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Vendredi 26 août 2011 à 06h00 0commentaire(s) Par CHRISTOPHE LOUBES Au poil, le Barber Le Barber Shop Quartet a présenté son dernier spectacle à Blaye. Prévisible, mais soigné et drôle. Un public debout mercredi pour la première représentation du nouveau spectacle de Barber Shop. PHOTO PIERRE PLANCHENAULT «On a des disques à vendre, même si ce sont ceux de notre spectacle précédent » : Pas encore enregistré, à peine achevé et servi par une formation remodelée à 50 %, le cru 2011 du Barber Shop Quartet était présenté en primeur mercredi soir au Festival de Blaye et de l'estuaire. Un spectacle de burlesque musical dans un festival de théâtre ? La chose se comprend d'abord par rapport au lieu, ce cabaret installé dans la chapelle des Minimes, que les organisateurs veulent ouvert et différent du reste de la programmation, quoique toujours axé sur les arts de la scène. Différent, dans l'absolu le quartet bordelais ne l'est pourtant pas tellement. Bien sûr il s'inspire d'une tradition, celle des airs chantés il y a un siècle par les clients des barbiers américains, qui n'a jamais fait école en France. Mais il a aussi beaucoup à voir avec une autre tradition, très française, de spectacle théâtral construit autour de chansons humoristiques : celle de Fernandel, des Frères Jacques (dont le groupe reprend « C'est ça le rugby »), des chansons à sketches de Ray Ventura... Femme étanche... Les costumes années 40 et les thèmes de certains morceaux (le match de foot FranceAllemagne en 1982, le TF1 des années 80-90...) renforcent cette image de France à papa, pas très raccord avec la société globale et le monde des technologies numériques. Sauf qu'à aucun moment on ne sombre dans le ringard. C'est que, pour être très balisé dans son contenu, le spectacle n'en est pas moins très drôle. L'évocation de toutes les sortes de musiciens qui se croisent dans le métro _ chanteurs roumains à peine compréhensibles, classiqueux guindés, post-adolescents à la révolte boutonneuse... _ produit son effet. Quand, dans une chanson animalière, on cite le blaireau pour lui associer un 4 x 4, ça marche aussi. Idem quand un autre morceau évoque l'amour à plusieurs jusqu'à dire qu'une femme en devient étanche... Et puis il y a tout l'humour qui procède de la musique elle-même : chanter le nez bouché pour retrouver les sonorités d'un vieux 78 tours, décomposer une phrase musicale en autant de notes, chantées alternativement par les quatre compères et commères. Tout ce petit monde possède une solide technique vocale, des voix fermes et précises, pas d'une extrême richesse, mais suffisamment maîtrisées pour autoriser de belles harmonies, qui doivent beaucoup au jazz, mais peut-être aussi aux grands musiciens de la Renaissance. Plus encore, les quatre chanteurs possèdent une solide technique de micro, cette technique grâce à laquelle on sait à quelle distance et sous quel angle se placer pour générer toute une variété de sons. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne la voix basse, nouvelle recrue autant à l'aise dans son rôle de bassiste (donc) que dans celui de beatboxer hip-hop ou de bruitiste à la Spike Jones. Trois héritages, une tradition et un spectacle à revoir dans pas trop longtemps. On parle de la Boîte à jouer, à Bordeaux, à l'hiver prochain.