les acTes e la MArionnEttE

Transcription

les acTes e la MArionnEttE
LES Assises régionales
de la
Marionnette
SE SONT DEROULéES DANS LE CADRE DU
FESTIVAL MONDIAL
DES THéâTRES DE MARIONNETTE
à charleville-mézières le 23/09/2013
LES ACTES
ÉDITORIAL
Il y a un an se tenaient les Assises régionales de la marionnette. À l’occasion de cette
concertation, de ce dialogue, autour d’une expression artistique qui marque l’identité culturelle,
la vie sociale et l’image de la Champagne-Ardenne, une centaine de personnes se sont
réunies à Charleville - Mézières. Elles venaient de toute la Champagne-Ardenne mais aussi
d’autres territoires. Davantage encore que les meilleurs discours, la diversité de leurs métiers
et des structures qu’elles représentaient, est venue témoigner de l’intérêt que suscite le théâtre
de marionnettes et d’objet dans notre région.
Ces personnes, professionnelles ou bénévoles, fondent une partie de la vie culturelle de notre
région, elles contribuent à nous ouvrir des portes vers nous-mêmes ou vers l’ailleurs, elles
stimulent notre capacité à imaginer et rêver. Il était donc logique que leur parole constitue le cœur
de cette journée.
Comme vous le verrez à la lecture des synthèses, ici des pistes d’action ont été confirmées,
là des idées nouvelles ont émergé. Surtout, des rencontres se sont faites : acteurs culturels,
artistiques, territoriaux, élus, médiateurs, responsables de structures, se sont ici reconnus autour
d’un intérêt partagé.
Il appartiendra à tous de poursuivre le travail initié ici. Le monde évolue, le paysage artistique
et culturel continue à se transformer. Des propositions d’actions nouvelles pourront intervenir dans
les mois à venir pour que, généralisant la vocation d’ouverture du Festival Mondial des Théâtres
de Marionnette et de l’Esnam, la Champagne-Ardenne devienne plus que jamais terre d’accueil
des marionnettistes, que se structure une filière marionnettique, artistique, économique, sociale
en région, enfin qu’une part toujours plus grande de nos concitoyens se familiarise avec cet art si
étonnant et extraordinaire.
Jean-Paul Bachy
Jean-Claude Daniel
Président du Conseil régional
de Champagne-Ardenne
Président de l’Office régional
de Champagne-Ardenne
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sommaire
La rédaction des actes des « Assises régionales de la marionnette »
a été assurée par l’Office régional culturel de ChampagneArdenne (Orcca) : Bruno Désert, chargé de mission,
Adèle Lhoutellier, chargée de projets.
COMPTE-RENDU DES ASSISES régionales de la marionnette
Remerciements aux animateurs et aux rapporteurs des ateliers
pour la relecture des textes.
Ouverture
Texte de Madame Claudine Ledoux, Maire de Charleville-Mézières
Madame Nathalie Dahm, vice-présidente déléguée à la vie culturelle et au patrimoine au Conseil
régional de Champagne-Ardenne
Monsieur Pierre N’Gahane, Préfet des Ardennes
Les Assises régionales de la marionnette ont été organisées
conjointement par l’Orcca, avec le soutien de la Région
Champagne-Ardenne, et la Drac Champagne-Ardenne avec
Dienaba Dia, conseillère théâtre.
Remerciements au Festival Mondial des Théâtres de Marionnette
de Charleville-Mézières, son équipe technique et ses bénévoles,
au Chapiteau Nomad pour l’espace d’accueil, à la Ville de
Charleville-Mézières et à la Communauté d’Agglomération de
Charleville-Mézières Cœur d’Ardennes (Médiathèque Voyelle)
pour la mise à disposition des locaux, à l’Echo des Planches et à
l’AREL pour l’enregistrement des débats.
Communication et coordination évènementielle : Pôle Information &
Communication Orcca
(c) Visuel de couverture : www.benoitpelletier-diabolus.fr
(c) Photos : Bruno Gouhoury - www.bruno-gouhoury.com
éditorial
Présentation de la problématique générale et des ateliers
Par Cyrille Planson, rédacteur en chef de La Scène
Restitution des ateliers (extraits)
•A
telier 1 : Quelle place pour la marionnette dans le développement culturel et économique des
territoires ? Rapport aux publics de proximité.
•A
telier 2 : Comment développer les convergences ? Outils et moyens, repérages des talents,
accompagnement et mutualisations.
•A
telier 3 : Formation, insertion, emploi, recherche : quels parcours pour la filière marionnette en
Champagne-Ardenne ?
• Atelier 4 : Favoriser et accompagner le croisement des esthétiques et les innovations
Synthèse
Par Jean-Claude Daniel, Président de l’Orcca
Annexe
• Liste des participants aux assises et contacts
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Discours de Madame Claudine Ledoux,
Discours de Madame Nathalie Dahm,
Maire de Charleville-Mézières
vice-présidente déléguée à la vie culturelle
et au patrimoine au Conseil régional de Champagne-Ardenne
Monsieur le Préfet de Région,
Madame la Vice-présidente chargée des affaires
culturelles du Conseil Régional de ChampagneArdenne,
Mesdames, Messieurs,
Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à
Charleville-Mézières, pour les assises de la marionnette
organisées par la DRAC Champagne-Ardenne,
le Conseil Régional et l’Orcca, que je remercie
d’ailleurs pour cette belle initiative qui vient vraiment
à point nommé, au moment où Charleville-Mézières
bat au rythme du Festival Mondial des Théâtres de
Marionnettes.
Depuis plus de cinquante ans maintenant, notre ville et
ses habitants ont tissé des liens très forts avec les arts
de la marionnette. Le Festival en est la pierre angulaire,
il a suscité une telle ferveur que la passion de quelquesuns s’est propagée au point de faire de CharlevilleMézières la capitale mondiale des marionnettes.
Au fil du temps, notre ville a enfanté ou accueilli de
nombreuses structures et associations : l’Institut
International de la Marionnette (IIM), l’Ecole Nationale
Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM),
l’Union Internationale des Marionnettistes (UNIMA) et
plus récemment l’Association internationale des villes
amies de la marionnette (AVIAMA). Nous disposons
également désormais d’une salle d’exposition
spécifique au sein du Musée de l’Ardenne, prémisses
d’un futur Musée de la Marionnette.
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Pour une ville de 60 000 habitants, c’est une situation
assez exceptionnelle.
Mais, évidemment, nous ne pouvons pas tout faire
tous seuls, nous avons besoin de partenaires fiables
et volontaristes comme le sont, dans leurs champs de
compétences, la DRAC, le Conseil Régional et l’Orcca.
Je les en remercie très sincèrement, d’autant qu’ils
nous accompagnent aussi dans beaucoup d’autres
domaines : musiques actuelles, patrimoine, Rimbaud
et la poésie notamment.
Nous avons évidemment aussi besoin des
professionnels, qu’il nous faut accompagner au mieux,
en écoutant leurs besoins, leurs attentes, leurs projets.
Il est donc de notre intérêt à tous d’avoir, comme
aujourd’hui, des espaces de rencontres, d’écoute,
de partage, de débats. Je ne serai malheureusement
pas en mesure de participer à vos travaux mais notre
collectivité sera représentée, en particulier par Julien
Sauvage, Adjoint au Maire chargé du développement
culturel, et de Caroline Cueille, Directrice des Affaires
Culturelles.
Je compte sur eux pour me faire une restitution de vos
travaux, mais aussi pour répondre aux questions que
vous pourriez avoir concernant la politique menée par
notre collectivité.
Merci pour votre attention et bonne journée à tous.
Monsieur le Préfet
Madame le Maire de Charleville-Mézières
Monsieur le Président de l’Orcca
Monsieur le Président des Petits comédiens de chiffons
Mesdames et Messieurs,
En plus de cinquante ans, par la volonté concertée des
acteurs et d’abord de Jacques Felix et des institutions
publiques se sont concentrées à Charleville-Mézières
beaucoup d’institutions : le Festival Mondial des
Théâtres de Marionnettes, l’institut international,
l’Unima, l’Aviama qui représentent une masse critique
de moyens qui font de cette ville un lieu important de
l’art marionnetique en France et à l’international.
Événementiel, expositions, recherche, formation
initiale, formation continue, réseaux internationaux, de
professionnels ou d’élus, nous avons toute la panoplie
ou presque !
Au nom de Monsieur Jean-Paul Bachy, je suis
particulièrement heureuse de m’adresser à vous dans
le cadre de ces premières assises régionales de la
marionnette en Champagne-Ardenne.
Les arts de la marionnette occupent une place
centrale dans la politique culturelle de notre ville,
mais aussi dans la stratégie de développement de
Charleville-Mézières puisqu’ils nous permettent de
rayonner, d’accroître notre notoriété, bien au-delà
de nos frontières, et qu’ils génèrent des retombées
économiques importantes – je pense surtout au Festival
(3,2 M € par édition – chiffres 2009).
Pour les politiques publiques, ces assises sont à la fois
un point d’aboutissement et un point de départ :
Ces assises se déroulent à la veille du lancement
des travaux d’extension de l’Institut de la marionnette
dans le magasin Troussel, marquant par un geste
architectural, la vocation irréversible de CharlevilleMézières d’accueillir cet institut unique au monde.
Un point d’aboutissement du lent processus
d’accompagnement du développement, par le
Ministère de la culture et les collectivités territoriales,
de la marionnette à Charleville-Mézières et dans les
Ardennes.
Elles se déroulent également lors d’un 17ème festival
désormais bienalisé et dont la direction en la personne
d’Anne Françoise Cabanis est professionnalisée,
et dont la décentralisation en région est aujourd’hui
acquise.
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Discours de Madame Nathalie Dahm,
vice-présidente déléguée à la vie culturelle
et au patrimoine au Conseil régional de Champagne-Ardenne
Mais ces assises se veulent aussi un point de départ.
Il y a deux ans, lors du précèdent festival, nous avions
organisé avec la Drac une rencontre professionnelle
dans la cour du magasin Troussel à laquelle étaient déjà
conviés les professionnels de la Région autour du thème « La Champagne Ardenne, terre de marionnette ».
A travers cette formulation, la Région et la Drac
affichaient leur souhait de réfléchir avec tous les acteurs
aux conditions du développement de la marionnette en
Champagne Ardenne. Aujourd’hui, c’est à l’élaboration
d’une stratégie régionale de développement de la
marionnette à laquelle nous vous invitons sur la base
d’un texte d’introduction signé par le Président du
Conseil régional et le Préfet de Region, marquant ainsi
l’ambition qui est la nôtre.
En 2010, lors de la nouvelle mandature à la Région,
nous avons adopté une nouvelle éciture de la politique
culturelle régionale articulée autour de 6 responsabilités
particulières de la Région dans le domaine culturel :
1/ favoriser l’innovation pour la rencontre entre les
populations et l’acte de création contemporain pour
un moment de partage ; 2/ permettre à tout champardennais, jeune ou moins
jeune, de développer, s’il en a le désir, une pratique
d’amateur ou de professionnel dans sa région en
assurant le renouvellement générationnel de la
scène artistique champardennaise ;
3/ aider les artistes professionnels de la région à créer
dans la liberté et la diversité des formes artistiques
en qualifiant davantage la viabilité économique de
leurs projets ;
4/ aider les artistes à se promouvoir en dehors de la
région et à l’international ;
5/ faire pleinement vivre le réseau régional culturel,
condition indispensable à son développement.
Le 6ème axe concernait la nécessité d’exercer ces
responsabilités plus particulièrement vers 4 langages
artistiques qui constituent nos points de forces
régionaux autour d’une logique territoriale :
- la marionnette autour du pôle carolomacérien ;
- le cirque autour du pôle Châlonnais avec le Cnac et
Furies ;
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-
les musiques actuelles autour du réseau régional
structuré par les 3 smac et les 2 festivals que sont
Le Chien à plumes et Le Cabaret vert ;
- le graphisme autour du pôle Chaumontais ;
- le patrimoine autour du pôle Troyen et aubois.
Dans un espace globalisé, où la circulation des œuvres
et des talents est facilitée, il est important en termes
de développement que la Région puisse disposer
de pôles et de filières dans le domaine culturel qui
puissent lui donner une couleur et la distinguer des
autres territoires à l’échelle nationale et à l’échelle
internationale.
Ainsi, la Région considère que la marionnette est
devenue un élément constitutif de son identité
territoriale, élément qu’elle souhaite davantage
valoriser auprès de la population régionale, auprès
des acteurs culturels ainsi qu’au-delà de ses limites
administratives.
L’art de la marionnette est un art universel, populaire
fédérateur. C’est un art du nomadisme, ce qui résonne
particulièrement dans une région comme la nôtre qui
est une région de passage. Il s’ancre dans la tradition
mais est également porteur d’une grande modernité
car il connait un profond renouvellement de ses formes.
Charleville-Mézières est un des lieux importants
à l’échelle mondiale de renouvellement et de
modernisation de cet art. Nous considérons qu’il
existe à Charleville et dans les Ardennes un « pôle de
compétitivité culturel » où se concentrent les talents,
les savoirs, mais aussi une population devenue au fil
des ans « experte » dans la connaissance de cet art.
Mais dans le contexte de concurrence entre les
territoires, nous devons encore renforcer ce pôle.
Il nous faut franchir une étape et construire autour du
pôle carolomacérien un environnement régional qui
s’alimente et qui en retour nourrisse le développement
de Charleville. Il y a là aussi des enjeux en termes
d’emploi, et d’attractivité.
talents artistiques se prive de la possibilité de fixer « ces
agents actifs » de l’inclusion sociale que sont les artistes.
Pour que ces artistes marionnettistes puissent se fixer
sur le territoire régional et travailler depuis ce territoire,
ils doivent disposer d’un environnement favorable à
leur implantation.
Pour cela, il faut :
- un public averti et formé, une population disposée à
accueillir et à recevoir cet art ;
- des équipements et des lieux…, ils existent ;
- des compétences dans tous les domaines… elles
existent. Mais elles doivent agir en réseau dans une
cohérence d’action et une convergence d’objectifs :
tels sont les objectifs de cette stratégie régionale.
3/ Le troisième principe est celui du
décloisonnement.
Il me semble important de dire que ce développement
de la marionnette en Champagne-Ardenne nécessite
la mobilisation de tous les acteurs bien au-delà
du monde marionnetique : l’ensemble des acteurs
publics, mais aussi l’ensemble des acteurs culturels
(lieu de formation, de création, de diffusion, artistes
issus de toutes les disciplines) peuvent, doivent,
contribuer à cette stratégie… En vous conviant à ces
assises, notre espoir est de vous convaincre que nous
avons besoin du développement de la marionnette
en région et que ce développement a aussi besoin de
vous.
Le choix de la forme des assises répond à un triple
souci :
J’adresse mes remerciements :
Aux Petits Comédiens de Chiffons qui nous accueillent
sous le chapiteau.
Aux services de l’Orcca et de la Drac.
1/ La recherche d’une cohérence d’action.
Dans le contexte, de raréfaction des crédits publics,
il nous faut affirmer un principe de cohérence d’action
entre tous les acteurs qui concourent au service public
de la culture. L’Etat, les collectivités, les institutions
publiques doivent agir en partageant un certain nombre
d’objectifs communs. Ces assises sont conçues
comme un moyen de convergence des objectifs de
chacun des partenaires qui contribuent aux politiques
publiques de la culture.
2/ Le second principe correspond au souci d’une
démarche participative.
Si l’Etat et la Région invitent à ces assises et proposent
un certain nombre de pistes de travail, nous attendons
surtout que grâce à la participation de l’ensemble
des acteurs puissent se préciser les contours de
cette action. Nous souhaitons qu’à travers le débat
démocratique émergent des objectifs partagés entre
tous.
Un territoire sans artiste est un territoire sans avenir,
parce qu’un territoire qui ne permet pas la formation,
le développement, l’insertion professionnelle des
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Discours de Monsieur Pierre N’Gahane,
Préfet des Ardennes
Monsieur le Député,
Monsieur le Sénateur, Président Du Conseil Général,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Mesdames et messieurs les conseillers généraux,
Mesdames et messieurs les conseillers régionaux,
Monsieur le Maire de Sedan,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les Présidents des chambres consulaires,
Mesdames et Messieurs, en vos noms, grades et
qualités,
« La Marionnette obéit sur la scène aux mêmes lois
fondamentales que celles qui régissent le théâtre en
grand. […] Entre le Grand-Opéra et les baraques des
Champs Elysées, il n’y a pas de différence morale.
[…] Il n’y a donc pas deux arts dramatiques, il n’y en a
qu’un » George Sand.
Les débats qui s’ouvrent aujourd’hui sur et autour des
arts de la marionnette sont le fruit d’une résolution
politique partagée (Etat/Région) qui ne se manifeste
pas exclusivement par la dimension financière.
La rénovation des politiques publiques en matière de
spectacle vivant et la volonté de favoriser une meilleure
organisation du secteur nécessitent non seulement de
renforcer les partenariats avec les collectivités mais
aussi d’entretenir un dialogue avec les artistes et les
professionnels qui œuvrent sur l’ensemble du territoire
champardennais à la création, à la diffusion, à la
transmission, à la structuration, au rayonnement des
arts de la marionnette.
Le renouvellement et le rayonnement qu’ont connu les
arts de la marionnette ces quarante dernières années
ne sont pas étrangers à la Champagne-Ardenne, et la
Champagne-Ardenne n’est étrangère ni au renouveau
des écritures scéniques marionnettiques, ni aux
évolutions positives de ces dernières années : deux
directeurs de Centres Dramatiques Nationaux (CDN)
sont des artistes marionnettistes, l’Etat aide aujourd’hui
une centaine de compagnies sur le territoire national,
les créations marionnettiques sont aujourd’hui
diffusées dans l’ensemble des réseaux labellisés et/ou
conventionnés.
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En Champagne-Ardenne, deux des trois compagnies
conventionnées par l’Etat sont des compagnies
qui placent au centre de leurs créations l’objet
marionnettique pour la première, le théâtre de papier
pour la seconde.
Deux structures, dont le projet s’appuie sur la création
marionnettique contemporaine sont soutenues par l’Etat,
des compagnies d’artistes marionnettistes sont aidées
à la création, des associations sont accompagnées pour
la mise en place d’ateliers de sensibilisation, d’actions
citoyennes (à travers la fabrication/manipulation
d’objets marionnettiques), et les dispositifs scolaires
financés dans le cadre de l’éducation artistique
prennent largement en compte des actions
« Marionnettes », notamment à Charleville-Mézières.
Charleville-Mézières où nous nous retrouvons
aujourd’hui.
Charleville-Mézières qui accueille le Festival Mondial
des Théâtres de Marionnettes et Charleville-Mézières
qui accueille l’Institut International de la Marionnettes
(dont l’ESNAM, Ecole Supérieur National des Arts de
la Marionnette).
Les Petits Comédiens de Chiffon, le Festival et l’Institut
ont fait naître des vocations et des projets, essaimé
une passion sur le territoire carolomacérien, favorisé la
structuration et la reconnaissance d’ un art séculaire.
Un art séculaire qui épouse aujourd’hui, sans se
fourvoyer, toutes les formes de son siècle (les nouvelles
technologies entre autres) et continue de fédérer
des artistes et des publics d’horizons professionnels
et/ou géographiques différents et syncrétiques.
Le travail mené par l’UNIMA, organisation internationale
basée à Charleville-Mézières, témoigne de cette
ouverture populaire et internationale des arts de la
Marionnette.
Par ailleurs, le Festival et l’Institut ne sont pas
restés repliés sur eux-mêmes. Chaque structure,
forte de sa singularité, est allée à la rencontre des
écoliers, des collégiens, des lycéens, des étudiants
(les Projets Artistiques Globalisés et les Unités
d’Enseignements Transversales Culturelles), les
habitants (résidences artistiques), mais aussi,
notamment pour le festival, à la rencontre des acteurs
culturels (l’Association Côté Cour et la FRMJC pour
le « Grand Huit Marionnettes » avec la décentralisation
du festival) qui font sillonner les spectacles du
festival à travers le territoire champardennais et plus
particulièrement sur les territoires éloignés des centres
urbains.
Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, Institut
International de la Marionnette, Union Internationale
de la Marionnette, scène conventionnée pour les
arts de la marionnette (la Salamandre – EPCC de
Vitry-le-François), laboratoire d’expérimentations et
de recherches marionnettiques (Le Jardin Parallèle à
Reims), artistes-marionnettistes, associations et/ou
fédérations, initiés ou néophytes, publics de toutes
les générations : la vitalité et le potentiel ne manquent
décidément pas !
Aujourd’hui, afin que les contraintes administratives
et financières n’entament point le dynamisme, le
volontarisme, les projets de tous les créateurs et
passionnés qui œuvrent patiemment et généreusement
à une meilleure (re)connaissance des arts de la
marionnette en Champagne-Ardenne, nous devons
aujourd’hui conjuguer nos efforts, nos réflexions et
nos moyens pour consolider, poursuivre ensemble cet
heureux essaimage artistique et territorial.
Ces réflexions partagées n’excluent évidemment
point les autres arts. Réfléchir sur et autour de la
Marionnette, c’est aussi parler de l’art et de la place
des arts dans nos politiques, donc dans nos vies.
Bernard Faivre d’Arcier (ancien directeur du festival
d’Avignon) rappelle qu’« une personne qui entretient un
rapport amoureux avec l’art, c’est-à dire pour laquelle
l’art n’est pas un accessoire ni un divertissement se
doit d’être multidisciplinaire et ouverte à toutes les
faces de l’art ».
Les arts de la Marionnette montrent souvent leur
capacité à dépasser la simple juxtaposition de
disciplines artistiques ; cette capacité à créer des
œuvres transdisciplinaires, tout en respectant des
filiations plus traditionnelles explique peut-être la
magie, la poésie et la modernité de la Marionnette.
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Présentation de la problématique générale
et des ateliers Par Cyrille Planson,
rédacteur en chef de la revue La Scène
Je vais introduire les débats puis vous donner des
indications sur le déroulement de cette journée.
Je tiens d’abord à remercier l’Orcca, la Région, la Ville
de Charleville-Mézières, la Drac de m’avoir invité à
participer à ces rencontres. C’est toujours un plaisir
pour moi de revenir en Champagne-Ardenne.
Les discours nous ont donné une vision politique
et introductive sur les débats que nous allons tenir
concernant les perspectives de la marionnette
en Champagne-Ardenne. Dans la suite de la
matinée se tiendront parallèlement quatre ateliers.
Après le déjeuner, les échanges du matin vous seront
rapportés en séance plénière et nous nouerons un
dialogue ensemble pour tenter de compléter ce qui
aura été dit, développer des conclusions qui seraient
suffisamment riches pour donner suite à ces premières
rencontres.
Ce temps de concertation est un moment important,
c’est un espace dans lequel la parole vous est
donnée, qui que vous soyez. Parmi vous sont
présents des artistes marionnettistes, des pôles
ressources de Champagne-Ardenne et d’ailleurs, des
programmateurs généralistes, pas nécessairement
spécialisés dans le champ de la marionnette, ainsi que
des champs artistiques connexes comme le théâtre,
le cinéma, les arts visuels. Nos débats seront nourris
de la diversité de ces approches.
Le rendez-vous d’aujourd’hui est un moment important
dont il faut espérer qu’il sera fondateur. Il s’appuie sur
le plus grand Festival des arts la marionnette au monde.
Il intervient également dans un moment charnière pour
les politiques culturelles. Le contexte de crise invite à
réviser toutes sortes de modalités de travail entre les
acteurs publics qui animent le champ culturel ; il est
propice à la réécriture et à la réinvention des politiques
culturelles, pouvant passer par de nouvelles méthodes
de travail entre opérateurs et acteurs culturels.
Le champ de la marionnette a très profondément
évolué au niveau national et encore plus dans cette
région au cours des dernières années. On a évoqué ce
matin le potentiel qui existait avec l’Institut international
de la marionnette, l’UNIMA, le Festival Mondial
des Théâtres de Marionnettes en région. On peut
également constater des évolutions fortes dans ce
secteur, notamment à Charleville avec la biennalisation
du Festival mondial, l’extension de sa décentralisation
en Champagne-Ardenne grâce à l’action des réseaux
de Côté Cour et de la Fédération régionale des MJC.
Cela a permis une implantation plus forte du temps
du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes en
Champagne-Ardenne.
Autre point à noter : l’implantation, relativement récente
au cours des 10 dernières années, de compagnies qui
ont fait le choix de rester dans cette région. Jusqu’à
récemment, hormis les artistes issus des premières
promotions de l’Ecole (Esnam), la majorité des artistes
quittaient la région pour investir d’autres lieux de travail
et la vie artistique marionnettique manquait à la région.
Le choix fait par quelques compagnies de rester
constitue une source de dynamisme pour cette région.
Dans le même mouvement, le moment festivalier de
Charleville s’est développé et d’autres manifestations
sont nées, dans des formats originaux, liés à la
recherche artistique pour le festival Orbis Pictus de
Reims, ou investissant des contextes complexes en
milieu rural (pays d’Epernay – Terre de Champagne)
pour les Rencontres internationales des théâtres
de papier créées par Alain Lecucq. A travers ces
démarches, la marionnette a pu exister davantage,
dans d’autres temps et d’autres lieux. En dehors de
leurs temps forts, ces rencontres sont devenues des
éléments fédérateurs pour les acteurs qui intégrent la
marionnette dans leurs saisons culturelles.
A l’échelle nationale et locale, les croisements
artistiques de plus en plus nombreux entre artistes
du champ de la marionnette et artistes des arts
de la rue, du cirque, du théâtre, des arts visuels,
de la performance, permettent à cette esthétique
marionnettique de se frotter à d’autres arts et d’apporter
beaucoup à l’évolution de ces arts-là.
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Une plateforme de travail s’est développée en
Champagne-Ardenne, bien sûr à Charleville-Mézières
qui a toujours été un foyer de créations et de relations
entre artistes de la marionnette. Plus récemment,
on a vu l’émergence d’un pôle mutualisé entre les
compagnies Pseudonymo et Succursale 101, le Jardin
Parallèle. Ce pôle s’est ouvert à d’autres artistes en
région mais aussi au national et s’intègre dans des
réseaux plus vastes. De façon symptomatique, des
démarches proches existent en Bretagne, de manière
ancienne autour du « Bouffou Théâtre » ou plus récente
comme avec la compagnie « Drolatic Industry » de
Redon, qui s’est emparée d’un lieu qu’elle ouvre à
d’autres dans un désir de se réunir et de se frotter aux
recherches d’autres artistes.
Ces initiatives font mesurer que la marionnette, comme
les autres arts de la scène, a non seulement besoin
d’accéder aux plateaux de théâtre pour pratiquer la
recherche et créer, mais aussi à des ateliers et à des
espaces de construction permettant d’éprouver les
directions de travail dans un aller-retour entre plateau
et atelier.
Elles sont tempérées par un contexte national de
forte tension sur l’emploi culturel, de raréfaction des
fonds publics qui impacte fortement le champ de la
marionnette, particulièrement fragile sur le plan de
l’emploi et du travail.
Les politiques publiques évoluent elles aussi.
Les modèles traditionnels du rapport aux publics et à
la diffusion laissent place à une approche renouvelée
du territoire et de la prise en compte de la population.
Dans ce mouvement, la marionnette dispose d’atouts
que lui permettent de s’exprimer à la fois dans le
tissu urbain (exemple du Jardin parallèle) de même
que dans le milieu rural qui présente des certaines
contraintes d’adaptation, de possibilités techniques,
de financements.
La marionnette a encore du mal à percer, à s’affirmer,
elle doit continuer à s’affranchir de l’image réductrice du
jeune public, en travaillant auprès des programmateurs,
des médias, des élus de certains territoires.
13
Présentation de la problématique générale
et des ateliers Par Cyrille Planson,
rédacteur en chef de la revue La Scène
En même temps, son exposition médiatique a pris
une plus grande ampleur, la qualité des recherches
artistiques qu’elle propose est mieux reconnue.
La présence de Gisèle Vienne au Festival d’Avignon
de 2010 a permis d’offrir un coup de projecteur
sur le théâtre de marionnettes, les grands médias
nationaux comme Le Monde, comme Télérama ont
porté un regard plus affûté que par le passé sur cet
art. Artistiquement la valeur des spectacles fait l’objet
d’une plus grande reconnaissance.
L’intérêt des programmateurs des réseaux labellisés
pour ces écritures est plus grand, écritures parfois
croisées avec d’autres arts, écritures parfois partagées
avec des auteurs. La marionnette est plus visible
dans les saisons culturelles. La naissance en 2012
du réseau Latitude marionnette, réseau de diffuseurs
dont le président est parmi nous aujourd’hui, en
est un témoignage. Des professionnels agissent
au service de la circulation des spectacles, de
l’accompagnement des projets et de l’aide à la création.
Les Saisons de la marionnette, étalées de 2007 à
2010, ont nourri ce mouvement qui a pu se traduire par
une visibilité médiatique ainsi que par l’émergence de
pôles ressources reliés nationalement et situés parfois
à proximité de la Champagne-Ardenne (Picardie,
Ile-de-France). Ce tissu n’existait pas il y a 8 à 10 ans.
Ce bilan contrasté, lacunaire, non exhaustif, n’est que le
mien. Il tente néanmoins de retracer la croissance d’un
secteur fragile par essence qui commence à recevoir
la reconnaissance qu’il mérite et pourrait trouver dans
les années une place un peu plus importante dans les
territoires, les politiques culturelles, en particulier en
Champagne-Ardenne où un pan du territoire reste à
conquérir, si l’on pense à la Marne, l’Aube et la HauteMarne.
Vous allez maintenant vous répartir en sous-groupes
pour travailler en atelier. Je vous propose de rebalayer
les grandes questions qui vont y être abordées.
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Dans le 1er atelier intitulé « Quelle place pour
la marionnette dans le développement culturel
et économique du territoire champardennais ? »,
on posera la question du rapport au public et
de la proximité, le rapport au territoire régional.
On y envisagera aussi la marionnette comme outil
de médiation et de sensibilisation des publics au
spectacle vivant au sens large mais pas seulement à
la marionnette. Sera abordée la place des festivals sur
ce territoire et leur impact économique. On y réfléchira
aussi sur la manière dont la marionnette pourrait
rayonner davantage dans le tissu rural.
Le 2ème atelier intitulé « Comment développer
les convergences ? » renvoie au contexte présent
des politiques culturelles qui, ici comme ailleurs,
se caractérise par des moyens financiers contraints et
invite par conséquent à la recherche de convergences
et de mutualisations. Comment faire mieux ensemble ?
Comment réunir les démarches et les opérateurs
existants ? Comment essayer de mieux travailler
ensemble sur l’accompagnement du développement
de la marionnette ?
Dans un deuxième temps, l’atelier abordera la
question des outils, des moyens, la question des
repérages d’artistes et de leur insertion professionnelle,
particulièrement cruciale dans une région dotée d’une
école supérieure nationale. Quels accompagnements
pour favoriser l’émergence artistique et la mutualisation ?
Que signifie le mot « accompagner » ?
Enfin sera évoquée la question corolaire de l’insertion
dans les réseaux. Les réseaux en région bien sûr,
mais aussi l’articulation de ceux-ci avec les réseaux
nationaux, en particulier ceux qui se situent dans une
proximité géographique. Il y a des acteurs en Picardie,
mais aussi en Lorraine avec Marilor, dans le Grand Est
avec l’association Quint’Est, et en Belgique.
Le 3ème atelier « Formation, insertion, recherche,
quel parcours pour la filière Marionnettique ? » posera
la question du rapport de l’art de la marionnette
aux jeunes de Champagne-Ardenne, jeunes
publics, jeunes en formation, jeunes au sens large.
L’éducation artistique y sera abordée, par exemple à
travers le travail avec les collégiens, les lycéens, de
même que celle du parcours de professionnalisation,
centré autour de ce noyau structurant qu’est l’Ecole
nationale supérieure des arts de la marionnette
(Esnam). Comment décrire la phase qui précède
la candidature à l’Esnam ? Quel parcours postformation, quelle insertion professionnelle pour ces
artistes ? La question renvoie sans doute aussi au
développement de leurs activités, de leurs réseaux
artistiques, de leurs connexions ici dans cette région.
On pourra aussi évoquer les besoins de soutien
à l’emploi.
C’est à travers ces ateliers que l’on va pouvoir ouvrir
des perspectives qui seront très importantes, car elles
dessineront les suites qui pourront y être données par
les partenaires Etat et Région. Nous nous retrouvons
en plénière à 15h pour deux heures d’échanges avant
la présentation d’une synthèse de la journée qui sera
assurée par Jean-Claude Daniel, président de l’Orcca.
Dans le 4ème atelier « Favoriser et accompagner les
croisements des esthétiques et les innovations » seront
évoqués les enjeux de ces écritures contemporaines,
qui collaborent plus que jamais avec le théâtre,
la danse, le cirque. Comment accompagner des
projets qui pratiquent le croisement avec d’autres
arts ? Comment favoriser la rencontrer des artistes ?
Faut-il imaginer des laboratoires, des espaces de travail
virtuels sur une recherche pure ou plus concrète ?
Beaucoup de chantiers peuvent être ouverts.
Autre question cruciale, celle de la présence de la
marionnette dans le réseau de diffusion généraliste qui
constitue évidemment un enjeu fort dans une région
comme la Champagne-Ardenne. Si, au niveau national,
le réseau spécialisé dans la marionnette existe,
à l’échelle régionale la diffusion de la marionnette
passe nécessairement par un réseau généraliste.
Quelle place la marionnette va-t-elle trouver dans un
réseau de scène conventionnée, de théâtres de villes,
ainsi que dans des lieux de proximités auxquelles elle
sait s’adapter, qu’il s’agisse de maisons de quartier,
de MJC, de centres sociaux, d’associations animant le
milieu rural.
Après avoir brossé un panorama rapide de ces ateliers
et lancé quelques questionnements qui seront enrichis
en atelier, je vous invite maintenant à rejoindre vos
groupes de travail. Chaque atelier sera animé par
deux personnes et rapporté par deux autres en séance
plénière.
15
Atelier 1 : Quelle place pour la marionnette dans
le développement culturel et économique des territoires ?
Rapport aux publics de proximité.
Animateurs
Bruno Désert, chargé de mission territoires – population / arts de la scène à l’Orcca ; Christian Dufour, directeur du
Salmanazar, scène de création et de diffusion d’Epernay (51). Rapporteurs : Elisabeth Algisi, artiste marionnettiste
de la compagnie Atipik ; Delphine Tissot, secrétaire générale de la compagnie Pseudonymo et la plateforme du
« Jardin Parallèle » à Reims.
Les essentiels
Le théâtre de marionnette est un langage extrêmement
riche qui peut nourrir la rencontre entre arts et
population. La richesse des actions culturelles ressort
unanimement comme un point fort de la marionnette,
mais il est essentiel que le public découvre aussi la
marionnette « sur scène ».
Des projets culturels de territoire ont été décrits
(Frouard, quartier Orgeval de Reims, pays d’Epernay,
Ardennes). Leur mise en œuvre souffre parfois
de la fragilisation des acteurs relais et médiateurs
nécessaires à l’accompagnement des projets et au
tissage des liens.
Sans se réduire à une forme artistique qui serait par
définition tout-terrain, le théâtre de marionnette peut
clairement nourrir des projets culturels de proximité,
urbains ou ruraux, ou dynamiser le projet d’une scène
généraliste. Les expériences décrites dessinent de
possibles modèles d’action.
Un support puissant pour intéresser
et stimuler la curiosité des habitants
d’un territoire
Plusieurs professionnels témoignent du fait que
« la marionnette éveille la curiosité » (Dominique Pierre,
coordinateur réseau « Côté Cour »). Les marionnettes
sont « des objets qui interpellent et intéressent
les gens » (Philippe Sidre, directeur de la scène
conventionnée de Frouard). « Le transfert qui se joue
par le biais de l’objet fait de la marionnette un média
opérant pour travailler avec divers publics » (Delphine
Tissot). Le public en témoigne : « On ne pensait pas
que la marionnette, c’était ça » (cité par Christian
Dufour). « Ce langage très visuel porte en lui une
richesse universelle » (Philippe Sidre).
16
L’image de la marionnette auprès des publics apparaît
très positive, malgré la représentation persistante d’un
art pour enfants. Les différentes techniques utilisées
et les liens entretenus avec les autres arts attirent le
public.
Les formes marionnettiques peuvent s’adapter à
diverses contraintes : l’existence de formes légères
présentant une ouverture artistique forte en fait un
objet propice aux projets culturels et artistiques de
proximité. Diversité des univers, diversité des formats :
il existe aussi des formes scéniques de grande ampleur
auxquelles les artistes ne doivent pas s’interdire
de penser (Valérie Terrasson, administratrice de la
compagnie Théâtre sans toit).
Expérience
Une carte maîtresse pour la médiation et
l’action culturelle
L’action culturelle peut se concevoir de manière non
classique car les points d’entrée sont nombreux :
techniques multiples, construction, manipulation.
Langage puissant mettant en jeu l’objet inanimé,
pouvant se passer de la parole ou du texte, elle est
plus facile d’accès.
Ces caractéristiques peuvent enrichir l’ancrage local
d’un équipement de diffusion ou servir les projets
d’acteurs culturels du milieu rural, des quartiers ou de
l’éducation populaire. Toutefois, l’action culturelle ne
livre qu’une facette de la marionnette si elle n’est pas
complétée par la rencontre des artistes et des œuvres.
Le théâtre Gérard-Philipe de Frouard, à côté de Nancy,
a positionné son projet sur les arts de la marionnette,
il y a 10 ans. Le choix de ce langage a été guidé par
un souci de complémentarité avec l’offre culturelle
existante dans l’agglomération nancéenne.
Delphine Tissot rend compte d’ateliers organisés dans
le quartier Orgeval de Reims auprès de structures
variées : PMI, maison de retraite, PJJ, personnes
handicapées. André Parisot, directeur artistique de la
compagnie La boîte noire, envisage l’action culturelle
comme un projet sur mesure, jamais pré-formaté.
Philippe Sidre, directeur, témoigne que le projet s’est
installé au fil du temps : il a fallu convaincre les politiques,
le public, intégrer des spectacles pour adultes, engager
des actions culturelles auprès de divers publics.
Le programmateur a placé la curiosité au centre de
cette démarche : « rendre curieux et inviter les curieux ».
« Après 10 ans, un engouement très fort est né ».
Pour Laurent Biston, directeur de la MJC de Sedan, les
réductions de crédits rendent plus difficile l’inscription
des projets dans la durée. Difficile à valoriser et à
évaluer, parfois peu reconnue par les décideurs,
l’action culturelle est à défendre. Des représentants
d’institution rappellent qu’elle est reconnue à travers
les cahiers des charges des structures.
Les points forts de la marionnette : ce langage
essentiellement visuel est plus facilement accessible et
immédiat. Construisant eux-mêmes les objets manipulés,
les marionnettistes savent s’adapter si besoin aux lieux
non équipés (lycées, villages, …). Le rapport à l’objet
crée du lien avec le spectateur et suscite une forte
demande d’ateliers. Support propice à la symbolisation
et au transfert, la marionnette construite ou manipulée
facilite l’expression de la personne.
Philippe Sidre évoque un travail à effectuer sur la
formation des médiateurs aux potentialités de la
marionnette. Elise Mérigeau, chargée de relations
publiques au Manège de Reims, fait part de l’existence
d’un réseau national de médiateurs pouvant porter un
intérêt à la marionnette.
Un projet local ou à rayonnement territorial peut-il
appuyer utilement la marionnette ?
Beaucoup d’artistes savent formuler des propositions
répondant à divers contextes (sites patrimoniaux, lieux
non équipés) pour aller à la rencontre des habitants.
La richesse de cet art multiforme reste un atout auprès
de publics non conquis d’avance. La venue des adultes
est favorisée par la proximité.
Dans les Ardennes, le réseau « Côté Cour » décentralise
le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes
de Charleville-Mézières en appui sur un réseau de
communes rurales, comités des fêtes, associations.
Il a atteint en 2011 le chiffre record de 84
représentations. Enjeux : toucher davantage le public
adulte et, pour les lieux d’accueil, renforcer les
responsables dans leur rôle de médiateurs à travers
la formation.
Jusque 2011, la région d’Epernay accueillait les
« Rencontres internationales des théâtres de papier »
(RITP) conduites par Alain Lecucq (compagnie
Papier Théâtre). Monté en lien avec le Pays et les
communautés de communes, ce festival biennal
reposant sur des spectacles montrés dans des lieux
familiers aux habitants, a rencontré un large succès
auprès des publics et des élus. Ce type de démarche
doit néanmoins s’enraciner dans le temps : en 2011,
les RITP ont dû cesser, le Pays ayant redéployé ses
budgets malgré un bilan favorable.
Delphine Tissot donne l’exemple d’un mariage réussi
entre la marionnette et le quartier Orgeval de Reims.
Implantées sur place, les compagnies Pseudonymo et
Succursale 101 y travaillent dans la durée. Malgré des
caps à franchir, le projet continue de s’étoffer.
De fait, si des projets ponctuels peuvent bénéficier des
apports de la marionnette, les acteurs se plaçant dans
la perspective d’un projet culturel de moyen terme
gagnent à utiliser l’outil qu’est l’accueil-résidence.
17
Atelier 1 : Quelle place pour la marionnette dans
le développement culturel et économique des territoires ?
Rapport aux publics de proximité.
Atelier 2 : Comment développer les convergences ?
Outils et moyens, repérages des talents,
accompagnement et mutualisations.
Animateurs
Marc Pétry, directeur de la Culture à la Région Champagne-Ardenne ; Philippe Bachman, directeur de la scène
nationale de Châlons-en-Champagne (51). Rapporteurs : Didier Patard, directeur de la scène conventionnée de
Verdun et fondateur du réseau « Cirque en Lorraine » ; Roland Bouchon, directeur d’Arts vivants 52.
En s’accordant le temps nécessaire pour bâtir un
projet, on atteint une cohérence artistique plus forte,
donc un projet plus impactant : les artistes s’inscrivent
mieux dans la vie locale, la relation aux habitants et aux
associations en est enrichie et transformée.
Pour Elise Mérigeau, la marionnette n’est pas un outil
au service de la sensibilisation, c’est la sensibilisation
qui est au service de la marionnette. Son témoignage
fait apparaître que, fort logiquement, les acteurs
s’approprient le théâtre de marionnette en fonction
de leur contexte, différent selon que l’on parle d’un
équipement central ou bien d’un territoire en cours de
réflexion sur son projet culturel et ses axes.
Le rapport aux élus et les retombées
locales
Dans la mise en œuvre de projets culturels rayonnant
sur le territoire rural ou intégrant la marionnette à une
programmation, la relation aux élus locaux est très
importante.
L’élu n’étant souvent pas convaincu a priori,
un dialogue doit être nourri. Cette tâche est jugée
difficile par plusieurs participants (« un travail acharné »)
et renvoie à des représentations parfois négatives sur
la marionnette mais « certains élus sont ravis de voir
naître un projet culturel dans leur territoire ».
Une élue témoigne de la difficulté ressentie parfois
à justifier la dépense culturelle. Pour Francis Vérita,
vice-président du CESER, les acteurs culturels doivent
« aller convaincre le monde associatif et les familles,
qui convaincront l’élu ». Les Parcs naturels régionaux
peuvent être leviers dans le monde rural.
L’attractivité des territoires est liée à l’offre culturelle
qui nourrit positivement le regard des habitants comme
18
des acteurs extérieurs au territoire. Les retombées
économiques directes existent : Julien Sauvage,
adjoint au Maire de Charleville-Mézières, indique que le
Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes génère
3 M € de retombées économiques pour une base de
800000 € de fonds publics.
Conditions de réussite,
Enjeux stratégiques
• Porter une attention au dialogue avec les élus locaux ;
• Les équipements de la région manquent d’ateliers
or ceux–ci sont nécessaires aux marionnettistes
en résidence. Le besoin d’ateliers de construction
doit être mieux pris en compte au sein des lieux qui
veulent mettre en place des projets de résidences ;
• Les projets de proximité demandent un véritable
accompagnement vis-à-vis des artistes intervenants
comme en vers la population locale. Les interlocuteurs
qualifiés n’existent pas partout car les animateurs
culturels et relais locaux sont moins nombreux.
Des programmes de formation des médiateurs locaux
pourraient être expérimentés ;
• Françoise Mittelette, responsable du service culturel
de l’Université de Reims Champagne-Ardenne,
rappelle que « pour développer une présence de
la marionnette en région, il est nécessaire que
la Champagne-Ardenne parvienne à retenir une
partie des jeunes talents de l’Esnam sur son sol ».
Pour ce faire, il faut permettre aux jeunes artistes d’être
accompagnés sur l’ensemble du territoire. Cette
responsabilité ne relève pas que des collectivités
territoriales, elle est partagée avec d’autres acteurs,
comme le réseau de diffusion.
Les essentiels
Le projet d’une présence forte de la marionnette
en Champagne-Ardenne renvoie à des stratégies
collectives et concertées. Pour favoriser une dynamique
régionale élargie, les maîtres mots sont sans doute :
intelligence commune, renforcement des capacités
collectives, convergences. Structurer un écosystème
riche de ses acteurs, de leurs projets originaux,
de leurs réseaux, pour faire demain de la région une
terre d'accueil pour les marionnettistes.
Cela passe par la compréhension des mécanismes
du développement, la prise en compte des artistes
émergents et l’analyse critique de l’action des réseaux,
à élargir ou à compléter.
Qu’est-ce que développer la marionnette
dans un territoire ?
On parle ici de valoriser une discipline très spécialisée
en direction d’un public et d’un réseau plus larges et
peu spécialisés. Dans son histoire, la marionnette a
eu, comme le cirque, à revendiquer sa spécificité pour
obtenir une pleine reconnaissance institutionnelle.
Un long chemin a été parcouru mais les questions
de définition demeurent prégnantes : le théâtre
de la marionnette, qu’est-ce que cela implique ?
Question complexe tant la porosité avec les autres
disciplines est forte et les sous-catégories nombreuses
(théâtre d’objets, de papier…). Un élu local estime que
la clé d’entrée est simple : le terme de « marionnette »
parle spontanément aux gens.
Si une révolution esthétique est bien intervenue dans
l’univers de la marionnette, le geste artistique demeure
universel ; la perméabilité entre les arts n’en est qu’une
conséquence. C’est aux professionnels qu’il revient de
qualifier et de médiatiser les formes artistiques.
Une expérience et un paradoxe :
Charleville-Mézières
A Charleville-Mézières, de nombreux acteurs agissent
pour la marionnette. Capitale mondiale de cet art grâce
au Festival mondial, à l’Institut et l’Ecole supérieure,
elle bénéficie d’outils d’exception, cependant
Ikbal Ben Khalfallah, directeur du Théâtre municipal,
pointe l’écart entre le succès de l’événement festivalier
et les difficultés qu’il rencontre à mobiliser le public sur
sa programmation marionnettique entre deux festivals :
la marionnette semble soudain évacuée.
L’événementiel attire le public et offre à la ville la visibilité
recherchée par les élus. S’oppose-t-il au travail de fond,
qui favorise l’enracinement de la marionnette et enrichit
sa connaissance ? Pour Didier Patard, il faut « trouver
l’équilibre entre cet exceptionnel et ce quotidien ».
« Les gens ont droit aux deux ». La médiation culturelle
apparaît essentielle (résidences).
Julien Sauvage, adjoint à la Culture à la Ville de
Charleville-Mézières, fait valoir que le soutien de la Ville
au Festival a, in fine, permis une vraie structuration de
la marionnette avec l’arrivée de l’Institut puis l’Ecole.
Jean-Luc Félix, président des « Petits comédiens de
chiffon », rappelle que le Festival a construit pendant
50 ans et a donné à la marionnette le soutien populaire
et politique, clé de développements ultérieurs.
Cela ne résout pas le paradoxe évoqué mais montre
que l’événementiel peut nourrir la structuration.
Pour
Philippe
Bachman,
la
structuration
professionnelle des compagnies est solide et l’insertion
professionnelle fonctionne même si l’émergence
pose question. Les équipements de diffusion doivent
garder le cap du travail de fond, incluant la médiation.
Celle-ci ne doit pas opposer tradition et modernité mais
faire connaître ces deux composantes de la marionnette.
19
Atelier 2 : Comment développer les convergences ?
Outils et moyens, repérages des talents, accompagnement
et mutualisations.
La présence de l’Etat est essentielle (légitimation),
comme le dialogue Etat-Région et les financements
croisés : faisant converger les collectivités autour
d’objectifs partagés, ils inscrivent les démarches dans
la durée et garantissent l’exigence culturelle.
Si « on ne peut pas émerger pendant 15 ans », quelles
attentes placer à cet endroit ? Quels choix effectuer ?
L’émergence s’inscrit dans une réflexion globale sur
les parcours professionnels. Des artistes demandent
le droit à la recherche sans obligation de création.
Renforcer l’attractivité régionale en
créant un environnement favorable aux
artistes
L’accompagnement suppose que l’accompagnant se
situe dans un dialogue avec l’artiste et accepte une
part d’inconnu. Les écoles supérieures jouent leur rôle,
mais il faut encore décloisonner les approches et les
réseaux.
La présence plus forte d’artistes et de créations
apparaît comme le préalable au développement
de la marionnette dans l’espace régional. A ce titre,
la capacité à accompagner des équipes artistiques,
notamment émergentes, mérite une attention
particulière. En effet, « malgré des outils d’exception,
vous avez du mal à garder les artistes dans votre
environnement » (Didier Patard).
L’émergence en débat
Qu’est-ce
qu’une
compagnie
émergente ?
Est-il souhaitable que les jeunes diplômés de l’Esnam
créent une compagnie ; doivent-ils s’insérer dans les
compagnies existantes ? La réponse orientera le type
de relations à envisager entre l’Esnam et le réseau
professionnel.
L’émergence est une étape importante mais elle ne doit
constituer qu’un point de passage. Or, certains artistes
ont du mal à en sortir et le terme perd alors son sens.
L’orientation stratégique de la Région est interrogée :
veut-on travailler avec les artistes locaux et si oui,
comment les aider à se projeter dans le territoire ?
Ou s’agit-il de retenir les jeunes diplômés de l’Esnam ?
Quid de l’échelle interrégionale ? Pour Didier Patard,
« l’essentiel est d’avoir des artistes. Si vous avez de
la création dans votre territoire, davantage d’artistes
formés en Champagne-Ardenne choisiront de s’y
implanter car ils pourront y faire des rencontres ».
Expérience : le « Jardin Parallèle »
David Girondin-Moab (directeur artistique) et
Delphine Tissot (secrétaire générale) : ce lieu est né
du regroupement des compagnies Pseudonymo et
Succursale 101, sur la base d’un manque, le « besoin
d’un atelier de construction qui permettrait un passage
facile de l’atelier au plateau, et d’un bureau de
soutien à des équipes en résidence ». Ce laboratoire
marionnettique met en contact différents artistes.
Pour Cyrille Planson (revue La Scène), le positionnement
de compagnies comme accompagnateurs de
jeunes artistes ou diffuseurs de formes brèves peut
traduire une vraie carence du réseau de diffusion.
Selon David Girondin-Moab, des outils comme le
« Jardin parallèle » doivent être portés par les artistes :
ils ont la conscience la plus aigüe de leurs besoins.
Didier Patard juge « important que les artistes
deviennent acteurs de leur destin ». Les choses ne se
façonnent jamais hors sol et les artistes font partie d’un
environnement professionnel et territorial.
Les réseaux et le réseau marionnettique
en Champagne-Ardenne
Pour Philippe Bachman, le paysage culturel s’organise
en cercles concentriques articulés selon 3 dimensions :
les disciplines artistiques (segmentation qui peut
séparer ou relier), la géographie administrative (de la ville
au national), les niveaux de labellisation. Le croisement
des cercles situe chaque acteur précisément et l’aide
à trouver sa place dans la démarche, quels que soient
sa taille et ses moyens.
Chaque structure « portant son projet artistique et
culturel de manière intime », la coopération nécessite
qualité de dialogue et d’échange. Converger revient
à s’ouvrir et rencontrer. Les acteurs culturels ont la
responsabilité de ne pas se fermer les uns aux autres :
le « faire réseau » a sens avec une mission publique.
Une participante carolomacérienne déplore que dans
sa ville, « chacun s’approprie la marionnette et travaille
un peu pour soi » au détriment du public.
Les réseaux en Champagne-Ardenne
Le réseau des diffuseurs fonctionne, avec des
passerelles entre l’Esnam et les équipements, ainsi
qu’un festival fort, mais le réseau des artistes apparaît
moins structuré et d’autres structures demeurent en
marge. La marionnette s’est organisée, au point de
susciter la demande des élus. Les champardennais sont
insérés à l’interrégional avec « Quint’Est », « Latitude
marionnette », « Themaa », « Transform ».
La marionnette est prise en compte dans
l’accompagnement, le besoin de recherche artistique,
les accueils en résidence.
20
Les échanges réguliers nourrissent la connaissance
mutuelle ; il en émerge des potentialités de partenariats.
La question des objectifs des réseaux (production,
diffusion, mise en partage de projets, repérages…)
et de leur évaluation reste néanmoins importante.
L’élargissement du réseau pourra confronter à des
questions de légitimité sur le repérage d’artistes.
Se mobiliser ensemble
En milieu rural, la MJC d’Aÿ a appuyé la compagnie
Papier Théâtre dans la mise en œuvre des « Rencontres
des théâtres de papier ». La Fédération régionale des
MJC complète depuis 2011 l’action de « Côté Cour »
pour décentraliser le Festival Mondial des Théâtres
de Marionnettes dans le sud de la région, le Festival
apporte son expertise et son image, la FRMJC mobilise
les structures socioculturelles.
Le « Jardin parallèle » est ouvert à d’autres artistes,
notamment les jeunes (accueils, compagnonnages,
groupement d’employeurs), en lien avec l’Institut
de la marionnette, l’EPCC de Vitry-le-François...
Cette plateforme bien intégrée est devenue un maillon
fort de l’insertion professionnelle et de la densité
artistique en région. Mais diriger ce type de lieu n’est
pas évident en l’absence de cahier des charges
et de tous les moyens nécessaires.
Conditions de réussite,
enjeux stratégiques
L’atelier fait apparaître des directions fortes et des
aspirations convergentes. Plusieurs éléments clés sont
retenus :
• respect et confiance, en particulier envers les artistes,
comme clé de voute de toute coopération ;
• reconnaissance de compétences mutuelles ;
• écoute et dialogue ;
• solidarité : l’ensemble ne se développe pleinement
que par l’engagement de tous les cercles culturels ;
• concertation et financements croisés ;
• capacité de la Région à fédérer autour d’un code de
bonne conduite ;
• droit à la recherche artistique.
21
Atelier 3 : Formation, insertion, emploi, recherche :
quels parcours pour la filière marionnette
en Champagne-Ardenne ?
Animateurs
Florence Gendrier, directrice adjointe de la Drac Champagne-Ardenne ; Raphaèle Fleury, responsable du pôle
Recherche et documentation de l’Institut international de la marionnette (IIM). Rapporteurs : Françoise Mittelette,
responsable du service culturel (SUAC) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne ; Gilles Herbillon, directeur du Conservatoire à rayonnement régional de Reims.
Les essentiels
L’atelier interroge plusieurs thèmes assez différents
mais complémentaires. Comment sensibiliser les
jeunes de Champagne-Ardenne et favoriser les
vocations de futurs marionnettistes (sensibilisation,
formation) ? En aval de l’Ecole nationale supérieure
des arts de la marionnette (Esnam), quels parcours et
perspectives proposer en Champagne-Ardenne aux
jeunes diplômés ? Dans le champ théorique, comment
nourrir, développer, divulguer et faire connaître la
recherche artistique et documentaire développée au
sein de l‘Institut ?
De grandes marges de progression existent pour
mieux sensibiliser les jeunes à la marionnette ou
favoriser l’insertion professionnelle des diplômés
de l’Esnam : rééquilibrage de l’éducation artistique
vers les collèges et lycées, options dédiées dans
les conservatoires, formation des animateurs
socioculturels, soutien aux pratiques amateurs,
amplification des compagnonnages et dispositifs
d’insertion... Dans le champ de la recherche, les liens
entre mondes artistiques et universitaires sont féconds
mais à pérenniser. La médiatisation des projets et leur
large diffusion est essentielle.
Sensibiliser les jeunes champardennais,
susciter des vocations
L’Esnam recrute peu de candidats champardennais,
bien qu’ils soient auditionnés systématiquement lors
de la sélection d’une nouvelle promotion d’étudiants :
comment favoriser la naissance de vocations en
Champagne-Ardenne ?
22
Le milieu scolaire : le travail de
sensibilisation vers les collèges et
lycées
La sensibilisation en milieu scolaire est importante.
Un certain nombre d’actions sont mises en œuvre par
l’Esnam et le Centre national des arts du cirque (Cnac)
toutefois, à l’exception de Charleville-Mézières, celle-ci
tend à se concentrer sur l’école primaire, au détriment
des collèges et les lycées. Cela entrave la découverte
pleine et entière de la richesse des expressions et des
techniques du théâtre de marionnette, au-delà des
clichés.
Enseignements artistiques : inclure la marionnette dans
les schémas directeurs régionaux et départementaux
Les schémas directeurs régionaux et départementaux
en cours ou à construire pourraient inclure des
modules dédiés à la marionnette. Pour Gilles Herbillon,
directeur du conservatoire de Reims, la marionnette se
rapproche de l’entité théâtre, pour laquelle existent un
poste à Reims, une classe théâtre au conservatoire
de Troyes, et des possibilités au conservatoire de
Charleville-Mézières.
Dans l’optique de la réflexion sur un DNSP (Diplôme
national supérieur) d’acteur-marionnettiste, un cycle
préprofessionnel dans cette spécialité pourrait être
créé.
Former, sensibiliser les animateurs
culturels des réseaux d’éducation
populaire
A travers la formation continue, on pourrait mieux
qualifier les métiers d’animateurs, ce qui ouvrirait
à tout le réseau des structures socioculturelles
(MJC, centres sociaux) dans lesquelles existent de
nombreux professionnels qui peuvent être sensibilisés
à cet art.
Renforcer les liens entre arts de la
marionnette et tourisme
Une représentante de la DIRECCTE (Direction
régionale des entreprises, de la concurrence,
consommation, travail et emploi) évoque les
liens possibles entre marionnette et tourisme.
Les compagnies sont hélas peu nombreuses et
inégalement réparties en Champagne-Ardenne, ce qui
limite les capacités de l’Ecole supérieure à placer des
stagiaires dans l’ensemble du territoire. En revanche,
les événements comme le Festival Mondial des
Théâtres de Marionnettes, le festival « Orbis Pictus »,
« Les Migratoires » (Vitry-le-François) pourraient être
mieux insérés dans l’offre touristique.
Le cas particulier des pratiques
amateurs : un champ peu exploré
Pour Gilles Herbillon, les pratiques amateurs sont le
fondement de la formation du public, par la pratique
et par sa diffusion. Les artistes amateurs forment
un public éclairé et un vivier de pratiquants qui peut
permettre à de futurs professionnels d’émerger.
Cependant, les possibilités de formation et de
pratique sont très limitées, malgré la demande.
A l’inverse de la musique, ou plus récemment du théâtre,
qui bénéficient du réseau public des conservatoires et
de celui de l’enseignement associatif, peu de structures
proposent une formation en marionnette. Il en ressort
l’importance de l’éducation artistique en milieu scolaire
ou en centres sociaux, mais aussi l’idée que des
options marionnette devraient être ouvertes dans les
conservatoires. Le conservatoire de Reims, soucieux
d’être en phase avec son territoire, privilégiera l’option
marionnette ou l’option cirque.
L’insertion
professionnelle
des
artistes après l’école supérieure :
faciliter l’accès à l’emploi
L’accompagnement des jeunes diplômés apparaît
comme absolument nécessaire mais complexe à mettre
en œuvre. A la sortie de l’Esnam, les jeunes diplômés
bénéficient d’un stage d’une durée maximale de
6 mois, au cours duquel ils ne peuvent pas jouer dans
des spectacles. L’expérience est courte, souvent riche
mais porteuse de paradoxes : la structure accueille
une personne qui va se former, devenir opérationnelle,
parfois se rendre indispensable, sans que la fin
du stage ne puisse conduire à une pérennisation
du poste, faute de moyens et aussi parce que les
dispositifs destinés à favoriser l’accès au premier
emploi (comme les emplois d’avenir) ciblent d’abord
les jeunes non diplômés. Les sortants de l’Esnam ne
peuvent en bénéficier. Raphaèle Fleury, responsable
du pôle recherche-documentation à l’Institut de la
marionnette, fait remarquer que ce problème se pose
tout autant pour les métiers connexes à l’artistique :
production, diffusion, communication, documentation.
Le stage intervient alors ici comme une première
expérience en immersion professionnelle ; il aide aussi
à entamer la construction d’un réseau professionnel.
Se situant un cran au-dessus du stage, le
compagnonnage permet au jeune artiste d’entrer
dans le métier avec l’accompagnement bienveillant
d’une structure professionnelle qui va assurer une
transmission de savoirs et d’expérience, toutes
choses fondamentales dans les premiers pas d’un
jeune diplômé. Des dispositifs de financement
existent (Etat, Région). Sylvie Baillon, directrice
du « Tas de Sable » à Amiens, rappelle qu’il existe
sept lieux-compagnonnages en France, mais pas
encore en Champagne-Ardenne : ces lieux aidés
par l’Etat soutiennent l’insertion professionnelle des
marionnettistes par un accompagnement artistique et
administratif.
23
Atelier 3 : Formation, insertion, emploi, recherche :
quels parcours pour la filière marionnette
en Champagne-Ardenne ?
Atelier 4 : Favoriser et accompagner le croisement
des esthétiques et les innovations
Allant plus loin encore, on évoque aussi le mécanisme
du Jeune Théâtre National (JTN), qui assure la prise
en charge de la rémunération de jeunes comédiens
diplômés du supérieur et embauchés par une
compagnie. La marionnette étant une composante de
l’art dramatique, il serait intéressant que les jeunes
sortants de l’Esnam bénéficient d’un dispositif similaire.
Animateurs
Dienaba Dia, conseillère Théâtre à la Drac Champagne-Ardenne ; David Girondin-Moab, artiste marionnettiste de
la compagnie Pseudonymo, directeur artistique de la plateforme « Jardin parallèle » et du festival « Orbis Pictus
» à Reims. Rapporteurs : Mateja Bizjak-Petit, directrice du « Centre de Créations pour l’Enfance » de Tinqueux ;
Jérôme Descamps, directeur de « La Pellicule Ensorcelée » et réalisateur à Charleville-Mézières.
Des participants indiquent la piste de coopérative
de productions, qui est une forme de mutualisation.
L’ensemble des pistes évoquées dessine des chemins
pour l’insertion professionnelle. En contrepoint,
Alan Payon témoigne toutefois qu’il est aussi possible
d’aboutir des projets sans bénéficier de dispositifs
d’insertion, en s’appuyant sur les réseaux de la
marionnette en région.
La recherche
L’intérêt de rapprochements entre le monde artistique
et le monde universitaire, tous deux concernés par
la recherche et l’innovation, est souligné au titre
de leurs complémentarités et des potentialités
d’enrichissements mutuels. Dans le champ de la
marionnette, des champs de recherche nombreux
et diversifiés sont envisageables, par exemple la
linguistique, les matériaux, les textiles. Le croisement
entre universitaires et artistes peut contribuer aux
passerelles entre recherche fondamentale et appliquée.
L’IIM/Esnam est partenaire de plusieurs lieux
d’échange et d’expérimentation comme le LABEX
(Laboratoire d’excellence) ARTS H2H, ou le LAPS
(Laboratoire des Arts et Philosophies de la Scène).
Il initie ou accompagne des chantiers de recherche et
propose des accueils résidences pour décloisonner
patrimoine, recherche, formation et création.
Une attention particulière est portée aux jeunes
chercheurs, dans un souci d’ouverture interdisciplinaire
et internationale, ainsi qu’à la diffusion de la recherche,
par exemple à travers le Portail des Arts de la
Marionnette animé et géré par l’Institut.
Plus largement, il apparaît utile de renforcer
les collaborations entre chercheurs et artistes
marionnettistes, et d’inscrire celles-ci dans l’institution.
Pour Françoise Mittelette, « l’Université se situe au
cœur de cette ambition ». Sa mise en œuvre passe
par l’élaboration de terminologies communes entre
universitaires, artistes, monde juridique, élus et
administratifs.
Côté université, la démarche peut concerner l’ensemble
des filières universitaires (physique, sciences sociales,
sciences humaines...). Le projet de grand campus
à Reims favorisera l’interdisciplinarité. Sur le plan
territorial, la loi du 22 juillet 2013, qui abandonne
les Pôles de recherche et d’enseignement supérieur
(collaborations interrégionales) pour mettre en avant
des Communautés d’universités et d’établissements
au niveau régional, est de nature à favoriser des
rapprochements resserrés géographiquement.
Conditions de réussite,
enjeux stratégiques
• Mise en œuvre d’options marionnette au sein des
cursus de formation théâtre avec les conservatoires de
Charleville-Mézières, Reims et Troyes ;
• actions de sensibilisation ou de formation continue
à destination des structures et territoires locaux :
éducation populaire, personnels des collectivités,
associations, pays ;
• présence renforcée des arts de la marionnette dans
l’éducation artistique en collèges et lycées ;
• favoriser les capacités d’insertion professionnelle :
lieux de stages et de compagnonnages, transposition
du dispositif JTN à l’Esnam ;
• accompagner la structuration des relations entre
mondes universitaires et artistiques ;
• valoriser
les
ressources
documentaires,
pédagogiques, artistiques mobilisables par les
porteurs de projets, de même que la recherche et sa
médiatisation.
24
Les essentiels
La marionnette a affirmé sa place dans le paysage culturel
et se situe à la croisée des chemins. Art carrefour, elle
tente de définir son identité, en rebaptisant ses genres,
explicitant sa propre dramaturgie, se confrontant à
des artistes venus d’ailleurs sans renier ses propres
traditions.
Pour s’épanouir, les projets artistiques hybrides ont
besoin d’espaces de liberté, de laboratoires, d’un effort
de médiation vers les publics, mais aussi de respect et
de confiance. La mutualisation de lieux engagés et les
solidarités entre artistes dessinent un réseau de lieux
accueillants.
L’identité de la marionnette à l’épreuve
du métissage : regards d’artistes et de
programmateurs
La marionnette s’entrelace avec les autres disciplines.
Comment artistes et structures culturelles sont-ils
traversés par ces évolutions ?
Le regard des artistes
Les termes de « marionnette » et « marionnettiste »
font débat. Pour David Girondin-Moab, la terminaison
du mot « marionnette » renvoie à une petite chose,
une image traditionnelle contre laquelle il faut se battre.
Narguess Madj, artiste de la compagnie Papier Théâtre,
revendique le terme de « marionnettiste » : pour elle,
il ne faut pas en avoir peur mais « l’assumer pleinement
pour, petit à petit, en changer le sens profond et travailler les
mentalités ». Il y a plusieurs manières d’être marionnettiste :
metteur en scène, auteur, comédien, constructeur.
Le marionnettiste est avant tout un interprète, mais il est
aussi un constructeur. Les intitulés (metteur en scènemarionnettiste, comédien-marionnettiste) traduisent
l’éclatement de la discipline et son osmose croissante
avec les autres arts (cirque, danse, vidéo, cinéma).
Les sources de cette évolution sont internes et externes
au monde de la marionnette : la formation dispensée
à l’Esnam y contribue en suscitant expérimentations et
rencontres avec d’autres artistes ; parallèlement, l’intérêt
porté par des artistes d’autres disciplines insuffle de
nouvelles directions aux arts de la marionnette.
On mesure un grand écart entre le regard du public
et les réalités de la création. Le terme de marionnette
est très identifié par le public mais celui-ci n’en perçoit
que la composante traditionnelle. En réalité, selon
Pierre Blaise (directeur de la compagnie Théâtre sans
toit et président de l’association « Themaa »), « dans
les arts de la marionnette, les cartes sont brouillées et
il existe une vraie difficulté à saisir cette discipline ».
Cependant, « il faut trouver une frontière qui ne
demandera qu’à être effacée, mais préciserait le métier
de marionnettiste », en particulier dans le cadre de la
définition du Diplôme national supérieur. Ce champ
de réflexion est primordial pour Pierre Blaise, surtout
si l’on considère que le marionnettiste ne vient plus
nécessairement du théâtre, mais peut aujourd’hui être un
danseur, ou un circassien. En abordant le travail avec des
objets ou des bunrakus, Sidi Laarbi Cherkaoui produit
une forme marionnettique tout à fait particulière, bien que
n’ayant probablement jamais été formé à la marionnette.
L’art de la marionnette est clairement innervé et soutenu
par les autres arts. Il devient un lieu de croisement
qui permet de distinguer les formes d’animation et de
manipulation de ces théâtres.
La marionnette est toute en paradoxes. Forme facile
d’accès, elle envoute rapidement le public par son
charme ancestral. Parallèlement intervient la subtilité
du métier de l’artiste qui, en essayant de préserver
ce charme initial, va l’amener à produire du sens et
emprunter à cette fin des chemins de transmission et
de relation.
25
Atelier 4 : Favoriser et accompagner le croisement
des esthétiques et les innovations
Selon Mateja Bizjak-Petit, c’est la dramaturgie de la
marionnette qui constitue sa véritable caractéristique.
A partir du moment où l’on aura explicité cette
dramaturgie-là, toutes les questions autour des termes
« marionnettistes », « théâtre d’objets » disparaîtront
peu à peu.
Le point de vue des programmateurs Jean-Marie Songy, directeur du festival « Furies »,
rappelle qu’il y a 30 ans, le Ministère de la culture
repérait et structurait de nouvelles disciplines (musique
contemporaine, nouveau cirque,…). Ce mouvement
fut essentiel pour enrichir le paysage culturel mais il
faut aujourd’hui décloisonner pour accueillir les formes
transversales et les projets hybrides.
Renaud Herbin, directeur du TJP, Centre dramatique
national (CDN) de Strasbourg, souligne la nécessité
de ne pas formaliser les appellations, car les formes
évoluent constamment. « En créant des repères,
on risque aussi de créer des normes, de formater ».
Le lieu du travail, c’est le mouvement entre les artistes,
espace dévolu à l’innovation et à l’invention, à définir et
redéfinir constamment. Au TJP, il imagine de nouvelles
désignations pour les spectacles engageant l’objet
et la marionnette : « Dans notre programme, le public
ne sait pas s’il s’agit de danse ou de marionnette.
Nous le laissons qualifier lui-même ce qu’il verra ».
Joël Simon, directeur du festival « Méli’Môme », est
avant tout attentif aux « artistes singuliers » qui ont
quelque chose à dire. Il exprime son attachement au
travail sur le texte.
Pour les programmateurs présents, la rencontre
avec une œuvre et un artiste prime visiblement sur
la question de la discipline. Mais Mateja Bizjak-Petit
pointe la question des formes traditionnelles, auxquelles
d’autres pays européens sont attachés, quand la
France s’affiche pionnière de la contemporanéité.
David Girondin-Moab situe l’enjeu dans un
accompagnement du renouveau des arts de la
marionnette qui conserverait en même temps son
identité traditionnelle.
26
Accompagner ces évolutions : artistes,
structures culturelles et institutions
Quels accompagnements institutionnels (structures
nationales et collectivités publiques) ? Les directions
de CDN s’ouvrent aux marionnettistes. Pour Renaud
Herbin, ils doivent devenir des lieux de brassage
des publics - au sein desquels l’objet marionnette
serait décliné autour des notions de corps, d’objet
et d’image - et des espaces d’expérimentation entre
artistes.
L’action des lieux de diffusion
intermédiaires
Pierre Blaise défend l’existence de laboratoires dans
lesquels on autorise les artistes à faire tout et presque
n’importe quoi. Pour Renaud Herbin, la question de
l’outil est secondaire. Le travail de l’institution est avant
toute chose d’accueillir l’artiste dans sa singularité.
« Chaque artiste, je l’entends sur son désir et sur son
besoin, sa nécessité de travail. On essaie alors de
travailler au mieux avec les moyens dont on dispose ».
Mateja Bizjak-Petit estime que la vraie difficulté se pose
pour les jeunes compagnies indépendantes ou pour
les compagnies émergentes qui ont du mal à montrer
et faire reconnaître leur travail.
Brigitte Bertrand dirige l’espace Jean Vilar à If, ex-scène
conventionnée pour les « formes croisées et formes
inclassables ». Elle revient sur l’immense travail de
médiation nécessaire pour faire connaître les diverses
formes de la marionnette. Le programmateur doit jouer
son rôle de passeur et miser sur l’intelligence des
spectateurs. Malgré des budgets limités, elle essaie
d’accompagner des projets hybrides, en mutualisation
avec ses collègues normands (exemple : coopération
avec le CDN de Caen pour une résidence). Elle croit
que les projets peuvent bénéficier de la « mutualisation
de la débrouillardise » entre lieux.
La formation et les espaces de rencontre entre artistes
en amont de la création sont importants. La relation
entre les théâtres et des structures comme l’Institut
de la marionnette peut y répondre. Pour créer son
dernier spectacle, la compagnie Stultiféra Navis
(Charleville-Mézières) s’est beaucoup appuyée sur
un travail d’action culturelle impliquant fortement les
adolescents.
Autre exemple, le festival « Orbis Pictus » à Reims fait
se rencontrer population et marionnette contemporaine.
Organisé par les compagnies Pseudonymo et Succursale
101, il présente des formes brèves marionnettiques :
le format court rend, selon David Girondin-Moab,
le public prêt à toutes les expériences. Artistiquement,
ce format stimule l’expérimentation. Le festival joue
aussi un rôle d’accompagnement car il permet d’inviter
plusieurs compagnies qui bénéficient de son audience
croissante auprès des professionnels.
Les collectivités doivent adapter leurs modes de
subvention à un champ artistique en pleine évolution,
car les artistes, par essence défricheurs, peinent
parfois à rentrer dans les critères des dispositifs.
Le Dicream (nouvelles technologies) est cité en
exemple. David Girondin-Moab invite à revaloriser
l’intérêt porté à la marionnette.
Les artistes accompagnent les artistes
A Reims, les compagnies Pseudonymo et Succursale 101
accueillent d’autres artistes en recherche dans
leur espace de travail. Le « Jardin Parallèle » met à
disposition ses savoir-faire. David Girondin-Moab
explique : « je fais ce que j’aurais aimé que l’on me fasse
à moi. J’ai perdu beaucoup de temps à comprendre
comment étaient organisés les lieux de diffusion en
France, comment on fait une demande de subvention,
et la construction d’un budget de production ».
Conditions de réussite,
enjeux stratégiques
Mateja Bizjak-Petit retient que « le mot « respect »
est souvent revenu. Respect pour les traditions, pour
l’artiste. Elle invite à « faire confiance à l’artiste, aux
programmateurs, mais aussi aux spectateurs ».
Pour Jérôme Descamps, les marionnettistes formés à
l’Esnam sont aujourd’hui moteurs dans la marionnette.
En témoignent les notions de pépinières d’artistes
et de laboratoires, promues par Renaud Herbin et
David Girondin-Moab. Il souligne le besoin d’espaces
de
recherche-création-diffusion-accompagnement,
dans lesquels on puisse oublier le temps et l’argent.
A été évoquée l’idée d’un lieu qui serait au Festival
mondial ce qu’est la FabricA au festival d’Avignon.
La compagnie Stultiféra Navis relate son
accompagnement par le Théâtre aux mains nues dirigé
par Eloi Recoing à Paris. Le parrainage artistique et
administratif l’a grandement aidée pour aller vers le
plateau.
27
synthèse
Par Jean-Claude Daniel, Président de l’Orcca
Je vais synthétiser assez brièvement car faire une
synthèse de ces synthèses s’avère un art qui est hors
du possible, même si je ne plongerai pas ici dans la
complexité de la définition des marionnettistes et de la
marionnette.
Quelques mots tout simplement : d’abord un premier
mot de remerciement aux animateurs, aux rapporteurs
des ateliers et à vous tous, à l’Orcca et à la Drac,
puissances organisatrices mixtes, qui ont fait un travail
semble-t-il utile à tous. Merci à vous tous aussi d’être
présents pour cette longue journée d’échanges et de
travail dans une mixité, un métissage des fonctions,
des rôles et des métiers de tous ceux qui sont présents
autour de cette table.
Un premier élément me paraît vraiment significatif :
les quatre ateliers ont souligné la qualité, la richesse des
échanges. Ce terrain de croisements, de rencontres et
de formulations d’un certain nombre de souhaits, de
demandes ou éventuellement de propositions, c’est
quelque chose qui est fondamental. Les moments où
l’on peut se croiser, échanger sont rares, en particulier
dans un dispositif où les acteurs sont aussi nombreux
et représentatifs d’une diversité.
Par rapport à ces échanges et il est évident que cela a
traversé les quatre ateliers : la marionnette aujourd’hui,
la marionnette en France, la marionnette à l’étranger et
la diversité des esthétiques confinent évidemment à une
difficulté de définition ou de positionnement. Ce qui est
important finalement, c’est ce qui a fini par en ressortir,
selon le point de vue dont l’on se place pour agir.
C’est vrai, la marionnette pour l’étudiant en formation
nécessite que l’on définisse avec précision quel est son
parcours de formation et de quelle manière son diplôme
d’enseignement supérieur lui sera délivré et donc sur
quelle base. Cette nécessité a été soulignée ce matin,
tant à travers le point de vue l’étudiant sortant de
l’école que de celui du marionnettiste affirmé dans son
expression professionnelle qui se posera la question
de savoir s’il est metteur en scène marionnettique,
auteur marionnettique, artisan marionnettique.
Mais tout cela n’a pas une importance extrême pourvu
que lui sache où il se situe, dans quel moment et avec
qui il est amené à échanger et à construire.
28
Un premier point de vue, c’est celui de la population.
Comment reçoit-on, en tant qu’individu, les spectacles
- en particulier les spectacles de marionnettes - dans
leur richesse d’aujourd’hui, leur diversité d’esthétiques
et leur construction contemporaine ? Ce sont finalement
trois visions qui se complètent agréablement, si l’on
veut bien y prendre garde.
Il y a tout un tissu à irriguer dans lesquels on peut très
certainement faire percoler cette richesse du nord de
notre région autour de la marionnette.
Par rapport à cela, dans nos richesses, je prends
comme richesse l’existence de l’École supérieure et
donc de ce festival, mais aussi de ce qui s’est créé
après le passage d’un certain nombre d’étudiants à
l'Ecole Supérieure dans la réalité de l’installation de
compagnies et d’artistes qui font leur chemin, et font
avec nous et pour nous un bout de chemin essentiel.
C’est ce qui a été souligné à maintes reprises autour
de Pseudonymo et « Orbis Pictus » et de cet atelier de
création de mise en partage, de « serre chaude », pour
l’ensemble de ce qui va être ou qui est déjà acteur
de la marionnette pour concevoir, construire, élaborer,
fabriquer parce que les marionnettistes sont aussi des
artisans au sens propre du terme.
C’est ce lieu qui nous paraît extrêmement intéressant et
intelligent. Se suffit-il à lui-même ? Certainement non,
il manque encore, sur les lieux labélisés ou non, des
fonctionnements en atelier.
J’ai bien retenu les propos de Jean-Marie Songy qui
disait finalement attention entre l’événementiel et
le quotidien, comment fait-on percoler en quelque
sorte les deux ? Comment fait-on en sorte que
l’événementiel retentisse sur le quotidien et qu’en
particulier, cela percole jusqu’auprès des populations
qui en sont par essence destinataires ? Il a pris l’image
du château-fort en disant qu’il fallait sans doute ériger
des citadelles et des châteaux forts. C’est utile.
C’est le cirque à Châlons-en-Champagne, la marionnette
à Charleville ou le graphisme à Chaumont. Mais si l’on
veut réunir les choses, il est urgent d’abaisser, dit-il,
les ponts-levis. L’image est belle et elle nous met
bien dans le droit fil de ce qu’on peut être amené, au
travers des échanges et de vos propositions, à mettre
en œuvre par la suite dans une intelligence partagée.
C’est peut-être une richesse dans notre Région entre
les services déconcentrés de l’Etat et l’Orcca, outil
culturel de la Région, dans des transversalités qui ont
quelquefois du mal à se définir. C’est vrai qu’on est
tous avec des définitions en tiroirs selon les styles,
les genres et les arts, mais rien n’exclut que dans
l’intelligence partagée, on noue suffisamment de
rapports pour que l’on sache prendre en compte et de
valoriser tous projets qui ne seraient pas classifiables
immédiatement. Il y a des parcours un petit peu en
diagonale qui permettent de le faire.
Le deuxième point que je souligne, c’est qu’on a
une richesse existante en Champagne-Ardenne.
On a montré que cette richesse continuait à se
transformer, richesse historique à Charleville comme
nous le rappelait l’ami Jacques Felix, mais richesse tout
court, autour de ce festival et de ce que la marionnette
a déjà, au travers de l’Institut et de l'Ecole supérieure,
réussi à faire gagner sur un territoire pour lequel « elle
parle » jusqu’à l’ensemble des Ardennes et certainement
maintenant à Reims et à une partie de la Marne.
Moins dans le sud de notre région, c’est dommage
d’une certaine manière, et il y a là un travail de fond à
faire avec ceux qui sont à la tête des salles labélisées
ou non, ceux qui sont dans des fonctions d’animations
territoriales dans les pays ou les communautés de
communes, ceux qui sont aussi dans les associations
sociales culturelles, les centres sociaux, les MJC et les
foyers ruraux...
Je pense que les lieux de fabriques commencent à être
imaginés. On a des lieux de fabriques sur le sud de
la région en Haute-Marne, pas encore dans l’Aube.
Ces lieux pourraient s’adjoindre des ateliers et ils
pourront être des lieux de créations.
Cette fois, pas de mise en partage mais de création
pour telle ou telle compagnie et donc aider au sens de
la production.
Il y a certainement dans la mise en réseau au sens
propre du terme beaucoup de choses encore à faire,
j’ai bien noté que l’idée de réseau était dans les têtes
et qu’on s’était dit les bonnes raisons d’être en réseau
et en particulier la confiance, le respect etc...
Mais dans les faits, le réseau n’existe que dans sa
potentialité et pas dans son existence concrète et
cela est important, cela veut dire qu’on doit continuer
ensemble à construire ces formes d’échanges,
de discussions, de mises en jeu, de prises de risques.
Quelquefois, c’est ça qui concrètement, au bout du
bout, fait réseau. Il y a encore une ligne de progrès
assez importante à construire.
29
synthèse
Par Jean-Claude Daniel, Président de l’Orcca
Troisième point sur lequel je voulais insister, ce sont
les logiques de territoires. L’économie du spectacle
connait une transformation, je dis bien l’économie du
spectacle, dans le rapport partagé par les collectivités
au financement de cette économie. Les choses se
modifient, on a tous constaté des raréfactions de
moyens financiers et par conséquent, les clauses
de survie et de développement de l’économie du
spectacle se reposent à nouveau, et sans doute
autrement. Dans les ateliers, vous avez questionné
des élus, présents dans la salle. Je pense qu’il est
très important de questionner, de se questionner sur
l’organisation sociale et sociétale dans les milieux
urbains et dans les milieux ruraux pour savoir de quelle
manière les élus transforment la vision qu’ils ont eue
pendant une longue période de la culture comme
élément de communication pour passer à la culture
comme élément de lien social et de construction de
la société.
Dans ce sens, leur rôle est engagé. Je le dis d’autant
que j’ai été un long moment élu, je pense qu’il s’agit
d’une responsabilité forte. Il y a d’ailleurs des élections
municipales à venir, il faudra questionner les élus sur ce
rôle et je pense que la participation des communautés
de communes, des communautés d’agglomérations
à cet élément fondamental de l’aide à l’émergence,
au maintien sur une localité, à la rencontre avec les
publics, à la diffusion en milieu scolaire, c’est un
lien qui appartient aussi à la responsabilité des élus.
Ce n’est pas qu’une question financière, c’est
également et surtout à mon avis une question purement
sociale et sociétale.
Je pense qu’on a des moyens à leur offrir avec
les résidences, les lieux de diffusion et puis aussi
l’organisation territoriale à l’échelle des pays et des
communautés de communes, des voyages en quelque
sorte culturels auprès des populations.
Je vais vous donner un exemple en dehors de
la marionnette, il s’agit de circassiens : quand les
circassiens sont en visite dans un village retiré de
la campagne haute-marnaise, le mot a lui tout seul
fait peur, mais quand on dit que ce sont des jeunes
30
qui font du cirque, ça va très bien. On revient à la même
chose sur la définition sémantique de la marionnette,
c’est un peu pareil. Pour le cirque, on a une compagnie
qui est rentrée en résidence, en action, dans un petit
village de Haute-Marne. Je peux vous assurer que
l’appétence, l’intelligence et le soutien de la population
ont été forts et constants, à tel point qu’ils ont eu
autour d’eux, dans leur action de territoires, beaucoup
plus de monde qu’il n’y en avait dans le village.
Le succès de nos actions est essentiel. Il ne se
mesure pas seulement dans l’exceptionnel et dans
les grandes salles, il se mesure aussi à tout ce que
l’on peut faire pour l’ensemble des populations,
sur l’ensemble d’un territoire. Cela nous amène
forcément au développement de l'action culturelle
pour les populations mais aussi pour le milieu scolaire.
Là aussi, les résidences, les PAG, les projets culturels
d’établissements, sont des données dans lesquelles la
marionnette doit trouver sa place au même titre que
d’autres formes, avec les autres mais aussi présente
en tant que telle.
la prise de risque d’une création in situ pourvu que les
moyens de cette création soient mis à disposition.
Pour l’instant, c’est possible en Ardennes, dans la
Marne ; c’est possible aussi en Haute-Marne mais il
reste à trouver comment continuer dans l’Aube ?
Pour terminer et en me réjouissant, je trouve que les
prémisses de l’écriture et l’écriture elle-même sont très
importantes.
Il vous sera proposé une écriture en quelque sorte
de ce que l’on est susceptible de proposer pour agir
ensemble, dans les termes qui ont déjà été indiqués.
Cette écriture n’est pas facile, elle rentrera comme
aujourd’hui dans l’échange et le dialogue.
Puis cela nous donnera un corpus de conduite qui
permettra à chacun, politique régionale, politique
déconcentrée de l'état, politique territoriale localisée
d’agir en connaissance de cause avec une volonté
commune de partager, impliquant élus, populations
et naturellement artistes et ce sera mon mot de
conclusion : toutes les initiatives appartiennent
aux artistes !
Enfin, pour revenir toujours à cette économie du
spectacle, elle passe forcément par la formation et c’est
une donnée sensible et essentielle avec le travail qui a
été mis en place à Reims autour de ce lieu de fabrique
« Jardin parallèle ». Il y a une dimension importante qui est
prise en compte, c’est l’idée de continuer la formation,
nous a-t-on dit ce matin. Cela ressemble étrangement
à la formation continue, entre autres, mais c’est bien
de continuer à voyager en ce formant ensemble.
C’est pour moi, profondément un vrai lieu de formation
et c’est donc à ce titre aussi qui faut qu’on l’aide et
qu’on le défende, c’est une dimension importante.
Ces lieux de formation ne sont pas forcément que
cela. Je pense que développer dans les structures
conventionnées ou dans d'autres lieux de fabrique et
d’ateliers, ça permet de recevoir les marionnettistes
mais pas qu’eux. C’est ce que les programmateurs
de salles nous ont dit ce matin : pour eux ce n'est
pas un problème, qu’on l’appelle marionnette ou pas
marionnette, ils sont prêts à en recevoir y compris dans
31
Annexe
Liste des participants
Elisabeth Algisi
Directrice artistique
Compagnie Atipik
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Gaëlle Allart
Médiatrice culturelle
Centre Culturel dans la Lune
Tinqueux (51)
[email protected]
Philippe BACHMAN
Directeur
La Comète Scène nationale de Chalons
Chalons-en-Champagne (51)
[email protected]
Edward BAGGS
Scénographe
Les ateliers de la boule bleue
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Sylvie BAILLON
Directrice
Le tas de sable - Ches panses vertes
Rivery(80)
[email protected]
Charlotte BAZIN
Chargée de mission
Nova Villa, festival Méli’mômes
Reims (51)
[email protected]
Marie-Antoinette BEAUDA
Vice-présidente du tourisme
Communauté de communes de 3 cantons
Carignan (08)
[email protected]
Adeline BECK
Correspondante
AVIAMA - Association des villes amies
de la marionnette
Ville de Charleville Mézières (08)
Elisabeth BECKER
Correspondante
AVIAMA - Association des villes amies
de la marionnette
Ville de Charleville Mézières (08)
[email protected]
Ikbal BEN KHALFALLAH
Directeur
Théâtre de Charleville Mézières (08)
[email protected]
32
Hélène BERTHAUT
Chef de mission appui conseil
au tourisme
DIRECCTE Champagne-Ardenne
Chalons-en-Champagne (51)
[email protected]
Anne CARA
Coordinatrice art et culture
Inspection académique des Ardennescoordinatrice art et culture
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Isabelle BERTOLA
Directrice
Mouffetard-Théâtre des arts de la
Marionnette
Paris (75)
[email protected]
Emmanuelle CASTANG
Secrétaire générale
Themaa/Secrétaire générale
Paris (75)
[email protected]
Brigitte BERTRAND
Directrice
Espace Jean Vilar d’If calvados
IF (14)
[email protected]
Laurent BISTON
Directeur
MJC Calonne de Sedan (08)
[email protected]
Mateja BIZJAK-PETIT
Directrice
Centre Culturel dans la Lune
Tinqueux (51)
[email protected]
Caroline CUEILLE
Directrice des affaires culturelles
Ville de Charleville Mézières (08)
[email protected]
Philippe CUMER
Directeur
Nouveau Relax scène conventionnée
de Chaumont (52)
public.theatreville-chaumont.fr
Jean-Claude DAMMEREY
Conseiller régional
Région Champagne-Ardenne
Chalons-en-Champagne (51)
[email protected]
Pierre BLAISE
Président
Cie théâtre sans toit/Directeur artistique
Gonesse (95)
[email protected]
Jean-Claude DANIEL
Président
Orcca - Office régional culturel de
Champagne-Ardenne
Epernay (51)
[email protected]
Lucile BODSON
Directrice
Institut international de la marionnette /
Esnam
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Eléna DAPPORTO
Chargée de mission arts de la marionnette
Ministère de la Culture et de la
Communication
Paris (75)
[email protected]
Roland BOUCHON
Directeur
Arts Vivants 52
Chaumont (52)
[email protected]
Jérôme DESCAMPS
Directeur
La Pellicule ensorcelée
Charleville-Mézières (08)
[email protected] Sophie BOUSSEAU
Chargée de mission
Orcca - Office régional culturel de
Champagne-Ardenne
Epernay (51)
[email protected]
Bruno DESERT
Chargé de mission Arts de la scène Territoire population
Orcca - Office régional culturel
de Champagne-Ardenne
Epernay (51)
[email protected]
Fatima BURER AYADE
Cie StultiferaNavis
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Dienaba DIA
Conseillère théâtre
DRAC Champagne-Ardenne
Chalons-en-Champagne (51)
[email protected]
Vanessa GAUNEL
Chargée de mission
Nova Villa, festival Méli’mômes
Reims (51)
[email protected]
Alain LECUCQ
Directeur artistique
Cie Papier théâtre
Vertus (51)
[email protected]
Jean-Louis DODE
Chef de service académique d’information
et d’orientation
Académie de Reims (51)
[email protected]
Florence GENDRIER
Directrice adjointe
DRAC Champagne-Ardenne
Chalons-en-Champagne (51)
[email protected]
Françoise LEOPOLD
Adjointe chargée de la culture
Ville de Rethel (08)
[email protected]
Marion DOYARD
Chef de service affaires culturelles
Conseil Général de la Marne
Chalons-en-Champagne (51)
[email protected]
Sixtine GIRMOND
Chargée de diffusion
Cie Pseudonymo
Reims (51)
[email protected]
Julien DREGE
Service culturel
Ville de Tinqueux (51)
[email protected]
David GIRONDIN-MOAB
Directeur
Cie Pseudonymo
Reims (51)
[email protected]
Claire DUCHEZ
Chargée d’administration
Themaa
Paris (75)
[email protected]
Christian DUFOUR
Directeur
Le Salmanazar, scène de création
et de diffusion d’Epernay (51)
[email protected]
Pauline DUQUESNE
Chargée ds relations professionnelles fval
orbis pictus
Cie Pseudonymo
Reims (51)
[email protected]
Bertille EUGENE
Correspondante AFEV
Association Nova Villa
Reims (51)
[email protected]
Raphaële FLEURY
Responsable du département Recherche
Institut international de la marionnette /
Esnam
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Jean-François GARRE
Responsable communication et RP
EPCC Vitry le François (51)
[email protected]
Flora GROS
Chargée de diffusion et d’implantation
Cie Théâtre sans toit
Gonesse (95)
[email protected]
Paul GUERRIER
Chargé de mission culture
Pays de Chaumont (52)
[email protected]
Gilles HERBILLON
Directeur
Conservatoire de la Ville de Reims (51)
[email protected]
Elisabeth HUSSON
Adjointe à la culture
Mairie de Sedan / Adjointe à la culture
Sedan (08)
[email protected]
Philippe LAFFAY
professeur d’arts plastiques / iim
responsable du Service Educatif
Lycée Verlaine de Rethel (08)
[email protected]
Annie-Claire LAFON-PANKOWSKI
Inspecteur de la création artistique Théâtre
Ministère de la Culture et de la
Communication
Paris (75)
[email protected]
Adèle LHOUTELLIER
Chargée de projets Arts de la scène Territoire population
Orcca - Office régional culturel
de Champagne-Ardenne
Epernay (51)
[email protected]
Julie LINQUETTE
Artiste
Cie StultiferaNavis
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Viviane LUCK
Administratrice
Institut international de la marionnette /
Esnam
Charleville-Mézières08
[email protected]
Olivier LUSSON
Directeur
Orcca - Office régional culturel de
Champagne-Ardenne
Epernay (51)
[email protected]
Denis MABIRE
Service culturel
Mairie de Ste Savine (10)
[email protected]
Luc MAGRINA
Journaliste
Echo des planches
Avignon
[email protected]
Narguess MAJD
Communication-diffusion
Cie Papier théâtre
Vertus (51)
[email protected]
Sylvie MARCKIEWICZ
Conseillère danse
DRAC Champagne-Ardenne
Châlons-en Champagne (51)
[email protected]
33
Annexe
Liste des participants
Sylviane MARTIN
ESPE Charleville (anciennement IUFM)
Charleville-Mézières (08)
Frédéric MAURIN
Directeur
L’Hectare
Vendôme (41)
[email protected]
José MENDES
Directeur artistique
Acte 2 théâtre
Sermiers (51)
[email protected]
Bruno MIKOL
Conseiller théâtre
DRAC IDF
Paris (75)
[email protected]
Françoise MITTELETTE
Directrice
Université de Reims Champagne-Ardenne
(SUAC)
Reims (51)
[email protected]
Dominique PIERRE
Coordinateur départemental
Côté Cour
Vrigne-aux-Bois (08)
[email protected]
Christine PONCELET
Conseillére pédagogique
DSDEN - Inspection academique de
l’Aube (10)
[email protected]
Gregory PRUONG
AVIAMA
Ville de Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Laurent SCHEFFER
Directeur
MJC intercommunale d’Aÿ (51)
[email protected]
Philippe MORNIEUX
Chargé de formation
FRMJC Champagne-Ardenne
Reims (51)
[email protected]
Philippe SIDRE
Directeur
Théâtre Gérard-Philipe de Frouard
(Lorraine)
Frouard (54)
[email protected]
Jean-Paul OLLIVIER
Directeur
DRAC Champagne-Ardenne
Châlons-en Champagne (51)
Joël SIMON
Directeur
Nova Villa, festival Méli’mômes
Reims (51)
ANDRé PARISOT
Directeur artistique
Cie La Boîte Noire
Reims (51)
[email protected]
Cécile STELLA
Coordinatrice culturelle
Ville de Fumay (08)
[email protected]
Eliane PASQUERO
Conseillère théâtre, danse cirque et arts
de la rue
Office de diffusion et d’information
artistique Normandie (ODIA)
Caen (14)
[email protected]
Didier PATARD
Directeur
Transversales, Scène conventionnée
de Verdun (55)
34
Marc PETRY
Directeur de la Culture
Région Champagne-Ardenne
Châlons-en Champagne (51)
[email protected]
Valérie TERASSON
Administratirce et production
Cie Théâtre sans toit
Paris (75)
[email protected]
Hervé THIBON
ESPE Charleville (anciennement IUFM)
Charleville-Mézières (08)
Cyril THOMAS
Responsable des projets dvt recherche
CNAC - Centre national des arts du cirque
Châlons-en Champagne (51)
[email protected]
Delphine TISSOT
Secrétaire Générale
Cie Pseudonymo
Reims (51)
Benjamin TROYON
Attaché à l’information
Institut international de la marionnette /
Esnam
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Julia VAILLANT
Chargée de mission
Orcca - Office régional culturel de
Champagne-Ardenne
Epernay (51)
[email protected]
Jeanne VASSEUR
Directrice centre ressource
CNAC - Centre national des arts du cirque
Châlons-en Champagne (51)
[email protected]
Serge VERBRUGGHE
Documentaliste
CNAC - Centre national des arts du cirque
Châlons-en Champagne (51)
[email protected]
Céline VERCAEMER
Référente culturelle
Ludoval
Reims (51)
[email protected]
Françis VERITA
Membre du CA et vice-président CESER
Orcca - Office régional culturel de
Champagne-Ardenne
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
Raymond WEBER
PrésidentInstitut international de la
marionnette / Esnam
Charleville-Mézières (08)
[email protected]
www.cr-champagne-ardenne.fr
GRAPHISME + PHOTO WWW.BENOITPELLETIER-DIABOLUS.FR
2014