ou comment des « personnages » en quête d`auteurs ont pu
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ou comment des « personnages » en quête d`auteurs ont pu
n Création littéraire Histoire de création(s) Ou comment des “personnages” en quête d’auteurs ont pu rencontrer des auteurs en quête de personnages cohérent. Au tout début des années 2000, ses critères et ses conditions d’exercice sont formalisés dans les termes fondamentaux que nous lui connaissons aujourd’hui, inspirés pour partie de ceux institués au Centre national du Livre. Dédicace de Yannick Robert pour le CRL de son ouvrage Je suis ton père ! (éd. Vraoum, 2011) Lorsque, il y a plus de vingt ans, décision fut prise par ses premiers fondateurs que le CRL dispenserait des bourses d’écriture, ils ont en quelque sorte ouvert un pari. Non seulement parce qu’ils revendiquaient ainsi l’existence d’une littérature régionale qui ne serait pas strictement régionaliste, mais surtout parce que, de fait, ils s’inscrivaient à contrecourant d’une réputation : “Midi-Pyrénées n’est pas une terre d’écrivains”. Sans revenir sur la problématique de l’écriture et de son territoire, (sachant que son ancrage peut n’être qu’opportunité de naissance sans donner lieu à reconnaissance, et qu’être d’ici n’interdit pas de parler d’ailleurs), il semble nécessaire en revanche de s’interroger sur cette fausse impression de stérilité. Car Midi-Pyrénées a bel et bien une riche histoire littéraire, histoire qui ne s’arrête pas avec le fait majeur de la disparition des troubadours, histoire faite de failles et de contrastes qui ressemble à ses paysages. Lieu privilégié de traversées, sinon de séjours, elle n’a cessé d’offrir au fil des siècles contexte et prétexte d’écrire aux plus grands, comme pouvaient les y inciter le plissement de ses chemins et de ses rivières, le jaillissement des cascades et des roches, le déchirement des gorges et des éboulis… Prenant en compte ce patrimoine, on conviendra dès lors que poser le principe d’un dispositif d’aide pour les écrivains ne s’assimilait pas avec la simple culture de bourses-à-pasteur (vous savez, ces petites plantes au fruit en forme de cœur qui ne poussent que dans les terrains vagues ou déshérités). Cependant, l’écriture étant un éther volatil et les écrivains de la race des oiseaux migrateurs – quand ils n’appartiennent pas à celle des animaux hypogés – il fallut préciser le dispositif pour le rendre plus lisible et plus Pour autant peut-on parler de spécificités midi-pyrénéennes ? Quelques orientations fondatrices ont sûrement été déterminantes, comme par exemple l’idée qu’il n’existe pas de rôles secondaires dans le travail d’écriture. Si ce présupposé a surtout bénéficié les premières années aux illustrateurs, il a par la suite permis de mieux prendre en compte les projets de scénaristes et de traducteurs. Par ailleurs, la diversification grandissante admise des genres et des catégories littéraires (incluant désormais le livre numérique) apparaît aujourd’hui comme un élément de réussite dans la finalisation de choix pertinents. En effet, si apparaissent systématiquement trois domaines dans les projets d’écriture sélectionnés (le roman, la littérature pour la jeunesse, la bande dessinée), une heureuse complémentarité s’est établie au fil des ans permettant aux essais et aux documentaires de trouver leur juste place, et à la poésie d’assurer toujours une belle présence. Le théâtre reste une rareté. Au total, plus de soixante-dix auteurs auront bénéficié d’une aide en région. (Mais fait regrettable, aucun d’expression occitane. Je tiens à préciser qu’aucun projet n’a jamais été soumis). Ce chiffre mérite d’être commenté. Il ne serait pas celui-là si plusieurs aménagements n’étaient intervenus, d’abord en 2003 par abondement de l’enveloppe, ensuite en 2009, lorsqu’il a été décidé de moduler le montant des bourses attribuées tenant compte de la situation des candidats et de l’ampleur de leurs projets. Novembre 2013 6 Peut-on conclure en forme de boutade que les “personnages en quête d’auteurs” ont fini par rencontrer les auteurs en quête de personnages ? La réussite et la vitalité de ces rencontres peuvent se mesurer à l’aune de la qualité des projets examinés, souvent exigeants et empreints d’un professionnalisme accentué par rapport aux débuts du dispositif. Elles doivent aussi l’être à la lumière d’une publication des projets, ce que l’enquête menée par le CRL a démontré. Mais le monde éditorial a-t-il toujours la même audace que les écrivains ? Caroline Durand Conseillère Livre et Lecture, DRAC Midi-Pyrénées Lauréats 2013 43 auteurs ont déposé un dossier de candidature, 33 demandes ont été instruites, 18 ont été retenues pour une audition des candidats. Le Comité Conseil du Livre du 18 mars 2013 a sélectionné 9 lauréats : • Magali Bardos (littérature jeunesse), • Ronald Curchod (livre d’illustrations), • Isabelle Desesquelles (roman), • Didier Goupil (roman), • Sophie Lamoureux (récit historique), • Halim Mahmoudi (BD), • Dominique Nédellec (traduction), • Nicolas Rouillé (roman) • Céline Wagner (BD). © DR Le centième anniversaire de la naissance d’Albert Camus offre à Confluences, association organisatrice de ce festival littéraire depuis 23 ans maintenant, l’opportunité de débattre, d’approfondir, de donner à voir et à entendre une œuvre à laquelle l’équipe de Lettres d’Automne a déjà eu l’occasion de montrer son attachement. © François Serveau © DR © DR © X. de Fenoyl / DDM Nicolas Rouillé Céline Wagner Ronald Curchod Magali Bardos Comment l’œuvre de Camus est-elle aujourd’hui reçue en France comme à l’étranger ? Quelles empreintes et impressions en conservent certains écrivains ? Autant de questions abordées lors de nombreuses rencontres auxquelles participeront plusieurs auteurs issus de divers horizons. Dominique Nédellec © DR © Brian Graham Isabelle Desesquelles © DR Autoportrait de Halim Mahmoudi © DR Didier Goupil Sophie Lamoureux La parole est aux auteurs Quel rapport entre le port d’Odessa et celui de Veulettes en Normandie ? Entre les clapotis de la Mer Noire et ceux de la Manche ? Cela faisait presque quinze ans que je ne publiais plus quand le besoin d’écrire est soudain revenu, impérieux. Le ciel y est différent, le sable n’est pas tâché par le même goudron, les mouettes ne rigolent pas des mêmes blagues. Je dois cependant à l’un et à l’autre mon seul livre, sans image. Un “vrai” livre quoi. Avec des mots et aucun gribouillage. Bogopol, édité en 2005 par les éditions du Panama. Il est difficile de se concentrer sur l’écriture quand il faut par ailleurs se soucier de gagner sa vie. Difficile aussi de croire en soi quand les gens autour semblent avoir oublié qu’un jour on a été écrivain… La bourse du CRL que j’avais reçue pour ce projet m’avais permis d’aller en Ukraine sur les “pas” d’un fantôme puis de louer une villa normande invraisemblable avec vue sur la mer où, pendant quelques mois, j’avais pu réaliser ce qui m’avait toujours semblé hors de portée, un livre sans illustration. Pour me remettre sérieusement à écrire, il me fallait du temps et de la reconnaissance. Pour ces deux raisons, j’ai choisi de postuler à une bourse d’écriture. Le Centre Régional des Lettres MidiPyrénées a fait le pari de croire en moi. Grâce à son soutien j’ai pu, six mois durant, me consacrer exclusivement à l’écriture. Des idées d'histoires, ça se bouscule. Tous les jours une graine éclot ; une ébauche de récit, juste pour rigoler, se souvenir, s'émouvoir, réfléchir à soi et aux autres. Ce temps mis à ma disponibilité m'a permis de donner un sens à ce que je faisais. Et lorsque l'album est sorti, je l'ai pris dans ma main et lui ai chuchoté ces mots : "Je suis ton père !" Albert Lemant Violaine Bérot Yannick Robert Cette première mini-enquête sur les auteurs ayant bénéficié d’une aide publique dans notre région (projets individuels d’écriture en littérature, sciences humaines et sociales, ou encore dans les domaines de la traduction ou de l’illustration) concrétise une volonté du Centre Régional des Lettres Midi-Pyrénées de mieux évaluer le degré de satisfaction des lauréats, de suivre leurs publications et de bien identifier leurs besoins afin de faire évoluer au mieux un tel dispositif. naire a été envoyé aux 71 auteurs boursiers de la période 2002-2012. Il a été conçu volontairement assez simple afin d’obtenir un taux de réponse optimal. L’objectif a été atteint puisque sur 71 boursiers, seuls 3 auteurs n’ont pas pu être contactés et 60 auteurs sur les 68 contactés ont rempli le questionnaire. Le taux de réponse s’est donc élevé à 88 %. Pour faire le point sur les onze dernières années de ce dispositif d’aide régionale à la création, un question- www.confluences.org C'est pourquoi lorsque le CRL a accepté de m'offrir quelques mois de sérénité pour plonger dans la création de ma bande dessinée, j'ai eu l'impression d'avoir reçu un cadeau d'une valeur inestimable. Suis-je reconnaissant pour ce “coup de pouce” inespéré ? C’est peu de le dire… Alors je l’écris. Le soutien à la création littéraire est une des missions du Centre Régional des Lettres et c’est dans ce cadre qu’il attribue chaque année des bourses d’écriture à des auteurs et des illustrateurs résidant en Midi-Pyrénées. Cette action affichée depuis plus de 20 ans vise un double objectif : permettre aux lauréats de dégager du temps pour écrire mais aussi contribuer à l’essor et à la reconnaissance de la création littéraire en région. Rencontres, spectacles, lectures, concerts, expositions, cinéma, programmation pour le jeune public mais aussi animations autour du livre et en librairies, ponctueront le programme de cette édition en divers lieux de la ville de Montauban et du département. Mais hélas la graine grandit difficilement, stoppée dans sa croissance par des préoccupations matérielles et des commandes d'illustrations bien qu'intéressantes pour la plupart s'avèrent simplement nécessaires pour payer les factures. Un an après l’obtention de la bourse, mon roman Pas moins que lui était publié chez un petit éditeur exigeant, les Éditions Lunatique. Enquête sur les auteurs boursiers en Midi-Pyrénées 2002 – 2012 Lettres d’automne celèbre Albert Camus du 18 novembre au 1er décembre 2013 Cette enquête a été finalisée cet été. Vous pourrez la consulter dans son intégralité sur le site du CRL en décembre 2013. Novembre 2013 7 Reconnaissance et récompenses - Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier s’est vu décerner le Prix littéraire des lycéens et apprentis de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (catégorie roman, 1000 lecteurs) - Isabelle Desesquelles a reçu le Prix Murat pour son roman Un homme perdu (Naïve, 2012) ; organisé tous les deux ans par le Groupe de recherche sur l’extrême contemporain de l’Université de Bari (Italie), ce prix vise à valoriser la prose française et à la confronter à la prose italienne. - Hervé Jubert a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire 2013, à Saint-Malo dans la catégorie Jeunesse Francophone pour Magies secrètes (Le Pré aux clercs). - L’association Graphites a reçu lors de la 11ème remise des Trophées de la Mêlée numérique, le prix "Territoire et citoyenneté" pour son action Écrire l'Europe.