GROUPE VENDEEN D`ETUDES PREHISTORIQUES - N°7
Transcription
GROUPE VENDEEN D`ETUDES PREHISTORIQUES - N°7
GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORIQUES - N°7, 1982 LES fOUILLES 1981 AUX CHATELIERS DU VIEIL-AUZAY (Vendée) par P. BIROCBEAU & J.M.LARGE 1981 aura été une année captivante à Auzay. Les fouilles, au-delà du programme établ~, ont ,permis de saisir une stratigraphie unique dans le Centre-Ouest, strat1graph1e qui confirme la chronologie de la préhistoire néolithique régionale> (excepté le Néolithique Ancien). Le commentaire que l'on peut faire à la suite de la découverte de cette succession de niveaux âpporte un nouvel éclairage à la compréhension du Néolithique Moyen-Final. Mais revenons à notre programme initial: il s'agissait de dégager les limites du tumulus recouvrant la tombe peu-richardienne découverte en 1980 (1). Parallèlement à cette séquence de fouille, nous voulions définir sur quelles couches archéologiques reposait la tombe. A travers ce programme, on peut entrevoir notre préoccupation première : définir les occupations successives sur l'éperon barré des Chateliers d'Auzay, cette définition, une fois établie, nous permettant de diriger les recherches futures. R A P PEL: La tombe découverte en 1980 es~ une sépulture double sous tumulus, attribuable aux Peu-Richardiens, (milieu du IIIème millénaire avant J.C.) par la présence de deux céramiques entières non brisées dont l'une est bien caractéristique de cette période. Ces deux vases étaient disposés sur et à proximité de la tête des individus inhumés (1). Il s'agit d'une tombe en fosse creusée dans les couches plus anciennes, fosse rectangulaire limitée sur son côté Sud-Est par un muret de pierres sèches de taille respectable fichées verticalement. Au niveau de la tête des squelettes:; une dalle de che~et plate fichée elle-aussi verticalement limitait les petits côtés du rectangle. Cette tombe devait être recouverte par une toiture en bois sur laquelle on avait disposé des pierres plus ou moins plates. . Cet ensemble était inclus dans un tumulus de terre très fine, à deux niveaux, mêlée de vestiges archéologiques en grand nombre. La forme du tumulus. si elle nous paraissait allongée, n'était pas précisée lors de la fouille 1980. LES DONNEES ARCHEOLOGIQUES DE 1981 Le choix d'un secteur-clé pour essayer d'établir quelles populations avaient vécu à cet endroit s'est porté sur deux mètres-carres témoins juste à proximité de la tombe proprement dite et donc dans le tumulus peu-richardien. La succession des niveaux est la suivante (planche 1) : · un niveau X : socle de base calcaire ou sableux selon les endroits • un niveau A : une couche d'occupation chasséenne (fin du tVème, début du IIIème millénaire avant J.C.). • un niveau B : une couche montrant une évolution sur place des populations chasséennes. Cette évolution est originale dans le Centre-Ouest et pourrait poser le problème de l'origine de certains groupes humains d'un Néolithique plus récent. • un niveau CI : une couche de brOlis faisant nettement frontière entre les niveaux B et C. • deux niveaux C2-C3 : ces couches, indifferenciées par endroit. correspondent à une occupation Néolithique Récent (IIIème millénaire avant J.C.). 24. c'est sur la partie superleure de ces niveaux que la tombe a été construite., (niveaux D et E de la coupe) niveaux F (FI, F2 et F3) : ces couches, remaniées, nous indiquent pêle-m~le des occupations plus récentes (du Chalcolithique aux âges historiques). Toutefois, la couche directement en contact avec le tumulus (FI) montre la présence d'un groupe humain qui se constitue dans la deuxième moitié du IIIème millénaire avant J.C. : l'Artenacien. Cette chronologie étant précisée, nous pouvons passer aux commentaires sur l'occupation humaine l partir du Néolithique Moyen l Auzay. L'occupation initiale du site se situe à la charnière du IVème et du IIIème millénaire avant J.C •• Il s'agit de populations dites chasséennes (de Chassey, site éponyme de Saône-et-Loire), civilisation relativement homogène qui occupe à peu près tout le sol français à cette époque (exceptées les régions de l'Est). Il faut tout de même préciser que les particularismes régionaux de ces groupes humains sont bien marqués. L'origine de cette civilisation se situe dans la sphère méditerranéenne, au début du IVème millénaire avant J.C. et serait, selon certains auteurs issue de popùlations cardiales des ~égions Roussillon-Catalogne. La sphère d'influence des ces populations gagnerait très progressivement les régions plus septentrionales dont le Centre-Ouest. A la fin du IVèm~ millénaire, les populations déjà existantes dans cette région étaient des peuples mégalithiques (constructrices de dolmens de type Atlantique) dont l'aire d'occupation allait de la Bretagne à la Vendé~. L'arrivée des idées chasséennes porteuses d'un certain dynamisme culturel a modifié de façon profonde les groupes préexistants. Toutefois ce ne fut pas un "balayage" mais plutôt un amalgame de deux groupes dont les idées culturelles n'allaient pas de pair au départ. Auzay est assez révélateur d'un tel phénomène qui se remarque dès maintenant par l'observation du matériel archéologique: on y distingue un fond culturel déjà présent pendant la deuxième moitié du IVème millénaire avant J.C. dont les éléments essentiels sont une poterie fine, bien finie, avec des bords légèrement éversés et finement ourlés ; la forme de ces vases montre un profil en S allongé ou bien un léger épaulement souvent décoré par des demi-cercles emboités incisés (planche 2). st ajoute à ces éléments un apport nettement méridional qui devient prépond~ rant. On y remarque des vases à grand col (bouteilles), des coupes basses, des vases à fond rond et col droit (pl. 5), des boutons de préhension parfois doubles ou perforés (pl. 3-4 et 6) des vases carénés et des anses bien formées. Ce matériel se distingue aisément des phases plus anciennes connues en Bretagne. Il faut ajouter la petite taille de certaines céramiques accompagnées de boutons bifides ou bien d'anses minuscules. Ce matériel céramique, facteur indispensable de différenciation des cultures néolithiques n'est pas le seul élément intéressant notre regard. L'archéologie néolithique actuelle s'intéresse de façon pertinente à l'ethnologie des populations de ces époques. Cette ethnologie n'est décelable qu'à partir de structures fines et bien conservées, par exemple les dolmens ou les restes d'habitation. Or, notre fouille se situe à l'endroit même d'une implantation chasséenne. C'est ainsi que, dans le niveau A, on a pu mettre en évidence foyers et déchets de cuisine qui nous indiquent un habitat. Les fouilles 1981 se sont arrêtées à cette constatation car les niveaux supérieurs dont nous parlerons plus loin n'ont encore été dégagés que dans une coupe-témoin, donc sur une face extrêmement limitée, mais dans un procpe avenir, nous pensons mieux saisir, par une fouille stratigraphique minutieuse de cet habitat, les relations qui devaient exister entre les individus. Nous serons à même de parler d'ethnologie. 25. Le niveau imm~diatement sup~rieur, au contact avec la zone chass~enne, (niveau B) nous indique une ~volution sur place du Chàss~en local. Cette ~volution est, pour l'instant, unique dans notre r~gion (il faut tout de même pr~ciser qu'Auzay est le seul habitat reconnu des populations chass~ennes dans le Centre-Ouest). L'apparition de d~cors c~ramiques nouveaux (cordons horizontaux et verticaux), la d~g~n~rescence de la cêramique commune, la densité nettement moins importante des vestiges peuvent indiquer une paup~risation des populations en place. Cette remarque sera, bien sûr, à préciser d'une manière plus fine dans l'avenir (pl. 8 et 9). Pendant le troisième mill~naire avant J.C., d'autres populations se sont install~es d'une manière assez radicale si l'on interprête la couche Cl, couche de brûlis ~tendue, comme l'incendie d'un habitat pr~existant. Ce sont ces populations, Peu-Richardiennes (pl. 10) qui sont les constructeurs de la tombe sous tumulus d~couverte l'an pass~ (cf. supra) et vraisemblablement celle-ci estelle finale dans cette ère culturelle. Les limites du tumulus ont ~t~ un axe essentiel dans notre recherche 1981. Elles ont ~t~ mises en ~vidence par endroit et montrent l'absence de parement ext~rieur bien que la partie Sud ait reçu un revêtement pierreux. Cette tombe n'est donc pas m~galithique au sens strict. Le tumulus a ~t~ construit sur un "tlot" artificiel limit~ au Sud par une grande fosse (mise en ~vidence quelques ann~es auparavant) et au Nord par une d~pression subsistante après les occupations A, B et C. Les occupations post~rieures (à partir de la deuxième moiti~ du IIIème mill~ naire avant J.C.) sont difficiles à individualiser en raison du ravinement existant après le d~pôt des niveaux d'occupation néolithiques. Les Artenaciens sont les occupantsdu site après les Peu-Richardiens. En effet, c'est au contact même de la surface extérieure du tumulus que les vestiges de ce groupe humain se rencontrent (anses nasiformes, flèches pédoncul~es, fragments de poignards en silex ••• , pl. Il). Ensuite, on distingue diverses occupations plus éph~mères qui se situent au Bronze Moyen et Final, à l'Age du Fer et aux epoques historiques. Ainsi les Chateliers d'Auzay se presentent-ils comme un site-clé pour la compréhension du Neolithique Moyen et Récent ainsi que du Chalcolithique dans le Centre-Ouest de la France. La stratigraphie mise aujour, si elle reste encore lacunaire, a le mérite d'exister et de montrer la varieté de l'implantation humaine sur le site ••• (1) P. BIROCHEAU et J.M. LARGE : Decouverte d'une tombe sous tumulus aux Chateliers du Vieil-Auzay (Vend~e). bull. G.V.E.P. N°S, pp. 34-41, 1981. i 1 ! i j ! i !. I-=te sol actuel : .---« ! 193 F 1--- 355 390 SECTION D-EI.S COUPE N-S Planche 1 27. \1 . 1 :::~~:;~?:~~~~?~(1;:~]~tr:t~· 1'.... .... '. ,..:...... l. . 1 • !.. r ., \ o 5em '.' ~\. \ Planche 2 Céramiques du niveau A ?F\ . \ ·••. ,, .'.. " · · • ...•. , ,• 1 .' . , .t.,..-"'" "'---___ •... 1., ......... ___•• _ ................... ;.....t.,' _••• " ...... __ • .Ji...... _•• _~_._-_·_·_·······~~- ·1 2 4 o 6 Sem Planche 3 : Céramiques du niveau A 29, --- . ... ..'. ." , .. " , :, . #.: , ' .. • 1 " t ." . ' ' . . :. ' .. # •• " ., , . . .. " 1 " .... ,: . ... ~ .. . ... , " .............. -'- -. ......... o .............. '-. ., .•...", \. \. 1 --..",~~-- Planche 4 Céramiques du niveau A 30. . '~''1 '. .. '" "'. : .. '. :.... :...:::', ',:';. ' :,:',.: ': ~.~.. :;~~y':":,:.:,: .'.~ ;·::;:·é:·:~ . . ' ' ...,;' •~.~ "': :..... '" ..... " ...• ••" ". ... '. " ",' .: .: •...... :.. ........ : . .;" " • . .. .. .. " " •• f . ' .. , .~ ~ . ," . . , .. .... " ,. , • 4" ".... .... . , . ,..:. ~ • ". o ',: :: . ... . '::'" . 1·- '.' :.~, ~·l,:.~.'\.·._~. c. " , " " l' '. '., . ., '. Sem , ; ........ . , . " " • f'" : , , • :.... ....... .. ".... ..... '. , , ..... . .. ,," " . ".. "" .. .," ".... 'lo. '"" . " . *" .... '.: .. "," "".. .. . ,,"" .. ,," :. .. ' 0" ":" .,' , .. 'l. , ... t :~: '1 .. ,": "}:I:i. ", ' .,' " .. •••• * .. ., : ,," '" :\. ''' .... 0"" .. :. ""'" 1"" .~., ~!'. ·.·1,.. "#~ ::~. :':. "!~ ;.~:? :',:; :.;~..?~:~;~:ti1:~g~? ,::0 •• .,r., 1 " .. y.1'•••~... .. :'" • .".' .-:.•• :;. ..... "/')"' ..;. -;-:"':- ." .......!*... Y !"':';j". *::-:' ' ••• ". ::\.: .:. l.:::r.:i·~:-;~\~~~;::·.::.r~t::':t~·{'';;' .• ...,·.l ...• • "''''''';:''':<11''' ..... ;•••J '. 1 .~.:t!l ~:;,~,=::-:::•.•.:~:~!~"'" !~":r.: '.;- :.::=:....--;:;;;:---j~:~~;~J;~~t~J~(:;:~~~:i·. ' ?":.;:"; :-.i~" .8" •• ~ .. -~ .. -: ~:';" .. :,. . 4 ..... :::·~;·:.;:5.,t . 3 Planche 5 céramiques du niveau A 31. Planche 6 Céramiques du ni~eau A 17, • 1 • \lJ " 5 2 i .... • 7 f8 O_·____-===~____====4an 1L ..... , ~ ._. èS; ;;;--Ff :- :; ~ ~§ . a· 15 Planche 7 : Outillage lithique, os travaillés et 33. éléments de parure du niveau A 1 - 6 O ____-=~=__ _ _ _==~~m 9 Planche 8 Céramiques du niveau B 34. 7.lfffi • .. ... ~ ' ~ . . .'. ," '~.. '1; • i·· •• ~: ". : • '.. , .'" .. .0. ° 0 ' 3 ..... • 4 t 5 16 ......... ~ f7 0 Sem C_D '5_'6 Planche 10 Céramiques et outillage lithique des niveaux 35. c2-C3 • 1 - ") O ____-===~____c====_____5cm ~ 9 fa Planche 9 Outillage lithique et os travaillé du niveau B ~R. Q 10 11 .. Planche 11 : Outillage lithique et céramiques des niveaux .'17 supérieurs