SOMMAIRE

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SOMMAIRE
04/13
N° 103
SOMMAIRE
Éditorial
Pharmacovigilance
Prestations pharmaceutiques
Herpès labial
9
Peut-on traiter ou prévenir ?
Nouveautés
SYCREST°
Les neuroleptiques
2
Pas que schizo !
Nouveau neuroleptique
ARTERIA-VITA°
11
Vitamine B12
4
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A quoi ça sert, en fait?
= PADMA° 28 = PADMED CIRCOSAN
LEVURE DE RIZ ROUGE
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En bref
Après le curry vert…
VITASPRINT° B12
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Les compléments et accessoires
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Enfin de la B12 non-injectable !
Image du mois :
Même à Pâques,
sortez couvert !
© Pharma-­‐News page 1 Numéro 103, avril 2013 Editorial
Les prestations pharmaceutiques oubliées Une nouveauté que vous découvrirez dans notre numéro nous a laissé un goût amer dans la bouche. Elle n’est obtenable que si elle est délivrée à l’hôpital sous surveillance médicale. Pourquoi ? Parce qu’on doit sortir les médicaments délicatement du blister, ne pas les manipuler avec des mains humides et surveiller que le patient les laisse fondre dans la bouche sans les mâcher, ni les avaler directement… La belle affaire ! Une prestation reconnue des pharmacies est bien la remise sous surveillance, mais on dirait que la firme Lundbeck ne l’a pas compris, ou ne sait pas que ça existe en Suisse ! Nous vous souhaitons quand même de bonnes Fêtes de Pâques et une bonne lecture ! Jérôme Berger Pierre Bossert Julia Farina Marie-Thérèse Guanter
Séverine Huguenin Caroline Mir Germanier Martine Ruggli Nouveautés
SYCREST° (asénapine) Voici un nouveau neuroleptique atypique sur le marché suisse: SYCREST°. Une nouvelle molécule dont nous allons résumer ici les points importants. SYCREST° se présente sous forme de comprimés sublinguaux, commercialisés à deux dosages : 5 mg et 10 mg. Il est indiqué dans le traitement de l'épisode maniaque aigu modéré à sévère du trouble bipolaire de type I chez l'adulte 1.2 1
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Compendium suisse des médicaments La revue Prescrire 2012; 32 (342): 255-­‐1-­‐ 255-­‐6 © Pharma-­‐News page 2 Numéro 103, avril 2013 Qui dit "neuroleptique" pense en premier lieu "traitement de la schizophrénie". Or, ici ce n’est pas le cas, puisque l'efficacité de SYCREST° dans cette Bipolaire 2: indication n’est pas démontrée 2. Ainsi, son Le trouble bipolaire est défini comme une instabilité de utilisation est limitée exclusivement aux personnes l’humeur avec une succession d’épisodes maniaques et souffrant de troubles bipolaires. Selon les études à d’épisodes dépressifs selon un rythme variable. Les signes disposition, l’efficacité de l’asénapine versus les plus courants de l’épisode manique sont une humeur euphorique, une "folie des grandeurs", un moindre besoin placebo dans la phase maniaque des troubles de sommeil, une augmentation de l’estime de soi… peuvent bipolaires n’est d'ailleurs pas très probante non s’y ajouter des symptômes d’hallucinations, de l’agressivité plus ; légèrement mieux que le placebo, elle ou de l’agitation dans les formes sévères. Le trouble bipolaire est la maladie mentale avec le taux de suicide le semble cependant moins efficace que l’olanzapine plus élevé. (ZYPREXA° et génériques) 2 C’est le seul traitement neuroleptique dont l’initiation du traitement doit absolument se faire en structure hospitalière et la thérapie ne doit être poursuivie en ambulatoire qu’à court terme et à condition que le patient soit suivi par un médecin spécialisé dans le traitement des troubles bipolaires 1. Pourquoi toutes ces précautions? Le problème réside dans les modalités de prise de SYCREST° 1 : • SYCREST° doit être pris deux fois par jour, matin et soir. Rappel : • Le comprimé doit être extrait de la plaquette thermoformée Les neuroleptiques sont divisés en juste au moment où le patient va le prendre. deux grands groupes. Les ère
neuroleptiques de 1 génération • Le comprimé ne doit être touché qu'avec des mains sèches. dits typiques dont font partie • Pour extraire le comprimé, il faut décoller la languette de HALDOL°, FLUANXOL°, TRUXAL° ou couleur. Attention aussi à ne pas écraser le médicament. NOZINAN° pour n’en citer que uns. Les neuroleptiques • SYCREST° doit absolument être absorbé au niveau buccal : s’il quelques ème
de 2 génération dits atypiques, est avalé ou même mâché, il n’a aucune efficacité. comme ZYPREXA°; RISPERDAL°, • Pour garantir une absorption optimale, le comprimé ABILIFY°, LEPONEX° ou SEROQUEL°. Ces deux groupes se sublingual doit être placé sous la langue jusqu'à dissolution distinguent surtout par leurs effets totale. Le comprimé se dissout dans la salive en quelques indésirables : plus de troubles ère
secondes. extrapyramidaux pour la 1 • Il faut éviter de manger et de boire pendant 10 minutes après génération et plus de prise de poids, de troubles métaboliques -­‐ administration. diabète et dyslipidémies-­‐ avec • Si le patient doit prendre d’autres médicaments en même ceux de 2ème génération. temps, il faut lui recommander de prendre SYCREST° en L’efficacité par contre ne semble globalement pas différente. Vous dernier. trouverez plus de détails sur les Comme vous le voyez, une bonne compréhension du mode d’administration est nécessaire pour garantir l'efficacité du traitement… il est donc primordial que le team officinal s'assure que les patients l'ont bien compris et le rappelle si nécessaire. neuroleptiques et leurs utilisations dans la section Pour en savoir plus de ce numéro. Les effets indésirables de SYCREST° sont les mêmes que ceux des autres neuroleptiques atypiques : effets sédatifs, anxiété, troubles extrapyramidaux, troubles cardiaques (allongement de l’intervalle QT), idées et comportement suicidaires, convulsions et prise de poids … mais s’y ajoutent encore des réactions d’hypersensibilité telles que des angioedèmes, de l’hypotension ou des éruptions cutanées, potentiellement très graves 2. L’asénapine a aussi un effet anesthésique local qui entraîne une perte de sensibilité au niveau du site d’absorption et qui dure environ une heure : des atteintes buccales sont possibles, p.ex. si les patients se mordent de façon involontaire ou consomment des aliments ou boissons trop chauds 2. 3
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Rev Prescrire 2010; 30 (326; suppl. Interactions): 293-­‐298 © Pharma-­‐News page 3 Numéro 103, avril 2013 Non testé chez les enfants, les jeunes de moins de 18 ans, les femmes enceintes ou qui allaitent, SYCREST° est actuellement contre-­‐indiqué chez tous ces groupes de patients. On a très peu de données chez les personnes âgées, donc prudence 1! Comme on le voit, ce nouveau médicament n’apporte aucun avantage par rapport à l’arsenal thérapeutique à disposition. De plus, il a des effets indésirables supplémentaires et un mode d’administration très compliqué qui doit être suivi à la lettre pour que le médicament puisse agir. SYCREST° -­‐ A retenir pour le conseil : 
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nouveau neuroleptique atypique comprimé buccal absorption sublinguale indispensable à son efficacité mode de prise complexe et à respecter strictement effets indésirables communs aux neuroleptiques mais avec en plus des réactions graves d’hypersensibilité possibles ARTERIA-­‐VITA° : mêmes comprimés que PADMA° 28 et PADMED CIRCOSAN° sous un autre nom (co-­‐marketing) Comme PADMA° 28 (HL, liste D) et PADMED CIRCOSAN° (LS, liste D), ARTERIA-­‐VITA° (LS, liste D) est un médicament conçu en Suisse, à partir d’une formule d’inspiration tibétaine (PN n°73, avril 2010). Il est composé d’un mélange de vingt plantes, de camphre et de sulfate de calcium fonctionnant de manière additive, synergique et antagoniste (sic !) 4. Bon à savoir… La médecine tibétaine, comme l’Ayurveda (médecine originaire de l’Inde), repose sur une conception holistique de l’être humain, c'est-­‐à-­‐
dire qu’elle considère que la personne est un microcosme de l’univers. Elle part du principe qu’un être humain en harmonie avec son environnement -­‐ et dont le mode de vie est équilibré -­‐ est naturellement heureux et en bonne santé. Lorsque l’équilibre est rompu, la maladie apparaît. Ces médecines cherchent à guérir le patient en l’aidant à retrouver l’équilibre perdu ; l’évaluation et le traitement des maladies sont individualisés. En Occident cependant, l’utilisation de spécialités tibétaines ou ayurvédiques enregistrées relève davantage de notre approche allopathique de la médecine que de l’approche A l’image de ses co-­‐listiers, ARTERIA-­‐
VITA° est indiqué en cas de troubles circulatoires se manifestant notamment par des picotements, des fourmillements, des sensations de lourdeur ou de tension dans les jambes et les bras, des engourdissement des mains et des pieds et des crampes aux mollets 4. Selon certaines études, la prise de tels comprimés pendant 16 semaines holistique 7. pourrait augmenter la distance de marche maximale de patients atteints de claudication intermittente de quelques mètres 5 . D’autres substances naturelles telles que l’ail, les oméga-­‐3 et la vitamine E ont également été testées pour cette indication, mais seuls gingko biloba et PADMA° 28 ont été plus efficaces que le placebo 6. 4
Swissmedic, information sur le médicament www.zora.uzh.ch/18616/2/Diss_Endfassung.pdf 6
L'athérosclérose. juil 2005, 181 (1) :1-­‐7. Epub 2005 Mar 31 5
© Pharma-­‐News page 4 Numéro 103, avril 2013 Claudication intermittente : Elle est provoquée par un rétrécissement des artères des membres inférieurs (artériopathie), en général par athérosclérose (dépôt d'une plaque d'athérome). Au début de la maladie, la douleur ne se manifeste pas au repos, car les muscles ont suffisamment d'oxygène. En revanche, après un certain temps d'effort, la demande en oxygène s'accroît et les artères ne peuvent plus la satisfaire, ce qui provoque des douleurs. Celles-­‐ci siègent généralement dans le mollet, plus rarement dans la cuisse ou dans la fesse, et ressemblent à celles que provoque une crampe. Elles se manifestent après une certaine distance de 1
marche et le patient est obligé de s'arrêter. La douleur disparait alors en quelques minutes . La reprise de la marche entraîne la réapparition des douleurs ; raison pour laquelle on appelle parfois cette affection « maladie des vitrines », car les arrêts involontaires sont fréquemment dissimulés par une pause de lèche-­‐vitrines. La description de tels symptômes par un patient doit conduire l'équipe officinale à recommander une consultation médicale. ARTERIA-­‐VITA° est destiné essentiellement aux adultes. La posologie initiale est de deux capsules trois fois par jour, une demi à une heure avant les repas. Elle peut être réduite à une ou deux capsules par jour en cas d’amélioration. Les personnes éprouvant des difficultés à avaler peuvent disperser le contenu de la capsule dans de l’eau tiède. Un intervalle d’une heure et demie à deux heures doit être observé entre la prise d’ARTERIA-­‐VITA° et celle d’autres médicaments 4. La préparation est bien tolérée et ne présente pas d’effets indésirables, mis à part quelques rares cas de troubles gastro-­‐intestinaux, de palpitations cardiaques et d’éruptions cutanées. Les capsules ne contiennent ni gluten, ni lactose. Selon le fabriquant, aucune interaction n’a été signalée jusqu’à présent 4. 7 ARTERIA-­‐VITA° -­‐ A retenir pour le conseil : 
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produit co-­‐marketing de PADMA° 28 et PADMED CIRCOSAN° médicament d’inspiration tibétaine à base de plantes indiqué en cas de troubles circulatoires LEVURE DE RIZ ROUGE… l'alternative naturelle aux statines?!? Que de polémique ces temps dans les médias à propos des statines… cette incertitude pourrait pousser les patients à préférer d’autres produits pour faire baisser leur cholestérol, comme la levure de riz rouge… Que penser de cette idée ? Un traitement efficace ? Sûr ? Une véritable alternative aux statines ? La levure de riz rouge est avant tout un produit alimentaire utilisé dans la cuisine asiatique, surtout comme colorant naturel et rehausseur de goût. C'est aussi un remède traditionnel chinois utilisé pour les troubles de la circulation et contre l’indigestion 8. En France, aux USA et en Suisse la levure de riz rouge 7
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http://www.passeportsante.net Information publicitaire B’Onaturis, Willemin levure de riz rouge © Pharma-­‐News page 5 Numéro 103, avril 2013 est vendue comme complément alimentaire. Le fait de ne pas être reconnu comme médicament peut avoir pour conséquence de grandes différences entre les préparations, autant au niveau de la composition que de l’efficacité… sans parler de la sécurité 9! La levure de riz rouge est produite en fermentant du riz avec un champignon spécifique qui produit un pigment rouge, ce qui donne son nom à la levure. C’est donc la levure qui est rouge et non le riz! Lors du processus de fermentation, différents acides spécifiques, les monacolins, sont produits dont certains ont une structure chimique identique à celle des statines 10. Un de ces acides, le monacolin K est aussi connu sous le nom de lovastatine 9, une statine commercialisée entre autres en Allemagne 11. Fermenté de façon traditionnelle, le riz ne contiendra ces acides que dans des quantités minimales sans véritable efficacité sur les taux de LDL… Ce sont ces produits qui sont acceptés comme compléments alimentaires, y compris en Suisse 9. Pour que ces acides soient présents en grande quantité et aient une efficacité hypolipémiante prouvée, il faut manipuler la fermentation en modifiant par exemple la température de fermentation… mais dans ce cas ils doivent être considérés comme des médicaments, avec tout ce que cela implique en terme d'autorisation de mise sur le marché! De la même façon que les statines, la levure de riz rouge bloque l’enzyme HMG-­‐CoA réductase , empêchant ainsi la synthèse du cholestérol au niveau du foie. La levure contient aussi des phytostérols qui peuvent augmenter son efficacité 9. L’efficacité de cette levure est prouvée lorsque les produits actifs, dont le monacolin K, sont présents en quantité suffisante : certains de ces compléments alimentaires contiennent des taux de 4% de monacolins dont 2% de lovastatine, d’autres en contiennent beaucoup moins ! L'efficacité est prouvée en terme de baisse des LDL, mais pas en terme clinique (p.ex. effet en prévention cardio-­‐vasculaire). Certaines firmes recommandent de prendre 1 gélule par jour contenant 3 mg de monacolin… et d’autres recommandent de prendre 4 gélules par jour avec un contenu total de 32 mg de monacolin dont 16 mg de lovastatine… vous imaginez donc combien l’efficacité est différente d’un produit à l’autre !! A titre de comparaison, la lovastatine est commercialisée en Allemagne aux doses de 10 mg, 20 mg et 40 mg. Ainsi, certains de ces compléments alimentaires contiennent des doses thérapeutiques, médicales normalement accessibles que sur prescription! Avec raison, la législation américaine considère que ce ne sont plus des compléments alimentaires mais des médicaments non autorisés 9! En Suisse, Swissmedic n'a actuellement émis aucune recommandation à ce sujet sur son site. Pour l’équipe officinale la situation peut être inconfortable : recommander une préparation contenant peu de monacolins… mais avec alors peu ou pas d’efficacité…Ou recommander une préparation en contenant beaucoup mais en sachant que cela revient à remettre un médicament non enregistré! Il est alors indispensable de faire attention aux effets indésirables, interactions et 9
Pharmacist’s letter 2008; #241203 La Revue Prescrire 207; 27 (287): 675-­‐676 11 Pharmavista.ch 10
© Pharma-­‐News page 6 Numéro 103, avril 2013 contre-­‐indications des statines! P.ex. comme pour les statines, un suivi de la fonction hépatique devrait être effectué chez ces patients… La levure de riz rouge est également déconseillée en cas de troubles hépatiques, chez les alcooliques ainsi que chez les femmes enceintes et allaitantes. Elle ne doit pas être prise de façon concomitante avec les anticoagulants oraux comme le SINTROM° (risque hémorragique), ni avec le pamplemousse (augmentation du taux de lovastatine) 12. Un autre souci de l’utilisation de cette levure de riz rouge est sa sécurité 10 : si la fermentation est mal faite, le produit peut contenir une substance néphrotoxique pouvant provoquer une insuffisance rénale 9. Des cas de rhabdomyolyses (atteintes musculaires graves) et d’atteintes hépatiques sont aussi décrits. Ces effets sont bien sûr accentués si le patient prend ces compléments alimentaires à base de levure de riz rouge en plus de son traitement par hypolipémiants du type statine ou ézetimibe (EZETROL°) 10. Les patients évoquent rarement d’eux-­‐
mêmes la prise de compléments alimentaires lorsqu’on leur demande s’ils prennent des médicaments 10… l’équipe officinale doit s’en souvenir et poser les questions adéquates devant des troubles musculaires par exemple. L’apparition de crampes, de douleurs ou d’une faiblesse musculaire inexpliquée nécessite un contrôle médical 12. Comme on le dit souvent, les préparations à base de plantes ne sont pas forcément anodines… il vaut la peine de le rappeler aux patients, d’autant plus s’il s’agit non de médicaments, mais de compléments alimentaires dont le statut n’offre aucune garantie de composition, d’efficacité ou de sécurité. En fait, certains patients ne veulent pas prendre de médicaments chimiques, préférant des alternatives naturelles… mais au final, ce sont les mêmes composants qui sont ingérés dans ce cas! LEVURE DE RIZ ROUGE -­‐ A retenir pour le conseil : 
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riz fermenté par une levure complément alimentaire : aucune garantie d’efficacité et de sécurité contient des acides spécifiques proches de la structure des statines qui lui donnent son action hypolipémiante complément alimentaire étant parfois un "médicament déguisé" : les taux de lovastatine peuvent être équivalents aux taux commercialisés comme médicament attentions aux effets indésirables qui peuvent être graves les effets indésirables sont augmentés lors de prise de statines ou d’ézétimibe attention aux interactions et contre-­‐indications 12 Compléments alimentaires à base de levure de riz rouge : mises en garde de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament), 14.02.2013 site online © Pharma-­‐News page 7 Numéro 103, avril 2013 VITASPRINT B12° (cyanocobalamine) Les ampoules buvables VITASPRINT B12° contiennent 0.5 mg de vitamine B12 sous forme de cyanocobalamine (comme la forme injectable VITARUBIN° Superconcentré) et deux acides aminés (phosphosérine et glutamine) impliqués dans le métabolisme cellulaire. Il s'agit du seul médicament contenant de la vitamine B12 par voie orale actuellement sur le marché en Suisse. Son indication officielle est une baisse des capacités physiques et intellectuelles, une fatigue ou des contractions nerveuses. Elle n'est donc pas enregistrée pour la prise en charge des carences en vitamine B12! En effet, la concentration des ampoules de VITASPRINT B12°, qui contiennent 0.5 mg de cyanocobalamine, et la durée de traitement recommandée de 30 jours, ne sont pas suffisantes pour maintenir un effet sur les symptômes liés à une véritable carence. VITASPRINT B12° est donc plus à considérer comme un complément permettant de renforcer les apports parfois insuffisants de l'alimentation. Comme pour d'autres substitutions de vitamines proposées en cas de fatigue, on peut certainement également compter sur l'effet placebo d'un tel produit selon le PN. L’utilisation chez les enfants et les adolescents n’a pas été étudiée et n’est donc pas recommandée sans avis médical. En cas de suspicion de carence en vitamine B12 dans ces tranches d'âge, une consultation médicale est nécessaire. Concernant les effets indésirables, ils sont rares et davantage imputables aux excipients : réactions d'hypersensibilité (fièvre, éruptions cutanées, etc.), diarrhées 13. Le coût d’un traitement mensuel avec VITASPRINT B12° est d’environ 100.-­‐ CHF. VITASPRINT B12° -­‐ A retenir pour le conseil : 
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seul médicament à base de vitamine B12 per os disponible en Suisse concentration trop faible (0.5 mg / ampoule) et durée de traitement trop courte pour corriger une véritable carence indiqué en cas de fatigue, baisse des capacités ou contractions nerveuses 13
Compendium Suisse des médicaments, Documed SA, Online 2013 © Pharma-­‐News page 8 Numéro 103, avril 2013 Pour en savoir plus
HERPES LABIAL : peut-­‐on traiter, peut-­‐on prévenir ? L’herpès labial (appelé parfois "bouton de fièvre") est une affection bénigne, désagréable et souvent récurrente due au virus Herpes simplex 1 (VHS-­‐1). Elle est facilement identifiable dans sa forme typique : elle débute par une sensation de brûlure et de fourmillements localisés à une partie des lèvres et débordant parfois sur la peau ; exceptionnellement, elle peut apparaître à l’intérieur du nez, sur le bord d’une oreille, sur le menton ou sur une joue 14 . Quelques heures après, apparaît une macule rouge qui se recouvre rapidement d’un bouquet de vésicules de 2 à 4 mm. Après quelques jours, les vésicules se rompent laissant la place à des croûtes jaunâtres qui finissent par se détacher sans laisser de cicatrices 15 . Globalement, la poussée d’herpès dure sept à dix jours. Le virus est très contagieux et peut être transmis à une personne NON INFECTEE (notamment aux jeunes enfants) par contact direct avec les vésicules, par des objets contaminés (p.ex. stick à lèvre) et par la salive. Les lésions sont contagieuses jusqu’à l’apparition des croûtes 14,16. Chez les adultes non infectés, les baisers ainsi que les contacts oro-­‐génitaux sont la principale voie de transmission 14. La première infection survient généralement avant l’âge de 20 ans, la plupart du temps durant la petite enfance, et ne cause généralement aucun symptôme 14. Le virus persiste alors toute la vie dans le corps, tapi dans les ganglions nerveux, situés à la base du crâne. Il ne migre pas et s'il n'y a pas transmission à autre partie du corps (yeux, organes génitaux) les éruptions restent localisées au niveau des lèvres. Une fois en place, il peut rester inactif ou s’exprimer. Plus des deux tiers des personnes infectées n’auront jamais de poussée d’herpès labial ; d’autres, au contraire, en auront plusieurs par année 14. L’herpès labial est contagieux pour les personnes qui n’ont JAMAIS été infectées par le virus. Lorsque les lésions réapparaissent, il ne s’agit PAS d’une nouvelle infection. Les réactivations du virus sont SANS LIEN avec un contact récent avec une personne ou un objet infecté ! Les manifestations d’herpès labial surviennent lors d’un « réveil » du virus. Différents facteurs contribuent aux récidives des symptômes et sont souvent difficiles à éviter : -­‐ soleil -­‐ rayons UV -­‐ fatigue -­‐ fièvre -­‐ émotions -­‐ règles -­‐ immunosuppression -­‐ etc. 14
http://www.passeportsante.net La Revue Prescrire, 334, août 2011 16
La Revue Prescrire, info-­‐patients, juin 2012 – Le bouton de fièvre 15
© Pharma-­‐News page 9 Numéro 103, avril 2013 Lorsque la localisation de l’herpès labial est atypique, il peut être confondu avec diverses affections telles que : impétigo (infection cutanée bactérienne), acné, furoncle, eczéma, perlèche Bon à savoir…19 (dermatose de la commissure des lèvres), etc. En cas Longtemps considéré comme étant réservé aux seuls de doute, une consultation s'impose! Notons boutons de fièvre, le virus de l’herpès labial se retrouve cependant qu’un impétigo peut surinfecter un herpès de plus en plus souvent au niveau génital, car il peut labial ce qui prolonge et aggrave son évolution, s'attaquer à tous les endroits du corps 20. L’évolution des surtout lors de l’application de corticoïdes sur les pratiques sexuelles serait à l’origine de cette migration. La banalisation des rapports oro-­‐génitaux favorise lésions 15. l’émergence d’infections génitales avec un virus labial. D’étendue limitée, l’herpès labial ne nécessite généralement pas de traitement antiviral, car il guérit rapidement tout seul. Des mesures d’hygiène sont cependant nécessaires, afin d’éviter la propagation du virus à autrui ou à d'autres localisations chez un même patient : - éviter de manipuler les lésions, - éviter les contacts buccaux avec l’entourage, surtout avec les nourrissons, - se laver les mains après chaque soin, - utiliser un antiseptique cutané (chorhexidine) en cas de surinfection, - éviter de se gratter, toucher les yeux, etc. après avoir touché les lésions, - appliquer un écran solaire en cas d’exposition au soleil. Pour diminuer les douleurs : - appliquer de la glace (dans une serviette) pendant quelques minutes, plusieurs fois par jour, - garder les lèvres bien hydratées, - prendre du paracétamol si nécessaire. A l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement médical qui élimine définitivement le virus du corps! Les antiviraux en application locale [aciclovir (ZOVIRAX° et génériques), penciclovir (FENIVIR°)] sont peu efficaces et ne servent en général qu’à raccourcir de quelques heures la durée des lésions cutanées, ceci à condition que l’application débute dans les 12 heures qui suivent l’apparition des premiers symptômes. Comme nous l’indiquions dans de précédents numéros du PN, il existe également quelques spécialités à base de plantes, notamment mélisse (VALVERDE bouton de fièvre°) (PN n°30, décembre 2005) et rhubarbe (PARSENN° et PHYTOVIR°) (PN n°2, avril 2003) qui semblent avoir une efficacité similaire aux antiviraux. Une attention particulière doit être apportée aux patients immunodéprimés (greffés, recevant un traitement anticancéreux, etc.), qui seront dirigés 16
Conseiller aux patients de consulter un médecin si : chez leur médecin le cas échéant. Chez ces - les lésions ne guérissent pas en une à deux semaines, patients, un traitement préventif par voie orale - présence de fièvre, [aciclovir (ZOVIRAX° et génériques), valaciclovir - récidives fréquentes, (VALTREX° et génériques)] peut être envisagé s’ils - présence de maladie affectant le système immunitaire, - atteinte au niveau oculaire (notamment yeux sensibles présentent plus de six poussées d’herpès labial à la lumière pendant ou après la poussée). par année 15, 17 , 18 . Ce traitement pourra également être proposé aux rares personnes présentant des récidives pénibles et fréquentes d’herpès labial, mais au prix de quelques effets indésirables tels que nausées-­‐vomissements et céphalées. A part les traitements préventifs par voie orale, d'autres médicaments peuvent être proposés en plus des recommandations vues plus haut. Une crème à base de polyéthylène glycol (CREMOLAN° 17
pharmaDigest, pharmaSuisse, Herpes labial : conseils et traitements, 29.3.2012 Prescrire, Idées-­‐Forces, juin 2012, Herpès labial : traitement 18
© Pharma-­‐News page 10 Numéro 103, avril 2013 Lipvir) est commercialisée pour prévenir les récidives, mais nous n’avons pas trouvé d’études indépendantes évaluant son efficacité. Lors d’infections récidivantes graves, il est également possible de recourir au LUPIDON H°, un vaccin contenant le virus inactivé de l’herpes simplex de type 1 (PN n°53, avril 2008). 1920 HERPES LABIAL – A retenir pour le conseil : affection virale bénigne due au virus Herpes simplex 1 après la primo infection, le virus persiste à vie dans l’organisme les manifestations d’herpès labial correspondent à un réveil du virus caché dans les ganglions nerveux les traitement locaux à disposition permettent de soulager les symptômes et d’en réduire légèrement la durée peu d'options efficaces en prévention à part les traitements antiviraux au long cours proposés chez certains patients en principe, les vésicules guérissent spontanément sans traitement une vigilance particulière dit être apportée aux personnes immunodéprimées 
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EMPLOI DES NEUROLEPTIQUES Psychose 21: Trouble mental caractérisé par une désorganisation de la personnalité, la perte du sens du réel et la transformation en délire de l’expérience vécue. l’autre : Bref rappel sur les neuroleptiques Les neuroleptiques (NL) sont des médicaments administrés dans le but de réduire ou atténuer certaines psychoses. Ces médicaments sont divisés en deux grandes catégories : les neuroleptiques conventionnels ou typiques, et les neuroleptiques atypiques. Ils peuvent avoir divers effets variant d’une molécule à Sédatifs : ils diminuent l’agitation et l’agressivité Anti-­‐délirants : ils suppriment ou diminuent les idées délirantes ainsi que les hallucinations Désinhibiteurs : ils combattent une certaine passivité 
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Ils sont généralement employés en cas de schizophrénie, mais également dans les maniaco-­‐
dépressions, surtout lors d’agitation et de confusion mentale, délire et anxiété. On les utilise aussi chez la personne âgée souffrant de démence avec trouble du comportement liée par exemple à une maladie d’Alzheimer. Les neuroleptiques sont également utilisés contre l’insomnie rebelle, dans certaines douleurs intenses, les vomissements et parfois la préparation à l’anesthésie.21 19
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/herpes/8594-­‐herpes-­‐sexe-­‐oral-­‐contamination-­‐augmentee-­‐02.htm 20
http://www.bag.admin.ch/themen/medizin/00682/00684/11687/index.html?lang=fr Larousse médical, 2006 21
© Pharma-­‐News page 11 Numéro 103, avril 2013 Liste des neuroleptiques disponibles en Suisse 22: DCI Conventionnels ou typiques chlorprothixène flupentixol halopéridol lévopromazine perphénazine pipampérone promazine sulpiride zuclopenthixol Atypiques amisulpride aripirazole asénapine clozapine olanzapine palipéridone quétiapine rispéridone sertindol Spécialités TRUXAL° FLUANXOL°, DEANXIT°* HALDOL° NOZINAN° TRILAFON° DIPIPERON° PRAZINE° DOGMATIL° CLOPIXOL° SOLIAN°, génériques ABILIFY° SYCREST° LEPONEX°, génériques ZYPREXA°, génériques INVEGA°, XEPLION° SEROQUEL°, génériques RISPERDAL°, génériques SERDOLECT° *(+mélitracène) Les neuroleptiques se distinguent surtout par leurs effets indésirables De manière générale, les NL conventionnels et Pour aller plus loin … 25 atypiques ne se distinguent pas en terme Le syndrome malin des neuroleptiques d'efficacité (on préfère toutefois une des Il se manifeste par la survenue subite, sans cause apparente, classes selon les indications, voir plus bas). Par d’une hyperthermie (souvent plus de 40°C) associée à une contre, chaque type présente des effets rigidité extrapyramidale (rigidité, tremblements, troubles de la motricité) très importante avec ou sans dyskinésies associées, indésirables caractéristiques différents. sueurs, altération de la conscience. Il apparaît généralement après plusieurs semaines de traitement. L’évolution est parfois mortelle d’où la nécessité d’un diagnostic précoce, auquel cas un arrêt immédiat du neuroleptique et l’hospitalisation sont nécessaires. Ce risque concerne tous les NL à des degrés divers en fonction des molécules. Les neuroleptiques conventionnels bloquent entre autres les récepteurs 23
dopaminergiques D2 . En inhibant ces derniers, ils atténuent donc les effets du stress mental ou physique. Cette inhibition est cependant à l’origine des effets indésirables comme 24: -­‐ des troubles extrapyramidaux (p. ex. spasmes ou mouvements fréquents de la langue, mastication, agitation motrice, tremblements des lèvres, symptômes de la maladie de Parkinson...), -­‐ des troubles endocriniens avec une hyperprolactinémie qui peuvent entraîner une gynécomastie (développement excessif des glandes mammaires) et impuissance chez l’homme, une galactorrhée (symptôme caractérisé par une production et une émission de lait par les glandes mammaires dans une situation anormale) et aménorrhée (absence des règles ou menstruation) chez la femme. 22
Compendium suisse des médicaments, 2013 ème
Le Manuel Merck, 4 édition, 2008 24
N. Franck, F. Thibaut, Modalité d’utilisation des neuroleptiques, EMC-­‐Psychiatrie 2, 2005, p.300-­‐339 23
© Pharma-­‐News page 12 Numéro 103, avril 2013 Les neuroleptiques atypiques se distinguent en étant des antagonistes sérotoninergiques avec une affinité moindre pour les récepteurs D2 par rapport à d’autres sous-­‐types de récepteurs dopaminergiques. Ils présentent donc un risque moins élevé d’effets indésirables identiques aux neuroleptiques conventionnels. Toutefois, ils ne sont pas exempts d’effets indésirables. Les principaux sont d’ordre métabolique et endocrinien comme une prise de poids, une dyslipidémie et une élévation du risque de diabète. D’autres effets indésirables des neuroleptiques conventionnels et atypiques sont liés à des activités 24: -­‐ anticholinergiques au niveau central (aggravation des symptômes confusionnels) ou périphériques (sécheresse buccale, constipation, troubles de la miction, troubles de l’accommodation visuelle) -­‐ alpha-­‐bloquants (α1) entraînant hypotension orthostatique (risque de chute), palpitations et sialorrhée (production de salive) Ajoutons encore des effets indésirables importants comme l’abaissement du seuil épileptique, le risque de torsade de pointe (trouble de l'intervalle QT) et le risque de développer un syndrome malin des neuroleptiques (SMN). Ces effets vont varier d’une molécule à l’autre et seront également à prendre en compte lors du choix du traitement. En fonction du patient (profil de risque, discussion avec le médecin, etc.), une classe sera préférée à une autre. Dans le cas de patients en surpoids ou avec prise de poids importante, il est recommandé d’adapter le choix du neuroleptique et instaurer une prise en charge nutritionnelle, voire médicamenteuse, et conseiller une activité physique régulière.25 Emploi des neuroleptiques dans les troubles psychotiques Dans le cas des troubles psychotiques, aucun neuroleptique n'est recommandé plutôt qu'un autre 24,26. Les guidelines proposent de choisir en premier lieu les neuroleptiques atypiques. Ils présentent l’avantage d’une efficacité un peu supérieure dans cette indication à celle des neuroleptiques conventionnels avec la survenue de moins d’effets extrapyramidaux. On gardera les neuroleptiques typiques pour les patients qui ont déjà eu ce type de médicaments et qui les supportent bien ou pour ceux qui ont trop d’effets indésirables sous neuroleptiques atypiques. 25
La Revue Prescrire 1996 ; 16 (n°165) : pp.627-­‐631 Cercles de qualité, cours de base SNC III, 2010 26
© Pharma-­‐News page 13 Numéro 103, avril 2013 Autres emploi des neuroleptiques Outre l’indication dans le cas des troubles psychotiques, les neuroleptiques sont également utilisés dans 24,26,27: -­‐ le traitement des douleurs neuropathiques -­‐ les états agitation et agressivité lors de sevrage des toxicomanes -­‐ le traitement des formes résistantes de trouble obsessionnel compulsif (TOC) -­‐ l'autisme -­‐ la démence et les troubles du comportement chez la personne âgée -­‐ les vomissements -­‐ l'insomnie -­‐ l’anxiété Troubles psychotiques : Ensemble des maladies mentales caractérisées par la présence de psychoses, par exemple : la schizophrénie, les maniaco-­‐
dépressions etc. On entend par usage officiel d’un médicament, celui pour lequel une autorisation de mise sur le marché a été délivrée et qu’on retrouve notifié dans le Compendium. Par usage off-­‐label (ici hors indication), on entend celui pour lequel une substance est utilisée dans une autre indication que celle(s) listée(s) dans sa monographie. Dans ces différents usages, parfois off-­‐label selon les molécules, l’utilisation des neuroleptiques est souvent controversée en raison d’une balance bénéfice-­‐risque jugée défavorable ou peu claire. Ils sont généralement utilisés à des doses plus basses que dans les traitements des états psychotiques et ne sont souvent envisagés qu'en l'absence d’alternative (plus sûre et/ou plus efficace) 26. C’est notamment le cas dans le traitement des douleurs neuropathiques pour lesquelles les preuves d’efficacité restent limitées 27. Le risque augmenté d’incidence de crises convulsives dans le sevrage alcoolique, pousse la Revue Prescrire à en bannir leur utilisation malgré une efficacité démontrée 28. Une amélioration a été observée en cas de TOC lors d’association au traitement de référence par les antidépresseurs sérotoninergiques. Toutefois, on manque encore de recul et on observe parfois une péjoration de certains états psychotiques associés 24. Dans le cas des enfants autistes, l’halopéridol semble être le traitement le mieux évalué et a démontré une certaine efficacité lors de troubles du comportement, mais associé à des effets extrapyramidaux et une prise de poids importante dans certains cas 26. Dans les cas de démence chez les personnes âgées, leur utilisation tend à se généraliser. Elle devrait cependant rester limitée, car on observe un risque de surmortalité 26. Ces médicaments devraient donc être limités aux cas sévères et lors d’échec des alternatives après évaluation individuelle du bénéfice-­‐risque. Dans le traitement de l'insomnie, l’effet sédatif est lié à l’action antihistaminique de certains neuroleptiques. Ils ne sont recommandés qu’en cas d’échec des benzodiazépines qui restent le premier choix 26. Pour ce qui est de l'effet antiémétique, il est surtout utilisé en alternative aux sétrons lors des traitements oncologiques 22. Quelques aspects pratiques des traitements sous neuroleptiques Le but du traitement est principalement d’agir sur les symptômes du patient afin d’améliorer sa qualité de vie, en minimisant l'impact d’effets indésirables. Il est démontré que de nombreux patients interrompent leur traitement par manque de résultats et/ou de mauvaise tolérance aux 27
pharmaDigest, Psychotropes dans le traitement de la douleur, 2013 La Revue Prescrire 2006 ; 26 (n°275) : pp. 592-­‐601 28
© Pharma-­‐News page 14 Numéro 103, avril 2013 effets indésirables. Pour rappel, les effets d’un traitement par un neuroleptique ne sont observés qu’après quelques semaines et après détermination de la dose adéquate. L’accompagnement et le suivi du patient revêtent donc une grande importance et l'équipe officinale doit jouer un rôle d'information et de soutien auprès de ces patients. EMPLOI DES NEUROLEPTIQUES-­‐ A retenir pour le conseil : 
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deux catégories : les neuroleptiques conventionnels ou typiques, et les neuroleptiques atypiques elles diffèrent principalement par leur profil d’effets secondaires, mais leur efficacité est similaire indications principales : troubles psychotiques schizophréniques et psychoses maniaco-­‐
dépressives nombreux autres emplois possibles : p.ex. anxiété, démence, troubles du sommeil, douleurs neuropathiques, états d’agitation, autisme, TOC et antiémétique dans ces cas, seulement en alternative et après échec des autres possibilités thérapeutiques nombreux effets indésirables à prendre en compte lors du choix du neuroleptique instauration du traitement à faible dose et augmentation progressive pour améliorer la tolérance LA VITAMINE B12 OU COBALAMINE La vitamine B12 est une vitamine hydrosoluble qui intervient dans la synthèse des acides nucléiques (qui forment l’ADN) et joue un rôle crucial dans le développement des globules rouges et le bon fonctionnement du système nerveux. Les besoins journaliers en vitamine B12 (2-­‐5 mg chez l’adulte) sont en général couverts par l’alimentation. On en trouve dans la viande, le poisson, les champignons, les œufs et les produits laitiers. Toutefois, la carence en vitamine B12 est une situation clinique fréquente, en particulier chez les personnes âgées. Dans cette population on estime que la prévalence de carence se situe entre 10 et 15%. Les causes de carence sont nombreuses. Elles peuvent être liées à l’organisme : la malabsorption, la gastrite atrophique, les situations chirurgicales avec atteintes gastriques (p.ex. bypass gastrique), et l’anémie pernicieuse (anémie de Biermer) ; ou de causes externes comme la prise à long terme de certains médicaments (metformine, anti-­‐H2, inhibiteurs de la pompe à protons) et le végétalisme (i.e. les végétariens stricts qui ne mangent pas non plus d’œufs, ni de produits laitiers). Les conséquences d’une carence en vitamine B12 comprennent des troubles hématologiques (anémie et pancytopénie = diminution de la quantité des cellules sanguines) et de troubles neuropsychiques (polyneuropathie, irritabilité, troubles de la personnalité, fatigue, dépression, psychoses et démence). Il existe aussi de nombreux cas de déficits peu ou pas symptomatiques. Si © Pharma-­‐News page 15 Numéro 103, avril 2013 la carence n’est pas traitée, de sérieuses complications neurologiques et neuropsychiatriques peuvent survenir 29. Malabsorption gastrique de la vitamine B12 : La cobalamine est fixée aux protéines dans les aliments. Pour être absorbée au niveau de l’intestin, elle doit être libérée dans l’estomac sous l’effet de l’acide gastrique et de la pepsine puis liée au "facteur intrinsèque" (protéine produite par l’estomac). Lors d’une gastrite atrophique, ces éléments diminuent, avec pour conséquence une moins grande biodisponibilité de la cobalamine alimentaire. Les médicaments qui modifient la physiologie gastrique produisent le même effet lors d'une prise à long terme : inhibiteurs de la pompe à protons (p.ex. oméprazole) et anti-­‐H2 (ranitidine). La metformine a également une influence négative sur l’absorption de la vitamine B12. Pour confirmer une suspicion clinique suggérée par les symptômes et/ou les facteurs de risque (patients âgés, malnutris, végétaliens, alcooliques, après chirurgie bariatrique), il existe un dosage sanguin de la cobalamine, mais l’interprétation de cette mesure n’est pas aisée, car il y a une importante variété intra-­‐ et inter individuelle, et le résultat du dosage sanguin ne suffit pas à poser un diagnostic, ni à identifier la cause. S'il y a besoin d'une supplémentation, la vitamine B12 est administrée de préférence par voie intra-­‐musculaire selon le schéma suivant :  1 mg par jour pendant une semaine, puis  1 mg par semaine pendant un mois, puis  1 mg par mois à vie si la cause n’est pas réversible. Les médicaments enregistrés en Suisse sont VITAMINE B12 AMINO° (cyanocobalamine comme VITARUBIN° Superconcentré) et VITARUBIN° (Dépôt et Superconcentré), tous deux contenant 1 mg de principe actif. La différence est que le Dépôt est sous forme d’hydroxocobalamine qui se lie fortement aux protéines plasmatiques et donc reste plus longtemps dans l’organisme (libération prolongée). La cyanocobalamine peut aussi être administrée par voie sous-­‐cutanée, p.ex. chez les patients présentant des risques hémorragiques (sous SINTROM p.ex.) 30. Le traitement par voie orale peut être préféré par certains patients car les injections de vitamine B12 sont particulièrement douloureuses et nécessitent un geste infirmier (d'où un coût de traitement plus élevé). Cependant, la voie orale est sujette à controverse du fait de la mauvaise biodisponibilité de la vitamine B12 : comme on l’a vu, son absorption intestinale dépend de plusieurs facteurs et peut s’avérer très réduite dans certaines situations. C’est pourquoi les doses recommandées sont de 1 à 2 mg par jour, soit 200 fois l’apport quotidien recommandé chez le sujet sain. Car même si le mécanisme d’absorption intestinale est altéré, une fraction suffisante de la dose (env. 1 à 5 %) est absorbée par diffusion passive pour permettre de palier à une carence 31. Une étude randomisée multicentrique a montré qu’une substitution per os de 1 mg par jour pendant un mois permettait d’augmenter significativement le taux sanguin de cobalamine. Mais ces effets disparaissaient dans les trois mois après l’arrêt du traitement 32 . La durée d’une substitution per os devrait donc être d'un mois au minimum et elle devra dans la plupart des cas être poursuivie à vie (si la cause ne peut pas être traitée). Il n’existe plus en Suisse de comprimés, la seule forme orale disponible actuellement est VITASPRINT B12°, ampoules buvables contenant 0.5 mg de cyanocobalamine que nous présentons dans un autre article de ce numéro. 29. 29
CAPP-­‐INFO N°60/septembre 2011, HUG pharmacie et gérontopharmacologie Pharmavista.net, News message 13.07.2012 31
CAPP-­‐INFO N° 60/2011, Gérontopharmacologie HUG 32
Favrat et al. BMC Family Practice 2011, 12 :2 30
© Pharma-­‐News page 16 Numéro 103, avril 2013 VITAMINE B12 – A retenir pour le conseil : 
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carence fréquente dans la population âgée qui provoque des troubles anémique, neurologique et psychique l’absorption à partir de l’alimentation nécessite acidité gastrique, pepsine et facteur intrinsèque… certains médicaments pris à long terme la perturbent et peuvent créer des carences! traitement par injection intra-­‐musculaire quotidienne, hebdomadaire, puis mensuelle, parfois à vie ; injection sous-­‐cutanée possible l’administration per os est un second choix à cause des facteurs influençant l’absorption, elle nécessite une administration quotidienne à dose élevée, en général à vie En bref
Pour rappel, dans le PN n°88 de septembre 2011 nous avons présenté les différences d’exigences légales entre compléments alimentaires ou dispositifs thérapeutiques par rapport à des médicaments : pas de nécessité de prouver l’efficacité, plus faibles coûts de mise sur le marché, plus de liberté pour la publicité et les canaux de distribution. Pour une firme, il peut donc être avantageux de mettre sur le marché de tels produits que le consommateur assimile généralement à des médicaments par leur emballage, forme galénique ou nom commercial p.ex. Nous avons depuis décidé de ne plus traiter systématiquement ce type de produits, car le message était souvent le même dans les articles leur étant consacrés : pas d’étude clinique permettant de prouver ou comparer l’efficacité, composition parfois incomplète, indications peu claires, etc. A la place d’articles, nous avons choisi de répertorier de façon régulière ces produits (les passages entre guillemets sont repris tels quels des publicités). Des listes de ces produits ont été publiées dans les PN n°92 et 94. Depuis le PN n°94, nous avons identifié de la publicité pour les produits suivants : AXAMINE°: complément alimentaire "pour la mobilité articulaire" contenant entre autres de la glucosamine et de la chondroïtine. Pour rappel, ces substances n'ont aucune efficacité prouvée dans les troubles articulaires (voir p.ex. PN n° 77 de septembre 2010). ENDWARTS: produit contre les verrues à base d'acide formique. EXTRACELLMATRIX°: complément alimentaire "pour la peau, le cartilage, les tendons et les ligaments" contenant entre autres de la glucosamine et de la chondroïtine. Voir remarque ci-­‐
dessus! EXXEMA REPAIR°: mousse et crème à employer "lors d'eczéma ou irritations cutanées". Une étude interne est présentée dans la publicité. D'après le titre, il s'agit d'une étude ouverte (patients et soignants savent ce qui est appliqué) et sponsorisée par la firme : ce type d'étude est source de biais et, selon le PN, il est difficile d'en tirer des conclusions. De plus, elle ne concernait que la dermatite atopique et non l'eczéma. HERPATCH SERUM°: film protecteur à appliquer sur les boutons de fièvre. D'après la publicité il diminuerait la propagation des virus, mais cela ne dispense pas des mesures de prévention habituelles (éviter le grattage et les contacts buccaux directs). IALUNA°: ovules hydratants pour le traitement de la "sécheresse vaginale". LICE EX°: traitement contre les poux à base d'huile de coco. © Pharma-­‐News page 17 Numéro 103, avril 2013 PREVALIN° NASODREN°: extrait lyophilisé de cyclamen pour le traitement des symptômes de la sinusite. REMOGEN° OMEGA: collyre à base d'oméga-­‐3 à utiliser en cas de "dommages de la surface oculaire" et en cas de "sécheresse occulaire". SPOTNER°: stylo contre les taches de vieillesse. Note de l'éditeur Les avis exprimés dans le Pharma-­‐News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP. Résultats du test de lecture du PN 100 – Lauréates : Sans faute ! Branche Véronique Gobet Vyolène Pierre Sandra Fioritto Priscille Bühlmann Amélie Gillabert Aline Moullet Sylviane Mourot Sonia Chenal Maude Frésard Anne-­‐Laure © Pharma-­‐News Pharmacie du Hêtre Pharmacie du Hêtre Pharmacie D’Herborence Sàrl Pharmacie Schneeberger Pharmacie Schneeberger Pharmacie Sun Store Pharmacie Sun Store les Eplatures Pharmacie Sun Store les Eplatures Pharmacie Sun Store les Eplatures Pharmacie Sun Store les Eplatures page 18 Belfaux Belfaux Boudry Tramelan Tramelan Sierre La Chaux-­‐de-­‐Fonds La Chaux-­‐de-­‐Fonds La Chaux-­‐de-­‐Fonds La Chaux-­‐de-­‐Fonds Numéro 103, avril 2013 Une ou deux fautes pardonnées ! Brönnimann Caroline Pharmacie Amavita La Harpe Lausanne Durupt Arnaud Pharmacie Sun Store La Chaux-­‐de-­‐Fonds Bangerter Laura Pharmacie Amavita Beauregard Fribourg Gerber Valérie Pharmacie Schneeberger Tramelan Fatio Marie-­‐Jeanne Pharmacie de Chardonne Chardonne Fournier Nathalie Pharmacie de Nendaz Haute-­‐Nendaz Von Bergen Natacha Pharmacie Sun Store Rolle Sacco Bruno Maria-­‐Angela Pharmacie de Malagnou Genève Tournoux Catherine Pharmacie Sun Store La Chaux-­‐de-­‐Fonds Cucuzza Samanta Pharmacie Sun Store La Chaux-­‐de-­‐Fonds Lambert Marielle Pharmacie Sun Store La Chaux-­‐de-­‐Fonds Di Blasi Ida Pharmacie Sun Store La Chaux-­‐de-­‐Fonds Ney Maude Pharmacie Sun Store Rolle Richoz Vanessa Pharmacie du Hêtre Belfaux Crettenand Lara pharmacieplus de bramois SA Bramois Lambercier Patricia Pharmacie Plus Centrale Fleurier Poyet Tiphaine Pharmacie de Chailly Lausanne Puthod Orlane Pharmacie de Chailly Lausanne Jaha Suzana Pharmacie Amavita Gare Lausanne Dumoulin Deborah Pharmacie Populaire Grosclaude Genève Pereira Isabel Pharmacie Populaire Grosclaude Genève Fonseca Solange Pharmacie de Malagnou Genève Peguiron Nicole Pharmacie de la Vallombreuse Prilly L’heureuse lauréate est ORLANE PUTHOD ! Elle gagne un bon de Frs 100.-­‐ de son choix. Bravo à toutes ! © Pharma-­‐News page 19 Numéro 103, avril 2013 TEST DE LECTURE Pharma-­‐News N° 102 Cochez la ou les réponses correctes, entourez VRAI ou FAUX, respectivement répondez à la question. 1) Cochez les propositions exactes concernant les génériques de l’ARICEPT° : a) Le donépézil se prend généralement une fois le soir pour diminuer les effets indésirables gastriques b) L’ARICEPT° et ses génériques agissent de la même manière que l’AXURA° c) Il existe une interaction entre le donépézil et plusieurs médicaments utilisés dans le traitement de l’incontinence urinaire d) L’ARICEPT° et ses génériques permettent d’améliorer de manière spectaculaire la qualité de vie des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer e) Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase doivent être utilisés avec prudence chez les patients ayant eu des ulcères gastriques 2) Quels sont les avantages d’AERIUS° et ses génériques sur la CLARITINE° et ses génériques? Existe-­‐t-­‐il un antihistaminique qui ne provoque pas de somnolence, chez aucun patient ? 3)
4)
VRAI ou FAUX sur les génériques du NEBILET° et les bêta-­‐bloquants en général ? a) Le nébivolol peut être utilisé dans le traitement de l’hypertension mais aussi de l’insuffisance cardiaque b) Le NEBILET° est un bêta-­‐bloquant cardiosélectif, c’est-­‐à-­‐dire qu’il pourrait être prescrit à une personne asthmatique sans risque c) Les comprimés de NEBILET° et génériques sont tétrasécables car, dans le traitement de l’insuffisance cardiaque, on débute avec une dose de 1,25 mg d) Le nébivolol est un traitement de premier choix de l’insuffisance cardiaque car il permet de diminuer la mortalité dans cette indication e) Les bêta-­‐bloquants lipophiles ont moins d’effets secondaires au niveau du système nerveux central VRAI / FAUX VRAI / FAUX VRAI / FAUX VRAI / FAUX A vous de choisir ! VEREGEN° contient un extrait de feuilles de thé vert de la podophyllotoxine b) VEREGEN° doit être appliqué trois fois par semaine par jour c) VEREGEN° est utilisé dans le traitement des verrues plantaires génitales d) VEREGEN° est obtenable sur ordonnance sans ordonnance e) VEREGEN° possède un effet antibactérien antiviral Un monsieur se présente à la pharmacie avec une ordonnance pour du CIPRALEX° gouttes, qu’il prend depuis plusieurs mois. La posologie indiquée est de vingt gouttes une fois par jour, sans autres précisions. A quoi devez-­‐
vous faire attention ? page 20 VRAI / FAUX © Pharma-­‐News a)
5)
Numéro 103, avril 2013 6)
TROBALT° c’est (plusieurs réponses possibles) : a) Un nouvel antiépileptique avec un mécanisme d’action différent des autres b) Un générique du TOPAMAX° c) Un stabilisateur des membranes des neurones d) Un médicament contre l’épilepsie qui peut être utilisé en monothérapie e) Un antiépileptique présentant moins d’interactions que les autres spécialités de cette classe thérapeutique
7)
En Suisse, la DIANE 35° est ses génériques sont-­‐ils toujours autorisés pour la contraception? Que leur reproche-­‐t-­‐on ? 8)
9)
VRAI ou FAUX sur « médicaments et conduite » ? VRAI / FAUX a) Seuls les médicaments provoquant de la somnolence peuvent représenter un risque au volant b) C’est au personnel de la pharmacie de signaler au client si le médicament délivré peut influencer VRAI / FAUX la conduite c) En aucun cas un patient sous méthadone n’est autorisé à conduire une voiture VRAI / FAUX d) La cocaïne est tolérée au volant car c’est une drogue stimulante qui augmente les réflexes VRAI / FAUX e) Une personne épileptique stabilisée par des médicaments est autorisée à conduire alors qu’elle ne le serait pas sans traitement VRAI / FAUX Parmi les spécialités suivantes, tracez celles qui ne nécessitent pas de mise en garde au niveau de la conduite : BIOFLORIN° -­‐ CETALLERG° -­‐ ANAFRANIL° -­‐ CALCIMAGON D3° -­‐ LEXOTANIL° -­‐ SIRDALUD° -­‐ DAFALGAN° -­‐ MST-­‐CONTINUS° -­‐ NITUX° -­‐ TOSSAMINE PLUS° 10) Quels sont les deux avantages du TAVANIC° et de ses génériques sur les autres quinolones ? − − Si on s’en tient aux recommandations de Swissmedic, un médecin a-­‐t-­‐il raison de prescrire d’emblée la lévofloxacine pour une sinusite aiguë bactérienne ? Test à renvoyer une fois par assistant(e) en pharmacie par fax au N° 022/363.00.85 avant le 25 avril 2013 Nom Prénom Signature Timbre de la pharmacie © Pharma-­‐News page 21 Numéro 103, avril 2013 

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