Thaïlande : des mobilisations de rue aux coalitions des
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Thaïlande : des mobilisations de rue aux coalitions des
alternatives sud, vol. 19-2012 / 97 Thaïlande : des mobilisations de rue aux coalitions des « chemises rouges » Pavin Chachavalpongpun1 La lutte qui oppose les « chemises rouges » aux « chemises jaunes » dépasse le cadre d’un conflit entre élites. Plus qu’un mouvement d’appui à l’ancien Premier ministre Thaksin – destitué en 2006 par un coup d’État militaire –, les coalitions des chemises rouges sont l’expression de revendications légitimes et démocratiques portées par des secteurs sociaux en lutte contre un système élitaire, excluant et hermétique à toute concurrence politique. La crise politique qui a éclaté en 2006, après le renversement du gouvernement de Thaksin Shinawatra par un coup d’État militaire, se caractérise essentiellement par un conflit opposant les deux principales factions de la société politique thaïlandaise : les « chemises jaunes », loyales à l’élite traditionnelle, et les « chemises rouges », lesquelles représentent un large spectre social, allant des classes inférieures aux classes moyennes, issues tout aussi bien des régions rurales que des régions urbaines. L’objectif des chemises jaunes est sans ambiguïté. Il s’agit de maintenir le statu quo qui permet à l’élite (le Palais, les militaires, les hauts fonctionnaires, les dirigeants d’entreprises, etc.) de conserver la haute main sur le pouvoir politique (Ferrara, 2011). Les chemises jaunes justifient principalement leur action par la nécessité de pro1. Politologue thaïlandais, chercheur et professeur associé au Centre d’études de l’Asie du Sud-Est, Université de Kyoto. 98 / asie : état des résistances dans le sud téger la monarchie, icône inviolable de l’État thaïlandais (Nelson, 2007, Rappa, 2008). Les chemises rouges en revanche entendent briser ce consensus politique obsolète qui leur a été jusqu’ici si peu profitable. En misant sur l’espoir que le vote soit un outil assez efficace pour remettre en question la domination de l’élite, elles ont placé le renforcement démocratique au cœur de leur agenda. Selon elles, seule la consolidation du processus électoral permettra un partage plus équitable du pouvoir politique, de la richesse et du bien-être. Le présent article se penchera principalement sur l’émergence des chemises rouges dans l’arène politique thaïlandaise. Ces coalitions issues de la société civile, connues désormais sous l’appellation de « chemises rouges », renvoient à un type particulier de mouvement social de base, articulant alliances et organisations disparates dans la poursuite d’un objectif commun. Elles sont apparues dans le contexte de la destitution illégale et illégitime par l’élite d’un gouvernement populaire élu. Rassemblant essentiellement des acteurs non gouvernementaux, elles réclament une transformation radicale de la structure politique traditionnelle thaïlandaise, aujourd’hui aux mains de l’élite, désignée collectivement par le terme thaï amartaya, pour la mettre au service de la classe défavorisée, la phrai. Une telle mission s’est révélée ardue. D’une part, parce que la vieille élite, qui a systématiquement dépeint les chemises rouges comme une menace pour ses intérêts et son pouvoir, est passée à l’offensive. Pour les éradiquer, elle n’hésite plus à faire usage de la force. D’autre part, parce que le mouvement lui-même peine à se structurer. En dépit de la relative clarté de leurs objectifs et de l’image qu’elles donnent d’un mouvement relativement bien organisé, les coalitions de chemises rouges apparaissent plutôt comme un curieux mélange de forces politiques, amalgamant partisans de Thaksin, courants pro-démocrates et secteurs en lutte contre l’amartaya et la monarchie. Qui plus est, ces différents groupes ont tendance à suivre des stratégies propres, les uns ayant recours à des mobilisations pacifiques, les autres à des actions violentes. Ces diverses conceptions de la lutte n’ont jusqu’à présent pas permis à l’ensemble des composantes du mouvement de s’accorder sur une position commune, ce qui les rend d’autant plus vulnérables. Reste que les coalitions des chemises rouges constituent indéniablement le premier mouvement en Thaïlande à revendiquer un thaïlande : des mobilisations aux coalitions des « chemises rouges » / 99 élargissement de l’espace politique national pour les masses et à recevoir l’appui de divers secteurs de la société. Nous estimons en effet que les coalitions des chemises rouges peuvent être considérées comme le premier mouvement de masse à voir le jour en Thaïlande, ses partisans étant issus de couches sociales très diverses. Leurs actions de protestation se sont prolongées au-delà de toute attente et elles ont défié toutes les expressions de mépris manifestées à leur égard par l’élite urbaine thaïlandaise. Expression concrète de la domination exercée par l’élite, le système politique thaïlandais moderne n’avait jusqu’à présent jamais été menacé par la base (Phongpaichit, Backer, 2010). Or, le mouvement des chemises rouges constitue justement une telle menace, un défi lancé en quelque sorte par le phrai à l’amartaya, l’incarnation d’une guerre des classes rhétorique dans un pays profondément divisé. La Thaïlande a été longtemps gouvernée « par le haut », mais ce système politique tend à se fissurer sous la pression de la base. Un processus dans lequel les coalitions des chemises rouges jouent actuellement un rôle des plus actifs. Émergence et montée en puissance des chemises rouges Comment les coalitions des chemises rouges ont-elles fait leur entrée sur la scène politique ? Comme nous l’indiquions ci-dessus, l’élite thaïlandaise a toujours cherché à préserver le statu quo ; de là, son intérêt pour le pouvoir politique. Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que les détenteurs de ce pouvoir se soient sentis directement menacés, lorsque Thaksin a entrepris de faire évoluer l’ancien paysage politique. Thaksin a voulu mettre au pas certaines institutions clés, comme l’armée, et réorganiser complètement l’administration, en tentant notamment d’insuffler dans le vieux système bureaucratique un nouvel esprit d’entreprise. Mais il a su aussi habilement jouer de son image de leader tirant directement sa légitimité du vote populaire, en manifestant son souci d’œuvrer pour le peuple et sa volonté d’apporter une réponse aux demandes de la base. A contrario, il s’est montré ouvertement dédaigneux vis-à-vis des vieilles gardes : hauts fonctionnaires, banquiers, professeurs d’université, éditeurs de journaux et juges (Ibid.). Aussi, les attaques contre Thaksin et sa politique populiste ontelles très vite été assimilées à une offensive contre la démocratie électorale et, tout particulièrement, contre les électeurs en droit de voter, des régions éloignées du nord et du nord-est, bastions du 100 / asie : état des résistances dans le sud Premier ministre déchu. En le destituant par un coup d’État, les adversaires de Thaksin ont déchaîné la colère des chemises rouges. L’élite, qui s’était montrée incapable jusque-là de tenir compte de leurs doléances et de leurs difficultés, leur enlevait désormais leur « homme providentiel », celui qui se montrait attentif à leur détresse et entendait leur apporter une vie meilleure. C’est contre ce retour en arrière et contre ce qu’ils considéraient comme une injustice politique flagrante que les partisans de Thaksin ont cherché à mobiliser la base, en tissant des alliances de circonstance. Initialement destinées à s’opposer au coup d’État, ces alliances allaient plus tard être connues sous le nom de « coalitions de la société civile des chemises rouges ». Sua Daeng est le mot thaï qui désigne les chemises rouges. Ce mouvement social s’appelait d’abord l’Alliance démocratique contre la dictature (ADCD) pour bien marquer son identité de mouvement d’opposition au coup d’État. Créé dans sa foulée à la fin de l’année 2006, l’ADCD arborait, dans un premier temps, la couleur jaune, avant d’adopter le rouge en 2007, et même un nouveau nom en 2009 : le Front uni pour la démocratie contre la dictature (FUDD). Ces changements ont illustré l’évolution du mouvement des chemises rouges vers une force sociale mieux structurée. La couleur rouge a été choisie comme le symbole du groupe, mais aussi pour marquer sa différence face au mouvement rival des chemises jaunes2. Le rouge devait également symboliser l’attitude de rébellion à l’égard de l’ancien establishment. L’ADCD avait à l’origine un triple objectif : faire campagne contre le coup d’État de 2006, soutenir Thaksin et rejeter la désignation du général Surayud Chulanond, royaliste convaincu et ancien chef militaire, comme Premier ministre du gouvernement militaire issu du coup d’État. L’ampleur prise ensuite par le mouvement a clairement indiqué que le conflit dépassait de loin les limites d’un simple conflit entre élites. 2. Selon Nick Nostitz, ce fut à l’occasion du premier rassemblement de masse au stade Thunderdome, dans le quartier de Muang Thong Thani, le 11 octobre 2008 que le « rouge » s’imposa pour la première fois comme couleur dominante. Au départ, les médias qualifièrent le mouvement de « chemises rouges » par opposition aux « chemises jaunes du PAD », mais cette dénomination allait rapidement être reprise par les manifestants du FUDD, car elle se référait à un réseau plus large que le FUDD, qui partageait des objectifs similaires (Nostitz, 2011; Askew, 2010). thaïlande : des mobilisations aux coalitions des « chemises rouges » / 101 Composition du mouvement D’après l’universitaire thaïlandais Viengrat Netipo, les coalitions de chemises rouges forment un attelage composite de groupes et de citoyens. Ceux qui s’identifient au mouvement ne font pas uniquement partie des classes inférieures ou pauvres, mais proviennent aussi de la classe moyenne. Viengrat va plus loin dans son analyse en démontrant que, même si la plupart des membres sont issus de la classe moyenne inférieure, les chemises rouges comptent aussi dans leurs rangs des représentants de la classe moyenne supérieure, qui adhèrent aux objectifs du mouvement (2011). Bref, les coalitions forment un échantillon très diversifié de la société thaïlandaise. Dans le discours, les rouges se présentent toutefois comme les parents pauvres de la société, en raison de leur statut politique et économique. L’opposition phrai – amartaya est largement utilisée pour légitimer leur lutte pour l’égalité des droits et, plus important encore, pour revendiquer la suppression de la politique du « deux poids, deux mesures ». Cette dichotomie renvoie au profond ressentiment à l’encontre des inégalités de richesses, de pouvoir et d’opportunité. Pour les chemises rouges, l’instauration d’une plus grande égalité passe ainsi par le retrait de l’ancien consensus qui a placé les intérêts de l’amartaya au cœur de la structure politique thaïlandaise. Objectifs multiples Les coalitions de chemises rouges entendent surtout contester les rapports de forces politiques en vigueur. Tel n’est pourtant pas l’unique objectif. Le mouvement vise en fait autant d’objectifs qu’il y a de nuances de « rouge » en son sein. Dans son processus de structuration, le FUDD en est venu à se fixer six grands objectifs : assurer la démocratie et la souveraineté du peuple, unir tout le peuple pour combattre les réseaux d’élite et de l’aristocratie, pratiquer la non-violence, résoudre les problèmes économiques de la population, établir un « véritable État de droit », éliminer la politique des « deux poids, deux mesures », abolir la constitution de 2007 et réintroduire la constitution populaire de 19973. 3. Cf. Immediate Policies of United Front for Democracy against Dictatorship : Red in the Land, document bilingue non publié, émis par le FUDD. 102 / asie : état des résistances dans le sud Au-delà des diverses nuances de rouge, certains groupes poursuivent également des objectifs qui leur sont propres. Le Daeng Siam en appelle par exemple à une « révolution démocratique et pacifique ». Or, ce terme de « révolution » n’a jamais clairement été défini. Pour justifier la répression brutale des chemises rouges en avril et mai 2010, le gouvernement Abhisit Vejjajiva, favorable à l’élite, a accusé certaines chemises rouges de terrorisme ou de n’être que des « hommes en noir », cherchant à allumer les feux d’une guerre civile. De fait, la poursuite d’objectifs différents affaiblit le mouvement et est à l’origine de fragmentations internes. L’absence d’une vision articulée et unifiée a ainsi permis à leurs adversaires de taxer alternativement ces coalitions d’antimonarchistes, d’anti-élites, d’antiroyalistes, d’anti-jaunes, de pro-Thaksins, de pro-républicains, de pro-Peua Thai ou encore de pro-Cambodgiens, pour délégitimer leurs actions4. Idéologies distinctes, mais socle commun Même s’ils poursuivent des objectifs communs, les différents groupes au sein des coalitions des chemises rouges se réclament explicitement d’idéologies distinctes. Ces différences n’ont toutefois pas empêché la plupart des groupes de la coalition de s’accorder sur au moins deux principes idéologiques communs, à savoir, la suppression du régime du « deux poids, deux mesures » en vigueur et la promotion de l’égalité. Le régime de « deux poids, deux mesures » est non seulement générateur d’inégalités, mais également responsable d’une fracture qui va en s’élargissant dans la société thaïlandaise, aux dépens des chemises rouges. En se considérant comme représentatif des laissez-pour-compte du système, le mouvement exprime dans une large mesure les revendications de la base. La recherche de l’égalité dans les domaines politique, économique et social a d’ailleurs amené certains membres du mouvement des chemises rouges à déclarer une « guerre des classes » contre l’amartaya. Reste que la tendance « pro-démocratique » occupe une place centrale dans l’idéologie des chemises rouges. Elle s’exprime 4. Accuser le mouvement des chemises rouges d’être pro-cambodgien constitue fondamentalement une attaque à la fois contre Thaksin, qui a forgé des liens étroits avec le Cambodge, et Hun Sen, le Premier ministre de ce dernier pays, considéré comme un ennemi de la Thaïlande. thaïlande : des mobilisations aux coalitions des « chemises rouges » / 103 par le soutien que les coalitions apportent au principe « un homme, une voix ». Sur base de ce principe, le réseau des chemises rouges exige que les résultats des élections soient respectés et non plus sabotés par l’élite de Bangkok. Des slogans tels que « défenseurs de la démocratie », « combat pour la démocratie » et même « mourir pour la démocratie » sont largement utilisés face aux ennemis de la démocratie associés à l’élite au pouvoir. Des manifestations de rue comme stratégie Les manifestations de rue ont été l’une des clés du succès des stratégies déployées par ces coalitions. En novembre 2008, le FUDD est parvenu à organiser au stade Rajamangala de Bangkok l’un de ses plus importants rassemblements, en soutien du gouvernement pro-Taksin de Somchai Wongsawat. Selon des estimations fiables, le nombre de protestataires en chemise rouge a dépassé les 70 000 (The Middle of March, 2010). Ce rassemblement a donné le coup d’envoi d’une série de nouvelles manifestations entre 2008 et 2010, durant l’administration de Abhisit Vejjajiva. Fréquemment, les chemises rouges investissaient le Sanam Luang et campaient aux abords du grand palais, non loin du siège du gouvernement. Les manifestations ont atteint leur point culminant le 11 avril 2009 quand des membres des chemises rouges, en route vers Pattaya, ont pris d’assaut le Royal Cliff Hotel et ont forcé l’annulation de la rencontre « Asean + 3 ». Lors du Nouvel an thaï, deux jours plus tard, les chemises rouges ont été à l’origine de violentes manifestations à Bangkok, mettant à sac des bureaux du gouvernement et incendiant des autobus. Des groupes ont même tenté de s’en prendre au Premier ministre Abhisit. En mars-mai 2011, ils ont à nouveau investi les rues de Bangkok, pour exiger la démission d’Abhisit et la dissolution du parlement, laquelle aurait directement conduit à de nouvelles élections. Cette action a tragiquement pris fin lorsque l’État a réprimé avec brutalité les chemises rouges. On a alors prétendu que le centre commercial Central World, non loin du lieu de leur rassemblement, au carrefour Rachaprasong, avait été incendié en guise de représailles, ce qui a justifié l’instauration de l’état d’urgence dans la capitale thaïlandaise. Faiblesses des coalitions Quelles sont les faiblesses de ces coalitions ? Tout d’abord, elles donnent souvent l’impression de ne se préoccuper que de pro- 104 / asie : état des résistances dans le sud blèmes à court terme, tels que les luttes internes en leur sein, au lieu de mettre au point une vision commune à long terme, plus à même d’atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés. Ces préoccupations ne leur ont pas permis jusqu’à présent d’élaborer une stratégie efficace pour répondre aux interrogations suivantes : quels objectifs les coalitions souhaitent-elles mettre en avant depuis l’arrivée au pouvoir du parti Puea Thaï ? Et quelle serait la meilleure manière d’appuyer la démocratie électorale et de la protéger contre une intervention de l’amartaya ? Il n’en demeure pas moins que l’une des tâches les plus difficiles à réaliser pour le mouvement est de réconcilier les différentes approches qui séparent les membres modérés des coalitions et les éléments radicaux. C’est que le radicalisme, défendu comme une idéologie et une approche privilégiée par certaines factions, a engendré une image négative des coalitions. Conclusion D’un côté, les mobilisations initiées à Bangkok en 2006 et qui se sont prolongées jusqu’à aujourd’hui ont été considérées comme spectaculaires et « hors du commun », au regard de ce que la Thaïlande a connu dans le passé. De l’autre, elles peuvent être considérées comme le dernier avatar d’une longue histoire de lutte pour la démocratie. Les coalitions des chemises rouges se sont en effet présentées comme les « garants de la démocratie ». Tout en réaffirmant le pouvoir des urnes, elles ont cherché à inverser un rapport de force jusqu’ici très favorable à l’élite. L’aggravation de la situation en Thaïlande, sinon la tournure violente et dangereuse prise par ces luttes, s’expliquent par le fait que la transition politique réclamée depuis longtemps se fait toujours attendre. Pendant des décennies, l’ancien establishment a accaparé le pouvoir politique, sans subir la moindre pression de la base. Il s’est habitué à l’absence d’un système de contre-pouvoirs. Jusquelà, le tabou de la désobéissance dans la société thaïlandaise avait dissuadé les organisations de la société civile de jouer activement leur rôle. Beaucoup considèrent aujourd’hui Thaksin comme un héros, parce qu’il a osé ouvrir une brèche dans un système hermétique à toute concurrence politique plus équitable, et ce, même si pour cela il lui a fallu remettre en question les privilèges des réseaux liés à la monarchie. Son populisme, en dépit de son caractère superficiel, a largement contribué à faire prendre conscience à la base thaïlande : des mobilisations aux coalitions des « chemises rouges » / 105 de tout le pouvoir qui pouvait résulter des urnes. La libéralisation politique, combinée à l’amélioration de l’économie, sous le régime de Thaksin, a eu pour effet d’inciter la classe défavorisée thaïe à se soulever contre le statu quo traditionnel. Dans ce contexte, de larges secteurs de la population ont soutenu les coalitions de chemises rouges, les considérant comme un authentique mouvement de base. Parce que la rupture du consensus politique obsolète qui domine en Thaïlande n’est pas une tâche aisée, la lutte contre l’amartaya ne pouvait être que brutale. En dépit des risques de fragmentation interne, le mouvement n’a toutefois cessé de se renforcer. Son agenda pro-démocratique est la clé de sa survie et, partant, de son succès. Au moment où la Thaïlande entre dans une période d’incertitude accrue, en raison de l’imminence de la transition royale et du renouvellement attendu des réseaux de la monarchie, les coalitions des chemises rouges – en tant que mouvement issu directement de la société civile – seront appelées à jouer un rôle déterminant pour défendre la démocratie dans le cadre de ce processus précaire. Traduction de l’anglais : Maurice Hérion Bibliographie Askew M. (2010), « Legitimacy Crisis in Thailand », King Prajadhipok’s Institute Yearbook, octobre. Ferrara F. (2011), Thailand Unhinged : The Death of Thai-Style Democracy, Singapore, Equinox Publishing. Nelson M. H. (2007), People’s Sector Politics’ [Kanmueang Phak Prachachon] in Thailand : Problems of Democracy in Ousting Prime Minister Thaksin Shinawatra, Southeast Asian Research Centre, City University of Hong Kong, Working Paper, n° 87, mai. Nostitz N. (2009), Red Vs Yellow : Thailand’s Crisis of Identity, Bangkok, White Lotus Press. 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