Š Remise de l`épée d`académicien de Jean
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Š Remise de l`épée d`académicien de Jean
Š Remise de l’épée d’académicien de Jean-Louis Curtis à la Médiathèque d’Orthez par Mme Radcliffe, nièce de l’écrivain, le samedi 20 mars 2010. Quelques notes sur la vie et l’œuvre de Jean-Louis Curtis par M René Descazeaux, Maire-adjoint chargé de la culture Jean-Louis Curtis est né à Orthez, au quartier Départ, le 22 mai 1917. Jean-Louis Curtis est un pseudonyme. Le vrai nom de Curtis est Louis Laffitte. Prédispositions et rêves prémonitoires : Agé de 8 ou 9 ans, Curtis, chaque semaine, court vers le centre ville pour acheter « Pierrot » ou « L’Intrépide » dont la lecture avive son imagination. Il se lance même dans de curieux exercices de style, la rédaction de courts romans hindous, une sorte de littérature héroïque d’évasion ! Dans son travail, « Questions à la Littérature », il rapporte avoir été le « griot », le conteur arabe de son quartier et il affirme que « si on est écrivain, on l’est très tôt. On l’est virtuellement à 5 ans, avant de savoir écrire ». Le travail d’artisan ébéniste du père va marquer secrètement le futur « artisan du langage » que deviendra Curtis. Dans « L’horizon dévoilé » il ne peut s’empêcher de laisser percer cette filiation du cœur et du geste : « Sculpteur et sondeur des âmes, l’écrivain taille, décape, affine, joue sur plusieurs registres à la fois ». Des études secondaires à Moncade : Durant son adolescence studieuse à Moncade, affamé de lecture, Curtis dévore des multitudes d’auteurs. Mais Pierre Benoît, François Mauriac, Maurice Barrès et Henry de Montherlant, exercent sur lui un attrait particulier. Etudes universitaires à la Faculté de Lettres de Bordeaux. Admis à la Sorbonne. Les débuts de la vraie vie : Séjourne en Angleterre de septembre 1937 à juillet 1939. Mobilisé en août 1939 au 14° RI, opte pour l’armée de l’air qui demande des volontaires en janvier 1940. Elève-pilote après les tests d’aptitude, il entame son apprentissage à Versailles, puis Nanterre et est transféré au Maroc, début de mai 1940. Son apprentissage se poursuit à Meknès et KasbahTadla. Démobilisé fin septembre 1940, il rentre en France et enseigne au Lycée de Bayonne. Reçu à l’agrégation d’anglais en 1943. Professeur au Lycée de Laon. En août 1944, il s’engage dans le Corps Franc Pommiès pour participer aux campagnes des Vosges, d’Alsace et du Rhin. Il séjourne à Stuttgart et dans le Palatinat avec les troupes françaises d’occupation. Découverte de l’Espagne et de l’Italie. Intérêt pour les Etats-Unis où il donnera des cours de littérature dans une Université (il fera choisir comme sujet de mémoire, le poète orthézien Francis Jammes à un jeune étudiant qui se dira bouleversé par cette découverte poétique). En 1955, il se met en congé de l’enseignement pour se consacrer à son travail d’écrivain et collabore à des journaux et revues (Figaro, Nouvel Observateur, Express où il tient une rubrique régulière de 1983 à 1985. Un écrivain aux talents multiples : Curtis publia une quarantaine d’ouvrages. Il a abordé avec succès à peu près tous les genres littéraires : - le roman - le récit - la nouvelle la critique (notamment cinématographique avec des articles sur Hitchcock, Bergman, Antonioni ou Visconti) - l’essai - la satire - le pastiche (notamment de Chateaubriand, de Saint-Simon, de Proust, de Balzac) - le portrait Il adaptera au théâtre avec bonheur, Montherlant, Mauriac, Osborne ou Toynbee et Henry James ou Gobineau pour la télévision. Féru de culture anglo-saxonne, il fut considéré comme le meilleur spécialiste français de Shakespeare dont il assura la traduction pour la Comédie Française et la BBC. Attiré également par l’œuvre prophétique d’Aldous Huxley. Un des traits qui caractérisent Curtis, c’est son exigence en matière de qualité de l’écrit. Cette phrase de son œuvre définit parfaitement cette exigence qu’il manifeste : « Il y a ceux pour qui la littérature ne s’accomplit qu’en se reniant. Il y a ceux pour qui la littérature ne s’accomplit que dans une sorte de quintessence, à peine communicable d’elle-même ». La vraie vie d’un écrivain, écrira-t-il, « c’est le combat avec l’ange dans la solitude ». Ennemi des modes, Curtis note dans un article, en 1969, avec ironie, que le snobisme s’est démocratisé. Il ne cachera jamais que ce qu’il déteste le plus c’est l’intolérance et que sa vertu préférée sera toujours la générosité. - Œuvres principales : - Siegfried (1946) - Les Jeunes Hommes (1946) - Les forêts de la nuit (1947) - Les Justes Causes (1954) - L’Echelle de soie (1956) - La Quarantaine (1966) - Un jeune couple (1967) - Le thé sous les cyprès (1969) - La Chine m’inquiète (1972) - La France m’épuise (1982) - Les mœurs des grands fauves (1987) - Le monde comme il va (1995) Récompenses honorifiques : Jean-Louis Curtis obtint successivement pour son œuvre : - le prix Cazes en 1946 - le prix Goncourt en 1947 pour « Les Forêts de la nuit » - le grand prix de littérature de l’Académie Française en 1972 pour « Le roseau pensant » - le prix de la critique de la Société des gens de lettres pour « Questions à la littérature » - le prix Balzac en 1974 - le grand prix de littérature du Prince Pierre de Monaco (1981) pour l’ensemble de son oeuvre Il a été élu à l’Académie Française le 4 décembre 1986 au fauteuil 38 du critique Jean-Jacques Gautier. Curtis et le Béarn : Curtis n’oubliera jamais le Béarn de sa jeunesse. « Des vallonnements très doux, de toutes les nuances du vert s’étageant jusqu’à l’horizon immense qui, d’est en ouest, dessine la ligne bleutée, à peine vaporeuse, des Pyrénées » Il est accueilli au sein de l’Académie de Béarn le 28 octobre 1988. Très exceptionnellement, la séance d’intronisation se déroule à Orthez, salle Francis Planté, sous la présidence active de Pierre Tucoo-Chala et la présidence d’honneur du maire d’Orthez de l’époque, Jacques Destandau. Il fut rappelé à cette occasion par Pierre Bourgeade, qui prononça le discours de présentation de Jean-Louis Curtis, que le premier président de l’Académie de Béarn fut l’orthézien Pierre Lasserre, en 1924. Il est décédé le 11 novembre 1995 à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Enterré à Orthez.