Les entreprises se mettent à l`ère du digital

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Les entreprises se mettent à l`ère du digital
BUSINESS MAGAZINE
Les entreprises se mettent à l’ère du digital
Business Magazine No. - 1237 - du mercredi 1 juin 2016 au mardi 7 juin 2016
Maurice bascule graduellement dans l’ère du numérique. Internet et les applications
mobiles sont aujourd’hui des outils qui participent à l’efficience des entreprises.
L'informatique est devenue un outil incontournable dans le quotidien des entreprises
mauriciennes. Entre 2012 et 2015, le nombre d’entreprises évoluant dans le secteur des
technologies de l’information et de la communication (Tic) comprenant plus de dix employés
est passé de 136 à 140. Le nombre d’emplois générés a augmenté de 12 972 en 2012 à 14 747
en 2014, selon l’institut des statistiques.
De même, les exportations des produits et services informatiques sont passées de 3 % du taux
national en 2012 à 7,6 % en 2014. Quant aux besoins en grande bande passante de Maurice,
entre 2012 et 2015, ils ont doublé, passant de 10 000 Mbps à 20 000 Mbps. Globalement, le
secteur contribue à hauteur de 6,4 % du produit intérieur brut (PIB). L’objectif du ministre des
Tic, Etienne Sinatambou, est d’augmenter sa contribution à plus de 10 % du PIB d’ici à 2019.
Luc Fayard, journaliste français spécialisé dans le développement des Tic, estime que l’outil
informatique a non seulement chamboulé les modes de consommation, mais encore il a été
approprié par les entreprises mauriciennes dans l’optique d’améliorer leur productivité et de
réduire leurs coûts. L’arrivée de la génération Y sur le marché du travail a intensifié le
phénomène. Le premier élément qui définit cette révolution est d’abord la vitesse, que ce soit
dans le cycle de la commande et de la livraison. L’autre élément clef est la capacité de produire
ou de gérer de grandes quantités d’informations.
L’émergence de l’e-marketing
La grosse majorité d’entreprises mauriciennes ont recours à une technologie de pointe pour
dynamiser leur processus opérationnel. Dans le secteur du textile, on utilise des machines
performantes capables de soutenir une production de masse destinée aux marchés occidentaux.
C’est le cas de FM Group, entreprise dirigée par l’Indien Anil Kohli et brassant un chiffre
d’affaires de US$ 100 millions, qui a investi US$ 25 millions dans l’acquisition de machines
performantes.
Dans l’hôtellerie, les réseaux sociaux et les applications mobiles sont utilisés comme outil de
marketing. Une opportunité pour les jeunes professionnels de l’e-marketing. C’est le cas de
Gérald Ami, co-directeur de Modigibiz, firme spécialisée dans le marketing digital, qui a
travaillé pour des hôtels de renom en Afrique et au Moyen-Orient avant de rentrer au pays.
Grâce à l’e-marketing, les hôteliers sont en mesure d’atteindre un nombre illimité de clients
potentiels. De même, ils peuvent évaluer l’impact de leurs campagnes publicitaires. Les
commentaires postés sur le Net, le nombre de visiteurs sur le site de l’établissement ou encore
le nombre de fois qu’une vidéo et une photo ont été visionnées sont autant d’indicateurs utiles
pour l’hôtelier d’un point de vue stratégique.
Dans les services financiers (le secteur contribue à hauteur de 10,4 % du PIB), les nouvelles
technologies permettent d’optimiser les ressources financières et de sauvegarder les fichiers en
ligne.
De passage à Maurice pour animer un séminaire sur la façon dont les technologies numériques
sont en train de bouleverser le secteur corporatif, Clifford Martin, Executive Partner de Gartner
Africa, fait ressortir qu’une grande majorité de ses clients d’Afrique du Sud l’ont approché
pour voir comment ils peuvent améliorer la gestion de l’entreprise à travers l’outil
informatique.
«La révolution numérique va tout changer. Les entreprises n’investiront plus en fonction de ce
que cela leur rapportera. Elles devront expérimenter les petits projets et les tester même si les
risques d’échec sont élevés. C’est de cette façon qu’elles pourront progresser», observe-t-il.
Quant aux banques, elles doivent prendre davantage de risques et oser financer les petits projets
novateurs, ajoute-t-il.
À l’invitation de l’État, la MauBank est appelée à soutenir les start-up. Elle est appelée à
financer les entreprises des Tic créées après le 2 juin 2015 en leur accordant des prêts à un taux
concessionnaire de 3,4 %. Récemment, Sridhar Nagarajan, le directeur de la MauBank,
déclarait que c’est une chance inespérée qui s’offre à la jeune génération d’entrepreneurs. «Il
n’y a pas de plafond à leurs demandes d’emprunt. Si leurs projets répondent aux critères du
SME Development Scheme – s’ils concernent les Tic ou sont innovants –, nous leur
accorderons la somme demandée», a-t-il indiqué.
Toutefois, certains opérateurs sont d’avis que l’État aurait dû faire plus d’efforts pour soutenir
le secteur des Tic. Jusqu’à tout récemment, Georges Chung, conseiller du Premier ministre, qui
présidait le Fast-Track Committee sur les projets relevant des Tic, rencontrait les opérateurs
pour établir une feuille de route sur les objectifs à atteindre jusqu’en 2030. Mais depuis trois
mois, ces rencontres n’ont pratiquement plus lieu.
Selon un opérateur, le changement de trois ministres et de leurs chefs de cabinet en l’espace de
dix mois au sein du ministère des Tic a ralenti la progression de plusieurs projets. Entre-temps,
l’Ebène Accelerator, un incubateur géré par l’État, a cessé ses opérations. La Plage Factory,
qui devait prendre le relais, n’est toujours pas opérationnelle.
Toutefois, certains projets phares visant à transformer le pays en une île intelligente ont été
lancés, comme la construction de technopoles. La Technopole de Rose-Belle a déjà été livrée.
Alors que la Technopole de Rivière-du-Rempart est en construction et sera opérationnelle dans
les mois à venir. Ce projet, au coût de Rs 41 millions, est le fruit d’une collaboration entre
Business Parks of Mauritius et la firme britannique Oxford International.
Autre projet d’incubateur qui a vu le jour : La Turbine du groupe ENL. De son côté, Total
accompagnera plusieurs entrepreneurs, ayant brillé à son concours Start-upper, pendant deux
ans.
Autant d’initiatives qui démontrent que Maurice devient graduellement une île intelligente.
L’environnement semble propice et attire un nombre grandissant d’entreprises étrangères, à
l’instar d’Astek International, société française de l’offshore qui développe une application
mobile permettant de mieux s’informer sur la valeur calorifique des aliments pour le compte
de DietSensor, autre entreprise française dirigée par le couple Rémi et Astrid Bonasse.
Comptant une dizaine d’employés, cette entreprise est basée à Tamarin.
De son côté, Arksens, qui se spécialise dans la cyber-sécurité, est installée à Maurice depuis
2014. Autre implantation : celle de Juni Guru. Cette entreprise financée par des Sud-Africains
a développé la plateforme Payperks à Maurice et compte 23 salariés. Cette plateforme
internationale permet aux titulaires de cartes prépayées d’apprendre à se servir de leurs cartes.
Il y a aussi Expat.com, le plus grand site Internet pour expatriés au monde, dont les bureaux
sont à Port-Louis.
Arvin Mootoocurpen
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