panorama historique des arts plastiques et de l`architecture en france

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panorama historique des arts plastiques et de l`architecture en france
L´ART GOTHIQUE
Le nom même du style architectural et artistique
- gothique – qui se répand en Europe du XIIe au XVIe siècle,
entre le style roman et le style Renaissance, a suscité des
polémiques. Initialement dénommé art français (en latin,
francigenum opus), le terme gothique n’apparaît qu’à partir de
la Renaissance, utilisé par les artistes italiens Antonio
Averlino14 et Giorgio Vasari15. D’après Vasari, les monuments du
Moyen-Âge sont créés dans un style dont le pays d’origine
serait l’Allemagne, il serait donc inventé par les Goths et
par conséquent devrait s’appeler gothique. Notons que
l’architecture gothique est en français anciennement nommée
ogivale (de ogive, f.).
Le style gothique est né au XIIe siècle dans le Domaine
Royal d’Ile-de-France. Il est diffusé dans l’Europe entière
par les ordres religieux des Cisterciens, Franciscains et
Dominicains.
Le passage de l’art roman à l´art gothique s´est fait de
manière presque insensible. En France, où sa floraison est la
plus rapide et peut-être la plus parfaite, le gothique
commence au milieu du XIIe siècle et prend fin au début du XVIe
siècle.
Sa naissance ne tient pas tant à l’apparition des
croisées d´ogives qu’aux progrès techniques accomplis par
l’emploi d´arcs-boutants qui neutralisent les poussées et
permettent l’élan vertical. Les piliers n’ayant plus à
supporter directement l’édifice, comme dans l’église romane,
se décomposent en colonnettes, s’épanouissent en formant les
nervures des voûtes; les murs, également libérés, se percent
14
Antonio Averlino (né vers 1400, mort vers 1469), connu sous le nom de il Filarete (en
français le Filarète), est un architecte et sculpteur florentin, auteur des portes de bronze
de la basilique Saint-Pierre à Rome.
15
Peintre, architecte et historien d´art italien, Giorgio Vasari fut élève de Michel-Ange
(Michelangelo Buonarroti).
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de hautes fenêtres. Mais le gigantisme de ces édifices
gothiques n’est pas à la mesure des forces humaines: aussi ces
„folles cathédrales“, comme les appelait Verlaine, sont-elles
restées souvent inachevées. Cependant, chacune d’entre elles
a son caractère propre qui en fait un chef-d´œuvre total.
Le gothique primitif succède à l’art roman avec
l’apparition de la voûte d’ogives. Il naît durant la seconde
moitié du XIIe siècle à l’abbatiale de Saint-Denis. Son chevet,
bâti à l’instigation de l’abbé Suger, compte parmi les
premières grandes réalisations gothiques. La cathédrale SaintÉtienne de Sens, elle, est le premier monument entièrement
gothique (1140). Celles de Noyon et Laon donnent le type
complexe dans la génèse de cette nouvelle esthétique en
architecture.
26) Vue d'ensemble de la nef de la basilique de Saint-Denis.
La construction de la cathédrale de Notre-Dame de Paris
ayant duré près de deux siècles, son style comporte des
éléments du gothique primitif (voûtes sexpartites de la nef)
et des éléments caractéristiques pour le gothique rayonnant.
La période suivante, celle du gothique classique,
apporte, au niveau de la construction, l’utilisation de l’arcboutant qui vient renforcer, de l’extérieur, la stabilité de
l’ensemble. Grâce à lui, les nefs des églises peuvent
atteindre des hauteurs inconnues jusqu’alors. La cathédrale de
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Chartres16, sans doute la plus émouvante, définit, après 1194,
le type classique. C’est un ensemble incomparable de vitraux
et d’images de pierre dont les visages s’éveillent au sourire
et les corps au mouvement et à la grâce. Notre-Dame de
Chartres (fig. 27) est considérée comme la cathédrale gothique
la plus représentative et la mieux conservée. Ses tours
s’aperçoivent à plusieurs dizaines de kilomètres de distance.
27)
Reims, où les rois allaient recevoir l’onction, semble,
de tous ces ateliers de sculpture que sont les cathédrales,
celui dont l’art est le plus individualisé; son influence
s’étend jusqu’aux pays germaniques et le radieux Sourire de
Reims est universellement célébré. C’est un ange à la porte de
la cathédrale, connu sous ce nom, qui invite les fidèles du
XIIIe siècle dans une Église libérée des terreurs d’antan.
28) L’ange souriant de la cathédrale de Reims.
16
Henri IV est le seul roi de France sacré dans la cathédrale de Chartres et non pas à Reims
comme le voulait la coutume.
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Vers 1230-1240 apparaît le style rayonnant que
caractérisent une plus grande unité spatiale et le
développement des vitraux. Les églises deviennent de plus en
plus hautes. Sur le plan technique, c’est l’utilisation d’une
armature de fer qui permet des bâtiments aussi vastes et des
fenêtres aussi grandes. La rose déjà utilisée auparavant,
devient élément incontournable du décor. Les cathédrales de
Limoges, Rodez, Narbonne ou de Clermont-Ferrand sont des
exemples de ce style.
29) La cathédrale de Clermont-Ferrand.
30) La rose de la cathédrale de Clermont-Ferrand.
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L´art flamboyant (parfois confondu avec le gothique
tardif), qui doit son nom au jeu des courbes et des contrecourbes prenant l’apparence de flammes dans la décoration,
apparaît en France à la fin du XIVe siècle et il connaîtra des
modalités variées. Par rapport à la période précédente, la
structure des édifices reste la même, mais leur décor évolue
vers un ornement exubérant. À l’intérieur, la voûte d’ogives
se fait plus complexe et, dans certaines églises, elle devient
décorative. La clef pendante ou cul-de-lampe se fait plus
fréquente. La tour-clocher de l’église de l’abbaye Saint-Ouen
de Rouen est un exemple typique du gothique flamboyant.
31) La Tour de Beurre de la cathédrale de Rouen.
Le gothique tardif, qui évolue entre 1500 et 1600, est en
France représenté par les cathédrales d’Albi et de Senlis. Sa
caractéristique principale est la surcharge de décorations.
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32) La cathédrale d’Albi.
Le gothique s’exprime en premier lieu dans les édifices
religieux. À part les cathédrales, mentionnons l’abbaye du
Mont Saint-Michel, surnommée la Merveille de l´Occident.
33) Le Mont Saint-Michel : l’Abbaye.
Dès la fin du XIVe et au XVe siècle, se développe
également une brillante architecture des châteaux forts
(Falaise, Angers, le château des ducs de Bourgogne à Dijon),
des demeures urbaines (palais des Papes à Avignon, maison
Jacques Cœur à Bourges, résidence des abbés de Cluny à Paris),
de même qu’une puissante architecture militaire, dont les
fortifications de la Cité de Carcassone sont le meilleur
exemple déjà au XIIIe siècle.
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34) Vue panoramique de la Cité de Carcassone.
En ce qui concerne les monuments gothiques à Paris, à part
la cathédrale de Notre-Dame dont il a déjà été question plus
haut, c’est la Sainte-Chapelle qui mérite une attention toute
particulière. C’est Saint-Louis qui décide de sa construction
afin d’y conserver la couronne d’Épines qu’il a achetée en
1239 à Venise. Les deux chapelles superposées (chapelle basse
et chapelle haute) sont consacrées en 1248. La chapelle haute
est célèbre pour ses 15 grandes verrières, hautes de 15 m qui,
avec leurs 1134 scènes, couvrent une superficie de 618 m2.
Elles sont du XIIIe siècle et représentent, en des couleurs
éblouissantes, des scènes tirées de la Bible et de l’Évangile.
L’un des plus beaux exemples d´architecture de gothique
flamboyant est l’Hôtel de Cluny, édifié entre 1485 et 1498 sur
un terrain qui était la propriété de l’abbaye de Cluny où
résidaient les moines bénédictins venus visiter la capitale.
La sculpture gothique
La sculpture romane se développe principalement sur les
chapiteaux des piliers et au tympan des portails. Les
sculptures représentent en général le Jugement dernier : le
sort des malheureux voués à l’enfer y est décrit en détail
pour impressionner les fidèles.
La sculpture gothique reste, elle aussi, un art
complémentaire de l’architecture, prenant principalement place
dans le cadre des portails. Elle représente le Christ, la
Vierge à l’Enfant (de plus en plus souvent debout), les
épisodes de la vie de la Vierge, les Rois Mages, etc. Son
image de Dieu est celle d’un Dieu plus humain, d’un Dieu de
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miséricorde. Le gothique transmet l’image d’une religion plus
apaisée, voire optimiste.
Les portails sont ornés de statues-colonnes. À Chartres,
celles du portail royal représentent les rois et reines de
l’Ancien Testament. La sculpture ne fait plus corps avec le
mur. De plus en plus dégagées de l’architecture, les statues
perdent l’aspect immobile et fantastique des figures romanes.
Le décor des portails change avec la présence de la Vierge à
qui la plupart des cathédrales sont dédiées. Le culte de la
Vierge et celui de l’Enfant se développe sous l’influence des
ordres mendiants. D’abord grave, le visage des statues de la
Vierge devient souriant. Au XIVe siècle, le déhanchement sous
le poids de l’Enfant s´accentue. Les Vierges gothiques sont
nombreuses, car nobles et riches bourgeois commandent aux
artistes ces sculptures religieuses pour orner leurs chapelles
particulières.
35) La célèbre Vierge à l'oiseau de Notre-Dame du Marthuret à Riom en Auvergne.
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Idéaliste, sereine, d´une grande spiritualité au XIIIe
siècle, la sculpture gothique devient de plus en plus réaliste
à partir du XIVe siècle, mais aussi de plus en plus maniérée
dans sa recherche de l’élégance et de l’expression.
La sculpture funéraire a également donné des chefsd’œuvre comme en témoignent les tombeaux royaux de Saint-Denis
(gisants réalisés aux XIIIe et XIVe siècles) ou encore les
tombeaux des ducs de Bourgogne datant du XIVe siècle et
conservés au musée de Dijon.
La peinture gothique
Il y a très peu de fresques gothiques qui soient
conservées jusqu’à nos jours. L’allégement des murs et le
grand nombre de vitraux ont considérablement limité les
espaces destinés aux fresques.
L’une des plus célèbres fresques se trouve à l’église de
l’abbaye à la Chaise-Dieu17 en Auvergne. C´est la Danse macabre
du XVe siècle (1460). Haute de 2 m et longue de 26, en ocre et
gris sur fond rouge, elle met en scène 23 squelettes qui
entraînent 23 mortels, riches ou pauvres. Cette Danse macabre
est un véritable sermon, une leçon d’égalité devant la mort.
Un défilé de couples composés d’un mort nu, parfois drapé d’un
linceul et d’un vivant représentant l’ordre hiérarchique de la
société médiévale. Elle expose aussi bien le Pape, le plus
haut dignitaire à l’époque du Moyen-Age, que le médecin,
l’astrologue, le prêtre, la bergère, le laboureur ou l’enfant.
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Le tombeau du pape Clément VI se trouve dans le chœur de l’abbatiale de la Chaise-Dieu sous
un gisant de marbre blanc.
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36) La
Danse macabre (abbatiale de La Chaise-Dieu).
Le thème iconographique de la danse macabre apparaît au
début du XVe siècle. Il est sans doute lié aux épidémies et à
la guerre de Cent Ans, mais aussi à la représentation de plus
en plus fréquente du Christ souffrant et du corps mort sous la
forme du transi. L’idée de la mort prend désormais une forme
simple et accessible à tous. Chaque personnage est représenté
entraîné non par la mort, acteur anonyme, mais par son propre
cadavre.
Parfois, ces danses étaient jouées à l’intérieur des
églises ou sous la forme de mystères. Le but de ces
représentations était en fait d’apprendre à bien vivre pour
bien mourir.
La peinture murale reprend ses droits dans les édifices
civils: des scènes historiques ou romanesques ornaient les
châteaux et hôtels des rois et des seigneurs. À Avignon, les
papes ont fait peindre à côté des œuvres italiennes, des
scènes courtoises à la française, comme par exemple la fameuse
Chasse au faucon.
Au XIIIe siècle, l’art qui connaît un grand développement
à Paris est l’enluminure. Dans le Psautier de Saint Louis et
le Bréviaire de Philippe le Bel, le décor architectural
s’impose en même temps que progressent le réalisme, l’élégance
des figures. L’enluminure des manuscrits est à l’apogée
pendant le règne de Saint Louis (1126-1270). Son centre est à
Paris, plus tard, au XVe siècle, un deuxième centre
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d’enluminures naît à Avignon où il subit une grande influence
italienne.
En Touraine aussi resplendit l’enluminure française grâce
à Jean Fouquet (1420-1481), peintre et miniaturiste,
merveilleux artiste qui nous promène dans le royaume de
Charles VII (1403-1461); plus tard, il devient le peintre
officiel de Louis XI.
Pol, Jean et Hermann de Limbourg (début du XVe s.) sont
des miniaturistes d’origine flamande qui se sont formés dans
les ateliers d’enluminure parisiens. Vers 1402, Pol et Jean
travaillent au service des ducs de Bourgogne, Philippe le
Hardi et Jean sans Peur. En 1410, les textes mentionnent que
les trois frères sont attachés à la cour de Jean de Berry.
Les Très Riches Heures18 du duc de Berry (1413-1416), leur
œuvre la plus importante, est l´un des plus remarquables
manuscrits enluminés au XVe siècle et dont l’exécution est
achevée en 1485 par Jean Colombe.
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Destiné aux fidèles catholiques, le livre d’Heures rassemble les prières à dire tout au long
des heures de la journée. Il offre également un calendrier liturgique avec les principales
fêtes religieuses de l’année, des psaumes, les Évangiles et parfois même des offices
particuliers. Les livres d’Heures destinés aux grands du royaume sont superbement illustrés
d’enluminures. Ils apparaissent au XIIIe siècle, en France et en Hollande.
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37) Le jour de l’Amour.
Le 1er mai était autrefois, en Europe, dédié à l’amour. Ce jour-là, il était coutumier de se
coiffer d’une couronne de feuillages et de fleurs ou d’en offrir une à la personne aimée. En
témoigne la célèbre enluminure ci-dessus. Elle illustre le mois de mai dans les Très Riches
Heures du duc de Berry, un livre de prières réalisé par les frères de Limbourg.
Les scènes religieuses et surtout les 12 miniatures du
Calendrier évoquent un univers courtois et luxueux de
caractère profane et révèlent l’intérêt porté aux nouvelles
recherches, notamment en matière de paysage.
La peinture sur panneau(x), cet art raffiné, d’origine
parisienne, se mêlant aux courants venus des Pays-Bas et
d’Italie, donne naissance dans toute l’Europe, autour de 1400,
à un courant maniériste connu sous le nom de « style gothique
international ».
La vraie peinture gothique, ce sont les vitraux. Comme le
gothique est tout d’abord un art de la lumière, les bâtisseurs
de cathédrales agrandissent progressivement les fenêtres où
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prennent place les immenses verrières inondant de lumière
l’intérieur des édifices. Le verre plat, blanc ou coloré est
utilisé de plus en plus fréquemment.
Les vitraux remplissent le même rôle didactique que
remplissaient naguère la peinture murale, mais devant la
féerie des rubis, des ors, de l’azur, le tout allumé par le
soleil en gerbes polychromes, l’œil oublie les thèmes de
l’iconographie pour se laisser aller à l’harmonie étincelante
de ces pierres précieuses. Le vitrail pare ses petits
personnages mystiques et figés d’une atmosphère surnaturelle.
La destination du vitrail est donc double. Il contribue à la
décoration de l’église, dans laquelle il entretient, par ses
jeux de lumière, une pénombre colorée propre au recueillement.
Mais il est aussi, comme la fresque, un livre d’images pour
ceux qui ne savent pas lire. Il doit donc être parfaitement
lisible, si bien que les scènes à nombreux personnages sont
réservées aux fenêtres basses du chœur et des bas-côtés, et
les fenêtres hautes reçoivent de grandes figures.
38) Paris, intérieur de la Sainte-Chapelle.
Un des plus beaux ensembles de vitraux se trouve à
Chartres : 160 baies vitrées, 2 600 m2 de verrières comprenant
à peu près 5 000 personnages. Une rosace d’un diamètre
d’environ 10 mètres surmonte chacun des trois portails. Les
vitraux expliquent les Écritures et la vie des saints. Ils
illustrent des épisodes de la Bible, mais des scènes profanes
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sont également représentées, comme le montrent les images
reproduites ci-dessous.
39)
40)
41)
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42)
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Notre-Dame de Paris : quelques curiosités
43)
À l’occasion des fêtes du jubilé célébrant les 850 ans de
l’existence de Notre-Dame de Paris, l’hebdomadaire Le Point a
publié, en 2012, un article relatant les secrets de cette
cathédrale. Nous en avons choisi quelques-uns.
La cathédrale est construite sur quatre églises. Selon
les dernières hypothèses archéologiques, pas moins de quatre
édifices religieux différents se sont succédés sous l’actuelle
cathédrale, tous constuits sur le même emplacement de l’Ile de
la Cité. Une église paléochrétienne du IVe siècle, une
basilique mérovingienne, une cathédrale carolingienne et une
romane, qui fut démolie au fur et à mesure de la construction
de la cathédrale actuelle, les pierres sacrées étant parfois
retaillées ou utilisées pour les fondations.
Le chœur de Notre-Dame, situé plein Est dans l’axe du
soleil levant, ne forme pas une droite parfaite avec la nef
centrale, son plan étant très légèrement désaxé sur la gauche.
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La tradition veut qu’il s’agisse d’une vieille coutume
symbolisant la tête affaissée du Christ sur la croix.
La plus vieille statue est celle de la Vierge en majesté
(fig. 44) sur le tympan du portail Sainte-Anne, à droite de la
façade, portant son fils sur les genoux. Un chef-d’œuvre de
l’art roman, datant sans doute du milieu du XIIe siècle, qui
appartenait à l’ancienne cathédrale et que les tailleurs de
pierre ont réutilisé sur ce portail.
44)
Quand la nef (fig. 45) est achevée à la fin du XIIe
siècle, Notre-Dame de Paris est l’édifice chrétien le plus
grand du monde occidental et le reste durant toute la première
partie du XIIIe siècle, jusqu’à l’édification d’autres
cathédrales, comme celles de Chartres et de Reims. Elle
symbolise la richesse et la puissance de la capitale
capétienne de Philippe Auguste.
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45)
Vingt-et-un hectares de chênes ont été engloutis pour
réaliser l’une des plus imposantes charpentes du XIIIe siècle,
surnommée « la forêt ». Chaque poutre provient d’un arbre
différent, 1 300 chênes furent abbatus, certains datant du IXe
siècle.
Sous la Révolution, l’édifice n’est plus que l’ombre de
lui-même : trésor pillé, statues détruites, flèche écroulée...
On envisage même de le raser et de vendre les pierres ! Il
faut attendre le fameux roman de Victor Hugo, en 1831,
conjugué à la redécouverte du patrimoine français, pour que
soit lancé le projet d’une grande restauration.
Le célèbre architecte Viollet-le-Duc19 qui consolide et
embellit la cathédrale au milieu du XIXe siècle est représenté
dans le groupe des apôtres, situé au pied de la nouvelle
flèche qu’il fait édifier. On le reconnaît sous les traits de
saint Thomas, patron des architectes. Il est le seul à se
retourner, comme pour contempler son œuvre...
19
Eugène Viollet-le-Duc (Paris 1814 – Lausanne 1879) est un architecte, restaurateur et
théoricien français. On lui doit la restauration de la basilique de Vézelay que lui a confiée
Prosper Mérimée, alors inspecteur des monuments historiques. Ensuite, sous la direction de
Viollet-le-Duc, s’effectue la restauration d’importants édifices civils et religieux du MoyenÂge, comme Notre-Dame de Paris, la basilique de Saint-Denis, la basilique Saint-Sernin de
Toulouse, la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Clermont-Ferrand, la Cité de
Carcassonne, entre autres, et la reconstruction du château de Pierrefonds. Il a beaucoup
influencé le regard de la société sur le patrimoine historique français.
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46)
Les ouvriers avaient l’habitude de laisser une trace de leur travail : ils « signaient » leurs
œuvres en inscrivant une marque discrète sur une pierre ou une sculpture. Mais il est plus
rare de trouver une statue représentant l’architecte lui-même. Pourtant Viollet-le-Duc s’est
représenté tenant dans sa main la règle, symbole de sa profession, et contemplant une dernière
fois son oeuvre de restauration. L’apôtre est en fait Saint Thomas, le patron des architectes…
L’aigle qui précède les apôtres, symbolise l’évangéliste Jean.
La flèche centrale, haute de 93 mètres, comprend trois
reliques inestimables : un fragment de la couronne du Christ,
une relique de saint Denis, premier évêque de Paris, et une
autre de sainte Geneviève, patronne de la capitale, dont
l’abbaye fut longtemps l’une des plus célèbres de la ville.
Elles se trouvent toutes dans le fameux coq qui domine la
cité.
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47)
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