Société Francaise d`arthroscopie actualité - LYON-ORTHO
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Société Francaise d`arthroscopie actualité - LYON-ORTHO
D.R. formation continue Radio luxation fracture d’épaule. Congrès annuel de la Société française d’arthroscopie Les 6, 7 et 8 décembre derniers se tenait, à Lyon, le congrès annuel de la Société française d’arthroscopie (SFA). L’occasion de faire le point sur les études et pratiques actuelles, dont voici un éclairage. par Julie Devillers Premier épisode de luxation de l’épaule Conférence présentée par G. Daubinet, P. Landreau (Paris) CHIFFRE CLÉ La luxation d’épaule représente 11 % des traumatismes de l’épaule Loin d’être anodin, le premier épisode de luxation représente, selon les spécialistes, un accident sérieux. En sortant de son logement, la tête humérale repousse les ligaments, déchire l’enveloppe capsulaire et peut entraîner des lésions osseuses, neurologiques, tendineuses -rupture de la coiffe dans 23 % des cas, incarcération du biceps- ou encore vasculaires. Sont à craindre des récidives directement liées à l’âge (inver- 18 / Kiné actualité / n° 1097 / jeudi 7 février 2008 sement proportionnel), à l’importance du traumatisme, au type de sport pratiqué et à une éventuelle laxité congénitale. L’étude Hovélius, menée en 1996 auprès de 247 patients de 12 à 40 ans sur 15 ans, révèle des résultats étonnants : 48 % des sujets récidivent, 23 % ont recours à une chirurgie et 20 % présentent des signes d’arthrose au bout de 10 ans. Arthroscopie de première intention Ces luxations fréquentes s’expliquent par une anatomie particulière. L’épaule dispose d’une grande mobilité du fait d’un complexe articulaire composé de cinq articulations. Par contre, l’incongruence articulaire entre une tête humérale volumineuse et une petite surface glénoïdale génère, de son côté, une faible stabilité. La luxation antérieure, la plus fréquente, est favorisée par un mouvement d’abduction-rotation externe. Lors de l’accident, la réduction est à envisager au plus tôt et il semble, selon les études publiées, que l’immobilisation n’influerait pas sur les risques de récidives. Par ailleurs, la rééducation qui s’emploie à remuscler le complexe articulaire de l’épaule présente une limite anatomique : en abduction-rotation externe, aucun muscle n’empêche la translation antérieure de la tête humérale. Pour toutes ces raisons, des chirurgiens conseillent aujourd’hui une arthroscopie dès le premier épisode de luxation. Cette dernière est proposée, dans les quinze jours, à des sujets jeunes et sportifs. Les différentes études montrent, dans ce cas, un taux de récidive de 4 à 27 % selon les séries. Un résultat loin d’être parfait, mais toutefois meilleur qu’un traitement conservateur qui, lui, compte entre 40 et 60 % de récidives. D.R. Ka Rééducation du LCP opéré Conférence présentée par F. Dubrana (Brest), D. Middelton (Capbreton) Souvent confondu avec une rupture du ligament croisé antérieur (LCA), le traumatisme du ligament croisé postérieur (LCP) s’effectue souvent au sport ou lors d’un accident de la route. Long de 38 mm et épais de 18 mm, ce dernier se compose de deux principaux faisceaux. En effet, lors de la flexion du genou, les fibres antérolatérales se tendent, tandis que les postéro-médiales se détendent. Le phénomène inverse s’opère pendant l’extension. En flexion, le genou présente un avalement de la tubérosité tibiale antérieure, un tiroir postérieur à 70° et un test de Lachman-Trillat positif. En présence de complications, l’opération s’envisage en urgence. Sinon, les orientations thérapeutiques sont en faveur d’un traitement conservateur pour une laxité inférieure à 6 mm ou d’un traitement chirurgical différé pour une laxité supérieure à 10 mm. Conduite de la rééducation En phase postopératoire, le patient est immobilisé 90 jours, en extension d’abord, puis dans une attelle articulée spécifique. Parallèlement, il suit une rééducation classique de gestion de la douleur, lutte contre les troubles trophiques, prévention des maladies thrombo- emboliques. À l'aide d’un contre-appui postérieur, le kinésithérapeute contrôle le tiroir postérieur (coussin, main du praticien sous la partie postéro-supérieure du tibia). Le gain articulaire est progressif. Le réveil du quadriceps s’effectue par des techniques d’écrasecoussin, d’électrostimulation, non pas par l’élévation jambe tendue qui solliciterait trop fortement l’appareil extenseur. Engagé au plus tôt, le travail du triceps vise à renforcer les coques condyliennes. Enfin, la marche avec ou sans appui, selon les consignes, se réalise en extension de genou. La seconde phase de rééducation commence, quant à elle, avec une articulation peu douloureuse, peu trophique et présentant un réveil musculaire satisfaisant. Celle-ci suit toutefois une progression lente avec des temps doublés par rapport à ceux d’une ligamentoplastie du LCA : reprise du sport à 9 mois, objectif de flexion du genou de 90° à 45 jours, de 125° à 90 jours. À noter que le quadriceps, élément protecteur du LCP en chaîne ouverte, est fortement sollicité. À l'inverse, le travail des ischio-jambiers en chaîne ouverte n’est pas recherché. Le travail proprioceptif débute à partir du 5e mois sur un genou indolore, sec et bien mobile. Principes de réparation méniscale Conférence présentée par P. Beaufils (Versailles), S. Plaweski (Grenoble) Stabilisateur, amortisseur, protecteur du genou, l’existence des ménisques ne relève pas de la simple anecdote. En cas de lésions, la tendance chirurgicale s’oriente donc, aujourd’hui, vers une conservation ou une réparation méniscale. Cette réparation ne peut s’envisager que dans les zones vascularisées du ménisque, jeudi 7 février 2008 / n° 1097 / Kiné actualité / 19 D.R. formation continue c'est-à-dire dans sa périphérie. Elle tend à restaurer la biomécanique et obtenir la cicatrisation de la zone lésée. En 2003, une étude SFA montre que 84 % des lésions de moins de trois mois cicatrisent spontanément. Les résultats cliniques d’une réparation méniscale sont, quant à eux, identiques des deux côtés, avec toutefois un taux de cicatrisation supérieur pour le ménisque latéral. Dans un contexte de laxité du genou, la réparation méniscale ne se justifie qu’en association avec la reconstruction du ligament, ceci sans modification du protocole de rééducation. Sur un genou stable, l’orientation thérapeutique est en faveur d’une conservation du ménisque pour un sujet jeune, une lésion vascularisée de préférence verticale, ou encore un tissu méniscal sain. La récupération se déroule dans la prudence. Le patient, immobilisé le premier mois, évite les sports de pivot au moins 6 mois. L’immobilisation du genou vise à protéger la suture, puisqu’au cours d’une flexion le ménisque médial avance de 7 mm et le ménisque latéral de 14 mm. Le taux de réussite global d’une réparation méniscale est de 77 %. Un patient sur cinq garde toutefois des douleurs résiduelles au niveau de l’interligne articulaire. Globalement, c’est aujourd’hui le principe de préservation méniscale qui détermine la stratégie thérapeutique. Endoscopie extra-articulaire Conférence présentée par P. Desmoineaux, C. Dumontier (Paris) Certaines opérations du canal carpien nécessitent une rééducation, d’autres pas. La raison d’un tel choix s’explique par un mode opératoire différent. Dans une tendance chirurgicale de moins en moins invasive, l’endoscopie extra-articulaire a le vent en poupe. Cette technique propose d’introduire dans le corps un endoscope, ou fibre optique, par une courte incision afin de visualiser l’acte chirurgical. Aujourd’hui, une opération du canal carpien sur deux s’effectue par ce biais. Mais loin de se limiter à ce cas, le procédé s’étend à de multiples pathologies. Ainsi, l’endoscopie extra-articulaire est un recours à la libération du nerf ulnaire, supra-scapulaire ou encore sural. Elle prend aussi en charge le traitement des kystes synoviaux, rupture ou synovite du biceps, syndrome de loge chronique de l’avant-bras, etc. Elle dispose aujourd’hui d’un recul suffisant pour prouver son efficacité. En effet, l’endoscopie de la bourse sous-acromiale, par exemple, est pratiquée depuis 25 ans. Cette technique offre des suites opératoires plus confortables pour le patient. Elle réduit les cicatrices inesthétiques, atteintes musculaires, complications et récidives. Bien souvent, points de sutures et immobilisation sont pas ou peu nécessaires. Quant à la rééducation, loin d’être systématique, elle n’est prescrite qu’en cas de raideur avérée. L’endoscopie extra-articulaire a néanmoins ses limites, comme l’impossibilité de créer un espace de travail ou la difficulté d’opérer des pathologies juxtaarticulaire. Gros plan sur la ligamentoplastie du LCA Conférence menée par D. Dejour (Lyon) et J-F. Potel (Toulouse) Toutes les lésions du ligament croisé antérieur (LCA) ne nécessitent pas une reconstruction chirurgicale. Voilà en substance la synthèse de la conférence tenue vendredi 7 décembre sous le thème de “Quelle plastie, pour quelle laxité, pour quel patient ?” La décision d’une telle opération doit toujours être confrontée à l’âge, au niveau et type de sport, aux impératifs socioprofes- 20 / Kiné actualité / n° 1097 / jeudi 7 février 2008 sionnels, à l’importance de la laxité et aux lésions associées du sujet. Parmi les études présentées, certains constats surprennent. Plus d’un patient sur quatre présentent, après chirurgie, des douleurs antérieures du genou. Leurs origines sont diverses : tendineuses, osseuses, neurogènes, syndrome fémoro-patellaire, douleurs des tunnels, Ka syndrome du cyclope ou de Hoffa. La moitié des patients présentent des troubles sensitifs. Une réalité qui remet en cause les voies d’abord chirurgicales, causes probables de lésions neuropathiques. Enfin, des travaux mettent en évidence une relation étroite entre le degré de gêne résiduelle et le déficit musculaire. Les techniques de prélèvement du tendon rotulien (Kenneth Jones, dit KJ) ou des ischio-jambiers (DIDT) sont aussi comparées. Il en résulte un net déficit des ischio-jambiers dans le second cas (cf. interview) et une orientation chirurgicale dépendante du sport pratiqué. Ainsi un sport à prédominance de rotation interne (attaquant de football) sera plutôt une indication de KJ. Basket, volley, où prédominent l’extension, LIGAMENTOPLASTIE DU LCA EN CHIFFRES 2/3 des patients reprennent le sport dans un délai de 3 ans à leur niveau initial 28 % présentent des douleurs antérieures globales après ligamentoplastie 33 % dans le cas des KJ (EVA 2,3/10) 25 % dans le cas des DIDT (EVA 3,2/10) 51 % présentent une hypoesthésie 68 % pour les KJ 32 % pour les DIDT 2/3 associent douleurs et hypoesthésie 16 % de déficit des ischio-jambiers après DIDT (recul de 2 ans) seront plus tournés vers le DIDT. Enfin un sport de haute énergie (rugby) s’accompagnera souvent de plasties intra ou extra articulaire. Un véritable menu à la carte, selon les termes du docteur Dejour. ALEXANDRE GERMAIN* “Le prélèvement des ischio-jambiers doit être considéré comme une véritable lésion musculaire” Quelles en sont les conclusions ? La reconstruction ligamentaire par KJ montre une meilleure récupération des ischio-jambiers que le DIDT. Il n’y a pas d’incidence sur la récupération du quadriceps et des rotateurs.Ainsi, le DIDT fragilise les ischio-jambiers au même titre qu’une lésion musculaire. Or, ces muscles ont un rôle actif de protection du greffon en empêchant, par leur contraction, la translation antérieure du tibia. Quel en est le retentissement sur la rééducation ? La plastie par DIDT doit être considérée comme une lésion musculaire sérieuse. En plus d’un suivi classique, la rééducation s’axe sur la cicatrisation des ischiojambiers par un travail musculaire excentrique, à fort pouvoir cicatrisant. Il faut le commencer au plus tôt (dès J10) et de façon progressive, d’une course interne vers une course externe.Au-delà de 3 mois, la rééducation ne doit pas occulter le travail des rotations, déterminant pour la reprise d’appui. En fin de prise en charge, l’équilibre entre muscles sains et lésés doit être rétabli. Pourquoi la prise en charge des ischio-jambiers est-elle fondamentale ? Leur mauvaise rééducation peut entraîner une fibrose de la zone de prise de greffe, ce qui équivaut à une lésion musculaire mal soignée. Le travail fonctionnel de ces muscles et leur contraction peuvent en être altérés.Ainsi, des patients présentent, à moyen et long terme, des compensations, fatigue, récidives de contracture musculaire, crampes à des intensités d’effort faibles, déchirures, douleurs antérieures du genou. Il convient, dans ce cas, de casser la fibrose par des techniques d’ondes de choc, étirements, travail excentrique ou tissulaire. Ensuite, le kinésithérapeute travaillera sur cette lésion “fraîche”. Une récupération est encore possible, mais elle prendra du temps. D.R. Comment avez-vous participé aux études menées par la Société française d’arthroscopie ? J’ai travaillé, avec mes collègues, sur le versant musculaire de cette étude. Nous avons reçu, entre avril et août 2007, des patients opérés pour un test isocinétique à 3 mois, qui conditionne la reprise de la course. À ce stade, les ischio-jambiers sont les seuls muscles testés. Puis, nous avons revu ces mêmes personnes à 6 mois pour un second test, cette fois des ischiojambiers et du quadriceps, qui conditionne la reprise progressive de l’activité sportive. Une conclusion ? Quelle que soit la plastie, il ne faut pas laisser partir un patient tant que sa récupération musculaire n’est pas totalement satisfaisante. Masseur-kinésithérapeute au Centre sportif de Gerland (Lyon) * jeudi 7 février 2008 / n° 1097 / Kiné actualité / 21