En long, en large, en petit et en gros
Transcription
En long, en large, en petit et en gros
En long, en large, en petit et en gros MICHEL BÉLAIR Édition du mardi 27 octobre 2009 Mots clés : Théâtre, Culture, Québec (province) Il y a des moments comme ça où le besoin se fait sentir de tracer une ligne, de marquer le territoire pour mieux l'habiter par la suite. Dans ce territoire qui nous réunit ici tous les mardis, cela se fait de toutes les façons du monde, on le sait, mais d'abord et avant tout par l'investissement dans un texte, un rôle, une mise en scène, ou dans toute forme d'élargissement, travestissement de la vraie vie s'incarnant sur une scène. Toutes. Bien sûr, il y a beaucoup d'autres façons de se pencher sur ledit fascinant territoire qui nous occupe. Les universitaires, par exemple, ont développé plusieurs types d'instruments précis et prennent beaucoup de plaisir à découper la réalité théâtrale en tout petits morceaux qu'ils déshabillent un à un pour mieux «leur faire donner tout ce qu'ils ont à donner» comme on dit encore dans les cuisines de certains petits villages appalachiens... Depuis longtemps, avec tous les allumeurs de réverbères qui se sont succédé sur les scènes du monde, ils participent eux aussi bien concrètement à la construction du même édifice qu'est le théâtre avec un grand T. Le même mais tout nu. Dans ses décors, ses structures, ses fondements les plus intimes... Bon. Tout cela pour dire qu'il se tient ces jours-ci un colloque universitaire dont on souhaiterait pouvoir suivre la moindre des activités. Cela porte un nom qui sonne savant, bien sûr puisque c'en sont: L'Amérique francophone pièce sur pièce: dramaturgies des espaces francophones en Amérique depuis 1968. Comme ça! C'est le responsable du colloque, ce cher Gilbert David avec lequel j'avoue avoir partagé longtemps les mêmes bancs d'école, qui nous en faisait connaître le passionnant contenu. Pendant trois jours, à compter de demain soir, le colloque réunira des experts et des auteurs des principales communautés francophones: des Québécois, des Canadiens, des Antillais et des Américains, mais aussi des Français et des Belges. Le public est invité au spectacle d'ouverture, à 19h à l'auditorium de la Grande Bibliothèque, alors que le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) présentera une mise en lecture de textes d'auteurs «qui ont jalonné le développement de la dramaturgie francophone au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans les Antilles». Le collage est l'oeuvre de notre jeune collègue Alexandre Cadieux et c'est Philippe Lambert qui se chargera de donner forme, avec une dizaine de comédiens, à ce Voix du théâtre francophone en Amérique depuis 1968. Puis, dès le jeudi matin, le dramaturge José Pliya, basé maintenant en Guadeloupe, donnera une conférence attendue (Faire du théâtre en français en continent dominé) et une série de tables de discussion et de panels décortiqueront ce qui s'est affirmé sur nos scènes un peu partout depuis 1968, date mémorable à plusieurs titres. On parlera là du théâtre de Wajdi Mouawad et Carole Fréchette tout autant que de Michel et Larry Tremblay, Daniel Danis ou Marco Micone, du théâtre créole guyanais, francoontarien ou destiné aux jeunes publics. Il y aura des spectacles, des lancements, des rencontres. On traitera de choses fascinantes: Gilbert David, par exemple, parlera de «La figure de l'énergumène dans le théâtre québécois contemporain: Robert Gravel, Alexis Martin et Olivier Choinière en dramaturges combattants». L'ancien confrère Hervé Guay (maintenant de l'Université de Montréal) abordera lui l'«Immixtion de la réalité et autofiction dans La Noirceur de Marie Brassard». Et bien d'autres choses passionnantes, évidemment, qu'il serait trop long d'énumérer ici... Rappelons que le colloque est organisé par le Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (site Université de Montréal) et par Bibliothèque et Archives nationales du Québec en collaboration avec la Société québécoise d'études théâtrales. Tout cela se passe, du 28 au 31 octobre, à la Grande Bibliothèque.