les acTes e la MArionnEttE
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les acTes e la MArionnEttE
LES Assises régionales de la Marionnette SE SONT DEROULéES DANS LE CADRE DU FESTIVAL MONDIAL DES THéâTRES DE MARIONNETTE à charleville-mézières le 23/09/2013 LES ACTES ÉDITORIAL Il y a un an se tenaient les Assises régionales de la marionnette. À l’occasion de cette concertation, de ce dialogue, autour d’une expression artistique qui marque l’identité culturelle, la vie sociale et l’image de la Champagne-Ardenne, une centaine de personnes se sont réunies à Charleville - Mézières. Elles venaient de toute la Champagne-Ardenne mais aussi d’autres territoires. Davantage encore que les meilleurs discours, la diversité de leurs métiers et des structures qu’elles représentaient, est venue témoigner de l’intérêt que suscite le théâtre de marionnettes et d’objet dans notre région. Ces personnes, professionnelles ou bénévoles, fondent une partie de la vie culturelle de notre région, elles contribuent à nous ouvrir des portes vers nous-mêmes ou vers l’ailleurs, elles stimulent notre capacité à imaginer et rêver. Il était donc logique que leur parole constitue le cœur de cette journée. Comme vous le verrez à la lecture des synthèses, ici des pistes d’action ont été confirmées, là des idées nouvelles ont émergé. Surtout, des rencontres se sont faites : acteurs culturels, artistiques, territoriaux, élus, médiateurs, responsables de structures, se sont ici reconnus autour d’un intérêt partagé. Il appartiendra à tous de poursuivre le travail initié ici. Le monde évolue, le paysage artistique et culturel continue à se transformer. Des propositions d’actions nouvelles pourront intervenir dans les mois à venir pour que, généralisant la vocation d’ouverture du Festival Mondial des Théâtres de Marionnette et de l’Esnam, la Champagne-Ardenne devienne plus que jamais terre d’accueil des marionnettistes, que se structure une filière marionnettique, artistique, économique, sociale en région, enfin qu’une part toujours plus grande de nos concitoyens se familiarise avec cet art si étonnant et extraordinaire. Jean-Paul Bachy Jean-Claude Daniel Président du Conseil régional de Champagne-Ardenne Président de l’Office régional de Champagne-Ardenne 3 sommaire La rédaction des actes des « Assises régionales de la marionnette » a été assurée par l’Office régional culturel de ChampagneArdenne (Orcca) : Bruno Désert, chargé de mission, Adèle Lhoutellier, chargée de projets. COMPTE-RENDU DES ASSISES régionales de la marionnette Remerciements aux animateurs et aux rapporteurs des ateliers pour la relecture des textes. Ouverture Texte de Madame Claudine Ledoux, Maire de Charleville-Mézières Madame Nathalie Dahm, vice-présidente déléguée à la vie culturelle et au patrimoine au Conseil régional de Champagne-Ardenne Monsieur Pierre N’Gahane, Préfet des Ardennes Les Assises régionales de la marionnette ont été organisées conjointement par l’Orcca, avec le soutien de la Région Champagne-Ardenne, et la Drac Champagne-Ardenne avec Dienaba Dia, conseillère théâtre. Remerciements au Festival Mondial des Théâtres de Marionnette de Charleville-Mézières, son équipe technique et ses bénévoles, au Chapiteau Nomad pour l’espace d’accueil, à la Ville de Charleville-Mézières et à la Communauté d’Agglomération de Charleville-Mézières Cœur d’Ardennes (Médiathèque Voyelle) pour la mise à disposition des locaux, à l’Echo des Planches et à l’AREL pour l’enregistrement des débats. Communication et coordination évènementielle : Pôle Information & Communication Orcca (c) Visuel de couverture : www.benoitpelletier-diabolus.fr (c) Photos : Bruno Gouhoury - www.bruno-gouhoury.com éditorial Présentation de la problématique générale et des ateliers Par Cyrille Planson, rédacteur en chef de La Scène Restitution des ateliers (extraits) •A telier 1 : Quelle place pour la marionnette dans le développement culturel et économique des territoires ? Rapport aux publics de proximité. •A telier 2 : Comment développer les convergences ? Outils et moyens, repérages des talents, accompagnement et mutualisations. •A telier 3 : Formation, insertion, emploi, recherche : quels parcours pour la filière marionnette en Champagne-Ardenne ? • Atelier 4 : Favoriser et accompagner le croisement des esthétiques et les innovations Synthèse Par Jean-Claude Daniel, Président de l’Orcca Annexe • Liste des participants aux assises et contacts 4 5 Discours de Madame Claudine Ledoux, Discours de Madame Nathalie Dahm, Maire de Charleville-Mézières vice-présidente déléguée à la vie culturelle et au patrimoine au Conseil régional de Champagne-Ardenne Monsieur le Préfet de Région, Madame la Vice-présidente chargée des affaires culturelles du Conseil Régional de ChampagneArdenne, Mesdames, Messieurs, Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à Charleville-Mézières, pour les assises de la marionnette organisées par la DRAC Champagne-Ardenne, le Conseil Régional et l’Orcca, que je remercie d’ailleurs pour cette belle initiative qui vient vraiment à point nommé, au moment où Charleville-Mézières bat au rythme du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes. Depuis plus de cinquante ans maintenant, notre ville et ses habitants ont tissé des liens très forts avec les arts de la marionnette. Le Festival en est la pierre angulaire, il a suscité une telle ferveur que la passion de quelquesuns s’est propagée au point de faire de CharlevilleMézières la capitale mondiale des marionnettes. Au fil du temps, notre ville a enfanté ou accueilli de nombreuses structures et associations : l’Institut International de la Marionnette (IIM), l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM), l’Union Internationale des Marionnettistes (UNIMA) et plus récemment l’Association internationale des villes amies de la marionnette (AVIAMA). Nous disposons également désormais d’une salle d’exposition spécifique au sein du Musée de l’Ardenne, prémisses d’un futur Musée de la Marionnette. 6 Pour une ville de 60 000 habitants, c’est une situation assez exceptionnelle. Mais, évidemment, nous ne pouvons pas tout faire tous seuls, nous avons besoin de partenaires fiables et volontaristes comme le sont, dans leurs champs de compétences, la DRAC, le Conseil Régional et l’Orcca. Je les en remercie très sincèrement, d’autant qu’ils nous accompagnent aussi dans beaucoup d’autres domaines : musiques actuelles, patrimoine, Rimbaud et la poésie notamment. Nous avons évidemment aussi besoin des professionnels, qu’il nous faut accompagner au mieux, en écoutant leurs besoins, leurs attentes, leurs projets. Il est donc de notre intérêt à tous d’avoir, comme aujourd’hui, des espaces de rencontres, d’écoute, de partage, de débats. Je ne serai malheureusement pas en mesure de participer à vos travaux mais notre collectivité sera représentée, en particulier par Julien Sauvage, Adjoint au Maire chargé du développement culturel, et de Caroline Cueille, Directrice des Affaires Culturelles. Je compte sur eux pour me faire une restitution de vos travaux, mais aussi pour répondre aux questions que vous pourriez avoir concernant la politique menée par notre collectivité. Merci pour votre attention et bonne journée à tous. Monsieur le Préfet Madame le Maire de Charleville-Mézières Monsieur le Président de l’Orcca Monsieur le Président des Petits comédiens de chiffons Mesdames et Messieurs, En plus de cinquante ans, par la volonté concertée des acteurs et d’abord de Jacques Felix et des institutions publiques se sont concentrées à Charleville-Mézières beaucoup d’institutions : le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, l’institut international, l’Unima, l’Aviama qui représentent une masse critique de moyens qui font de cette ville un lieu important de l’art marionnetique en France et à l’international. Événementiel, expositions, recherche, formation initiale, formation continue, réseaux internationaux, de professionnels ou d’élus, nous avons toute la panoplie ou presque ! Au nom de Monsieur Jean-Paul Bachy, je suis particulièrement heureuse de m’adresser à vous dans le cadre de ces premières assises régionales de la marionnette en Champagne-Ardenne. Les arts de la marionnette occupent une place centrale dans la politique culturelle de notre ville, mais aussi dans la stratégie de développement de Charleville-Mézières puisqu’ils nous permettent de rayonner, d’accroître notre notoriété, bien au-delà de nos frontières, et qu’ils génèrent des retombées économiques importantes – je pense surtout au Festival (3,2 M € par édition – chiffres 2009). Pour les politiques publiques, ces assises sont à la fois un point d’aboutissement et un point de départ : Ces assises se déroulent à la veille du lancement des travaux d’extension de l’Institut de la marionnette dans le magasin Troussel, marquant par un geste architectural, la vocation irréversible de CharlevilleMézières d’accueillir cet institut unique au monde. Un point d’aboutissement du lent processus d’accompagnement du développement, par le Ministère de la culture et les collectivités territoriales, de la marionnette à Charleville-Mézières et dans les Ardennes. Elles se déroulent également lors d’un 17ème festival désormais bienalisé et dont la direction en la personne d’Anne Françoise Cabanis est professionnalisée, et dont la décentralisation en région est aujourd’hui acquise. 7 Discours de Madame Nathalie Dahm, vice-présidente déléguée à la vie culturelle et au patrimoine au Conseil régional de Champagne-Ardenne Mais ces assises se veulent aussi un point de départ. Il y a deux ans, lors du précèdent festival, nous avions organisé avec la Drac une rencontre professionnelle dans la cour du magasin Troussel à laquelle étaient déjà conviés les professionnels de la Région autour du thème « La Champagne Ardenne, terre de marionnette ». A travers cette formulation, la Région et la Drac affichaient leur souhait de réfléchir avec tous les acteurs aux conditions du développement de la marionnette en Champagne Ardenne. Aujourd’hui, c’est à l’élaboration d’une stratégie régionale de développement de la marionnette à laquelle nous vous invitons sur la base d’un texte d’introduction signé par le Président du Conseil régional et le Préfet de Region, marquant ainsi l’ambition qui est la nôtre. En 2010, lors de la nouvelle mandature à la Région, nous avons adopté une nouvelle éciture de la politique culturelle régionale articulée autour de 6 responsabilités particulières de la Région dans le domaine culturel : 1/ favoriser l’innovation pour la rencontre entre les populations et l’acte de création contemporain pour un moment de partage ; 2/ permettre à tout champardennais, jeune ou moins jeune, de développer, s’il en a le désir, une pratique d’amateur ou de professionnel dans sa région en assurant le renouvellement générationnel de la scène artistique champardennaise ; 3/ aider les artistes professionnels de la région à créer dans la liberté et la diversité des formes artistiques en qualifiant davantage la viabilité économique de leurs projets ; 4/ aider les artistes à se promouvoir en dehors de la région et à l’international ; 5/ faire pleinement vivre le réseau régional culturel, condition indispensable à son développement. Le 6ème axe concernait la nécessité d’exercer ces responsabilités plus particulièrement vers 4 langages artistiques qui constituent nos points de forces régionaux autour d’une logique territoriale : - la marionnette autour du pôle carolomacérien ; - le cirque autour du pôle Châlonnais avec le Cnac et Furies ; 8 - les musiques actuelles autour du réseau régional structuré par les 3 smac et les 2 festivals que sont Le Chien à plumes et Le Cabaret vert ; - le graphisme autour du pôle Chaumontais ; - le patrimoine autour du pôle Troyen et aubois. Dans un espace globalisé, où la circulation des œuvres et des talents est facilitée, il est important en termes de développement que la Région puisse disposer de pôles et de filières dans le domaine culturel qui puissent lui donner une couleur et la distinguer des autres territoires à l’échelle nationale et à l’échelle internationale. Ainsi, la Région considère que la marionnette est devenue un élément constitutif de son identité territoriale, élément qu’elle souhaite davantage valoriser auprès de la population régionale, auprès des acteurs culturels ainsi qu’au-delà de ses limites administratives. L’art de la marionnette est un art universel, populaire fédérateur. C’est un art du nomadisme, ce qui résonne particulièrement dans une région comme la nôtre qui est une région de passage. Il s’ancre dans la tradition mais est également porteur d’une grande modernité car il connait un profond renouvellement de ses formes. Charleville-Mézières est un des lieux importants à l’échelle mondiale de renouvellement et de modernisation de cet art. Nous considérons qu’il existe à Charleville et dans les Ardennes un « pôle de compétitivité culturel » où se concentrent les talents, les savoirs, mais aussi une population devenue au fil des ans « experte » dans la connaissance de cet art. Mais dans le contexte de concurrence entre les territoires, nous devons encore renforcer ce pôle. Il nous faut franchir une étape et construire autour du pôle carolomacérien un environnement régional qui s’alimente et qui en retour nourrisse le développement de Charleville. Il y a là aussi des enjeux en termes d’emploi, et d’attractivité. talents artistiques se prive de la possibilité de fixer « ces agents actifs » de l’inclusion sociale que sont les artistes. Pour que ces artistes marionnettistes puissent se fixer sur le territoire régional et travailler depuis ce territoire, ils doivent disposer d’un environnement favorable à leur implantation. Pour cela, il faut : - un public averti et formé, une population disposée à accueillir et à recevoir cet art ; - des équipements et des lieux…, ils existent ; - des compétences dans tous les domaines… elles existent. Mais elles doivent agir en réseau dans une cohérence d’action et une convergence d’objectifs : tels sont les objectifs de cette stratégie régionale. 3/ Le troisième principe est celui du décloisonnement. Il me semble important de dire que ce développement de la marionnette en Champagne-Ardenne nécessite la mobilisation de tous les acteurs bien au-delà du monde marionnetique : l’ensemble des acteurs publics, mais aussi l’ensemble des acteurs culturels (lieu de formation, de création, de diffusion, artistes issus de toutes les disciplines) peuvent, doivent, contribuer à cette stratégie… En vous conviant à ces assises, notre espoir est de vous convaincre que nous avons besoin du développement de la marionnette en région et que ce développement a aussi besoin de vous. Le choix de la forme des assises répond à un triple souci : J’adresse mes remerciements : Aux Petits Comédiens de Chiffons qui nous accueillent sous le chapiteau. Aux services de l’Orcca et de la Drac. 1/ La recherche d’une cohérence d’action. Dans le contexte, de raréfaction des crédits publics, il nous faut affirmer un principe de cohérence d’action entre tous les acteurs qui concourent au service public de la culture. L’Etat, les collectivités, les institutions publiques doivent agir en partageant un certain nombre d’objectifs communs. Ces assises sont conçues comme un moyen de convergence des objectifs de chacun des partenaires qui contribuent aux politiques publiques de la culture. 2/ Le second principe correspond au souci d’une démarche participative. Si l’Etat et la Région invitent à ces assises et proposent un certain nombre de pistes de travail, nous attendons surtout que grâce à la participation de l’ensemble des acteurs puissent se préciser les contours de cette action. Nous souhaitons qu’à travers le débat démocratique émergent des objectifs partagés entre tous. Un territoire sans artiste est un territoire sans avenir, parce qu’un territoire qui ne permet pas la formation, le développement, l’insertion professionnelle des 9 Discours de Monsieur Pierre N’Gahane, Préfet des Ardennes Monsieur le Député, Monsieur le Sénateur, Président Du Conseil Général, Monsieur le Sénateur, Monsieur le Président du Conseil Régional, Mesdames et messieurs les conseillers généraux, Mesdames et messieurs les conseillers régionaux, Monsieur le Maire de Sedan, Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les Présidents des chambres consulaires, Mesdames et Messieurs, en vos noms, grades et qualités, « La Marionnette obéit sur la scène aux mêmes lois fondamentales que celles qui régissent le théâtre en grand. […] Entre le Grand-Opéra et les baraques des Champs Elysées, il n’y a pas de différence morale. […] Il n’y a donc pas deux arts dramatiques, il n’y en a qu’un » George Sand. Les débats qui s’ouvrent aujourd’hui sur et autour des arts de la marionnette sont le fruit d’une résolution politique partagée (Etat/Région) qui ne se manifeste pas exclusivement par la dimension financière. La rénovation des politiques publiques en matière de spectacle vivant et la volonté de favoriser une meilleure organisation du secteur nécessitent non seulement de renforcer les partenariats avec les collectivités mais aussi d’entretenir un dialogue avec les artistes et les professionnels qui œuvrent sur l’ensemble du territoire champardennais à la création, à la diffusion, à la transmission, à la structuration, au rayonnement des arts de la marionnette. Le renouvellement et le rayonnement qu’ont connu les arts de la marionnette ces quarante dernières années ne sont pas étrangers à la Champagne-Ardenne, et la Champagne-Ardenne n’est étrangère ni au renouveau des écritures scéniques marionnettiques, ni aux évolutions positives de ces dernières années : deux directeurs de Centres Dramatiques Nationaux (CDN) sont des artistes marionnettistes, l’Etat aide aujourd’hui une centaine de compagnies sur le territoire national, les créations marionnettiques sont aujourd’hui diffusées dans l’ensemble des réseaux labellisés et/ou conventionnés. 10 En Champagne-Ardenne, deux des trois compagnies conventionnées par l’Etat sont des compagnies qui placent au centre de leurs créations l’objet marionnettique pour la première, le théâtre de papier pour la seconde. Deux structures, dont le projet s’appuie sur la création marionnettique contemporaine sont soutenues par l’Etat, des compagnies d’artistes marionnettistes sont aidées à la création, des associations sont accompagnées pour la mise en place d’ateliers de sensibilisation, d’actions citoyennes (à travers la fabrication/manipulation d’objets marionnettiques), et les dispositifs scolaires financés dans le cadre de l’éducation artistique prennent largement en compte des actions « Marionnettes », notamment à Charleville-Mézières. Charleville-Mézières où nous nous retrouvons aujourd’hui. Charleville-Mézières qui accueille le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes et Charleville-Mézières qui accueille l’Institut International de la Marionnettes (dont l’ESNAM, Ecole Supérieur National des Arts de la Marionnette). Les Petits Comédiens de Chiffon, le Festival et l’Institut ont fait naître des vocations et des projets, essaimé une passion sur le territoire carolomacérien, favorisé la structuration et la reconnaissance d’ un art séculaire. Un art séculaire qui épouse aujourd’hui, sans se fourvoyer, toutes les formes de son siècle (les nouvelles technologies entre autres) et continue de fédérer des artistes et des publics d’horizons professionnels et/ou géographiques différents et syncrétiques. Le travail mené par l’UNIMA, organisation internationale basée à Charleville-Mézières, témoigne de cette ouverture populaire et internationale des arts de la Marionnette. Par ailleurs, le Festival et l’Institut ne sont pas restés repliés sur eux-mêmes. Chaque structure, forte de sa singularité, est allée à la rencontre des écoliers, des collégiens, des lycéens, des étudiants (les Projets Artistiques Globalisés et les Unités d’Enseignements Transversales Culturelles), les habitants (résidences artistiques), mais aussi, notamment pour le festival, à la rencontre des acteurs culturels (l’Association Côté Cour et la FRMJC pour le « Grand Huit Marionnettes » avec la décentralisation du festival) qui font sillonner les spectacles du festival à travers le territoire champardennais et plus particulièrement sur les territoires éloignés des centres urbains. Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, Institut International de la Marionnette, Union Internationale de la Marionnette, scène conventionnée pour les arts de la marionnette (la Salamandre – EPCC de Vitry-le-François), laboratoire d’expérimentations et de recherches marionnettiques (Le Jardin Parallèle à Reims), artistes-marionnettistes, associations et/ou fédérations, initiés ou néophytes, publics de toutes les générations : la vitalité et le potentiel ne manquent décidément pas ! Aujourd’hui, afin que les contraintes administratives et financières n’entament point le dynamisme, le volontarisme, les projets de tous les créateurs et passionnés qui œuvrent patiemment et généreusement à une meilleure (re)connaissance des arts de la marionnette en Champagne-Ardenne, nous devons aujourd’hui conjuguer nos efforts, nos réflexions et nos moyens pour consolider, poursuivre ensemble cet heureux essaimage artistique et territorial. Ces réflexions partagées n’excluent évidemment point les autres arts. Réfléchir sur et autour de la Marionnette, c’est aussi parler de l’art et de la place des arts dans nos politiques, donc dans nos vies. Bernard Faivre d’Arcier (ancien directeur du festival d’Avignon) rappelle qu’« une personne qui entretient un rapport amoureux avec l’art, c’est-à dire pour laquelle l’art n’est pas un accessoire ni un divertissement se doit d’être multidisciplinaire et ouverte à toutes les faces de l’art ». Les arts de la Marionnette montrent souvent leur capacité à dépasser la simple juxtaposition de disciplines artistiques ; cette capacité à créer des œuvres transdisciplinaires, tout en respectant des filiations plus traditionnelles explique peut-être la magie, la poésie et la modernité de la Marionnette. 11 Présentation de la problématique générale et des ateliers Par Cyrille Planson, rédacteur en chef de la revue La Scène Je vais introduire les débats puis vous donner des indications sur le déroulement de cette journée. Je tiens d’abord à remercier l’Orcca, la Région, la Ville de Charleville-Mézières, la Drac de m’avoir invité à participer à ces rencontres. C’est toujours un plaisir pour moi de revenir en Champagne-Ardenne. Les discours nous ont donné une vision politique et introductive sur les débats que nous allons tenir concernant les perspectives de la marionnette en Champagne-Ardenne. Dans la suite de la matinée se tiendront parallèlement quatre ateliers. Après le déjeuner, les échanges du matin vous seront rapportés en séance plénière et nous nouerons un dialogue ensemble pour tenter de compléter ce qui aura été dit, développer des conclusions qui seraient suffisamment riches pour donner suite à ces premières rencontres. Ce temps de concertation est un moment important, c’est un espace dans lequel la parole vous est donnée, qui que vous soyez. Parmi vous sont présents des artistes marionnettistes, des pôles ressources de Champagne-Ardenne et d’ailleurs, des programmateurs généralistes, pas nécessairement spécialisés dans le champ de la marionnette, ainsi que des champs artistiques connexes comme le théâtre, le cinéma, les arts visuels. Nos débats seront nourris de la diversité de ces approches. Le rendez-vous d’aujourd’hui est un moment important dont il faut espérer qu’il sera fondateur. Il s’appuie sur le plus grand Festival des arts la marionnette au monde. Il intervient également dans un moment charnière pour les politiques culturelles. Le contexte de crise invite à réviser toutes sortes de modalités de travail entre les acteurs publics qui animent le champ culturel ; il est propice à la réécriture et à la réinvention des politiques culturelles, pouvant passer par de nouvelles méthodes de travail entre opérateurs et acteurs culturels. Le champ de la marionnette a très profondément évolué au niveau national et encore plus dans cette région au cours des dernières années. On a évoqué ce matin le potentiel qui existait avec l’Institut international de la marionnette, l’UNIMA, le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes en région. On peut également constater des évolutions fortes dans ce secteur, notamment à Charleville avec la biennalisation du Festival mondial, l’extension de sa décentralisation en Champagne-Ardenne grâce à l’action des réseaux de Côté Cour et de la Fédération régionale des MJC. Cela a permis une implantation plus forte du temps du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes en Champagne-Ardenne. Autre point à noter : l’implantation, relativement récente au cours des 10 dernières années, de compagnies qui ont fait le choix de rester dans cette région. Jusqu’à récemment, hormis les artistes issus des premières promotions de l’Ecole (Esnam), la majorité des artistes quittaient la région pour investir d’autres lieux de travail et la vie artistique marionnettique manquait à la région. Le choix fait par quelques compagnies de rester constitue une source de dynamisme pour cette région. Dans le même mouvement, le moment festivalier de Charleville s’est développé et d’autres manifestations sont nées, dans des formats originaux, liés à la recherche artistique pour le festival Orbis Pictus de Reims, ou investissant des contextes complexes en milieu rural (pays d’Epernay – Terre de Champagne) pour les Rencontres internationales des théâtres de papier créées par Alain Lecucq. A travers ces démarches, la marionnette a pu exister davantage, dans d’autres temps et d’autres lieux. En dehors de leurs temps forts, ces rencontres sont devenues des éléments fédérateurs pour les acteurs qui intégrent la marionnette dans leurs saisons culturelles. A l’échelle nationale et locale, les croisements artistiques de plus en plus nombreux entre artistes du champ de la marionnette et artistes des arts de la rue, du cirque, du théâtre, des arts visuels, de la performance, permettent à cette esthétique marionnettique de se frotter à d’autres arts et d’apporter beaucoup à l’évolution de ces arts-là. 12 Une plateforme de travail s’est développée en Champagne-Ardenne, bien sûr à Charleville-Mézières qui a toujours été un foyer de créations et de relations entre artistes de la marionnette. Plus récemment, on a vu l’émergence d’un pôle mutualisé entre les compagnies Pseudonymo et Succursale 101, le Jardin Parallèle. Ce pôle s’est ouvert à d’autres artistes en région mais aussi au national et s’intègre dans des réseaux plus vastes. De façon symptomatique, des démarches proches existent en Bretagne, de manière ancienne autour du « Bouffou Théâtre » ou plus récente comme avec la compagnie « Drolatic Industry » de Redon, qui s’est emparée d’un lieu qu’elle ouvre à d’autres dans un désir de se réunir et de se frotter aux recherches d’autres artistes. Ces initiatives font mesurer que la marionnette, comme les autres arts de la scène, a non seulement besoin d’accéder aux plateaux de théâtre pour pratiquer la recherche et créer, mais aussi à des ateliers et à des espaces de construction permettant d’éprouver les directions de travail dans un aller-retour entre plateau et atelier. Elles sont tempérées par un contexte national de forte tension sur l’emploi culturel, de raréfaction des fonds publics qui impacte fortement le champ de la marionnette, particulièrement fragile sur le plan de l’emploi et du travail. Les politiques publiques évoluent elles aussi. Les modèles traditionnels du rapport aux publics et à la diffusion laissent place à une approche renouvelée du territoire et de la prise en compte de la population. Dans ce mouvement, la marionnette dispose d’atouts que lui permettent de s’exprimer à la fois dans le tissu urbain (exemple du Jardin parallèle) de même que dans le milieu rural qui présente des certaines contraintes d’adaptation, de possibilités techniques, de financements. La marionnette a encore du mal à percer, à s’affirmer, elle doit continuer à s’affranchir de l’image réductrice du jeune public, en travaillant auprès des programmateurs, des médias, des élus de certains territoires. 13 Présentation de la problématique générale et des ateliers Par Cyrille Planson, rédacteur en chef de la revue La Scène En même temps, son exposition médiatique a pris une plus grande ampleur, la qualité des recherches artistiques qu’elle propose est mieux reconnue. La présence de Gisèle Vienne au Festival d’Avignon de 2010 a permis d’offrir un coup de projecteur sur le théâtre de marionnettes, les grands médias nationaux comme Le Monde, comme Télérama ont porté un regard plus affûté que par le passé sur cet art. Artistiquement la valeur des spectacles fait l’objet d’une plus grande reconnaissance. L’intérêt des programmateurs des réseaux labellisés pour ces écritures est plus grand, écritures parfois croisées avec d’autres arts, écritures parfois partagées avec des auteurs. La marionnette est plus visible dans les saisons culturelles. La naissance en 2012 du réseau Latitude marionnette, réseau de diffuseurs dont le président est parmi nous aujourd’hui, en est un témoignage. Des professionnels agissent au service de la circulation des spectacles, de l’accompagnement des projets et de l’aide à la création. Les Saisons de la marionnette, étalées de 2007 à 2010, ont nourri ce mouvement qui a pu se traduire par une visibilité médiatique ainsi que par l’émergence de pôles ressources reliés nationalement et situés parfois à proximité de la Champagne-Ardenne (Picardie, Ile-de-France). Ce tissu n’existait pas il y a 8 à 10 ans. Ce bilan contrasté, lacunaire, non exhaustif, n’est que le mien. Il tente néanmoins de retracer la croissance d’un secteur fragile par essence qui commence à recevoir la reconnaissance qu’il mérite et pourrait trouver dans les années une place un peu plus importante dans les territoires, les politiques culturelles, en particulier en Champagne-Ardenne où un pan du territoire reste à conquérir, si l’on pense à la Marne, l’Aube et la HauteMarne. Vous allez maintenant vous répartir en sous-groupes pour travailler en atelier. Je vous propose de rebalayer les grandes questions qui vont y être abordées. 14 Dans le 1er atelier intitulé « Quelle place pour la marionnette dans le développement culturel et économique du territoire champardennais ? », on posera la question du rapport au public et de la proximité, le rapport au territoire régional. On y envisagera aussi la marionnette comme outil de médiation et de sensibilisation des publics au spectacle vivant au sens large mais pas seulement à la marionnette. Sera abordée la place des festivals sur ce territoire et leur impact économique. On y réfléchira aussi sur la manière dont la marionnette pourrait rayonner davantage dans le tissu rural. Le 2ème atelier intitulé « Comment développer les convergences ? » renvoie au contexte présent des politiques culturelles qui, ici comme ailleurs, se caractérise par des moyens financiers contraints et invite par conséquent à la recherche de convergences et de mutualisations. Comment faire mieux ensemble ? Comment réunir les démarches et les opérateurs existants ? Comment essayer de mieux travailler ensemble sur l’accompagnement du développement de la marionnette ? Dans un deuxième temps, l’atelier abordera la question des outils, des moyens, la question des repérages d’artistes et de leur insertion professionnelle, particulièrement cruciale dans une région dotée d’une école supérieure nationale. Quels accompagnements pour favoriser l’émergence artistique et la mutualisation ? Que signifie le mot « accompagner » ? Enfin sera évoquée la question corolaire de l’insertion dans les réseaux. Les réseaux en région bien sûr, mais aussi l’articulation de ceux-ci avec les réseaux nationaux, en particulier ceux qui se situent dans une proximité géographique. Il y a des acteurs en Picardie, mais aussi en Lorraine avec Marilor, dans le Grand Est avec l’association Quint’Est, et en Belgique. Le 3ème atelier « Formation, insertion, recherche, quel parcours pour la filière Marionnettique ? » posera la question du rapport de l’art de la marionnette aux jeunes de Champagne-Ardenne, jeunes publics, jeunes en formation, jeunes au sens large. L’éducation artistique y sera abordée, par exemple à travers le travail avec les collégiens, les lycéens, de même que celle du parcours de professionnalisation, centré autour de ce noyau structurant qu’est l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam). Comment décrire la phase qui précède la candidature à l’Esnam ? Quel parcours postformation, quelle insertion professionnelle pour ces artistes ? La question renvoie sans doute aussi au développement de leurs activités, de leurs réseaux artistiques, de leurs connexions ici dans cette région. On pourra aussi évoquer les besoins de soutien à l’emploi. C’est à travers ces ateliers que l’on va pouvoir ouvrir des perspectives qui seront très importantes, car elles dessineront les suites qui pourront y être données par les partenaires Etat et Région. Nous nous retrouvons en plénière à 15h pour deux heures d’échanges avant la présentation d’une synthèse de la journée qui sera assurée par Jean-Claude Daniel, président de l’Orcca. Dans le 4ème atelier « Favoriser et accompagner les croisements des esthétiques et les innovations » seront évoqués les enjeux de ces écritures contemporaines, qui collaborent plus que jamais avec le théâtre, la danse, le cirque. Comment accompagner des projets qui pratiquent le croisement avec d’autres arts ? Comment favoriser la rencontrer des artistes ? Faut-il imaginer des laboratoires, des espaces de travail virtuels sur une recherche pure ou plus concrète ? Beaucoup de chantiers peuvent être ouverts. Autre question cruciale, celle de la présence de la marionnette dans le réseau de diffusion généraliste qui constitue évidemment un enjeu fort dans une région comme la Champagne-Ardenne. Si, au niveau national, le réseau spécialisé dans la marionnette existe, à l’échelle régionale la diffusion de la marionnette passe nécessairement par un réseau généraliste. Quelle place la marionnette va-t-elle trouver dans un réseau de scène conventionnée, de théâtres de villes, ainsi que dans des lieux de proximités auxquelles elle sait s’adapter, qu’il s’agisse de maisons de quartier, de MJC, de centres sociaux, d’associations animant le milieu rural. Après avoir brossé un panorama rapide de ces ateliers et lancé quelques questionnements qui seront enrichis en atelier, je vous invite maintenant à rejoindre vos groupes de travail. Chaque atelier sera animé par deux personnes et rapporté par deux autres en séance plénière. 15 Atelier 1 : Quelle place pour la marionnette dans le développement culturel et économique des territoires ? Rapport aux publics de proximité. Animateurs Bruno Désert, chargé de mission territoires – population / arts de la scène à l’Orcca ; Christian Dufour, directeur du Salmanazar, scène de création et de diffusion d’Epernay (51). Rapporteurs : Elisabeth Algisi, artiste marionnettiste de la compagnie Atipik ; Delphine Tissot, secrétaire générale de la compagnie Pseudonymo et la plateforme du « Jardin Parallèle » à Reims. Les essentiels Le théâtre de marionnette est un langage extrêmement riche qui peut nourrir la rencontre entre arts et population. La richesse des actions culturelles ressort unanimement comme un point fort de la marionnette, mais il est essentiel que le public découvre aussi la marionnette « sur scène ». Des projets culturels de territoire ont été décrits (Frouard, quartier Orgeval de Reims, pays d’Epernay, Ardennes). Leur mise en œuvre souffre parfois de la fragilisation des acteurs relais et médiateurs nécessaires à l’accompagnement des projets et au tissage des liens. Sans se réduire à une forme artistique qui serait par définition tout-terrain, le théâtre de marionnette peut clairement nourrir des projets culturels de proximité, urbains ou ruraux, ou dynamiser le projet d’une scène généraliste. Les expériences décrites dessinent de possibles modèles d’action. Un support puissant pour intéresser et stimuler la curiosité des habitants d’un territoire Plusieurs professionnels témoignent du fait que « la marionnette éveille la curiosité » (Dominique Pierre, coordinateur réseau « Côté Cour »). Les marionnettes sont « des objets qui interpellent et intéressent les gens » (Philippe Sidre, directeur de la scène conventionnée de Frouard). « Le transfert qui se joue par le biais de l’objet fait de la marionnette un média opérant pour travailler avec divers publics » (Delphine Tissot). Le public en témoigne : « On ne pensait pas que la marionnette, c’était ça » (cité par Christian Dufour). « Ce langage très visuel porte en lui une richesse universelle » (Philippe Sidre). 16 L’image de la marionnette auprès des publics apparaît très positive, malgré la représentation persistante d’un art pour enfants. Les différentes techniques utilisées et les liens entretenus avec les autres arts attirent le public. Les formes marionnettiques peuvent s’adapter à diverses contraintes : l’existence de formes légères présentant une ouverture artistique forte en fait un objet propice aux projets culturels et artistiques de proximité. Diversité des univers, diversité des formats : il existe aussi des formes scéniques de grande ampleur auxquelles les artistes ne doivent pas s’interdire de penser (Valérie Terrasson, administratrice de la compagnie Théâtre sans toit). Expérience Une carte maîtresse pour la médiation et l’action culturelle L’action culturelle peut se concevoir de manière non classique car les points d’entrée sont nombreux : techniques multiples, construction, manipulation. Langage puissant mettant en jeu l’objet inanimé, pouvant se passer de la parole ou du texte, elle est plus facile d’accès. Ces caractéristiques peuvent enrichir l’ancrage local d’un équipement de diffusion ou servir les projets d’acteurs culturels du milieu rural, des quartiers ou de l’éducation populaire. Toutefois, l’action culturelle ne livre qu’une facette de la marionnette si elle n’est pas complétée par la rencontre des artistes et des œuvres. Le théâtre Gérard-Philipe de Frouard, à côté de Nancy, a positionné son projet sur les arts de la marionnette, il y a 10 ans. Le choix de ce langage a été guidé par un souci de complémentarité avec l’offre culturelle existante dans l’agglomération nancéenne. Delphine Tissot rend compte d’ateliers organisés dans le quartier Orgeval de Reims auprès de structures variées : PMI, maison de retraite, PJJ, personnes handicapées. André Parisot, directeur artistique de la compagnie La boîte noire, envisage l’action culturelle comme un projet sur mesure, jamais pré-formaté. Philippe Sidre, directeur, témoigne que le projet s’est installé au fil du temps : il a fallu convaincre les politiques, le public, intégrer des spectacles pour adultes, engager des actions culturelles auprès de divers publics. Le programmateur a placé la curiosité au centre de cette démarche : « rendre curieux et inviter les curieux ». « Après 10 ans, un engouement très fort est né ». Pour Laurent Biston, directeur de la MJC de Sedan, les réductions de crédits rendent plus difficile l’inscription des projets dans la durée. Difficile à valoriser et à évaluer, parfois peu reconnue par les décideurs, l’action culturelle est à défendre. Des représentants d’institution rappellent qu’elle est reconnue à travers les cahiers des charges des structures. Les points forts de la marionnette : ce langage essentiellement visuel est plus facilement accessible et immédiat. Construisant eux-mêmes les objets manipulés, les marionnettistes savent s’adapter si besoin aux lieux non équipés (lycées, villages, …). Le rapport à l’objet crée du lien avec le spectateur et suscite une forte demande d’ateliers. Support propice à la symbolisation et au transfert, la marionnette construite ou manipulée facilite l’expression de la personne. Philippe Sidre évoque un travail à effectuer sur la formation des médiateurs aux potentialités de la marionnette. Elise Mérigeau, chargée de relations publiques au Manège de Reims, fait part de l’existence d’un réseau national de médiateurs pouvant porter un intérêt à la marionnette. Un projet local ou à rayonnement territorial peut-il appuyer utilement la marionnette ? Beaucoup d’artistes savent formuler des propositions répondant à divers contextes (sites patrimoniaux, lieux non équipés) pour aller à la rencontre des habitants. La richesse de cet art multiforme reste un atout auprès de publics non conquis d’avance. La venue des adultes est favorisée par la proximité. Dans les Ardennes, le réseau « Côté Cour » décentralise le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières en appui sur un réseau de communes rurales, comités des fêtes, associations. Il a atteint en 2011 le chiffre record de 84 représentations. Enjeux : toucher davantage le public adulte et, pour les lieux d’accueil, renforcer les responsables dans leur rôle de médiateurs à travers la formation. Jusque 2011, la région d’Epernay accueillait les « Rencontres internationales des théâtres de papier » (RITP) conduites par Alain Lecucq (compagnie Papier Théâtre). Monté en lien avec le Pays et les communautés de communes, ce festival biennal reposant sur des spectacles montrés dans des lieux familiers aux habitants, a rencontré un large succès auprès des publics et des élus. Ce type de démarche doit néanmoins s’enraciner dans le temps : en 2011, les RITP ont dû cesser, le Pays ayant redéployé ses budgets malgré un bilan favorable. Delphine Tissot donne l’exemple d’un mariage réussi entre la marionnette et le quartier Orgeval de Reims. Implantées sur place, les compagnies Pseudonymo et Succursale 101 y travaillent dans la durée. Malgré des caps à franchir, le projet continue de s’étoffer. De fait, si des projets ponctuels peuvent bénéficier des apports de la marionnette, les acteurs se plaçant dans la perspective d’un projet culturel de moyen terme gagnent à utiliser l’outil qu’est l’accueil-résidence. 17 Atelier 1 : Quelle place pour la marionnette dans le développement culturel et économique des territoires ? Rapport aux publics de proximité. Atelier 2 : Comment développer les convergences ? Outils et moyens, repérages des talents, accompagnement et mutualisations. Animateurs Marc Pétry, directeur de la Culture à la Région Champagne-Ardenne ; Philippe Bachman, directeur de la scène nationale de Châlons-en-Champagne (51). Rapporteurs : Didier Patard, directeur de la scène conventionnée de Verdun et fondateur du réseau « Cirque en Lorraine » ; Roland Bouchon, directeur d’Arts vivants 52. En s’accordant le temps nécessaire pour bâtir un projet, on atteint une cohérence artistique plus forte, donc un projet plus impactant : les artistes s’inscrivent mieux dans la vie locale, la relation aux habitants et aux associations en est enrichie et transformée. Pour Elise Mérigeau, la marionnette n’est pas un outil au service de la sensibilisation, c’est la sensibilisation qui est au service de la marionnette. Son témoignage fait apparaître que, fort logiquement, les acteurs s’approprient le théâtre de marionnette en fonction de leur contexte, différent selon que l’on parle d’un équipement central ou bien d’un territoire en cours de réflexion sur son projet culturel et ses axes. Le rapport aux élus et les retombées locales Dans la mise en œuvre de projets culturels rayonnant sur le territoire rural ou intégrant la marionnette à une programmation, la relation aux élus locaux est très importante. L’élu n’étant souvent pas convaincu a priori, un dialogue doit être nourri. Cette tâche est jugée difficile par plusieurs participants (« un travail acharné ») et renvoie à des représentations parfois négatives sur la marionnette mais « certains élus sont ravis de voir naître un projet culturel dans leur territoire ». Une élue témoigne de la difficulté ressentie parfois à justifier la dépense culturelle. Pour Francis Vérita, vice-président du CESER, les acteurs culturels doivent « aller convaincre le monde associatif et les familles, qui convaincront l’élu ». Les Parcs naturels régionaux peuvent être leviers dans le monde rural. L’attractivité des territoires est liée à l’offre culturelle qui nourrit positivement le regard des habitants comme 18 des acteurs extérieurs au territoire. Les retombées économiques directes existent : Julien Sauvage, adjoint au Maire de Charleville-Mézières, indique que le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes génère 3 M € de retombées économiques pour une base de 800000 € de fonds publics. Conditions de réussite, Enjeux stratégiques • Porter une attention au dialogue avec les élus locaux ; • Les équipements de la région manquent d’ateliers or ceux–ci sont nécessaires aux marionnettistes en résidence. Le besoin d’ateliers de construction doit être mieux pris en compte au sein des lieux qui veulent mettre en place des projets de résidences ; • Les projets de proximité demandent un véritable accompagnement vis-à-vis des artistes intervenants comme en vers la population locale. Les interlocuteurs qualifiés n’existent pas partout car les animateurs culturels et relais locaux sont moins nombreux. Des programmes de formation des médiateurs locaux pourraient être expérimentés ; • Françoise Mittelette, responsable du service culturel de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, rappelle que « pour développer une présence de la marionnette en région, il est nécessaire que la Champagne-Ardenne parvienne à retenir une partie des jeunes talents de l’Esnam sur son sol ». Pour ce faire, il faut permettre aux jeunes artistes d’être accompagnés sur l’ensemble du territoire. Cette responsabilité ne relève pas que des collectivités territoriales, elle est partagée avec d’autres acteurs, comme le réseau de diffusion. Les essentiels Le projet d’une présence forte de la marionnette en Champagne-Ardenne renvoie à des stratégies collectives et concertées. Pour favoriser une dynamique régionale élargie, les maîtres mots sont sans doute : intelligence commune, renforcement des capacités collectives, convergences. Structurer un écosystème riche de ses acteurs, de leurs projets originaux, de leurs réseaux, pour faire demain de la région une terre d'accueil pour les marionnettistes. Cela passe par la compréhension des mécanismes du développement, la prise en compte des artistes émergents et l’analyse critique de l’action des réseaux, à élargir ou à compléter. Qu’est-ce que développer la marionnette dans un territoire ? On parle ici de valoriser une discipline très spécialisée en direction d’un public et d’un réseau plus larges et peu spécialisés. Dans son histoire, la marionnette a eu, comme le cirque, à revendiquer sa spécificité pour obtenir une pleine reconnaissance institutionnelle. Un long chemin a été parcouru mais les questions de définition demeurent prégnantes : le théâtre de la marionnette, qu’est-ce que cela implique ? Question complexe tant la porosité avec les autres disciplines est forte et les sous-catégories nombreuses (théâtre d’objets, de papier…). Un élu local estime que la clé d’entrée est simple : le terme de « marionnette » parle spontanément aux gens. Si une révolution esthétique est bien intervenue dans l’univers de la marionnette, le geste artistique demeure universel ; la perméabilité entre les arts n’en est qu’une conséquence. C’est aux professionnels qu’il revient de qualifier et de médiatiser les formes artistiques. Une expérience et un paradoxe : Charleville-Mézières A Charleville-Mézières, de nombreux acteurs agissent pour la marionnette. Capitale mondiale de cet art grâce au Festival mondial, à l’Institut et l’Ecole supérieure, elle bénéficie d’outils d’exception, cependant Ikbal Ben Khalfallah, directeur du Théâtre municipal, pointe l’écart entre le succès de l’événement festivalier et les difficultés qu’il rencontre à mobiliser le public sur sa programmation marionnettique entre deux festivals : la marionnette semble soudain évacuée. L’événementiel attire le public et offre à la ville la visibilité recherchée par les élus. S’oppose-t-il au travail de fond, qui favorise l’enracinement de la marionnette et enrichit sa connaissance ? Pour Didier Patard, il faut « trouver l’équilibre entre cet exceptionnel et ce quotidien ». « Les gens ont droit aux deux ». La médiation culturelle apparaît essentielle (résidences). Julien Sauvage, adjoint à la Culture à la Ville de Charleville-Mézières, fait valoir que le soutien de la Ville au Festival a, in fine, permis une vraie structuration de la marionnette avec l’arrivée de l’Institut puis l’Ecole. Jean-Luc Félix, président des « Petits comédiens de chiffon », rappelle que le Festival a construit pendant 50 ans et a donné à la marionnette le soutien populaire et politique, clé de développements ultérieurs. Cela ne résout pas le paradoxe évoqué mais montre que l’événementiel peut nourrir la structuration. Pour Philippe Bachman, la structuration professionnelle des compagnies est solide et l’insertion professionnelle fonctionne même si l’émergence pose question. Les équipements de diffusion doivent garder le cap du travail de fond, incluant la médiation. Celle-ci ne doit pas opposer tradition et modernité mais faire connaître ces deux composantes de la marionnette. 19 Atelier 2 : Comment développer les convergences ? Outils et moyens, repérages des talents, accompagnement et mutualisations. La présence de l’Etat est essentielle (légitimation), comme le dialogue Etat-Région et les financements croisés : faisant converger les collectivités autour d’objectifs partagés, ils inscrivent les démarches dans la durée et garantissent l’exigence culturelle. Si « on ne peut pas émerger pendant 15 ans », quelles attentes placer à cet endroit ? Quels choix effectuer ? L’émergence s’inscrit dans une réflexion globale sur les parcours professionnels. Des artistes demandent le droit à la recherche sans obligation de création. Renforcer l’attractivité régionale en créant un environnement favorable aux artistes L’accompagnement suppose que l’accompagnant se situe dans un dialogue avec l’artiste et accepte une part d’inconnu. Les écoles supérieures jouent leur rôle, mais il faut encore décloisonner les approches et les réseaux. La présence plus forte d’artistes et de créations apparaît comme le préalable au développement de la marionnette dans l’espace régional. A ce titre, la capacité à accompagner des équipes artistiques, notamment émergentes, mérite une attention particulière. En effet, « malgré des outils d’exception, vous avez du mal à garder les artistes dans votre environnement » (Didier Patard). L’émergence en débat Qu’est-ce qu’une compagnie émergente ? Est-il souhaitable que les jeunes diplômés de l’Esnam créent une compagnie ; doivent-ils s’insérer dans les compagnies existantes ? La réponse orientera le type de relations à envisager entre l’Esnam et le réseau professionnel. L’émergence est une étape importante mais elle ne doit constituer qu’un point de passage. Or, certains artistes ont du mal à en sortir et le terme perd alors son sens. L’orientation stratégique de la Région est interrogée : veut-on travailler avec les artistes locaux et si oui, comment les aider à se projeter dans le territoire ? Ou s’agit-il de retenir les jeunes diplômés de l’Esnam ? Quid de l’échelle interrégionale ? Pour Didier Patard, « l’essentiel est d’avoir des artistes. Si vous avez de la création dans votre territoire, davantage d’artistes formés en Champagne-Ardenne choisiront de s’y implanter car ils pourront y faire des rencontres ». Expérience : le « Jardin Parallèle » David Girondin-Moab (directeur artistique) et Delphine Tissot (secrétaire générale) : ce lieu est né du regroupement des compagnies Pseudonymo et Succursale 101, sur la base d’un manque, le « besoin d’un atelier de construction qui permettrait un passage facile de l’atelier au plateau, et d’un bureau de soutien à des équipes en résidence ». Ce laboratoire marionnettique met en contact différents artistes. Pour Cyrille Planson (revue La Scène), le positionnement de compagnies comme accompagnateurs de jeunes artistes ou diffuseurs de formes brèves peut traduire une vraie carence du réseau de diffusion. Selon David Girondin-Moab, des outils comme le « Jardin parallèle » doivent être portés par les artistes : ils ont la conscience la plus aigüe de leurs besoins. Didier Patard juge « important que les artistes deviennent acteurs de leur destin ». Les choses ne se façonnent jamais hors sol et les artistes font partie d’un environnement professionnel et territorial. Les réseaux et le réseau marionnettique en Champagne-Ardenne Pour Philippe Bachman, le paysage culturel s’organise en cercles concentriques articulés selon 3 dimensions : les disciplines artistiques (segmentation qui peut séparer ou relier), la géographie administrative (de la ville au national), les niveaux de labellisation. Le croisement des cercles situe chaque acteur précisément et l’aide à trouver sa place dans la démarche, quels que soient sa taille et ses moyens. Chaque structure « portant son projet artistique et culturel de manière intime », la coopération nécessite qualité de dialogue et d’échange. Converger revient à s’ouvrir et rencontrer. Les acteurs culturels ont la responsabilité de ne pas se fermer les uns aux autres : le « faire réseau » a sens avec une mission publique. Une participante carolomacérienne déplore que dans sa ville, « chacun s’approprie la marionnette et travaille un peu pour soi » au détriment du public. Les réseaux en Champagne-Ardenne Le réseau des diffuseurs fonctionne, avec des passerelles entre l’Esnam et les équipements, ainsi qu’un festival fort, mais le réseau des artistes apparaît moins structuré et d’autres structures demeurent en marge. La marionnette s’est organisée, au point de susciter la demande des élus. Les champardennais sont insérés à l’interrégional avec « Quint’Est », « Latitude marionnette », « Themaa », « Transform ». La marionnette est prise en compte dans l’accompagnement, le besoin de recherche artistique, les accueils en résidence. 20 Les échanges réguliers nourrissent la connaissance mutuelle ; il en émerge des potentialités de partenariats. La question des objectifs des réseaux (production, diffusion, mise en partage de projets, repérages…) et de leur évaluation reste néanmoins importante. L’élargissement du réseau pourra confronter à des questions de légitimité sur le repérage d’artistes. Se mobiliser ensemble En milieu rural, la MJC d’Aÿ a appuyé la compagnie Papier Théâtre dans la mise en œuvre des « Rencontres des théâtres de papier ». La Fédération régionale des MJC complète depuis 2011 l’action de « Côté Cour » pour décentraliser le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes dans le sud de la région, le Festival apporte son expertise et son image, la FRMJC mobilise les structures socioculturelles. Le « Jardin parallèle » est ouvert à d’autres artistes, notamment les jeunes (accueils, compagnonnages, groupement d’employeurs), en lien avec l’Institut de la marionnette, l’EPCC de Vitry-le-François... Cette plateforme bien intégrée est devenue un maillon fort de l’insertion professionnelle et de la densité artistique en région. Mais diriger ce type de lieu n’est pas évident en l’absence de cahier des charges et de tous les moyens nécessaires. Conditions de réussite, enjeux stratégiques L’atelier fait apparaître des directions fortes et des aspirations convergentes. Plusieurs éléments clés sont retenus : • respect et confiance, en particulier envers les artistes, comme clé de voute de toute coopération ; • reconnaissance de compétences mutuelles ; • écoute et dialogue ; • solidarité : l’ensemble ne se développe pleinement que par l’engagement de tous les cercles culturels ; • concertation et financements croisés ; • capacité de la Région à fédérer autour d’un code de bonne conduite ; • droit à la recherche artistique. 21 Atelier 3 : Formation, insertion, emploi, recherche : quels parcours pour la filière marionnette en Champagne-Ardenne ? Animateurs Florence Gendrier, directrice adjointe de la Drac Champagne-Ardenne ; Raphaèle Fleury, responsable du pôle Recherche et documentation de l’Institut international de la marionnette (IIM). Rapporteurs : Françoise Mittelette, responsable du service culturel (SUAC) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne ; Gilles Herbillon, directeur du Conservatoire à rayonnement régional de Reims. Les essentiels L’atelier interroge plusieurs thèmes assez différents mais complémentaires. Comment sensibiliser les jeunes de Champagne-Ardenne et favoriser les vocations de futurs marionnettistes (sensibilisation, formation) ? En aval de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam), quels parcours et perspectives proposer en Champagne-Ardenne aux jeunes diplômés ? Dans le champ théorique, comment nourrir, développer, divulguer et faire connaître la recherche artistique et documentaire développée au sein de l‘Institut ? De grandes marges de progression existent pour mieux sensibiliser les jeunes à la marionnette ou favoriser l’insertion professionnelle des diplômés de l’Esnam : rééquilibrage de l’éducation artistique vers les collèges et lycées, options dédiées dans les conservatoires, formation des animateurs socioculturels, soutien aux pratiques amateurs, amplification des compagnonnages et dispositifs d’insertion... Dans le champ de la recherche, les liens entre mondes artistiques et universitaires sont féconds mais à pérenniser. La médiatisation des projets et leur large diffusion est essentielle. Sensibiliser les jeunes champardennais, susciter des vocations L’Esnam recrute peu de candidats champardennais, bien qu’ils soient auditionnés systématiquement lors de la sélection d’une nouvelle promotion d’étudiants : comment favoriser la naissance de vocations en Champagne-Ardenne ? 22 Le milieu scolaire : le travail de sensibilisation vers les collèges et lycées La sensibilisation en milieu scolaire est importante. Un certain nombre d’actions sont mises en œuvre par l’Esnam et le Centre national des arts du cirque (Cnac) toutefois, à l’exception de Charleville-Mézières, celle-ci tend à se concentrer sur l’école primaire, au détriment des collèges et les lycées. Cela entrave la découverte pleine et entière de la richesse des expressions et des techniques du théâtre de marionnette, au-delà des clichés. Enseignements artistiques : inclure la marionnette dans les schémas directeurs régionaux et départementaux Les schémas directeurs régionaux et départementaux en cours ou à construire pourraient inclure des modules dédiés à la marionnette. Pour Gilles Herbillon, directeur du conservatoire de Reims, la marionnette se rapproche de l’entité théâtre, pour laquelle existent un poste à Reims, une classe théâtre au conservatoire de Troyes, et des possibilités au conservatoire de Charleville-Mézières. Dans l’optique de la réflexion sur un DNSP (Diplôme national supérieur) d’acteur-marionnettiste, un cycle préprofessionnel dans cette spécialité pourrait être créé. Former, sensibiliser les animateurs culturels des réseaux d’éducation populaire A travers la formation continue, on pourrait mieux qualifier les métiers d’animateurs, ce qui ouvrirait à tout le réseau des structures socioculturelles (MJC, centres sociaux) dans lesquelles existent de nombreux professionnels qui peuvent être sensibilisés à cet art. Renforcer les liens entre arts de la marionnette et tourisme Une représentante de la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, consommation, travail et emploi) évoque les liens possibles entre marionnette et tourisme. Les compagnies sont hélas peu nombreuses et inégalement réparties en Champagne-Ardenne, ce qui limite les capacités de l’Ecole supérieure à placer des stagiaires dans l’ensemble du territoire. En revanche, les événements comme le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, le festival « Orbis Pictus », « Les Migratoires » (Vitry-le-François) pourraient être mieux insérés dans l’offre touristique. Le cas particulier des pratiques amateurs : un champ peu exploré Pour Gilles Herbillon, les pratiques amateurs sont le fondement de la formation du public, par la pratique et par sa diffusion. Les artistes amateurs forment un public éclairé et un vivier de pratiquants qui peut permettre à de futurs professionnels d’émerger. Cependant, les possibilités de formation et de pratique sont très limitées, malgré la demande. A l’inverse de la musique, ou plus récemment du théâtre, qui bénéficient du réseau public des conservatoires et de celui de l’enseignement associatif, peu de structures proposent une formation en marionnette. Il en ressort l’importance de l’éducation artistique en milieu scolaire ou en centres sociaux, mais aussi l’idée que des options marionnette devraient être ouvertes dans les conservatoires. Le conservatoire de Reims, soucieux d’être en phase avec son territoire, privilégiera l’option marionnette ou l’option cirque. L’insertion professionnelle des artistes après l’école supérieure : faciliter l’accès à l’emploi L’accompagnement des jeunes diplômés apparaît comme absolument nécessaire mais complexe à mettre en œuvre. A la sortie de l’Esnam, les jeunes diplômés bénéficient d’un stage d’une durée maximale de 6 mois, au cours duquel ils ne peuvent pas jouer dans des spectacles. L’expérience est courte, souvent riche mais porteuse de paradoxes : la structure accueille une personne qui va se former, devenir opérationnelle, parfois se rendre indispensable, sans que la fin du stage ne puisse conduire à une pérennisation du poste, faute de moyens et aussi parce que les dispositifs destinés à favoriser l’accès au premier emploi (comme les emplois d’avenir) ciblent d’abord les jeunes non diplômés. Les sortants de l’Esnam ne peuvent en bénéficier. Raphaèle Fleury, responsable du pôle recherche-documentation à l’Institut de la marionnette, fait remarquer que ce problème se pose tout autant pour les métiers connexes à l’artistique : production, diffusion, communication, documentation. Le stage intervient alors ici comme une première expérience en immersion professionnelle ; il aide aussi à entamer la construction d’un réseau professionnel. Se situant un cran au-dessus du stage, le compagnonnage permet au jeune artiste d’entrer dans le métier avec l’accompagnement bienveillant d’une structure professionnelle qui va assurer une transmission de savoirs et d’expérience, toutes choses fondamentales dans les premiers pas d’un jeune diplômé. Des dispositifs de financement existent (Etat, Région). Sylvie Baillon, directrice du « Tas de Sable » à Amiens, rappelle qu’il existe sept lieux-compagnonnages en France, mais pas encore en Champagne-Ardenne : ces lieux aidés par l’Etat soutiennent l’insertion professionnelle des marionnettistes par un accompagnement artistique et administratif. 23 Atelier 3 : Formation, insertion, emploi, recherche : quels parcours pour la filière marionnette en Champagne-Ardenne ? Atelier 4 : Favoriser et accompagner le croisement des esthétiques et les innovations Allant plus loin encore, on évoque aussi le mécanisme du Jeune Théâtre National (JTN), qui assure la prise en charge de la rémunération de jeunes comédiens diplômés du supérieur et embauchés par une compagnie. La marionnette étant une composante de l’art dramatique, il serait intéressant que les jeunes sortants de l’Esnam bénéficient d’un dispositif similaire. Animateurs Dienaba Dia, conseillère Théâtre à la Drac Champagne-Ardenne ; David Girondin-Moab, artiste marionnettiste de la compagnie Pseudonymo, directeur artistique de la plateforme « Jardin parallèle » et du festival « Orbis Pictus » à Reims. Rapporteurs : Mateja Bizjak-Petit, directrice du « Centre de Créations pour l’Enfance » de Tinqueux ; Jérôme Descamps, directeur de « La Pellicule Ensorcelée » et réalisateur à Charleville-Mézières. Des participants indiquent la piste de coopérative de productions, qui est une forme de mutualisation. L’ensemble des pistes évoquées dessine des chemins pour l’insertion professionnelle. En contrepoint, Alan Payon témoigne toutefois qu’il est aussi possible d’aboutir des projets sans bénéficier de dispositifs d’insertion, en s’appuyant sur les réseaux de la marionnette en région. La recherche L’intérêt de rapprochements entre le monde artistique et le monde universitaire, tous deux concernés par la recherche et l’innovation, est souligné au titre de leurs complémentarités et des potentialités d’enrichissements mutuels. Dans le champ de la marionnette, des champs de recherche nombreux et diversifiés sont envisageables, par exemple la linguistique, les matériaux, les textiles. Le croisement entre universitaires et artistes peut contribuer aux passerelles entre recherche fondamentale et appliquée. L’IIM/Esnam est partenaire de plusieurs lieux d’échange et d’expérimentation comme le LABEX (Laboratoire d’excellence) ARTS H2H, ou le LAPS (Laboratoire des Arts et Philosophies de la Scène). Il initie ou accompagne des chantiers de recherche et propose des accueils résidences pour décloisonner patrimoine, recherche, formation et création. Une attention particulière est portée aux jeunes chercheurs, dans un souci d’ouverture interdisciplinaire et internationale, ainsi qu’à la diffusion de la recherche, par exemple à travers le Portail des Arts de la Marionnette animé et géré par l’Institut. Plus largement, il apparaît utile de renforcer les collaborations entre chercheurs et artistes marionnettistes, et d’inscrire celles-ci dans l’institution. Pour Françoise Mittelette, « l’Université se situe au cœur de cette ambition ». Sa mise en œuvre passe par l’élaboration de terminologies communes entre universitaires, artistes, monde juridique, élus et administratifs. Côté université, la démarche peut concerner l’ensemble des filières universitaires (physique, sciences sociales, sciences humaines...). Le projet de grand campus à Reims favorisera l’interdisciplinarité. Sur le plan territorial, la loi du 22 juillet 2013, qui abandonne les Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (collaborations interrégionales) pour mettre en avant des Communautés d’universités et d’établissements au niveau régional, est de nature à favoriser des rapprochements resserrés géographiquement. Conditions de réussite, enjeux stratégiques • Mise en œuvre d’options marionnette au sein des cursus de formation théâtre avec les conservatoires de Charleville-Mézières, Reims et Troyes ; • actions de sensibilisation ou de formation continue à destination des structures et territoires locaux : éducation populaire, personnels des collectivités, associations, pays ; • présence renforcée des arts de la marionnette dans l’éducation artistique en collèges et lycées ; • favoriser les capacités d’insertion professionnelle : lieux de stages et de compagnonnages, transposition du dispositif JTN à l’Esnam ; • accompagner la structuration des relations entre mondes universitaires et artistiques ; • valoriser les ressources documentaires, pédagogiques, artistiques mobilisables par les porteurs de projets, de même que la recherche et sa médiatisation. 24 Les essentiels La marionnette a affirmé sa place dans le paysage culturel et se situe à la croisée des chemins. Art carrefour, elle tente de définir son identité, en rebaptisant ses genres, explicitant sa propre dramaturgie, se confrontant à des artistes venus d’ailleurs sans renier ses propres traditions. Pour s’épanouir, les projets artistiques hybrides ont besoin d’espaces de liberté, de laboratoires, d’un effort de médiation vers les publics, mais aussi de respect et de confiance. La mutualisation de lieux engagés et les solidarités entre artistes dessinent un réseau de lieux accueillants. L’identité de la marionnette à l’épreuve du métissage : regards d’artistes et de programmateurs La marionnette s’entrelace avec les autres disciplines. Comment artistes et structures culturelles sont-ils traversés par ces évolutions ? Le regard des artistes Les termes de « marionnette » et « marionnettiste » font débat. Pour David Girondin-Moab, la terminaison du mot « marionnette » renvoie à une petite chose, une image traditionnelle contre laquelle il faut se battre. Narguess Madj, artiste de la compagnie Papier Théâtre, revendique le terme de « marionnettiste » : pour elle, il ne faut pas en avoir peur mais « l’assumer pleinement pour, petit à petit, en changer le sens profond et travailler les mentalités ». Il y a plusieurs manières d’être marionnettiste : metteur en scène, auteur, comédien, constructeur. Le marionnettiste est avant tout un interprète, mais il est aussi un constructeur. Les intitulés (metteur en scènemarionnettiste, comédien-marionnettiste) traduisent l’éclatement de la discipline et son osmose croissante avec les autres arts (cirque, danse, vidéo, cinéma). Les sources de cette évolution sont internes et externes au monde de la marionnette : la formation dispensée à l’Esnam y contribue en suscitant expérimentations et rencontres avec d’autres artistes ; parallèlement, l’intérêt porté par des artistes d’autres disciplines insuffle de nouvelles directions aux arts de la marionnette. On mesure un grand écart entre le regard du public et les réalités de la création. Le terme de marionnette est très identifié par le public mais celui-ci n’en perçoit que la composante traditionnelle. En réalité, selon Pierre Blaise (directeur de la compagnie Théâtre sans toit et président de l’association « Themaa »), « dans les arts de la marionnette, les cartes sont brouillées et il existe une vraie difficulté à saisir cette discipline ». Cependant, « il faut trouver une frontière qui ne demandera qu’à être effacée, mais préciserait le métier de marionnettiste », en particulier dans le cadre de la définition du Diplôme national supérieur. Ce champ de réflexion est primordial pour Pierre Blaise, surtout si l’on considère que le marionnettiste ne vient plus nécessairement du théâtre, mais peut aujourd’hui être un danseur, ou un circassien. En abordant le travail avec des objets ou des bunrakus, Sidi Laarbi Cherkaoui produit une forme marionnettique tout à fait particulière, bien que n’ayant probablement jamais été formé à la marionnette. L’art de la marionnette est clairement innervé et soutenu par les autres arts. Il devient un lieu de croisement qui permet de distinguer les formes d’animation et de manipulation de ces théâtres. La marionnette est toute en paradoxes. Forme facile d’accès, elle envoute rapidement le public par son charme ancestral. Parallèlement intervient la subtilité du métier de l’artiste qui, en essayant de préserver ce charme initial, va l’amener à produire du sens et emprunter à cette fin des chemins de transmission et de relation. 25 Atelier 4 : Favoriser et accompagner le croisement des esthétiques et les innovations Selon Mateja Bizjak-Petit, c’est la dramaturgie de la marionnette qui constitue sa véritable caractéristique. A partir du moment où l’on aura explicité cette dramaturgie-là, toutes les questions autour des termes « marionnettistes », « théâtre d’objets » disparaîtront peu à peu. Le point de vue des programmateurs Jean-Marie Songy, directeur du festival « Furies », rappelle qu’il y a 30 ans, le Ministère de la culture repérait et structurait de nouvelles disciplines (musique contemporaine, nouveau cirque,…). Ce mouvement fut essentiel pour enrichir le paysage culturel mais il faut aujourd’hui décloisonner pour accueillir les formes transversales et les projets hybrides. Renaud Herbin, directeur du TJP, Centre dramatique national (CDN) de Strasbourg, souligne la nécessité de ne pas formaliser les appellations, car les formes évoluent constamment. « En créant des repères, on risque aussi de créer des normes, de formater ». Le lieu du travail, c’est le mouvement entre les artistes, espace dévolu à l’innovation et à l’invention, à définir et redéfinir constamment. Au TJP, il imagine de nouvelles désignations pour les spectacles engageant l’objet et la marionnette : « Dans notre programme, le public ne sait pas s’il s’agit de danse ou de marionnette. Nous le laissons qualifier lui-même ce qu’il verra ». Joël Simon, directeur du festival « Méli’Môme », est avant tout attentif aux « artistes singuliers » qui ont quelque chose à dire. Il exprime son attachement au travail sur le texte. Pour les programmateurs présents, la rencontre avec une œuvre et un artiste prime visiblement sur la question de la discipline. Mais Mateja Bizjak-Petit pointe la question des formes traditionnelles, auxquelles d’autres pays européens sont attachés, quand la France s’affiche pionnière de la contemporanéité. David Girondin-Moab situe l’enjeu dans un accompagnement du renouveau des arts de la marionnette qui conserverait en même temps son identité traditionnelle. 26 Accompagner ces évolutions : artistes, structures culturelles et institutions Quels accompagnements institutionnels (structures nationales et collectivités publiques) ? Les directions de CDN s’ouvrent aux marionnettistes. Pour Renaud Herbin, ils doivent devenir des lieux de brassage des publics - au sein desquels l’objet marionnette serait décliné autour des notions de corps, d’objet et d’image - et des espaces d’expérimentation entre artistes. L’action des lieux de diffusion intermédiaires Pierre Blaise défend l’existence de laboratoires dans lesquels on autorise les artistes à faire tout et presque n’importe quoi. Pour Renaud Herbin, la question de l’outil est secondaire. Le travail de l’institution est avant toute chose d’accueillir l’artiste dans sa singularité. « Chaque artiste, je l’entends sur son désir et sur son besoin, sa nécessité de travail. On essaie alors de travailler au mieux avec les moyens dont on dispose ». Mateja Bizjak-Petit estime que la vraie difficulté se pose pour les jeunes compagnies indépendantes ou pour les compagnies émergentes qui ont du mal à montrer et faire reconnaître leur travail. Brigitte Bertrand dirige l’espace Jean Vilar à If, ex-scène conventionnée pour les « formes croisées et formes inclassables ». Elle revient sur l’immense travail de médiation nécessaire pour faire connaître les diverses formes de la marionnette. Le programmateur doit jouer son rôle de passeur et miser sur l’intelligence des spectateurs. Malgré des budgets limités, elle essaie d’accompagner des projets hybrides, en mutualisation avec ses collègues normands (exemple : coopération avec le CDN de Caen pour une résidence). Elle croit que les projets peuvent bénéficier de la « mutualisation de la débrouillardise » entre lieux. La formation et les espaces de rencontre entre artistes en amont de la création sont importants. La relation entre les théâtres et des structures comme l’Institut de la marionnette peut y répondre. Pour créer son dernier spectacle, la compagnie Stultiféra Navis (Charleville-Mézières) s’est beaucoup appuyée sur un travail d’action culturelle impliquant fortement les adolescents. Autre exemple, le festival « Orbis Pictus » à Reims fait se rencontrer population et marionnette contemporaine. Organisé par les compagnies Pseudonymo et Succursale 101, il présente des formes brèves marionnettiques : le format court rend, selon David Girondin-Moab, le public prêt à toutes les expériences. Artistiquement, ce format stimule l’expérimentation. Le festival joue aussi un rôle d’accompagnement car il permet d’inviter plusieurs compagnies qui bénéficient de son audience croissante auprès des professionnels. Les collectivités doivent adapter leurs modes de subvention à un champ artistique en pleine évolution, car les artistes, par essence défricheurs, peinent parfois à rentrer dans les critères des dispositifs. Le Dicream (nouvelles technologies) est cité en exemple. David Girondin-Moab invite à revaloriser l’intérêt porté à la marionnette. Les artistes accompagnent les artistes A Reims, les compagnies Pseudonymo et Succursale 101 accueillent d’autres artistes en recherche dans leur espace de travail. Le « Jardin Parallèle » met à disposition ses savoir-faire. David Girondin-Moab explique : « je fais ce que j’aurais aimé que l’on me fasse à moi. J’ai perdu beaucoup de temps à comprendre comment étaient organisés les lieux de diffusion en France, comment on fait une demande de subvention, et la construction d’un budget de production ». Conditions de réussite, enjeux stratégiques Mateja Bizjak-Petit retient que « le mot « respect » est souvent revenu. Respect pour les traditions, pour l’artiste. Elle invite à « faire confiance à l’artiste, aux programmateurs, mais aussi aux spectateurs ». Pour Jérôme Descamps, les marionnettistes formés à l’Esnam sont aujourd’hui moteurs dans la marionnette. En témoignent les notions de pépinières d’artistes et de laboratoires, promues par Renaud Herbin et David Girondin-Moab. Il souligne le besoin d’espaces de recherche-création-diffusion-accompagnement, dans lesquels on puisse oublier le temps et l’argent. A été évoquée l’idée d’un lieu qui serait au Festival mondial ce qu’est la FabricA au festival d’Avignon. La compagnie Stultiféra Navis relate son accompagnement par le Théâtre aux mains nues dirigé par Eloi Recoing à Paris. Le parrainage artistique et administratif l’a grandement aidée pour aller vers le plateau. 27 synthèse Par Jean-Claude Daniel, Président de l’Orcca Je vais synthétiser assez brièvement car faire une synthèse de ces synthèses s’avère un art qui est hors du possible, même si je ne plongerai pas ici dans la complexité de la définition des marionnettistes et de la marionnette. Quelques mots tout simplement : d’abord un premier mot de remerciement aux animateurs, aux rapporteurs des ateliers et à vous tous, à l’Orcca et à la Drac, puissances organisatrices mixtes, qui ont fait un travail semble-t-il utile à tous. Merci à vous tous aussi d’être présents pour cette longue journée d’échanges et de travail dans une mixité, un métissage des fonctions, des rôles et des métiers de tous ceux qui sont présents autour de cette table. Un premier élément me paraît vraiment significatif : les quatre ateliers ont souligné la qualité, la richesse des échanges. Ce terrain de croisements, de rencontres et de formulations d’un certain nombre de souhaits, de demandes ou éventuellement de propositions, c’est quelque chose qui est fondamental. Les moments où l’on peut se croiser, échanger sont rares, en particulier dans un dispositif où les acteurs sont aussi nombreux et représentatifs d’une diversité. Par rapport à ces échanges et il est évident que cela a traversé les quatre ateliers : la marionnette aujourd’hui, la marionnette en France, la marionnette à l’étranger et la diversité des esthétiques confinent évidemment à une difficulté de définition ou de positionnement. Ce qui est important finalement, c’est ce qui a fini par en ressortir, selon le point de vue dont l’on se place pour agir. C’est vrai, la marionnette pour l’étudiant en formation nécessite que l’on définisse avec précision quel est son parcours de formation et de quelle manière son diplôme d’enseignement supérieur lui sera délivré et donc sur quelle base. Cette nécessité a été soulignée ce matin, tant à travers le point de vue l’étudiant sortant de l’école que de celui du marionnettiste affirmé dans son expression professionnelle qui se posera la question de savoir s’il est metteur en scène marionnettique, auteur marionnettique, artisan marionnettique. Mais tout cela n’a pas une importance extrême pourvu que lui sache où il se situe, dans quel moment et avec qui il est amené à échanger et à construire. 28 Un premier point de vue, c’est celui de la population. Comment reçoit-on, en tant qu’individu, les spectacles - en particulier les spectacles de marionnettes - dans leur richesse d’aujourd’hui, leur diversité d’esthétiques et leur construction contemporaine ? Ce sont finalement trois visions qui se complètent agréablement, si l’on veut bien y prendre garde. Il y a tout un tissu à irriguer dans lesquels on peut très certainement faire percoler cette richesse du nord de notre région autour de la marionnette. Par rapport à cela, dans nos richesses, je prends comme richesse l’existence de l’École supérieure et donc de ce festival, mais aussi de ce qui s’est créé après le passage d’un certain nombre d’étudiants à l'Ecole Supérieure dans la réalité de l’installation de compagnies et d’artistes qui font leur chemin, et font avec nous et pour nous un bout de chemin essentiel. C’est ce qui a été souligné à maintes reprises autour de Pseudonymo et « Orbis Pictus » et de cet atelier de création de mise en partage, de « serre chaude », pour l’ensemble de ce qui va être ou qui est déjà acteur de la marionnette pour concevoir, construire, élaborer, fabriquer parce que les marionnettistes sont aussi des artisans au sens propre du terme. C’est ce lieu qui nous paraît extrêmement intéressant et intelligent. Se suffit-il à lui-même ? Certainement non, il manque encore, sur les lieux labélisés ou non, des fonctionnements en atelier. J’ai bien retenu les propos de Jean-Marie Songy qui disait finalement attention entre l’événementiel et le quotidien, comment fait-on percoler en quelque sorte les deux ? Comment fait-on en sorte que l’événementiel retentisse sur le quotidien et qu’en particulier, cela percole jusqu’auprès des populations qui en sont par essence destinataires ? Il a pris l’image du château-fort en disant qu’il fallait sans doute ériger des citadelles et des châteaux forts. C’est utile. C’est le cirque à Châlons-en-Champagne, la marionnette à Charleville ou le graphisme à Chaumont. Mais si l’on veut réunir les choses, il est urgent d’abaisser, dit-il, les ponts-levis. L’image est belle et elle nous met bien dans le droit fil de ce qu’on peut être amené, au travers des échanges et de vos propositions, à mettre en œuvre par la suite dans une intelligence partagée. C’est peut-être une richesse dans notre Région entre les services déconcentrés de l’Etat et l’Orcca, outil culturel de la Région, dans des transversalités qui ont quelquefois du mal à se définir. C’est vrai qu’on est tous avec des définitions en tiroirs selon les styles, les genres et les arts, mais rien n’exclut que dans l’intelligence partagée, on noue suffisamment de rapports pour que l’on sache prendre en compte et de valoriser tous projets qui ne seraient pas classifiables immédiatement. Il y a des parcours un petit peu en diagonale qui permettent de le faire. Le deuxième point que je souligne, c’est qu’on a une richesse existante en Champagne-Ardenne. On a montré que cette richesse continuait à se transformer, richesse historique à Charleville comme nous le rappelait l’ami Jacques Felix, mais richesse tout court, autour de ce festival et de ce que la marionnette a déjà, au travers de l’Institut et de l'Ecole supérieure, réussi à faire gagner sur un territoire pour lequel « elle parle » jusqu’à l’ensemble des Ardennes et certainement maintenant à Reims et à une partie de la Marne. Moins dans le sud de notre région, c’est dommage d’une certaine manière, et il y a là un travail de fond à faire avec ceux qui sont à la tête des salles labélisées ou non, ceux qui sont dans des fonctions d’animations territoriales dans les pays ou les communautés de communes, ceux qui sont aussi dans les associations sociales culturelles, les centres sociaux, les MJC et les foyers ruraux... Je pense que les lieux de fabriques commencent à être imaginés. On a des lieux de fabriques sur le sud de la région en Haute-Marne, pas encore dans l’Aube. Ces lieux pourraient s’adjoindre des ateliers et ils pourront être des lieux de créations. Cette fois, pas de mise en partage mais de création pour telle ou telle compagnie et donc aider au sens de la production. Il y a certainement dans la mise en réseau au sens propre du terme beaucoup de choses encore à faire, j’ai bien noté que l’idée de réseau était dans les têtes et qu’on s’était dit les bonnes raisons d’être en réseau et en particulier la confiance, le respect etc... Mais dans les faits, le réseau n’existe que dans sa potentialité et pas dans son existence concrète et cela est important, cela veut dire qu’on doit continuer ensemble à construire ces formes d’échanges, de discussions, de mises en jeu, de prises de risques. Quelquefois, c’est ça qui concrètement, au bout du bout, fait réseau. Il y a encore une ligne de progrès assez importante à construire. 29 synthèse Par Jean-Claude Daniel, Président de l’Orcca Troisième point sur lequel je voulais insister, ce sont les logiques de territoires. L’économie du spectacle connait une transformation, je dis bien l’économie du spectacle, dans le rapport partagé par les collectivités au financement de cette économie. Les choses se modifient, on a tous constaté des raréfactions de moyens financiers et par conséquent, les clauses de survie et de développement de l’économie du spectacle se reposent à nouveau, et sans doute autrement. Dans les ateliers, vous avez questionné des élus, présents dans la salle. Je pense qu’il est très important de questionner, de se questionner sur l’organisation sociale et sociétale dans les milieux urbains et dans les milieux ruraux pour savoir de quelle manière les élus transforment la vision qu’ils ont eue pendant une longue période de la culture comme élément de communication pour passer à la culture comme élément de lien social et de construction de la société. Dans ce sens, leur rôle est engagé. Je le dis d’autant que j’ai été un long moment élu, je pense qu’il s’agit d’une responsabilité forte. Il y a d’ailleurs des élections municipales à venir, il faudra questionner les élus sur ce rôle et je pense que la participation des communautés de communes, des communautés d’agglomérations à cet élément fondamental de l’aide à l’émergence, au maintien sur une localité, à la rencontre avec les publics, à la diffusion en milieu scolaire, c’est un lien qui appartient aussi à la responsabilité des élus. Ce n’est pas qu’une question financière, c’est également et surtout à mon avis une question purement sociale et sociétale. Je pense qu’on a des moyens à leur offrir avec les résidences, les lieux de diffusion et puis aussi l’organisation territoriale à l’échelle des pays et des communautés de communes, des voyages en quelque sorte culturels auprès des populations. Je vais vous donner un exemple en dehors de la marionnette, il s’agit de circassiens : quand les circassiens sont en visite dans un village retiré de la campagne haute-marnaise, le mot a lui tout seul fait peur, mais quand on dit que ce sont des jeunes 30 qui font du cirque, ça va très bien. On revient à la même chose sur la définition sémantique de la marionnette, c’est un peu pareil. Pour le cirque, on a une compagnie qui est rentrée en résidence, en action, dans un petit village de Haute-Marne. Je peux vous assurer que l’appétence, l’intelligence et le soutien de la population ont été forts et constants, à tel point qu’ils ont eu autour d’eux, dans leur action de territoires, beaucoup plus de monde qu’il n’y en avait dans le village. Le succès de nos actions est essentiel. Il ne se mesure pas seulement dans l’exceptionnel et dans les grandes salles, il se mesure aussi à tout ce que l’on peut faire pour l’ensemble des populations, sur l’ensemble d’un territoire. Cela nous amène forcément au développement de l'action culturelle pour les populations mais aussi pour le milieu scolaire. Là aussi, les résidences, les PAG, les projets culturels d’établissements, sont des données dans lesquelles la marionnette doit trouver sa place au même titre que d’autres formes, avec les autres mais aussi présente en tant que telle. la prise de risque d’une création in situ pourvu que les moyens de cette création soient mis à disposition. Pour l’instant, c’est possible en Ardennes, dans la Marne ; c’est possible aussi en Haute-Marne mais il reste à trouver comment continuer dans l’Aube ? Pour terminer et en me réjouissant, je trouve que les prémisses de l’écriture et l’écriture elle-même sont très importantes. Il vous sera proposé une écriture en quelque sorte de ce que l’on est susceptible de proposer pour agir ensemble, dans les termes qui ont déjà été indiqués. Cette écriture n’est pas facile, elle rentrera comme aujourd’hui dans l’échange et le dialogue. Puis cela nous donnera un corpus de conduite qui permettra à chacun, politique régionale, politique déconcentrée de l'état, politique territoriale localisée d’agir en connaissance de cause avec une volonté commune de partager, impliquant élus, populations et naturellement artistes et ce sera mon mot de conclusion : toutes les initiatives appartiennent aux artistes ! Enfin, pour revenir toujours à cette économie du spectacle, elle passe forcément par la formation et c’est une donnée sensible et essentielle avec le travail qui a été mis en place à Reims autour de ce lieu de fabrique « Jardin parallèle ». Il y a une dimension importante qui est prise en compte, c’est l’idée de continuer la formation, nous a-t-on dit ce matin. Cela ressemble étrangement à la formation continue, entre autres, mais c’est bien de continuer à voyager en ce formant ensemble. C’est pour moi, profondément un vrai lieu de formation et c’est donc à ce titre aussi qui faut qu’on l’aide et qu’on le défende, c’est une dimension importante. Ces lieux de formation ne sont pas forcément que cela. Je pense que développer dans les structures conventionnées ou dans d'autres lieux de fabrique et d’ateliers, ça permet de recevoir les marionnettistes mais pas qu’eux. C’est ce que les programmateurs de salles nous ont dit ce matin : pour eux ce n'est pas un problème, qu’on l’appelle marionnette ou pas marionnette, ils sont prêts à en recevoir y compris dans 31 Annexe Liste des participants Elisabeth Algisi Directrice artistique Compagnie Atipik Charleville-Mézières (08) [email protected] Gaëlle Allart Médiatrice culturelle Centre Culturel dans la Lune Tinqueux (51) [email protected] Philippe BACHMAN Directeur La Comète Scène nationale de Chalons Chalons-en-Champagne (51) [email protected] Edward BAGGS Scénographe Les ateliers de la boule bleue Charleville-Mézières (08) [email protected] Sylvie BAILLON Directrice Le tas de sable - Ches panses vertes Rivery(80) [email protected] Charlotte BAZIN Chargée de mission Nova Villa, festival Méli’mômes Reims (51) [email protected] Marie-Antoinette BEAUDA Vice-présidente du tourisme Communauté de communes de 3 cantons Carignan (08) [email protected] Adeline BECK Correspondante AVIAMA - Association des villes amies de la marionnette Ville de Charleville Mézières (08) Elisabeth BECKER Correspondante AVIAMA - Association des villes amies de la marionnette Ville de Charleville Mézières (08) [email protected] Ikbal BEN KHALFALLAH Directeur Théâtre de Charleville Mézières (08) [email protected] 32 Hélène BERTHAUT Chef de mission appui conseil au tourisme DIRECCTE Champagne-Ardenne Chalons-en-Champagne (51) [email protected] Anne CARA Coordinatrice art et culture Inspection académique des Ardennescoordinatrice art et culture Charleville-Mézières (08) [email protected] Isabelle BERTOLA Directrice Mouffetard-Théâtre des arts de la Marionnette Paris (75) [email protected] Emmanuelle CASTANG Secrétaire générale Themaa/Secrétaire générale Paris (75) [email protected] Brigitte BERTRAND Directrice Espace Jean Vilar d’If calvados IF (14) [email protected] Laurent BISTON Directeur MJC Calonne de Sedan (08) [email protected] Mateja BIZJAK-PETIT Directrice Centre Culturel dans la Lune Tinqueux (51) [email protected] Caroline CUEILLE Directrice des affaires culturelles Ville de Charleville Mézières (08) [email protected] Philippe CUMER Directeur Nouveau Relax scène conventionnée de Chaumont (52) public.theatreville-chaumont.fr Jean-Claude DAMMEREY Conseiller régional Région Champagne-Ardenne Chalons-en-Champagne (51) [email protected] Pierre BLAISE Président Cie théâtre sans toit/Directeur artistique Gonesse (95) [email protected] Jean-Claude DANIEL Président Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Epernay (51) [email protected] Lucile BODSON Directrice Institut international de la marionnette / Esnam Charleville-Mézières (08) [email protected] Eléna DAPPORTO Chargée de mission arts de la marionnette Ministère de la Culture et de la Communication Paris (75) [email protected] Roland BOUCHON Directeur Arts Vivants 52 Chaumont (52) [email protected] Jérôme DESCAMPS Directeur La Pellicule ensorcelée Charleville-Mézières (08) [email protected] Sophie BOUSSEAU Chargée de mission Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Epernay (51) [email protected] Bruno DESERT Chargé de mission Arts de la scène Territoire population Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Epernay (51) [email protected] Fatima BURER AYADE Cie StultiferaNavis Charleville-Mézières (08) [email protected] Dienaba DIA Conseillère théâtre DRAC Champagne-Ardenne Chalons-en-Champagne (51) [email protected] Vanessa GAUNEL Chargée de mission Nova Villa, festival Méli’mômes Reims (51) [email protected] Alain LECUCQ Directeur artistique Cie Papier théâtre Vertus (51) [email protected] Jean-Louis DODE Chef de service académique d’information et d’orientation Académie de Reims (51) [email protected] Florence GENDRIER Directrice adjointe DRAC Champagne-Ardenne Chalons-en-Champagne (51) [email protected] Françoise LEOPOLD Adjointe chargée de la culture Ville de Rethel (08) [email protected] Marion DOYARD Chef de service affaires culturelles Conseil Général de la Marne Chalons-en-Champagne (51) [email protected] Sixtine GIRMOND Chargée de diffusion Cie Pseudonymo Reims (51) [email protected] Julien DREGE Service culturel Ville de Tinqueux (51) [email protected] David GIRONDIN-MOAB Directeur Cie Pseudonymo Reims (51) [email protected] Claire DUCHEZ Chargée d’administration Themaa Paris (75) [email protected] Christian DUFOUR Directeur Le Salmanazar, scène de création et de diffusion d’Epernay (51) [email protected] Pauline DUQUESNE Chargée ds relations professionnelles fval orbis pictus Cie Pseudonymo Reims (51) [email protected] Bertille EUGENE Correspondante AFEV Association Nova Villa Reims (51) [email protected] Raphaële FLEURY Responsable du département Recherche Institut international de la marionnette / Esnam Charleville-Mézières (08) [email protected] Jean-François GARRE Responsable communication et RP EPCC Vitry le François (51) [email protected] Flora GROS Chargée de diffusion et d’implantation Cie Théâtre sans toit Gonesse (95) [email protected] Paul GUERRIER Chargé de mission culture Pays de Chaumont (52) [email protected] Gilles HERBILLON Directeur Conservatoire de la Ville de Reims (51) [email protected] Elisabeth HUSSON Adjointe à la culture Mairie de Sedan / Adjointe à la culture Sedan (08) [email protected] Philippe LAFFAY professeur d’arts plastiques / iim responsable du Service Educatif Lycée Verlaine de Rethel (08) [email protected] Annie-Claire LAFON-PANKOWSKI Inspecteur de la création artistique Théâtre Ministère de la Culture et de la Communication Paris (75) [email protected] Adèle LHOUTELLIER Chargée de projets Arts de la scène Territoire population Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Epernay (51) [email protected] Julie LINQUETTE Artiste Cie StultiferaNavis Charleville-Mézières (08) [email protected] Viviane LUCK Administratrice Institut international de la marionnette / Esnam Charleville-Mézières08 [email protected] Olivier LUSSON Directeur Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Epernay (51) [email protected] Denis MABIRE Service culturel Mairie de Ste Savine (10) [email protected] Luc MAGRINA Journaliste Echo des planches Avignon [email protected] Narguess MAJD Communication-diffusion Cie Papier théâtre Vertus (51) [email protected] Sylvie MARCKIEWICZ Conseillère danse DRAC Champagne-Ardenne Châlons-en Champagne (51) [email protected] 33 Annexe Liste des participants Sylviane MARTIN ESPE Charleville (anciennement IUFM) Charleville-Mézières (08) Frédéric MAURIN Directeur L’Hectare Vendôme (41) [email protected] José MENDES Directeur artistique Acte 2 théâtre Sermiers (51) [email protected] Bruno MIKOL Conseiller théâtre DRAC IDF Paris (75) [email protected] Françoise MITTELETTE Directrice Université de Reims Champagne-Ardenne (SUAC) Reims (51) [email protected] Dominique PIERRE Coordinateur départemental Côté Cour Vrigne-aux-Bois (08) [email protected] Christine PONCELET Conseillére pédagogique DSDEN - Inspection academique de l’Aube (10) [email protected] Gregory PRUONG AVIAMA Ville de Charleville-Mézières (08) [email protected] Laurent SCHEFFER Directeur MJC intercommunale d’Aÿ (51) [email protected] Philippe MORNIEUX Chargé de formation FRMJC Champagne-Ardenne Reims (51) [email protected] Philippe SIDRE Directeur Théâtre Gérard-Philipe de Frouard (Lorraine) Frouard (54) [email protected] Jean-Paul OLLIVIER Directeur DRAC Champagne-Ardenne Châlons-en Champagne (51) Joël SIMON Directeur Nova Villa, festival Méli’mômes Reims (51) ANDRé PARISOT Directeur artistique Cie La Boîte Noire Reims (51) [email protected] Cécile STELLA Coordinatrice culturelle Ville de Fumay (08) [email protected] Eliane PASQUERO Conseillère théâtre, danse cirque et arts de la rue Office de diffusion et d’information artistique Normandie (ODIA) Caen (14) [email protected] Didier PATARD Directeur Transversales, Scène conventionnée de Verdun (55) 34 Marc PETRY Directeur de la Culture Région Champagne-Ardenne Châlons-en Champagne (51) [email protected] Valérie TERASSON Administratirce et production Cie Théâtre sans toit Paris (75) [email protected] Hervé THIBON ESPE Charleville (anciennement IUFM) Charleville-Mézières (08) Cyril THOMAS Responsable des projets dvt recherche CNAC - Centre national des arts du cirque Châlons-en Champagne (51) [email protected] Delphine TISSOT Secrétaire Générale Cie Pseudonymo Reims (51) Benjamin TROYON Attaché à l’information Institut international de la marionnette / Esnam Charleville-Mézières (08) [email protected] Julia VAILLANT Chargée de mission Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Epernay (51) [email protected] Jeanne VASSEUR Directrice centre ressource CNAC - Centre national des arts du cirque Châlons-en Champagne (51) [email protected] Serge VERBRUGGHE Documentaliste CNAC - Centre national des arts du cirque Châlons-en Champagne (51) [email protected] Céline VERCAEMER Référente culturelle Ludoval Reims (51) [email protected] Françis VERITA Membre du CA et vice-président CESER Orcca - Office régional culturel de Champagne-Ardenne Charleville-Mézières (08) [email protected] Raymond WEBER PrésidentInstitut international de la marionnette / Esnam Charleville-Mézières (08) [email protected] www.cr-champagne-ardenne.fr GRAPHISME + PHOTO WWW.BENOITPELLETIER-DIABOLUS.FR 2014