Luc Tuymans, "Feuilleton", 2011
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Luc Tuymans, "Feuilleton", 2011
« Feuilleton » Luc Tuymans 2011 Quand Angel Vergara m’a demandé d’accepter le rôle de commissaire du Pavillon belge j’ai hésité car en 2001 j’étais moi-même invité à y présenter mes œuvres. Cependant, l’idée d’Angel consistant à proposer ce rôle à un artiste, qui de plus fait partie d’une autre communauté linguistique, m’a motivé, c’est un signe fort vis à vis de la situation politique actuelle et pour la représentation de la Belgique à la Biennale de Venise. Lorsque Angel a avancé sur le contenu de son projet cela a non seulement fait grandir mon intérêt mais m’a définitivement persuadé de m’engager à ses côtés. Bien que ma propre méthode de travail puisse paraître beaucoup plus traditionnelle que celle d’Angel, en ce qui concerne le contenu il y a clairement des convergences. Comme Angel je n’ai jamais travaillé de manière purement formelle mais plus tôt à partir de ma fascination et de mes recherches sur les relations entretenues par le pouvoir des images face à un ordre socioculturel plus large. L’exposition qu’Angel a imaginée est principalement une réflexion basée sur le thème des sept péchés capitaux, comme par exemple, l’envie, la colère, la paresse intellectuelle... Utiliser ce thème comme leitmotiv appliqué à la société actuelle, c’est véritablement inoculer une sorte de virus dans l’éventail des images que l’actualité nous livre dans toute leur trivialité. Dans le cas de Vergara, les images qu’il s’approprie sont montées à une cadence répétitive pour finalement être virtuellement attaquées par le pinceau et la peinture amplifiant ainsi l’apparente impuissance du geste même. En liant la peinture à l’image médiatisée, de nombreuses connotations fondamentales sur l’Image et son iconographie occidentale apparaissent. En ce sens, le projet de Vergara est une sorte de « never– ending story » postulant une recherche totale. Les images sont répétées, posées, surimposées et font ainsi surgir une réalité fantôme. Dans les espaces environnant l’espace central du pavillon, différentes peintures sur verre sont autant d’œuvres autonomes et en même temps, elles sont une réminiscence indirecte de la grande frise de l’espace central. Dans les deux espaces à côté de l’entrée il y a d’une part des affiches et d’autre part, des moniteurs qui diffusent des performances et installations, extraites d’expositions précédentes, et un ensemble d’objets, le tout agissant comme des indices qui viennent contextualiser l’œuvre de l’artiste. Le titre du projet est FEUILLETON car ce mot porte en lui la multitude des liens et aussi l’idée de l’infini des possibilités.