Le Prix de l`entreprise romande récompense Symbios orthopédie

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Le Prix de l`entreprise romande récompense Symbios orthopédie
LE CHANT DES OISEAUX AU DIAPASON DE LEUR SANTÉ
CRÉDIT PHOTOGRAPHIQUE: DR
Savoirs
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VENDREDI 18 AVRIL 2008
Selon une étude espagnole,
la complexité du chant des
oiseaux serait liée à la bonne
santé globale de la population
de l’espèce concernée.
Une équipe de chercheurs
du Conseil espagnol de
recherche a étudié la répartition d’une espèce d’oiseau, le
Sirli de Dupont, dans le nordest de l’Espagne. Selon eux,
les mâles des populations les
plus nombreuses et productives (celles les moins enclines
à l’extinction) chantent les
chants les plus complexes.
Les chants des oiseaux
provenant de plus petites
populations aviaires sont
quant à eux moins travaillés.
L’hypothèse dans ce cas est
la suivante: ce phénomène
résulte de leur appartenance
à un milieu culturel moins
riche et peut-être à un accouplement moins fructueux.
TISSU RÉGIONAL
Le Prix de l’entreprise romande
récompense Symbios orthopédie
Créée par le Swiss Venture Club, la compétition a réuni six nominés. Pouly Tradition est monté sur la troisième marche du podium.
GASPARD KÜHN
À LAUSANNE
LES TRAVAUX DE DARWIN
ÉVOLUENT SUR LE NET
Plusieurs milliers de textes et photographies originaux fondant le socle de la
théorie de l’évolution du
naturaliste anglais
Charles Darwin ont été
publiés hier pour la première fois sur internet
(www.darwin-online.org.uk),
a annoncé l’université de
Cambridge.
Un millier de personnes se sont rassemblées hier soir au palais de
Beaulieu de Lausanne, pour la remise du Prix del’entreprise suisse
romande. Créée il y a trois ans
par le Swiss Venture Club, la récompense «cherche, découvre et
présente des perles de notre tissu
régional». Mission accomplie, puisque les six nominés se démarquent
par des modèles d’affaires rivalisant d’ingéniosité. La médaille de
bronze est revenue à Pouly Tradition, connu pour sa franchise «pain
paillasse», tandis qu’Humard Automation est monté sur la
deuxième marche du podium (lire
ci-contre). Remis ex aequo, le quatrième prix a salué DC Swiss Automation, spécialiste jurassien des
outils de filetage, Tante Agathe, qui
allie goût du terroir et emballage
moderne, et CP Automation, né en
1999 d’une spin-off du groupe Montana. Place au vainqueur.
Multiplier les ventes par dix,
un objectif jugé réaliste
Symbios Orthopédie, lauréat 2008,
articule une recherche de pointe
et une ambitieuse stratégie de
vente. Basé à l’Y-Parc d’Yverdon, le
groupe se spécialise dans la conception de prothèses de la hanche et
du genou. Avec un chiffre d’affai-
res attendu à 30 millions de francs
en 2008, en hausse de 20%, Symbios tient 2% du marché européen
des implants, estimé à 2 milliard
d’euros. Et le potentiel reste impressionnant: «Nos ventes peuvent être
multipliées par dix», lance Jean Plé,
fondateur et président. Cet ancien
directeur Europe de Zimmer, l’un
des leaders américains de la branche, combine une expérience d’ingénieur et une grande connaissance de la médecine. La clé de sa
réussite tient notamment aux collaborations menées avec les meilleurs spécialistes du domaine, à
commencer par le professeur
Pierre-François Leyvraz du CHUV.
Face aux implants inadaptés à certains patients, Symbios a trouvé
la parade: des prothèses sur mesure, réalisées à partir de scanners
en trois dimensions. Exit les radios et les produits standardisés.
«Les progrès réalisés ces vingt dernière années en imagerie médicale nous ont aidés. Lorsque nous
Les frères Humard sont médaillés d’argent
«Déjà gamins, nous fabriquions des
cabanes de jardin ensemble», se
souvient Georges Humard, qui a
créé avec son frère Raphaël l’entreprise Humard Automation, récompensée hier du deuxième prix. En
treize ans d’activité, les machines
de Delémont se sont fait un nom,
d’abord dans l’horlogerie, puis
dans des secteurs aussi variés que
l’automobile, le médical ou l’alimentation. Le groupe dégage un
chiffre d’affaires de 15 millions de
francs par année, mais les statistiques comptables ne sont pas le fort
de Georges Humard, qui préfère les
gens: «Nous avons une cinquantaine de collaborateurs fidèles, des
mécaniciens, automaticiens, dessinateurs constructeurs, et nous
formons des apprentis. Cette matière grise fait notre véritable
force.» L’expérience, accumulée
au fil des ans, est réinvestie dans
chaque nouveau projet. «Nous
n’allons pas inventer la roue
quand elle existe», plaisante-t-il.
Croissance oblige, la quatrième
usine est mise en chantier
Un pragmatisme qui colle bien à
l’histoire d’Humard Automation.
Démarré dans un ancien entrepôt de cuisines d’à peine 200 mètre carrés, le groupe bâtit aujourd’hui sa quatrième usine. Mais
tout n’a pas été rose pour les frères apprentis, formés à l’école Tornos: «Nous avons eu du mal à décrocher des crédits bancaires pour
démarrer. Les clients hésitaient
à faire confiance à une jeune société.» Il a fallu que l’horloger
Frank Müller commande une première presse pour que la machine
s’enclenche. Pour ne plus s’arrê-
ter. Le bouche à oreille aidant, Humard s’est constitué un solide réseau en Suisse romande: «Nous
attachons une grande importance à la relation à long terme
avec nos clients.» Un soin qui permetdésormais de viser les marchés
étrangers, à commencer par l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
«On peut toujours se brûler les
ailes sur un projet», pondère
Georges Humard. D’ailleurs, certains contrats nécessitent l’appui d’experts de l’EPFL. Le
groupe sous-traite également la
fabrication des pièces à des partenaires romands et se concentre sur les plans, le montage et
le suivi de la clientèle. Avec un
mot d’ordre resté inchangé depuis 1995: «Garder des standards
élevés et respecter les délais de
livraison.» – (GK)
avons commencé, en 1989, il fallait 45 minutes pour faire un scanner, contre 30 secondes aujourd’hui.»
Reste que le marché des implants, très compétitif, demande
d’importantes ressources. «La capacité de production et les liquidités constituent des défis permanents», pointe Jean Plé, qui
demeure le principal actionnaire.
Les prothèses sont en effet
stockées dans les hôpitaux, en attendant de servir. «C’est une véritable pompe à ressources.» Par ailleurs, la recherche nécessite des
investissements constants : «Nous
avons passé cinq années à développer notre prothèse du genou,
se souvient Jean Plé. Ces frais ont
mis nos finances sous pression,
mais nous sommes sortis de
cette phase difficile en 2006.»
Pour limiter les coûts, Symbios
a également ouvert des représentations en France, en Allemagne
et en Angleterre. Une manière
de toucher directement les
clients, sans diluer les revenus
entre de nombreux intermédiaires. Ces investissements portent
leurs fruits: dans un secteur qui
repose davantage sur le savoirfaire que sur les brevets, Symbios
a pris une bonne longueur
d’avance.
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RECHERCHE
L’UNIGE électrise la révolution nano
Une équipe genevoise, en collaboration avec un groupe belge, a créé un nanomatériau qui pourrait bouleverser les dispositifs électroniques.
La dernière livraison de la revue
Nature dévoile les résultats étonnants d’une recherche menée par
l’équipe de physiciens du professeur Jean-Marc Triscone de l’Université de Genève (UNIGE), en collaboration avec leurs collègues
encadrés par leprofesseur Philippe
Ghosez de l’Université de Liège.
Ces scientifiques sont en effet parvenus à créer un nouveau matériau artificiel nanostructuré qui
pourrait révolutionner les dispositifs électroniques. Construit en
«millefeuille», ce nanomatériau
possède des propriétés uniques et
surtout radicalement différentes
de celles des matériaux qui le composent à l’origine. A l’heure de la
miniaturisation accrue de technologies comme les téléphones portables, les ordinateurs de poche
ou les baladeurs vidéo, cette
prouesse inaugure un tout nouveau champ de recherche et d’expérimentation scientifiques: l’ingénierie atomique.
La «ferroélectricité impropre»
Lié à l’apparition d’un phénomène
encore peu connu appelé la «ferroélectricité impropre», ce compor-
tement singulier de la matière est
une conséquence directe de sa
structure artificielle en couches.
«Il résulte en fait des interactions
à l’échelle atomique, qui se produisent aux interfaces entre les différentes strates d’oxydes, explique
Jean-Marc Triscone. Cela pourrait
sembler trivial, mais c’est le résultat d’une recherche réalisée aux
confins de la matière. Les super-réseaux sur lesquels nous avons travaillé faisaient à peine 100 nanomètres d’épaisseur et ils ont été
obtenus par la répétition, en alternance, de couches d’oxydes dont
l’épaisseur individuelle peut varier de 0,4 à 1,2 nanomètre, sachant qu’un nanomètre représente un milliardième de mètre.»
Il faut en outre savoir que les oxydes de métaux revêtent un intérêt
particulier, en physique comme
dans le quotidien, en raison de la
grande diversité des propriétés
qu’ils peuvent présenter et des
nombreux dispositifs électroniques, des capteurs et des microsystèmes qu’ils intègrent de ce fait.
«Alors qu’il est connu qu’en formant un alliage de deux matériaux
on parvient souvent à combiner
leurs propriétés, précise le prof. Triscone, ici on démontre qu’en maîtrisant la structure atomique dans
les multicouches d’oxydes il est possible d’induire de nouvelles propriétés et d’ainsi créer des matériaux sur mesure, pourvus de
caractéristiques tout à fait inédites.» Si ce domaine de recherche se
trouve à un stade de développement encore embryonnaire, ces découvertes ne manquent pas d’évoquer celles qui se sont produites
dans le domaine des semi-conduceurs il y a une soixantaine d’années. – (com./réd.)

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