change également d’un catalogue à l’autre et l’amplitude des fourchettes de prix n’est pas non plus identique, au sein d’une même légende et selon les catalogues ; elle est généralement croissante à mesure que les prix augmentent mais, là non plus, pas de façon systématique. La plupart des catalogues ont recours à des limites de classes entières, excepté La Grande Récré qui utilise une forme décimale pour la limite inférieure de la classe. La légende peut apparaître d’une couleur uniforme (en noir par exemple) ou changer suivant les classes de prix : elle peut alors être rédigée en noir, seule l’icône figurant chaque classe change de couleur, ou encore varier de couleur à chaque classe. S’agissant du format des prix, on observe là encore des variations d’un catalogue à l’autre. Si tous les catalogues cumulent des prix de forme ronde et de forme décimale, cette dernière l’emporte largement. Certains catalogues n’adoptent pas la même taille de police pour la partie entière du prix et sa partie décimale, cette dernière étant plus petite. Le visuel du prix est aussi variable selon les enseignes : dans certains cas, le signe € apparaît entre la partie entière et la partie décimale, d’en d’autres à la fin, exceptionnellement en début. Finalement aucune harmonie ne se dégage quant à la terminaison des prix, qu’ils soient de forme ronde ou décimale, si ce n’est un recours plus fréquent (quantitativement variable suivant les catalogues) aux terminaisons 0, 5 et 9. L’affichage de prix précis L’analyse des catalogues qui ont recours à des prix précis (tableau 4) conduit elle aussi à constater l’absence totale de concordance entre les enseignes. Chacune opte pour un style de présentation unique. UNE COMPLEXITÉ DES TÂCHES COGNITIVES REQUISES POUR TRAITER LES PRIX L’absence d’harmonisation de la présentation de la tarification relevée lors de l’analyse de ses différents catalogues amène à un premier constat : les enfants qui ont recours à plusieurs catalogues pour constituer leur liste ne peuvent pas capitaliser sur une première expérience de traitement des prix puisque chaque catalogue est une nouveauté de ce point de vue. Par ailleurs, la tarification des jouets présentée sous forme de fourchette ou suivant des prix précis n’implique pas le même type de traitement chez les enfants. La présentation des prix peut être abordée suivant les éléments graphiques qui les constituent ou les accompagnent, leur format et leur terminaison mais également suivant le nombre d’informations auquel se trouve confronté l’enfant et qu’il a à traiter, parmi lesquelles le prix. Tous les catalogues diffèrent sur leur façon de mobiliser les éléments graphiques pour « dessiner » leurs prix. Certains catalogues optent pour une couleur unique de prix (le noir par exemple), d’autres pour une couleur des prix en accord avec la couleur de l’univers auquel appartiennent les jouets considérés, d’autres enfin ont recours à différentes couleurs pour signifier les prix sans logique apparente. Finalement, certains catalogues font apparaître le prix sur un fond, de forme variable (étoile, carré, etc.) et de couleur différente, plus ou moins contrastante avec celle du prix. Les processus cognitifs induits par des prix sous forme de fourchette Le recours à une présentation des prix sous cette forme pose un certain nombre de questions s’agissant d’une cible enfantine. Tout d’abord, l’absence de prix à proximité du jouet détourne l’attention de l’enfant des problématiques financières et concentre son attention sur le jouet lui-même. En ce sens, cette pratique permet de supposer que l’infor- Les polices dans lesquelles sont écrits les prix 13 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Tableau 4 Synthèse des catalogues dans lesquels les prix apparaissent précisément Informations générales Playmobil (articles complémentaires) Oxybul Éveil et Jeux 34 pages 23 univers 241 pages 12 univers Joué Club 730 pages 30 univers 1. 2. 3. Famille 97 pages 9 univers Le bonhomme de bois 65 pages 14 univers Nature & Découvertes 108 pages 3 univers FNAC Le Bon Marché Carrefour Auchan E. Leclerc 23 pages 4 univers 10 sous univers 62 pages 4 univers 111 pages 7 univers 91 pages 4 univers 24 sous univers 91 pages 9 univers Prix avec décimales Prix ronds (les lettres X, Y, W, Z peu- (les lettres X, Y, W, Z peuvent, pour vent, pour certains prix, être certains prix, être similaires) similaires) Forme majoritaire « € XY,00 » Pas de terminaison particulière « € XY,WZ(13) » Terminaisons majoritaires 90, 50 Forme majoritaire « XY€,WZ » « XY € » Partie entière légèrement plus grande que la partie décimale Terminaisons majoritaires 50, 90, 99 « XY € » « XY,WZ € » Partie entière plus importante que partie décimale « XY € » Forme majoritaire Terminaisons majoritaires 0, 5 « XY,WZ € » ou « XY,WZ € » « XY € » Forme majoritaire Terminaisons majoritaires en 0, 5 « XY,WZ € » Terminaisons majoritaires 9, Forme majoritaire 5 Terminaisons majoritaires 95 « XY € » « XY,WZ€ » Terminaison majoritaire 9 Forme majoritaire « XY € » Majoritairement terminaisons 0, 9, 5 « XY€wz » Forme très majoritaire Majoritairement terminaison en 0 Terminaisons majoritaires 0, « XY,WZ € » 5 et 9 pour prix supérieurs à 10 € « XY € » Terminaisons majoritaires 0, Forme majoritaire 5, 9 Partie entière plus importante que par« XY € » tie décimale Majoritairement terminaisons 0, 5, 9 « XY€WZ » Terminaisons majoritaires 0, Forme très majoritaire 5, 9 Terminaisons majoritaires 0, 5, 9 € « XY € » XYWZ » Partie entière plus importante que partie décimale « XY € » Forme très majoritaire Terminaisons majoritaires 5, 0 « XY€,WZ » Partie entière plus importante que partie décimale (13) Cette forme correspond à la présentation du prix dans le catalogue étudié. 14 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard mation s’adresse principalement aux parents. Cependant, si l’enfant recherche cette information, ce qui n’est pas exclu compte tenu de la place de cette variable dans ses choix (Ezan, Roederer, 2006 ; Damay, Guichard, 2007), sa tâche est parfois rendue très complexe, notamment lorsque la légende des fourchettes ne figure pas à toutes les pages. Dans le catalogue de La Grande Récré par exemple, la légende ne figure que cinq fois dans l’ensemble du catalogue, à chaque début de rubrique. Un enfant qui feuillette le catalogue de façon non linéaire, ce qui est le cas le plus fréquent, peut ne jamais rencontrer cette légende. Une présence à toutes les pages, même si elle peut alourdir le design de la page, simplifie incontestablement le travail de recherche du prix. Guichard, 2007 ; Damay, 2008), c’est-à-dire leur capacité à ordonner les produits en fonction de leur prix. Les fourchettes aident à réaliser cette hiérarchisation tant qu’une trop grande précision n’est pas recherchée. Au-delà des éléments identifiants des classes, il convient de considérer la présentation numérique de ces fourchettes et les traitements cognitifs qu’elle implique chez les enfants. Lorsque l’enfant recherche un produit précis, il est alors confronté, non pas à un prix mais à plusieurs suivant le nombre de classes – soit au minimum 8 pour 4 classes – ce qui alourdit sa tâche comparativement au traitement d’un prix unique. En revanche, si l’enfant aborde le catalogue avec une contrainte de budget à respecter, la présentation des prix sous forme de fourchettes peut lui simplifier le travail. En effet, son ensemble de considération est restreint car il connaît la fourchette de prix en rapport à son budget et peut dès lors s’en tenir aux jouets qui lui correspondent. S’agissant de la représentation de la légende, différentes pratiques cohabitent. Lorsque les classes sont figurées par des lettres (l’ordre alphabétique croissant évoquant des classes de prix croissant), la logique de présentation devrait théoriquement aider l’enfant. En pratique, cela suppose que l’enfant a bien fait le lien entre la lettre majuscule à proximité du visuel et la notion de prix, ce qui relève d’une certaine maturité cognitive dont les jeunes enfants ne disposent probablement pas. Une présentation sous forme d’icônes colorées ne renvoie à aucune logique sous-jacente mais peut finalement s’avérer plus facile à traiter : l’enfant retenant par exemple que le orange est lié à telle classe de prix abordable et peut alors se concentrer sur cette couleur pour faire son choix. Les parents peuvent également faire une première lecture du catalogue et conseiller à leur enfant, dès lors qu’une limite budgétaire est imposée à la liste de Noël, de considérer uniquement les jouets assortis d’un éclair bleu ou d’une étoile rouge (correspondant par exemple à des prix inférieurs à 30 € dans le catalogue Galeries Lafayette). Le recours à une forme imagée des prix permet aussi aux plus jeunes de « concrétiser une variable prix qui est encore souvent abstraite pour eux » (Damay, Ezan, 2010). Si l’enfant s’impose luimême une contrainte financière qui correspond à ce qu’il perçoit des limites budgétaires, cela l’aide à identifier plus facilement les produits envisageables, produit par produit (Damay, Ezan, 2010), sous réserve que sa contrainte coïncide avec la borne supérieure d’une des classes. Enfin, cette présentation peut être rapprochée des travaux sur la connaissance relative des prix par les enfants (Damay, Le recours aux bornes avec des prix ronds est la présentation la plus fréquente dans les catalogues ; c’est sans conteste une option recommandable car les enfants préfèrent les prix ronds ou qui ont une terminaison nulle (Damay, Guichard et Clauzel, 2011). Les processus cognitifs induits par une présentation de prix précis L’absence de concordance dans les présentations de prix précis interroge sur les processus cognitifs générés chez les enfants par telle ou telle présentation et, en corollaire, pose la question de la présentation la plus adaptée pour une cible enfantine. Il apparaît d’abord que, dans la plupart des catalogues, la police utilisée pour le prix est de taille plus importante que la description du jouet et les diverses informations qui l’accompagnent. De fait, le prix est donc une information rendue plutôt visible dans le catalogue. Il est probable que c’est ce qui est recherché par les enseignes. Bien que l’on constate d’importantes variations quant au format des prix utilisé, la forme décimale est la plus courante, alors même qu’elle est moins facile à traiter pour les enfants (Damay, Guichard et Clauzel, 2011). Très souvent dans ce cas, la partie 15 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Tableau 5 Impact de la présentation des prix sur différentes étapes de la constitution de la liste Prix sous forme de classes Repérage de l’information-prix Prix précis Complexe (d’autant plus si la Facile légende ne figure pas sur toutes les pages) Comparaison des produits sur la Possible mais approximative (clas- Possible base du prix se à classe) Choix de produits contrainte budgétaire sous Facile si la contrainte coïncide Possible mais requiert une confronavec la borne supérieure d’une des tation systématique du prix catalogue à la contrainte budgétaire classes Évaluation de la valeur globale Complexe car difficultés pour som- Possible et facilitée si les prix ont une forme ronde mer des classes de prix de la liste Mémorisation des prix Nuit au rappel Bonne connaissance relative Favorise le rappel des difficultés aux enfants. L’analyste lui-même peut s’interroger sur le type de lecture du prix généré par des positions différentes du signe € dans le prix. Si la troncature du prix à la virgule (qui minimise l’impact de la partie décimale) est la plus courante (Schindler, Kirby, 1997), la présence du signe € à des endroits différents (en fin de prix ou entre les parties entière et décimale) n’implique sans doute pas le même traitement chez les enfants. Quoi qu’il en soit, cette variation dans l’écriture du prix complique la tâche des enfants et ne permet aucun apprentissage utilisable d’un catalogue à l’autre. entière dispose d’une taille de police plus importante que la partie décimale : l’attention est donc volontairement orientée sur la partie entière du prix. Or, comme nous l’avons évoqué supra, influencé par sa culture et le sens de lecture communément admis, le consommateur occidental a tendance à accorder une plus grande importance, voire à ne mémoriser que la partie entière du prix (Guéguen, Legoherel, 2004 ; Thomas, Morwitz, 2005). On peut donc supposer, qu’à l’instar de leurs aînés, les enfants mémorisent davantage la partie entière, d’autant plus si la partie décimale est moins visible du fait d’une taille de police plus modeste. Le tableau 5 propose une vision synoptique de l’impact de la présentation des prix (sous forme de classes versus sous forme de prix précis) suivant différentes étapes de constitution de la liste. Les terminaisons de prix 0, 5 et 9 apparaissent les plus fréquentes dans les catalogues étudiés, à l’instar de ce qui observé en magasin (cf. supra). Les rares travaux de recherche sur cette question concluent sur le plébiscite des enfants pour les prix de forme ronde d’une part, de terminaison nulle d’autre part, plus simples à traiter du point de vue cognitif (Damay, Guichard et Clauzel, 2011). Si cette simplification est effectivement intégrée par certains catalogues, elle est loin d’être systématique (cf. supra). Implications managériales À l’issue de cette analyse, il apparaît qu’aucun mode de présentation des prix ne se dégage majoritairement, tant au niveau de la forme que du contenu des catalogues. À chaque lecture d’un nouveau catalogue, c’est un recommencement pour l’enfant. Il ne lui est pas vraiment possible de dégager une quelconque expertise, si ce n’est d’une année sur l’autre, puisqu’il semble que les formats de chaque L’absence de standard sur la place du signe € dans la présentation des prix peut également poser 16 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard enseigne soient reconduits. Cette cacophonie des prix montre qu’aucune concertation n’a lieu entre les différentes parties prenantes à l’univers du jouet. Cette absence de constance dans la présentation des prix se retrouve également dans certains catalogues. Elle n’est sans doute pas à préconiser car elle empêche les enfants de se constituer des repères au sein d’un même catalogue. l’affichage prix est moins contraint à une forte visibilité et peut être traité comme les autres informations fournies par le catalogue. Le choix d’opter ou non pour une présentation sous forme de classes de prix est en partie dicté par la recherche d’une certaine souplesse dans l’ajustement des prix. En effet, les catalogues sont édités à l’automne, bien avant le 25 décembre et les prix sont le plus souvent garantis jusqu’à une certaine date (parfois avant Noël). Dès lors, des prix indiqués sous forme de fourchette permettent à la firme de modifier ses prix le cas échant sans changer le catalogue. Le catalogue est par nature un outil de communication de proximité très puissant. Celui du jouet en période de Noël représente de surcroît un enjeu majeur pour les firmes distributrices de jouets. Sa constitution est cependant mal aisée en raison notamment de la nécessité de concilier des contraintes diverses : multiplicité des cibles (enfants, parents, entourage familial, comité d’entreprise, etc.), positionnement de l’enseigne et contraintes éditoriales imposées par les marques reprises dans le catalogue, etc. L’option des classes de prix conduit également, intentionnellement ou non(14), à fournir une information prix discrète. La dimension mercantile de cette période est alors minimisée au profit de la magie de Noël. Notre analyse permet de constater l’absence de cohérence de la stratégie prix des distributeurs qui rendent l’information-prix visible (par un effet taille) mais qui en compliquent la lecture en raison du format retenu. La visibilité des prix sert en effet les enfants mais leur format semble davantage s’adresser aux parents. Cette dualité des cibles amène finalement à une présentation des prix relativement confuse pour la jeune population. Or, à l’heure où les entreprises cherchent à construire une image positive et durable, il paraît souhaitable pour les distributeurs de jouets de transmettre une image-prix simple et cohérente dans l’esprit des jeunes consommateurs, notamment dans l’optique d’une fidélisation. S’agissant plus spécifiquement des enfants, trois groupes peuvent être identifiés du point de vue de leur traitement du prix figurant sur le catalogue : 1) les tout-petits (moins de 5 ans) qui consultent le catalogue comme un livre d’images et qui de fait ne considèrent pas les prix en tant qu’information numérique mais plus comme un pictogramme parmi d’autres ; 2) les 5-6 ans (grande section de maternelle / CP) qui sont d’une certaine manière dans une phase transitoire en ce qu’ils commencent à savoir compter et lire tout en, pour certains, continuant de croire à l’existence du Père Noël ; 3) Les enfants âgés de 7 ans et plus qui comprennent les prix et qui peuvent même les utiliser comme argument afin d’optimiser les cadeaux reçus. Pour l’enseigne à l’origine du catalogue, concilier ces trois perceptions est forcément complexe. Dans la perspective de construire une imageprix favorable, une enseigne qui, en lien avec son positionnement et sa stratégie prix, opterait pour des prix précis, aurait donc tout intérêt, au sens marketing comme du point de vue éthique, à utiliser une présentation des prix favorisant les formes rondes ou de terminaison nulle dès lors qu’elle s’adresse aux enfants. Des travaux ont ainsi montré que la mémorisation chez les adultes d’un prix doté d’une terminaison en 0 étant plus simple et qu’elle conduisait à En parallèle, l’enseigne doit élaborer un catalogue qui soit également le reflet de ses valeurs et de son positionnement. L’affichage prix n’est en effet pas neutre dans l’image qu’il renvoie (tableau 6). Cherche-t-elle à faire du prix un argument – à l’instar de certains grands distributeurs (comme Auchan, Carrefour et Leclerc étudiés ici) ? Dans ce cas, le prix peut être une valeur d’appel et doit alors être précis et visible, de façon à permettre un affichage proche d’une tête de gondole en magasin. Si l’enseigne considère le prix comme une information au même titre, par exemple, que les caractéristiques du jouet, (14) Chez La Grande Récré, les catalogues de jouets édités au cours de l’année comportent des prix précis. Certains des catalogues de Noël proposent uniquement des classes de prix, à l’instar de celui étudié. 17 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Tableau 6 Traitements cognitifs induits : réponses de la littérature et implications managériales Présentation prix Traitement cognitif induit chez les enfants Implications managériales Réponses de la littérature ⋅ Suppose une capacité à ordonner chez les enfants ⋅ L’information-prix concerne alors surtout les parents. Prix sous forme de fourchettes (sériation acquise à partir de 7 ans) (Piaget, Inhelder, ⋅ Détourne les enfants de l’information-prix. ⋅ Permet de conserver le secret de Noël. 1966). ⋅ Les fourchettes aident à la hiérarchisation des prix si une précision n’est pas recherchée. ⋅ Permet aux managers de faire varier les prix sans modifier le catalogue. ⋅ Légende présente seulement sur ⋅ L’enfant peut ne pas la voir. ⋅ Pose la question de la visibilité que l’on souhaite don- quelques pages ner à la légende et, donc, de l’accessibilité que l’on souhaite donner à l’information prix. ⋅ Classes figurées par des lettres ⋅ Lien supposé établi entre l’ordre alphabétique et le ⋅ Complexifie la tâche. ⋅ Peut réduire la place du prix dans le processus de niveau de prix. ⋅ Nécessité d’une mémorisation associative (Graham et choix. Campbell, 1992). ⋅ Classes figurées par des icônes colorées ⋅ Plus faciles à traiter car prégnance des caractéris- ⋅ Permet aux enfants d’intégrer facilement une éventueltiques perceptuelles (Roedder John, 1999). ⋅ Concrétisent une variable prix parfois perçue comme abstraite par les enfants (Damay, Ezan, 2010). le contrainte budgétaire transmise par les parents s’ils ont à choisir un produit. ⋅Permet aux managers de positionner clairement les produits du point de vue du prix. ⋅ Nombre de classes élevé ⋅ Augmentation de la complexité de la tâche cognitive ⋅ L’amplitude choisie est fonction du degré de précision ⋅ Bornes des classes décimales ⋅ Complique la tâche cognitive des enfants. requise. recherché. ⋅ Préférence pour des prix ronds et une terminaison ⋅ Opter pour des bornes rondes et de terminaison nulle si on veut simplifier l’accès aux prix. nulle (Damay, Guichard et Clauzel, 2011). Prix précis ⋅ Taille de police du prix plus élevée ⋅ Facilite l’accès à l’information-prix. ⋅ Visibilité accrue des prix. ⋅ Focalise l’attention sur l’information-prix. ⋅ L’emphase est mise sur le prix comme argument de que les informations relatives au vente. produit ⋅ Forme décimale des prix ⋅ Moins facile à traiter pour comparer les prix des pro- ⋅ L’information-prix concerne alors davantage les duits et pour mémoriser les prix. parents. ⋅ Troncature (Schindler, Kirby, 1997) et sens de lecture ⋅ Information transparente sur le prix. ⋅ La partie décimale peut ne pas être considérée du fait (Thomas, Morwitz, 2005). de la troncature et du sens de lecture. ⋅ Partie entière de taille de police supérieure à la partie décimale ⋅ Focalise l’attention sur la partie entière. ⋅ Troncature (Schindler, Kirby, 1997) et sens de lecture quentes tie décimale et qui favorise une perception de prix plus faibles. (Thomas, Morwitz, 2005). ⋅ Terminaisons 0, 5, 9 les plus fré- ⋅ Pratique commerciale qui minore la visibilité de la par- ⋅ Terminaison en 0 plus facile à traiter et à mémoriser ⋅ Le choix d’une terminaison permet de jouer sur l’image (Damay, Guichard et Clauzel, 2011). prix que l’on veut transmettre. ⋅ Terminaison en 9 conduit à percevoir le prix comme plus bas que ce qui est attendu chez les adultes (Schindler, Kirby, 1997). ⋅ Position centrale du signe € ⋅ Focalise l’attention sur la partie entière. ⋅ Troncature (Schindler, Kirby, 1997) et sens de lecture ⋅ Pratique commerciale qui minore la visibilité de la partie décimale et qui favorise une perception de prix plus faibles. (Thomas, Morwitz, 2005). 18 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Présentation des prix dans les catalogues de jouets et traitement cognitif des prix induits chez les enfants Coralie Damay, Nathalie Guichard une perception plus favorable de l’offre (Schindler, Kirby, 1997). L’attrait des enfants pour les terminaisons nulles est donc à considérer dans ce contexte. De même, les travaux relatifs à la ligne mentale numérique (cf. supra) montrent que les nombres, et par conséquent les prix, sont traités de manière arrondie et/ou approximative, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un nombre élevé (Dehaene, Marques, 2002 ; Damay, 2008). Cela signifie dès lors que la partie décimale est peu traitée, que ce soit par des adultes ou par des enfants. LIMITES ET VOIES DE RECHERCHE Si la période de Noël est propice à la consultation du catalogue de jouets, ce support, même s’il est moins présent le reste de l’année, reste pertinent à étudier compte tenu, d’une part, de l’implication qu’il génère chez les enfants et, d’autre part, du très grand nombre de catalogues distribués en France. Malgré d’inévitables limites, relatives notamment à la non-exhaustivité des catalogues étudiés, cette étude sur la présentation des prix apporte un premier éclairage sur le traitement cognitif des prix par les enfants et permet également d’amorcer une première réflexion, de nature managériale, sur la place à donner au prix, du point de vue de l’enfant, dans les catalogues de jouets. Au-delà même des prix, aucune ligne directrice ne semble se dégager quant à la constitution des catalogues, que ce soit du point de vue des univers, de leurs couleurs, de leurs classes d’âge, etc. Chaque enseigne ou fabricant semble utiliser le catalogue comme un moyen de se différencier, même si la trame de ces positionnements n’est pas aisément perceptible. De fait, si l’analyse conduite montre une tendance des enseignes à se singulariser par leur présentation des prix, c’est également vrai sur les autres aspects du catalogue. Dès lors, si notre étude tend à préconiser une certaine harmonisation de la présentation des prix dans le souci de simplifier la tâche cognitive des enfants, elle amène également à s’interroger sur le bien-fondé d’une standardisation des autres variables des catalogues. Certains repères peuvent ainsi être rassemblés par les enfants, à l’instar du classement fréquent des jouets, par âge du plus jeune au plus âgé ou encore par univers(15) (l’un n’excluant pas l’autre). Sans doute n’est-il pas souhaitable que les catalogues s’uniformisent dans leur organisation ou dans les couleurs utilisées. Ils sont en effet le reflet d’un travail de mise en valeur de l’offre de l’enseigne, basé notamment sur une stimulation sensorielle et émotionnelle (par le biais de couleurs ou d’icônes diverses propres à générer une imagerie mentale). Le prix est, lui, une information objective, rationnelle et particulièrement importante à l’heure où le pouvoir d’achat des ménages est en mauvaise passe. Elle est donc saillante chez les adultes mais aussi chez enfants comme le montre la première partie de notre étude. Il paraît donc cohérent d’en simplifier l’accès pour que l’enfant puisse concentrer son effort sur le choix des produits, source de plaisirs futurs. Différentes voies de recherche découlent de ce travail. L’absence totale d’harmonisation dans la présentation des prix au sein des catalogues étudiés pose question. Sans doute, l’enfant n’est-il pas toujours la cible de cette information-prix. De même, le prix n’est-il pas toujours l’argument principal de l’enseigne. Mais, si l’enfant recherche l’information-prix, son traitement cognitif est rendu particulièrement difficile. Il est probable que l’inverse – i.e. une présentation plus uniforme –, favoriserait un meilleur repérage des prix par les enfants et, donc, une meilleure connaissance. Différentes études (i.e. Schaeffer, Eggleston et Scott, 1974) ont montré que le processus cognitif des enfants se complexifiait à mesure que le nombre d’informations à traiter augmentait. Les descriptions des catalogues révèlent de nombreux éléments périphériques au prix qui peuvent venir interférer dans le traitement du prix par les enfants. Une voie de recherche est sans doute d’étudier l’impact du bruit causé par les informations figurant sur les pages du catalogue (marques, nombre de produits, couleur(s) mobilisées sur la page, logo de l’enseigne, description du produit, etc.). Le recours à un logiciel d’eyetracking pourrait à cet égard permettre d’analyser plus finement le traitement de ces différents éléments par les enfants. À propos de l’affichage des (15) Ce classement des jouets en univers est très fréquent (tableaux 3 et 4). Pourtant Elmanssouri (2010) a montré que l’attitude favorable à l’égard du catalogue n’était pas plus forte lorsque le catalogue était organisé suivant une logique d’univers plutôt qu’une logique produits. 19 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM prix lui-même, la conduite d’une expérimentation exposant les enfants à différentes présentations des prix permettrait sans doute d’évaluer celle à privilégier dans l’optique de faciliter le repérage de l’information-prix par les enfants, de générer une bonne connaissance des prix ou une « bonne » image prix ou, plus généralement, de manière à satisfaire les objectifs de la politique de prix de l’enseigne ou de la marque. Finalement, une étude plus approfondie des modes de consultation de catalogues de jouets par les enfants mérite-elle sans doute d’être entreprise, afin notamment d’identifier si, comme chez les adultes, cette consultation est de deux natures : hédonique et expérientielle d’une part, utilitaire d’autre part (Stell, Paden, 1999), ce qui permettrait de mieux inscrire la place du prix dans cette consultation. BIBLIOGRAPHIE Brée J. (2012) - Kids Marketing, Collection La consommation des 0-25 ans, Cormelles le Royal, Éditions EMS, 2ème édition. Chaumier S. (2004) - Fête des enfants ! ou comment l'imaginaire social construit l'identité sexuée : lecture critique des catalogues de jouets, in N. Diasio (coord.), Au palais de Dame Tartine : regards européens sur la consommation enfantine, L'Harmattan, Paris, Budapest, Torino. Chillier L. (1999) - Étude des représentations mentales analogiques et digitales des nombres chez l’enfant de 6 à 9 ans, Thèse de doctorat, Université de Genève, Genève. 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Cinq profils de fans qui se distinguent selon la force et la nature de leur relation à la marque et de leur sentiment d’appartenance à Facebook ont été identifiés. Des recommandations managériales générales mais également spécifiques à chaque profil sont proposées pour intensifier la relation fan-marque et activer les communautés virtuelles de marque. Mots clés : Facebook - Fans - Relation à la marque - Typologie de fans de marque - Sentiment d’appartenance - Communauté de marque. BRANDS ARE MY FACEBOOK FRIENDS : TOWARDS A TYPOLOGY OF FANS BASED ON BRAND RELATIONSHIP AND BELONGINGNESS Abstract Facebook is now considered by brands as the main social media to establish an intimate relationship with their fans. To better understand this phenomenon, a typology of fans achieved through a qualitative approach combining three methods of data collection is presented. Five profiles of fans, distinguished by the strength and nature of their relationship with the brand and their belongingness on Facebook, have been identified. General and specific managerial recommendations are proposed to enhance fan-brand relationships and activate virtual brand communities. Key w or ds : Facebook - Fans - Brand relationship - Brand fan typology - Belongingness - Brand community. (1) Courriel : [email protected] (2) Courriel : [email protected] 23 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM INTRODUCTION CADRE THÉORIQUE ET QUESTIONS `DE RECHERCHE Considéré comme le réseau social préféré des Français dans leur relation avec les marques(3), Facebook présente aujourd’hui un intérêt majeur pour les entreprises. En raison de la valeur des fans pour les marques(4), leur recrutement et, surtout, leur maintien sur les pages fan sont des préoccupations managériales clés dans la gestion des marques sur les médias sociaux et, plus précisément, sur Facebook. Cependant, la nature même de ces réseaux (tout particulièrement leur dimension sociale) est susceptible de modifier les stratégies des marques envers leurs consommateurs (communication à double sens et entre les fans, etc.) et leurs conséquences (relation à la marque et comportements en relation avec la marque). Facebook, conçu à l’origine comme un espace d’échanges entre amis, pose de plus la question de la place de la marque (avec ses visées commerciales) dans cet environnement. Afin de formuler des questions de recherche précises, nous avons mobilisé la littérature sur la relation marque-consommateur et les communautés virtuelles de marque. La relation marque-consommateur et ses facettes Pour mieux comprendre la fidélité à la marque, Fournier (1998) et Fournier et Yao (1997) comparent la relation marque-consommateur aux relations interpersonnelles en considérant la marque comme un partenaire actif au sein de la relation. Fournier et Yao (1997) mettent en évidence qu’il existe en réalité une diversité de relations de fidélité à la marque qui se distinguent par leur force et leur nature. Fournier (1998) poursuit dans cette voie en proposant de rendre compte de la qualité, de la force et de la profondeur des relations aux marques, au travers d’un construit nommé Brand Relationship Quality (BRQ). Cet indicateur regroupe six facettes pouvant être de nature cognitive (intimité et qualité du partenaire de la relation), affective (amour/passion et connexions à la marque) et conative (interdépendance et engagement). Plus exactement, l’Intimité renvoie à la richesse de la connaissance sur la marque, des significations associées à la marque. La facette Qualité du partenaire de la relation fait quant à elle référence à la performance de la marque dans son rôle de partenaire et, plus précisément, à la notion de confiance. La facette Amour/passion traduit l’éventail de sentiments amoureux ressentis pour la marque alors que les Connexions à la marque correspondent à l’identification à la marque, c’est-à-dire le degré auquel la marque reflète l’identité du consommateur. Enfin, l’Interdépendance est liée au nombre d’interactions avec la marque (nombre d’occasions de consommation par exemple) et l’Engagement témoigne d’une volonté de maintenir durablement la relation dans le temps. Si les marques sont de plus en plus nombreuses à créer des pages fan sur Facebook dans le but de tisser des relations intimes et durables avec leurs fans et créer des communautés virtuelles de marque forte, cette pratique récente est encore peu étudiée d’un point de vue empirique. Les recherches académiques sur la relation des consommateurs aux marques se sont multipliées ces dernières années mais à notre connaissance, aucune n’a investigué cette relation dans le contexte spécifique des médias sociaux et de Facebook en particulier. L’objectif de cette recherche est donc de contribuer à une meilleure compréhension de la relation entre une marque et ses fans sur Facebook. Aussi, une approche qualitative alliant trois méthodes de collecte de données et une analyse de contenu est mise en œuvre. Elle permet, sur le plan théorique, de conceptualiser la relation à la marque dans le contexte spécifique de Facebook et sur le plan managérial, de proposer une typologie de fans conduisant les praticiens à mieux cibler leurs actions en fonction des profils de fans, les fidéliser et les rendre plus actifs. (3) Selon l’étude CMB Constant contact intitulée « 10 quick facts you should know about consumer behavior on Facebook » (chiffres 2011, USA). Le cadre théorique et les questions de recherche sont tout d’abord présentés. La méthodologie de l’étude est ensuite précisée. Enfin, les résultats sont exposés et discutés afin de proposer des recommandations stratégiques. (4) Selon une étude Syncapse 2010, la valeur moyenne d’un fan pour une marque est évaluée à 136$ et un fan dépense en moyenne 72$ de plus chez une marque qu’un non fan. 24 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Les marques sont mes amies sur Facebook : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance Agnès Helme-Guizon, Fanny Magnoni Si ce construit ajoute une dimension affective forte à la relation de fidélité à la marque, ces travaux constituent aussi un point de départ des recherches sur les communautés de marque. à une marque : la co-création (être partie intégrante du système de création de valeur), la puissance (sentiments de pouvoir, de contrôle et d’influence), la communauté (désirs d’interactions sociales, d’échanges, de partage de connaissances) et le concept de soi (l’expression de soi aux autres par le partage d’idées). Les communautés virtuelles de marque Une communauté de marque peut être définie comme « une communauté spécialisée, mais non géographiquement limitée, fondée sur un ensemble structuré de relations sociales entre admirateurs d’une même marque » (Muniz, O’Guinn, 2001, p.412). L’étude des communautés de marque revient non plus à décrire la relation entre un consommateur et une marque mais les relations entre consommateurs autour d’une marque (McAlexander et al., 2002 ; Muniz, O’Guinn, 2001). Outil puissant pour les praticiens, les communautés de marque contribuent à l’acquisition de nouveaux clients, l’accroissement de la fidélité à la marque et à ses produits, le renforcement du capital-marque et la meilleure connaissance des besoins et désirs des consommateurs (Cova, Pace, 2006 ; McAlexander et al., 2003 ; Muniz, O’Guinn, 2001 ; Muniz, Schau, 2007). L’avènement d’Internet a largement facilité le développement des communautés de marque (McWilliam, 2000). Les communautés virtuelles de marque sont un moyen de communication privilégié avec les consommateurs actuels mais aussi futurs. Elles favorisent également l’échange d’information, l’interaction sociale, l’engagement dans la communauté et la fidélité à la marque (Jang et al., 2008 ; Shang et al., 2006). Selon Fournier et Lee (2009), les communautés sur Internet sont les plus fortes et les plus stables puisque les individus sont liés entre eux par une multitude de relations diverses et variées. L’essor des communautés virtuelles de marque s’est accéléré plus récemment avec le développement des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, MySpace, LinkedIn, etc.). À titre d’exemple, vingt millions de personnes dans le monde deviennent tous les jours fans d’une marque sur Facebook(5). Sans compter les “amis” des fans qui étendent l’influence sociale des fans (Lipsman et al., 2012). Qu’elles soient créées par les consommateurs ou les entreprises, les communautés virtuelles de marque requièrent une participation active de leurs membres à des activités liées à la marque (ex : création de contenu, partage de photos, vidéos et informations). Christodoulides et al. (2012) recensent d’ailleurs quatre facteurs incitant les consommateurs à générer du contenu relatif Questions de recherche L’objectif de cette recherche étant d’explorer et d’analyser en profondeur la relation entre une marque et ses fans sur Facebook, dans la mesure où les études sur le sujet sont encore rares, des questions de recherche, plutôt que des hypothèses à tester, sont formulées. Faisant suite à la littérature exposée précédement, les questions suivantes sont posées. Quelles sont les facettes de la relation marque-fan sur les pages fan ? En d’autres termes, la relation à la marque (et ses facettes) est-elle modifiée sur les médias sociaux puisqu’elle intègre une dimension sociale ? Peut-on identifier différents profils de fans sur cette base ? Autrement dit, cette relation varie-t-elle selon les fans ? Quelles sont les raisons qui conduisent les fans à rejoindre ces pages ? Quel est leur degré d’activité sur ces pages ? Quelles sont leurs attentes et attitudes envers ces communautés, d’une part, et envers la marque, d’autre part ? MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE En raison de son caractère exploratoire, une étude qualitative a été conduite auprès d’un échantillon de convenance. La méthodologie de collecte et d’analyse des données est décrite dans ce qui suit. Collecte des données La constitution de l’échantillon, en plus de se fonder sur la recherche de variété en termes de profils socio-démographiques, s’est appuyée sur deux critères : être fan de plusieurs marques et actif(ve) sur au moins une marque. L’échantillon, en vertu du critère de saturation sémantique (Roussel, Wacheux, 2005), se compose de 22 répondants. Leurs profils sont variés en termes d’âge (de 18 à 29 ans), de genre, de marques « likées » (grande consommation, luxe, etc.) et de produits (alimentaire, chaussures, (5) Source : Facebook, www.facebook.com, janvier 2011. 25 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM automobile, services, etc.). Au total, 19 marques différentes ont été citées par les répondants (marques avec lesquelles ils sont actifs). • les stratégies de la marque sur sa page Facebook ; • les caractéristiques socio-démographiques du fan ; Les données ont été collectées selon trois méthodes différentes, selon le principe de triangulation. Premièrement, dans une approche netnographique, les traces présentes sur le mur Facebook de chaque répondant ont été collectées. On remontait sur le mois précédent le jour de l’entretien. L’objectif était d’identifier les activités de la marque sur le mur et les réactions des fans. En parallèle, une recherche documentaire a permis de retracer de manière exhaustive les actions des marques et d’identifier leur stratégie sur les médias sociaux. Puis, il a été demandé aux répondants de remplir un journal de bord (un par semaine durant les 4 semaines précédant l’entretien) pour compléter la collecte de traces laissées sur Facebook. Enfin, des entretiens semidirectifs ont été conduits entre le 20 et le 30 décembre 2011. Le guide d’entretien abordait les thèmes suivants : leur perception et leur utilisation de Facebook en général (ancienneté, fréquence de connexion, usages, etc.), leur relation à la marque choisie (évocations liées à l’univers de la marque, affect, attitudes envers la marque et ses actions, comportements en relation avec la marque, etc.), leurs activités sur la page fan de cette marque (like, commentaires, partages, recommandation, interaction avec d’autres fans, participation aux « événements » de la marque, etc.), leur relation à cette marque sur Facebook (récit de leur relation avec la marque depuis ses débuts, rôle de Facebook dans sa construction, consultation de la page, etc.) et, finalement, les effets du statut de fan sur leur relation à cette marque (achat, fidélité, etc.). • l’activité du fan sur Facebook en général ; • les facettes de la relation à la marque de Fournier (1998) pour la marque aimée ; • le sentiment d’appartenance à la communauté de la marque aimée ; • l’attitude et les comportements du fan envers la marque et envers ses actions ; • l’interaction du fan avec les autres fans ; • les comportements d’achat du fan, sa fidélité, etc. Les allers-retours entre la théorie et le corpus ont permis d’affiner la définition des concepts issus de la littérature dans le cadre spécifique de la relation à la marque sur Facebook. Puis, au cours de la phase d’exploitation du matériel, les 22 entretiens ont été codés par des chercheurs indépendants. Les désaccords ont été résolus par la discussion (Roussel, Wacheux, 2005). Enfin, la phase de traitement des résultats, d’inférence et d’interprétation a consisté à identifier les éléments structurants de profils, c’est-à-dire ceux permettant de discriminer entre les individus. L’analyse a été guidée par la double préoccupation de la rigueur scientifique (lien avec la théorie) et l’utilité managériale (lien avec la réalité et possibilité de déployer des stratégies différentes). Elle a abouti à la mise en évidence de cinq profils de fans de marque sur Facebook. Analyse des données Les entretiens ont été intégralement retranscrits (226 pages, Times New Roman, 12) et soumis à une analyse de contenu manuelle. La procédure préconisée par Bardin (2003) a été scrupuleusement suivie. Ainsi la phase de pré-analyse, au moyen de la lecture flottante, a abouti à l’identification et à la définition des catégories pertinentes. Une grille d’analyse a été construite en s’appuyant à la fois sur la revue de littérature et sur la thématisation en continu (Bardin, 2003). Cette grille comportait notamment les catégories suivantes : RÉSULTATS DE LA RECHERCHE Les résultats mettent en évidence cinq types de fans qui diffèrent en fonction de la force et de la nature de leur relation à la marque sur Facebook. Les six facettes de la relation à la marque proposées par Fournier (1998) apparaissent de façon plus ou moins marquées selon les types. Ces profils se distinguent aussi par la force du sentiment d’appartenance à un groupe, une dimension émergente des données et 26 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Les marques sont mes amies sur Facebook : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance Agnès Helme-Guizon, Fanny Magnoni nouvellement identifiée pour définir la relation à la marque sur les médias sociaux. Les cinq profils de fans sont détaillés ci-après. entretient avec la marque un lien fort : « Il est plutôt fort puisque oui j'aime bien cette marque » ; « Un peu plus sérieux que du flirt ». « C’est une relation fidèle, solide et vieille » [Femme, H&M]. Il souhaiterait pouvoir l’exprimer sur Facebook. Au final, le fan Délaissé décrit sa relation à la marque de manière assez négative car il se sent noyé dans la masse des fans. Par conséquent, il interagit peu avec la marque sur Facebook (« à quoi bon ? ») : « Non, non ça sert à rien, personne les lira. En fait comme il y a vingt millions de personnes qui aiment cette marque, je trouve ça inutile d’ajouter un commentaire de plus » [Femme, Converse] ; « Vu le nombre de commentaires qui sont déjà laissés sur chaque publication à chaque fois. On se dit que c’est pas un de plus qui va faire la différence » [Femme, H&M]. De fait, il interagit peu avec les autres fans : il ne se perçoit pas comme appartenant à un groupe (facette Appartenance au groupe) : « Avec les autres fans, ben j’en ai pas spécialement de relations. Je t’avouerais que du fait que j’commente pas, je donne pas mon point de vue, donc ça parait difficile d’échanger avec eux. Je m’identifie pas du tout » [Homme, Ralph Lauren]. Au final, bien qu’attaché à la marque (facette Amour/passion) : « Ralph Lauren, parce que Ralph c’est vraiment la marque avec laquelle je m’habille le plus souvent et que j’aime le plus » [Homme, Ralph Lauren] et souhaitant maintenir la relation avec la marque (facette Engagement) : « Ouais, mes Converse on a toujours été ensemble, dans plein de moments. Quand j’ai eu mon premier mec, même quand je mettais des robes, c’est pour dire ! Donc fidélité ! » [Femme, Converse], le fan Délaissé est actif de manière superficielle sur la page fan : « je regarde les photos, j’regarde les vidéos et ça m’arrive des fois quand y’a des jeux concours de rentrer dans le truc » [Femme, H&M] alors qu’il est en quête de sens. Le fan Passif (8 individus sur 22) Le fan Passif est, le plus souvent, une femme, utilisateur régulier de Facebook, qui consulte occasionnellement et rapidement la page fan de la marque, ses posts ainsi que les commentaires des autres fans. Il est peu actif : « Je regarde et puis c’est tout » [Femme, Jimmy Choo] ; « Je mets très très peu de commentaires » [Femme, Victoria’s Secret]. Tout au plus, il like de temps à autres : « Je vais pas forcement commenter mais appuyer sur le bouton c’est plus simple » [Femme, Quechua] et plutôt sur les posts de la marque que sur ceux des autres fans : « Je suis plus attentive à ce que met la marque sur sa page qu’à ce qu’écrivent les fans » [Femme, Adidas]. Parfois également, il partage des vidéos. Il n’a pas le sentiment d’appartenir à une communauté : « Ah non pas du tout ça n’a rien à voir. Je suis fan pour la marque pas pour les fans. On a juste la marque en commun mais c’est pas la marque qu’on aime qui va faire de nous des amis, il y a des choses bien plus fortes qui pourraient faire en sorte que l’on devienne « affiliés » comme une passion ou quoi mais pas une simple marque » [Femme, Adidas]. Il ne cherche donc pas à interagir avec les autres fans ni avec la marque sur Facebook (facette Interdépendance) : « Je cherche pas à débattre avec des gens que je connais pas sur la page d’une marque » [Femme, Quechua] ; « Y’a beaucoup de commentaires où c’est n’importe quoi aussi... Ça parle plus du tout de la marque les gens sont là juste pour se contredire » [Homme, Audi]. Il ne défend pas la marque lorsque d’autres fans postent des commentaires négatifs. De manière globale, il tend à utiliser un vocabulaire relevant d’un registre négatif quand il s’exprime à propos de la marque. Il considère dans certains cas que la marque ne cherche pas suffisamment à créer du lien, ne favorise pas suffisamment les occasions d’interactions : « J’aimerais bien un peu plus d’interaction » [Femme, Quechua]. Pourtant, il aime la marque (facette Amour/Passion) et connaît son univers, ses valeurs (facette Intimité) : « Elégance, sportivité, design et avance technologique » [Homme, Audi]. Le fan Intéressé (5 individus sur 22) C’est le plus souvent un homme, utilisateur occasionnel de Facebook, qui entretient avec la marque une relation pragmatique, intéressée (dénuée d’affect) : « J’aime bien la marque mais j’ai pas de relation j’trouve avec la marque » [Homme, Air France]. Le fan Intéressé interagit avec elle seulement quand il est à la recherche d’informations de qualité : « Pour moi la page a une vocation informative » [Homme, Apple] ou de promotions : « Je cherche des promotions, des jeux, ce qui peut surtout me rapporter ». « Le but est de vraiment avoir des promo- Le fan Délaissé (3 individus sur 22) Utilisateur régulier de Facebook, le fan Délaissé 27 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM interagit assez peu avec les autres bien qu’ayant pour certains le sentiment d’appartenir à une communauté (facette Appartenance au groupe) : « Même si ce n'est que virtuel, on se regroupe tous au même endroit sur Facebook donc sur la page et on peut communiquer tous ensemble sur la page « [Femme, M&M’s] ; « C’est vrai qu’Oasis reflète une certaine communauté car c’est drôle, donc je pense faire partir d’une petit tribu, la tribu Oasis. » [Femme, Oasis]. En revanche, ses actions nombreuses à destination de la marque sur Facebook (facette Interdépendance) sont un moyen de maintenir la proximité avec la marque : « Ah, oui c’est sûr que je me sens plus proche d’Oasis que d’une autre marque : c’est une marque que j’aime bien, et avec Facebook, il y a plein de trucs en exclusivité ; si on n’est pas fan, on n’a pas ces informations. » [Femme, Oasis]. tions, jeux concours qui font gagner des trucs » [Homme, Fnac]. Il ne défend pas la marque et a tendance à utiliser pour en parler un vocabulaire connoté négativement. Il a le sentiment d’appartenir à un groupe (facette Appartenance au groupe) mais qui se fonde sur un intérêt commun (le service après-vente) : « Le plus souvent, je rentre en contact avec eux si j’ai eu un problème par rapport à l’utilisation de mon Mac ou de mon iPhone » [Homme, Apple] et non pas sur un affect (facette Amour/passion) partagé pour la marque : « Une relation ponctuelle et satisfaisante […] très pragmatique » [Homme, Motorola]. Le fan Fun(6) (3 individus sur 22) C’est une femme qui de manière générale mène une variété d’activités sur Facebook : « Retrouver des gens, garder le contact. J'aime bien regarder les photos des autres, regarder leurs profils. Je l'utilise pour dire ce que je fais, mettre des photos » [Femme, Oasis]. Le fan Fun est fortement attaché à la marque et fidèle (facettes Amour/Passion et Engagement) : « J'adore cette marque, c'est pour ça que je l'ai cherchée sur Facebook » [Femme, M&M’s]. La marque fait partie de sa construction identitaire (facette Connexion au soi) : il adhère et se reconnait dans le socle de valeurs de la marque, souvent fondées sur l’humour et l’autodérision : « Je pense être drôle et dynamique ; après je ne pense pas ressembler aux personnes d’Oasis qui sont en fait des fruits humanisés. » [Femme, Oasis]. Sur la page fan de la marque, le fan Fun recherche avant tout le divertissement, le jeu : « Oasis me fait rire et j’attends toujours avec impatience une nouvelle publication » [Femme, Oasis]. Il cherche à être surpris, stimulé par un contenu riche à chacune de ses visites (quotidiennes pour certaines fans) : « Je cherche une page plutôt vivante, dynamique ; par exemple, il faut que la marque publie souvent des nouveautés sinon je ne trouve pas ça intéressant. Il faut que ce soit dynamique euh... il faut euh... qu'il y ait des couleurs euh... un peu vives pas euh... pas une page sombre. Avec un peu de fantaisie, c'est pas mal et par exemple, M&M’S, ils font beaucoup d'humour et je trouve ça plus attrayant qu'une autre page fan avec euh... des euh... avec une marque un peu monotone » [Femme, M&M]. La lecture des commentaires des autres fans participe de son plaisir à visiter la page fan de la marque : « Ça peut être intéressant, et c’est drôle parfois de lire ce que mettent les autres » [Femme, Oasis]. Pour autant, le fan Fun Le fan Modèle (3 individus sur 22) Régulièrement connecté à Facebook, le fan Modèle entretient avec la marque une relation profonde et sincère (facette Amour/Passion) qui le mène à défendre la marque : « j’réagis, j’leur dis que si il y en a qui parlent mal alors qu’ils ont pas essayé le matériel il faudrait qu’ils essayent d’abord » [Homme, Line], voire à être son ambassadeur : « ça m'arrive d'aller sur la page pour leur montrer certaines photos qui peuvent être marrantes ou intéressantes. » [Homme, Nike Football], preuve de son engagement fort envers la marque (facette Engagement). Ainsi, il est actif sur la page fan : il donne son avis sur les produits, poste des commentaires… positifs la plupart du temps : « Soit j’peux aimer une vidéo, je la regarde, quand j’aime, je la like, j’peux la commenter mais j’le fais pas trop, je regarde les commentaires et qui a aimé, j’peux la partager sur mon mur. J’peux aller voir d’autres informations en lien » [Homme, Aston Martin]. Le fan Modèle est à l’affût des dernières publications de la marque et s’en réjouit : « Quand j’suis au courant des produits qui vont sortir, j’suis content comme ça » [Homme, Line]. Il a le sentiment d’appartenir à une communauté de personnes réunies autour des valeurs partagées de la marque (facette (6) Deux des trois entretiens portent sur la marque Oasis ce qui explique le nombre de citations en liens avec cette marque. Soulignons que c’est en France la 2ème page la plus visitée avec 1 512 365 fans le 20 janvier 2012 (loin devant le suivant) ; (http://www.neowebmag.com/rework/reseaux-sociaux/facebookles-20-pages-les-plus-populaires, consulté le 21 juillet 2012). 28 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Les marques sont mes amies sur Facebook : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance Agnès Helme-Guizon, Fanny Magnoni Tableau 1 Typologie de fans basée sur la relation à la marque sur Facebook Types de fans Facettes de la relation à la marque sur Facebook Passif Délaissé Intéressé Fun Modèle Intimité Qualité du partenaire Amour/ passion Connexion Interdépendance Engagement Sentiment d’appartenance Légende : Force de la facette de la relation à la marque sur Facebook : nulle moyenne ; élevée . ; faible ; C’est la facette Interdépendance. Ainsi pour le fan Modèle, toutes les facettes du BRQ de Fournier ainsi que le sentiment d’appartenance à un groupe se retrouvent fortement dans sa relation à la marque. Appartenance au groupe) : « J’pense que les autres fans oui sont des gens qui me ressemblent, qui sont similaires à ce que moi je suis » [Homme, Line]. Le fan Modèle se sent proche de la marque et, notamment, grâce à la page fan perçue comme actualisée, vivante : « Ça montre que Aston Martin c’est quand même vivant parce que y’a pas mal d’infos ; tous les deux jours y’a des infos » [Homme, Aston Martin]. Il trouve que la marque est bien à l’écoute de ses fans mais émet des doutes quant à la prise en compte de son avis : « Bon j'peux donner mon avis, après je sais pas si Nike le prend en compte » [Homme, Nike Football]. Dans l’ensemble, il a le sentiment d’être privilégié par la marque tout en ayant conscience de ne pas être unique : « Donc y’a toujours ce sentiment, un petit peu d'être privilégié par rapport aux autres, d'être au courant de c’qui se passe, d'être un petit peu le confident de la marque » [Homme, Nike Football]. Les cinq profils de fans, envisagés sous l’angle de leur relation à la marque et de leur sentiment d’appartenance à une communauté, sont résumés au tableau 1. DISCUSSION Les résultats mettent en évidence que le profil prédominant est le fan Passif (36% des répondants), suivi du fan Intéressé (23%) et, enfin, des fans Modèle (14%), Délaissé (14%) et Fun (14%). Ces cinq profils de fan identifiés peuvent être positionnés 29 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Figure 1 Positionnement des fans selon leur activité et la nature de leurs motivations Motivations liées aux bénéfices recherchés (extrinsèques) Intéressé 23% Délaissé 14% Modèle 14% Inactif Actif Fun 14% Passif 36% Motivations liées à l’univers de la marque (intrinsèques) Légende : la taille du rectangle est proportionnelle au poids du profil RECOMMANDATIONS MANAGÉRIALES selon deux axes (figure 1). Le premier axe correspond à l’activité du fan sur la page (fan actif vs. fan inactif) et le deuxième axe renvoie à la nature des motivations de visite du fan sur la page (motivations intrinsèques vs. motivations extrinsèques). Le fan Passif est relativement inactif sur la page et ses motivations sont essentiellement liées à l’univers de la marque (motivations intrinsèques). À l’inverse, le fan Intéressé est avant tout motivé par les avantages disponibles sur la page comme des informations, des gains, des promotions, etc. (motivations extrinsèques). Son degré d’activité dépend d’ailleurs de l’intérêt qu’il accorde à ces bénéfices. Les fans Délaissé, Modèle et Fun sont plutôt actifs sur les pages mais la nature de leurs motivations les distingue. En effet, le fan Modèle tend à être autant motivé par l’univers de la marque que par les bénéfices qu’il peut retirer de la page. Le fan Fun est quant à lui surtout intéressé par la marque ellemême et par son caractère ludique (divertissement) alors que le fan Délaissé agit plus en fonction des avantages que la page peut lui procurer (bons L’analyse détaillée des profils et de leur positionnement suggère des recommandations managériales générales et spécifiques à chaque profil. Recommandations générales En raison de la qualité de sa relation à la marque, de son sentiment d’appartenance à la communauté et de son activité sur la page, le fan Modèle apparait indéniablement comme le type de fan idéal pour les marques. Bien qu’il ne soit pas le profil dominant selon notre étude, quatre recommandations générales pourraient être suivies par les marques pour convertir le maximum de fans en Modèle. Premièrement, stimuler. Pour stimuler leurs fans, il est nécessaire que les marques offrent de l’information à travers la publication de photos, vidéos, 30 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Les marques sont mes amies sur Facebook : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance Agnès Helme-Guizon, Fanny Magnoni etc. Le développement et la gestion de contenus de qualité, ludiques, attractifs et spécifiques sont des éléments clés pour stimuler les fans. Les surcharges de contenu et le manque d’actualisation sont à éviter. L’enquête(7) réalisée en 2011 par le Syndicat National de la Communication Directe (SNCD) montre en effet qu’un contenu intéressant (42%) et un contenu amusant (22%) constituent des raisons pour devenir fan. Plus de la moitié des membres des réseaux sociaux déclarent également s’être déjà désinscrits d’une page Facebook à cause du manque d’intérêt du contenu (56%) et d’une quantité trop importante de publications (65%). Enfin, 82% des fans attendent des informations exclusives. réductions commerciales, des invitations à des événements, un service client plus réactif. Au-delà de ces préconisations managériales générales, des recommandations adaptées à chaque type de fan sont proposées ci-dessous. Recommandations spécifiques à chaque profil La typologie proposée suggère que les marques devraient gérer leurs pages en fonction du profil dominant de leurs fans, dans le but ultime de les rapprocher autant que possible du fan Modèle. C’est pourquoi des stratégies propres à chaque type de fan sont avancées. Deuxièmement, échanger. Pour réunir les fans, la construction d’une véritable relation à double sens est indispensable. En tant que partenaires actifs, les marques doivent être présentes sur les pages en montrant qui elles sont, ce qu’elles font, injecter du contenu, être à l’écoute, répondre aux questions, commenter les retours, etc. Le recours à un Community Manager s’impose donc pour gérer l’eréputation de la marque, garder le contrôle sur son propre support de communication ainsi qu’assurer un dialogue de qualité et créateur de valeur entre la marque et ses fans. Les premiers fans de la marque ou des professionnels du secteur pourraient être sollicités pour endosser ce rôle. À la Caisse d’Épargne par exemple, des experts sont également mobilisés pour répondre aux questions techniques(8). Le fan Passif est sensible à l’univers de la marque mais est inactif. La force de sa relation à la marque est modérée sur les facettes de nature cognitive (Intimité et Qualité du partenaire de la relation) et affective (Amour/passion et Connexions à la marque) et nulle sur les facettes de nature conative (Interdépendance et Engagement). De plus, il n’a pas le sentiment d’appartenir à la communauté de marque. Ainsi, afin d’impliquer le fan Passif, la marque pourrait tout d’abord renforcer l’univers de la marque et jouer davantage sur la dimension affective. Concrètement, la marque peut optimiser son image de marque grâce à la nouvelle mise en page (Timeline) des pages fan Facebook. Celle-ci met en valeur les contenus visuels et offre de nouvelles possibilités comme publier une photo “de couverture” (équivalent d’un en-tête) et une photo “de profil” (souvent le logo) attrayantes et cohérentes avec l’identité de marque, raconter l’histoire de la marque et ses “moments clés”, etc. Ensuite, la marque pourrait surtout inciter le fan à agir et à interagir avec les autres fans pour développer le sentiment d’appartenance à la communauté en ajoutant des boutons sur la page (“Partager”, “J’aime”, “Service-client”), en publiant régulièrement du contenu attractif (lien, commentaire, photo, vidéo, live), en encourageant les fans à publier du contenu, en posant des questions ou en sollicitant des avis, en mettant en avant Troisièmement, fidéliser. Pour maintenir les fans sur une page, il est important de conserver une cohérence entre la stratégie de marque et la stratégie digitale. Autrement dit, la page doit refléter l’image de marque. Il est essentiel que le fan puisse retrouver l’univers de la marque sur la page, ses valeurs. L’enquête du SNCD montre d’ailleurs que 72% des fans recommandent une page à leurs amis par sympathie pour la marque et ses valeurs. La qualité de relation fan-marque pourrait s’affaiblir en cas de non congruence entre les valeurs de la communauté (ou les valeurs de la marque véhiculées sur la page) et les valeurs du fan. (7) Enquête intitulée : « Social CRM : Qu’attendent vraiment les consommateurs des marques ? ». Quatrièmement, concrétiser. Il s’agit pour une marque de proposer aux fans des bénéfices réels en termes d’information (ex : service après-vente) et d’achat (ex : promotions). À l’heure actuelle, les fans souhaitent obtenir prioritairement de ces pages des (8) Méot V. (2009) - Conversation, les marques, s'invitent dans le débat, Marketing Direct, n°134 - 01/12/2009 - 31 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM des publications de fans, en utilisant les messages privés comme nouveau canal de relation-client. trer qu’il y a des « vraies » personnes derrière la marque (répondre aux questions, commenter un retour, etc.). Par ailleurs, les solutions proposées pour le fan Passif visant à renforcer l’univers de la marque et sa dimension affective par l’optimisation de l’image de marque à l’aide de la nouvelle mise en page Facebook sont tout à fait adaptées au fan Intéréssé. L’histoire de la marque peut être présentée dans le “journal”. Cette biographie interactive peut aider les fans à mieux comprendre la marque, ses valeurs, sa philosophie. Enfin, il est indispensable que la marque continue à offrir des avantages concrets (offres, informations, service après-vente, etc.) pour conserver le fan Intéressé. Le fan Délaissé entretient une relation forte avec la marque mais il ne se sent ni considéré par la marque ni appartenir à la communauté. Se jugeant « inutile » ou « invisible », il est actif de façon superficielle (regarde des photos par exemple) mais interagit peu avec la marque et les autres fans. Pour que le fan Délaissé ait le sentiment que la marque le considère à la hauteur de son amour pour elle, il conviendrait de communiquer spécifiquement à des sous-groupes de la communauté et de leur renvoyer que leur avis a été pris en compte. Les solutions proposées pour inciter le fan Passif à agir et à interagir avec les autres fans valent aussi pour le fan Délaissé comme en témoigne le commentaire suivant : « Ben justement, poser des questions sur sa page, nous demander notre avis sur certaines actions, ce qui nous intéresserait » (Femme, H&M). De plus, pour développer une proximité avec le Délaissé, le faire participer afin qu’il se sente écouté et reconnu, la marque peut organiser des jeux concours participatifs sur sa page où les fans sont invités à déposer leurs contributions (photo, vidéo, lien, quizz, etc.). La chaîne de pizzerias américaine Papa John’s a organisé, par exemple, un concours de la meilleure recette de pizza. Par ailleurs, toujours dans le but d’animer et d’engager les communautés, la marque peut diffuser des coupons de réduction, de promotion et organiser ensuite des ventes privées pour créer un lien unique avec les fans. La communauté de marque est ainsi récompensée et le trafic en point de vente augmenté. Enfin, sans cesse à la recherche de « bons plans », le fan Délaissé est sensible aux promotions autour des nouveaux produits et aux offres qui lui sont spécialement dédiées. Le fan Fun entretient une relation très forte avec la marque. Celui-ci connait bien l’univers de la marque et y est très attaché. Sur la page de la marque, le fan Fun cherche avant tout un contenu riche, du divertissement, de l’amusement, des surprises. Un moyen de renforcer son sentiment d’appartenance à la communauté serait de proposer une offre variée de divertissements et davantage de jeux impliquant une interaction, une collaboration entre fans (concours et jeux collectifs) et non plus entre le fan et la marque uniquement. L’émission musicale Taratata a organisé pour Noël, sur Facebook, un concours participatif sur le thème de la musique pour récompenser la fidélité de ses fans(9). Ils étaient invités à créer des playlists et à les partager entre amis. Les auteurs des playlists qui avaient reçu le plus de votes gagnaient des abonnements sur le service de streaming musical Spotify. La relation à la marque du fan Modèle est riche et profonde. Véritable ambassadeur et membre actif de la communauté, le fan Modèle est très attaché à la marque. Il s’identifie à elle, lui fait confiance et la défend. Il connait parfaitement son univers et ses valeurs. Pour maintenir et renforcer son rôle actif voire militant, la marque pourrait récompenser les meilleurs fans par des gratifications en privé mais également en public (ex : fan du mois, parrainage, invitation à des évènements, etc.). De plus, la marque pourrait identifier et recruter ses meilleurs ambassadeurs. C’est le cas de SmartPak Equine (équipement équestre) qui a sélectionné ses fans les plus actifs pour les engager en tant qu’experts dans Le fan Intéressé n’a pas de véritable relation avec la marque. Il ne connait pas vraiment l’univers de la marque et n’a pas de réels sentiments pour elle. Il interagit avec la marque et avec les autres fans uniquement lorsque les bénéfices concrets proposés sur la page l’intéressent (informations, gains, offres, etc.). Pour développer une relation plus affective et moins pragmatique avec le fan Intéressé, il serait souhaitable de développer la confiance et les occasions d’interaction davantage basées sur les valeurs de la marque et les émotions qu’elle suscite. La marque pourrait donc plus « s’humaniser ». Lorsque les fans interagissent, il est important de leur mon- (9) Source : Livre blanc intitulé « La Timeline : une nouvelle approche marketing sur Facebook », Tigerlily avril 2012. 32 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Les marques sont mes amies sur Facebook : vers une typologie de fans basée sur la relation à la marque et le sentiment d’appartenance Agnès Helme-Guizon, Fanny Magnoni Tableau 2 Quelles pratiques pour convertir un fan en fan Modèle ? Fans Passif Intéressé Fun Délaissé Modèle Attentes Comment se rapprocher du fan Modèle ? « Prends-moi par les sentiments. Fais-moi découvrir ton univers ! » - Intensifier la connaissance et les sentiments pour la marque - Susciter plus d’interactions avec la marque et la communauté « Prodigue-moi de petites attentions ! » - Offrir plus de bénéfices concrets - Créer une relation plus affective avec la marque « Fais-moi rêver. Tu sais ce que j’aime ! » - Proposer plus de divertissements - Susciter plus d’interactions avec la communauté « Sois plus démonstratif ! » - Offrir plus de privilèges - Susciter plus d’interactions avec la marque et la communauté - Offrir des récompenses - Renforcer le rôle d’ambassadeur « Laisse-moi te montrer à quel point je t’aime ! » marques-fans et l’activité des membres de la communauté. Celles-ci s’inscrivent dans le prolongement des pratiques proposées par Schau et al. (2009) pour renforcer les communautés de marque en créant de la valeur. la création de campagnes sur Facebook(10). Les meilleurs fans Modèle pourraient même être recrutés comme Community Managers. Le tableau 2 résume les actions qu’une marque peut mettre en œuvre pour que ses fans deviennent des fans Modèle. Cette recherche comporte toutefois des limites inhérentes à la méthodologie qualitative (taille et profil de l’échantillon, généralisabilité des résultats). Elle devrait être complétée par une étude quantitative sur un large échantillon (en nombre et diversité de profil notamment d’âge) permettant de confirmer les types identifiés et de quantifier leur poids mais, également, de mettre en relation des types de fans avec des types de marques caractérisées par des natures (produit vs. service), des secteurs d’activités (habillement / chaussures, high-tech, alimentaire, sport, etc.), des images (utilitaires vs. hédoniques), des positionnements (bas de gamme vs. haut de gamme) variés. Soulignons que dans cette recherche Conclusion, limites et voies de recherche Cette recherche a permis de mettre en évidence cinq profils de fans sur les pages Facebook des marques (Passif, Délaissé, Intéressé, Fun et Modèle), caractérisés par la force et la nature de leur relation spécifique à la marque. Cette relation se fonde sur les dimensions identifiées par Fournier (1998) mais comprend une dimension supplémentaire : le sentiment d’appartenance à un groupe (Long et al., 2012). Il semblerait que, sur Facebook, la marque soit humanisée et que la relation à la marque soit empreinte d’une dimension sociale, résultant de la nature même du média social. Ancrée au sein de préoccupations managériales fortes, des recommandations générales puis spécifiques à chaque profil de fans ont été suggérées afin d’intensifier les relations (10) Source : document intitulé « Five killer strategies to dominate social media’s big 3 : Facebook, Twitter and Youtube », Awareness social marketing software, juin 2012. 33 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM qualitative les profils de fans les moins intéressants pour les marques (Passif et Intéressé) sont les plus nombreux (60% de l’échantillon). Cela montre que la relation fans-marques sur Facebook pourrait être largement améliorée et qu’avoir une page fan n’est pas suffisant pour créer une communauté virtuelle de marque composée de fans actifs et défenseurs de la marque. Ces éléments appellent donc à des recherches complémentaires afin de guider les marques dans la définition et la mise en œuvre de leurs stratégies et pratiques sur Facebook. BIBLIOGRAPHIE Bardin L. 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(2006) - The value of participation in virtual consumer communities on brand loyalty, Internet Research, 16 (4), p.398-418. 34 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 UNE ANALYSE DE L’E-RÉPUTATION PAR ANALOGIE OU CONTRASTE AVEC LA RÉPUTATION : UNE APPROCHE PAR LES MÉDIAS SOCIAUX Sylvaine CASTELLANO(1) Professeure associée, ESG Management School Vincent DUTOT(2) Professeur associé, ESG Management School Les auteurs sont présentés par ordre alphabétique, ils ont contribué également à la réalisation de cet article. Les auteurs tiennent à remercier Madeline Delcourt, Sarach Loichot, Hélène Méziat, Jennifer Trabelsi et Bopha Vann Yen pour leurs contributions à cette recherche. Résumé Les médias sociaux ont favorisé le développement de l’e-réputation. Cet article vise à comprendre ce concept en le comparant à la notion traditionnelle de réputation au travers d’une double étude. Une enquête qualitative auprès de professionnels du tourisme montre ainsi que ces deux notions sont interdépendantes. Une enquête quantitative suggère ensuite que les consommateurs perçoivent l’e-réputation comme un tout. Un modèle intégrateur de ces deux notions est enfin présenté. Mots clés : Réputation - E-réputation - Comportement consommateur - Média social - Grille de mesure. ANALOGIES AND CONTRASTS BETWEEN E-REPUTATION AND REPUTATION : A SOCIAL MEDIA PERSPECTIVE Abstract The Internet and social media led to the development of e-reputation. This article aims at analysing this growing concept, specifically by comparing it with the traditional view of reputation. An exploratory study among tourist professionals highlights that both concepts are interdependent. Additionally, a quantitative study shows that consumers perceive e-reputation as a whole and that each element taken alone is not sufficient to carry an effective e-reputation strategy. An integrated model is presented as a final contribution. Key w or ds : Reputation - E-reputation - Customer behaviour - Social media - Measurement grid. (1) Courriel : [email protected] (2) Courriel : [email protected] 35 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM des médias sociaux, véhicule principal de la réputation en ligne. INTRODUCTION L’analyse du concept de réputation est récente et de nombreuses questions restent posées (Rindova et al., 2005). En marketing, la réputation résulte des efforts engagés par une organisation dans le but de générer un achat et de créer la loyauté du consommateur (Keller et Aaker, 1998). Elle se comprend comme « l’histoire » de la marque (Belkamel et al., 2012). Cette histoire est la plupart du temps contrôlée et générée par la marque. Les approches théoriques de la réputation La réputation, concept multi-disciplinaire (Einwiller, 2001), contribue à créer un avantage concurrentiel. En économie, dans la théorie des jeux, la réputation consiste pour les organisations à utiliser leurs actions passées pour signaler aux parties prenantes leurs caractéristiques (attributs, qualités) réelles (Rindova et al., 2005) et, ainsi, créer une perception de fiabilité (Dawar, Parker, 1994) quant à leurs actions futures. Cependant, le Web 2.0, porté notamment par les notions de partage et de présence sociale (réseaux sociaux, communautés virtuelles), a donné la possibilité aux consommateurs d’influencer l’image d’une marque, jouant ainsi sur sa réputation (Belkamel et al., 2012). Les consommateurs deviennent alors des porteurs de la marque et peuvent modifier la perception d’une entreprise. Ces consommateurs assureront la réussite ou l’échec des firmes quant à leur réputation et leur e-réputation (Chun, Davies, 2001). En marketing, la réputation résulte des efforts engagés par une organisation dans le but de générer un achat et d’assurer la loyauté du consommateur (Keller, Aaker, 1998). Ainsi, la réputation se crée à travers des mécanismes d’identification entre le consommateur et l’entreprise. Selon l’approche organisationnelle/ éthique, la réputation émane de la culture et des valeurs de l’organisation, à travers l’utilisation d’un logo ou d’une marque, et se rapproche du concept d’authenticité (Fombrun, 2001). Cette recherche appréhende et représente les liens entre la réputation et l’e-réputation afin de combler les vides théoriques et managériaux existants. Cette étude propose la présentation d’une approche globale de la réputation en enrichissant le concept de nouveaux éléments de mesure influencés par les médias sociaux. Elle vise à mieux comprendre le concept d’e-réputation au travers des deux objectifs suivants : (1) identifier les analogies et contrastes entre l’e-réputation et la réputation, et (2) analyser l’influence des médias sociaux sur l’e-réputation du point de vue des consommateurs. Dans l’approche sociologique, la réputation est un construit social. Les parties prenantes évaluent les firmes (Rao, 1994) et examinent les signaux envoyés par l’organisation et/ou recourent à des intermédiaires (analystes du marché, investisseurs professionnels, média, etc.) qui leur permettent de détenir des informations réduisant l’asymétrie potentielle (Abrahamson, Fombrun, 1994). Ce processus permet de classer ou d’ordonner la réputation des différentes entreprises. Dans un premier temps, nous présentons les concepts théoriques en relation étroite avec ce champ de recherche avant de détailler, dans un second temps, les deux analyses menées (entretiens et questionnaire). Dans un troisième temps, les résultats seront présentés et discutés. Enfin, les principales implications (scientifiques et managériales) clôturent la recherche. Revue de la littérature Enfin, selon l’approche stratégique, la réputation résulte de deux mécanismes. D’une part, cette ressource dérive des caractéristiques internes spécifiques (uniques) à l’organisation. D’autre part, la réputation est une perception externe de l’organisation. Une perception positive est alors la source d’un avantage concurrentiel. Le tableau 1 synthétise l’ensemble des approches de la réputation. Nous présentons ici les approches théoriques des concepts de réputation et d’e-réputation. La dimension sociale est abordée par l’intermédiaire En intégrant ces approches, on remarque que la réputation est un construit subjectif et social qui, d’une part, met en avant l’asymétrie d’information 36 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot Tableau 1 Les approches théoriques de la réputation Approches Définition Caractéristiques Économique La réputation crée une perception de fiabilité et de prédictibilité. Trait ou signal. Stratégique La réputation est issue des caractéristiques internes uniques Perçue comme un actif. de l’organisation et est perçue extérieurement. Sociologique La réputation est un construit social qui permet d’établir des Classements. classements et ordonner les firmes. Marketing La réputation est le résultat des efforts des firmes pour inciter Loyauté. les consommateurs à effectuer des achats et construire la loyauté du consommateur. Organisation / éthique Les firmes développent des réputations comme une expression Identité. d’elles-mêmes (logo, marques, croyances, culture). Authenticité. mix » se compose de 3 niveaux. Le premier niveau est l’e-character de l’entreprise. Il s’apparente à la personnalité de la marque elle-même. Le second présente l’e-identity qui fait référence à la structure du site, l’aspect graphique, ergonomique et esthétique. Le troisième niveau est l’e-expérience. Il insiste sur la cohérence de ce qui est promis par la marque en ligne et l’expérience physique. Cette approche a pour intérêt majeur de positionner l’eréputation selon une échelle d’intensité. entre le consommateurs et les entreprises (Deephouse, Suchman, 2008) et, d’autre part, réduit les incertitudes des consommateurs. L’e-réputation L’e-réputation peut être définie comme la « réputation construite à partir de l’ensemble des perceptions que les parties prenantes auront de l’objet, à partir de tout élément d’information circulant sur le Net » (Paquerot et al., 2011). L’e-réputation apparait donc a priori comme un élément de la réputation ellemême, émanant spécifiquement de toutes les formes de contacts électroniques (Chun, Davies, 2001). Cette approche est renforcée par les propos de Frochot et Molinaro (2008) : « L’e-réputation appelée cyber réputation, réputation numérique ou encore web réputation est l’image que les internautes se font d’une entreprise ou d’une personne en fonction des informations diffusées à son sujet sur le Web, de ce qui est dit par les autres sur soi, des messages diffusés par les divers internautes (clients, concurrents, salariés, etc.) ou encore des traces laissées involontairement ». Au travers des perspectives présentées, l’e-réputation semble posséder des mécanismes propres. L’observatoire de recherche sur l’e-réputation Blueboat (2009) synthétise bien cette logique : « L’eréputation est composée par l’image que se fait l’internaute d’une entreprise en fonction de l’ensemble des contenus qui sont accessibles sur le web à travers différentes sources blogs, forums, réseaux sociaux, site d’avis de consommateurs. Elle passe par des prescripteurs qui donnent des avis positifs ou négatifs. Il est important pour une entreprise de surveiller ce qui se dit afin d’intervenir si besoin ». Réputation versus e-réputation Peu de travaux académiques ont pris pour sujet d’étude l’e-réputation uniquement. Parmi ceux-ci, Chun (2004) qui propose un outil de mesure de l’eréputation en prenant en compte les multiples parties prenantes d’une organisation. L’« e-réputation La littérature a donc mis en avant les éléments qui rapprochent réputation et e-réputation (notamment l’implication des parties prenantes, la perception et l’image à propos d’une entreprise). Il est aussi 37 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Tableau 2 Synthèse des critères de mesure de la réputation et de l’e-réputation Critères Outil(s) Réputation E-réputation Critère applicable ou non applicable Fiabilité Processus de certification. X X Applicable : via l’existence de systèmes de certifications Benchmark Comparaison entre les organisations : jugement + classement. X X Applicable : via la récupération des commentaires et leur classement Personnalité 5 dimensions d’Aaker (1997). X X 5 dimensions : (1) Sincérité, (2) Compétence, (3) Excitation, (4) Rugosité et (5) Sophistication E-expérience Mix de l’e-réputation (Chun, 2004). X 5 dimensions (1) Sécurité, (2) Vitesse, (3) Interactivité, (4) Contenu et (5) Cohérence Image 7 dimensions de la personnalité d’une marque (Davies et al. 2003). Sociabilité Outils de gestion du social web. Veille/ évaluation/ participation X 7 dimensions (1) Amabilité, (2) Compétence, (3) Chic, (4) Esprit d’entreprendre, initiative, (5) Machisme, (6) Cruauté, rudesse, (7) Ambiance X Applicable sont rapportés les outils permettant de le mesurer, le degré d’applicabilité à notre recherche et, enfin, sa prise en considération pour mesurer la réputation et l’e-réputation d’une organisation. nécessaire de montrer en quoi elles diffèrent (le rôle des médias sociaux, la co-création avec les parties prenantes par exemple). Une synthèse des critères de mesure de la réputation de l’e-réputation peut ainsi être réalisée (tableau 2). Pour chaque critère 38 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot Si chaque concept a été mesuré de manière séparée, peu de recherches ont cherché à identifier les liens entre réputation et e-réputation. Cet article tend à combler ce vide en identifiant et en présentant la frontière entre ces deux concepts à travers une étude des médias sociaux et de leur influence sur la perception de la réputation d’une entreprise. Dorénavant, les entreprises perdent le contrôle une fois que le message est diffusé car celui-ci est récupéré par les consommateurs qui le commentent, partagent et questionnent (Divol et al., 2012). Le consommateur peut ainsi « discuter » directement avec la marque et les autres consommateurs (Mangold, Faulds, 2009). Au final, comme souligné par Kabla et Gourvennec (2011), « les médias sociaux sont un véritable accélérateur social de l’Internet, avec la mise en relation d’individus dont les centres d’intérêts sont communs et ils construisent le web ensemble ». La perception de chacun est mise en avant, les avis partagés et commentés, le tout pouvant ainsi faire ou défaire l’image d’une marque. « Social media » L’émergence des médias sociaux a changé le rôle des consommateurs dans la gestion d’une marque, rendant plus essentielle la compréhension de la notion d’e-réputation. Ces derniers sont maintenant des acteurs, créateurs et vecteurs d’influence sur le Web. L’entreprise doit donc intégrer la contribution des consommateurs au travers de nouveaux outils que sont les médias sociaux. Il apparaît donc, au travers de cette revue de la littérature, que les concepts de réputation et d’eréputation présentent des analogies et des contrastes accentués par l’apparition des médias sociaux comme relais d’influence pour les consommateurs. Examiner de manière empirique les relations entre ces concepts présente donc un intérêt majeur, permettant ainsi de renforcer le corpus scientifique. La section suivante s’attache donc à examiner notre question de recherche à travers une approche exploratoire qualitative puis quantitative. Le terme de « social media » a été utilisé dans de nombreux contextes liés aux différentes technologies et à ce qu’elles peuvent accomplir. Il peut se définir comme la production, la consommation et l’échange d’informations au travers de plateformes d’interactions sociales. Dans une approche similaire, Greenberg (2009), sans définir explicitement le « social media », avance l’idée que tous les consommateurs sont maintenant des « consommateurs sociaux » et que chaque interaction est une part intégrante d’une nouvelle collaboration entre la compagnie et le consommateur : le CRM 2.0 (Andzulis et al. 2012 ; Nair, 2011). Ils permettent de développer les conversations ainsi que les interactions sociales. Les médias sociaux deviennent alors un support pour communiquer, toucher, sensibiliser et également observer les retours des consommateurs (O’Leary, 2011). Méthodologie Afin de répondre directement à notre objectif de recherche qui consiste à mieux comprendre le concept d’e-réputation, une double analyse a été réalisée. La première, auprès de professionnels du secteur du tourisme, a pour but de cerner le concept d’e-réputation, en termes de définition et de manifestations, en particulier en le confrontant au concept de réputation. Elle permet l’identification des analogies et des contrastes entre l’e-réputation et la réputation. La seconde vise à confronter trois propositions de recherche auprès de consommateurs et permet l’analyse de l’influence des médias sociaux sur l’e-réputation. Plus récemment, Proulx et al. (2012) ont défini les médias sociaux comme des « supports médiatiques logiciels permettant aux usagers de maintenir une présence, de communiquer et d’interagir en ligne ». L’internaute a besoin d’intégrer une communauté et de communiquer autour d’un sujet ou d’une marque en particulier. Les médias sociaux ont progressivement permis aux individus de s’appuyer sur Internet pour communiquer, s’exprimer, consulter et commenter (O’Leary, 2011), influençant directement la réputation d’une marque sur les supports digitaux. Avant le développement des réseaux sociaux, les entreprises avaient le contrôle sur les messages qu’elles diffusaient et sur le moment où le consommateur y aurait accès. Étude qualitative L’étude qualitative a pour objectif de confronter la réputation et l’e-réputation à travers leurs analogies et leurs contrastes. Pour ce faire, nous nous sommes intéressés à un secteur influencé fortement par la réputation et l’e-réputation : le tourisme. Neuf entretiens semi-dirigés, d’une durée de 60 à 90 39 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM minutes, ont été réalisés (cf. annexe 1 pour le profil des répondants) en face-à-face ou par Skype. Les unités d’analyse ont été regroupées en catégories cohérentes avec le sujet de notre recherche (Glaser, Strauss, 1967), exhaustive et exclusive (Evrard et al., 2009). affirme que les avis des consommateurs doivent faire l’objet d’une gestion à part entière car « une entreprise touristique ne peut plus fermer les yeux sur ce qui se dit d’elle sur Internet, surtout avec tous les sites d’avis qui existent ». D’autant plus que, comme A. DeL. (Accor) le pense, les clients insatisfaits ont tendance à poster plus facilement leur avis que les clients satisfaits. N. F. (Free Lance), E. G. (Accor) et L. E. (Accor) nous parlent d’une nouvelle tendance qui devient de plus en plus courante : le recours par les internautes aux faux commentaires négatifs dans le but d’obtenir un geste commercial de l’entreprise. Présentation des résultats qualitatifs La sous-section suivante présente les résultats des entretiens semi-dirigés en trois points : la différence de perception entre la réputation et l’e-réputation, l’importance de l’avis des consommateurs et la gestion de l’e-réputation. Gestion de l’e-réputation La gestion de l’e-réputation est indispensable pour nos experts. J. C. (eHotelmarketing.fr) et A. DeL. (Accor) nous confient qu’une entreprise du tourisme qui ne fait pas attention à son e-réputation risque une perte de chiffre d’affaires causée par une perte de clients. Sa pérennité est alors en danger. Elle doit donc opter pour « une gestion pro-active de sa e-réputation » (J. C, eHotelmarketing.fr).). S. A. (Nomao) est du même avis et affirme que « l’e-réputation a un impact direct sur les revenus d’une entreprise dans le sens où une bonne e-réputation engendre un meilleur revenu ». Différence entre la réputation et l’e-réputation Pour l’ensemble de nos répondants, il apparaît que la réputation et l’e-réputation ne sont pas aussi éloignées que ce que la littérature puisse le laisser prétendre, dans la mesure où l’e-réputation est le prolongement de la réputation sur le Web. L’e-réputation est la « transposition écrite de ce que les gens pourraient se dire à l’oral » (J. C., eHotelmarketing.fr) et se construit grâce à de nombreux avis cumulés. La réputation peut s’appréhender comme une rumeur et l’e-réputation comme la preuve de la rumeur, servant de « certificat d’authenticité » (D. B., Accor) d’une information. Il faut également être capable de suivre en temps réel toute information sur la marque et la faire remonter à la direction sous peine de perte de compétitivité. D. B. (Accor) parle justement de ces problèmes opérationnels soulevés par des mauvais commentaires qui lui sont remontés et font partie de son travail quotidien. Le second point souligné est le champ d’influence de chaque réputation. La réputation reste limitée, que ce soit géographiquement ou temporellement. L’e-réputation touche plus de personnes, du fait de l’accessibilité à l’information permise par le Web, comme le dit N. F. (Free lance) « c’est d’autant plus difficile car avant la réputation était locale, aujourd'hui elle est nationale voire mondiale ». « On a le retour du client pendant son séjour donc si on est assez malin pour veiller à la qualité des informations qui sont émises sur nos hôtels, on peut anticiper et alerter sur les problèmes et, là, les outils classiques prennent le relais, on a des audits qualité, mais cela va être complémentaire aux alertes qu’on a sur le Web. On vérifie si l’on a de véritables problèmes ou si le client est de mauvaise foi et cela nous permet de corriger et redresser le niveau de satisfaction de l’hôtel » (D. B., Accor). Elle note ainsi que l’e-réputation a pour différence d’être durable dans le temps, puisque les données partagées ou publiées sur le Web n’ont pas de durée de vie limitée : « les écrits restent sur Internet, il y a un historique ». Avis des consommateurs Concernant les avis des consommateurs, les professionnels sont d’accord sur un point : ils contribuent entièrement à la construction ou la destruction de l’eréputation d’une marque. J. C. (eHotelmarketing.fr) Synthèse des critères qualitatifs À partir des entretiens réalisés, il a été possible de confronter les avis d’experts sur les critères d’e- 40 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot Tableau 3 Synthèse des critères retenus par les professionnels Critères Outil(s) cités en revue de littérature Retenu comme critère de mesure de l’e-réputation OUI Outil(s) préconisé(s) par les professionnels Fiabilité Processus de certification Benchmark Comparaison entre les NON organisations : somme des jugements puis classement Personnalité Modèle des 5 dimensions OUI de la personnalité d’une marque (Aaker, 1997) • Mesure d’image et de notoriété • Mesure de notoriété et de marque employée en interne ou externe (recrutement, etc.) E-expérience Mix de l’e-réputation OUI (Chun, 2004). • Mix Chun (2004) • Actualisation fréquente des sites vitrine et e-commerce • Référencement du site (Google Analytics) Image 7 dimensions de la person- NON nalité d’une marque (Davies et al. 2003). Sociabilité Outils de gestion du social OUI Web, Veille, évaluation, participation. • Outils de veille pour mesurer la présence de la marque sur les réseaux sociaux : - Redtigger - ScoopIt - Netvibes - Ethority • Contrôle des tweets et commentaires Facebook • Fréquence d’actualisation de la page Facebook Transparence Non cité. • Référencement sur les sites comparateurs certifiés (ex : vinivi.com) spécialisés ou non dans le tourisme • Qualité du discours de la marque (évaluation de son unité et de sa véracité) OUI Contrôle des avis consommateurs sur les sites comparateurs Référencement sur les sites comparateurs certifiés (ex : vinivi.com) spécialisés ou non dans le tourisme 41 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM réputation à ceux issus de la littérature (cf. tableau 3). S’il apparaît que la majorité des critères sont jugés pertinents et applicables, deux d’entre eux ont cependant été rejetés. PR2 : L’utilité de l’information trouvée sur médias sociaux par les consommateurs influence leur perception de l’e-réputation. Le premier est la notion de benchmark. Selon les experts, l’analyse de la concurrence sur le support digital ne doit pas être intégrée dans la mesure de l’e-réputation, mais plutôt dans la stratégie online de l’organisation. Cette notion ne peut pas être réduite uniquement à l’analyse de l’e-réputation. Par ailleurs, bien que les firmes tentent d’influencer leur réputation au travers de mécanismes tels que l’envoi de signaux sur les médias sociaux (Standifird, 2001), l’e-réputation est finalement établie par les parties prenantes. Or, ces dernières ont un usage différent des médias sociaux (Castronovo et Huang, 2012). On peut donc formuler la proposition de recherche suivante : Le second critère non retenu est l’image, car trop difficile à juger dans sa globalité en ligne. Les experts auraient préféré voir l’idée du buzz présenté. Enfin, un nouvel élément a été cité par l’ensemble des experts rencontrés, à savoir la transparence. Il regroupe l’idée du référencement en ligne et de la capacité de la marque à présenter un discours unique et cohérent peu importe le canal de communication utilisé (hors ligne ou en ligne). PR3 : L’objectif d’utilisation des médias sociaux par les consommateurs influence leur perception de l’e-réputation. Nous avons recours dans cette recherche à la formulation de propositions pour deux raisons : (1) les recherches antérieures sur le concept d’e-réputation n’ont pas encore aboutit à des conclusions claires et (2), le caractère innovant et exploratoire ne permet pas d’établir de lien causal entre les variables (Evrard et al., 2009, p.50). Cette première analyse a permis de mieux comprendre les frontières entre la réputation et l’e-réputation et de présenter un modèle global de mesure de l’e-réputation pour les professionnels. Pour autant, les consommateurs appréhendent-ils la notion d’e-réputation de la même manière ? Étude quantitative Afin de confronter les propositions de recherche énoncées, une analyse quantitative a été menée auprès de 148 consommateurs actifs sur les médias sociaux. Nous nous sommes focalisés sur la vision qu’ont les consommateurs des objectifs et des priorités poursuivis par les entreprises sur les médias sociaux. Un questionnaire a été administré en ligne durant les deux premières semaines de juin 2012. Le profil des répondants est présenté en annexe 2. Alors que les travaux précédents avaient mis en avant la notion de « media reputation » comme l’évaluation générale de la réputation présentée dans les médias (Deephouse, 2000), le développement des médias sociaux sur Internet représente l’un des facteurs clé de la spécificité de l’e-réputation et de son impact sur les firmes. En effet, les médias sociaux influencent la perception et les opinions que se font les parties prenantes, notamment les consommateurs, des entreprises. Or, l’e-réputation se construit par l’interaction entre les parties prenantes et l’entreprise via les médias sociaux. Ainsi, le contenu créé et l’information diffusée sur les médias sociaux vont influencer la perception des consommateurs (Deephouse, 2000), encourager une interaction ainsi qu’un engagement envers la firme (Murdough, 2009). On peut donc formuler les propositions de recherche suivantes : Mesures des variables Le questionnaire compte 22 questions, réparties entre le comportement sur Internet et vis-à-vis des réseaux sociaux, le type de médias sociaux, la sphère d’utilisation, le contexte d’utilisation des médias sociaux, l’utilité de l’information, l’objectif d’utilisation et l’e-réputation. Le détail des mesures est présenté en annexe 3. Du fait du caractère exploratoire de cette recherche, les échelles de mesure utilisées ont un caractère empirique et n’ont pas été validées par un processus systématique de construction (fiabilité et validité). PR1 : Le contexte d’utilisation des médias sociaux par les consommateurs influence leur perception de l’e-réputation. 42 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot Tableau 4 Matrice de corrélation 1.contexte_1 SD 1 3,387097 1,2669 1,0000 4 3 2 Moy 7 6 5 8 12 11 10 9 2.contexte_2 2,370968 1,164989 0,4362 1,0000 3.contexte_3a 1,572581 0,8280979 0,2830 0,3764 1,0000 4.contexte_3b 2,725806 1,351535 0,4376 0,1632 0,4683 1,0000 5.contexte_3c 3,193548 1,40659 0,6556 0,3081 0,3089 0,4387 1,0000 6.satisfacti~s 3,145161 1,194115 0,5053 0,4227 0,3017 0,4279 0,3994 1,0000 7.obj_ms_1 4,266129 0,9379867 0,1110 0,1916 0,0639 0,1414 0,1517 0,1757 1,0000 8.obj_ms_2 4,169355 0,917063 0,1950 0,1081 0,0212 0,2542 0,2391 0,2892 0,6371 1,0000 9.obj_ms_3 3,83871 0,9575298 0,2529 0,1634 0,1174 0,1791 0,1743 0,2980 0,4012 0,4295 1,0000 10.obj_ms_4 3,983871 0,9709929 0,3290 0,1563 -0,059 0,0895 0,1868 0,2194 0,4422 0,4048 0,5918 1,0000 11.obj_ms_5 3,41129 1,059315 0,2439 0,1586 0,2113 0,3122 0,2572 0,2416 0,3226 0,3545 0,4507 0,3069 1,0000 12.Obj_MS_6 4,314516 0,7689813 0,1327 0,1319 -0,068 0,1228 0,1612 0,1889 0,5706 0,5810 0,3455 0,4315 0,3489 1,0000 13.Obj_MS_7 3,943548 1,053854 0,0957 0,0636 -0,018 0,0575 0,0239 0,3102 0,4430 0,4811 0,1923 0,2613 0,1229 0,6140 Tableau 5 Analyses de régressions multivariées e-reputation comp_2 comp_3 comp_4 ms_utiliss sphere_ms contexte_1 contexte_2 contexte_3a contexte_3b contexte_3c satisfacti~s obj_ms_1 obj_ms_2 obj_ms_3 obj_ms_4 obj_ms_5 Obj_MS_6 Obj_MS_7 genre age csp salaire _cons F Prob>F Adj. R-squared Modèle 1 Coef. t Modèle 2 Coef. t -0,2980 0,156 -0,3708 0,039 -0,1246 0,124 0,4275 0,018 -0,0039 0,962 Modèle 3 t Coef. -0,0496 0,1429 -0,279 0,0772 0,09002 0,0543 Modèle 4 t Coef. 0,617 0,106 0,016 0,334 0,281 0,541 -0,1175 0,1629 -0,0196 0,0577 -0,0307 0,6709 0,1916 -0,1418 0,426 -0,0737 0,450 0,175 0,760 0,0092 0,903 4,449 0,000 0,34 0,853 0,0101 4,606 0,000 3,59 0,00 0,1237 3,7598 0,000 1,68 0,00 0,0751 0,202 0,094 0,817 0,487 0,646 0,000 0,014 0,2685 0,488 18,70 0,00 0,5197 43 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Modèle 5 t Coef. -0,2377 0,182 -0,0924 0,584 -0,0350 0,597 0,3367 0,028 0,0269 0,705 -0,0555 0,479 0,0505 0,493 -0,0687 0,492 0,0488 0,443 0,0227 0,722 -0,0672 0,354 -0,0951 0,350 0,1391 0,178 -0,0093 0,918 0,0709 0,450 -0,0149 0,844 0,5889 0,000 0,2676 0,002 -0,3816 0,009 0,1007 0,224 -0,0164 0,703 -0,0688 0,280 0,8508 0,329 0,00 0,6111 ADETEM Ainsi, pris individuellement, chaque facteur ne peut influencer la perception que les consommateurs ont de l’e-réputation des firmes. Nous pouvons donc conclure que l’e-réputation est perçue comme un tout (F significatifs). Les firmes ne peuvent donc s’engager sur un facteur uniquement ou sur quelques facteurs. Au contraire, elles doivent conduire un ensemble d’actions afin d’influencer la e-réputation perçue par les consommateurs. Résultats et discussion Le tableau 4 présente la matrice des corrélations. Les résultats nous amènent à penser que la multicollinéarité n’est pas problématique dans la mesure où la plupart des coefficients de corrélation sont inférieurs à la valeur 0,30. À partir de cette première analyse, nous avons testé cinq modèles de régressions pour la variable dépendante de notre recherche (e-réputation). Le premier (modèle 1) intègre uniquement les variables de contrôle. Le second (modèle 2) se focalise uniquement sur le comportement vis-à vis des médias sociaux (le comportement, la satisfaction et la sphère d’utilisation). Le troisième (modèle 3) s’intéresse aux effets du contexte et de l’utilité de l’information. Le quatrième (modèle 4) se tourne vers l’objectif d’utilisation des médias sociaux. Enfin, le dernier modèle testé regroupe l’ensemble de variables (modèle 5). Les tests F multivariés montrent l’effet total des variables indépendantes sur la variable dépendante (tableau 5). IMPLICATIONS MANAGÉRIALES Au travers de cette double analyse, nous avons cherché à mieux appréhender le concept d’e-réputation, que ce soit du point de vue des professionnels (du secteur du tourisme) ou de celui des consommateurs présents sur les réseaux sociaux. L’analyse exploratoire auprès de professionnels du tourisme permet de mettre en avant plusieurs enseignements liés à notre premier objectif de recherche. Pour les professionnels interrogés, il existe a priori de nombreux points de convergence entre réputation et e-réputation. La deuxième ne serait que le « prolongement » de la première ou encore sa « transposition » sur les réseaux sociaux. Toutefois, les professionnels ont intégré les spécificités de la sphère virtuelle mettant en avant les divergences entre ces deux concepts. Elles se caractérisent par l’instantanéité, l’omniprésence, l’accessibilité et la persistance dans le temps. Tous les modèles sont significatifs sauf le modèle 1. Dans le modèle 3, la variable contexte_3a est statistiquement significative. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, les consommateurs peuvent prêter plus d’attention aux produits de tous les jours, pour lesquels il est plus difficile de juger de la réputation « réelle » des firmes. La proposition 1 n’est donc pas rejetée. En revanche, la proposition 2 l’est. Dans le modèle 4, le test F est significatif. La proposition 3 n’est ainsi pas rejetée. Un tweet posté trop rapidement, une décision désapprouvée sur Facebook (par exemple, GAP a dû retirer son logo suite à une désapprobation de followers sur le réseau social) peuvent instantanément se diffuser et détruire l’e-réputation établie dans le temps. Les managers doivent donc identifier et déployer de nouvelles stratégies afin de gérer efficacement leur e-réputation. Plus particulièrement, la variable obj_MS_5 est statistiquement significative. Il semble donc que plus l’objectif affiché semble « honnête » plus l’e-réputation perçue croît. Dans le modèle 5, les variables obj_MS_6 et obj_MS_7 sont statistiquement significatives. L’eréputation augmente lorsque l’entreprise cherche à développer sa communication on-line et à recruter des fans. Le modèle le moins performant est le 3, qui s’intéressait au contexte d’utilisation des réseaux sociaux. Ceci peut paraître surprenant car nous analysions ici la consultation et le partage d’avis sur les médias sociaux, notamment dans une perspective d’achat. Il apparaît que le modèle 5 a le plus fort pouvoir explicatif (R2=0,61), même, si dans le détail, chaque variable n’est pas significative (valeurs des t<0,1). Ce processus passe par un ensemble d’outils qui peuvent être regroupés selon quatre grands blocs. - Le premier est la gestion de la marque en ligne. Par gestion, nous entendons la définition de l’identité virtuelle de la marque, la prise en compte de la personnalité de l’entreprise et son relais sur le canal digital. 44 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot - Le second est la prise en considération de la fiabilité des informations en ligne et, plus précisément, les avis ou la présence sur certains supports. Comme mentionné ci-dessus, les faux avis sont de plus en plus présents et peuvent nuire ou tout au moins influencer, la perception d’une entreprise par un consommateur. La gestion de ces éléments devient un enjeu majeur pour les entreprises. prises ont recours à des moyens peu scrupuleux pour se construire une image valorisante auprès de leurs clients. Dans le cas où les impostures sont révélées, les clients peuvent alors se sentir trompés. Les avis des consommateurs sont bien souvent, aux yeux des autres consommateurs, les plus objectifs. Les entreprises doivent ainsi, si elles se lancent sur le Web et décident d’intégrer l’ensemble des dimensions de l’e-réputation, être prêtes à accepter le bon et le moins bon de la part des consommateurs. - Le troisième ensemble d’outils touche la présence sur les médias sociaux. Comme mentionné durant notre recherche, une stratégie de gestion de l’e-réputation devient indispensable sur les médias sociaux pour les entreprises. En effet, nous avons pu constater à travers notre étude que les consommateurs qui consultent les avis sont nombreux (57%) et qu’ils tiennent compte globalement des avis partagés avant d’effectuer un achat. Il est donc primordial pour une entreprise de veiller à son e-réputation. En effet, les avis négatifs auront tendance à influencer négativement les futurs acheteurs et les avis positifs auront tendance à les influencer positivement. Ces propos doivent être nuancés car les consommateurs restent méfiants et comparent plusieurs avis pour se faire une idée. Cependant, les entreprises doivent établir une stratégie de gestion de leur e-réputation qui semble primordiale surtout en B-to-C. La gestion de crise (ou de rumeurs) doit être efficace et rapide dans ce cas car les médias sociaux véhiculent les messages à grande vitesse et peuvent détruire l’image d’une entreprise ou d’une marque si l’entreprise n’est pas assez réactive. Pour les consommateurs, la réputation en ligne tourne autour des médias sociaux dans l’interaction avec une entreprise. Les résultats montrent que les consommateurs perçoivent l’e-réputation comme un tout. Les entreprises se doivent donc d’adopter une approche intégratrice du concept. Selon les consommateurs, l’e-réputation dépend du contexte d’utilisation des médias sociaux (consulter ou partager son avis, type de bien acheté) et des objectifs que l’entreprise affiche. L’e-réputation importe surtout dans un contexte de communication on-line et dans un objectif de recrutement de fans. Ces premiers facteurs apportent des éléments de réponse à notre second objectif de recherche. Par ailleurs, les entreprises doivent prendre en considération leurs cibles dans leur stratégie d’eréputation. Ainsi, par exemple, les femmes sont plus sensibles aux messages envoyés par les entreprises, pourquoi donc ne pas adapter le message à cette cible. Au-delà d’une « media reputation » (Deephouse, 2000), il existe donc une « social media based e-réputation ». - Le quatrième et dernier élément est la notion de transparence. Cette composante, un des éléments soulevés lors de l’analyse qualitative, regroupe les notions de comportement sur les médias (partage ou consultation d’avis) ou d’objectif d’utilisation (communauté, fidélisation de la clientèle). Peu importe ce qui arrive, une entreprise se doit de réagir mais, dans un souci de réalité. Il ne faut ainsi absolument pas chercher à démentir les propos ou ajouter des avis positifs, car les consommateurs s’en rendront compte et n’auront plus confiance en cette entreprise. Certaines entre- CONCLUSION ET FUTURES RECHERCHES L’objectif de cet article a été de réunir au sein d’une même recherche les concepts de réputation et d’e-réputation. Alors que le premier a fait l’objet de nombreuses études tant au niveau théorique qu’empirique, les travaux sur l’e-réputation sont encore rares tant en marketing qu’en management. Une revue de la littérature nous a permis de mettre en avant les points de convergence de ces deux 45 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Figure 1 Modèle de réputation et d’e-réputation (2) (1) Entreprise Consommateur Entreprise Réputation Consommateur e-réputation contributions au niveau académique mais aussi managérial. D’un point de vue académique, cette recherche apporte un nouvel éclairage sur les concepts de réputation et d’e-réputation. L’e-réputation intègre un ensemble de critères tels que la fiabilité du message, la stabilité et la constance des informations véhiculées, la personnalité de la marque, l’e-expérience, la sociabilité et la transparence. Cette réputation en ligne semble se forger et évoluer principalement sur les réseaux sociaux pour lesquels une entreprise doit être en mesure de contrôler son comportement en ligne, définir un objectif précis et réfléchir au contexte d’utilisation par rapport à sa stratégie globale. concepts (notamment l’envoi d’un signal à des parties prenantes). Elle a aussi été l’occasion d’identifier dans quelle mesure l’e-réputation se différencie de la réputation (contrastes). En effet, au-delà de l’entreprise, ce sont les consommateurs et autres parties prenantes qui participent à l’envoi de signaux de qualité sur la sphère virtuelle. Par ailleurs, un mécanisme de veille se crée sur les réseaux sociaux. Comme le représente la figure 1, nous pouvons voir que l’e-réputation est coconstruite et les liens sont intensifiés (1), elle connaît une forme d’existence hors de l’entreprise (ex : création d’une page Facebook non officielle par des fans) et elle échappe d’une certaine manière au contrôle de l’entreprise (2). Par ailleurs, les gestionnaires trouveront dans cette étude les éléments à suivre lorsqu’il est question de leur réputation en ligne. Ils pourront notamment identifier sur quels facteurs insister ou investir leurs ressources. Plus précisément, cette recherche montre que la réputation et l’e-réputation ne peuvent être abordées de la même manière par les entreprises et qu’il faut donc mettre en place des outils différents pour appréhender ces deux notions. Il semble également essentiel de considérer la présence sur les médias sociaux (Facebook et Twitter en priorité), car ce sont sur ces plateformes que les consommateurs interagissent et se forgent leur opinion d’une marque. Mettre en place une stratégie sociale, en s’appuyant sur des ressources spécifiques (le community manager notamment) peut donc s’avérer payante pour une organisation soucieuse d’être à l’écoute de ses consommateurs. Afin de confronter empiriquement les deux concepts, nous avons eu recours à une étude exploratoire dans le secteur du tourisme, secteur qui repose fortement sur la réputation des « bricks-and-mortars » et des pure players comme sur le caractère expérientiel de l’achat. Les professionnels interrogés ont confirmé les similarités et les différences qui existent entre les deux concepts. De plus, ils ont validé la majorité des critères identifiés afin de mieux capter l’e-réputation. Une étude quantitative en ligne auprès de 148 personnes nous a permis de préciser la vision qu’ont les consommateurs des objectifs et des priorités poursuivis par l’entreprise dans leur stratégie d’eréputation. Les résultats montrent que l’e-réputation se construit de manière globale. Selon les consommateurs, chaque élément pris individuellement ne peut à lui seul influencer l’e-réputation d’une marque ou entreprise. Limites et voies futures de recherche Malgré ses résultats significatifs, cette recherche présente plusieurs limites. Tout d’abord, si la réputation est une variable classique dans la littérature, l’e- Cette recherche ouvre la voie à plusieurs 46 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot bancaire dans le cadre d’investissements financiers, ou encore dans le secteur du luxe, permettra de mieux appréhender le concept d’e-réputation et de le confronter à celui de la réputation classique. réputation a fait l’objet d’un nombre limité d’études. Le modèle de Chun (2004) représente un travail fondateur qu’il convient de compléter et d’enrichir. Ainsi, bien que nos résultats quantitatifs soient significatifs, assez représentatifs de l’e-réputation, il se peut que les mesures de la e-réputation ne reflètent pas totalement sa complexité et sa multi-dimensionnalité. L’intensification de l’utilisation des médias sociaux ne fera que renforcer cet aspect. Concernant l’étude quantitative, les échelles de mesure n’ont pas été validées par un processus systématique de construction. Une étude confirmatoire permettra d’assurer la fiabilité et la validité des échelles de mesure. Par ailleurs, l’étude a été réalisée dans le cadre d’un contexte français. Il serait intéressant de mener une étude comparative et répliquer l’enquête dans un autre pays afin de gagner en validité externe. En effet, le comportement des consommateurs sur les réseaux sociaux varie en fonction du pays étudié. Enfin, ces premiers résultats peuvent orienter de futures recherches vers un modèle intégrateur des perceptions de l’e-réputation en un modèle complet. De plus, la généralisation des résultats de l’étude peut être rendue difficile pour plusieurs raisons. Le recours au secteur du tourisme réalisé dans l’étude qualitative peut contextualiser et biaiser les réponses. En effet, le choix du secteur peut influencer certaines des conclusions de la recherche, de part le poids des réseaux sociaux dans le cadre d’un achat purement expérientiel. Une nouvelle investigation dans un autre secteur, par exemple le secteur BIBLIOGRAPHIE Aaker J.L. (1997) - Dimensions of Brand Personality, Journal of Marketing Research, Volume 34, n°3, p. 347-356. Abrahamson E., Fombrun C. J. (1994) - Macrocultures : Determinants and consequences, Academy of Management Review, Volume 19, n° 4, 728-755. Andzulis J. M., Panagopoulos N. G., Rapp A. (2012) - A Review of Social Media and Implications for the Sales Process, Journal of Personal Selling & Sales Management, Volume 32, n° 2, p. 305-316. Belkamel A., Benhamza A., Texier V. 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Variables indépendantes Dimension de l’étude qualitative Transparence Quantitatif Variables Question Objectif Comportement sur Internet et vis-à-vis des réseaux sociaux Comp_1 Utilisez-vous des réseaux sociaux ? Prenez-vous en considération les informations qui circulent sur Internet à propos des entreprises et de leurs produits ? Avez-vous déjà donné un avis positif ou négatif sur un produit ou sur une entreprise ? Combien d’heures par semaine passez-vous sur les médias sociaux ? Quels médias sociaux utilisez-vous le plus souvent ? Pourquoi utilisez-vous les médias sociaux ? Profils des répondants en lien avec l’objectif de recherche (comportement lié aux réseaux sociaux) Comp_2 Comp_3 Comp_4 Sociabilité Type médias sociaux utilisés Sphère d’utilisation des médias sociaux E-expérience Stabilité et Constance Personnalité Sphere_MS Je consulte les avis sur les médias sociaux avant d’effectuer un achat Je partage mon avis sur les Contexte_2 médias sociaux après avoir effectué un achat J’utilise les médias sociaux Contexte_3 pour des achats concernant des biens de premières nécessités / des biens intermédiaires / des biens supérieurs Utilité de l’information Satisfaction_MS Les informations que je trouve sur les médias sociaux m’apportent une satisfaction supplémentaire sur mes actes d’achat Créer une communauté Objectif d’utilisation Obj_MS_1 autour du nom de la marque des médias sociaux ou de ses produits Créer une image de moderObj_MS_2 nité Acquérir des clients Obj_MS_3 Fidéliser les clients Obj_MS_4 Augmenter les ventes & CA Obj_MS_5 Développer la communicaObj_MS_6 tion on-line Recruter des fans Obj_MS_7 Contexte d’utilisation des médias sociaux Fiabilité MS_utilisés Contexte_1 50 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Médias sociaux utilisés Sphère privée, professionnelle, ou transaction commerciale Pré-achat Post-achat Type de bien (primaire, intermédiaire, supérieur) Utilité de l’information Comprendre pourquoi les entreprises communiquent sur les médias sociaux Une analyse de l’e-réputation par analogie ou contraste avec la réputation : une approche par les médias sociaux Sylvaine Castellano, Vincent Dutot Variables dépendantes e-réputation e-réputation Les entreprises doivent commu- Perception de l’importance de l’eniquer sur les médias sociaux réputation par les répondants pour maîtriser leur e-réputation Variables d’identification Genre Âge Question 1-Homme 2-Femme 15 à 25 ans 26-35 36-45 46-55 +55 Question Catégorie Socio-professionnelle Étudiant Cadres Employés Autre Salaire annuel < 12 000€ 12 001 – 24 000€ 24 001 – 36 000€ 36 001 – 48 000€ + 48 000€ 51 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 INSTRUMENT DE VEILLE TECHNOLOGIQUE ET D’INNOVATION : UNE APPLICATION AU SECTEUR AUTOMOBILE Sylvain MBONGUI-KIALO(1) ATER à l’Université Jules Verne de Picardie Doctorant en Sciences de Gestion ISM - Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Résumé L’approche que nous présentons dans cet article vise à montrer comment la prise en compte des brevets des tiers dans une démarche de veille technologique peut être bénéfique pour l’entreprise en termes de performance et d’innovation. Plusieurs travaux (Lesca, 1989 ; Koenig, 1996 ; Burkhart, 2001), ont permis d’apprécier l’importance de la veille technologique, mais, à notre connaissance, l’utilisation du brevet comme instrument de veille n’a pas fait l’objet d’études approfondies (Jakobiak, 1994 ; Walker, 1995), ou tout au moins n’a pas été suffisamment relatée dans les publications académiques. Basée sur une étude de cas, l’étude montre que l’analyse des brevets peut aider les entreprises dans la résolution des problèmes industriels et concurrentiels auxquels elles sont confrontées. Mots clés : Brevet - Veille Technologique - Innovation - Processus d’innovation - Automobile. PATENT AS A TOOL FOR TECHNOLOGY WATCH AND INNOVATION : AN APPLICATION TO THE AUTOMOTIVE INDUSTRY Abstract The approach we present in this paper aims at showing how the integration of third-party patents in a process of technology watch can be beneficial for the company in terms of performance and innovation. Several studies (Lesca, 1989 ; Koenig, 1996 ; Burkhart, 2001), helped to appreciate the importance of technology watch, but to our knowledge, the use of patent as a tool for technology watch has not been extensively studied (Jakobiak, 1994 Walker, 1995), or at least is not enough presented in the literature. Based on a case study, the study shows that patent analysis can help companies in the resolution of industrial and competitive problems. Key w or ds : Patent - Technology watch - Innovation process - Innovation - Automotive. (1) Courriel : [email protected] 53 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 FENÊTRE SUR ... LE BREVET COMME ADETEM la prise en compte des brevets des tiers dans une démarche de veille technologique peut être bénéfique pour l’entreprise en termes de performance et d’innovation. Plusieurs travaux (Lesca, 1989 ; Koenig, 1996 ; Burkhart, 2001), ont permis d’apprécier l’importance de la veille technologique mais, à notre connaissance, l’utilisation du brevet comme instrument de veille n’a pas fait l’objet d’études approfondies (Jakobiak, 1994 ; Walker, 1995) ou, tout au moins, n’a pas été suffisamment relatée dans les publications académiques(2). Or, du point de vue pratique, nombreuses sont les entreprises qui souscrivent à cette démarche. Notre recherche veut donc contribuer à enrichir la littérature sur ce domaine et donner toute sa place aux analyses et aux retours d’expériences sur la veille technologique dès lors qu’elle s’intéresse aux brevets des tiers. INTRODUCTION Si le brevet a fait l’objet d’un intérêt croissant des chercheurs en sciences de gestion et, plus précisément, en management stratégique, ce phénomène est relativement récent et très peu développé. C’est pourquoi cet article se positionne davantage dans une optique stratégique que marketing pour comprendre un peu mieux l’utilisation du brevet comme outil de veille technologique. Car, le renforcement de la concurrence et la rapidité d’évolution de l’environnement technologique des firmes obligent celles-ci à évoluer dans un contexte d’instabilité continuelle, dans lequel ce qui semble acquis est rapidement remis en question. Savoir maîtriser l’information scientifique et technique contenue dans les brevets pour acquérir un avantage compétitif, apparaît dès lors comme une nécessité pour assurer de manière durable le développement de l’entreprise. Dans ce contexte, la veille technologique trouve une résonnance particulière dans la mesure où elle peut aider à mieux maîtriser son environnement externe. D’après Jakobiak (2005, p.125), la veille consiste à exploiter de manière systématique l’information collectée via l’observation et l’analyse des environnements scientifique, technique, technologique et économique d’une entreprise, pour déduire les menaces et les opportunités de développement qui la concerne, c’est-à-dire pour l’aider à prendre des décisions à caractère stratégique. Selon Lesca (1989) et Burkhart (2001), l’une des missions de la veille est de favoriser l’innovation. Les résultats attendus sont assurément la mise en avant de savoirfaire, l'identification d'usages nouveaux valorisables par le marché ou, encore, l'identification d'informations sources de meilleures performances (CaronFasan, 2008). Notre papier est structuré en trois parties. La première partie revient tout d’abord sur le lien entre brevet, veille technologique et innovation. Nous y présentons des travaux portant sur l’articulation entre veille technologique et innovation. Cela nous permet de montrer le lien entre innovation et veille technologique, ensuite nous identifions les apports potentiels du brevet dans un tel dispositif. La deuxième partie présente la méthodologie utilisée dans le cadre de cette recherche. Enfin, la troisième partie présente les principaux résultats qui sont par la suite discutés au regard de la littérature existante. BREVET, VEILLE TECHNOLOGIQUE ET INNOVATION Selon Libmann (2011), l’information est le premier ingrédient du pouvoir, et la veille constitue donc une des toutes premières mailles du processus d’innovation. Celui-ci présente la veille comme un élément important pour l’innovation. Les travaux de Vera et Lellis (2007) ont montré qu’un travail approfondi sur les bases de données des brevets peut aider à identifier des thèmes prioritaires pour un programme de développement technologique et, partant, à favoriser l’innovation. Selon Brockhoff (1992), la veille sur l’état de la technique contribue à la recherche des solutions pour créer des améliorations des inventions déjà protégées ou saisir une opportunité technologique. Ceci permet d’identifier les acteurs les plus actifs en R&D, d’évaluer les positions et les priorités technologiques des concurrents. Ce type de veille peut concerner les publications de brevets qui contiennent des informations de nature technologique et concurrentielle susceptibles d’aider à mieux connaître ses concurrents et favoriser l’innovation à l’intérieur des organisations. L’approche que nous présentons dans cet article vise à montrer comment (2) Corbel et Raytcheva (2010) dans leur travail sur la hiérarchisation des rôles du brevet, avaient identifié ce rôle sans toutefois l’approfondir. 54 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Le brevet comme instrument de veille technologique et d’innovation : une application au secteur automobile Sylvain Mbongui-Kialo garantir son succès : « Il serait intéressant qu'elle élargisse l'étendue de sa collecte aux acteurs pertinents de son environnement et, ainsi, avoir une compréhension beaucoup plus globale des acteurs en présence mais aussi des acteurs potentiels » (CaronFasan, 2008). Les travaux de Lesca (1989) et de Bukhart (2001) ont ainsi montré que l’une des missions de la veille est d’innover, au sens de West et Farr (1989, p. 16), c’est-à-dire que l’innovation est perçue comme l’introduction volontaire au sein d’une activité, d’un groupe, d’une organisation, d’idées qui soient à la fois nouvelles et pertinentes, et dont l’adoption a pour objectif d’augmenter de manière significative la performance de l’organisation. Cette réalité est en « phase » avec Marquer (1985, p. 19) qui conçoit le brevet comme « un moyen d’explorer le gisement technologique, d’en transmettre la connaissance, de formuler et de stocker l’information de manière telle qu’elle soit facile à retrouver […] et à évaluer sur tous les plans, d’en faciliter l’exploitation maximale… ». Pour ce dernier, il est clair que le brevet peut être un élément essentiel en veille technologique, puisque son utilisation permet d’explorer les « gisements technologiques » des tiers en vue d’innover sans risquer d’être bloqué au moment de développer des nouveaux produits. Innover par la veille technologique La veille technologique est une activité mise en place par un individu ou un groupe d’individus « pour suivre les évolutions susceptibles d’influer sur le devenir de son métier » (Rouach, 1996, p. 17). Werner et Degoul (1994) la définissent comme « le moyen pour l’entreprise de faire émerger les éléments stratégiques de la masse d’information disponible aujourd’hui. Ni espionnage industriel, ni réalisation d’un état de l’art purement spéculatif dans un domaine technique restreint, la veille est avant tout destinée à éclairer les responsables de l’entreprise dans la résolution des problèmes industriels auxquels ils sont confrontés ». Elle repose sur une démarche de recherche, de recueil, de traitement, d’analyse, de mise en perspective et de diffusion de l’information scientifique et technique auprès des entités compétentes pour faciliter la prise des décisions appropriées. Dans le même sens, Behohlav et Sussman (1983) indiquent qu'un des objectifs centraux de la veille est de faciliter l'identification rapide des opportunités et des menaces pour l'entreprise. Cela se traduit par une exploitation et une analyse systématique de l’information collectée pour déduire les menaces et les opportunités de développement qui la concerne (Jakobiak, 2005, p.125). Finalement, la veille technologique permet, entre autres, de mesurer le potentiel technologique du marché (mieux connaître les concurrents) et de fournir de l’information technique pouvant aider à la mise en place et à la réalisation des projets d’innovation. Apports potentiels du brevet pour la veille technologique et l’innovation Généralement considéré comme un output du processus d’innovation, le brevet constitue une des matérialisations des résultats des projets de recherche et développement qui, dans certains cas, permet d’apprécier la capacité d’innovation d’une organisation. Cependant, l’évolution rapide de l’économie pousse les entreprises vers une utilisation du brevet de plus en plus « stratégique » (Corbel, Raytcheva, 2010). Ce faisant, il ne s’agit plus seulement d’un output, mais d’un input au regard de l’information technologique et scientifique qui font sa spécificité. D’après Lombard (1998), le portefeuille de brevets renforce le pouvoir de négociation, facilite les coopérations, assure le succès d’une technologie et convainc les partenaires techniques et commerciaux. La littérature présente le brevet comme un signal permettant de favoriser la recherche de partenaires industriels. Il joue alors un rôle de « signal de compétences » (Pénin, 2005). Il devient un véritable moyen de négociation appelé à jouer un rôle impor- Selon Ahituv et al. (1998), il existe une corrélation entre la capacité des entreprises à faire de la veille et leur capacité d'innovation. Ce dernier indique que la surveillance de l'environnement technologique faciliterait la mise au point et l'introduction d'innovations sur les marchés. C’est une démarche globale qui offre la possibilité de détecter les technologies émergentes, de recueillir l’information permettant d’anticiper les innovations et d’identifier les techniques ou les technologies mises en œuvre par les tiers. Dans le même ordre d’idées, Caron-Fasan (2008) montre que l’association de la veille et de l’innovation, « conduit le plus souvent les entreprises (grandes et moyennes) à mettre en place une activité d'intelligence économique et, plus spécifiquement, un processus de veille technologique ». Cependant, celle-ci demande d’adopter une vision plus ou moins large de la veille technologique pour 55 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM tant parce qu’il facilite les interactions entre acteurs (Bureth et al., 2006). Ce moyen de négociation encore appelé « legal bargaining chip », permet de mettre en commun au moins deux acteurs hétérogènes. Ainsi, il favorise la recherche de partenaires industriels en R&D et met un « peu d’ordre dans le développement de larges perspectives technologiques » (Mazzoleni, Nelson, 1998). décourager les attaques juridiques des concurrents ou tout simplement de « déminage » (éviter qu’un concurrent ne bloque l’accès à une technologie), ou encore vecteur d’une image d’entreprise innovante ». Il nous semble alors important d’aller plus loin dans la compréhension de son utilisation effective dans le processus de veille technologique. Ce papier nous donne la possibilité d’approfondir ce rôle classé numéro 4 par Corbel et Raytcheva (2010) dans leur étude. Ahituv et al. (1998), cité par Caron-Fasan (2008), montre une corrélation entre la capacité des entreprises à faire de la veille et leur capacité d'innovation. Il indique à ce titre que les entreprises qui réussissent le mieux à introduire de nouveaux produits sur leurs marchés, sont celles qui ont une activité de veille qui n'est ni focalisée, ni étroite mais qui, au contraire, se modifie et s'adapte en permanence à l'environnement. Il existe un consensus largement partagé : le brevet joue un rôle stratégique, à la fois comme protection d’une compétence particulière, comme garant d’un avantage concurrentiel et comme outil de création de valeur (Breesé, 2002 ; Penin, 2005 ; Corbel et al., 2007 ; Lallement, 2008). En sus, enregistrant l’innovation technologique souvent avant tout autre support de communication, il est potentiellement un formidable outil de veille (voir par exemple Corbel, Raytcheva, 2010). Chaque brevet rappelle l’état antérieur de la technique et cite souvent des brevets ou autres publications antérieures ayant été rendus publics. On peut ainsi remonter la filière complète d’une technologie donnée (Marquer, 1985, p. 151). Se définissant comme « une solution technique à un problème technique », le brevet représenterait un puissant stimulant de la recherche de solutions innovantes. Selon Kabla et Guellec, (1994, p. 86), il est un facteur d’accélération des progrès techniques, car il obéit à un processus interactif et cumulatif dans la mesure où il doit obligatoirement comporter les citations d’antériorités. L’analyse de l’information brevet aide à trouver des solutions nouvelles et à ne pas être bloqué par un concurrent : « Rien de tel que de buter sur des brevets des concurrents, de les évaluer et de chercher, en équipe, à les contourner et à mieux faire, pour stimuler les idées de tous » (Kermadec, 2001, p. 58). Face à cette situation, nous proposons dans la suite de cet article, d'apporter un regard critique sur l’utilisation des brevets des tiers comme instrument de veille technologique au sein des bureaux d’études de PSA Peugeot-Citroën. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Dans le prolongement des travaux portant sur la veille technologique, notre recherche traite de l’utilisation des brevets comme instrument de veille technologique. La méthodologie de recherche mobilisée s'appuie sur une démarche qualitative fondée sur une étude de cas à dominante exploratoire, réalisée chez PSA Peugeot-Citroën. Nous avons privilégié une démarche visant à obtenir un échantillon représentant le mieux possible la diversité des positions au sein du processus de conception d’un véhicule automobile et de ses principaux organes. Nous n’avons pas cherché à obtenir un échantillon représentatif du personnel des bureaux d’études au sens statistique du terme, mais nous voulions interroger des personnes au profil suffisamment diversifié pour obtenir un panorama global. Le recueil des données a été possible grâce à une vingtaine d’entretiens qui ont été menés sur un mode semi-directif, dans le cadre d’un guide d’entretien structuré autour de trois grands thèmes (activité du bureau d’étude, rôle du brevet et ses différentes utilisations dans le processus d’innovation). Chaque entretien a duré entre 45 minutes et 1 heures 30 minutes, avec une moyenne Si plusieurs travaux (Marquer, 1985 ; Penin, 2005 ; Corbel, et al., 2007 ; Le Bas, 2007 ; Corbel, Raytcheva, 2010) insistent sur le rôle stratégique du brevet, peu sont ceux (Jakobiak, 1994 ; Walker, 1995) qui le considèrent comme un véritable outil de veille technologique. Or, cette dimension est intimement liée à la nature même du brevet, un outil efficace offrant non seulement la possibilité d’être informé des avancées technologiques des concurrents mais aussi, comme l’indique Corbel, (2006) un actif dont « les rôles potentiels sont encore plus nombreux : instrument de motivation des ingénieurs d’études ou des chercheurs, outil de dissuasion destiné à 56 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Le brevet comme instrument de veille technologique et d’innovation : une application au secteur automobile Sylvain Mbongui-Kialo d’une heure. Ils ont été intégralement retranscrits de manière à pouvoir travailler sur le verbatim original. Les données collectées ont fait l’objet d’une analyse thématique sous deux approches : analyse verticale et analyse horizontale. vet permet de voir où est le concurrent ou le fournisseur en termes de développement technique. Une lecture approfondie des brevets des concurrents peut aussi permettre d’identifier les futures voies de développement technologique des concurrents. Le brevet permet d’orienter notre innovation ». Le recours aux brevets des tiers est assurément une option intéressante, puisqu’il aide à l’acquisition des connaissances nouvelles, à gagner du temps sur la recherche et le développement, à connaître le droit des tiers, à être sûr de la liberté d’exploitation d’une invention et à orienter et affiner le raisonnement des ingénieurs : « Lorsque j’ai déposé mon brevet c’était pour protéger un modèle de calcul plus complet [….] et lorsque mon analyse d’antériorité est arrivée, je me suis rendu compte qu’il y avait déjà un certain nombre de briques de l’ensemble de ce que je voulais protéger qui étaient protégés sans que cela puisse affecter mon idée car j’avais une approche différente. Mais du coup, je ne pouvais plus protéger ce que je voulais protéger initialement et ça m’a réorienté vers la partie d’initialisation du calcul qui n’avait pas du tout été protégée. Cette démarche a affiné mon raisonnement car les études d’antériorité permettent d’affiner les idées ». PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS D’une façon générale, l’utilisation des brevets des tiers offre des informations capitales sur l'évolution de l’environnement technologique et juridique, en vue de mieux s'adapter aux changements de celui-ci. Ce faisant, l'une de ses missions est d’alimenter le processus d’innovation en apportant des informations intéressantes : « Les brevets de concurrents qu’ils soient en vigueur ou déchus, disons, tout document de propriété industrielle peut être une source intéressante d’informations ». Présentation et Analyse des résultats Le premier rôle identifié est celui de la protection : « On a intérêt à déposer le maximum de brevet pour nous protéger ». « La réflexion de la protection nous permet de rentrer dans le brevet. La deuxième façon de rentrer dans le brevet c’est la veille technologique. La troisième façon c’est de tenter de faire un état de lieux brevet sur un projet véhicule complet. C’est-à-dire, qu’on cherche à savoir : quels sont les sujets nouveaux (protégés ou non) ; comment les contourner le cas échant. Ça permet de cartographier la situation des brevets sur un projet de véhicule donné. C’est un point d’entrée possible dans les phases amont ». In fine, le brevet représente, pour bon nombre de bureaux d’études, un instrument permettant, non seulement d’être informé des avancées technologiques des concurrents mais aussi un actif au service de l’innovation permettant d’identifier les failles technologiques des concurrents : « Quand on utilise le brevet comme input, on n’a pas de choix si ce n’est chercher les failles dans les brevets des tiers. L’identification et l’exploitation de ces failles peut effectivement générer des nouvelles idées, qui seront à l’origine d’une invention brevetable. Car il est essentiel de voir ce qui se fait dans la concurrence. Cela permet de se positionner par rapport à ce que font les autres ». Il aide à repérer les « points chauds », c’est-à-dire les domaines où il y a une « accumulation de demandes de brevets ». Plus encore, « le bre- Les résultats font apparaitre trois types de veille : veille ponctuelle, veille réactive et veille anticipative. La veille brevet ponctuelle porte sur un sujet très précis. Elle est spontanée parce que menée de façon naturelle pour répondre à une préoccupation immédiate, correspondant à un besoin explicitement formulé : « Dans notre entité, la veille n’est pas régulière. Enfin, je veux dire que nous la faisons un peu de manière spontanée dès lors que nous sommes confrontés à un problème et que nous souhaitons regarder dans les brevets des autres pour trouver une solution, […..] ou tout simplement pour vérifier si l’idée a déjà été brevetée ». La veille brevet réactive permet de détecter les opportunités et les menaces en révélant les événements sensibles et tendances prévisibles : « Chez nous, la veille brevet permet de préparer et d’identifier les technologies susceptibles d’être utilisées dans le domaine automobile ». Par ailleurs, la veille dans les bases de données brevet aide à « interpréter les grandes tendances scientifiques au sens large, c’est-à-dire toutes les tendances scientifiques en rapport avec l’automobile dans le monde… ». Enfin, la veille anticipative contribue à la recherche d’une certaine vision du futur sur un horizon de temps probabiliste et de lever l’indétermina- 57 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Figure 1 Les différentes phases d'utilisation du brevet avant son intégration dans le processus de décision se décline en sept étapes (figure 1), visant à « préparer » l’information brevet en vue de son intégration dans le processus d’innovation. tion sur le sens de l’évolution. Elle permet « …d’anticiper les grandes découvertes scientifiques, […], voire détecter d’éventuelles opportunités dans les sciences de l’ingénieur ». Cette démarche est soit pilotée par un individu, soit par un réseau d’acteurs qui s’appuie sur des processus d’animation et des outils afin de construire de nouvelles connaissances, de nouveaux savoirs et des nouvelles stratégies pour dynamiser l’innovation. Ainsi, les préoccupations décisionnelles en matière d’innovation et d’acquisition d’informations technologiques, confèrent au brevet une place centrale dans les bureaux d’études. D’après la plupart des interviewés, l’analyse et l’interprétation de l’information brevet donnent la possibilité de prendre une diversité de décisions tout au long du processus d’innovation, soit pour créer des améliorations des inventions existantes, soit pour saisir des opportunités technologiques nouvelles. Cependant, bien que la grande majorité exploitent les bases de données brevets, il n’existe pas de démarche ou de méthode préalablement établie pour le faire : « Je regarde les revendications du brevet en fonction de ce que l’on cherche. Je regarde les brevets cités » ; « La méthode n’est pas clairement définie. Chaque expert ou ingénieur la fait à sa manière ». Dans la majorité des cas, le recours aux brevets des tiers est dicté soit, par la culture brevet présente dans le bureau d’études, « On nous encourage à faire des dépôts de brevets et utiliser la créativité des personnes », soit par l’expérience antérieure du salarié. Il existe dans certains bureaux d’études des sous-structures dénommées « cellules d’intelligence technologique » ou « réseau concurren- Avant toute démarche de veille, il est plus qu’essentiel de circonscrire le périmètre de recherche afin de collecter les brevets les plus pertinents ou ceux ayant un lien avéré avec le problème à résoudre. La veille technologique permet de passer d’une information brute à une « information intelligente » afin de la rendre plus exploitable et diffusable auprès des autres. Plus précisément, il s’agit, d’une part, d’identifier l'intérêt de contenu informationnel du brevet et, d’autre part, d’analyser et d’interpréter les technologies usitées par les tiers. C’est un exercice offrant la possibilité de retrouver la trace d’idées existantes et de repérer les points chauds : « En intelligence technologique, l’essentiel c’est de savoir où il se passe des choses c’est-à-dire savoir repérer les points chauds. Le plus important c’est de détecter (le domaine ou secteur) où il y a une accumulation de demandes de brevets (point chaud) ». Toutefois, pour que ce raisonnement soit bénéfique, une grande partie des répondants reconnaissent qu’il faut se poser de bonnes questions. Parmi les questions qui viennent, nous pouvons citer : « Que veuton surveiller ? » ; « Comment se procurer l’information correspondante ? » ; « Comment interpréter cette information ? » ; « Quelles connaissances nous apporte-t-elle ? » et « Comment l’incorporer dans le processus d’innovation ? ». Une analyse plus fine des résultats permet de mettre en évidence une démarche qui 58 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Le brevet comme instrument de veille technologique et d’innovation : une application au secteur automobile Sylvain Mbongui-Kialo ce » qui s’occupent de surveiller la concurrence : « Ce qui est intéressant c’est qu’on a mis en place depuis cette année dans notre service un réseau concurrence. C’est-à-dire qu’au lieu de déléguer le pilote projet de recueillir les informations sur la concurrence, nous avons mandaté une personne qui fait de la veille concurrentielle en temps plein. Ça devient une bible qui contient plusieurs informations sur la concurrence….. ». d’une démarche de veille technologique. Ils évoquent plusieurs raisons. La première raison est celle relative à l’absence d’outils pour effectuer des recherches dans les bases de données : « si j’avais à ma disposition des outils simples, quand j’ai un peu du temps libre je chercherais à savoir ce qui a été déposé et/ou ce qui ne l’a pas été dans un domaine technique précis, c’est vrai que ça pourrait m’aider ». « On n’a pas ces outils-là. Donc à mon avis, ça fait du travail en plus pour le service brevet ». Néanmoins, il convient de préciser que le nombre de personnes évoquant cette raison reste très insignifiant par rapport à l’ensemble des non utilisateurs du brevet, soit un répondant sur les six répondants non utilisateurs de veille brevet. La deuxième raison évoquée est liée à la difficulté d’utilisation de l’outil dédié à la recherche dans les bases de données. Bien que constitué de deux interfaces (une interface « guidée » pour un nouvel utilisateur ou utilisateur occasionnel) et une interface dite performante, il est perçu par certains comme un outil difficile à utiliser : « Je sais qu’il existe un lien intranet sur les recherches dans les bases de données brevets. Je ne l’ai pas trouvé convivial car je n’ai pas pu trouver ce que je cherchais ». « On a énormément besoin de l’aide du service brevet ». La troisième raison est celle liée à la complexité du brevet aussi bien dans la lecture que dans la compréhension de son contenu. « Ce n’est pas toujours facile car le vocabulaire utilisé n’est pas facile à comprendre. Lorsqu’on lit un brevet, il faut bien comprendre ce qui est protégé, or ce n’est pas toujours évident ». Le langage n’est pas celui qui est employé habituellement. Cet exercice devient plus difficile lorsqu’il faut lire des brevets écrits dans une langue autre que le français. La quatrième raison est la perte de temps. Rien ne permet de penser que l’utilisation de brevets de tiers accélérera le processus d’innovation. Pour d’autres, le brevet inhiberait la capacité à innover et à créer : « …, c’est plutôt une problématique qui n’est pas de trouver des solutions en regardant un tout petit peu ce que les autres font, mais plutôt en partant de nos besoins identifiés. À partir de ce moment, on voit si on peut breveter l’idée ». Enfin, une raison plus surprenante a été identifiée : l’implication forte du service brevet. Cette dernière raison présente le service brevet comme un frein à l’utilisation des brevets des tiers : « j’ai eu besoin de vérifier certains éléments sur […], je fais la demande au sein du service brevet via l’interface prévue pour ça. C’est le service brevet qui fait ces types de recherches ». En d’autres termes, « nous nous appuyons sur le service Par ailleurs, la recherche dans les bases de données brevets est un travail délicat et parfois difficile à effectuer. S’il existe des cas simples où la recherche est effectuée à partir du nom d’un inventeur, les interviewés reconnaissent toutefois qu’une recherche basée sur le nom d’un inventeur permet de découvrir une famille de demande de brevets dont l’analyse peut s’avérer complexe. Cette complexité s’intensifie « quand on n’a pas de noms d’inventeurs ni de société, et qu’on travaille sur des mots clés thématiques. Et là, il faut se méfier parce qu’il y a plusieurs synonymes. Certaines personnes en charge de rédiger les brevets vont utiliser par exemple le terme « numérique », alors que d’autres utiliseront les termes « digitale et électronique » pour exprimer la même chose ». Ainsi, un ingénieur qui utilise la terminologie « numérique » pour effectuer ses recherches, peut passer à côté de plusieurs brevets pertinents. « C’est la même chose pour le terme « moteur », un malin qui rédige la demande de brevet d’une société peut bien utiliser le mot « convertisseur d’énergies thermo-mécanique » pour dire moteur. Il peut le faire pour que le mot moteur n’apparaisse pas dans les résultats de recherche dans les bases brevets ». La veille technologique à l’aide des brevets constitue de ce point de vue, un couteau à « double tranchant ». La prudence est donc de mise : « la lecture d’un brevet des tiers donne forcement des idées, après, il est toujours délicat de l’utiliser au risque de ne pas reproduire la même chose » ou de passer à côté d’une information capitale. Enfin, inscrits dans une démarche intéressante, les bureaux d’études ont su intégrer aisément les brevets des tiers dans leur problématique d’innovation. Ils sont tous convaincus de l’apport effectif du brevet, à l’exception d’une infime partie des répondants qui restent sceptiques par rapport à l’utilisation des brevets des tiers comme input dans le processus d’innovation. En effet, certains ingénieurs ne jugent pas utile d’utiliser les brevets des tiers dans le cadre 59 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM brevet » pour faire la veille technologique. des thèmes prioritaires pour un programme de développement technologique et, partant, à favoriser l’innovation. Cela est conforté par l’analyse empirique qui voudrait que la veille dans les bases de données brevets puisse orienter l’innovation et la créativité. Par ailleurs, la littérature présente le brevet comme un signal permettant de favoriser la recherche de partenaires industriels (Pénin, 2005). Il devient un véritable moyen de négociation appelé à jouer un rôle important parce qu’il facilite les interactions entre acteurs (Bureth et al., 2006). Bien que très éloignée, cette situation est tout de même repérable dans les résultats de notre étude. Ces derniers montrent de façon indirecte que le brevet peut être un moyen de s’approprier les bénéfices liés à une innovation, certes, mais aussi de signaler une compétence et de faciliter les négociations entre plusieurs acteurs. Discussion des résultats Le rôle de protection est le plus couramment cité et, par conséquent, le plus important (voir Corbel, Raytcheva, 2010). Nonobstant ce rôle de protection, notre étude permet de comprendre que le brevet est une source d’information efficace dans la mesure où il permet d’être d’informé des avancées technologiques des tiers. Ce besoin qui sous-tend l’acquisition de l’information brevet repose particulièrement sur un objectif de minimisation de risque et de réduction de l’incertitude liée à la prise de décisions en matière d’innovation. Et cela est en adéquation avec la plupart des répondants qui estiment que l’industrie automobile est confrontée à des risques réels, et que le brevet à ce titre, apparait à leurs yeux comme étant, à la fois, un instrument de protection de leurs inventions et un moyen pour suivre et contrôler les stratégies d’innovation des tiers (rejoignant ainsi Kabla et Guellec, 1994). Notre étude montre qu’il est extrêmement important d’avoir une bonne connaissance des technologies détenues par les tiers, de leur valeur en termes de points forts et de faiblesses. Ce qui se rapproche, d’une part, des travaux de Marquer (1985, p.19) pour qui le brevet est un moyen d’explorer le gisement technologique et, d’autre part, de ceux de Brockhoff (1992) qui présente la veille sur l’état de la technique comme la recherche des solutions pour créer des améliorations des inventions déjà protégées ou saisir une opportunité technologique. Cela s’inscrit dans une vision purement stratégique donnant l’opportunité de voir ce qui se fait dans la concurrence : « le brevet permet de voir où est le concurrent ou le fournisseur en termes de développement technique », et de se positionner par rapport à l’environnement externe pour mieux répondre aux attaques des concurrents. Cela rejoint les conclusions issues de l’étude de Werner et Degoul (1994). Pour ces deux auteurs, la veille est le moyen pour l’entreprise de faire émerger les éléments stratégiques destinés à éclairer les responsables de l’entreprise dans la résolution des problèmes auxquels ils sont confrontés. Dans ces conditions, et en accord avec Libmann (2011) et Ahituv et al. (1998), la veille est présentée comme un élément important pour l’innovation. Dans le même ordre d’idées, les travaux de Vera et Lellis (2007) ont montré qu’un travail approfondi sur les bases de données brevets peut aider à identifier Plus généralement, la mise en place d’une démarche de veille brevet permet d’alimenter un réservoir de données dont l’objectif est, soit de faire émerger des idées, soit de choisir celles qui ont le potentiel le plus important et pour lesquelles des ressources vont être allouées. Ces résultats corroborent les recherches de Lesca (1989) et de Bukhart (2001) qui ont ainsi montré que l’une des missions de la veille est d’innover. Toutefois, pour que le brevet soit un véritable instrument de veille technologique, il est primordial que « le service brevet vienne dans tous les métiers y compris ceux qui ne sont pas forcément en ligne directe avec l’innovation pour expliquer la démarche ». Une sensibilisation s’avère donc utile pour vulgariser l’utilisation du brevet au sein des bureaux d’études. CONCLUSION Nous avons souhaité montrer que le brevet pouvait être considéré comme un instrument de veille technologique au service de l’innovation. Une approche basée sur l’analyse des brevets des tiers semble être une piste intéressante. Le succès d'une telle démarche requiert davantage une sensibilisation et une adhésion des parties-prenantes aux rôles du brevet comme élément permettant de s’adapter à la variabilité de l’environnement technologique. Cet article permet également, mais de manière plus éloignée, de voir que l’utilisation des brevets des tiers peut permettre de négocier et de collaborer plus 60 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Le brevet comme instrument de veille technologique et d’innovation : une application au secteur automobile Sylvain Mbongui-Kialo facilement avec les autres acteurs du marché. Il démontre ainsi que, loin d’être uniquement un instrument juridique, le brevet est une véritable source d’informations scientifique et technologique pouvant impacter positivement le processus d’innovation. firmes de mieux contrôler leur environnement externe d’un point de vue holistique. Nous montrons à ce titre que l’utilisation des brevets des tiers peut apporter des solutions concrètes à cette situation, grâce notamment à l’information scientifique et technologique contenue dans les documents brevets. La démarche de veille brevet ci-dessus développée pourrait, si elle s’inscrit dans une démarche de veille technologique rigoureusement menée, contribuer à éclairer les « veilleurs » dans la résolution des problèmes industriels et concurrentiels auxquels ils sont confrontés. Enfin, l’examen de la littérature a révélé qu’il existe encore, dans le champ du management stratégique des droits de la propriété industrielle et de celui du marketing, certains domaines à approfondir, concernant notamment la compréhension du rôle du brevet dans la stratégie industrielle d’une firme. Les études sur le sujet sont rares, sans doute parce que le brevet est avant tout considéré comme l’un des résultats du processus d’innovation, c’est-à-dire comme un output. Pourtant, les rôles du brevet identifiés dans la littérature, renchéris par les résultats de notre étude, montrent que ce sujet est loin d’être négligeable. En conséquence, la présente investigation nous fournit un apport intéressant sous deux angles : théorique et empirique. Du point de vue théorique, elle a tenté de contribuer à enrichir la littérature en sciences de gestion. Un des apports principaux de notre recherche présente le brevet non pas comme un output, mais comme un input qui peut constituer un moyen d’améliorer les performances d’une organisation en se basant sur une démarche de veille brevet. Du point de vue pratique, cet article met en avant des apports managériaux de différentes natures. En effet, si la variabilité et les mutations économiques et technologiques constituent une des préoccupations centrales des opérateurs économiques, force est de constater la difficulté de trouver des outils capables de permettre aux Cette recherche offre plusieurs avantages mais également plusieurs limites. Une des limites de cette étude réside assurément dans notre positionnement qui est davantage stratégique que marketing. Même si, il faut le reconnaitre, le brevet est une arme stratégique comme le souligne Lallement (2008), un positionnement marketing du sujet serait d’une grande utilité en sciences de gestion eu égard à la rareté de recherche dans ce domaine. On pourra par exemple reconduire la même investigation dans une perspective « marché » en mettant l’accent soit sur l’articulation brevet – veille concurrentielle, soit sur l’innovation en marketing. Par ailleurs, reposant sur une étude de cas unique, notre recherche mérite d’être affinée et vérifiée sur un large échantillon qui offrirait une diversité de caractéristiques. Cette réflexion appelle donc des prolongations en termes de recherche pour confronter les résultats de cette recherche à d’autres recherches sur des secteurs d’activité différents. BIBLIOGRAPHIE Ahituv N., Zif J. et Machlin I. 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Du 24 au 27 septembre 2013 Lieu : Paris, Porte de Versailles, Pavillon 7.2. www.iftm.fr Reed Expositions VAD et ECommerce. Think Big. 1er Octobre 2013 Du 1er au 03 octobre 2013 ERP Les Salons Solutions. Association des Anciens Élèves de l’ACI Colloque. Les seniors managers en période de crise. Hub Institute Hub Forum. Return on innovation. GL Events Jeudi 3 octobre, 15h00, 18h00 http://www.vad-ecommerce.com [email protected] Lieu : CNIT - Paris La Défense. www.salons-solutions.com/ Lieu : Palais du Luxembourg, Salle Gaston Monnerville, 26 rue Vaugirard, 75 006 Paris Du 10 au 11 octobre 2013 Lieu : Paris 8, Espace Pierre Cardin. VAD Conext 2013. Du 22 au 24 octobre 2013 Lieu : Grand Palais, Lille. www.vadconext.com Luxe Pack Monaco 2013. Du 23 au 25 octobre 2013 Lieu : Monaco, Grimaldi forum. www.luxepack.com 63 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ACTUALITÉS AGENDA : conférences, formations et séminaires ADETEM Organisateurs Editialis Manifestation Dates Thèmes Conférence Relation Client Magazine. Webdeux.Conn ect 2013. Communication, Médias, Multimédia Site Internet. Informations pratiques 6 novembre 2013 Lieu : Paris. http://conferences.relationclientmag.fr 6 et 7 novembre 2013 Lieu : Paris. http://connect.webdeux.info Esomar Qualitative 2013. Du 17 au 19 novembre Lieu : Valence. www.esomar.org Esomar The future of mobility 2013. Du 19 au 20 Novembre 2013 Lieu : Valence. www.esomar.org Salon E-commerce Tunis 2013. 21 et 22 Novembre 2013 Lieu : siège de l’UTICA, Tunis (Tunisie). http://www.ecommercetunis.com 26 novembre 2013 www.adetem.org Adetem Journée nationale du marketing. IFM 41èmes Journées annuelles. Du 26 au 28 novembre 2013 Lieu : Paris. www.ifm.asso.fr MLG 9ème DevCom Midi-Pyrénées 2013 + Planète e-commerce. 29 Novembre 2013 Lieu : CCI, Toulouse. www.devcom-midipyrenees.com/ MLG 7ème DevCom Nantes Grand Ouest 2013 + Planète e-commerce 4 Décembre 2013 Lieu : CCI Nantes-St Nazaire, Nantes. Leweb Paris 2013. du 10 au 12 décembre 2013 Lieu : Paris. www.leweb.co/ Du think-tank au do-tank. Adetem Journée Nationale des Études. 23 janvier 2014 www.adetem.org Reed Expositions MPV - Salon Marketing Point de Vente. Du 1er avril au 3 avril 2014 Lieu : Paris expo, Porte de Versailles. http://www.mpv-paris.com [email protected] 64 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Agenda : conférences, formations et séminaires Organisateurs Manifestation Comexposium Salon du retail, de la distribution et du point de vente. Dates Thèmes Du 16 au 18 septembre 2014 Informations pratiques Lieu : Paris expo, Porte de Versailles. www.equipmag.com Rubrique rédigée par Estelle Burget, Adetem 65 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 LE PROJET DE « CLASS ACTION » À LA FRANÇAISE : RÉPARATION COLLECTIVE OU ARME DE DISSUASION ? Pendant plus de quarante ans, les associations de consommateurs ont revendiqué son introduction dans le droit français, les entreprises s’y sont toujours opposées. L’action de groupe, action collective ou « class action », en dépit de multiples projets, promesses électorales, amendements parlementaires, en est restée au stade du serpent de mer. Les détracteurs de l’action de groupe avaient un discours bien rodé. Juridiquement, l’action de groupe qui permet à un grand nombre de consommateurs d’engager une action commune en réparation devant les tribunaux en ayant un représentant, heurte notre système juridique selon lequel nul ne plaide par procureur. Les dévoiements américains, avec, parfois des actions de groupe conduites par des avocats s’enrichissant sur le dos des entreprises et des victimes, étaient utilisés comme repoussoir. Pour les partisans de l’action collective, la protection des consommateurs justifiait une modification du régime. Si, seul le préjudice individuel peut être réparé et que c’est à chaque consommateur qu’il incombe de rapporter la preuve, non seulement de la faute du professionnel, mais aussi de son préjudice et du lien de causalité, aucune action ne pourra être sérieusement engagée, le montant individuel de chaque litige rend improbable des milliers ou des millions de procédures. Les obstacles procéduraux, pour limiter l’action en représentation conjointe par laquelle un consommateur donne mandat à une association agréée de consommateurs qui existe déjà dans le Code de la Consommation, rendent indispensable l’introduction d’un recours collectif. Fraichement nommé, Monsieur Benoît Hamon, Ministre délégué chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la consommation, a saisi en octobre 2012 le Conseil National de la Consommation (CNC) sur le champ d’application de l’action de groupe, le mode de constitution du groupe, le déroulement de la procédure et les modes d’indemnisation. L’avis a ouvert la porte à une « class action » réservée aux associations de consommateurs et permettant de filtrer les procédures. L’avis du CNC recommandait la mise en place d’une action de groupe pour la seule réparation des dommages matériels subis par les consommateurs et proposait de réserver l’exercice de l’action de groupe aux seules associations de consommateurs agréées représentatives au plan national. Il prônait l’instauration d’un cadre juridique qui permet d’empêcher les actions infondées ou abusives contre les entreprises. La consultation auprès du grand public, organisée en novembre 2012 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a également fait ressortir un appétit des consommateurs pour cette défense collective. Le serpent de mer fait finalement sa mue et adopte une peau plus lisse. Un projet s’inscrivant dans le cadre proposé par le CNC a été élaboré, limitant les dérives des actions de groupe et réduisant le nombre potentiel de dossiers. Le projet, par certaines de ces options, pourrait laisser croire que l'objectif est non d'adopter une loi d'affichage, mais de poser le principe d’une action. L’action de groupe existera, mais ses modalités de mise en œuvre en rendront l'application quantitativement peu importante, en dépit de dispositions destinées à simplifier l'indemnisation. 67 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ACTUALITÉS Actualités juridiques ADETEM La première précaution consiste à accorder en exclusivité aux associations de consommateurs agréées (16 à ce jour) le monopole de représentation en justice, au grand dam des avocats qui se voient éliminés et ne pourront pas constituer des associations ad hoc. L’objectif consiste à disposer d’un filtre indépendant et sérieux permettant d’éviter les actions trop téméraires destinées à simplement contraindre le professionnel à transiger. La deuxième précaution consiste à circonscrire le champ de l’action de groupe aux préjudices matériels des consommateurs personnes physiques, à l’exclusion des dommages corporels et préjudices moraux et à l’exclusion des professionnels et des entreprises. Ainsi, le préjudice découlant du risque médical sera écarté. La troisième précaution consiste à privilégier le mécanisme, dit d’ « opt-in », (les membres potentiels doivent indiquer s’ils souhaitent être représentés dans le cadre de l’action engagée). L’ « opt-out » intègre par défaut toutes les victimes potentielles d’un comportement identifié, celles-ci ayant la faculté de s’exclure, si elles ne souhaitent pas être partie à l’instance engagée. L’enjeu était de taille, car il est bien évident que toute formalité exigée du consommateur soit pour s’associer, soit pour se dissocier de l’action, est peu suivie d’effet. Si l’inaction du consommateur déclenche son adhésion ou son exclusion du groupe, le nombre de participants à l’action sera radicalement différent. Le choix de l’ « opt-in » est donc un gage donné aux entreprises pour que les actions de groupe à la françaises ne rassemblent pas des millions de victimes. L’affaire de la téléphonie mobile a d’ailleurs révélé que les millions de victimes des pratiques anticoncurrentielle sanctionnées par le Conseil de la concurrence se sont traduites par seulement une dizaine de milliers de plaignants qui ont d’ailleurs, pour des raisons procédurales, été déboutés. Le principe de l’ « opt-in » est posé par l’article L 423-3 alinéa 5 du Code de la Consommation qui prévoit une adhésion du consommateur au groupe pour obtenir l’indemnisation de son préjudice, traduisant ainsi l’adoption d’un système d’ « opt-in ». Dans ce cas, pour obtenir réparation de leur préjudice, les consommateurs ayant fait acte d’adhésion au groupe verront d’abord un juge, statuant sur la responsabilité du professionnel, choisir entre deux modalités de réparation : • soit, il permettra au consommateur de réclamer son indemnisation directement auprès du professionnel ; • soit, il chargera l’association de cette tâche, cette dernière répartissant par la suite l’indemnisation au profit des consommateurs. Le projet d’article L 423-4 du Code de la Consommation dote le juge d’une faculté supplémentaire consistant en la possibilité de désigner un « tiers » aux frais du professionnel. En l’absence de précision, l’on peut penser que ce tiers sera un mandataire. Le juge pourrait recourir à ce dernier afin de mettre en œuvre l’indemnisation des consommateurs, notamment lorsque cette mission excède le champ des intérêts de l’association ou bien lorsqu’une partie significative des consommateurs n’a plus de liens contractuels avec le professionnel ou, encore, lorsque l’exécution par le professionnel des condamnations semble incertaine. Les rédacteurs de ce projet de loi ont cependant inclus un système de quasi « opt-out » au sein de la procédure de l’action de groupe (articles L423-5 du Code de la Consommation) en vue de permettre une gestion plus automatique dans le cadre d'une procédure simplifiée. Ainsi, « lorsque le montant des préjudices individuels subis par chaque consommateur est identique et que le nombre de ces consommateurs est connu », il ne sera nul besoin d’adhérer au groupe pour obtenir réparation de son préjudice si le texte est adopté en l’état. En effet, le juge pourra décider de charger l’association de percevoir la totalité des sommes dues et de les attribuer à chaque consommateur qui en fera la demande et, à défaut, reversera cette somme au professionnel. Il peut aussi décider que le professionnel indemnisera « direc- Actualités juridiques tement et individuellement » chaque consommateur « identifiable ». La particularité de cette dernière hypothèse est qu’en cas d’inexécution du professionnel, ce processus basculera alors, soit vers l'option précédente (versement à l'association de l'intégralité du préjudice avec restitution éventuelle du non distribué), soit vers le système d’ « opt-in » de l’article L 423-3 alinéa 5 du Code de la consommation, impliquant ainsi la nécessité pour le consommateur d’adhérer au groupe afin d’être indemnisé. L’action de groupe, même limitée, aura un impact pour les entreprises qui devront évaluer le risque de telles actions et anticiper ces éventuelles procédures comme la publicité qui y sera attachée. L’impact de cette innovation législative attendue depuis si longtemps par les représentants des associations de consommateurs et appréhendée par les entreprises aura aussi inévitablement un effet sur la gestion des contentieux de masse. Toutefois, si la Loi est promulguée, elle obligera toutes les entreprises à être significativement plus attentives aux petits contentieux isolés qui pourraient être utilisés comme un test avant une action de groupe. La réparation élargie et la facilité des litiges de consommateurs pourraient alors être un moyen de prévention. Les détails de procédure renvoyés à des décrets, devront être examinés attentivement pour apprécier si l’action de groupe peut devenir une arme de dissuasion contribuant ainsi à une meilleure protection des consommateurs et concrétiser un proverbe persan selon lequel, « Le serpent change de peau, non de nature »… Jean-Louis Fourgoux Avocat Barreaux de Paris et de Bruxelles 69 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Le plan de communication - Définir et organiser votre stratégie de communication. 4ème édition. Auteur : Thierry Libaert. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Mai 2013 Les nouveaux défis du Brand Content : au-delà du contenu de marque. Auteurs : Thomas Jamet, Benjamin Richard (Collaborateur). Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr Juillet 2013 Leadership. L’art et la science de la direction d’entreprise. Auteur : Valérie-Claire Petit. Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr Pour une interprétation littéraire des controverses scientifiques. Auteur : Yves Citton. Éditeur : Éditions Quæ, Versailles. Site : www.quae.com Référencement mobile. Web analytics & stratégie de contenu. Auteurs : Isabelle Canivet-Bourgaux, Jean-Marc Hardy (préface). Éditeur : Eyrolles, Paris. Site : www.eyrolles.com Juin 2013 100 principes fondamentaux de l’identité visuelle des marques - Du logo à la communication multisupports. Auteurs : Kevin Budelmann, Yang Kim, Curt Wozniak. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Août 2013 Créez la tendance ! Du bouche à oreille au marketing viral. Auteur : Jonah Berger Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr 140 outils pour optimiser sa communication. Auteur : Joyce Beranger. Éditeur : Vuibert, Paris. Site : www.vuibert.com Le marketing bancaire et de l’assurance. Auteurs : Michel Badoc, Elodie Trouillaud. Éditeur : La Revue Banque, Paris. Site : www.revue-banque.fr Marketing. Auteurs : Luc Cardin et Stéphane Durocher. Éditeur : Chenelière Éducation, Montréal (Québec). Site : www.cheneliere.ca L’essentiel du marketing. Auteur : Collectif. Éditeur : Studyrama, Levallois-Perret. Site : www.studyrama.com Le Marketing en ligne. Auteurs : Jon Reed, Christine Balagué. Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr Les panels. Auteurs : Thierry Saint-Martin, Décaudin. Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr Business Communication Tool Box. Toutes les situations pro en anglais, à l’écrit comme à l’oral ! Auteurs : Joselyne Studer-Laurens (sous la direction de), Elvis Buckwalter, Patricia Levanti. Éditeur : Eyrolles, Paris. Site : www.eyrolles.com Jean-Marc Septembre 2013 Marketing : remède ou poison ? Les effets du marketing dans une société en crise. Auteurs : Patrick Bourgne et Collectif. Éditeur : EMS, Cormelles le Royal. Site : www.editions-ems.fr Community management : fédérer des communautés sur les médias sociaux. Auteurs : Loïc Le Meur (Préface), Cédric Deniaud (Postface), Paul Cordina, David Fayon. Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr Infodesign : le management visuel de l’information à l’heure du Big Data. Auteur : Yann Guilain. Éditeur : Ellipses Marketing, Paris. Site : www.editions-ellipses.fr E marketing et E commerce. 4ème édition. Auteurs : Pascal Lannoo, Corinne Ankri. Éditeur : Vuibert, Paris. Site : www.vuibert.com 71 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ACTUALITÉS Vient de paraître ADETEM Marketing Management. 14ème édition. Auteurs : Kevin Keller, Philip Kotler, Manceau. Éditeur : Pearson, Paris. Site : www.pearson.fr Management transversal de la marque. Une exploration au cœur des marques. Adaptateur : Géraldine Michel (coordonné par). Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Delphine Le merchandising. Points cardinaux, ratios, stratégies. 7ème édition. Auteur : Alain Wellhoff. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Le street marketing - quand le buzz est là ! Auteur : Marcel Saucet. Éditeur : Editions Diateino, Paris. Site : www.diateino.com Marketing mobile - Les clés pour intégrer efficacement le mobile dans sa stratégie marketing. Auteurs : Jérôme Stioui, Thierry Pires. Éditeur : Eni, Saint Herblain. Site : www.editions-eni.fr Communication(s) 20 ans d'articles de référence. Auteur : Thierry Libaert. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Marketing international. 2ème édition. Auteur : Anne-Gaëlle Jolivot. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com L'e-merchandising un atout pour l'e-commerce. Améliorer la performance de son site marchand. Auteur : Paul-Emile Cadilhac. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Luxe et Retail. Le point de vente, lieu d'excellence. Auteurs : Michel Chevalier, Michel Gutstatz. Éditeur : Dunod, Paris. Site : www.dunod.com Rubrique rédigée par Corinne Ruchaud, Adetem et Nadine Brosseau, Philéas Info. 72 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 TENDANCES Digital Detox : marché porteur Le « Do it yourself », une opportunité pour les marques la déconnexion, http://www.laposte.fr/lehub/-Le-Do-it-yourself-uneopportunite- un http://lentreprise.lexpress.fr/marketing-etvente/digital-detox-la-deconnexion-un-marche-porteur_41515.html 11 idées clés pour l’avenir Par le Comité Prospective de Communication & Entreprise. http://www.communicationetentreprise.com/linstitut/le-comite-prospective/11-idees-clespour-lavenir.html#c1427 Le « digital detox », nouveau symbole du luxe http://www.laposte.fr/lehub/Le-digital-detox-nouveau-symbole 12 entretiens pour mieux comprendre les grandes mutations de la société Millénaire La perception des riches en France http://www.ifop.com/?option=com_publication&typ e=poll&id=2291 Comment répondre shopper connecté ? aux attentes La revue de prospective du Grand Lyon publie un très stimulant hors série composé de 12 entretiens pour comprendre les grandes mutations de nos sociétés. http://www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/M3 -HS_1.pdf du La digitalisation des points de vente physiques et le shopper connecté étaient le thème du second Retail Club organisé par Publicis Shopper, en partenariat avec le JDN. http://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/les-attentes-du-shopperconnecte.shtml TENDANCES CONSOMMATEURS Les seniors « connectés » entretiennent plus de relations sociales et consomment plus (Credoc) Trends refresh http://www.trendwatching.com/briefing/ http://www.credoc.fr/publications/abstract.php?ref= CMV261 Les cinq mythes sur les Influenceurs http://www.influencia.net/fr/actualites1/tendances, cinq-mythes-sur-influenceurs,31,3601.html TENDANCES MARKETING Le multi-écrans adopté par tous : une aubaine pour les marketers Le nudge marketing ou comment vendre sans contraindre http://www.influencia.net/fr/actualites1/etudes,mult i-ecrans-adopte-par-tous-aubaine-pour-marketers,24,3595.html http://lentreprise.lexpress.fr/marketing-et-vente/lenudge-marketing-ou-comment-vendre-sanscontraindre_42141.html Changer d’ère L’état du marketing en 2013 La 1ère Édition du Forum « changer d’Ère » a eu lieu le 5 juin 2013 à la Cité des sciences et de l’industrie. Vidéos des interventions et synthèses des présentations sur le site. http://www.forumchangerdere.fr/ http://www.so-xperts.com/blog/performance-marketing-b/management-marketing/letat-du-marketingen-2013/ 73 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ACTUALITÉS @ lire @ voir @ écouter sur le net ADETEM Étude : les Français et la publicité sur Internet JEUNES CONSOMMATEURS /www.blogdumoderateur.com/etude-ifop-publiciteinternet/ Marketing enfants : de la cour de récré au tout digital http://www.e-marketing.fr/Breves/Marketingenfants-de-la-cour-de-recre-au-tout-digital-53628.htm Grande consommation : les limites du mass marketing traditionnel http://lecercle.lesechos.fr/entrepreneur/marketingcommunication/221172808/grande-consommationlimites-mass-marketing-traditionn ÉTUDES MARKETING Esomar fait le point mondial des études sur le marché http://www.e-marketing.fr/Breves/Esomar-fait-lepoint-sur-le-marche-mondial-des-etudes-53190.htm COMPORTEMENT D’ACHAT McKinsey analyse le parcours d’achat multicanal du consommateur Études de marché : méthode questionnaire en 12 points http://www.offremedia.com/voir-article/mckinseyanalyse-le-parcours-dachat-multicanal-du-consommateur-/newsletter_id=168180/ du http://visionary.wordpress.com/2013/06/05/etudesde-marche-methode-du-questionnaire-en-12-points/ Zoom sur les 7 familles de shoppeuses françaises BULLETIN BOARD http://www.offremedia.com/media/deliacms/media/ 1232/123243-a9ac8f.pdf Le livre blanc du Bulletin Board http://www.bulletinboard.fr/ Omniretail : les habitudes et canaux d’achat des Français décryptés http://www.ecommercemag.fr/Breves/L-evolutiondes-habitudes-d-achat-des-Fran-ais-entre-2012-et2013-53119.htm INNOVATION La consommation collaborative gagne progressivement les Français http://www.rue89.com/2013/07/07/les-100-bonnesidees-a-importer-france-1-a-10-244010 http://www.atelier.net/trends/articles/consommation-collaborative-gagne-progressivement-francais_420488 CROWDSOURCING Les 100 bonnes idées à importer en France Du crowdsourcing pour la grande distribution : les clients choisissent les produits qu’ils consomment TENDANCES MÉDIAS http://www.creads.org/blog/nouvelle-societe-startup/crowdsourcing-grande-distribution-suissemigros/ Médias : inventer le modèle économique de demain L’association « Communication et entreprise » des grands Dircom vient de publier un manifeste intitulé « 11 Idées clés pour l’avenir ». http://www.influencia.net/fr/actualites1/media,medi as-inventer-modele-economiquedemain,40,3619.html L'économie collaborative se fait doucement une place dans l'écosystème http://www.atelier.net/trends/files/economie-collaborative-se-doucement-une-place-ecosysteme_421027 74 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 @ lire @ voir @ écouter sur le net 20 exemples de plateformes de co création avec les consommateurs de la marque STRATÉGIE DE PRIX Comment sortir de l’argument prix en période de baisse du pouvoir d’achat ? http://fr.slideshare.net/boardofinnovation/how-tokickstart-your-cocreation-platform-20-examples http://www.laposte.fr/lehub/-Comment-sortir-de-largument-prix- Le crowdfunding sur le point d'exploser ? http://fr.slideshare.net/boardofinnovation/how-tokickstart-your-cocreation-platform-20-examples STRATÉGIES DIGITALES MARQUES Les 7 canaux prioritaires pour les directions marketing sont sur le Web L'INA s'intéresse au audiovisuel des marques http://www.offremedia.com/voir-article/les-7canaux-prioritaires-pour-les-directions-marketingsont-sur-le-web/newsletter_id=169084/ patrimoine http://journaldunarchiviste.fr/comptes-rendus/seminaire-de-lina-300513/ L'invasion du numérique aménager le parcours client oblige à http://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/multicanal-enjeux-ecommerce.shtml Les « marques coach » ont-elles un avenir ? http://fr.slideshare.net/agencedagobert/les-marques-coach DISTRIBUTION RELATION CLIENT Quelles grandes tendances de la promo ? Les dix-neuf impacts de la Satisfaction client dans la Rentabilité des Entreprises http://www.retail-distribution.info/article-le-zoomdu-mois-n-35-quelles-grandes-tendances-de-lapromo-4-118135192.html http://lecercle.lesechos.fr/entrepreneur/marketingcommunication/221173491/dix-neuf-impacts-satisfaction-client-rentabilite-entr Le futur du commerce par Gregory Pouy SERVICE CLIENT Retail : les marques innovent au Japon Cultures de service – les trois piliers par Christophe Bénavent http://www.e-marketing.fr/Breves/Retail-lesmarques-innovent-au-Japon-53244.htm#xtor=RSS1&utm_source=Rss&utm_medium=Rss&utm_campaign=ACTUS_EMKG http://fr.slideshare.net/gregfromparis/the-future-ofcommerce-real-roi-inside http://christophe.benavent.free.fr/?p=790 Les hypers en bout de course(s) http://www.terraeco.net/Les-hypers-en-bout-decourse-s,49939.html STRATÉGIE L'occasion, nouvelle stratégie d'Ikea http://business.lesechos.fr/directions-generales/strategie/0202832885581-l-occasion-nouvelle-strategied-ikea-7521.php Dans les Nestlé coulisses du marketing Des enseignes revisitent l’accueil des clients http://www.laposte.fr/lehub/-Des-enseignes-revisitent-l-accueil- de http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grandeconsommation/actu/0202848757541-dans-les-coulisses-du-marketing-de-nestle-579118.php 75 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM E-COMMERCE Le m-commerce est en tête priorités des e-commerçants Les stratégies gagnantes de l’ecommerce en 2014 par Emailvision http://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/mobile-enjeux-ecommerce.shtml http://www.pressmyweb.com/actualites-duweb/evenements/strategies-ecommerce-2014/ E-commerce l’abonnement. : la déferlante des M-commerce : la tablette davantage sollicitée que le smartphone dans l'achat en ligne de http://www.atelier.net/trends/articles/commercetablette-davantage-sollicitee-smartphone-achatligne_419875 Le point en vidéo par Alexandre Boulègue Directeur d'études Xerfi http://www.xerficanal.com/emission/AlexandreBoulegue_E-commerce-la-deferlante-de-l-abonnement_978.html PUBLICITÉ – MÉDIAS Chiffres-clés 2013 les principaux chiffres, indicateurs et études sur le ecommerce et la vente à distance réunis dans un même et seul document par la Fevad Le nouveau paradigme publicitaire http://www.fevad.com/etudes-et-chiffres/chiffrescles-2013 Les 10 points clés de l'Observatoire de l'e-pub Pourquoi les enseignes l'engagement client mobile ? http://www.latribune.fr/blogs/strategie-marketingen-1min30/20130716trib000775952/le-nouveau-paradigme-publicitaire.html http://www.e-marketing.fr/Infographie/Les-10points-cles-de-l-Observatoire-de-l-e-pub-53582.ht adoptent http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/hightech-medias/internet/221175569/pourquoienseignes-adoptent-lengagement-clie La vidéo sociale incontournable pour la pub ? http://www.influencia.net/fr/actualites1/etudes,vide o-sociale-incontournable-pour-pub,24,3655.html Le e-commerce profite aux ventes du commerce de détail La fin du massmedias et l’avènement de moimedia http://www.atelier.net/trends/articles/e-commerceprofite-aux-ventes-commerce-de-detail_422135 Les internautes français compétents mais plus méfiants http://www.influencia.net/fr/actualites1/media,finmassmedias-avenement-moimedia,40,3660.htm plus http://www.laposte.fr/lehub/Les-internautes-francais-plus PUBLICITÉ ON LINE La publicité en ligne dérange et agace les Français Les 10 e-commerçants américains qui grossissent le plus vite http://fr.slideshare.net/cedricbuisson/etude-adyoulikeifop http://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/top-10-croissance-ecommerce-usa/ Le publicitaire doit désormais discuter avec le DSI, pour Maurice Lévy, Président de Publicis Sites d'e-commerce : les leviers de la rentabilité Une étude de CCM Benchmark pour Webloyalty fait le point http://www.cio-online.com/actualites/lire-le-publicitaire-doit-desormais-discuter-avec-le-dsi-pour-maurice-levy-president-de-publicis-5162.html http://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/leviers-rentabilite-e-commerce/ 76 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 @ lire @ voir @ écouter sur le net La pub sur cartonner mobile va continuer de RÉSEAUX SOCIAUX http://www.latribune.fr/technos-medias/publicite/20130618trib000770962/la-pub-sur-mobile-vacontinuer-de-cartonner.html Classement et statistiques réseaux sociaux http://www.outilsduweb.com/etude-relations-blogueurs le des http://business-on-line.typepad.fr/b2b-leblog/2013/07/classement-et-statistiques-2013-desreseaux-sociaux.html Une étude pour comprendre la relation entre les marques et les blogueurs Quelques statistiques sur content avec 100% Media 2013 10 chiffres sur la réalité des usages des internautes Quelle utilisation les gens font-ils d'Internet ? Comment y ont-ils accès et par quel biais les startups sont-elles en train de modifier progressivement notre comportement sur la toile ? http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/realite-des-usages-des-internautes/ brand http://testconso.typepad.com/brandcontent/2013/05/quelques-statistiques-sur-le-brandcontent-avec-100-media.html La norme Afnor sur les avis clients mise sur la transparence, la fiabilité et la pédagogie BIG DATA http://www.journaldunet.com/developpeur/outils/le s-solutions-du-big-data/ http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/547 19/la-norme-afnor-sur-les-avis-clients-mise-sur-latransparence--la-fiabilite-et-la-pedagogie.shtml Big Data : les valeurs analytiques et opérationnelles au cœur de l’avantage concurrentiel Les annonceurs, peu satisfaits de leurs tactiques marketing sur les réseaux sociaux ? http://www.atelier.net/trends/articles/big-datavaleurs-analytiques-operationnelles-coeur-de-avantage-concurrentiel_422600 http://www.atelier.net/trends/articles/annonceurssatisfaits-de-leurs-tactiques-marketing-reseauxsociaux_422525 Deux leviers sont nécessaires à l’amélioration de la qualité des Big Data Les 7 péchés capitaux du social media Panorama des solutions de Big Data http://www.blogdumoderateur.com/les-7-pechescapitaux-du-social-media/ http://www.journaldunet.com/solutions/expert/5432 0/deux-leviers-sont-necessaires-a-l-amelioration-dela-qualite-des-big-data.shtml INTERNET Big data : comment passer de la donnée à l’information Étude La dynamique Prospective2030. http://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/bigdata-comment-passer-de-la-donnee-a-linformation18731/#.Ua3SLYKIWUc d'Internet. Selon le Commissariat général à la stratégie et la prospective, un document de 200 pages. http://www.strategie.gouv.fr/content/etude-dynamique-internet-2030 DATA MARKETING Tendances et prévisions de l’internet 2013 : la rapport de Mary Meeker Infographie. Le traitement des données marketing de 1960 à 2012 http://fr.slideshare.net/kleinerperkins/kpcb-internettrends-2013 http://www.e-marketing.fr/Infographie/Le-traitement-des-donnees-marketing-de-1960-a-201253609.htm 77 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM Chiffres : L’Observatoire des sites Internet professionnels français par 1min30 et DataPublica 2013 : le mobile au cœur du commerce connecté. Trop de prix bas tue le prix bas ! http://www.1min30.com/qui-sommes-nous/observatoire Étude : les comportements numériques des Français La mobilité numérique entraîne des mutations rapides et profondes dans les échanges entre la marque et le client : les smartphones et les tablettes permettent non seulement de chercher et de dénicher des bonnes affaires, mais aussi d'effectuer des achats. http://www.e-marketing.fr/Breves/Trop-de-prix-bastue-le-prix-bas--53662.htm http://www.blogdumoderateur.com/etude-comportements-numeriques-france/ FONCTION MARKETING USAGES NUMÉRIQUES Que se passe-t-il Internet ? en 1 minute sur BYOD : restaurer la confiance entre salariés et départements IT devient nécessaire http://www.vanksen.fr/blog/que-se-passe-t-il-en-1minute-sur-internet/ http://www.atelier.net/trends/articles/byod-restaurer-confiance-entre-salaries-departements-it-devientnecessaire_422712 Consommation digitale : 5 tendances européennes (McKinsey) http://www.choblab.com/marketinginternet/consommation-digitale-5-tendances-europeennes-mckinsey-6999.html Baromètre Internet des 50 ans et plus Les directions marketing perdues dans le digital selon Accenture http://www.duperrin.com/2013/07/08/marketingdigital-accenture-cmo-insight/ sur Les responsables marketing alloueront http://www.capitaine-commerce.com/2013/05/27/3 4473-barometre-des-50-ans-et-plus-sur-internet/ un quart de leur budget au numérique l’an prochain, selon une étude mondiale d’Accenture Interactive http://www.offremedia.com/voir-article/les-responsables-marketing-alloueront-un-quart-de-leur-budget-au-numerique-lan-prochain-selon-une-etudemondiale-daccenture-interactive/ MOBILE MARKETING 3 infos clés sur la publicité mobile en 2013 http://www.influencia.net/fr/actualites1/pas-manq u e r, 3 - i n f o s - c l e s - s u r - p u b l i c i t e - m o b i l e 2013,48,3646.html Rubrique rédigée par Corinne Ruchaud Adetem 78 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Nous vous proposons, dans ce numéro de la RFM, trois articles issus de l'European Marketing Confederation dont l'Adetem est membre, articles de synthèse qui apportent des éclairages intéressants parce que nouveaux sur des sujets souvent débattus. BRÈVE CRITIQUE DE LA RESPONSABILITÉ MARKETING(1) Malcolm MCDONALD Cranfield School of Management, Royaume-Uni Journal of Business and Industrial Marketing, 5 juin 2010 marketing selon leur capacité à créer ou annihiler de la valeur pour les actionnaires. Cette mesure se réalise en prenant en compte la valeur temps de l’argent, le coût du capital et les risques associés aux trois composantes de la stratégie. Celles-ci incluent le marché lui-même, la stratégie à employer sur le marché et les prévisions relatives aux profits qui en résultent. La société Deloitte a publié en 2007, un rapport particulièrement préoccupant : il met en lumière la frustration des chefs de la Direction et des directeurs marketing concernant le manque des responsabilité des directeurs marketings sur leur budgets, bien souvent très conséquents. Cet article propose une grille de lecture et une méthodologie pour mieux aborder les mesures marketing et s’en servir de façon plus responsable vis-àvis du conseil d’administration. Le second niveau de mesure détaille la façon dont on relie individuellement toutes les dépenses liées aux « 4 P », au chiffre d’affaires et aux objectifs de bénéfice. Cependant, le second niveau ne réalise pas de calculs de retour sur l’investissement sur tous les éléments du mix marketing, ce qui reviendrait à exiger un retour sur investissement sur les ailes d’un avion ! Pour cela toutefois, il convient de définir le marketing. On envisage, dans l’article, le marketing comme un procédé abordant la question des marchés davantage sous l’angle de la demande que de celui de l’offre. Il vise en premier lieu à segmenter ces marchés selon des groupes de consommateurs à la demande similaire, puis à comprendre les besoins de ces groupes. Chaque segment fait ensuite l’objet d’un classement par priorité en termes d’organisation des forces et selon sa capacité à accroître ses bénéfices sur les trois dernières années. Enfin, l’article met en évidence la différence entre les dépenses de « maintenance » marketing, c’est-à-dire effectuées pour la conservation des affaires, et les dépenses dans le cadre de « l’investissement » marketing qui visent à la croissance des affaires. L’article illustre également comment l’exécution correcte de calculs de la valeur nette actuelle peut aboutir à différents résultats financiers. On développe ensuite pour ce segment des propositions de valeur, parallèlement à des objectifs et stratégies marketing. Enfin, on rassemble un budget entièrement justifié par les stratégies et les objectifs développés. En conclusion, l’article met en place un programme pour de plus amples recherches académiques dans le domaine de la responsabilité marketing, en se concentrant tout particulièrement sur le véritable sens de l’expression « valeur ajoutée ». Une fois une stratégie mise en place, on peut envisager les mesures de l’activité marketing. L’article entreprend d’exposer trois niveaux de mesure. Les premier et second niveaux sont le fruit de plusieurs années de recherches menées par un auteur de l’Université de Management de Cranfield. (1) Copyright © 2012. Article produced by the Academic Group of the European Marketing Confederation (EMC). The full reference for this study : A Brief Review of Marketing Accountability, and a Research Agenda by Emeritus Professor Malcolm McDonald., Journal of Business and Industrial Marketing, Volume 25, Issue 5, 2010. Le premier niveau de mesure est stratégique : il met en place une méthode d’évaluation des plans 79 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ACTUALITÉS La R.F.M. a lu pour vous ADETEM LE CATEGORY MANAGEMENT (ET SON « CAPITAINE DE CATÉGORIE ») : UN INTÉRÊT RÉEL POUR LE REVENDEUR ?(1) Kitty KOELEMEIJER Nyenrode Business University, Pays-Bas Journal of Marketing, Septembre 2011 fournisseurs principaux sur le Category Management (même s’ils peuvent posséder eux-mêmes les ressources internes suffisantes pour le pratiquer). Les revendeurs ont tendance à sous-gérer leurs propres catégories or, l’usage d’un « capitaine de catégorie » peut, à cet égard, s’avérer utile. La recherche a également relevé que les revendeurs inclus dans l’étude, autorisaient les principaux fournisseurs à être plus influents dans les catégories stratégiques, leur ouvrant l’accès aux ressources nécessaires pour générer des bénéfices. Les commerçants revendent des dizaines de milliers de produits répartis en centaines de catégories. Le Category Management consiste à gérer l’attribution des ressources entre un grand nombre de marques complémentaires et/ou concurrentes, dans le but de maximiser les résultats attendus. Cette pratique soumet les ressources et les capacités du revendeur à de lourdes exigences, en particulier dans un contexte de marchés de plus en plus compétitifs. Nombreux sont les revendeurs qui manquent de moyens pour réaliser une gestion approfondie de toutes les catégories. D’autres emploient les ressources et les capacités de leurs fournisseurs principaux pour renforcer leurs catégories voire pour désigner un « capitaine de catégorie » chargé de la gestion de catégories spécifiques. L’étude n’a trouvé aucune manifestation d’un éventuel repli des autres fournisseurs à la suite d’une collaboration privilégiée entre revendeur et fournisseur principal. Mieux, elle a montré que les fournisseurs sont moins susceptibles de se montrer égoïstes s’ils sont inclus dans la pratique de la gestion de catégories. Seulement, les revendeurs peuvent redouter qu’une collaboration étroite avec les fournisseurs les plus influents d’une catégorie donnée, ne leur attire les rejets des autres fournisseurs de cette même catégorie. Or, cela sous entendrait par exemple, de prévoir des compensations commerciales ou de retarder l’accès à de nouveaux produits. De plus, certains craignent qu’en s’appuyant sur un « capitaine de catégorie », ils ne fassent obstacle à la concurrence, portant ainsi atteinte à l’intérêt même du consommateur. L’étude sur ces trente-cinq supermarchés américains a permis de formuler les recommandations suivantes. Les revendeurs ont tout intérêt (1) à développer leurs capacités marketing internes et (2) à rechercher activement des « capitaines de catégorie » parmi leurs fournisseurs. Mais, tout en restant prudent : bien que les bénéfices de performance du Category Management collaboratif permettent en effet de compenser l’opportunisme des fournisseurs (intéressés par des bénéfices à court terme), les revendeurs doivent cependant surveiller efficacement ce type de comportement égoïste. Il s’agit d’éviter tout impact néfaste sur le marché en question. Une étude a été réalisée sur trente-cinq catégories dans des supermarchés américains : elle évalue l’impact de l’intensité du Category Management et de l’influence du fournisseur principal sur la performance de sa catégorie ainsi que sur celle du revendeur. (1) Copyright © 2012. Article produced by the Academic Group of the European Marketing Confederation (EMC). The full reference for this study : Gooner R.A., Morgan N.A. and Perreault Jr. W.D. (2011) - Is Retail Category Management Worth the Effort (and Does a Category Captain Help or Hinder)?, Journal of Marketing, Vol. 75, September, 18-33. Les résultats de l’étude montrent qu’une pratique intensive et collaborative du Category Management peut être bénéfique à la fois pour le revendeur et pour le producteur. Les résultats des revendeurs progressent quand ils collaborent avec les 80 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 La R.F.M. a lu pour vous RÉNOVER UN MAGASIN : UNE STRATÉGIE RÉELLEMENT RENTABLE ?(1) Magnus SÖDERLUND Stockholm School of Economics, Suède Journal of Marketing, Septembre 2011 L’étude a démontré qu’à court terme, la perception de l’image et de la valeur de la boutique par les clients s’améliore, ce qui prouvait que la rénovation a eu des effets positifs sur eux. Cependant, après six mois, l’amélioration de cette perception décline tandis que les réactions des clients retrouvent les mêmes taux de départ. Les clients se familiarisent en effet avec les nouveaux intérieurs. Il est depuis longtemps prouvé que l’environnement physique (c’est-à-dire l’espace) d’un magasin a une influence considérable sur les consommateurs et leurs habitudes d’achats. Après tout, l’environnement a un impact sur les cinq sens et représente un rayon d’influence de 360°. Il n’est donc pas surprenant que les commerçants décident d’investir sur cet aspect là du marketing. Nombre d’entre eux se sont tournés vers la rénovation de leur magasin où le design intérieur évolue tandis que l’offre (par exemple, le produit) reste la même. Cette observation est identique pour les autres mesures de performance, telle que la durée moyenne passée au sein du point de vente par chaque client, dont les croissances initiales sont finalement reparties à la baisse. Quant à la fréquentation de la boutique, elle décroît en fait sur le long terme. Mais ces rénovations ont-elles un quelconque impact positif ? Jusqu’à maintenant, le milieu universitaire ne s’était pas intéressé à la question. L’analyse de la pratique des rénovations révèle un aspect majeur : tandis qu’elles produisent effectivement des effets positifs sur le court terme, ces mêmes effets s’épuisent avec le temps. Selon les chercheurs chargés d’interpréter les résultats, le fait d’ignorer la variabletemps sur les effets d’une rénovation peut conduire à un usage inadéquat des ressources marketing. Une étude récente d’une chaîne de fast-food américaine en Europe a révélé quelques indices sur les effets de la rénovation d’une de ses boutiques sur les clients. Dans ce cas précis, la rénovation incluait plusieurs changements significatifs de l’aspect physique des points de vente : un éclairage plus chaleureux, des peintures murales mises en valeur par des spots lumineux intégrés, de nouvelles couleurs pour les murs, le plancher, les tables, les chaises, mais également de nouvelles séparations de l’espace restaurant en plusieurs zones et une plus large variété d’options pour s’asseoir. Dès lors, le premier effort dans la recherche des effets des rénovations de magasin sur des perspectives de marché, est justement de ne pas surestimer ces effets. Pour être en mesure d’évaluer efficacement les effets de ces changements, d’autres éléments comme la nourriture elle-même, sont demeurés inchangés. De plus, il faudrait réaliser une évaluation prudente des effets de la rénovation sur les boutiques intégrées à une chaîne. On éviterait ainsi la mise en place de designs inefficaces sur toute une série de points de vente. On peut envisager de se servir d’un point de vente pilote dont on suivrait les évolutions à travers le temps, avant d’en analyser les résultats pour décider ou non de la mise en place d’un design efficace sur chacun des autres points de vente. Tous les points de vente de la chaîne n’ont pas été soumis à ces changements au même moment. Ceci a permis aux chercheurs de conduire une étude expérimentale : les points de vente re-modélisés pouvaient être comparés avec ceux non rénovés. Les chercheurs ont également pu procéder à une collecte de données auprès des clients (qui étaient soumis à des études) et de données de performance (telle que la moyenne de fréquentation de la boutique ou encore la durée moyenne passée dans le magasin par client). Ils ont procédé ainsi à différents stades de la rénovation. Ainsi, ils étaient en mesure de présenter des résultats sur le court comme sur le long terme. (1) Copyright © 2012. Article produced by the Academic Group of the European Marketing Confederation (EMC). The full reference for this study : Bruggen E.C., Foubert B. and Gremler D.D. (2011) - Extreme Makeover : Short- and Long-term Effects of a Remodeled Servicescape, Journal of Marketing, Vol. 75, September, 71-87. 81 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 NOTE AUX AUTEURS La Revue Française de Marketing publie des articles de chercheurs en marketing, d’enseignants et de responsables d’entreprises ou d’organisations. La Revue Française de Marketing publie cinq numéros par an. Les articles sont répartis en rubriques, par exemple : - nouvelles méthodes ou approches originales avec, de préférence, un ou plusieurs exemples d’application réelle (« Méthode ») ; - exposés de cas concrets présentant un intérêt général, par exemple par l’utilisation d’outils d’étude ou d’enquête en interaction ou encore peu diffusés (« Expérience ») ; - résultats de recherches ou de réflexions sur les concepts et la stratégie marketing ayant des implications managériales (« Recherche ») ; - synthèses sur un problème marketing en évolution, s’appuyant sur une analyse critique de la bibliographie et/ou sur les pratiques actuelles (« Synthèse ») ; - opinions ou réflexions pour nourrir un débat d’actualité (« Actualités »). 1 - PROCESSUS DE SÉLECTION Tout article soumis à la RFM pour publication est évalué de manière anonyme par deux lecteurs, membres du Comité ou parfois experts extérieurs. Lorsque les avis divergent, l’article est soumis à un troisième lecteur. Le Comité des Publications prend la décision finale. Les critères de sélection des propositions d’article correspondent à la vocation de la RFM. Les principaux sont les suivants : - actualité, originalité et pertinence du sujet ; - nouveauté, originalité et qualité de l’apport scientifique et méthodologique ; - apport managérial et utilité pour les décisions ; - clarté et lisibilité de la forme et du style ; - respect de la déontologie professionnelle (indication des emprunts à d’autres auteurs ou à des publications antérieures de l’auteur) ; - critique objective des propositions faites ; - absence de discours à vocation commerciale. 84 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 Note aux auteurs L’examen d’une proposition d’article par le Comité des Publications donne lieu à un avis adressé à l’auteur par le secrétariat de rédaction de la RFM. La proposition d’article peut être acceptée, refusée ou acceptée sous réserve de modifications plus ou moins importantes. Dans ce dernier cas, l’auteur doit répondre aux observations faites et procéder aux modifications demandées dans un délai raisonnable dont il informera le secrétariat de rédaction s’il souhaite que le processus d’évaluation se poursuive. En cas de refus, l’auteur est informé des raisons ayant motivé cette décision. 2 - PARUTION Tant que le processus d’évaluation est en cours, ainsi que pendant la période précédant la parution, l’auteur s’interdit de proposer l’article à un autre support et s’engage à ne pas publier son article ou un article proche dans une autre revue quelle qu’elle soit pendant cette période. Le copyright appartient à l’ADETEM et à la RFM. Tout article accepté par le Comité de Rédaction sera publié en principe dans un délai de douze mois après notification à l’auteur. Lorsque ce délai ne pourra pas être tenu, l’auteur sera informé par le secrétariat de rédaction de sa date de publication. Le Comité des Publications de la RFM se réserve le droit : - de rédiger des introductions aux articles ; - de modifier le titre de l’article pour le rendre conforme à son contenu. Chaque auteur recevra un exemplaire du numéro de la RFM auquel il a contribué, ainsi que le fichier pdf de son article en version électronique. 3 - PRÉSENTATION DES ARTICLES Les propositions d’article devront être adressées sous format électronique (fichier Word) au secrétariat de rédaction [email protected], en français ou, dans certaines conditions, en anglais. Les propositions d’article devront comporter en première page la présentation de l’auteur : nom, prénom, qualités / fonctions, adresse. Pour faciliter l’envoi anonyme aux lecteurs, le texte ne mentionnera pas le nom de l’auteur après la première page. Le texte proprement dit sera précédé d’un résumé court en français et en anglais avec des mots-clefs et le titre dans chaque langue. Il sera, sauf cas particulier, d’une longueur maximale de 40 000 signes, non compris tableaux, figures et résumés. Les propositions d’article peuvent comporter des annexes. Les tableaux, schémas et autres encartés seront insérés dans le texte, mais il sera également nécessaire d’en adresser, au moins le moment venu, une copie pleine page très propre pour le scanner qui fera foi. Les notes de bas de page seront numérotées de 1 à n. Les références bibliographiques seront rédigées selon les modèles suivants : - Ouvrage : nom de l’auteur, initiale de son prénom, date de publication entre parenthèses, suivi d’un tiret et du titre de l’ouvrage en italique, ville de publication, nom de l’éditeur. Exemple : Antoine J. (1991) - Les sondages, outil de marketing, 2ème édition, Paris, Dunod. - Article : nom de l’auteur, initiale de son prénom, date de publication entre parenthèses, suivi d’un tiret et du titre de l’article, nom de la revue en italique, numéro et pages. Exemple : Bachelet D. (2000) - L’élaboration des objectifs marketing produit dans les cahiers des charges des produits futurs, Revue Française du Marketing, n°179-180, p.184-206. 85 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5 ADETEM - Actes de colloque : nom de l’auteur, initiale de son prénom, année de publication entre parenthèses suivi d’un tiret et du titre de l’article, puis de l’intitulé du colloque en italique, du numéro du volume, de la date et du lieu de la publication, du nom de la société d’édition et du numéro des pages. Exemple : Maignan I., Swaen V. (2000) - Responsabilités sociales des entreprises et bienveillance des consommateurs: Une étude comparative, Actes du 16ème Congrès de l’Association Française du Marketing, Volume 1, 19-20 Mai, Montréal, Canada, p. 667-679. Chaque auteur apportera un soin tout particulier aux références bibliographiques, souvent incomplètes ou ne respectant pas les normes RFM. La bibliographie comportera 30 références au maximum. 86 REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5