L`encadrement du camp : les Russes et les autres…
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L`encadrement du camp : les Russes et les autres…
L’encadrement du camp : les Russes et les autres… Le camp est administré par une « Kommandantur » qui comprend des officiers du NKVD sous l’autorité du chef de camp. Des gardes russes armés sont chargés de faire les appels quotidiens et d’empêcher les évasions. Les archives du camp évoquent plusieurs tentatives, même en plein hiver russe. Toute une hiérarchie a été mise en place parmi les détenus. Chaque nationalité a son responsable. Chaque baraque, chaque kommando a son chef ou stargi. La police intérieure du camp est assurée par des « gardiens auxiliaires », également nommés parmi les prisonniers. Pour les Alsaciens-Mosellans, l’autorité est exercée par un groupe appelé « Club des Français ». Ses membres ont été fréquemment critiqués après le retour en France par les survivants de Tambov pour les privilèges dont ils jouissaient et aussi pour des décisions arbitraires et des sanctions excessives. le 21.06.45 Monsieur le Cdt du Camp 188 Rapport Stargie du Commando Duhamo …bert Schmitt a l’honneur de signaler à Mons le Cdt que l’Instructeur sportif Hilianin a maltraité deux prisonniers par coups de pieds avec motif mauvais travail. D’après ma constatation le travail n’a pu être mieux exécuté faute d’outils (in)utilisables. Archives Tambov, document en français. Archives de Tambov, fonds P 4148/1/16. P 4148/1c/11 Très urgent. (en diagonal : illisible) Message téléphoné Camp №188. Au Chef de l’UNKVD1, le colonel de la Sûreté d’État, camarade Lechuk. A 14 heures le 30 décembre 1944, du camp №188 du NKVD2, du travail de transport du bois s’est évadé un prisonnier français, Richard Karl Antoine, né en 1921, habillé d’une capote de l’armée allemande, d’une « ouchanka »3, chaussé de bottes de feutre. Ne parle pas russe. J’ai pris des mesures pour la recherche. Chef du camp №188 du NKVD2 Youssitchev Transmis par Palatova ; Texte issu des archives de Tambov relatant l’évasion d’un Français, le 30 décembre 1944. Archives de Tambov, fonds P 3444/1/27, traduction Conseil général du Bas-Rhin. Reçue par A. Semenova 1. NdT : l’UNKVD - la Direction du Commissariat du peuple des Affaires Intérieures 2. NdT : le NKVD – le Commissariat du peuple des Affaires Intérieures 3. NdT : la « ouchanka » - une coiffure avec des oreillettes Extraits d’un texte daté du 10 juillet 1944, issu des archives de Tambov, sur l’organisation de la garde du camp et les effectifs d’encadrement. Archives de Tambov, fonds P 3444/1/27, traduction Conseil général du Bas-Rhin. P/3444/1/27 60 pages Cahier 1/1 [3314] SECRET DÉFENSE RAPPORT Sur l'état du service et du régime du camp n°188 du NKVD pour le second trimestre 1944 1. Le camp n°188 du NKVD de l'URSS pour les prisonniers hommes du rang se situe dans la forêt à 5 km au sud de la Station de Rada, ligne de chemin Moscou - Riazan, et à 15 km au sud-est de la ville de Tambov. L'adresse du camp est la suivante : ville de Tambov, boîte postale 188. Le schéma de la garde et de la défense du camp se trouve en pièce jointe. 2. La capacité effective du camp n°188 du NKVD est de 9000 prisonniers. 3. Du 25 mars 1944 au 8 mai 1944, la garde du camp n°188 du NKVD a été assurée par la 4ème compagnie du 229ème régiment de des troupes d'escorte du NKVD. Le commandant de la compagnie est le Lieutenant Yakoubtchik. La 4ème compagnie a bien effectué son service de surveillance du camp et d'escorte des prisonniers. Depuis le 8 mai 1944, la garde du camp est assurée par la 9ème compagnie du 252ème régiment de la 36ème division des troupes d'escorte du NKVD. Le commandant de la compagnie est le Lieutenant Dozorets. Le service de surveillance et d'escorte des prisonniers du camp n°188 du NKVD est organisé de manière non satisfaisante. Une série d'infractions graves au règlement d'escorte des prisonniers a eu lieu. Par exemple : Le 20.04.1944, le Caporal Vlasov, responsable du convoi, un soldat et le chef de travaux Eliseïev s'étaient assis sur le toit d'une cagna en construction, discutaient trivialement en laissant les prisonniers sans la surveillance exigée. Le 13 juin de l'année en cours, à 15h20 le Caporal Chvetskov, en charge de la surveillance du groupe de prisonniers travaillant dans les ateliers de mécanique dans la ville de Tambov, a été découvert endormi dans la voiture. Le fusil n°91161 reposait au bord du siège et Chvetskov n'a pas entendu l'officier de contrôle lui prendre son fusil. Le 15 juin 1944, les hommes de la 9ème compagnie Temtchenko et Goriankov, surveillant le groupe de 50 prisonniers affecté à la réparation de la route Tambov - Rada, ont envoyé le soir le groupe de prisonniers au camp sous la garde d'un seul soldat et eux-mêmes sont restés sur le bord de la route avec deux femmes inconnues. Lorsque les soldats Temtchenko et Goriankov ont été découverts, ils ont été rappelés et envoyés au camp. 4. La garde du camp n°188 du NKVD était assurée jusqu'au 26 juin de l'année en cours par 7 gardes de services pour 24 heures, 6 gardes en poste de nuit, 2 patrouilles de nuit et 3 postes de contrôle. Depuis le 26 juin 1944, selon l'ordre du représentant de l'état-major de la 36ème division le Commandant Matvievski, et avec mon accord, la garde du camp est organisée différemment : 4 gardes en service pour 24 heures et 10 gardes en poste de nuit, 2 patrouilles de nuit et 3 postes de contrôle. À la place des postes fixes de nuit sont mis en place des postes mobiles, c'est-à-dire que chaque garde de faction, ayant une zone d'observation déterminée, se trouve constamment en mouvement dans son secteur. Le nouveau système de garde est actuellement à l'étude. P/3444/1/27 60 pages Cahier 1/1 Poste n°6 Poste n°7 Poste n°8 Poste n°9 Poste n°10 Poste n°11 [3315] (pour 24 heures) -ʺ″-ʺ″-ʺ″-ʺ″-ʺ″- - cuve à carburant - fournil - portes de contrôle de la zone de l'état-major - prison pour les prisonniers - coupeuse à pain - puits Patrouille de nuit dans la zone du camp Les responsables dans le corps de garde À l'exploitation auxiliaire du camp pour la surveillance de 200 prisonniers - 2 gardes - 2 gardes - 11 gardes 5. L'enceinte en fils de fer barbelé qui entoure tout le camp, d'une longueur de 2400 mètres sur 2 rangées de poteaux, haute de 2,5 mètres et composée de 24 rangées de fils barbelés pour chaque rangée, été refaite en 1943. Régularité des fils de fer : le premier fil est tendu au sol, les 6 fils suivants sont espacés de 8 cm l'un de l'autre, puis il y a d'autres fils, espacés de 10 cm, 12 cm, 13 cm et 15 cm pour ceux placés le plus haut. 2,5 mètres séparent deux poteaux. La zone interdite fait 15 mètres, le bâtiment du poste de commandement est neuf. La zone du camp compte 3 postes de garde : près du portail, près de la prison et près de la coupeuse à pain. Les 8 autres postes sont près des entrepôts, dans la zone de travail et près du poste de l'équipe des gardes, en dehors du camp. Le camp est entouré de 6 miradors et 7 abris. Au mois de mai, de part et d'autre de la clôture ont été construites des clôtures préventives, sur une rangée de poteaux équipée de 7 fils de fer barbelé. Sur la ligne principale de la rangée intérieure de l'enceinte sont installés des abris, reliés entre eux par une clôture de 4 rangs de fils de fer barbelé. Des avertissements interdisant de s'approcher de la zone ont été accrochés le long de la clôture préventive interne. La zone interdite est toujours maintenue en bon état : ameublie, labourée et recouverte de sable blanc. Les postes armés ne sont pas reliés au corps de garde, du fait de l'absence d'appareil. Chaque poste est relié par un rail placé en hauteur. Pendant la nuit, toutes les 10 minutes, les gardes en faction se renvoient entre eux un signal de 2 coups brefs sur le rail dans chaque poste. 6. Le Département du régime manque de gardes et d'employés. Il faut remplacer 5 gardes qui ont une mauvaise vue, une mauvaise vision et des rhumatismes. Le remplacement sera effectué dès que possible. Nous avons suffisamment d'armes. Il y a 30 fusils en trop. Postes de garde: Poste n°1 Poste n°2 Poste n°3 Poste n°4 Poste n°5 (pour 24 heures) -ʺ″-ʺ″-ʺ″-ʺ″- - portes de contrôle - entrepôt pour la nourriture - entrepôt pour le poisson - entrepôts de vêtements n°2, 3, 4 - entrepôt de vêtements n°5 et prison pour le personnel 7. Il n'y a pas eu d'évasions de prisonniers pendant le trimestre concerné. Jusqu'à 50 prisonniers travaillent dans le stade Dynamo de la ville de Tambov. La garde des prisonniers est assurée par les gardes de la Direction du NKVD, des policiers et des soldats pompiers. Le chef de la garde est le chef du service spécial, le camarade Kouzine. Le 20 juin 1944, vers 04 heures du matin, les prisonniers de l'armée allemande, Fulgrats Bado Karl, né en 1923, et Ventsmirovski Bruno Victor, né en 1915, se sont évadés du secteur de construction du stade Dynamo dans la ville de Tambov. Ils ont été arrêtés le 20 juin 1944 à 23 heures à 25 km du lieu d'évasion par un homme de la brigade d'action, le garde forestier du cordon de Tchernoretchenski, D.M.Mamontovi.