Célibat - pour mon site (TEXTE)

Transcription

Célibat - pour mon site (TEXTE)
Au sujet du célibat des prêtres
par Bertrand Ouellet
août 2011
La question suivante m’est parvenue récemment dans un bref courriel: « J'aimerais savoir pourquoi les prêtres n'ont pas le droit de se marier ? » Voici la réponse que j’ai envoyée...
Le 9 août 2011
Monsieur,
L’Église catholique romaine choisit comme prêtres des hommes qui se consacrent à Dieu et à
leur ministère dans le célibat et la chasteté. C’est une pratique qui remonte à plusieurs siècles et
qui est constamment réaffirmée.
Il s’agit bien, il faut le souligner, du célibat consacré, vécu dans la chasteté, et non pas d’un célibat qui serait refus de l’engagement et qui permettrait le concubinage ou les relations multiples,
ce qui serait évidemment incompatible avec la vocation du prêtre.
Ce choix du célibat consacré et de la chasteté peut paraître incompréhensible ou impossible.
Pourquoi une personne ferait-elle ce choix, aujourd’hui ? Et pourquoi l’Église continue-t-elle de
choisir comme prêtres des hommes qui prennent cet engagement ?
Pour aller au fond des choses, il faut se demander « qu’est-ce qu’un prêtre ? ».
Être prêtre n’est pas une profession. C’est une vocation, c’est-à-dire un appel de Dieu. Personne
ne peut décider soi-même de devenir prêtre: il faut y être appelé par l’Église, en la personne d’un
évêque. Bien sûr, quelqu’un peut se sentir appelé à ce ministère, mais il appartiendra à l’Église
de faire le discernement nécessaire — ce qui prendra généralement plusieurs années — pour authentifier cet appel. Le candidat aura une longue période de formation, incluant des études universitaires, mais il faut comprendre qu’on ne devient pas prêtre en obtenant un diplôme. Quelqu’un peut être très savant en sciences religieuses, posséder plusieurs diplômes en théologie, en
études bibliques ou en pastorale, mais cela ne fera jamais de lui un prêtre. C’est seulement par le
sacrement de l’Ordre — l’ordination — qu’un homme devient un prêtre: au cours d’une célébration solennelle, l’évêque prie Dieu en imposant les mains sur le candidat et en demandant à
l’Esprit-Saint de faire de celui-ci un prêtre.
Alors, cela nous ramène à la question fondamentale: qu’est-ce qu’un prêtre ? Je laisse JeanPaul II répondre:
« Le prêtre trouve la pleine vérité de son identité dans le fait d’être une participation spécifique et une continuation du Christ lui-même... Il est une image
vivante et transparente du Christ prêtre. »
(dans: Pasteurs selon mon coeur (1992), paragraphe 12.
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Pour l’Église, l’engagement pour la vie dans le célibat et la chasteté est une façon d’être plus
spécialement à l’image du Christ, dans le don de soi à Dieu et à l’Église. De fait, il y a bien des
gens qui font ce choix sans jamais devenir prêtres: des religieux et des religieuses, des moines et
des moniales, des laïcs hommes et femmes membres d’instituts séculiers, ainsi que des personnes qui font des voeux publics ou même privés mais reconnus par l’Église.
Je connais quelqu’un qui est devenu prêtre à 32 ans, mais qui avait fait le voeu de chasteté dès
l’âge de 19 ans, comme membre laïque d’un institut séculier, alors qu’il ne pensait jamais devenir prêtre. Personne ne l’a obligé à faire ce voeu. Il avait, pour reprendre les mots de votre question, « le droit de se marier », mais il en a décidé autrement en faisant le voeu de chasteté dans le
célibat pour la vie.
Voici comment le célibat des prêtres est expliqué dans le YOUCAT, le tout nouveau catéchisme
pour les jeunes adultes qui sera distribué aux centaines de milliers de jeunes de 18-35 ans du
monde entier qui participeront la semaine prochaine à Madrid avec le Pape à la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ):
« Question: Pourquoi l’Église demande-t-elle que les prêtres et les évêques vivent en célibataires ?
Réponse: Jésus vécut en célibataire et voulut ainsi exprimer son amour sans
partage pour Dieu, le Père. Adopter le même mode de vie que Jésus et vivre
dans la chasteté du célibat “en vue du Royaume des cieux” (Mt 19,12) est depuis l’époque de Jésus un signe d’amour, du don sans partage au Seigneur et
de la totale disponibilité au service. L’Église catholique romaine réclame
cette pratique de ses évêques et de ses prêtres; les églises orientales, uniquement de leurs évêques.
Le célibat, selon Benoît XVI, ne peut pas signifier “que l’on reste vide en
amour, au contraire, il doit signifier que l’on se laisse saisir par la passion de
Dieu”. Un prêtre, par son célibat, doit montrer que sa vie est féconde parce
qu’il rend présent la paternité de Dieu et de Jésus. Le pape nous dit encore:
“Le Christ a besoin de prêtres mûrs et courageux, capables d’exercer une véritable paternité spirituelle.”»
— YOUCAT (édition en français, 2011), Question 258, page 147.
( Le YOUCAT est distribué au Québec par Novalis)
J’attire votre attention, dans ce passage du YOUCAT, sur la mention du fait que les prêtres des
églises catholiques orientales peuvent être mariés. Oui, dans les Églises catholiques orientales —
par exemple, chez les catholiques grecs-melkites ou les catholiques maronites —, il est courant
d’ordonner prêtres des hommes mariés. Ce sont de vrais prêtres catholiques, en pleine communion avec le Pape.
En outre, il y a des prêtres mariés même dans l’Église catholique romaine — qui est l’Église dont
sont membres la plupart des catholiques au Québec. C’est le cas, par exemple, des ministres ordonnés anglicans qui se convertissent au catholicisme: ils peuvent ensuite être ordonnés comme
prêtres catholiques même s’ils sont mariés. Cela s’est produit encore récemment, depuis que le
pape Benoît XVI a facilité le passage à l’Église catholique des Anglicans qui le désirent.
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Il n’y a donc pas d’opposition de principe ou d’empêchement absolu à ce que des prêtres catholiques soient mariés et il serait même possible que, dans l’avenir, l’Église catholique romaine
adopte une autre pratique que celle qui est en vigueur actuellement. Mais chaque fois que la
question a été soulevée dans les grandes rencontres internationales du Pape avec des évêques (les
Synodes), la pratique actuelle a été jugée de grande valeur pour la vie de l’Église et a été maintenue. Tant Jean-Paul II que Benoît XVI l’ont confirmé dans des documents officiels.
La reconnaissance par l’Église de la valeur du célibat consacré n’est en aucune façon un jugement négatif sur le mariage. Dès la première page de la Bible, le mariage apparaît comme la première vocation, par laquelle l’homme et la femme se révèlent, dans leur amour fidèle et fécond,
comme l’image et la ressemblance de Dieu. Permettez-moi de citer une autre fois le YOUCAT:
« Cette vocation [ au célibat et à la chasteté ] pour un chrétien n’équivaut jamais à un mépris du mariage ou de la sexualité. Le célibat volontaire ne peut
se vivre que dans l’amour et par amour, comme signe fort que Dieu est plus
important que tout. Le célibataire renonce à la relation sexuelle, mais pas à
l’amour; d’un coeur passionné, il va à la rencontre du Christ, l’époux qui
vient (Mt 25,6). »
— YOUCAT, extrait de la question 265, page 152.
Qu’arrive-t-il si un prêtre se rend compte — trop tard — qu’il ne peut plus ou ne veut plus vivre
son engagement au célibat et à la chasteté ? À regret, l’Église pourra le relever de son engagement: c’est ce qu’on appelle la « laïcisation ». Le prêtre ainsi laïcisé peut se marier mais ne peut
plus exercer le ministère de prêtre, sauf dans des circonstances absolument exceptionnelles
comme si quelqu’un en danger de mort imminente demande à se confesser.
Voilà. Ma réponse est sans doute pas mal plus longue que ce à quoi vous vous attendiez, mais
c’est un sujet complexe. J’espère que ces informations vous seront utiles et répondent adéquatement à votre interrogation.
Avec mes plus cordiales salutations,
Bertrand Ouellet
www.BertrandOuellet.com