Abdelkrim – 34 ans - Maison de l`Emploi
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Abdelkrim – 34 ans - Maison de l`Emploi
Abdelkrim – 34 ans 1. Décrivez en quelques lignes les différentes étapes de votre parcours professionnel (par exemple, scolarité, formation, validation des acquis de l’expérience, création d’entreprise, métier de départ et métier actuel si évolution, etc). J’ai vécu à Alger pendant 31 ans, j’ai effectué mon cursus scolaire jusqu’en deuxième année du secondaire (équivalent lycée) dans la branche scientifique. Je me suis arrêté l’année précédant la spécialisation car je ne souhaitais pas redoubler. En 1994, je suis entré en formation électromécanique pour deux ans. Mais notre professeur a dû effectuer son service militaire, aussi il a été remplacé par un jeune enseignant que je jugeais incompétent ; ce dernier se contentait de traduire les termes sans les expliquer vraiment. Déçu du changement de qualité de la formation, je suis parti au bout de 18 mois. J’ai alors cherché une autre formation afin d’avoir un diplôme pouvant me servir par la suite. C’est ainsi que j’ai entrepris un CAP optique-lunetterie en 1996. Tout s’est bien passé ; j’alternais stage et formation, ce qui me plaisait beaucoup. J’ai eu mon diplôme en mai 1998. Puis j’ai enchaîné les petits métiers pendant un an pour avoir une rentabilité ; mise en rayon des articles pour une supérette, tri de vêtements dans une friperie, etc. En octobre 1999, j’ai été contacté par un membre de ma famille, directeur à la préfecture d’Alger. Il me proposait un poste d’agent administratif au sein du service d’action sociale et du recrutement à la Délégation de la Garde Communale de la Préfecture. J’ai accepté cet emploi par nécessité ; je l’ai apprécié avec le temps. Je travaillais dans un camp paramilitaire en tant qu’agent administratif (gestion du courrier : frais médicaux des assurés sociaux, accidents travail, maladies longue durée, rentes) et comme correspondant social (transmission des dossiers à la caisse d’assurance maladie). Je suis resté à ce poste jusque fin octobre 2008. Des permanences de nuit étaient liées à ce travail dans le cadre de la lutte antiterroriste. Elles duraient de 18h à 8h du matin, et s’enchaînaient après la journée de travail –ce qui était très fatigant. Il s’agissait de télésurveillance des casernes. En parallèle, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’effectuer des remplacements en interne (congé, arrêt maladie) en archivage et partenariat. Grâce à mon expérience au sein de la Préfecture, j’ai également pu assurer l’intérim du chef de service pendant 6 mois ; la passation des consignes s’était déroulée sur deux semaines, puis j’ai géré 3500 personnes, réparties dans le département d’Alger sur 75 casernes militaires. A la fin de l’année 2003, j’ai suivi une formation générale au consulat de France (Alger), financée par le Ministère des Affaires Étrangères de Nantes. Cela a été possible car j’étais immatriculé au consulat. Là, j’ai eu tout d’abord des cours de remise à niveau dans les matières principales, puis j’ai suivit une formation informatique, bureautique et maintenance au lycée international A. Dumas (Alger). A la fin de ces six mois de formation, j’ai obtenu une attestation équivalant au BEP bureautique et maintenance. Attiré par l’informatique, j’avais déjà été à son contact en autodidacte dans les cybercafés. Mais c’était un plus pour moi d’avoir cette attestation, tant pour les connaissances techniques en informatique que pour les informations données sur le fonctionnement du consulat. Suite à cette formation, j’ai reçu une proposition de remplacement au consulat de France pour trois mois en contrat ouvert (renouvelable chaque année). J’ai eu peur de perdre les deux postes en même temps car je ne pouvais pas me mettre en disponibilité à la préfecture. Il me fallait choisir : démissionner de la préfecture pour cet emploi, ou conserver mon poste. J’ai choisi avec un petit pincement au cœur la deuxième option, afin d’assurer mes arrières. J’ai démissionné en 2008 ; mes parents, malades et seuls, avaient besoin de soutien. Je me suis sacrifié et je suis venu les rejoindre en 2009 à Voiron. J’avais eu l’occasion de découvrir la France étant jeune, lors de voyages à Paris et Perpignan. Mais je ne connaissais pas la région. Avant de venir, je m’étais donc préparé mentalement, tant sur les côtés positifs que négatifs de ce déménagement. Je me disais que ce ne serait pas facile, qu’il faudrait chercher n’importe quel emploi, faire des formations pour avoir des diplômes qui peuvent servir dans l’avenir, tout en essayant de rencontrer des gens et d’acquérir des expériences. J’ai finalement été soulagé psychologiquement d’arriver et de pouvoir me poser ; le contexte en Algérie était trop difficile à vivre, entre les inondations, les tremblements de terre, la corruption, etc. En arrivant, j’ai effectué les démarches administratives ; inscription à l’ANPE pour trouver un emploi, à la CPAM pour avoir la sécurité sociale, j’ai fait changer mon permis de conduire algérien pour un permis français, je me suis rendu au CCAS pour rencontrer une assistante sociale, j’ai fait une demande de RMI car je n’avais pas de ressources. Mes démarches ont été facilitées car j’avais la bi-nationalité franco-algérienne (arrière arrière-grand-père français). De juin à octobre 2009, j’ai effectué des petites missions pour l’association Adéquation. Il s’agissait pour moi d’un véritable challenge, je découvrais là des postes qui pouvait être plus difficiles physiquement par rapport à ce que j’avais vécu en Algérie ; Manutention et gestion des archives (CAPV), Manutention et déménagement scolaire (mairie de Voiron), Démontage et manutention (maire de Voiron), Agent de distribution de tracs (Gare SNCF de Voiron), etc. J’ai ensuite travaillé un mois et demi dans l’isolation : installation de panneaux solaires et du revêtement, isolation des canalisations. Cela s’est bien passé, malheureusement l’employeur n’avait pas la possibilité de renouveler le contrat une fois ce dernier arrivé à son terme. En 2009, alors que je venais régulièrement à la Maison de l’Emploi (MdE) pour accéder aux ordinateurs, j’ai eu connaissance du dispositif Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Après 9 ans d’expérience dans l’administration (Algérie), je voyais là l’opportunité d’une reconnaissance de mon travail. C’est pourquoi je me suis rendu à l’information collective, puis j’ai décidé de me lancer. Très motivé, j’ai remplit seul le livret 1, que j’ai directement envoyé au DAVA. En me délivrant la notification de recevabilité du premier livret, le DAVA me conseillait de contacter le Greta pour la suite de la démarche, ce que j’ai fait. Je me suis également rendu à une réunion Compétences-Clés (Greta) où j’ai rencontré Anne-Marie FISCHER, qui m’a bien aidé pour les demandes de financements pour l’accompagnement du livret 2, que j’ai réalisé avec Madame Bouix (Greta). Ce travail a été très long : n’ayant pas d’ordinateur, je préparais un brouillon manuscrit, puis je venais saisir mes notes sur ordinateur à la MDE. J’envoyais régulièrement mes écrits à ma conseillère qui vérifiait l’orthographe, la formulation des phrases, et la cohérence de mes écrits, et me répondait par e-mail, afin de gagner du temps sur les entretiens planifiés. La bonne connaissance de mon ancien métier m’a permis de toujours avancer dans cette aventure, une année durant. En septembre 2010, j’ai reçu la convocation pour l’entretien avec le jury au rectorat de Grenoble. J’ai défendu mon dossier le 1er décembre 2010, pendant 2h. Après m’être présenté, j’ai décrit brièvement les 5 activités que j’avais détaillées dans le livret 2. Je m’étais bien préparé, aussi je n’étais pas stressé. L’échange avec le jury a été positif, et j’ai reçu le procès verbal peu de temps après : Validation totale du BEP métiers des services administratifs (cf. pièce jointe). Le diplôme m’a été délivré en mars 2011. Je suis très content d’avoir validé mon expérience par un diplôme, qui plus est, mon premier diplôme obtenu en France ! J’espère que cela me permettra une certaine reconnaissance sociale et professionnelle. En parallèle de cette rédaction de livret pour la VAE, j’avais besoin de travailler, aussi j’effectuais deux autres activités ; un contrat déjà deux fois renouvelé avec l’association des Emplois Verts (février 2010 - août 2011), et deux CDD pour Adecco (hivers 2009-2010 et 2010-2011) en tant que manutention bagagiste à l’aéroport de Grenoble. En regardant les offres dans le domaine de l’administratif, je me suis rendu compte qu’il fallait pouvoir parler anglais. Pour que cela ne soit pas un frein à mes candidatures futures, j’ai effectué trois mois de remise à niveau en anglais dans le cadre de Compétences Clés (un jour par semaine). Aujourd’hui mon projet est de décrocher un poste dans la fonction publique. J’ai été reçu en entretien au consul d’Algérie (Grenoble), l’échange s’est bien passé mais il n’y a pas de poste budgétaire pour le moment. L’essentiel est de décrocher un poste correspondant à mes capacités, mes expériences, et mes diplômes, même si je pense appartenir à la catégorie C de la fonction publique, et que je sais qu’il n’y a pas beaucoup de postes dans cette catégorie. 2. Quels sont les éléments qui vous ont conduit à cette évolution ou ce changement ? Qui en est à l’origine ? Ma venue en France est due à un rapprochement familial, mais aussi par envie d’améliorer mon mode de vie et de travail au vu de ce qui se passait en Algérie à l’époque (corruption, pression, situation qui s’empirait et devenait peu à peu infernale, voire inhabitable). Le moteur de mon implication dans la démarche VAE, était double : pouvoir obtenir un diplôme pour faire reconnaître mon expérience professionnelle (Alger), ainsi que pour mettre en pratique mon diplôme d’informatique lors de la rédaction des livrets. 3. Avez-vous rencontré des obstacles ? Si oui, Lesquels ? Obstacles dans le monde du travail : pressions fortes, vécu de choses difficiles (évolution coupée à cause des pistons, corruption, et autres choses que je ne peux pas mentionner). 4. Avez-vous effectué des démarches pour obtenir une aide à la mise en œuvre de votre projet (conseils, financement…) ? Si oui, lesquels et en avez-vous bénéficié ? Financements : Conseil Régional pour l’accompagnement du 2ème livret (VAE), Conseil Général pour la formation en anglais (Compétences Clés). Accompagnement : Greta : Sophie BOUIX - conseillère et Elisabeth MANUNTA assistante VAE, la Maison de l’Emploi : Anne-Marie FISCHER pour les demandes de subventions, les Emplois Verts du Pays Voironnais : Laurent BRISSE - chargé d’insertion. 5. Estimez-vous être allé au bout de votre projet ? OUI Si oui, en êtes-vous satisfait ? Et pour quelles raisons ? Si non, pourquoi ? NON Oui, je suis satisfait par rapport à ce premier diplôme que j’ai eu en France. Non, je reste quelque peu insatisfait car je pense que je peux aller plus loin que le BEP, futur projet de présenter une nouvelle VAE pour un BAC professionnel. 6. Quel regard portez-vous sur cette expérience ? Quels conseils donneriezvous aux personnes qui envisagent d’évoluer/ de changer professionnellement ? Regard : s’il n’y avait pas eu la VAE, j’aurais été obligé de reprendre une formation au moins de deux ans, j’ai donc l’impression d’avoir « gagné » une année jusqu’au diplôme. C’est toute une expérience que de passer par la VAE, car j’ignorais ce que c’était. Je suis content d’avoir eu l’information et entrepris les démarches pour aller jusqu’au bout de ce projet. Conseils : pour entamer une démarche VAE, la première des choses est de prendre contact avec une conseillère, que ce soit au niveau de la MIFE, du Pôle Emploi, du CCAS, du Greta, voire de l’Escale pour avoir des informations. Ensuite il faut se lancer avec une bonne motivation, s’accrocher et aller jusqu’au bout. Le diplôme apporte la reconnaissance ! Si la validation est partielle ou nulle, il faut se dire que l’on a déjà acquis une expérience, c’est un échec mais la vie continue. De plus, il est possible de repasser des épreuves manquantes ou de faire une seconde session (nouvelle inscription sur un autre diplôme) : je conseille de suivre l’avis du jury et des conseillères. Etre positif dans la vie ! On peut réussir dans un domaine et pas dans l’autre… Donc si le diplôme n’est pas validé, c’est peut-être parce que l’on s’est trompé de voie et qu’il faut chercher ailleurs.