62_A_63 Tumeurs appareil génital chat

Transcription

62_A_63 Tumeurs appareil génital chat
spécificités
des tumeurs de l’appareil génital
de la chatte
Samuel Buff
Centre d’Étude et de Recherche
en Reproduction et Élevage
des Carnivores
E.N.V.L.
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy l’Étoile
Chez la chatte,
comme chez la chienne,
les pertes vulvaires peuvent être
le signe d’une atteinte tumorale
de l’appareil génital.
Il importe de connaître les tumeurs
rencontrées dans cette espèce
pour en assurer le diagnostic
et le traitement.
Objectif pédagogique
Savoir diagnostiquer
et traiter les tumeurs
de l’appareil génital
de la chatte.
NOTES
Cf. articles dans ce numéro :
* “Reconnaître et traiter
les tumeurs de l’appareil génital
de la chienne” du même auteur.
** “Comment diagnostiquer
et traiter le complexe pyomètrehyperplasie glandulokystique
chez la chienne”.
L
Essentiel
❚ Les tumeurs de la granulosa
sont le principal type de
tumeurs de l’ovaire observé
chez la chatte,
et sont souvent
décrites entre 3 et 16 ans.
❚ Les signes cliniques
associés à une tumeur
ovarienne sont une ascite
et une distension
de l’abdomen.
❚ Les signes cliniques
associés à une tumeur utérine
sont une ascite, une anorexie,
une perte de poids,
des pertes vulvaires
hémorragiques ou purulentes,
des vomissements,
une constipation
et une dysurie.
FÉLINE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE
canine, féline
318 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2006
es tumeurs de l’appareil génital chez la
chatte ont fait l’objet de peu de publications [9, 10, 11, 13]. Cet article propose une synthèse sur ce domaine encore peu
documenté de la reproduction animale afin
que le praticien puisse établir plus rapidement un diagnostic approprié.
● Comme chez la chienne, les signes cliniques sont souvent frustes et tardifs, voire
longtemps absents.
● Le pronostic n’en est pour autant pas
moins rapidement défavorable.
LES TUMEURS OVARIENNES
Parmi ces tumeurs ovariennes, les mieux
documentées sont les dysgerminomes, les
tératomes et les tumeurs de la granulosa.
Cependant, chez la chatte, les mêmes types
de tumeurs que chez la chienne ont été
décrits* [1, 3, 4, 7, 9, 13].
Données épidémiologiques
● Chez la chatte, l’incidence des tumeurs
ovariennes est extrêmement réduite (moins
de 0,4 p. cent des tumeurs), ce qui rend,
encore actuellement, toute étude analytique
sérieuse impossible [9, 13].
● Les tumeurs de la granulosa constituent le
principal type de tumeurs de l’ovaire
observé chez la chatte, et sont habituellement décrites entre 3 et 16 ans.
● Les dysgerminomes sont généralement
diagnostiqués après l’âge de 6 ans (12 mois
à 18 ans) tandis que, comme chez la chienne, les tératomes sont observés chez des
animaux un peu plus jeunes (2 à 6 ans) [9].
● Même chez la chatte, les dysgerminomes
peuvent atteindre la taille de 30 cm [6]. Les
tératomes mesurent généralement 1,5 cm
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de diamètre, même si des cas de grande
taille ont été décrits [2, 14]. Leur diamètre
peut atteindre 5 cm, et elles semblent
métastaser plus fréquemment que chez la
chienne (75 p. cent des cas rapportés, n = 8).
L’expression clinique
● Comme pour la chienne, les principaux
signes cliniques associés à une tumeur ovarienne sont une ascite et une distension de
l’abdomen.
● Dans certains cas, les tumeurs de la granulosa sont fonctionnelles et associées à un
tableau caractéristique d’une imprégnation
œstrogénique anormale (œstrus persistant,
écoulements vulvaires, décharges sérohémorragiques occasionnelles et pancytopénie éventuelle).
● Enfin, près de 50 p. cent des chattes présentant une tumeur de la granulosa développent une hyperplasie glandulokystique
de l’endomètre ou un pyomètre** [13].
LES TUMEURS UTÉRINES
Épidémiologie
● Chez la chatte, les tumeurs utérines représentent moins de 2 p. cent des tumeurs des
organes reproducteurs (appareil génital et
mamelles) [10, 12, 13]. Elles mesurent de 1 à
près de 10 cm.
● Les léïomyomes et les léïomyosarcomes
sont les plus fréquentes des tumeurs mésenchymateuses décrites, tandis que l’adénocarcinome est la tumeur épithéliale la
plus communément rapportée.
● Les tumeurs primaires apparaissent généralement entre 5 et 12 ans, et sont souvent
découvertes fortuitement au cours d’ovariohystérectomies.
Diagnostic clinique
et examens complémentaires
● L’expression clinique d’une tumeur utérine
dépend de sa nature, de sa taille et de son
extension [8, 13].
● Les principaux signes observés sont une
ascite, une anorexie, une perte de poids,
des pertes vulvaires hémorragiques ou
purulentes, des vomissements, une constipation, une dysurie, éventuellement, une
masse palpable dans l’abdomen.