- BIOEFFECT

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LE FIGARO
BEAUTÉ
TENDANCE C
’
ÉMILIE VEYRETOUT
[email protected]
ENVOYÉE SPÉCIALE EN ISLANDE
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aime retrouver le goût d’une bonne
tomate, même si elle est moche et irrégulière », souligne Aurélie Guyoux,
directrice scientifique d’État Pur.
À l’instar de la parfumerie de niche
il y a une dizaine d’années, cette mouvance intéresse de près les grands
groupes. Le label britannique Ren,
« propre » en suédois, compte parmi
les pionniers du genre. Dans le monde
entier, ses tubes pointus - la toute
nouvelle Satin Perfection (2) constitue
la première « BB cream » obtenue par
biotechnologie - sont des références.
À Paris, on les trouve au Bon Marché,
entre les stands Kanebo et La Prairie.
Dans la cour des grands, donc. « Steve
Jobs disait que s’il avait fait une étude
de marché, il n’aurait jamais inventé
l’iPhone, sourit Cyrille Telinge. La cosmétique “clean”, c’est pareil. » ■
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La serre Bioeffect vue de nuit (à gauche),
à quelques kilomètres de Reykjavik, où est cultivée
la graine d’orge sur 2 000 m2 (ci-dessus). BIOEFFECT
Du make-up sans gluten
« En Californie, le “clean” n’est plus
une tendance, c’est un mode de vie,
explique Ingrid Jackel, CEO et
présidente de Physicians Formula.
Notre “no no list”, qui répertorie
tous les ingrédients potentiellement
allergisants, est remise à jour
au minimum une fois par an.
La dernière obsession des
Américaines, les produits gluten free,
nous vient de l’agroalimentaire.
La paranoïa grandissante incite
les marques à avancer ce genre
de revendications. Ainsi, tous nos
soins pour le visage mais aussi notre
maquillage, dont le Gloss Plump
Potion (1), ont été formulés sans
gluten en raison des allergies. »
Conçu en 1937 à Los Angeles par
un allergologue, Physicians Formula
a appartenu au groupe Pierre Fabre
dans les années 1990. Ses produits
sont désormais disponibles en France,
en exclusivité chez Parashop.
É. V.
PYRAMIDE PRÉSENTE
CE FILM A ÉTÉ ÉLU MEILLEUR FILM D’AMÉRIQUE LATINE EN 2013
‶ Une histoire de militantisme, de clandestinité et d’amour. ″
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LE FIGARO
TÉLÉRAMA
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LE FIGAROSCOPE
Augmenter la qualité,
réduire la quantité
De la même façon État Pur, petit labo
français fondé il y a deux ans par le
biologiste Jean-Noël Thorel (Esthederm, Bioderma), a établi une charte
stricte : parmi la dizaine de milliers
d’actifs de la cosmétique traditionnelle, seulement 300, les plus purs,
doivent servir à élaborer toutes les
crèmes. C’est le cas des nouveaux
Solaires Biomimétiques (5), dans lesquels les écrans minéraux restent à la
surface de la peau sans film blanc
grâce à un système d’enrobage par
corps gras. « Nous revenons finalement
à des formules simples - protéger, hydrater, purifier… Aujourd’hui, les gens
sont tellement habitués au toucher
siliconé d’un produit de beauté que,
lorsqu’on leur propose une texture qui
n’en contient pas, ils sont souvent
déçus. Le courant “clean” correspond à
un désir de consommer différemment,
mieux. Comme dans l’alimentaire, on
MEMO DANS LA PEAU
CANNES 2012
ENFANCE
ACTUELLEMENT CLANDESTINE
AU CINEMA
un film de Benjamín Ávila
Clara Molloy l’a baptisée « Cuirs nomades »,
en hommage à la peau des bagages, de la sellerie
et de la ganterie. La nouvelle collection de fragrance signée
Memo s’inspire donc d’une famille à part dans la
parfumerie, d’une matière qui tutoie souvent l’animalité,
d’un accord qui laisse libre cours aux interprétations.
Pour preuve, le premier opus (composé par le nez Alienor
Massenet), Irish Leather, est un clin d’œil à la patrie
d’origine du cofondateur du label, John Molloy.
Le paysage pictural de l’Irlande, sa chlorophylle à haute
dose et son terroir à forte personnalité ont nourri ce sillage
cuiré, traversé de notes aromatiques de baie de genévrier
et de celles infiniment vertes de l’absolu de maté.
160 € les 75 ml, au Bon Marché, Paris VIIe,
et sur www.memofragrances.com.
+
Zoom
est sur la péninsule de
Reykjanes, à quelques kilomètres de
Reykjavik, que le label islandais
Bioeffect a planté, en 2008, sa Green
Factory. Cette serre high-tech de
2 000 m2 se dresse dans un no man’s
land de roche noire comme une oasis
en plein désert. Sous nos pieds, la lave
crépite, l’eau bout et les plaques tectoniques bougent comme nulle part
ailleurs dans le monde - ici, précisément, les continents américains et
européens se séparent. « Nous
n’aurions jamais pu construire ce complexe ailleurs. L’énergie géothermique
nous permet de maintenir l’espace
constamment éclairé, chauffé entre
16° C et 22° C, d’automatiser l’ouverture
des fenêtres selon la position du vent et
de contrôler par ordinateur la nutrition
et l’arrosage (en eau de source, NDLR)
des plantes », raconte le docteur Björn
Làrus Örvar, président du laboratoire
pharmaceutique derrière Bioeffect.
L’objet de toutes ces attentions n’est
autre qu’une petite graine d’orge.
Cette céréale sait effectivement produire des protéines conformes à celles
de la peau, qui en stimulent les récepteurs afin d’accélérer le renouvellement cellulaire et d’augmenter la production d’élastine et de collagène.
Avec seulement 9 ingrédients dont
cette puissante molécule (contre 50 à
70 actifs dans un produit pour le visage traditionnel), l’EGF Sérum (3) de
Bioeffect offre des résultats spectaculaires. En deux ans d’existence, il a
déjà conquis 30 % des Islandaises
(dont la chanteuse Björk et Dorrit
Moussaieff, la First Lady). Récemment, le président de l’Académie
américaine de dermatologie lui attribuait dans une étude « les meilleurs effets, pour un traitement local, en trente
ans de carrière ».
À plus de 2 000 kilomètres de la
« terre de glace », rue Saint-Honoré à
Paris, le même flacon « made in
Iceland » est numéro un des ventes
beauté chez Colette. 70 % des femmes
à qui l’on a offert une dose d’essai reviennent l’acheter. À Reykjavik, bien
que l’on s’en félicite, on s’étonne presque du succès phénoménal de cette
gamme courte - un sérum, une cure
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intensive, une crème de jour et un gel
corps. Sans plan marketing mais sur
un vrai terrain scientifique, Bioeffect
prospère exactement dans la tendance
alternative des cosmétiques « clean »
qui, ces derniers temps, challenge
l’industrie de la beauté.
L’humeur ne serait donc plus aux
marques mignonnettes, aux images
évanescentes, aux baumes qui sentent
les fleurs. On réclame quelque chose
de sûr, d’efficace, de transparent - en
témoigne le boom des soins en officine. « Dans les années 2000, avec le
scandale des parabènes, amplifié par
Internet, les gens sont devenus méfiants. Désormais, ils veulent savoir
exactement ce qu’ils appliquent sur leur
peau. D’autant que 60 % des femmes
déclarent leur épiderme sensible, c’est
énorme ! » analyse Cyrille Telinge,
créateur de Novexpert, la marque
française dont les « cosméceutiques »
respectent un principe de précaution
poussé pour la santé (rien de potentiellement irritant) et pour l’environnement (air, faune et flore compris).
« Chez nous, tous les produits sont biodégradables, fabriqués selon des règles
pharmaceutiques. La cliente Novexpert ? Elle mange bio mais est adepte
des injections d’acide hyaluronique !
Nos formules, et notamment la ligne
Anti-âge Expert (4), rassurent les hyperinquiètes et convainquent les ultraexpertes. »
mercredi 15 mai 2013