Le Monde.fr : Le cancer de la dérision

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Mardi 06 juin 2006
Le cancer de la dérision
Article paru dans l'édition du 29.06.02
ans le nouveau paysage d'après séismes, les champions de l'Insolence tentent de maintenir haut le drapeau. Soirée ordinaire chez
Ardisson. L'Insolent du service public reçoit Laurent Ruquier (animateur d'une émission produite par Ardisson sur la même chaîne), qui
vient de publier le recueil de ses chroniques quotidiennes (sur une radio privée). Attention nouveauté : cette année Ruquier publie ses chroniques
entières, et non plus seulement des morceaux choisis. Ardisson : " Vous ne vous êtes pas emmerdé à sortir les extraits " (rires). Il reçoit aussi
Frédéric Beigbeder (ancien chroniqueur d'une émission présentée par Ardisson sur une chaîne privée), qui vient, lui, de publier une " compil ", si
l'on comprend bien, des musiques qui ont marqué sa jeunesse. Le fond musical de l'émission est choisi par Béatrice Ardisson. Tiens, aucune
trace dans l'émission des productions des enfants Ardisson. Pourquoi ? Ils ont démérité, les enfants Ardisson ? On ne pourrait pas leur faire
produire quelque chose, une compil de chansons enfantines, par exemple ?
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Dans le rôle de la bouffée d'air extérieur, voici Paul-Loup Sulitzer, mesdames, messieurs. Applaudissements. L'auteur à succès vient-il de publier
un livre ? Une compil de ses précédents livres ? Non. Il est enlisé dans une procédure de divorce. Sa future ex-femme a beaucoup " balancé " dans
la presse. Il paraîtrait d'après elle - on retient son souffle - que Sulitzer n'écrit pas ses livres lui-même. Il paraîtrait même qu'un " saucissonnage "
du couple à son domicile par des malfaiteurs, auquel les médias avaient naguère accordé un certain écho, était en fait bidon. Ruquier, préposé aux
gags-minute : " En fait ils aimaient ça, tous les deux " (être ligotés). Rires. Seul Sulitzer n'a pas trop envie de rire. Mais peu importe à Sulitzer
qu'on rie de lui : il écrit un livre sur son divorce, à l'usage de ses enfants, plus tard. Ardisson, perfide : " C'est vous qui l'écrivez ? - Oui. "
L'animateur n'insiste pas. Et voilà : on est là, passé minuit, à regarder ce " people " essoufflé, engourdi par les médicaments, raconter son
mariage, ses beaux-parents, son divorce, et d'obscures histoires de fonds exportés au Canada. On n'en a strictement rien à faire. Mais on
continue de regarder.
Après les malheurs conjugaux de Sulitzer, les déboires politiques de Robert Hue. Ce n'est pas Robert Hue qui est invité (tiens, pas d'homme
politique ce soir, d'ailleurs. Se feraient-ils rares ?) c'est Frédéric Beigbeder, par ailleurs publicitaire auréolé de sa glorieuse campagne en faveur de
l'ex-candidat communiste. Et Ardisson de rappeler le mot historique de Beigbeder, le premier jour : " Je fais la campagne de Robert Hue, parce que
j'aime bien les causes perdues. " Beigbeder fait repentance. Il se retire de la vie politique, comme Jospin. Est-ce sa faute, s'il a volé au secours
d'un homme qui voulait prendre aux riches pour donner aux pauvres ? Ardisson, goguenard : " Vous pourriez, là, maintenant, pousser un grand cri
de révolte ? " Beigbeder, s'exécutant : " A bas l'UMP. " Et posant la question essentielle : " Pourquoi, dès qu'on dit qu'on veut changer le monde, on
est ridicule ? " Ardisson : " Mais non, pas du tout " (rires). Pour comprendre la maladie mentale qui a atteint le PC, il faut regarder Beigbeder chez
Ardisson. Robert Hue était allé chercher Beigbeder ! Robert Hue (cela paraît si loin aujourd'hui) avait convoqué les caméras pour le filmer au côté
de Beigbeder. Sans doute pensaient-ils que la France regorgeait de millions d'admirateurs de Beigbeder, qui allaient voter communiste. Les
smicards, les chômeurs, les précaires, les laissés-pour-compte des 35 heures, les délocalisés, les vendus avec les meubles : tous seraient sans
aucun doute pliés de rire par Beigbeder.
Sulitzer souffre sans souffrir, Beigbeder a fait la campagne communiste sans y croire, Ardisson torche la promo de Ruquier en le dégommant :
l'émission reste la même qu'avant Meyssan, qu'avant Le Pen au second tour. On l'a aimée, cette émission. Elle était audacieuse, créative,
légère. Mais depuis Meyssan, depuis Le Pen, on cherche désespérément l'issue dans ce labyrinthe de spectacles dont on ne sait s'il faut rire ou
pleurer, de machines à désamorcer colères et enthousiasmes. Cette confusion générale, cette dérision à perte de vue, apparaissent comme un
cancer généralisé.
PAR DANIEL SCHNEIDERMANN
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