Rapport Expression italien

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Rapport Expression italien
ITALIEN - Deuxième langue - Expression écrite (sous-épreuve n°2)
Le texte présenté cette année est un article tiré de la Repubblica, rédigé par Renzo Piano,
architecte italien mondialement connu, intitulé « E ricordate che noi italiani portiamo
bellezza ». Les candidats doivent répondre à deux questions en 200 mots environ pour
chacune d'elle. La première question invite à reprendre les éléments du texte pour
expliciter la pensée de l'auteur. Pour répondre à la deuxième question, il est demandé au
candidat d'exprimer son opinion personnelle en argumentant et en s'appuyant sur sa
culture de l'Italie. La première, comme la deuxième réponse doivent permettre d'évaluer
les compétences linguistiques du candidat.
La moyenne de cette épreuve a été cette année de 11,58 (11,13 en 2014).
Pour la réponse à la première question, il s'agit d'évaluer la bonne compréhension d'un
texte.
Le candidat doit expliciter la pensée de l'auteur pour montrer qu'il l'a comprise mais ne doit
pas ajouter d'éléments extérieurs au texte : il doit réserver cela à la deuxième question.
Cette première partie doit ensuite pouvoir servir de point de départ pour rédiger la
deuxième partie, et aider les candidats à ne pas partir dans la mauvaise direction.
Renzo Piano s'appuie sur l'architecture pour montrer à quel point les italiens sont
imprégnés par la beauté qui les entoure. Il montre que la beauté a accompagné tous les
progrès des époques passées, en particulier ceux réalisés durant l'humanisme. La beauté
est, pour lui, collective, tant dans son élaboration que dans sa destination. C'est ce qui fait
que, selon l'architecte italien, la beauté est intimement liée à l'idée de progrès social, idée
concrétisée par sa volonté de réhabiliter (« raccommoder ») les banlieues.
Une bonne analyse du texte pour répondre à cette première question devait permettre
d'éviter tout contre-sens pour traiter la deuxième partie.
Rappelons que, dans leur réponse à la deuxième question, les candidats ne sont pas
évalués sur leurs opinions, mais bien sur la façon dont ils les organisent et les illustrent, en
lien avec le sujet proposé.
L'idée de Renzo Piano pouvait être contestée, mais à condition de ne pas partir sur un
contre-sens, comme celui consistant à opposer « progrès » et « passé », ou encore
« progrès » et « tradition » ou « progrès » et « culture ».
L'analyse du texte, effectuée pour la première partie, permettait de comprendre que l'art
quel qu'il soit (pictural, architectural...), dans le monde et en Italie en particulier, témoigne
encore aujourd'hui des progrès des civilisations passées. L'exemple de l'humanisme,
période de progrès s'il en est, montre bien que ce dernier est fondamentalement lié à la
beauté. Renzo Piano insiste sur le fait que cette beauté a comme finalité de se répercuter
sur le « collectif » et a donc une fonction sociale.
Partir du postulat (qui ne va pas de soi) que l'art est beau, et opposer art « traditionnel » et
art contemporain n'était pas le sujet. Il ne s'agissait pas non plus de discuter de la validité
des goûts d'une époque (Verdi vs Fabbri Fibra).
Il n'y a pas, en effet, d'un côté la beauté d'un « art historique » fait de monuments, qui
s'opposerait à la beauté du progrès, incarné par le design ! Les monuments évoqués, dont
l'une des fonctions était d'être beaux, selon les critères de l'époque, incarnent les progrès
réalisés à un moment historique donné.
On pouvait en revanche ne pas être d'accord avec Renzo Piano sur la nécessité du beau
pour accéder au progrès, qu'il soit technique ou social (rappelons que le progrès n'est pas
qu'économique, et que l'architecte italien, nommé sénateur à vie reverse son indemnité de
sénateur à de jeunes architectes qui travaillent à la réhabilitation des banlieues en
établissant un lien fort entre bien-être et beauté) ; mais il était important d'argumenter et
d'illustrer ses propos avec des exemples liés à l'Italie.
Les copies des candidats qui l'ont fait ont été valorisées.
Pouvaient être évoqués (la liste n'est bien entendu pas exhaustive), pour traiter cette
deuxième question :
–
le texte de Renzo Piano en préliminaire, en étayant ses idées par des exemples (la
beauté qui incarne un rapport au passé positif et une identité collective forte ; l'harmonie
des villes italiennes élaborées selon des principes « idéaux » durant la Renaissance l'incarnation pourrait en être la ville de Pienza en Toscane- ; l'exemple de Léonard de Vinci,
génie dans tous les domaines peut illustrer les interactions entre progrès techniques et
artistiques, etc)
–
Claudio Abbado, directeur de La Scala, qui souhaitait ouvrir les orchestres aux
banlieues ; la possibilité de progrès social grâce à la beauté de la musique.
–
L'harmonie recherchée même dans les sciences : la recherche du nombre d'or, ou
encore Fibbonaci et ses recherches de suites harmonieuses.
–
les choix économiques opérés par les différents gouvernements qui ont délaissé la
culture par manque de moyens (« Con la cultura, non si mangia » de l'ex ministre
Tremonti). La priorité doit-elle être donnée à la lutte contre le chômage (par exemple) ou à
la sauvegarde du patrimoine artistique ? Est-ce contradictoire ?
–
Roberto Saviano incitant le Sud à « reprendre en main son territoire », avec ses
richesses et sa beauté, afin de « repartir ». Ouvertures de Musées dans le sud,
notamment Les Offices qui investissent des villas confisquées aux mafieux.
–
La réalisation du nouveau musée archéologique à Herculanum, réalisé par Renzo
Piano, en association avec Hewlett-Packard, l'implication des entreprises privées dans la
sauvegarde du patrimoine italien (Tod's pour le Colisée, Fendi pour la Fontana di Trevi, etc)
contribuant à une image positive des marques.
–
La beauté parfois liée à une certaine décadence (de nombreux candidats ont évoqué
le film « La grande bellezza » de Sorrentino).
–
D'Annunzio, « bisogna fare della propria vita come si fa un'opera d'arte », Dante
« Fatti non foste a viver come bruti ma per seguir virtute e conoscenza » Canto XXVI della
Divina Commedia. Ces citations tirées d'un corpus italien étaient préférables à d'autres,
sans nier leur utilité (Dostoïevski, Tocqueville...)
–
La protection de la beauté de certains monuments pouvant parfois entrer en conflit
avec la réalisation de certains progrès pour les populations (impossibilité de construire un
véritable réseau de métro à Rome par exemple).
–
Les Expositions Universelles, comme celle de Milan en 1906 consacrée aux
nouveaux moyens de transport, celle de Turin en 1961, liée au « miracolo italiano », ou,
encore d'actualité au moment de l'épreuve, l'Expo 2015.
–
Le mouvement futuriste qui exaltait la beauté des progrès techniques du début du
XXème siècle,
–
La candidature de Matera comme capitale de la culture 2019.
–
La recherche de la beauté dans tous les arts entraînant des progrès techniques
(invention de nouveaux matériaux, résolutions de problèmes techniques etc.), l'exemple
de Kartell, au XXème siècle et de la découverte de nouvelles façons d'utiliser le plastique
pour améliorer le design des objets du quotidien.
–
Les nombreux exemples qu'offrent le design italien (la Valentina de Olivetti, la Vespa,
la Fiat 500 ou encore le slogan de Alessi, « il bello in casa »...) étaient de bien loin
préférables aux multiples évocations des derniers i-phones ou des ordinateurs Mac !
–
De la même façon, lorsque l'on parle de l'Italie, est-il besoin de recourir à Van Gogh
pour évoquer la peinture ?
–
La beauté comme vitrine pour symboliser l'efficacité économique d'un lieu : la tour
« Shard » de Renzo Piano à la City de Londres en est un exemple, ou encore les deux
tours de Stefano Boeri, « il bosco verticale » (qui a remporté en 2014 le « International
Highrise Award », le prix du gratte-ciel le plus innovateur). Soulignons que ces exemples
étaient plus pertinents, dans un devoir traitant de la « bellezza » italienne, que les trop
nombreuses évocations de la tour Burj Khalifa de Dubai...
Nous invitons les candidats à choisir des noms de monuments ou de faire des références
qu'ils peuvent citer correctement : le Colisée se dit « Colosseo » en italien, « La dolce
vita » n'est pas un film de … Mastroianni, la Joconde se dit « Gioconda » en italien, son
auteur est Leonardo DA Vinci, et Michelangelo n'est pas « Michael Angelo »... Il est enfin
recommandé d'éviter les approximations : « la bellezza salverà il mondo , titolo di un'opera
famosa » (?)...
Concernant la langue, nous nous étonnons encore une fois de constater des fautes sur le
nom de l'auteur de l'article, qui devient « Piani » ou « Renzi Piano » (et rappelons que cet
auteur n'est pas « il giornalista »!), ainsi que sur des mots pourtant présents dans
l'énoncé, ou dans le texte, qu'il suffit de recopier , à défaut de les connaître : « affirma »
au lieu de « afferma », « suggere » au lieu de « suggerisce » (les deux verbes conjugués
sont présents dans l'énoncé que le candidat a sous les yeux), « la mare » au lieu de « il
mare », « belezza » ou « belleza » au lieu de « bellezza », « tolerenza » au lieu de
« tolleranza »! Cette liste n'est malheureusement pas exhaustive.
Dans le texte également, figuraient : « architettura », « architetto », « stili architettonici »,
« umanesimo »... Les fautes concernant ces mots sont d'autant plus impardonnables.
Une fois encore, nous demandons aux candidats de se relire avec plus d'attention, et de
mieux s'appuyer sur le texte à leur disposition.
Comme lors du dernier rapport, nous relevons encore de trop nombreuses fautes d'articles
(notamment devant le « s impur », ou devant les mots masculins pluriels commençant par
une voyelle) ainsi que dans la formation du pluriel (notamment le pluriel des mots féminins
en « e »).
Nous remarquons trop d'erreurs dans l'utilisation de « bisogna », du comparatif ainsi que
dans la conjugaison de certains verbes, y-compris au présent (les verbes sur le modèle de
« capire » notamment).
Les mêmes fautes se reproduisant d'une année sur l'autre, nous renvoyons les candidats
aux rapports précédents.
Enfin, nous demandons aux candidats de ne pas négliger la présentation calligraphique
des copies.
Comme chaque année, nous tenons à souligner que certains devoirs étaient excellents et
qu'ils ont permis à leurs auteurs d'obtenir la note maximale. Une fois encore, la richesse
des exemples utilisés montre que les candidats sont très bien préparés par leurs
professeurs, que nous remercions.