Journal de l`entreprise
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12 l SERVICES JANVIER 2011 l COMMENT L’INNOVATION J’AI FAIT Ergotonics. Un logiciel de prise de notes intelligent Pur produit de Microsoft, diplômé de l’Edhec, François Liger a travaillé 17 ans pour la firme mondiale dont sept ans au siège américain, où il s’occupait de la fonctionnalité internationale de Windows. Il l’a quitté au poste clé de program manager architect. « Je passais ma vie en réunion à prendre des notes », se souvient ce Géo Trouvetout de 45 ans. Comme beaucoup, elles devenaient vite lettres mortes. « Il n’y avait pas d’interaction avec un système d’information qui comprenne le contenu. » D’où son idée d’inventer un logiciel de prises de notes, avec compréhension du langage naturel. « Nous allons au-delà de la simple interprétation de phrases en enrichissant l’information en fonction d’éléments contextuels. » Baptisé Ergotonics, son programme est capable de reconnaître tel ou tel concept et de l’associer à un agenda, à un répertoire, à une tâche, etc. « On touche à l’assistant personnel, avec un gain de temps », note-t-il ravi d’apporter une fonctionnalité de plus à ce marché, d’emblée mondial pour lui. François Liger s’est associé à un docteur grec en linguistique informatique et à un développeur. « Nous avons utilisé un moteur existant, Unitex, issu du monde de la recherche, de l’Institut Gaspard-Monge à Marne-La-Vallée car la France est bien positionnée dans ce domaine. Le problème, c’était sa lenteur et la perte de mémoire, souligne-t-il. Nous avons pu multiplier sa performance pour le rendre 100 à 150 fois plus rapide. » François Liger fait partie de la couvée 2010 de l’incubateur Miti à Villeneuve-d’Ascq. Lauréat LMI, Entreprendre Nord et Oséo l’an passé en catégorie émergence (33 K¤ à la clé), il a créé une SAS en juin après un an et demi de développement. Il veut apporter cette intelligence dans le traitement d’emails et songe déjà à d’autres adaptations pour des jargons professionnels : suivi de chantiers, rendez-vous médicaux... À trois ans, il ambitione 1 M¤ de CA avec une dizaine de salariés. G.B. l EN BREF Runiso Du renfort à Roubaix Créé à Roubaix en 2007, Runiso, spécialiste de la conception, fourniture, hébergement et infogérance d’infrastructures web critiques et complexes vient d’investir de nouveaux locaux à Roubaix. But : devenir un acteur incontournable au Nord. En 2009, la PME de 25 salariés a réalisé 1,5 M¤ de CA et doit clôturer 2010 à 2,5 M¤. Cette année, six recrutements d’ingénieurs sont annoncés. Présent à Paris, Runiso compte des clients comme Domoti, Damart, Experian, Phoceis… Spie Batignolles Nord Nouveau siège social inauguré À Marquette-lez-Lille, le premier occupant du parc tertiaire HQE et BBC Rivéo, où la facture d’énergie est divisée par deux, a inauguré son siège le 14 décembre. Spie Batignolles Nord loue un bâtiment 3.400 m² pour 90 de ses 350 salariés en région. Ce siège peut en accueillir 200. En 2010, la filiale a réalisé 145 M¤ de CA et projette 160 M¤ en 2011, soit son niveau de 2009. Le 2e des sept immeubles du parc doit être construit cette année. Amateur de poker depuis cinq ans, formé à l’Espeme Lille, Antoine Leclercq joue à domicile dans son « tripot », juste à côté de son entreprise Asiaway. « J’ai créé une marque de vêtements autour du poker » SON DÉFI Imposer au monde de la mode, au même titre que Ralph Lauren ou Eden Park, sa marque JAQK développée avec six associés dans une niche haut de gamme. l « Mon but était de réaliser un rêve : créer une marque de vêtements associée à une passion, le poker. J’ai participé à un concours de création d’entreprise, Start Academy. Ce n’était qu’un jeu. Nous avons reçu le trophée du meilleur business plan remis par André Mulliez et celui de la meilleure équipe par Creadev. Pour créer, j’ai observé. Il y avait un vide. C’était soit “cheap”, soit vulgaire. Je voulais sortir une marque qui donne ses lettres de noblesse au poker, comme Eden Park au rugby. Le poker ne véhicule pas encore les mêmes valeurs mais n’est plus un phénomène de mode. C’est un sport, convivial et sain pour l’esprit, un jeu de stratégie, de bluff, d’audace, d’instinct et d’élégance avec des moments de frayeur et de plaisir, en corrélation avec l’entreprise. Il faut faire des choix, profiter des réussites, être aussi bon acteur, savoir jouer avec des mauvaises cartes. JAQK fait référence à un personnage qui incarne ces valeurs. Six associés amis et une DG Si j’avais réalisé tout ce qu’il y avait à faire, je n’aurais pas créé. On m’a conseillé de me faire entourer. J’ai contacté six potes entrepreneurs, disponibles sur chaque sujet que je maîtrisais moins. Nous nous sommes lancés, soirs et week-ends. Nombreux et amis : c’est le gros danger. Nous nous sommes organisés en binômes. Chacun avait une tâche : création de collection, achat, site web, distribution, finances, juridique, communication, etc. Nous avons travaillé deux ans avant de créer en SARL il y a un an et demi. Décision a été prise de recruter Justine Vanhauwaert, notre DG, femme de caractère qui a le recul nécessaire. C’est la subtilité. Les actionnaires sont ses opérationnels, c’est la chef d’orchestre. Le process décisionnel est plus long. Nous débattons mais au moins nous sommes sûrs de ne pas commettre d’erreurs. L’aide d’un cabinet spécialisé Nous avons lancé notre première collection en septembre 2010 avec l’aide du cabinet de tendances Martine Leherpeur Conseil, à Paris. Nous avions beaucoup d’idées mais une lacune : la cohérence de la collection. Ce conseil nous a aidés à dessiner des modèles et choisir les couleurs. Nous avons imaginé les coupes, choisi les matières (coton, soie, cachemire) pour des habits doudous, et des détails clés pour personnaliser. Notre collection haut de gamme s’adresse à tous, joueurs ou non. Nous parlons au client avec des détails discrets et subtils, tels qu’un pique brodé sur l’épaule. Sourcing et distribution clés Nos vêtements sont produits en Chine et Turquie. Le sourcing, c’est l’une des clés avec la distribution, grâce à nos expériences. Le reste, c’est de la cohérence. Nous avons des agents dont un à Paris. Pour le moment, nous nous appuyons sur un réseau de bouti- ques multimarques. Nos prix sont les mêmes que sur le web sur www.jaqk-store.com. Aujourd’hui, le gros du textile n’est vendu qu’en solde. Le secteur se marche sur la tête. JAQK ne solde pas, évite la saisonnalité et ne veut pas entrer dans la mode du jetable. Nous n’inventons pas la poudre, sauf en termes de vente directe car nous voulons faire vivre une communauté. Il faut d’abord se rendre légitime dans son milieu. L’exclusivité est très importante dans le système JAQK. Nous lançons un réseau original de vente directe lié à l’homme, avec des ambassadeurs chipleaders. Ces précurseurs de la maque accumulent des points comme des miles. C’est une boîte dans la boîte, qui offre une pub gratuite comme le web en ciblant une communauté. Le business est conforme à nos prévisions, soit 60 K¤ en quatre mois pour un objectif 2013 de 3 M¤ et 15 embauches. » Géry Bertrande Burie. La première chambre d’hôtel trois étoiles éco-conçue à Pérenchies L’agenceur lillois et son cabinet d’études Optilia révolutionnent l’hôtellerie avec un équipement design, respectueux de l’environnement de sa création à son recyclage. l Triselec Lille L’entreprise citoyenne primée À la traîne en éco-conception, l’hôtellerie française pourrait bien rattraper son retard grâce à une PME du Nord fondée il y a 130 ans. Burie s’était fait remarquer en agençant le premier Novotel de France à Lesquin pour Accor. Aujourd’hui, La PME de Pérenchies s’illustre avec la première chambre d’hôtel trois étoiles éco-conçue. Pour sa politique de recrutement et sa formation innovante contre l’illettrisme, qui touche 20 % de ses 400 salariés, Triselec Lille a décroché le prix spécial du jury du 3e Trophée national de l’entreprise citoyenne 2010, remis au Sénat en décembre aux côtés de DCNS, Sephora et Transatel. Recyclable à 82 % Du sol au plafond, de la conception au recyclage de cette pièce de 15 m², tout est pensé dans le strict respect environnemental. Draps et cloison de salle de bains sont en chanvre, vasque et bac de douche en déchets de carrière. Le bois liquide remplace l’aggloméré ; la mousse de coco latex, le polyuréthane dans les fauteuils d’Home Spirit à Tourcoing… « 45 % des 25 matériaux utilisés sont sourcés à moins de 100 km, 82 % sont recyclables, 22 % déjà recyclés et même 5 % biodégradables », avance Luc de Saint-Louvent, P-dg de Burie. Pour être au prix du marché (20 K¤), le chantier est même optimisé grâce à du mobilier thermoformé comme dans l’auto, réversible et prééquipé. Ce concept est né en 2008 sur un appel à projets Drire sur les LE JOURNAL DES ENTREPRISES matériaux innovants. « C’est important d’assurer une veille technologique », note l’agenceur couronné d’un Janus du commerce de l’Institut du design. Diversification réussie Dépendant d’Accor à 97 % à sa reprise par Luc de Saint-Louvent en 1997, Burie a ramené à 18 % ce taux. Il compte de nouveaux clients comme B & B et Louvre Hôtels (Première classe, Campanile, Kyriad). Il crée aussi des sites de vente (Boulanger, Fnac, Leroy Merlin…) et signe des lieux de restauration. « Depuis trois ans, nous nous sommes diversifiés dans l’équipement de programmes immobiliers et de résidences pour étudiants et personnes âgées. » Burie compte 45 salariés dont huit à son bureau d’études Optilia créé en 2006. Celui-ci réalise 500 K¤ de CA, pour 4,7 M¤ chez Burie. « Nous sommes structurés pour atteindre 7 M¤ en 2011 », note le P-dg prêt à commercialiser cette année 100 à 200 chambres écoconçues. Ce qui n’était qu’un exercice devient un business. G.B. BURIE (Pérenchies) 03 20 00 19 19