Comment les marques se transforment au contact de leurs
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Comment les marques se transforment au contact de leurs
Community management Comment les marques se transforment au contact de leurs communautés 3e édition Matthieu CHÉREAU © Dunod, Paris, 2015 5 rue Laromiguière, 75005 Paris www.dunod.com ISBN 978-2-10-072827-5 Remerciements C e livre doit beaucoup aux nombreux experts rencontrés, qui ont partagé leurs expériences et leurs connaissances du community management : ■■ Stéphane Adamiak, Orange Content Division ■■ Marie Argence, co-fondatrice Stern Music, account manager, U niversal Music ■■ Julien Aubert, experience designer, Story Factory ■■ Anthony Babkine, head of social media, TBWA Corporate ■■ Benjamin Benita, Cité des sciences et MuseumWeek ■■ Eric Briones, alias Darkplanneur, Publicis et nous ■■ Géraldine Caro, Europe social media manager, Pierre et Vacances, Center Parcs ■■ Thomas Clément, ex-directeur général de Tribal DDB, fondateur de No Site ■■ Romain Colin, fondateur de Fubiz ■■ Diane Dubray, directrice de Buzzeum ■■ Nicolas Duminil, ex-responsable marketing online, Eyeka ■■ Lionel Fumado, corporate community manager, Orange ■■ Yann Gourvenec, director, web, digital and social media, Orange ■■ Bruno Guerin, lead community manager, Ubisoft ■■ Carla Henny de Préval, digital marketing director, YSL & Designer Brands ■■ Xavier Leclerc, Facebook ■■ Michael Levy, directeur Publicis Modem ■■ Marlène Masure, directrice du pôle digital, The Walt Disney Company ■■ Marie Mustel, VP Digital, Canal+ ■■ Anthony Roux, Peugeot ■■ Yaelle Teicher, Galeries Lafayette ■■ Samy Zakari, ex-Netvibes Remerciements Merci à Émilie Lerebours pour sa confiance, ses relectures attentives et sa grande patience. Ce livre amorce une réflexion qui se poursuit en ligne sur communitymanagementjobs.fr. Vous y trouverez des ressources pour approfondir vos connaissances du community management. Merci enfin à Sandrine Girbal pour sa participation à cette nouvelle édition, son regard attentif et précieux. IV « Dans l’univers du web, il existe des millions de voies. La vidéo, l’audio et d’autres contenus nous attirent de toutes parts ; seuls, les community managers et les trust agents peuvent permettre le rapprochement des communautés sur le web, que ce soit autour d’une marque ou d’une cause. Bien comprendre ce qui motive les communautés est indispensable ; cela se fait difficilement seul. Les community managers travaillent davantage, ils apprennent plus rapidement et comprennent mieux ce qui est exigé des tribus du web. Ils peuvent mieux que quiconque vous aider à identifier ce dont vos fans ont besoin et cerner ce que veulent vos détracteurs. Se procurer ce livre constitue le premier pas pour nous engager sur la nouvelle voie que le web ouvre. » Julien Smith, co-auteur de Trusts Agents, New York Times Best Seller Avant-propos C ette troisième édition diffère de la dernière notamment par son sous-titre, qui a été modifié. Rappelons celui d’origine : « Comment faire des communautés web les meilleures alliées des marques ». Il était nécessaire de revoir ce sous-titre pour deux raisons. Tout d’abord, parce que les communautés ne s’arrêtent pas au web et que, plus que jamais, les marques se doivent d’interagir avec elles de façon aussi concrète que possible. Ensuite, parce que, pour les marques, l’enjeu n’est pas simplement de trouver de l’aide auprès des communautés. En effet, elles doivent repenser à la fois leurs manières de communiquer, d’offrir des services, de concevoir et promouvoir des offres, mais aussi de recruter des employés. Les organisations doivent devenir plus sociales en se concentrant davantage sur les individus auxquels elles s’adressent (qu’il s’agisse d’utilisateurs, de clients ou encore d’employés). La transformation digitale des entreprises qui s’amorce pour accomplir ce recentrage confère au community manager un rôle crucial, que ce livre se propose de définir. Par ailleurs, je me suis efforcé de rendre compte des tendances de fond. Par exemple, pressentie dès 2009, la spécialisation du community manager par secteur d’activité, mais aussi par département au sein de l’entreprise doit être prise en compte : elle fera l’objet d’un traitement plus approfondi dans cette édition. De même, la multiplication des plates-formes sociales et l’accélération des échanges constituent une autre tendance lourde qui représente un défi de taille pour les community managers. Être présent partout et répondre immédiatement requiert une organisation qui, on le verra, ne va pas de soi. Enfin, la dernière tendance sur laquelle je reviendrai est l’avènement prochain d’un nouveau type de social commerce, qui utilise des plates-formes sociales à des fins de conversion indirecte (via des contenus sur des médias tels que Tumblr ou Pinterest) ou directe (via des actions d’achats, Twitter, WeChat ou encore Snapchat). Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI Introduction : . Comprendre les médias sociaux et le rôle du community manager . . . . 1 44 Quelle attitude face aux changements ? Quelles organisations sont concernées par l’avènement . des médias sociaux ? Passif ou actif ? Top-down ou bottom-up ? 1 2 3 L’ère de la conversation Un constat théorique Un constat pratique 5 5 6 44 La socialisation des organisations 7 44 Les trois idées reçues et révolues 8 44 Idée reçue 1 Les animateurs de communautés passent . leur temps à faire du social networking Idée reçue 2 C’est un métier que tout le monde peut faire Idée reçue 3 L’impact de leur travail n’est pas évaluable Chapitre 1 : Les dix commandements du community manager . . . . . . . 44 1. Être à l’écoute Se poser les bonnes questions Établir un diagnostic 8 10 11 13 14 14 16 44 2. Parler normalement 19 44 3. Être généreux 22 22 23 Apprendre à donner Encourager les membres et leur accorder du pouvoir 44 4. Être transparent Privilégier la franchise Poser des limites à la transparence 44 5. Être cohérent Ne rien publier à la légère Créer une social media policy et des social media guidelines 24 24 27 29 29 30 Sommaire 44 6. Être exemplaire Illustrer le discours Mettre en avant des membres qui donnent l’exemple 44 7. Être réactif Gérer des messages qui circulent de plus en plus vite Traiter rapidement les demandes d’aide Répondre aux sollicitations de la presse 44 8. Être bien entouré Répartir les tâches Créer les conditions d’une bonne collaboration avec la communauté 44 9. Être agile Quels documents produire au départ ? Le travail itératif Être agile dans le temps : prioriser, systématiser, évoluer 35 35 36 38 38 38 41 44 45 45 46 44 10. Être en veille stratégique 48 44 La cerise sur le gâteau : créer des expériences extraordinaires 50 44 Conclusion 52 Chapitre 2 : Les cinq métiers du community manager . . . . . . . . . . . . 44 1. Le marketing Recruter Engager Influencer Les pratiques à éviter 44 2. La communication et les relations presse Chérir les ambassadeurs, convertir les trouble-fête Bien gérer une crise de communication 53 54 55 56 65 66 66 67 69 44 3. Le service client 74 44 4. Le développement commercial 78 78 78 79 Identifier les opportunités commerciales Répondre aux questions sélectionnées Informer les responsables commerciaux VIII 32 32 33 Sommaire 44 44 5. Les ressources humaines et la communication interne Recruter les mavens Introduire en douceur de nouveaux outils et usages Approfondir la discussion offline Encourager la prise de parole à l’extérieur 80 81 82 83 83 Conclusion 87 Chapitre 3 : Les cinq spécificités sectorielles du community management. 44 44 1. Animer une communauté au service d’une cause, de la chose publique . ou d’un service public 89 2. Animer une communauté autour d’un média Animer une communauté autour d’une information Animer une communauté autour d’un programme (trans)média 95 95 96 44 3. Animer une communauté autour d’une œuvre 44 4. Animer une communauté au service d’une marque de luxe 102 5. Animer une communauté au service d’un grand groupe Par quoi commencer ? Où prendre la parole ? Quand ? Auprès de qui ? Comment ? 103 104 104 104 105 105 Conclusion 106 44 44 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 89 Chapitre 4 : Les outils d’animation indispensables du community management . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 44 44 99 107 Les outils en interne : pourquoi et comment les introduire ? L’approche pas à pas : informer, collaborer, puis discuter 108 108 Les outils de monitoring : de l’écoute à la social intelligence Applications de veille et social intelligence 112 114 Les médias sociaux : dialoguer et échanger Bien bloguer Quels outils de blogging ? Facebook 117 120 120 123 IX Sommaire Twitter Google+ Les autres médias sociaux 44 Gérer globalement les actions d’engagement social 144 44 Conclusion 146 Chapitre 5 : De la stratégie au reporting : objectifs, indicateurs de performance, analyses des actions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Définir sa stratégie social media Changer de paradigmes Comment combiner les médias sociaux ? 44 Définir des indicateurs pertinents Comment définir ces indicateurs ? Par quoi commencer ? Une large palette d’indicateurs de performance Optimiser, recruter et augmenter les revenus 44 44 147 148 148 150 152 153 154 157 161 Les trois formats de reporting Le reporting opérationnel Le reporting de pilotage Le reporting stratégique 167 167 169 170 Conclusion 172 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . X 135 140 141 173 44 De nouveaux paradigmes 173 44 Une vision multidimensionnelle du community management 174 44 Une nouvelle position au sein de l’organisation 174 44 Vers le social business 175 Glossaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 Index des concepts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 Index des noms et marques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Index des médias sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 Comprendre les médias sociaux et le rôle du community manager L e community management n’est pas seulement une nouvelle discipline ou un nouveau métier. À travers lui, c’est une nouvelle manière d’appréhender la communication qui s’esquisse, de concevoir les rapports entre l’entreprise et ses clients. Pour bien comprendre sa raison d’être et percevoir l’ensemble de ses facettes, il faut s’intéresser au contexte dont il procède. Les médias sociaux redéfinissent en profondeur la manière dont les messages étaient jusqu’à présent conçus, diffusés et partagés. Face à ces transformations profondes et rapides, la situation paraît fort trouble : l’adaptation semble nécessaire, mais à quel rythme et surtout à quelles conditions ? À quel prix, diront les sceptiques, qui pensent à leur image ou à leur portefeuille. Le community management est une réponse à ces questions. Pour bien en comprendre les tenants et aboutissants, il importe donc d’y répondre et de dépasser quelques idées reçues déjà bien ancrées dans les consciences. Quelle attitude face aux changements ? Chaque organisation a sa culture qui dicte souvent le rythme auquel elle évolue et son attitude face aux changements. Certains annonceurs embrasseront le changement pour rester en phase avec leurs jeunes cibles, tandis que d’autres préféreront attendre, différer leurs choix pour Introduction ne pas céder à la précipitation et se couper d’un autre public, moins rapide et plus prudent. D’autres organisations publiques ou associatives se demanderont plus longtemps en quoi elles doivent elles aussi s’adapter, si elles ont vocation à le faire en dépit de leur culture, parfois conservatrice. Doit-on néanmoins laisser sa culture dicter son comportement ? Dans quelle mesure une organisation doit-elle – par choix ou contrainte extérieure – amender sa culture, la rénover ? Si une organisation évolue en fonction de son public, doit-elle par conséquent changer son rapport à lui ? Quelles organisations sont concernées par l’avènement des médias sociaux ? 44440 Si le community management est un sujet qui intéresse a priori le monde de l’entreprise, il concerne plus largement tout type d’organisation, publique, privée ou associative. Les communautés peuvent être composées de citoyens et/ou de consommateurs. Les consommateurs peuvent adopter des comportements militants et les citoyens demander des comptes à leurs élus. Les démocraties capitalistes sont arrivées à maturité et désormais les comportements sont poreux. L’expression d’une sensibilité pour l’environnement passe par un comportement de consommateur-citoyen. De l’autre côté, on se surprend à lire que le seul salut de certaines politiques publiques résiderait dans l’action de la société civile et des consommateurs. Les entreprises l’ont bien compris, qui se dotent de départements de « responsabilité sociale » et tâchent d’avoir sur le reste de la société civile un effet bénéfique 1. Plus que jamais, consommer c’est adhérer, choisir des idées, une identité, des valeurs, un projet de vie. Et ces adhésions sont revendiquées, attaquées, débattues collectivement, dans un cadre qui échappe au contrôle et ne tolère aucune limite. Parce que toutes les organisations sont directement intéressées par ces débats, elles se doivent d’y prendre part. 1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Responsabilit%C3%A9_sociale_des_entreprises 2 Introduction © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Passif ou actif ? Top-down ou bottom-up ? Les nouvelles technologies redéfinissent radicalement la manière dont les organisations travaillent. Elles doivent agir, produire, vendre et communiquer différemment. Ceci requiert une certaine ouverture d’esprit et une grande souplesse, car le changement ne va pas de soi. Le changement volontaire implique la conduite de tests, l’expérimentation de certains modèles, la redéfinition de métiers et, sur le plan strictement théorique, l’acceptation de nouveaux paradigmes qui placent les communautés (citoyennes et consommatrices) au centre des dispositifs. La direction des groupes aujourd’hui n’est plus souveraine devant le changement et, comme le dit Seth Godin, « le sommet n’est plus le sommet car c’est dans la rue que l’action se déroule » 1. Face à une telle situation, comment au juste mener ce changement ? Les organisations ne sont pas égales devant le changement. Les moins avancées sont celles qui refusent de prendre acte du changement, faute de moyens ou parfois parce que ce changement implique qu’elles redéfinissent leur métier. Il faut souvent attendre une crise externe (i.e. causée par le public) ou interne (un chiffre d’affaires en chute libre), pour que des décisions fortes soient prises. La musique s’est longtemps trouvée dans cette situation. D’autres grandes organisations sont attentives aux changements mais préfèrent laisser les autres explorer les nouveaux horizons, avant de s’engager. C’est le cas par exemple des chaînes de télévision qui ont, à de rares exceptions près, été longtemps attentistes, faute d’avoir une vision quelconque en matière de changement. Enfin, certaines organisations se posent comme pionnières, n’hésitant pas très tôt à proposer d’autres approches, plus audacieuses et innovantes. C’est souvent le cas des acteurs du luxe, qui sont par nature friands d’innovation et s’emparent avec avidité des nouveautés pour étendre l’univers de leurs marques. En définitive, votre organisation se trouve sans doute dans l’une des trois positions décrites dans le tableau suivant, qui les reprend sous forme de bestiaire. 1. Tribes, Seth Godin, p. 75. 3 Introduction Les trois attitudes face au changement Tableau 0.1 L’autruche La tortue Le lièvre Vision bornée Vision avisée mais lointaine du changement Vision prospective Aucun test Peu de tests Culture du test, approche itérative Changement reporté, puis forcé – sous la contrainte Changement lent Changement proactif Comportement conservateur Comportement attentiste Comportement agile Cette introduction est un cas pratique chargé de (re)créer un choc et de dépasser les idées reçues, afin de mieux entrer ensuite dans le vif du sujet. Le community management est au cœur des changements de technologie, de modèles économiques et des stratégies de communication : prendre la mesure de ces changements est nécessaire pour comprendre les tenants et aboutissants de ce métier, et comprendre pourquoi il est aujourd’hui clé dans l’entreprise. Cas pratique Universal Music : le choc En 2006, deux jeunes filles arrivent chez Universal. Elles font valoir qu’elles administrent une large communauté en ligne de fans d’un groupe pop : Tokio Hotel. Participant par le biais de leur site à la promotion du groupe, elles se présentent comme des partenaires du label et sollicitent un contrat de prestation pour administrer la communauté. Alors peu habitué à ce type de démarche, Universal est quelque peu pris de court. Après tout, l’une de ses prérogatives est non seulement de produire, mais également de promouvoir ses artistes. Pourquoi en déléguerait-elle la responsabilité à quelqu’un d’autre ? A-t-elle seulement le choix ? Une année plus tard, les deux jeunes filles, Marie Argence et Pauline Dalaméa, ont pour interlocuteur direct le manager de Tokio Hotel qui leur transmet – parfois avant Universal – des informations et des photos du groupe. Elles créent en 2009 leur entreprise, Stern Music, et systématisent leur démarche en organisant des espaces communautaires officiels pour une multitude de groupes, cette fois-ci sur leur propre plate-forme web. 4 Introduction Cette activité aurait-elle pu être internalisée par Universal ? Sans doute. Pourquoi ne l’a-t-elle pas été ? Probablement parce qu’il était trop tôt. Que fait Universal aujourd’hui pour être plus présent sur les médias sociaux ? Recruter des community managers. Que devient Marie Argence ? Après avoir créé Stern Music, elle s’occupe aujourd’hui de la promotion digitale du label AZ, chez Universal. Source, Stern Music L’ère de la conversation Si animer une communauté compte de plus en plus, c’est que les communautés elles-mêmes ont conquis un nouveau rôle. Il importe donc, avant de savoir en quoi le community management consiste, de cerner l’ampleur de ce rôle. Il découle d’une transformation lente des consommateurs, jusqu’alors seulement destinataires de produits et de messages, aujourd’hui devenus émetteurs. Ayant désormais voix au chapitre, ils tiennent à se faire entendre et à peser sur ce qu’ils consomment ou ne tiennent pas à consommer. Cette transformation implique un rééquilibrage des hiérarchies entre les organisations et les consommateurs/ citoyens amenés à converser. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Un constat théorique The Cluetrain manifesto1 l’a décelé dès 1999 : les marchés sont devenus des conversations. La clé aujourd’hui pour une entreprise ne réside donc plus dans la publicité, mais dans sa capacité à converser et à faire l’objet de conversations. Or qui, au sein des entreprises, passe plus de temps à converser qu’à concevoir des messages, des publicités, des communiqués ? Plus profondément encore, qui sait converser, utiliser les bons outils et les bons mots, évaluer les opportunités, mesurer les progrès ? Existe-t-il un métier ? Des compétences définies ? Des objectifs clairs ? Rien de cela. 1. Le Manifeste des évidences a été publié en 1999. Il est un ouvrage de référence en termes de marketing online. Il est disponible gratuitement à l’adresse : http://www.cluetrain.com. 5 Introduction 44440 Un constat pratique Pourtant, les consommateurs expriment le besoin d’être davantage en contact avec les marques sur les médias sociaux. Dans une étude portant sur un échantillon de 569 personnes, Hubspot1, un éditeur de logiciels de marketing digital, rapporte que 60 à 94 % des sondés (selon les tranches d’âge) attendent des marques qu’elles soient présentes sur Facebook. Par ailleurs, une autre étude commise par SAP 2 montre que, pour 65 % des marques, 5 % des clients ou plus ont utilisé les médias sociaux comme canaux de service client, pour obtenir des informations, poser une question ou porter plainte. Sur quels réseaux sociaux pensez-vous . que les marques devraient être présentes ? . L’avis des internautes Figure 0.1 Pourcentage d’internautes 100 90 Ensemble des sondés 18-29 ans 30-44 ans 45-60 ans › 60 ans 80 70 60 50 40 30 20 10 0 er t Twit ook b Face re m e + st ln agra Pintere Linked YouTub Google lideSha S Inst Ayant longtemps fait la sourde oreille, les entreprises s’adaptent lentement mais sûrement. Comprenant la nécessité d’être plus présentes et plus à l’écoute, elles se dotent de nouvelles compétences en même temps qu’elles adoptent de nouveaux outils, plus sociaux et participatifs. Les responsables marketing sont les premiers ambassadeurs de ce changement, qu’ils chantent sur tous les toits tout en renouvelant les termes désormais flous de leur métier. Mark Jarvis, directeur marketing de Dell, le reconnaît clairement : « Écouter nos clients est en réalité la forme la plus parfaite de marketing possible. » 1. The Social Lifecycle: Consumer Insights to Improve Your Business, Hubspot, octobre 2014. 2. http://w w w.socia l med iatoday.com /socia l-customer -engagement-i ndex2014-whitepaper 6 Introduction © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. La socialisation des organisations Aujourd’hui, le processus de socialisation des organisations s’est désormais enclenché. Les conversations traversent l’organisation de part en part et la transforment peu à peu. IBM distingue quatre axes dans cette transformation sociale : ■■ La collaboration interne et externe. Cette collaboration est aujourd’hui plus ouverte et plus approfondie, grâce à l’apparition et à la généralisation d’outils de RSE (réseaux sociaux d’entreprise) et de plates-formes sociales participatives. Le community manager joue dans ce cadre un rôle déterminant pour animer les conversations et rapprocher les utilisateurs. En interne, partageant des informations et mettant en avant ceux qui jouent le jeu, il donne l’exemple et sert d’émulateur. En externe, il conçoit des dispositifs pour encourager la participation des utilisateurs (à des fins ludiques ou créatives) : de plus en plus, la création de valeur passe par la collaboration. Dans ce contexte, le community manager peut acquérir une place centrale au sein de l’organisation. ■■ La capacité à bien former les personnes en interne. Si le community manager n’a pas spécifiquement le rôle de formateur, il doit a minima sensibiliser ses collaborateurs aux outils, aux usages et aux finalités du web social. Ce travail de longue haleine est mené de plus en plus en interne. Ainsi, par la transmission de ses compétences, le community manager forme ses collaborateurs qui, en devenant champions internes, vont finir par jouer un rôle similaire au sien. Le community manager, dans ce cas, sert tout à la fois de passeur et de pollinisateur. ■■ La compréhension et la fidélisation des clients. C’est souvent la première chose à laquelle on pense lorsque l’on évoque la s ocialisation des organisations. En effet, ces dernières se doivent d’être au contact de leurs communautés, afin de mieux comprendre leurs désirs et d’y répondre durablement. On touche ici à plusieurs métiers du community manager : le service des études notamment (dont le but est de comprendre les besoins des communautés), le marketing ou encore le service client, qui sert à fidéliser les utilisateurs. Avec le temps, le web social deviendra un canal de plus en plus avantageux pour mener à bien ce type d’actions, eu égard aux volumes de data qu’il 7 Introduction permet déjà de recueillir (pour comprendre les communautés) et aux relations très directes qu’il crée entre les utilisateurs et les organisations (pour fidéliser les communautés). ■■ Le fait de pouvoir analyser les désirs de sa communauté et d’y voir leur utilité pour l’organisation. L’ultime étape d’une organisation sociale est de donner toute son importance à la voix du client, un client dont la parole trouvera non seulement un écho dans les produits ou les services de l’organisation, mais sera aussi amplifiée afin de promouvoir l’organisation. Les organisations qui filtrent et font régulièrement remonter les demandes d’utilisateurs commencent à apparaître, y compris dans le CAC 40. Dans ce cadre-là, le community manager n’est plus seulement un messager, mais aussi quelqu’un qui bouscule les habitudes. On le voit, la socialisation des organisations confère au community manager une nouvelle importance. En conséquence, les idées reçues tendent à disparaître, mais subsistent parfois dans les organisations les moins prêtes au changement. Cela étant bien posé, il est temps de s’attarder sur ce que l’on sait aujourd’hui des animateurs de communautés. Force est de constater que leur métier est encore mal connu et surtout mal compris. Les trois idées reçues et révolues Il existe essentiellement trois idées reçues qu’il importe de dissiper une fois pour toutes. Ces idées reposent elles-mêmes sur une mauvaise compréhension des notions clés et déjà galvaudées de « média social » et de « communauté ». Idée reçue 1 Les animateurs de communautés passent leur temps à faire du social networking 44440 Revenons au sens du terme « communauté ». La communauté est définie comme un « état, caractère, qualité de ce qui est commun » 1 et « un groupe humain dont les membres sont unis par un lien social ». Le terme induit 1. http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/communaute 8 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Introduction donc un partage. Mais il est intéressant de constater que son étymologie en ancien français, « communité », signifie « participation en commun », et connote donc non seulement le partage de données objectives (une qualité, un intérêt), mais aussi des actions communes. Aucune communauté n’existe de fait. Le lien social qui la fonde doit être constamment renforcé et nourri par les actions de ses membres. Sans action, la communauté s’étiole et s’éparpille pour gagner d’autres communautés, plus actives, partant, soudées. Rejoindre une communauté, a fortiori en organiser une, nécessite donc une très forte implication dans la création du lien social et bien entendu une compréhension intime des principes de ladite communauté. C’est là qu’intervient le community manager, et c’est la première raison pour laquelle il travaille autant sur les médias sociaux. De fait, un community manager passe une part de son temps à faire du social networking, de la même manière que des responsables commerciaux passent leur temps au téléphone et que les secrétaires utilisent intensivement la photocopieuse, le téléphone et le fax. Les médias sociaux sont, comme le téléphone ou l’e-mail, l’outil de communication de prédilection des community managers. C’est là que se tiennent les conversations et que s’échangent les informations. Ces conversations relèvent autant du service client que du business développement dans certains cas, mais d’une manière plus spontanée et plus moderne. Pour bien comprendre en quoi consiste exactement ce social networking, il est nécessaire d’en revenir aux médias sociaux et à leurs caractéristiques : ■■ Leur vocation est d’offrir aux communautés des outils pour s’organiser, discuter et éventuellement créer ensemble. Cela signifie que les communautés préexistent aux médias sociaux. Toutefois, elles peuvent se cristalliser momentanément ou durablement autour de certains en particulier. ■■ Leurs fonctionnalités permettent aux communautés de discuter, d’échanger des informations, des opinions et des contenus. ■■ Leurs codes tiennent en trois principes : être transparent (éthique de la transparence), s’exprimer normalement et jamais de façon formelle (fin de l’approche top-down), privilégier le don pour recevoir davantage en retour (primat de l’économie du don). ■■ Leurs effets : ensemble ils participent à la création du capital social des internautes, qui disposent d’un profil sur différentes 9 Introduction plates-formes. À ce profil sont attachés un graph social, composé de toutes les connaissances du profil, et une réputation, fonction de la notoriété dudit profil dans ses communautés. Ce capital social n’est pas l’apanage des individus, les entreprises en ont également un, qu’elles le veuillent ou non. Les réseaux sociaux les plus importants en termes de nombre d’utilisateurs sont Facebook pour les particuliers et LinkedIn pour les professionnels. Viennent ensuite les outils sociaux de microblogging, notamment Twitter, et les plates-formes de publication de contenus telles que YouTube, Flickr ou encore Tumblr. Les applications de chat telles que WeChat, WhatsApp, LINE ou encore Snapchat jouissent quant à elles d’une popularité croissante et représentent une communauté considérable à travers le monde. Une dernière catégorie de médias sociaux, moins connue en France, mais néanmoins appelée à l’être davantage : le site d’indexation sociale de contenus, dont Reddit est l’exemple le plus connu. Au-delà de ces catégories, ces médias sociaux s’empruntent mutuellement des fonctionnalités pour s’imposer comme des outils de communication quotidiens pour leurs utilisateurs. À la lumière de cette courte définition, le social networking paraît plus complexe, plus vaste aussi. Dans le même temps, la mission du community manager se clarifie. Leçon 1 : le community manager organise les communautés et fait fructifier le capital social de la société dans laquelle il travaille, en respectant les codes régissant le fonctionnement des médias sociaux. Nous y reviendrons en détail dans le chapitre 1 consacré aux dix commandements du community manager. 44440 Idée reçue 2 C’est un métier que tout le monde peut faire Ses compétences ne sont pour l’heure définies par personne. Le métier lui-même est difficile à appréhender tant ses contours semblent flous. À cela une raison simple : le community manager a un rôle transversal qui l’amène à faire plusieurs métiers à la fois. Il est à la fois rédacteur, concepteur-rédacteur, marketeur, business développeur et attaché de presse. Il doit disposer de connaissances (voir chapitre 2 consacré aux métiers), de compétences techniques suffisantes pour utiliser tous les outils à sa disposition (voir chapitre 4) et d’une curiosité constante pour décrypter les nouvelles tendances et les nouveaux usages. 10 Introduction Leçon 2 : un community manager définit son travail essentiellement en fonction de la taille de la société dans laquelle il travaille. Dans l’absolu, il est polyvalent, bénéficie de compétences rédactionnelles et relationnelles importantes, et dispose d’une excellente connaissance des outils et des usages des médias sociaux. Il jouit enfin d’un capital social important, à travers ses différents sites ou comptes personnels (blog, Twitter, Facebook, Instagram, etc.). © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Idée reçue 3 L’impact de leur travail n’est pas évaluable Cette idée repose sur la méconnaissance des outils d’évaluation disponibles pour le community manager. Ces outils ne sont certes pas simples à appréhender, ils sont multiples et souvent incomplets. De nouveaux apparaissent sans cesse, qui proposent toujours plus de services. Mais au-delà des outils, ce sont les critères d’évaluation eux-mêmes qu’il faut prendre en compte, en fonction des médias sociaux utilisés et des objectifs assignés au community manager. Toute la difficulté réside dans le fait qu’il existe peu de critères déjà constitués. Les outils et les usages évoluant, ces critères sont toujours à inventer et à affiner au gré du temps et des évolutions. De même, les statistiques produites doivent être constamment affinées et agrégées de manière nouvelle pour vraiment faire sens et embrayer sur une analyse utile. Quoi qu’il en soit, et même si l’évaluation du travail du community manager requiert une étude précise et approfondie, il est possible d’en identifier les grands axes. Leçon 3 : un community manager définit et conçoit ses propres indicateurs de mesure en fonction du département dont il dépend (communication, marketing, expérience client, etc.), des outils qu’il utilise et bien évidemment de la nature de ses objectifs. C’est à cela que nous nous intéresserons dans le chapitre 5. 11 Chapitre 1 Les dix commandements du community manager O utre les trois idées reçues dont fait l’objet l’animation de communautés, il en est une dernière qui Mots-clés est sans doute la plus tenace. On considère souvent ■■ Audit de communautés que les personnes les plus aptes à effectuer ce travail ■■ Transparence sont les natifs numériques1, autrement dit ceux qui ■■ Cohérence sont nés avec Internet et possèdent de manière presque innée une connaissance intime des technologies et de ■■ Charte de community management leurs usages. Il est indéniable qu’une telle connaissance est indispensable à une entreprise, mais pas pour ■■ Collaboration les raisons qu’elle imagine. Les natifs numériques ne ■■ Réactivité naissent pas avec une connaissance donnée, mais plus ■■ Agilité exactement avec le don d’apprendre et d’assimiler des techniques et des usages plus rapidement. C’est cette capacité d’assimilation constante qui les rend si efficaces. C’est de cela dont les entreprises doivent s’inspirer, pour apprendre à leur tour à évoluer continuellement. Pour ce faire, elles doivent avant tout mesurer l’ampleur des changements et comprendre les nouveaux paradigmes du web social. Ce premier chapitre est consacré aux grands principes qui président au travail du community manager. Ces principes dictent des comportements et des pratiques qui rendent l’animation plus efficace et plus adaptée aux codes des communautés en ligne. 1. Terme initialement proposé par Marc Prensky, qui identifie les zones de changement dans la manière de travailler des natifs numériques. Voir son livre Don’t bother me mom, I’m learning ! How computer and video games are preparing your kids for twenty-first century success – And how you can help !, Paragon house publishers, 2006. 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 1. Être à l’écoute 44440 Se poser les bonnes questions Avant même d’investir un média social, il est plus sage d’observer ce qu’il s’y dit. Ceci implique de se poser plusieurs questions : ■■ Comment les communautés sont-elles structurées ? ■■ Comment interagissent-elles ? Par le biais de quels outils et médias sociaux ? ■■ Comment parlent-elles des marques qui vous intéressent ? Les réponses à ces questions déterminent directement les objectifs et les moyens mis en œuvre pour animer vos communautés. ■■ Quel est le ton de leurs échanges, quels rapports entretiennent-ils ensemble avec votre marque ? ■■ Y a-t-il des leaders d’influence ? Si oui, comment les identifier, et comment opèrent-ils ? ■■ D’où au juste parlent-ils ? Du média social où la conversation a lieu, ou d’un autre lieu déporté (un commentaire écrit sur un site et visible sur Facebook) ? Plus votre écoute sera approfondie, plus vous pourrez dans un second temps participer efficacement aux conversations. Votre stratégie alors s’imposera d’elle-même. BONNES PRATIQUES Auditer la communauté en ligne Le community manager doit d’emblée adresser des questions récurrentes qui ont trait à l’identité de la marque sur les médias sociaux, à la revitalisation d’une communauté morne, à la fidélisation des membres de la communauté et à leur conversion en ambassadeur. Pour bien adresser ces questions, il est nécessaire de procéder à un audit, afin d’en savoir plus sur la communauté elle-même : quels outils utilise-t-elle ? Pourquoi ? Comment ? Les réponses à ces questions permettent d’emblée d’identifier les opportunités et d’employer à bon escient les leviers d’action pertinents. 14 1 Chapitre Les dix commandements du community manager L’audit s’articule autour de questions clés : Quelles relations votre communauté entretient-elle avec votre marque ? ■■ Quels sont les lieux et les outils choisis par elle pour s’exprimer ? ■■ En quels termes s’exprime-t-elle (définir les champs lexicaux) ? ■■ ■■ ■■ ■■ Sur quel registre (prédominance des questions, des plaintes, de l’expression de besoins) ? Quelles sont les différentes sous-parties de cette communauté ? Comment se structurent-elles, autour de quels membres et/ou médias sociaux ? Quelles relations existe-t-il d’ores et déjà entre vos espaces propres (sites Internet/comptes de médias sociaux) et les espaces de discussion de la communauté ? Quel est l’indicateur global en termes de perception de la marque ? Comment, en fonction de cela, puis-je tirer parti de la situation actuelle ? ■■ Quels leviers puis-je actionner ? ■■ Qui dois-je cibler ? ■■ Quelle langue dois-je parler ? ■■ Quelles informations dois-je partager ? ■■ Quels événements dois-je organiser ? © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Comment puis-je déléguer certaines tâches à la communauté ? ■■ Quels pouvoirs donner ? À qui ? ■■ Quels outils de documentation puis-je offrir à la communauté ? ■■ Quels pouvoirs de modération ? Quelles fonctions de médiateur ? ■■ Qui peut devenir ambassadeur ? Comment ? En quoi cela consisterait-il ? Ces questions sont à la base d’une réflexion plus globale sur l’animation d’une communauté particulière. Leurs réponses servent de préambule à la constitution de la charte de community management, qui définit les termes du travail du community manager. 15 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 44440 Établir un diagnostic Ces conversations ne doivent toutefois pas faire seulement l’objet d’un diagnostic ou d’une analyse. Elles offrent une rare opportunité de déléguer certaines tâches, telles que l’invention de nouveaux produits ou la création d’une campagne de publicité. Les communautés aspirent à s’approprier pleinement ce qui les intéresse, à l’enrichir, l’améliorer et le promouvoir. Accepter cela et l’encourager implique encore une fois d’écouter avant de parler, de leur laisser la place qu’ils demandent dans la co-création des produits qu’ils aiment. « Il y a beaucoup de choses, avoue Michael Dell, que mes clients imaginent et auxquelles je n’ai jamais pensé. » Écouter, c’est donner aux communautés la chance de se faire entendre et de faire compter, in fine, leurs voix. Cas pratique Carrefour sur Facebook Écouter avant de parler, c’est établir un diagnostic avant de définir une stratégie. Prenons l’exemple de Carrefour en 2010 sur Facebook : en dépit de certains tests peu concluants, la marque n’avait guère compris la nécessité d’écouter. La situation début 2010 ■■ ■■ ■■ ■■ ■■ 16 Sur sa Page, en dépit du barrage à l’entrée : « Deviens fan pour faire un commentaire », beaucoup de commentaires négatifs restaient sans réponses. Les interventions de l’administrateur étaient très épisodiques, généralement autour de la date de publication d’une annonce (nouvelle publicité, nouveau manifeste). Ensuite plus rien. Au final, peu d’animation et une impression globale plutôt négative au vu des commentaires. La Page Facebook « Shopping by Carrefour » comptait un peu plus de 2 000 fans, et l’application en elle-même comptait moins de 5 000 utilisateurs actifs. La Page la plus importante en termes de fans (14 fois plus que la page officielle en France !) était localisée en Jordanie et visiblement gérée par un particulier et non par la marque. On y trouvait des commentaires en arabe évidemment, mais aussi en italien, en espagnol, en anglais et en français. Quelle zizanie ! 1 Chapitre Les dix commandements du community manager ■■ ■■ ■■ Au-delà de ces deux Pages, les membres de groupes et les fans étaient éparpillés autour d’intérêts divers. Un thème émergeait alors, celui du logo de la marque. Deux groupes (un français, un espagnol) s’exprimaient à son sujet, qui comptent chacun plus de 110 000 membres. Carrefour communiquait bien sur son logo, mais sur sa Page française qui comptait seulement 1 000 fans ! Un des groupes Facebook Carrefour : la zizanie Figure 1.1 Des progrès en 2015 ? © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ ■■ Désormais, les Pages dédiées au fameux logo n’apparaissent plus dans les premiers résultats de recherche. En revanche, les Pages thématiques françaises (Drive, Ooshop, Carrefour Voyages, Carrefour Spectacles) sont bien en évidence. La stratégie paraît plus cohérente, même si la présence internationale semble être encore imparfaitement maîtrisée. Les commentaires postés sur les Pages sont suivis par des réponses de Carrefour, qui semble plus soucieux d’être en prise avec ses communautés. Des progrès toutefois restent à faire, les clients insatisfaits étant toujours nombreux. Au final, il aura fallu plusieurs années à Carrefour pour prendre davantage en compte les communautés qui s’expriment sur sa marque et les canaliser selon deux axes : national et thématique. Les moyens mis en œuvre restent néanmoins limités, et il y a fort à parier que Carrefour mettra en place, à l’avenir, des actions plus volontaristes visant à accroître et tirer parti de ces communautés si disposées, visiblement, à interagir avec elle. 17 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Leçons à tirer ■■ ■■ ■■ ■■ Structurer les communautés sur Facebook autour des groupes (discussions générales) et des Pages (communication). Faire en sorte que les deux espaces soient complémentaires pour les communautés et qu’il existe entre eux une circulation. Capitaliser et profiter d’un buzz*1 lorsqu’il se produit. Pour communiquer de façon plus cohérente, faire en sorte que la stratégie et les outils soient communs à toutes les filiales internationales. Au final, composer avec les communautés existantes, dialoguer avec elles, leur offrir les moyens de se faire entendre, leur présenter directement les nouvelles applications de la marque afin qu’elles les utilisent massivement, recueillir leurs avis sur ces applications pour les améliorer. BONNES PRATIQUES Les cinq principes du feedback Les commentaires, avis et idées exprimés par la communauté sont à l’origine de la discussion que vous devez initier avec elle. Prenez-les donc à chaque fois comme des opportunités pour élargir la communauté, entretenir des relations enrichissantes avec elle et créer durablement un climat de confiance. 1. Toujours répondre aux e-mails envoyés, dans la mesure du possible. À défaut, si le volume est trop important, paramétrer un message automatique clair et concis pour remercier la personne pour son e-mail et lui indiquer à l’avance les cas où elle peut espérer une réponse. 2. Ne soyez pas avares en remerciements, pour encourager tous les avis et conseils émis par la communauté. Si les idées s’avèrent bonnes et que vous les suivez, n’hésitez pas à citer explicitement les personnes qui en sont à l’origine et à indiquer des liens vers elles. Elles sont trop rares parmi les communautés pour que vous ne les encouragiez pas à persister. De cette manière aussi, vous pouvez en accroître le nombre. Songez enfin à donner aux meilleurs contributeurs une grande visibilité et à entretenir avec eux des relations directes (e-mails, appels, événements). 1. Les mots ou expressions suivis d‘un astérisque sont définis dans le Glossaire en fin d’ouvrage. 18 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 3. Les commentaires de la communauté participent de l’amélioration continue de votre marque. Il est donc nécessaire de communiquer sur les derniers changements, tout en encourageant la communauté à s’exprimer sur eux. 4. Cherchez et traitez les commentaires sur les médias sociaux et répondez-y avec attention : contrairement aux e-mails, les réponses s’adressent à un public plus large et resteront accessibles longtemps. 5. Traitez les messages négatifs et ad hominem que vous trouvez sur les médias sociaux très rapidement. Ils sont là pour rester, aussi soyez réactif. Faites preuve de compréhension en identifiant explicitement l’état d’esprit dans lequel se trouve la personne qui a rédigé le commentaire et laissez-lui la porte ouverte pour s’exprimer de manière plus constructive. Vous pouvez également faire un peu d’humour, afin d’apaiser la situation et d’en tirer parti pour faire bonne figure auprès du reste de la communauté. Votre capital social en sortira grandi. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 2. Parler normalement L’ère des médias de masse était celle du monologue des marques. Aujourd’hui, ce type de communication a fait long feu, face à l’émergence des médias sociaux où la conversation règne en maître. Impossible désormais d’asséner un discours sans escompter en retour un flot de réactions. Les méthodes de communication évoluant, le langage luimême change. Il n’est plus possible de parler à une communauté comme un chargé de communication le fait devant la presse. Le community manager doit en être conscient, faute de quoi ses efforts s’avéreront très vite contre-productifs. Son objectif premier est de ne pas perturber les échanges au sein des communautés qu’il vise et de faire en sorte que la marque dont il s’occupe acquière un visage humain. Tony Hsieh, maître incontesté du service client et Pdg de Zappos1, a ce mot très juste qui permet d’aller à l’essentiel : « Les gens, s’identifient à d’autres gens et 1. Zappos.com est le site de vente en ligne de chaussures le plus important en termes de chiffre d’affaires : plus d’un milliard de dollars en 2008. Il fait aussi figure d’exemple pour son utilisation des médias sociaux et son exceptionnel service client. 19 1 Chapitre Les dix commandements du community manager non pas à des entreprises ». Parler normalement aux membres de la communauté est le préalable nécessaire pour établir le contact avec eux, car servir l’entreprise pour laquelle vous travaillez, c’est avant tout servir ses clients et les traiter non pas comme une masse informe mais tout simplement comme des individus. Dans l’ouvrage qu’il consacre aux « tribues », Seth Godin rappelle à toutes fins utiles que « transformer un groupe de gens en une tribue nécessite deux choses : un intérêt partagé et une manière de communiquer » 1. C’est en trouvant votre manière de communiquer que vous parviendrez non seulement à établir le contact mais également à fédérer. Parler normalement ne signifie toutefois pas que le discours doit être exempt de toute norme. La formulation reste décisive, de manière à transmettre les valeurs de la marque et à donner aux conversations un ton en accord avec elle. Donner le bon ton implique donc de maîtriser sa langue et d’ancrer son discours au moyen d’un corpus de mots-clés qui permettront de clarifier l’offre, d’insister sur ses avantages et dans le même temps de renseigner l’image de la marque. Cas pratique Threadless et le wording* Threadless est un site de vente de t-shirts participatif. Il est souvent cité en exemple pour la qualité de ses rapports avec sa communauté. L’interface du site est très inspirante pour qui cherche à savoir par quoi concrètement le fait de « parler normalement » se traduit. Deux principes régissent la terminologie (ou wording) des formules utilisées par le site : elles sont généralement exprimées en langage parlé et le plus souvent humoristiques pour mieux parler à la jeune communauté du site. Penchons-nous sur les mots utilisés sur la page d’accueil. À propos Si je ne connais pas le site et cherche à en savoir plus, je vais chercher un onglet habituellement appelé « à propos » ou en anglais « about ». D’autres variantes existent : « qui sommes-nous » ou encore « première visite ». Threadless opte quant à lui pour une formule brève, percutante et décalée : « Huh ? Threadless ? ». Promotions Ces modules sont généralement censés être visibles et apporter du trafic en priorité à certaines pages. Ils utilisent souvent des couleurs vives et des 1. Tribes, We Need You To Lead Us, Seth Godin, p. 24. 20 1 Chapitre Les dix commandements du community manager points d’exclamation. Threadless opte également pour des majuscules, des adjectifs et des points d’exclamation, mais une fois de plus utilise des termes comme « awesome1 » et des expressions orales telles que « check’em all out !2 » qui parlent à la communauté et l’invitent à l’action. Tous les modules de textes sont conçus de la sorte : ils parlent une langue directe et drôle, ont des formes variées et colorées qui suggèrent à l’échelle du site que chaque page parle, un peu à la manière d’une bande dessinée. Dans une seule et même page, d’ailleurs, d’autres formules – qui pourraient être jugées purement accessoires – encouragent au parcours sur le site. Sur la page http://typetees.threadless.com, le module « New for this week », est suivi de « Awesome original slogan for $9, $12 & $15 ! » puis de « And here’s everything else ! ». Ces mots s’inscrivent directement dans la page comme des bulles : ils ne sont plus des titres de catégories rangés sagement en haut de colonnes mais font corps avec la page par la magie conjuguée du wording, de l’ergonomie et du webdesign. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. La barre latérale Threadless, les appels à l’action Figure 1.2 Visiter : http://www.threadless.com/ 1. « Super ». 2. « Regardez-les tous ». 21 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 3. Être généreux 44440 Apprendre à donner Le mot d’ordre peut paraître moralisateur et quelque peu naïf, et pourtant, sur les médias sociaux bien plus que sur n’importe quel autre média, être malhonnête ne paye pas à long terme, les mauvais comportements et les mensonges sont très vite dénoncés, et les imposteurs démasqués. Ce mot d’ordre procède également d’une réalité simple, rarement comprise : pour les utilisateurs, les médias sociaux n’obéissent pas aux lois de l’économie réelle, mais à celles de l’économie du don. Ces lois tiennent en une phrase : le don appelle le contre-don. Les échanges ne sont pas marchands mais basés sur l’offre réciproque d’informations, de conseils ou de contenus. Être généreux, c’est comprendre les principes de cette économie du don et distribuer non seulement l’information mais également l’influence, en mettant tel ou tel membre en avant et en lui donnant l’occasion de s’exprimer. Encourager les membres actifs et récompenser les meilleurs, c’est en faire des ambassadeurs, leur accorder une attention qu’ils rendront d’une autre manière, en agissant comme des relais d’influence de votre marque. Écrire un message, offrir un petit cadeau, recommander un membre enthousiaste à un journaliste, l’inviter à un événement, l’interviewer sont autant de marques d’intérêt qui contribueront à créer au sein de la communauté un noyau dur de membres fidèles et influents. Le capital social prend ses racines et s’épanouit dans l’économie du don. Introduisez toutefois de l’argent et le système s’écroule. Comme le rappelle Tara Hunt dans The Whuffie Factor 1, « les transactions financières ne signifient absolument rien dans le monde des communautés en ligne. Elles fonctionnent à l’opposé. Les transactions financières font partie de l’économie de marché, tandis que le whuffie*2 relève de l’économie du don, dans laquelle les services sont rendus sans qu’il soit besoin de payer ». 1. The Whuffie Factor, Using the power of social networks to build your business, Tara Hunt, Crown Business, 2009. 2. Tara Hunt appelle « whuffie » le capital social d’un individu. Un capitaliste social est quelqu’un qui construit et nourrit une communauté, et par là accroît son whuffie. 22 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 44440 Encourager les membres et leur accorder du pouvoir La générosité passe également par la distribution du pouvoir. Certaines marques ayant des vues hégémoniques sur les médias sociaux et n’y entendant à peu près rien ont vite fait de vouloir « créer » des communautés, pour les contrôler ou pire les posséder. Ce désir résulte d’une incompréhension de la manière dont les communautés se forment. Comme le rappelle Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook : « On ne crée pas une communauté. Les communautés existent déjà et elles font ce qu’elles veulent ». L’objectif est donc pour le community manager d’offrir aux communautés des lieux, des instruments, des événements autour desquels elles peuvent s’organiser. En ce sens, animer une communauté revient à proposer aux communautés des vecteurs d’organisation mais aussi d’expansion. Cela signifie non pas contrôler mais au contraire distribuer de façon granulaire des instruments de pouvoir, pour que les communautés puissent gérer leur propre activité. Ces instruments vont en premier lieu aux membres qui se sont le mieux approprié votre marque. In fine, vous être au service de vos communautés, et réciproquement. C’est une nouvelle manière de communiquer sur une marque, décentralisée et toujours pertinente. Comme le souligne Jeff Jarvis : « Plus des clients s’approprient une marque, moins il est nécessaire de dépenser en publicité en les irritant ». © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. BONNES PRATIQUES Les différentes formes d’encouragements Une formule résume à elle seule le travail auquel doivent se livrer les community managers. Pour encourager une communauté à s’investir positivement et la remercier pour sa participation, le manager doit procéder à une rétribution et donner en retour à la communauté (give back to the community). Pour ce faire, il bénéficie d’une large palette d’outils : ■■ Recommander un membre actif de la communauté à un journaliste qui souhaite écrire un article. Alors que j’avais suivi un festival de films à Paris en tant que blogueur, le Forum des images avait recommandé à une journaliste de Libération de me rencontrer afin d’en savoir plus sur les films programmés lors de ce festival. C’était une manière simple de communiquer sur l’événement tout en donnant déjà au public cible voix au chapitre. 23 1 Chapitre Les dix commandements du community manager ■■ ■■ Offrir aux membres les plus actifs des produits de merchandising, si possible rares. C’est ce que Drivy fait très bien en distillant peu à peu ses porte-clés aux utilisateurs qui suivent la marque sur Facebook, qu’ils soient clients ou non. Donner aux membres les plus actifs et fiables des outils de contrôle pour exercer par exemple un rôle de modérateur. Dès lors qu’il est acquis que certains membres ont compris les codes d’un site et s’en sentent les membres privilégiés, il leur tiendra à cœur de participer à sa gestion d’une manière ou d’une autre. C’est ce qu’a très vite fait le site Hotornot.com, en mettant en place un système de modération particulièrement élaboré, sur lequel nous reviendrons plus loin. 4. Être transparent 44440 Privilégier la franchise La transparence est un prérequis pour communiquer sur les médias sociaux. Le moindre écart ne pardonne pas. Et pourtant, chaque entreprise en commet à un moment ou un autre. Dans ce cas, les corrections apportées ne diminuent pas la crédibilité, bien au contraire elles la renforcent. Elles attestent d’un souci de transparence – tardif mais réel – et du fait que des leçons ont été tirées. Ces corrections dénotent une volonté d’ouverture et une démarche sincère propre à susciter l’empathie. Même en l’absence de crise grave, il est toujours utile d’indiquer à la communauté qu’on l’a entendue et de lister simplement les points à améliorer, les idées à retenir, les critiques à accepter. Cela permet d’entretenir une relation directe, durable et fructueuse avec une communauté ainsi encouragée à s’exprimer positivement, en devenant force de proposition. Dans d’autres cas, disons intermédiaires, il est possible qu’une crise soit induite par un manque de communication et par une mauvaise interprétation du comportement de l’entreprise. Il est dans ce cas souhaitable d’être transparent à la fois sur les actions et la démarche qui a mené à ces actions, pour couper court aux interprétations aussi vite que possible. 24 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Amazon.com Cas pratique En 2002, Jason Kilar dirige le département DVD d’Amazon.com. Il réalise alors des tests pour déterminer l’impact d’une baisse des prix de certains produits sur les bénéfices. Pour ce faire, il propose le même produit, moins cher, à 50 % des visiteurs. Les cinquante autres pour cent repèrent rapidement le traitement de faveur dont bénéficient certains visiteurs et s’en plaignent en ligne. Les télévisions s’emparent rapidement de la nouvelle, questionnant la direction d’Amazon.com. Apprenant la nouvelle, Jason Kilar en avise Jeff Bezos qui le convoque sur le champ. Au lieu de le sermonner, Bezos identifie le problème et comprend qu’il doit simplement couper court aux rumeurs et expliquer simplement ce qu’il s’est passé. C’est ce qu’il fait le lendemain, au CBS early show. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Le plus important, au final, n’est pas de susciter une mauvaise interprétation mais plutôt de donner l’impression que l’on cache quelque chose au public et surtout aux clients.1 Les occasions au cours desquelles vous gagnerez à être transparent sont les suivantes : ■■ Chaque décision importante prise doit être annoncée, justifiée et débattue. Il est également possible de tester une décision en amont auprès d’une communauté ciblée. ■■ Tirer les leçons de ses erreurs et susciter l’empathie pour en sortir renforcé. ■■ Présenter les nouveautés en insistant sur les fonctionnalités résultant de conversations avec la communauté. ■■ Revenir en détail sur certains commentaires positifs ou négatifs, pour expliquer ce qui est retenu et ce qui ne l’est pas. Facebook et Beacon Cas pratique En novembre 2007, Facebook lance Beacon 2 , un système de publicité qui envoie à Facebook des informations privées concernant les utilisateurs, depuis des sites externes partenaires. Le système, lancé sans grand effort de communication, rencontre rapidement une vive opposition de la part des associations de protection des données privées, 1. Wired 18-01, janv. 2010, « My greatest mistakes » p. 84. 2. http://en.wikipedia.org/wiki/Facebook_Beacon 25 1 Chapitre Les dix commandements du community manager notamment MoveOn1. Des pétitions sont signées et des plaintes déposées, si bien que Facebook se voit contraint de faire machine arrière. Un mois plus tard, dans un article célèbre 2 , Mark Zuckerberg revient sur le programme et fait son mea culpa. Il reconnaît avoir insuffisamment communiqué sur le contenu du système, son principe et sa finalité. Il revient sur les critiques formulées, reconnaît leur utilité et surtout leur justesse, pointant les aspects gênants du système et reconnaissant la nécessité de le modifier. Pour mieux répondre aux critiques, il annonce enfin que Facebook donnera à ses utilisateurs le choix de partager ou non ces informations. Au final, le système ferma fin 2009. Facebook consacrera aux procès un site3, tandis qu’un mouvement s’épanouira, destiné à surveiller plus étroitement les activités de Facebook liées à l’utilisation des données personnelles notamment 4. Quelles leçons tirer d’une telle expérience ? Facebook est désormais attentif à faire de sa politique en matière de gestion des informations privées, l’objet d’une conversation constante avec ses membres. Après tout, c’est d’eux qu’il s’agit au premier chef. Facebook communique donc très régulièrement par le biais de son blog. Mark Zuckerberg lui-même s’exprime pour indiquer la position de Facebook et rendre compte des réflexions et du programme de la plate-forme à travers des lettres ouvertes5, dont il fait la promotion jusque sur sa Page. Facebook est plus transparent à la fois sur ses intentions et sur ses projets. Cela permet à la plate-forme de dépenser moins d’énergie et de moyens pour des projets qu’elle ne pourra pas mettre en œuvre et susceptibles de lui coûter – comme ce fut le cas pour Beacon – des millions de dollars au terme des procès intentés. Être transparent, pour Facebook, c’est concevoir pour ses utilisateurs un système qui leur permet de maîtriser leurs données et offrir une somme d’informations détaillées sur le sujet (https://www.facebook.com/ policy.php). Si Facebook offre des fonctionnalités riches, ce sont bien les membres eux-mêmes qui font vivre la plate-forme ; cela, Facebook n’est pas prêt de l’oublier. Pour approfondir : http://en.wikipedia.org/wiki/Facebook_Beacon 1. http://en.wikipedia.org/wiki/MoveOn.org 2. http://blog.facebook.com/blog.php?post=7584397130 3. http://www.beaconclasssettlement.com/Index.html 4. http://en.wikipedia.org/wiki/Criticism_of_Facebook 5. http://blog.facebook.com/blog.php?post=190423927130 26 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 44440 Poser des limites à la transparence © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. L’une des premières questions que vous devez vous poser lorsque vous parlez au nom d’une organisation est la suivante : qui, en vous, doit parler ? Vous représentez une organisation, mais vous devez adopter un ton normal et – pour établir avec la communauté un lien durable – ne pas dissimuler vos faiblesses et être sympathique, bref ne pas vous comporter totalement comme un robot. Dans le même temps, sur les médias sociaux, vous êtes avant tout vous-même. Dans ce cas, devez-vous utiliser votre profil Facebook et votre compte Twitter pour le compte de l’entreprise ? Si vous décidez de faire la part des choses et de jouer le jeu à la marge, par exemple en faisant un peu la promotion d’événements de votre entreprise sur votre compte Twitter particulier, que faites-vous si un client follow votre compte privé ? S’il vous friend request sur Facebook ? Ces questions sont particulièrement importantes : elles conditionnent la manière dont vous interagirez avec votre communauté, mais également avec vos amis. Vous ne pourrez du reste y répondre qu’une fois, après ce sera trop tard. Il n’y a pas en la matière de bonnes pratiques. Bon nombre de community managers sont relativement extravertis et mêlent allègrement leurs vies personnelle et professionnelle. Tara Hunt par exemple avoue que plus elle a été transparente sur sa vie personnelle et professionnelle, plus cela lui a été bénéfique. C’est vraiment clé pour la communauté. « On ne peut pas veiller les uns sur les autres si on ne sait pas ce que les autres font » 1. Cette culture de l’ouverture a néanmoins ses limites. Autant un community manager freelance pourra l’adopter, autant elle peut être mal acceptée dans une entreprise importante. L’ouverture à outrance est également moins facilement acceptée ou moins bien perçue dans un pays tel que la France. Ceci dit, on remarque que les personnes qui mêlent le plus leurs vies personnelle et professionnelle sont aussi celles qui sont populaires et suscitent le plus de commentaires. Être transparent sur tout crée de fait du capital social, mais cela introduit également potentiellement un biais sur le terrain professionnel. 1. Lire l’excellent article de Bernice Yeung, aussi instructif qu’intéressant http://www.sanfranmag.com/story/so-open-it-hurts. 27 1 Chapitre Les dix commandements du community manager En fonction de votre caractère, de votre domaine d’activité et de la culture des organisations dans lesquelles vous souhaitez travailler, vous opterez pour des solutions plus ou moins intermédiaires : ■■ L’ajout de contacts professionnels à votre profil Facebook, mais dans la catégorie « limited profile ». ■■ L’utilisation de Twitter à titre uniquement professionnel, avec la possibilité d’avoir un compte Twitter plus anonyme, réservé à un usage personnel. ■■ L’usage de Persona, c’est-à-dire de personnages fictifs incarnant le représentant d’une marque auprès d’une communauté. Ce Persona porte généralement un prénom et se voit représenté par un avatar dessiné. Les community managers travaillant dans des grands groupes dépourvus d’identité optent souvent pour ce choix. C’est le cas de la Poste ou encore de Bouygues Telecom. Les médias sociaux offrent des outils de plus en plus granulaires qui permettent de privatiser une partie des informations que vous souhaitez réserver à vos proches et amis. Vous pouvez en tirer parti. Le plus souvent, les community managers les plus influents s’expriment en leur nom propre sur des sujets variés touchant aux marques pour lesquelles ils travaillent et aux termes mêmes de leur travail. Le profil Twitter du lead community manager présenté ci-dessous est à cet égard représentatif. En faisant ainsi, ils deviennent de véritables marques, autour desquelles se structurent des communautés qui évoluent avec eux. La question qui se pose alors pour les entreprises est de savoir si ce sont les employés qui comptent le plus ou la marque ombrelle qu’ils constituent.1 1. http://econsultancy.com/blog/4644-q-a-jeremiah-owyang-on-personal-brandingand-his-move-to-altimeter 28 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Le directeur du pôle social media de Ford Figure 1.3 Pour approfondir : http://www.facebook.com/policy.php 5. Être cohérent © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Ne rien publier à la légère Tout ce qui est publié et dit sur le web reste accessible et plus ou moins visible, pour une période souvent très longue. Ceci fait du web une immense bibliothèque, plus riche et actualisée encore que les bibliothèques traditionnelles, puisqu’elle enregistre également les conversations. Ceci permet aux internautes, dès qu’ils le souhaitent, d’avoir une vision d’ensemble sur ce qui se dit, de quelqu’un ou de quelque chose. Cela leur permet de se faire rapidement un avis et les aide dans leurs décisions de tous les jours. Cet avis se base sur des articles, des forums, des notes, des conseils : autrement dit, une somme hétéroclite d’indices plus ou moins homogènes qui globalement reflètent un consensus. C’est ce dernier qui, ensuite, fait autorité. Le community manager doit avoir cela en tête, lorsqu’il entreprend de publier des articles et de participer aux conversations. Par son activité, il participe à la formation d’un consensus autour du sujet qu’il 29 1 Chapitre Les dix commandements du community manager aborde. Le ton et les mots qu’il emploie sur les plates-formes sociales devront être soigneusement choisis pour contribuer à la formation d’un consensus positif, fidèle au territoire de la marque. 44440 Créer une social media policy et des social media guidelines La cohérence de l’action d’une entreprise sur les médias sociaux se vérifie à deux échelles : ■■ Celle de l’ensemble de l’organisation, pour faire en sorte que, quand il s’exprime, chaque membre de l’organisation le fasse de la même manière ; la social media policy favorise cela. ■■ Celle de l’équipe en charge du social qui, bien évidemment, doit à plus forte raison parler d’une seule et même voix, et qui peut le faire grâce aux social media guidelines. La social media policy est un document qui permet d’assurer la cohérence des prises de parole sur le social pour quiconque dans l’organisation et rappelle des règles simples de choses à faire ou ne pas faire. Ce document est généralement très concis et s’accompagne parfois de contenus à vocation pédagogique, expliquant les finalités et les modalités des actions sur les médias sociaux. Cas pratique Social media policy : Intel vs Orange Comparons deux social media policies : celles d’Intel et d’Orange qui sont extrêmement différentes tant par leur contenu que par leur ambition. Les policies d’Intel tiennent en une page, dense et synthétique, qui insiste sur quelques points spécifiques : être en tout point transparent (les valeurs), ne pas divulguer de secret ni raconter n’importe quoi sur d’autres produits concurrents (contenus des messages), enfin être toujours diplomate sur la forme et s’efforcer d’apporter une valeur ajoutée aux débats (forme des messages). À cela s’ajoutent des consignes spécifiques liées à la modération des contenus. Ces indications, à la fois claires et précises, permettent aux employés d’Intel, et plus particulièrement aux community managers, de savoir comment s’exprimer sur les médias sociaux dans tous les cas de figure. L’approche d’Orange est bien différente. Un centre de ressources dédié dévoile une ambition importante : celle d’éduquer, d’encadrer, de conseiller, de former et d’encourager tous ceux qui souhaitent agir au nom 30 1 Chapitre Les dix commandements du community manager d’Orange sur les médias sociaux. Les employés bénéficient d’un manuel relativement complet revenant sur les tenants et aboutissants des médias sociaux, ont accès à des tutoriels vidéo et à un répertoire des bonnes pratiques, et peuvent consulter les guidelines liées à l’identité visuelle de la marque. Enfin, cherchant à encourager le partage de compétences entre employés, Orange encourage les « Social Media Champion » à se manifester et à faire part de leurs connaissances le plus largement possible autour d’eux. Pour approfondir : http://www.intel.com/content/www/us/en/legal/intel-social-mediaguidelines.html http://www.orange.com/smg/ à noter qu’Orange fut le premier à inscrire ses guidelines sous licence creative commons, ce qui signifie que chacun peut en disposer librement, à certaines conditions. Les social media guidelines consistent le plus souvent en un document plus long et plus approfondi, qui s’adresse aux personnes en charge de la gestion opérationnelle des médias sociaux. Elles sont à la fois un guide reprenant l’ensemble des règles et consignes d’actions, et une feuille de route appelée à être mise à jour régulièrement, qu’il s’agisse de faire évoluer la ligne éditoriale ou les formats de reporting, voire même les objectifs et les indicateurs de performance. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. BONNES PRATIQUES Introduction à la méthodologie des 5Ps À force de travailler au contact des grands comptes et de constater que leurs actions manquent cruellement de cohérence et d’efficacité sur les médias sociaux, j’ai peu à peu développé une méthodologie simple permettant à n’importe quel community manager de concevoir des guidelines. Ce document s’articule en cinq points : « Purpose » (quelle est la finalité de vos actions sur le web social ?), Presence (où êtes-vous (censé être) présent et comment ?), « Process » (qui fait quoi dans votre équipe, ou comment les différents départements s’organisent-ils dans leur gestion des actions sociales ?), « Program » (de quoi parlez-vous, comment parlez-vous et répondez-vous, quelle expérience proposezvous à votre communauté ?) et « Performance » (quels sont vos indicateurs de performance et vos formats de reporting ?). Ces cinq points forment les 5Ps et vous permettront de formaliser ce qui sera ni plus ni moins que la feuille de route, partagée et mise à jour par l’équipe entière, au gré des évolutions de l’organisation et de ses communautés. 31 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Exemple du sommaire de la partie « Program » des guidelines 5Ps Figure 1.4 PROGRAM 6. Être exemplaire 44440 Illustrer le discours Animer une communauté implique de lui tenir un discours en fonction des valeurs clés de l’entreprise. Mais le discours ne saurait suffire à convaincre une communauté qui avant tout aspire à avoir des relations directes et authentiques, même avec des marques. Ce discours, il faut donc l’illustrer, mieux l’incarner. Autrement dit, faire en sorte que chaque valeur soit clairement établie et lisible noir sur blanc quelque part (1), qu’elle soit portée par les personnes qui interagissent avec la communauté (2) et qu’elle trouve un écho dans des pratiques ou des histoires qui l’illustrent (3). L’exemplarité fonde le rapport de confiance existant entre une communauté et une marque, elle est le préalable nécessaire d’un dialogue fructueux pour l’une comme pour l’autre. 32 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Zappos Cas pratique Si Zappos est une société exemplaire, y compris pour Jeff Bezos, c’est avant tout pour ses valeurs et sa capacité à les mettre en œuvre chaque jour. Les valeurs de Zappos Figure 1.5 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Ces valeurs sont explicitées sur le site, détaillées, revendiquées dans des vidéos par les membres de la société et le fondateur lui-même. Elles sont illustrées par des cas pratiques sur le blog, un usage original de Twitter et une mise en avant des photos des clients qui se sont pleinement appropriés la marque. Elles sont au final à la base de l’image de la marque, de sa culture et surtout du rapport que le site entretient avec ses consommateurs. Pour approfondir : http://about.zappos.com/our-unique-culture/zappos-core-values http://www.youtube.com/watch?v=-hxX_Q5CnaA&feature=player_ embedded 44440 Mettre en avant des membres qui donnent l’exemple Concrètement, le community manager doit publier un ensemble de valeurs auxquelles se résume la marque, relayer ces valeurs sur les médias sociaux (par le biais de mots-clés et de bonnes pratiques) et mettre en avant tout ce qui dans la communauté reflète ces valeurs. Cela implique de mettre en avant les histoires des membres de la 33 1 Chapitre Les dix commandements du community manager communauté les plus conquis par un produit ou même un service après-vente, ou encore de donner une visibilité à ceux qui auront produit quelque chose d’intéressant avec vos services (par exemple une application web). La communauté ne se structure et s’élargit qu’à partir du moment où ses membres également donnent des exemples. C’est alors qu’elle gagne aussi en homogénéité et en cohérence. Plus cela se produit tôt, plus cela bénéficie à la perception qu’a la communauté d’un produit ou d’un service. C’est la raison pour laquelle les sites Internet participatifs donnent autant en exemple les membres de leurs communautés qui publient les meilleurs contenus (textes, images, vidéos). Ces membres et leurs contributions (souvent très qualitatives) font figure de référence pour le reste de la communauté. Par là même, les membres qui ne se retrouvent pas dans ces contributions peuvent passer leur chemin et rejoindre d’autres communautés dans lesquelles ils se retrouveront davantage. Cas pratique Flickr : donner l’exemple est simple comme bonjour Outre les photos mises en avant en page d’accueil, qui donnent toujours la tonalité du lieu et une idée de la qualité des photos, George Oates, une des cofondatrices du site de partage de photos, rappelle la manière dont elle accueillait les premiers membres du site : « Quand Flickr fut créé, Caterina Fake et moi passions des heures à saluer les nouveaux membres personnellement. Nous ouvrions des fenêtres de chat pour dire aux visiteurs “Salut ! Je travaille ici, j’aimerais t’aider à découvrir le site, n’hésite pas à me poser des questions.” Nous avions aussi un forum public sur lequel l’équipe était très présente. Ces décisions se sont avérées cruciales, nous permettant à la fois de transmettre nos valeurs et de créer une relation très personnelle avec les membres. »1 Tester : http://www.flickr.com/ 1. http://www.alistapart.com/articles/fromlittlethings/ 34 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 7. Être réactif © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Gérer des messages qui circulent de plus en plus vite Comme le rappelle Jeff Jarvis à toutes fins utiles : « un manque de rapidité est un handicap stratégique » 1. C’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui apparaissent des outils tels que Twitter et que l’usage des applications sociales se généralise sur les smartphones (iPhone et Android en tête). Les communications en temps réel sur le web et le mobile contribuent à accélérer la propagation des informations de façon spectaculaire. Pour faire face, le community manager doit bien maîtriser ces outils de communication et être aux aguets pour agir le moment venu. Quand concrètement ? Lorsque des internautes appellent à l’aide, qu’ils font des commentaires très négatifs ou très positifs, ou encore que des médias sollicitent des informations. Ces situations sont des cas généraux, chacune est plus ou moins prioritaire en fonction de l’émetteur du message et de la nature de ce dernier. Il est donc toujours nécessaire de faire la part des choses et d’identifier en fonction des quelques critères (émetteur, message, portée du message) si la situation requiert une action rapide. [Émetteur × Nature du message]Support du message = Portée du message Par exemple, si un influenceur* se plaint haut et fort d’un produit dans des termes particulièrement explicites, alors le message recouvre un fort potentiel viral. Il faut agir pour couper court à la propagation potentielle du message sur le même support. Inversement, si l’influenceur fait des éloges publics, il est bon d’en tirer parti en engageant directement la conversation avec lui et d’en faire peut-être un ambassadeur. 1. What Would Google Do ?, Jeff Jarvis, Collins, 2009. 35 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Cas pratique Oprah Winfrey et Hermès1 Affluence ou pas, Hermès ferme chaque soir ses portes et refuse des clients quinze minutes avant la fermeture. Le 15 juin 2005, Hermès refuse de faire entrer Oprah Winfrey et devient de facto la cible de la présentatrice qui y voit un acte raciste. Elle menace le groupe et fait connaître l’incident aux médias. Les jours suivants, les plus grands journaux relatent l’incident, tandis que le débat se poursuit sur les blogs. Hermès, pris de panique, réagit en envoyant un communiqué de presse et s’excuse pour la gêne causée par ce malentendu. Sans plus. La marque ne prend pas part au débat en ligne, au risque de subir les conséquences ultérieures de propos négatifs à son sujet. En 2015, soit dix ans plus tard, Google propose plus de 100 000 résultats pour la requête « Oprah Winfrey + Hermès », parmi lesquels des articles mentionnant l’incident directement ou y faisant allusion pour traiter de sujets comme le racisme, en lien avec Oprah Winfrey. Un tel incident peut donc avoir des conséquences à long terme pour une marque, des années durant. Le tout n’est pas seulement d’être réactif mais de comprendre comment la crise s’est produite, où elle éclate et comment elle se répand. Si la réaction ne porte que sur la cause de la crise et oublie de traiter ses relais, elle prend le risque d’être inefficace et de manquer, in fine, sa cible. Source Washington Post, 24 juin 2005 44440 Traiter rapidement les demandes d’aide Les demandes d’aide s’expriment de différentes façons. Certaines sont réelles, d’autres se cachent dans de mauvais commentaires qui peuvent se transformer en bons s’ils sont traités en temps et en heure. Quel que soit en réalité le motif du commentaire, de toute manière, les utilisateurs attendent des réponses de plus en plus rapides. Selon une étude Parature 2, 38 % des utilisateurs espèrent obtenir une réponse à leur message en moins d’une heure sur les médias sociaux. Ce nombre ira croissant, à mesure que les applications de chat deviendront un canal incontournable de la relation client. Désormais, il devient urgent de s’organiser, d’apprendre à filtrer les messages, à les hiérarchiser et à y répondre vite et bien. 1. http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/06/23/ AR2005062302086.html et http://www.cnn.com/2005/SHOWBIZ/TV/06/22/oprah.apology/. 2. Parature, State of Customer Service Report, 2014. 36 1 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Chapitre Les dix commandements du community manager Les problèmes ont vocation à être réglés dès le premier message, si c’est possible. Mais évidemment, s’il s’agit d’un sujet que seul le service client peut résoudre et pour lequel des informations privées sont nécessaires, il sera important de passer rapidement par les messages privés puis, au besoin, par téléphone. Il est bon de ne jamais perdre de vue qu’une bonne expérience client est un savant mélange entre des échanges à la fois rapides et humains. Le web social donne justement l’opportunité d’allier les deux, reste à chaque organisation – grâce au CRM* (customer relationships management) et aux process Internet – d’offrir une expérience crosscanal* efficace. Il est parfois utile, aussi, de répondre aux messages positifs. Certaines sociétés vont même jusqu’à prioriser la réponse aux messages positifs par rapport aux messages négatifs. Nous pouvons donner deux raisons à cela : ils sont bien moins nombreux, donc plus faciles à gérer, et ils créent un effet de surprise potentiellement très bénéfique à l’organisation, qui fait des clients concernés des alliés à long terme. Ne perdez donc pas de vue que, parmi les 24 % de personnes qui n’attendent pas de réponses à leurs messages, pourraient bien se cacher des clients dont le rapport avec vous se trouverait changé si vous leur répondiez !1 D’autres demandes sont exceptionnelles. Parfois il s’agit d’un client mécontent qui bute sur un problème inédit et pointe une faille réelle. Parfois il s’agit d’une personne (un influenceur) qui demande une faveur, ou se plaint haut et fort pour au moins obtenir réparation. L’urgence dans ce cas est souvent déterminée par la nature de l’émetteur, en vertu de l’équation simple posée ci-dessus. Un influenceur comme Oprah Winfrey (voir cas pratique) ne peut attendre, quelle que soit sa requête. Dans d’autres cas, c’est le message lui-même qui compte, plus que son émetteur, notamment s’il pointe un problème réel important, susceptible d’être relayé ou exploité par d’autres membres de la communauté. Il peut s’agir d’une fuite, d’une révélation ou dans tous les cas d’une information inédite. Dans ce cas, il n’est pas trop tard pour répondre, préciser ou limiter la portée de l’information, reconnaître, pourquoi pas, et faire son mea culpa. La réactivité peut aller de pair avec la transparence, c’est la meilleure des parades pour tirer parti d’une crise et gagner en crédibilité. 1. Parature, State of Customer Service Report, 2014. 37 1 Chapitre Les dix commandements du community manager 44440 Répondre aux sollicitations de la presse Les médias se manifestent souvent dans l’urgence et sollicitent des informations que le community manager peut apporter de plusieurs manières. Il est idéalement situé pour répondre aux médias rapidement, en leur rappelant les principales caractéristiques de l’offre (principes), en leur livrant des études de cas (exemples) et en les orientant vers les ambassadeurs de la marque au sein de la communauté (témoins). 8. Être bien entouré 44440 Répartir les tâches « Prenez n’importe quel groupe actif : des militants politiques, des volontaires d’ONG ou des fans de marques. Dans tous les cas, ce sont les petits leaders sur le terrain et leurs équipes qui font la différence, pas le directeur qui dirige ostensiblement le groupe. » 1 Une communauté ne s’anime pas seul mais ensemble. C’est d’autant plus vrai que la communauté est large et qu’il devient impossible ou du moins particulièrement onéreux de suivre et de participer à tous les échanges. C’est la raison pour laquelle un community manager doit d’emblée rassembler autour de lui une équipe, un noyau dur au sein même de la communauté, qui sera susceptible de l’épauler dans toutes les tâches qui requièrent une intervention : question posée sur un forum, critique émise sur un blog, problème survenu sur le site, etc. Cette équipe est constituée de médiateurs qui, selon les cas, se sont imposés d’eux-mêmes dans la communauté, parfois avec l’aide d’animateurs qui les ont mis en avant. Ces médiateurs ont plusieurs rôles : ■■ Relayer et faire circuler l’information. ■■ Gérer les flots ponctuels de requêtes, grâce à leur disponibilité et leur nombre. ■■ Répondre aux critiques les plus virulents, tantôt individuellement, tantôt ensemble, ce qui peut s’avérer très efficace pour neutraliser les personnes les plus négatives. 1. Tribes, Seth Godin, p. 56. 38 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Identifier et faire remonter les questions ou problèmes les plus soulevés par la communauté. ■■ Wordpress : une équipe entièrement dévouée à la communauté Cas pratique Il est toujours frappant et agréable d’arriver sur un site et de trouver rapidement quelqu’un pour répondre aux questions que l’on se pose. Cela rassure, permet de ne pas perdre de temps et crée d’emblée autour du produit ou du service une relation de confiance. Les sites de Wordpress ont cela de particulier qu’ils sont animés par une communauté de passionnés qui font preuve d’une incroyable disponibilité pour ceux qui, forcément maladroits, tentent d’appréhender le célèbre CMS, de l’installer, de le personnaliser et l’enrichir. C’est d’abord grâce à sa communauté que Wordpress est aussi populaire : parce qu’au-delà de l’outil, existe un écosystème de compétences dévouées dont l’unique but est de contribuer à l’adoption la plus large possible de l’outil et à son amélioration. Présente sur la traduction des documentations et des applications, sur la modération et les conseils aux particuliers et professionnels, la communauté fonctionne comme une petite organisation autogérée, sans même que l’intervention d’Automattic, société mère de Wordpress, soit nécessaire – si ce n’est sous la forme d’encouragements ponctuels et de signes de bienveillance.1 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Pour approfondir : http://wordpress.org/ et http://fr.wordpress.com/ En fonction de votre domaine d’activité, ces médiateurs n’auront pas exactement la même fonctionnalité. Si par exemple, il s’agit d’un logiciel open source, alors les médiateurs s’avéreront très utiles sur les forums pour répondre aux multiples questions des utilisateurs, spécialisés ou non. S’il s’agit de promouvoir un concours ou un événement, il est préférable que les médiateurs soient en quelque sorte des agents d’ambiance. Sur des plates-formes participatives (sur lesquelles il est possible de poster des textes, des photos ou des vidéos), les médiateurs doivent plutôt mettre l’accent sur l’application des règles afin de garantir un contenu homogène et de qualité. Selon les cas, le community manager devra arbitrer et constituer une équipe de médiateurs équilibrée qui rassemble tous ces profils. Le cas échéant, si des utilisateurs posent problèmes de façon récurrente et que 1. Retrouvez le site de la communauté française de Wordpress : http://www.wordpress-fr.net/ 39 1 Chapitre Les dix commandements du community manager le dialogue échoue, il ne faut pas hésiter à les exclure. L’exclusion est bien plus importante encore que l’inclusion pour garantir la cohésion de la communauté. Cas pratique Hot or not, la modération crowdsourcée* Hot or not fut le premier site à permettre aux internautes de noter le physique d’hommes et de femmes. Le site a très vite connu un succès retentissant, recevant tous les jours des milliers de photos de personnes souhaitant être notées. Plutôt que de modérer les photos eux-mêmes, les créateurs de Hot or not mettent à disposition un système de modération crowdsourcé*, afin de permettre à la communauté elle-même de participer au fonctionnement du site. Ainsi, si je souhaite modérer les photos proposées au site, il me suffit de remplir un formulaire, de consulter des règles de modération et de passer un test. Le barrage à l’entrée est suffisamment sélectif pour garantir une réelle qualité de modération (votre serviteur l’a passé avec succès et peut l’attester ;-). De plus, chaque photo est passée en revue par plusieurs modérateurs, pour éviter les problèmes causés par un surplus ou un manque de zèle. Le système est parfaitement conçu et permet à la communauté d’autogérer une partie du site. Ce dernier peut de ce fait investir davantage dans la plate-forme elle-même. Figure 1.6 40 Devenir modérateur de Hot or not 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Créer les conditions d’une bonne collaboration avec la communauté 44440 Au-delà de la médiation et de la modération, il faut comprendre la logique du crowdsourcing. Vous ne pourrez déléguer des tâches aux membres les plus assidus de la communauté que si vous décomposez ces tâches pour qu’elles puissent être effectuées rapidement. Dans La Richesse des réseaux1, Yochai Benkler rappelle la nécessité de partager des projets sous une forme modulaire, soulignant que « si la créativité et le jugement sont universellement distribués dans la population, le temps et l’attention ne le sont pas » 2 . En décomposant ainsi chaque projet, vous permettez à chacun de participer et d’avoir la satisfaction de contribuer à la communauté. Vous prenez également le chemin d’une approche des projets plus collaborative et plus granulaire – en un mot, plus agile. La traduction des versions étrangères de Netvibes vue par Samy Zakari, son ex-community manager Cas pratique © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Contexte À mon arrivée chez Netvibes en octobre 2006, mon rôle était celui d’assistant éditorial et marketing pour participer à l’internationalisation du site. La principale tâche consistait à accompagner les utilisateurs s’étant spontanément proposés pour participer à la traduction de l’interface du site. À côté de cela, il fallait lancer de nouvelles pages d’accueil localisées par pays, dont le contenu était également sélectionné par la communauté. Objectifs Étant arrivé relativement tôt dans la vie de la start-up, les objectifs n’étaient pas clairement définis, si ce n’est celui d’arriver à concevoir des versions locales de qualité. Si, pour le nombre de langues traduites, nous nous en remettions finalement au bon vouloir des bénévoles, pour la localisation, en revanche, il fallait garder un rythme de sortie régulier pour de nouvelles pages locales qui nécessitaient une plus grande implication éditoriale de la part de l’équipe. 1. Presses universitaires de Lyon, 2009. 2. Crowdsourcing, Jeff Howe, p. 285. 41 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Stratégie J’ai simplement repris celle utilisée par le marketing manager, à savoir engager des discussions avec les utilisateurs ayant exprimé leur désir de traduire le site dans leur langue pour, d’une part, leur donner l’accès à l’outil de traduction et, d’autre part, apporter conseils et explications sur la façon de faire, les bonnes pratiques, les erreurs à éviter. Plus généralement, il s’agissait de tisser des liens de confiance avec les traducteurs qui consacrent beaucoup de temps et d’énergie à cette tâche. Mise en œuvre L’interface de traduction par crowdsourcing a été développée en interne sur la base de composants libres. Au départ, l’essentiel de la communication avec les traducteurs se faisait sur les commentaires du blog, par e-mail et par chat sur Skype. Comme ces canaux ne suffisaient plus, il a fallu par la suite mettre sur pied un forum privé leur permettant de travailler avec une certaine autonomie. Enfin, sont venus se greffer les désormais incontournables Twitter et Facebook. Résultats L’engouement a été rapide et assez inattendu : une traduction en hébreu a par exemple été achevée en 48 heures seulement, alors que l’interface n’était même pas encore prête pour afficher correctement les langues right-to-left. Le site a été traduit en plus de 40 langues 6 mois après le lancement du programme, aujourd’hui on en compte 70 et 140 versions locales (pages d’accueil différentes selon le pays/la région). Leçons ■■ ■■ ■■ 42 Si le nombre de personnes ayant accès à l’interface de traduction dépasse le millier, le nombre de contributeurs réguliers est inférieur à 100. Certains participent très épisodiquement, ou le font de façon intensive pendant un court laps de temps, mais c’est aussi ce qui fait la souplesse du crowdsourcing : chacun peut contribuer selon ses disponibilités et apporter son petit ingrédient à la grosse pizza ! Le milieu de la traduction web est autant squatté par des vieux routards cumulant plusieurs participations aux projets open-source (Wordpress, Mozilla, Ubuntu, Drupal) que par des débutants fans du produit mais ne disposant pas forcément d’un bagage technique conséquent. Même si pour chaque langue, un utilisateur se détache du mot et fait office de véritable « gardien » qui supervise la bonne tenue générale de la traduction, il est impossible de tout contrôler et l’outil n’est jamais à l’abri de détournement ou vandalisme. La meilleure protection reste la confiance réciproque et l’attention accordée à chaque membre. 1 Chapitre Les dix commandements du community manager ■■ ■■ ■■ © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ Il est difficile de créer une cohésion autour d’une communauté de traducteurs dont la tâche est par nature plutôt solitaire. Du coup, bien qu’elle soit encouragée, la collaboration entre utilisateurs reste en réalité assez limitée. Il est également ardu de jauger de la qualité de la traduction sur les langues les plus confidentielles, le feedback reçu étant logiquement plus important sur les langues les plus répandues. La grande variété des profils (étudiant, prof, geek, early-adopter issus de la blogosphère geek, techno, mode) complique d’autant plus la tâche. Lorsqu’elle a été pensée, l’interface n’était pas forcément conçue pour accueillir des langues RTL (arabe, hébreu, persan). Il a fallu jouer avec la frustration des traducteurs qui travaillaient régulièrement leur texte sans voir le résultat en ligne avant plusieurs mois. La clé est alors de les faire patienter avec une autre mise en avant de leur travail, par exemple une sélection des sites locaux pertinents et de blogs personnels, qu’il s’agisse d’un site de finance turc ou d’un podcast pop-rock et musique indé mis en avant dans la page locale bulgare. Ce genre de « faveurs » fait sentir aux traducteurs un véritable échange et un respect pour leur implication. Être au contact de personnes consacrant autant de temps à un produit qu’elles aiment nécessite une disponibilité de tous les instants, notamment en raison du décalage horaire. La diversité culturelle requiert aussi d’être apte à gérer des crises résultant d’une mauvaise compréhension ou de malentendu. Je me souviens par exemple d’un utilisateur suédois très impliqué dans l’ajout de contenu, qui m’envoya soudainement une longue missive sur Facebook expliquant qu’il s’était senti « insulté » par un jeu de mot utilisé par une de mes collègues sur une bannière graphique présente sur la page suédoise. Il a fallu déployer des trésors de diplomatie pour le convaincre qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une insulte. Un community manager ne doit pas hésiter à s’impliquer très personnellement sur ce genre de choses, il en va de sa propre crédibilité mais aussi de celle de son employeur. Le crowdsourcing est un vrai travail, d’où la question de la gratification qui se pose légitimement : comment remercier la communauté pour son travail ? Dans le cas présent, il y a eu le choix à un certain moment de « recruter » cinq membres parmi les plus actifs en leur proposant de faire un travail plus poussé et appliqué durant une période de six mois, au cours de laquelle ils étaient rémunérés. 43 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Les widgets conçus pour les traducteurs Figure 1.7 Pour approfondir : http://translate.netvibes.com/ À travers la modération et la production de contenus, il faut bien apercevoir la diversité des membres de la communauté. Aucun n’a vocation à s’impliquer de la même manière, avec la même intensité. Certains se contentent de lire, tandis que d’autres commentent, partagent des informations ou en produisent. Le community manager doit proposer à chacun des actions qui correspondent à ses envies et lui permettent néanmoins, s’il le souhaite, de s’engager sans cesse davantage. 9. Être agile L’animation de communautés est un métier en voie de normalisation mais ne sera jamais une science exacte et ce, pour une raison simple : les communautés ont leur vie propre, dont les règles fluctuent en fonction des outils, des usages et des tendances. Leur animation requiert par conséquent une grande souplesse et des méthodes de travail particulières : les méthodes agiles. 44 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Ces méthodes sont issues du monde des ingénieurs informatique. Elles reposent sur quatre principes fondateurs1 : ■■ Préférer l’interaction avec les personnes aux processus et aux outils. ■■ Préférer un produit opérationnel à une documentation pléthorique. ■■ Préférer la collaboration avec le client aux négociations de contrat. ■■ Préférer la réactivité face au changement au suivi de plans. On retrouve certains points, notamment la primauté de l’échange dans la conversation et la réactivité face aux signaux envoyés par la communauté. Au-delà, ces principes permettent au community manager de fonder une méthode de travail qui l’aide au quotidien. 44440 Quels documents produire au départ ? Les objectifs du community manager et les indicateurs qui permettront d’évaluer les résultats de son travail devront être conçus en amont (écouter avant de parler). De plus, les social media guidelines doivent au départ être succinctes pour être mieux modifiées et complétées par la suite. Une fois ces documents produits, le travail peut commencer. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Le travail itératif Comme le rappelle Thomas Edison 2, « si je trouve dix mille manières de ne pas parvenir à faire marcher quelque chose, je n’échoue pas pour autant. Je ne suis pas découragé, car chaque nouvelle mauvaise manière écartée est un pas supplémentaire en avant ». L’approche itérative du community manager doit également être graduelle. À partir des documents de base, les rapports hebdomadaires (voir chapitre 5, le reporting) permettent de mesurer les résultats, d’identifier les points faibles et les opportunités. Dès lors, la méthode consiste à mesurer, analyser, modifier et recommencer. En parallèle, le travail itératif doit porter sur l’enrichissement des documents utilisés en interne et en externe, notamment la FAQ, les règles de bonnes conduites et les autres documents visant à expliquer et/ ou promouvoir l’offre (tutorial vidéo, slideshow). L’évolution des attentes et des usages de la communauté est ainsi davantage prise en compte. 1. http://agilemanifesto.org 2. http://en.wikiquote.org/wiki/Thomas_Edison 45 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Ce travail nécessite une réelle discipline et des documents cadres suffisamment souples pour s’étoffer avec le temps. Sans cela, il est difficile de mesurer le progrès. L’agilité va ainsi de pair avec la maintenabilité 1 des documents : ils sont au cœur du travail et servent de feuille de route, non seulement au community manager qui les a produits, mais également à ceux qui le suivront. À eux seuls, ils cristallisent une grande part de la valeur ajoutée du community management. 44440 Être agile dans le temps : prioriser, systématiser, évoluer Au jour le jour, il est nécessaire de prioriser les micro-tâches afin de ne pas se laisser débordé par tous les messages qui ne manqueront pas d’arriver, parfois en même temps et au pire moment. Il faut donc d’emblée appliquer des filtres simples pour classer les messages. Voici quelques messages types à traiter en priorité : ■■ Les commentaires très négatifs (en cas de problème avec quelqu’un, privilégier les conversations directes). ■■ Les demandes de presse, de sociétés ou de prospects. ■■ Les remerciements ou encouragements rapides, pour de bons articles/ commentaires. ■■ Les discussions entre professionnels du milieu sur les thèmes, les outils, les méthodes. Sur une base hebdomadaire, le reporting est un indicateur de performance qui permet d’avoir une vision d’ensemble du travail et de réfléchir aux moyens mis en œuvre. Chaque itération d’une ou deux semaines se ponctue par un bilan à l’occasion duquel, sur la base du reporting, une analyse des chiffres et un ajustement de la stratégie sont réalisés. La périodicité des itérations doit être arrêtée en accord avec l’équipe de community management et le département marketing, afin que chacun progresse au même rythme et que le calendrier proposé soit vraiment pertinent par rapport à l’activité du département. Être agile, c’est aussi trouver le bon rythme de croisière, pour améliorer son travail de tous les jours ensemble et par petites touches. 1. La maintenabilité est, dans le domaine informatique, la capacité de pouvoir maintenir de manière cohérente et à moindre coût certains composants ou applications. Par extension, elle qualifie des documents évolutifs et pérennes. 46 1 Chapitre Les dix commandements du community manager BONNES PRATIQUES Du reporting aux scorecards : l’exemple des 5Ps Il est parfois utile de synthétiser sous forme de scorecards les informations contenues dans les reportings, cela permet de dresser un état des lieux de la stratégie, de voir si elle porte ses fruits et, au besoin, d’identifier les points de progression d’un trimestre à l’autre. C’est le propos de la scorecard 5Ps, que j’ai conçue pour des organisations désireuses de suivre les progrès de leurs équipes, réparties à travers plusieurs départements, marques ou pays. Élaborée à partir de la méthodologie des 5Ps (Purpose, Presence, Process, Program, Performance), elle permet à chaque équipe de s’évaluer sur ces cinq points, de mesurer ses progrès et d’identifier ses lacunes. C’est un outil relativement commode, tout d’abord d’un point de vue opérationnel, mais aussi pour valoriser le travail effectué et rendre compte des progrès auprès de la hiérarchie. Figure 1.8 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 5Ps Scorecard 47 1 Cas pratique Chapitre Les dix commandements du community manager Faire évoluer son produit en restant à l’écoute des clients : l’exemple de Basecamp L’un des principes de l’agilité est de privilégier les changements graduels. Ceci permet de tester à chaque fois la manière dont ces changements sont perçus et dont la communauté réagit, en faisant évoluer ou non ses usages en conséquence. Cela évite par ailleurs d’investir trop de temps et d’argent dans d’importantes évolutions qui au final ne trouveront pas leur public. Basecamp ont très tôt compris que leurs clients étaient leur premier cercle de recherche et de développement et n’ont d’autre vocation que de répondre aussi simplement que possible à un besoin. Pour ce faire, ils trient les commentaires et identifient les quelques idées qui leur permettent d’aboutir à une application de meilleure qualité : en repositionnant un bouton, en changeant la couleur d’un lien, en ôtant une case, en modifiant le système d’authentification pour simplifier la vie de leurs plus gros clients. Ce travail mené tout en finesse présente l’avantage d’être apparent (les améliorations sont régulièrement notifiées), sans pour autant perturber les repères de la communauté. Il permet également de revenir en arrière sans grand frais si une nouvelle fonctionnalité n’est pas appréciée ou fait polémique. Être agile, c’est donc à la fois faire évoluer son discours et ses pratiques, mais aussi améliorer ses produits et ses services, de telle sorte que la communauté sente que le dialogue porte ses fruits et se reconnaisse de plus en plus dans la marque. Cela, Basecamp l’ont compris et le mettent en œuvre de manière exemplaire. Pour approfondir : https://basecamp.com https://signalvnoise.com/posts/2099-2010-the-year-of-the-products-anew-way-of-working 10. Être en veille stratégique La veille stratégique fait partie intégrante du travail du community manager. L’identification régulière de nouveaux outils et de nouveaux usages est utile à plusieurs égards. Elle permet de gagner en efficacité, de saisir les opportunités pour dialoguer autrement et de renouveler les termes d’un métier qui évolue constamment. Cette veille passe par la lecture de blogs sélectifs portant à la fois sur le community management, sur le marketing des communautés et sur 48 1 Chapitre Les dix commandements du community manager les médias sociaux1. Elle implique également une réelle curiosité pour les études de cas et les présentations2 qui donnent un aperçu sur des situations concrètes et permettent de prendre du recul sur le community management en général. Les évolutions permanentes de Facebook Cas pratique © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. La vitesse à laquelle évolue Facebook permet de comprendre pourquoi la veille stratégique est, pour un community manager, tout sauf une option. Qu’il s’agisse des conditions générales d’utilisation, du design des Pages, de leur nature (redesign des Pages en 2010, apparition de la Timeline pour le profil utilisateur fin 2011, lancement des nouvelles Pages en format Timeline début 2012, possibilité de contacter directement la marque pour l’utilisateur à partir de début 2012) ou encore des modalités d’organisation de concours, Facebook oblige à se tenir informé des derniers changements de la plate-forme, faute de quoi il est impossible d’avoir sur Facebook une stratégie pertinente et surtout avisée. Impossible, voire risqué, puisque ne pas suivre les préceptes de la plate-forme revient à s’exposer davantage et à mettre en péril les efforts jusqu’alors investis. Depuis son introduction en Bourse, Facebook est plus que quiconque conscient de la nécessité d’évaluer et de créer de nouveaux produits, de nouveaux usages et de nouveaux business models. Facebook, c’est donc aussi – outre la plate-forme Facebook.com – Instagram, WhatsApp ou encore Oculus. En l’espace de quelques années, Instagram est devenu un média social incontournable, surtout dans les secteurs sensibles à l’image tels que le luxe, le retail, le sport, le voyage ou encore le divertissement. Instagram évolue régulièrement, s’enrichissant de messages privés et de formats publicitaires, offrant ainsi aux organisations de nouveaux moyens d’interagir avec leurs communautés. De même, WhatsApp offrira probablement bientôt l’occasion aux organisations d‘interagir de façon plus immédiate et plus riche avec les utilisateurs ; ce sera à une échelle tout de suite globale, puisque WhatsApp est de loin l’application la plus importante en termes d’utilisateurs actifs. Enfin, il y a fort à parier qu’Oculus redéfinira le rôle que Facebook joue dans nombre de domaines (et bien audelà du divertissement). À l’avenir, cela devra être pris en compte par les community managers, qui joueront un rôle clé dans ces mondes virtuels. Il est fréquent qu’un partenaire ou un client que je conseille en community management demande s’il est possible de faire ceci ou cela sur Facebook. 1. Par exemple mashable.com, un des blogs de référence sur le sujet aux États-Unis. 2. Slideshare est la destination de référence pour ces présentations : http://www.slideshare.net 49 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Seul un travail de veille intensive permet de le dire et de concevoir en fonction d’un état donné de la plate-forme une stratégie gagnante. Il en va des autres plates-formes comme de Facebook. La veille sur les médias sociaux est un paramètre stratégique déterminant. Pour approfondir les nouveautés de Facebook : http://wiki.developers.facebook.com/index.php/Developer_Roadmap Facebook est avant tout une plate-forme, et son évolution ne se limite pas à elle, loin s’en faut. Comprendre ses évolutions, c’est également se donner les moyens de percevoir la manière dont elle influe sur nos expériences digitales de tous les jours, au travail ou ailleurs. C’est précisément pour cette raison que la veille est cruciale pour un community manager. Sans cela, il perd sa capacité à être en prise avec ses communautés, qui ne l’attendent pas pour changer. La veille stratégique implique aussi un suivi attentif de l’activité des principaux concurrents identifiés, de leurs communautés et des échanges entre eux. Comment parlent-ils à leur communauté, comment la communauté parle-t-elle d’eux, quels outils et techniques vos concurrents utilisent-ils sur les médias sociaux ? Toutes ces questions vous permettent d’affiner à la fois votre stratégie et votre positionnement. Cette veille s’effectue au moyen d’outils que nous détaillerons dans le chapitre 4. La cerise sur le gâteau : créer des expériences extraordinaires On pourrait enfin ajouter un onzième commandement, à ceci près qu’il est très difficile de le mettre en œuvre et que cette mise en œuvre n’est pas uniquement le fait du community manager. Ce commandement est une sorte de cerise sur le gâteau et consiste à offrir à la communauté des expériences extraordinaires. Seth Godin est bien connu pour son concept de la vache violette 1 et répète à qui veut l’entendre, que les idées ennuyeuses ne se diffusent pas et que les entreprises ennuyeuses ne peuvent pas croître 2 . Il en va de même pour la communauté : elle a une 1. http://www.sethgodin.com/purple/ 2. Tribes, Seth Godin, p. 45. 50 1 Chapitre Les dix commandements du community manager © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. forte aversion pour l’ennui. Créer des produits et des services hors du commun et proposer à la communauté d’interagir également de manière originale, c’est se donner les moyens de la fidéliser à long terme et d’encourager le bouche à oreille. Créer de telles expériences n’est pas à la portée de tous, cela requiert une bonne dose d’imagination et surtout de l’audace. Dans la droite ligne du travail itératif décrit plus haut, cela implique de faire des tests, de prendre des risques. Comme le rappelle Tara Hunt, « la récompense ultime pour celui qui embrasse le chaos n’est pas seulement l’inventivité, l’agilité, la possibilité de prévoir et d’évoluer avec le temps et tout le plaisir que cela implique. L’ultime récompense pour celui qui embrasse le chaos est de devenir influenceur ultime. » 1 Créer des expériences extraordinaires requiert donc une prise de risque minimale, mais aussi une culture suffisamment large pour aller puiser ailleurs que dans le marketing des idées qui viendront enrichir votre palette d’outils. Nous abordons ceci dans le chapitre 2. 1. The Whuffie Factor, Using the power of social networks to build your business, Tara Hunt, Crown Business, 2009, p. 242. 51 1 Chapitre Les dix commandements du community manager Conclusion Écouter avant de parler, être généreux, transparent ou encore agile : autant de commandements qui progressivement s’imposeront d’euxmêmes à mesure que vous apprendrez à comprendre les communautés auxquelles vous vous adressez et que les interactions avec elles dicteront votre conduite. Il faut rappeler que le community management est un travail de longue haleine et qu’à cet égard, rien n’est jamais acquis. C’est la raison pour laquelle j’insiste tant dans cette partie sur la relation que permettent d’établir l’ensemble de ces commandements. Si la relation est bonne, elle sera bénéfique pour les deux partis, à long terme. Cette relation implique des rapports bien réglés et quelque chose qui relève du feeling, d’une sorte de bien-être commun qui fait qu’une communauté se retrouve autour d’une marque ou encore d’une cause, et y revient régulièrement en s’impliquant. C’est une fois seulement que ces commandements ont été mis en application, par une personne ou une équipe, que les premiers changements apparaissent : on écoute davantage les utilisateurs et on relaye leurs doléances, l’organisation jouit d’une notoriété mieux maîtrisée, plus large et positive, d’une satisfaction client plus importante découlant d’une capacité de stockage d’informations plus massive. Cela montre que les bonnes pratiques ont été intégrées et peuvent être ensuite déployées à l’échelle de toute l’organisation. C’est sur le socle de ces commandements que le community manager peut s’épanouir et participer activement à la transformation de l’ensemble de son organisation. 52 Chapitre 2 Les cinq métiers du community manager I l est difficile d’avoir au premier abord une vue d’ensemble du métier du community manager car son travail touche à plusieurs métiers différents et requiert des compétences multiples. Ayant des objectifs relativement hétérogènes, il a au sein de l’entreprise un rôle transversal et agit à la fois dans son département et entre départements, créant ainsi du dialogue, des échanges et des synergies. Ceci implique une réflexion sur les attributs du community manager, ses missions et ses responsabilités. Le présent chapitre est consacré aux cinq principaux métiers du community manager : le marketing, les relations presse, le service client, le développement commercial et la communication interne. Il est utilement complété par un chapitre 3 plus global consacré aux spécificités de l’animation de communautés dans certains secteurs : notamment la politique, les médias et la culture, et qui appellent encore d’autres compétences métiers. L’animation de communauté n’est en effet pas un métier invariable selon les secteurs dans lesquels on l’étudie. Ses spécificités sont grandes et varient en fonction de la nature des organisations. Les entreprises privées, les institutions publiques et les organisations non gouvernementales (ONG) par exemple ont des principes, des valeurs et des méthodes d’action différentes. Les modes de consommation des publics varient également si l’on considère les Mots-clés biens matériels, les services (a fortiori le service public), ■■ WOM marketing les biens culturels ou encore les causes d’ONG. ■■ Influence ■■ Engagement marketing ■■ Fidélisation ■■ Ambassadeurs ■■ Mavens 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager 1. Le marketing Le premier métier du community manager est de marketer une marque, autrement dit d’œuvrer à sa promotion et à celle de ses produits. C’est la raison pour laquelle il dépend le plus souvent du département marketing. Il dispose d’une palette d’actions relativement variées dans le domaine du marketing en ligne : ■■ Communiquer directement auprès de personnes ciblées, au moyen de l’e-mailing par exemple. ■■ Communiquer sur différents médias en ligne, notamment ceux contrôlés directement ou indirectement par la marque (blog, blog de filiales, site partenaire dans le cadre d’une opération). ■■ Créer un réseau de sites et/ou blogs partenaires, de clients fidèles, qui sont des interlocuteurs réguliers, afin notamment d’améliorer le référencement des sites de la marque (optimisation du référencement – SEO [search engine optimisation]). ■■ Acheter de la publicité en ligne afin de gagner en visibilité, notamment sur les moteurs de recherches (adwords, microsoft advertising) et sur les médias sociaux (Facebook, Youtube, Twitter, Tumblr, etc.). ■■ Créer un système de promotion déporté de produits et encourager ainsi l’affiliation, dans le cas des sites de e-commerce et de médias sociaux tels que Pinterest ou Fancy. ■■ Diffuser des informations utiles, des contenus divertissants (branded content) ou un message divertissant (buzz marketing), et travailler plus largement sur les médias sociaux pour optimiser votre visibilité (SMO – social media optimisation). ■■ Et, bien sûr, répondre aux messages qui s’adressent à vous, qu’ils aient trait à un besoin, une demande de prix ou d’horaire. Il s’agira le plus souvent de convertir un utilisateur en client. Pour ce faire, quelques lignes suffisent. Plus que jamais, le social est l’occasion pour identifier ces besoins et y apporter une réponse rapidement. En fonction de la taille de l’organisation dans laquelle vous évoluez, vous serez amené à effectuer tout ou partie de ces actions. Dans une organisation importante, le SEO est confié à une ou plusieurs personnes, à plein-temps. Dans des organisations plus petites (TPE, PME, start-up), c’est à vous que revient l’achat de mots-clés sur des moteurs de recherche. En d’autres termes, les tâches listées peuvent entrer dans 54 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager le périmètre d’action du community manager mais il arrive que certaines soient assumées par d’autres personnes du département marketing, plus spécialisées. Au-delà de ces tâches relativement classiques, vous devrez faire un travail plus fin auprès des communautés : leur donner des raisons pour vous rejoindre (recruter), tenter de les stimuler pour les gagner à votre cause (influencer), leur permettre d’agir et de s’impliquer davantage (engager). © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Recruter La demande la plus commune lorsqu’une marque se lance dans les médias sociaux et cherche des indicateurs de réussite porte sur le recrutement de membres. Cette demande s’avère si pressante que l’effort in fine se concentre plus sur les moyens de recrutement (fussent-ils réduits à de la publicité) que sur la définition des avantages réels offerts aux membres. Pressé par un département marketing régi par une vision court terme, vous vous retrouverez à construire à grands frais une ville fantôme, conçue pour attirer de nouveaux habitants mais pas pour les garder. Dans ce cas, il est nécessaire d’écarter les pratiques de recrutement rudimentaires et souvent contre-productives, axées sur la diffusion massive d’un message. Il est préférable d’en revenir à trois des dix commandements d’animation de communautés, à savoir : écouter avant de parler, parler normalement et être généreux. Organiser une communauté autour d’une marque implique avant tout de s’adresser aux bonnes personnes (lesquelles ne vous ont pas attendu pour s’exprimer sur les sujets qui les intéressent) et de participer à leurs échanges en tant que membre, comme elles. Ce travail est certes plus délicat que de diffuser massivement un message, mais il s’avère bien plus bénéfique à long terme. Pour identifier ces personnes, il faut considérer qu’elles ne forment pas un tout uni et homogène, mais que chacune a un profil, des intérêts, des attentes différentes. C’est en fonction de la reconnaissance de ces spécificités (identifiées lors de l’audit notamment), que le community manager va pouvoir engager la conversation de manière efficace. Cette approche a le mérite de ne plus appréhender les membres de la communauté comme des cibles qu’il s’agirait de toucher une seule fois, mais plutôt comme des personnes avec lesquelles des relations sont nouées et débouchent sur un échange d’idées et de conseils. C’est à travers ces 55 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager échanges que la communauté peu à peu se structure pour donner naissance à une communauté d’intérêts. Une fois que la communauté est structurée, il est important pour concourir à sa cohésion de maintenir la balance des échanges équilibrée, autrement dit de donner autant que vous recevez, qu’il s’agisse d’informations, de mise en relation, de visibilité ou encore de cadeaux symboliques. Il suffit de partir du principe que vous disposez d’un capital social et que ce capital est toujours fluctuant. Vous devez vous assurer que les comptes sur votre whuffie bank1, comme l’appelle Tara Hunt, sont équilibrés, mieux, fructifient progressivement à mesure que vous accordez à vos membres la visibilité et le succès qu’ils contribuent à vous donner. Il faut en définitive voir la whuffie bank comme une banque de redistribution : plus la valeur est redistribuée, plus votre capital fructifie. 44440 Engager Un sénateur américain, Bill Bradley, définit un mouvement collectif comme le produit de trois éléments : une histoire qui raconte qui nous sommes et quel futur nous voulons construire, un lien entre le leader et sa communauté et, en son sein, quelque chose à faire, le mieux étant qu’aucune limite ne soit posée 2 . Engager sa communauté implique donc de lui donner de bonnes raisons de faire cette chose et ensuite de lui en donner les moyens. S’il opère dans un secteur qui le lui permet et que cela s’avère pertinent par rapport à ses objectifs, le community manager peut chercher à engager sa communauté afin de la fidéliser et de lui offrir des expériences plus fortes auxquelles elle associera par la suite la marque. Pour ce faire, il doit s’émanciper des réflexes du marketing et aller chercher ailleurs des méthodes autrement plus efficaces que celles qu’il va puiser dans le marketing. Le marché du jeu vidéo existe depuis plus de trois décennies. Durant cette période, de nouvelles compétences sont apparues, pour garantir l’efficacité des jeux et accompagner leur évolution. Parmi ces compétences, celle du game design s’est progressivement imposée, qui consiste 1. The Whuffie Factor, op. cit., p. 155. 2. Propos rapportés dans Tribes, Seth Godin, p. 27. 56 2 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Chapitre Les cinq métiers du community manager à concevoir le contenu et les règles d’un jeu. À la faveur de l’émergence des jeux massivement multijoueurs, les games designers furent amenés à concevoir le contenu et les règles des jeux en prenant davantage en compte la communauté. Ils se posèrent alors de nouvelles questions : comment la communauté peut-elle s’organiser pour relever un défi ? Quelles sont les motivations pour passer les paliers ? Quelles sont les logiques de pouvoir au sein de la communauté ? Ces questions appelèrent de nouvelles notions clés (« les guildes » par exemple dans les MMORG 1) et de nouveaux outils (notamment les systèmes de réputations). Aujourd’hui, l’expérience acquise par les acteurs du jeu vidéo est une source inépuisable pour le community manager, qui peut s’inspirer du game design pour immerger sa communauté et l’inviter à interagir avec la marque sur un mode ludique et engageant. L’enjeu pour le community manager est de définir la manière dont vous pouvez créer et/ou identifier dans les médias sociaux des mécaniques de jeux propres à rendre la participation des membres de la communauté plus drôle, plus originale et plus addictive. À cet égard, Amy Jo Kim offre une liste indicative de facteurs propres à rendre la participation ludique 2 : ■■ Permettre aux membres de créer des collections (de titres, d’images, d’objets virtuels) et les encourager à les compléter (pour encourager les visites récurrentes). Il peut tout à fait s’agir de collections d’informations. LinkedIn par exemple encourage ses utilisateurs à inscrire sur leur profil toutes les informations nécessaires. Il indique le degré de finition du profil et les étapes suivantes pour le compléter. Le plus souvent, il s’agit de collections de points ou de badges, comme le proposent les objets de tracking par exemple, pour inciter les utilisateurs à revenir plus fréquemment sur le site. 1. Massively multiplayer online role-playing game. 2. « Putting the fun in functional, applying game mechanics to social media », Amy Jo Kim, http://www.slideshare.net/amyjokim/fun-in-functional-2009-presentation. 57 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Figure 2.1 Ma collection de badges sur Withings Figure 2.2 Compléter son profil sur LinkedIn Permettre aux membres d’échanger des retours d’expérience, pour s’améliorer ensemble et s’impliquer davantage. ■■ Permettre aux membres de personnaliser leurs expériences par le biais de leurs avatars, leurs pages, etc., pour qu’ils se retrouvent davantage dans le rôle qu’ils jouent. ■■ 58 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Rien de cela ne sera toutefois possible si vous n’édictez pas clairement au préalable les règles du jeu et ses limites, soit par le biais d’une FAQ, d’une somme de guidelines ou encore de personnes qui joueront à l’intérieur du jeu ou du programme le rôle de guides. World of Warcraft offre à cet égard un exemple parfait : son game guide 1 et ses guidelines 2 sont à la fois très complètes et relativement concises. Elles permettent au joueur de se documenter progressivement, à mesure qu’il avance dans l’univers du jeu et s’en approprie les codes. L’enjeu n’est en effet pas de le perdre, mais plutôt de l’accompagner dans sa progression. Swarm (précédemment Foursquare) Cas pratique Peu après son lancement aux États-Unis, Swarm s’est avérée une application extrêmement populaire, en très peu de temps. Permettant d’échanger des conseils sur des lieux géolocalisés, elle comporte également une dimension ludique, puisque chacun peut, en pointant à plusieurs reprises dans un lieu, collectionner des badges. Au final, l’utilisation accrue de l’application se traduit par une accumulation de conseils dans l’application, ce qui la rend bien plus intéressante. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Sticker Swarm Figure 2.3 Afin de permettre à leurs clients d’acquérir des stickers rares, de plus en plus de lieux organisent des événements spéciaux. Pour financer le déplacement de quelques festivaliers à Sxsw, AJBomber – un restaurant de Milwaukee – organisa par exemple une « Swarm badge party » pour permettre aux participants de gagner, en pointant lors de la soirée sur Swarm, le sticker Swarm. Uniquement accessible aux personnes pointant dans un lieu où au moins 50 personnes ont déjà pointé, ce sticker est encore particulièrement couru dans les villes qui comptent des utilisateurs de Swarm. L’événement, annoncé sur Twitter et Swarm, puis 1. http://www.worldofwarcraft.com/info/ 2. http://forums.worldofwarcraft.com/forum-coc.html 59 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager sur Facebook, rassembla au final plus de 140 personnes, qui elles-mêmes communiquèrent sur l’événement sur Twitter. Uniquement par l’utilisation de ces trois médias sociaux, ce commerce de proximité fut capable de réunir sa communauté autour d’un concept ludique et fédérateur. Tirant pleinement parti des médias sociaux, AJBomber parvient par un tel événement à élargir sa clientèle tout en communiquant massivement sur son lieu en ligne. Grâce à Swarm, il lie étroitement community management online et offline, et utilise ce rassemblement, somme toute assez modeste, comme un levier pour sa communication. Figure 2.4 Swarm, sticker obtenu par AJBombers À l’avenir, les community managers de commerces de proximité et plus largement des PME trouveront dans les applications géolocalisées web et mobiles des outils très précieux pour toucher directement leurs communautés et les fidéliser. Swarm permet avec ses stickers d’encourager les membres les plus fidèles de la communauté qui reviennent régulièrement. On retrouve ici un point essentiel du community management qui consiste à récompenser de façon symbolique la fidélité et le bouche à oreille. Swarm permet aux petits commerces d’offrir à leurs clients la possibilité de convertir les récompenses symboliques en récompenses réelles. Une fois de plus, les actions online trouvent leur prolongement direct dans des actions offline, pour le plus grand plaisir de communautés plus que jamais soudées. La transformation de Foursquare en Swarm et le passage du système des badges à celui des stickers (qui fait davantage songer au chat qu’aux checkin’) rappellent combien ces mécanismes de « gamification » peuvent s’essouffler rapidement ; de même, on voit à quel point les usages des communautés peuvent évoluer en quelques années. Il est impératif de tenir compte de ces évolutions, afin d’offrir des expériences toujours pertinentes et efficaces aux communautés. Tester : https://fr.swarmapp.com/ 60 2 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Chapitre Les cinq métiers du community manager À ces critères, il est possible d’en ajouter d’autres qui ne ressortent pas directement de la théorie du jeu mais contribuent à rendre l’expérience utilisateur plus agréable et plus sociale : ■■ Communiquez sur des règles claires : c’est une nécessité absolue. ■■ Soignez particulièrement les détails (songez à Apple ou Zappos). ■■ Offrez des parcours de navigation originaux et variés. Etsy.com propose différents moyens de découvrir ses produits, la navigation par couleur par exemple est particulièrement bien conçue. Ce type de navigation contribue à allonger le temps passé par les internautes sur le site 1. ■■ Faites en sorte que vos services soient amusants et en appellent à l’émotion. Un bon wording* peut devenir par exemple l’un des traits caractéristiques de votre marque et lui donner une identité et une vitalité nouvelles. La manière dont Flickr salue ses membres lorsqu’ils se rendent sur leur page crée d’emblée une proximité qui est la clé de la relation entre le site de partage de photos et sa communauté. Il en va de même pour Threadless qui a le don pour renouveler constamment son site et faire entrevoir la créativité de ses équipes par un wording décalé et un design très coloré. De cette manière, Threadless crée un climat convivial pour ses membres, leur confirme qu’il s’agit bien là d’une plate-forme hypercréative et illustre comment eux aussi peuvent créer des dessins et des messages drôles et décalés. ■■ Donnez du style à ce qui à première vue pourrait paraître simple et sans qualité. Plus vous serez apte à créer ce style et à le partager avec la communauté, plus celle-ci s’identifiera dans votre marque. C’est ce qu’a parfaitement compris American Apparel – très tôt – à travers sa campagne de publicité. American Apparel et ses publicités Cas pratique Tout chez American Apparel est affaire de style. Les habits de la marque sont extrêmement simples et se caractérisent tout au plus par leurs couleurs et leur confort. Son style, la marque le doit avant tout aux photos des modèles qui portent ses habits. Parfois provocatrices et explicites, toujours minimalistes et tendances, elles mettent en scène des jeunes qui arborent les habits de la marque. Mais pas n’importe quels jeunes : des jeunes de 1. On parle aussi de « stickiness », qui désigne la durée passée par l’internaute sur un site ou une application et la récurrence de ses visites. 61 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager tous les jours et non des modèles triés sur le volet. C’est ce que la marque exprime très clairement, en mettant en avant la qualité de certaines personnes représentées et en en faisant ouvertement la promotion. La publicité ci-dessous communique moins sur un vêtement que sur la personne qui le porte, ce qu’elle fait (ou peut faire). « Google her » est une invitation à en savoir davantage sur elle. On retrouve également dans cette publicité la provocation propre aux publicités de la marque : mise en avant de la nudité, termes et positions équivoques : tout cela attise l’attention et crée une réelle connivence avec la communauté. Dans le même registre, le partenariat entre American Apparel et Chictopia illustre la volonté de la marque de mettre en scène les membres potentiels de sa communauté. Chictopia est un média social qui permet à ceux qui le souhaitent de faire leurs carnets de tendances. En photographiant les membres les mieux notés, American Apparel met de son côté les personnes susceptibles de devenir d’excellents ambassadeurs de la marque. Elle envoie par ailleurs un message très fort à sa communauté, qui fait écho à ses valeurs (style, confort, attitude décomplexée) : American Apparel […] et Chictopia démontrent que les modèles de beauté traditionnels sont obsolètes et inefficaces.1 Figure 2.5 American Apparel, la communauté mise en scène Pour approfondir : http://www.chictopia.com/ http://www.americanapparel.net/gallery/photocollections/models/ index.html 1. http://mashable.com/2009/01/20/chictopia-american-apparel/ 62 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager ■■ Donnez à vos sites et applications une dimension intelligente, qui va de pair avec votre travail de partage et de conseil. Netflix.com investit par exemple énormément dans son moteur de recommandation qui lui permet de faire découvrir des films jusqu’alors inconnus du grand public et sur lesquels les abonnés discutent. ■■ Offrez des expériences sociales autour de vos marques, en utilisant des systèmes d’authentification tels que Facebook Connect ou Google Connect qui permettent aux utilisateurs de voir quelles actions font leurs amis sur les sites qu’ils visitent et d’accéder aux informations plus facilement. N’hésitez pas également à intégrer des social plugins Facebook pour accroître les interactions autour des contenus (aimer, recommander, envoyer et commenter) ou à utiliser de façon originale l’Open Graph Facebook pour créer sur vos sites des actions automatiques pour les visiteurs (« X vient de voir cette vidéo », par exemple). © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Open Graph permet de faciliter le partage . et de rendre un site bien plus engageant Figure 2.6 Ancrez les débats dans le réel, donnez une voix à ceux qui souhaitent s’exprimer, organisez des événements pour leur donner une tribune, leur permettre d’échanger et de se rencontrer autour de ce qui compte pour eux. ■■ 63 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager BONNES PRATIQUES Organiser un barcamp « Un barcamp est une rencontre, une non-conférence ouverte qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par les participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au barcamp. C’est le principe : pas de spectateurs, tous participants. L’événement met l’accent sur les toutes dernières innovations. » Initialement organisés autour de sujets liés à Internet, aux logiciels libres et réseaux sociaux, les barcamps tendent à se démocratiser et à porter sur des sujets plus variés. Quoi qu’il en soit, leurs objectifs restent les mêmes : ■■ Encourager la participation de tous les inscrits. ■■ Faire en sorte que cette participation embraye sur des échanges d’idées, permette d’identifier des questions clés et in fine de formuler des propositions. Un barcamp est ouvert à tous, le nombre d’inscrits est néanmoins généralement limité. Les retardataires peuvent toutefois s’inscrire sur une liste d’attente. L’organisation d’un barcamp implique le respect de certaines règles. L’événement est gratuit et ouvert à tous. Si votre objectif est clair, que vous avez une idée précise des risques et des opportunités d’un tel événement, soyez très clair dans votre message et dans le positionnement de l’événement. Au début, les participants se présentent les uns à la suite des autres et indiquent leur nom, l’organisation qu’ils représentent (s’ils en ont une) et trois mots-clés désignant leurs centres d’intérêt. Ils indiquent ensuite librement les thèmes sur lesquels ils souhaiteraient discuter et s’inscrivent aux thèmes qui les intéressent le plus. Ces thèmes et listes de participants figurent dans un tableau à deux entrées qui comporte les différentes salles et horaires. Afin d’accompagner le lancement du barcamp, vous pouvez au préalable inscrire des thèmes qui vous semblent importants et qui serviront d’exemples aux participants. Les participants sont invités à relayer les activités sur barcamp en ligne et à publier des comptes rendus sur leurs blogs, médias sociaux, wikis et sites de partages (par exemple Flickr). Pour approfondir : http://fr.wikipedia.org/wiki/BarCamp 64 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager 44440 Influencer Animer une communauté implique bien évidemment d’entretenir des relations durables avec elle, afin d’en savoir plus sur elle et de créer les conditions d’un échange bénéfique à la fois pour elle et pour la marque. Pour ce faire, il faut : ■■ Encourager le dialogue, en utilisant les outils adéquats (blogs, forums, fonctions de partage de contenus, comptes sur les médias sociaux). ■■ Alimenter la conversation au moyen d’annonces spéciales (réserver à la communauté la primeur des bonnes nouvelles), de contenus divertissants, d’opérations spéciales, d’événements réels. ■■ Encourager les communautés les plus actives en les soutenant (messages amicaux, annonce officielle pour relayer leurs actions, portraits, accueils de leurs réunions, cadeaux, sponsoring). ■■ Identifier les influenceurs susceptibles de relayer vos messages et leur mettre à disposition des outils qui leur permettent de devenir ambassadeurs. ■■ Inciter les membres les plus actifs à créer des contenus pour mieux s’approprier l’univers de la marque en organisant des concours de création, en leur proposant de créer des photos ou vidéos de la prochaine campagne de publicité.1 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. BONNES PRATIQUES Le marketing du bouche à oreille (word of mouth – WOM – marketing)1 Le bouche à oreille : acte d’un client de fournir une information à un autre client. Le marketing du bouche à oreille : donner aux gens une raison de parler d’un produit ou d’un service et faciliter la conversation. C’est l’art et la science de construire une relation bénéfique, à la fois entre les consommateurs et entre les consommateurs et les marketeurs. Ce marketing ne consiste pas à créer un bouche à oreille mais plutôt à apprendre comment l’utiliser pour servir un certain objectif marketing. Toutes les techniques de ce marketing sont basées sur les concepts de satisfaction du consommateur, de 1. Voir « WOM 101 », disponible à l’adresse suivante : http://womma.org. 65 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager dialogue commun et de communication transparente. Ses éléments essentiels sont : ■■ Éduquer les gens à certains produits et services. ■■ Identifier les personnes les plus à même de partager vos opinions. ■■ Offrir des outils qui facilitent l’échange d’informations. ■■ Étudier comment, où et quand les opinions sont échangées. ■■ Écouter et répondre aux supporters, détracteurs et clients neutres. Pour approfondir : http://womma.org 44440 Les pratiques à éviter Il n’est jamais bon de chercher à promouvoir une marque à tout prix. En définitive, certaines pratiques qui se voudraient particulièrement efficaces s’avèrent souvent contre-productives. Payer par exemple un blogueur pour qu’il parle d’une marque est a priori plus simple que de discuter avec lui et de lui laisser ensuite le choix d’écrire ce qu’il souhaite. Mais c’est très préjudiciable, surtout si on omet de divulguer à la communauté que les blogueurs ont en effet été payés pour écrire certaines choses, et ne sont pas des anonymes totalement désintéressés. Tromper la communauté de la sorte peut causer à la marque des dommages qu’elle mettra longtemps à réparer. Cela lui coûtera au final bien plus cher que si elle avait passé du temps avec quelques blogueurs à échanger autour de ses valeurs et de ses produits. Il en va de même si le community manager avance masqué en ligne et participe à des discussions sans pour autant divulguer son identité. Ce comportement prête à confusion et rompt immanquablement la confiance qui peut exister entre une marque et sa communauté. 2. La communication et les relations presse Une communauté est avant tout un public. Les médias traditionnels considèrent votre communauté comme une portion homogène du public en général, ce qui est rarement exact. D’où l’importance de bien 66 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager la soigner et d’accorder une attention toute particulière à la frange de la communauté (rarement plus de 5 à 10 %) qui sera la plus active et donnera au public et aux médias une idée générale de la façon dont votre marque est perçue, dont vos produits sont consommés et vos services appréciés. 44440 Chérir les ambassadeurs, convertir les trouble-fête © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Une fois que vous avez acquis la confiance de la communauté et fait de certains de ses membres des ambassadeurs, il est nécessaire de les informer, de leur offrir des avantages (contenus, produits, etc.), de les associer à des événements et opérations de communication afin qu’ils puissent assumer pleinement leur travail d’ambassadeurs, en relayant les informations, distribuant le merchandising et portant la bonne parole auprès des invités des événements organisés. Un ambassadeur promeut ce en quoi il croit. Si vous lui donnez toujours plus de raisons de défendre ce qu’il aime, à la fois en écoutant mais aussi en lui rendant sous une forme ou une autre la valeur qu’il vous confère par ses témoignages, alors il n’en sera que plus actif. Une autre frange de la communauté peut quant à elle être relativement nuisible à la marque. Il s’agit souvent d’un petit pourcentage de la communauté qui s’évertue pour une raison ou une autre à nuire absolument. De deux choses l’une, soit la raison de ces nuisances peut être identifiée, à force d’écoute et de dialogue. Dans ce cas, il est possible de convertir les trouble-fête en résolvant leurs problèmes de telle sorte qu’ils se transforment en ambassadeurs. Jeff Jarvis et Dell Cas pratique Le problème pour Dell commença le jour où Jeff Jarvis se plaignit en des termes très explicites, à la fois des produits et des services de Dell. L’article de Jarvis se terminait ainsi : « J’ai donc ce nouvel ordinateur et les ai payés pour qu’ils me fassent la p… d’installation chez moi… et ils ne le font pas, et je perds deux semaines. DELL CRAINT. DELL MENT. Prends ça dans ton Google et encaisse-le, Dell. » Dell resta longtemps sourd à ces critiques pourtant omniprésentes, tant sur le web (Ihatedell.net) que dans la presse grand public (Business week). 67 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Finalement, Dell se décida à lancer le plan « Direct2Dell », en encourageant les échanges directs avec sa communauté par le biais des médias sociaux et en adoptant une communication plus transparente sur son blog officiel. Lionel Menchacha, blogueur responsable du programme, explique la démarche de Dell en ces termes : « Si nous avons commis une faute, nous devons le dire et montrer à la communauté ce que nous faisons pour y remédier ».1 Pour approfondir : http://www.buzzmachine.com/?tag=dell Dans d’autres cas, il ne sera pas possible de neutraliser les troublefête pour la simple raison que leurs efforts pour nuire à la marque ne seront qu’indirectement liés à elle. Vous ne pourrez alors rien faire pour remédier à cette situation, si ce n’est prendre certaines précautions : ■■ Ne pas répondre aux insultes, aux dénigrements, aux arguments fallacieux ou infondés dans l’urgence. C’est prendre le risque de rentrer dans le jeu de l’utilisateur qui par ses propos cherche à vous entraîner sur un terrain que vous ne maîtrisez pas, et de perdre la face devant toute la communauté. ■■ Répondre aux commentaires de manière toujours constructive, en donnant des conseils notamment, en présentant le côté positif des choses, en remerciant pour les avis donnés. ■■ Si les réponses constructives ne font pas leur effet, signifier clairement aux utilisateurs mécontents que les produits ou services ne sont peut-être pas pour eux (ils ne peuvent pas satisfaire tout le monde, c’est un fait). ■■ Enfin, si les commentaires négatifs ou agressifs persistent, faire la part des choses. Remonter les problèmes identifiés réels et qui nuisent à l’image de la marque, et ignorer les utilisateurs qui s’agitent pour rien. Si leurs mauvais comportements persistent, renvoyez-les aux bonnes pratiques (liste des choses à faire et ne pas faire). En dernière extrémité, bannissez si vous le pouvez l’utilisateur qui pose problème ou ignorez-le s’il sévit sur un site dont vous n’avez pas le contrôle. ■■ Si les commentaires agressifs portent sur des marques défendues par un grand nombre d’ambassadeurs, il arrive que les a mbassadeurs 1. The Whuffie Factor, op. cit. et What Would Google Do, op. cit. 68 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager eux-mêmes se chargent de répondre aux commentaires. C’est l’indice d’une grande efficacité en termes de community management ou d’une grande marque. Dans The Whuffie Factor, Tara Hunt raconte ainsi comment, suite à la publication d’un article où elle se plaignait de son iPod, elle a vu débarquer sur son blog une horde d’internautes venus défendre le produit Apple. Ses critiques – pourtant fondées – furent accueillies si mal, par des commentaires si nombreux, qu’elle dut fermer les commentaires de l’article. 44440 Bien gérer une crise de communication La presse nous a habitués à plus d’une révélation. En tant que quatrième pouvoir, elle a toujours eu vocation à offrir plus de transparence dans les domaines de la politique, de l’économie et dernièrement de la finance. Néanmoins l’émergence de nouveaux médias a déplacé quelque peu le curseur, exigeant plus de transparence et – l’un ne va pas sans l’autre – la reconnaissance de la responsabilité des organisations pour toutes leurs actions. Si Internet contraint à une transparence accrue, c’est simplement parce qu’il permet un accès direct, et de plus en plus immédiat, à l’information. Celle-ci toutefois ne fonctionne plus dans un seul sens, mais dans les deux : autour des informations apparaissent des conversations. C’est la raison pour laquelle toute crise provoquée et/ou amplifiée sur le web peut également être résolue sur le web, par les mêmes outils qui l’ont engendrée. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Edelman et Wal-Mart Cas pratique Edelman est l’une des agences de relations de presse les plus réputées des États-Unis. Elle compte parmi ses équipes des experts en médias sociaux réputés. Elle a durant des années investi pour s’afficher comme expert sur les problématiques liées à l’image des marques sur les médias sociaux. En 2006 pourtant, elle traverse une crise dont elle ne sortira pas indemne. Tout commence par une campagne de communication pour l’un de ses clients, Wal-Mart, qui s’intitule Working families for Wal-Mart. Au sein du plan médias, des articles de blogs sont prévus. Edelman décide de payer de faux blogueurs anonymes pour les rédiger, ce qui ne manque pas de se faire savoir. En l’espace de quelques jours, Wal-Mart et Edelman font l’objet d’innombrables critiques sur Internet. La réputation qu’Edelman avait eue le plus grand mal à bâtir dans la durée est sérieusement mise à mal par cette tentative de dissimulation héritée d’un ancien temps. 69 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Constatant les ravages de sa piètre communication, le directeur Edelman se décide ensuite à endosser la faute : « Durant les précédents jours, j’ai écouté les discussions de la communauté des blogueurs à propos de la campagne Working families for Wal-Mart1, conçue par Edelman. Je souhaite aujourd’hui reconnaître notre erreur et notre manque de transparence à propos de l’identité de deux blogueurs. La responsabilité de ces erreurs est entièrement imputable à nous, et non à notre client. »2 Cette réponse aura finalement été dictée par la nécessité de protéger le client d’Edelman. L’agence, quant à elle, sort triplement diminuée de cette péripétie : par sa maladresse initiale, par son incompréhension de l’impact que les révélations auraient en ligne et, enfin, par son silence prolongé qui n’a fait qu’aggraver les choses, à la fois pour elle et pour son client. L’incident est clos depuis plusieurs années, mais les commentaires, eux, sont toujours là 3. Une crise est une opportunité, un levier de communication. Ne pas actionner ce levier convenablement peut s’avérer préjudiciable à long terme. Bien l’actionner peut totalement renverser une situation a priori préjudiciable. BONNES PRATIQUES 10 bonnes pratiques pour gérer une communication de crise sur les médias sociaux Par Anthony Babkine, spécialiste en stratégie et communication digitale La présence des marques sur le web n’a jamais représenté autant d’opportunités. Mais aujourd’hui, certaines marques se lancent encore dans des campagnes et opérations de communication digitale complexes, sans accompagnement ou expertise, alors que ce territoire est en constante mutation. Par sa puissance de diffusion, le web social peut être un moteur de propagation exceptionnel, mais également un mégaphone redoutable pour quiconque en ignorerait les principaux rouages. En d’autres termes, comment agir lorsque la marque, par erreur, maladresse ou campagne rudement critiquée par divers détracteurs (clients mécontents, ONG, employés révoltés, etc.), se retrouve en position vulnérable sur les médias sociaux ? 1. http://www.forwalmart.com/ 2. http://www.edelman.com/speak_up/blog/archives/2006/10/a_commitment. html 3. http://walmartwatch.com/blog/archives/pr_bloggers_respond/ 70 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Voici dix points clés des actions à envisager ou bannir sur les médias sociaux quand on est en situation de crise : 1. Comprendre ce qui est reproché à l’entreprise/la marque ■■ Dans n’importe quelle crise, l’analyse du contexte, des enjeux et la connaissance de votre environnement (les parties en cause, les influenceurs, les détracteurs, etc.) sont essentielles. Dorénavant, les conflits entre les marques et les internautes se règlent fréquemment sur la place numérique publique. Les internautes investis dans une cause individuelle (ex. : un différend mal géré entre la marque et un consommateur) ou collective (ex. : des propos publics maladroits d’une marque sur le web) vont attendre de l’entreprise une réponse intelligente et construite en ligne. 2. Ignorer les signaux faibles augmente le risque de bad buzz* ■■ Les signaux faibles sont ces premiers bruits en ligne qu’une équipe social media peut percevoir, et cela parfois bien en amont d’une quelconque situation de communication de crise. Ces signaux (commentaires sur un article, post de blog, tweets de clients…) doivent vous alerter d’une situation anormale, voire parfois explosive, à l’instar des premières ondes avant un séisme : ce sont souvent les signes avantcoureurs d’une situation plus complexe. En prenant en compte ces signaux, le groupe Nestlé (marque KitKat1) aurait pu sans doute éviter les nombreux déboires de l’attaque par Greenpeace sur son utilisation non éthique de l’huile de palme. 3. Ne jamais sous-considérer l’intérêt de la veille digitale © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ La veille digitale est devenue un domaine de compétences que votre community manager se doit de maîtriser. Il est devenu capital que votre animateur de communautés soit à l’écoute de ses publics au-delà des limites de ses pages animées (blog, Page Facebook, fil Twitter…). Cette bienveillance et cette connaissance de la présence de la marque par l’équipe en charge du social media doivent permettre de rapidement repérer les zones sensibles et limiter le plus possible les risques de bad buzz et leur diffusion. 4. Mesurer le risque de bad buzz ■■ Le bad buzz est parfois comparé à une « crisounette ». En d’autres termes, c’est une crise légère et parfois très passagère que l’on peut comparer à une maladresse ou un dérapage, davantage qu’à une crise structurelle d’envergure. Pourtant, certaines crises nées via les médias sociaux ont 1. http://www.leblogducommunicant2-0.com/2011/10/09/web-2-0-bad-buzz-vousavez-dit-bad-buzz 71 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager ■■ pris une ampleur considérable (par exemple, celle qui a opposé Lego et Greenpeace2). Avant de vous lancer dans une logique de réponse ou de contre-offensive face au bad buzz, évaluez les risques potentiels avec les équipes digitales/communication et le service visé par le bad buzz. 5. Être réactif et constructif dans vos réponses ■■ Dans la précipitation et la réactivité qu’exigent la gestion d’un bad buzz et, plus généralement, les échanges sur le web avec votre communauté, il faut faire attention à ne jamais céder à la panique et à mesurer le poids de vos prises de parole. La réponse de la marque est systématiquement très attendue puis décryptée par les internautes. En somme, veillez à ne pas envenimer la situation et bien peser chacun de vos propos. 6. Répondre ou ne pas répondre, telle est la question ■■ La marque et ses interlocuteurs ne doivent pas répondre à toutes les polémiques passagères. Encore une fois, évaluez le risque potentiel et gardez en tête que le silence reste parfois la meilleure des réponses. Parfois, vous serez surpris de constater que vos différents publics pourront être vos meilleurs alliés (à condition que votre communauté ait été bien animée auparavant). En somme, attention à ne pas céder à toutes les controverses et à toujours prendre du recul pour ne pas venir « nourrir le troll ». 7. Considérer le web social comme une sphère imperméable ■■ Attention à ne pas considérer le web comme un espace détaché des médias plus traditionnels. De par la proactivité des blogueurs et des journalistes (qui sont parfois eux-mêmes blogueurs) sur un réseau social comme Twitter par exemple, et de par la numérisation toujours plus forte des médias, une polémique qui enfle autour d’une marque sur les médias sociaux peut, en quelques heures, se retrouver dans les unes des autres médias. 8.Ne pas penser sans votre community manager en situation de crise ■■ Il est fréquent de voir le community manager et son équipe exclus des cellules de crise et, parfois, même lorsque la crise est apparue sur le web. N’oubliez pas d’intégrer ces équipes à ce genre de situations : elles sont très souvent vos yeux et vos oreilles sur le terrain numérique et peuvent apporter des points de vue singuliers. 1. http://www.lefigaro.fr/societes/2014/10/09/20005-20141009A RTFIG00180greenpeace-pousse-lego-a-abandonner-ses-figurines-commerciales-shell.php 72 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager 9. Transformer un risque potentiel en opportunité ■■ Le web social est sans limite, à condition de bien connaître sa communauté, ses passions et ses inquiétudes, ou encore ses habitudes et sujets de crispation. Un community manager expérimenté sera capable d’apporter des pistes constructives en cas de bad buzz. Associé à une équipe créative et à quelques spécialistes de la communication digitale de crise, il pourra transformer un bad buzz en véritable opportunité pour la marque. La confiance en l’expertise de vos équipes reste la meilleure arme face au bad buzz. Nous pouvons citer deux cas structurants : celui de l’homme nu de La Redoute 1, et Tanguy Moillard 2 face aux clients internautes de Bouygues Telecom lors de la crise des opérateurs en 2012. 10. Attention, le bad buzz n’est pas un moyen publicitaire © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ Léon Zitrone disait : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! », un adage qui perd de son sens à l’heure des médias sociaux ! La différence entre les médias traditionnels et les médias sociaux, c’est qu’en ligne, les traces négatives restent et sont souvent corrosives et nuisibles à l’e-réputation de la marque. Selon une étude TNS-Sofres 2014, 33 % des dirigeants de PME sont conscients qu’il vaut mieux éviter d’avoir une mauvaise e-réputation. 3 Selon une étude menée par le cabinet américain Freshfields Bruckhaus Deringer, 53 % des entreprises touchées par un bad buzz continuent à en souffrir un an après. En somme, vouloir créer une campagne virale et créative peut avoir beaucoup de sens, à condition qu’elle ne nous laisse pas imaginer que votre marque est excluante, discriminante ou humiliante vis-à-vis d’un public. Cependant, sous prétexte d’un besoin de visibilité, attention à ne pas instiguer naïvement un bad buzz publicitaire et à entrer dans des actions de communication qui desserviraient les ambitions intrinsèques de la marque, à savoir générer de l’attention positive et de la confiance auprès de vos publics. 1. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/314774-la-redoute-rebondit-sur-lebuzz-de-l-homme-nu-etrange-et-surtout-risque.html 2. http://www.meltybuzz.fr/tanguy-le-community-manager-star-de-bouyguesgalerie-270499-843964.html 3. http://www.assurances-ereputation.fr/2014/06/e-reputation-des-entreprisesles-reseaux-sociaux-au-coeur-des-risques 73 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager 3. Le service client Le community management consiste à travailler avec la communauté, à partir d’elle. Cela implique de la placer constamment au centre de la réflexion, de s’interroger sur ses besoins et son bien-être. Le but n’est pas de promouvoir un produit ou un service à tout prix : il faut réviser son positionnement, adopter un regard différent, moins intéressé, plus altruiste (songez à l’économie du don décrite dans le chapitre 1), prendre en compte les demandes ou les critiques et y répondre le mieux possible. Avant de se pencher sur les implications concrètes pour le community management, il nous faut revenir au sens premier du service. À ce propos, Horst Rechelbacher a cette phrase très juste, qui permet de comprendre pourquoi le service devrait être aussi crucial dans une entreprise : « Lorsque nous servons nos clients de la même façon que nous-mêmes, nous créons une complicité mutuelle et un climat de confiance qui nous oblige mutuellement. La satisfaction du client devient la nôtre. Ce type de service et les relations qu’il implique entre le prestataire et les clients sont un facteur essentiel pour créer des rapports bénéfiques et durables » 1. Le service est à la base de la fidélité de la communauté pour une marque. Dans The Whuffie Factor 2, Tara Hunt expose les raisons pour lesquelles, suite au 11 septembre 2001, Southwest n’a connu qu’une baisse infime de ses réservations, là où d’autres compagnies aériennes faisaient faillite : des prix bas, des astuces pour réserver et voyager plus facilement, des outils pour permettre aux voyageurs de contrôler davantage chaque étape de leur voyage, une équipe toujours à l’écoute. Tous ces points firent qu’au final, la compagnie continua après le 11 Septembre à ouvrir de nouvelles lignes. Plus extraordinaire encore, certains clients envoyèrent de l’argent pour soutenir la compagnie. Animer une communauté, c’est donc être avant tout à son service. Vous devez avoir ceci constamment à l’esprit, car votre objectif est de faire en sorte que la communauté soit entendue et au besoin assistée en cas de problèmes. Ce travail occupera une part importante de votre 1. Minding Your Business, Horst Rechelbacher, Earth Aware editions, 2008. 2. The Whuffie Factor, Tara Hunt, p. 256. 74 2 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Chapitre Les cinq métiers du community manager temps, surtout si vos produits ou vos services laissent à désirer au début. Il est néanmoins possible de maximiser ce temps et ce, de différentes manières : ■■ Il ne vous servira à rien de traiter les messages si vous n’avez pas au préalable acquis une connaissance intime de ce dont vous parlez. ■■ Connaître les réponses aux questions les plus récurrentes, avoir un CRM* qui vous permet de bien qualifier la demande et son auteur, ou avoir un interlocuteur direct au service client pour identifier les problèmes vous permettra de répondre rapidement et avec pertinence à toutes les questions posées. Tout est ici une question d’organisation, et à cet égard, les lignes ont énormément changé en quelques années. Parfois, les community managers rattachés au marketing se coordonnent avec la relation client pour traiter au mieux les demandes entrantes, d’autres fois, ce sont des équipes dédiées à la gestion du social au sein du département client qui ont la responsabilité de traiter directement ces demandes. Quelle que soit la manière dont votre organisation est structurée, la communication devra être aussi transversale que possible, afin de garantir aux utilisateurs un parcours fluide et d’offrir des réponses à leurs problèmes. ■■ Les mêmes questions reviennent souvent : répondez-y avant même qu’on ne vous les pose, les foires aux questions (ou frequently asked questions – FAQ) sont faites pour cela. Enrichissez-les à mesure que votre offre ou vos conditions contractuelles évoluent. ■■ Servir ses clients, c’est aussi remonter les besoins et problèmes le plus souvent pointés, auprès des différents départements concernés. Du CRM, on passe au social customer relationships management (SCRM), qui n’est plus l’apanage des seuls services client/fidélisation/service après-vente, mais celui des community managers qui, en tant que garants de la relation directe que la marque entretien avec ses communautés, dispatchent les informations entre les services. Afin de ne pas créer de conflit entre les départements, veillez à éclaircir d’emblée la situation et à disposer d’un contact de référence pour tirer, quand c’est nécessaire, la sonnette d’alarme ou attirer l’attention sur une fonctionnalité réclamée ou au contraire critiquée par la communauté. 75 2 Cas pratique Chapitre Les cinq métiers du community manager Sleek : collaborer pour mieux converser Aucun community manager ne peut avoir réponse à tout. Le nombre des messages augmente et leur nature de plus en plus variée contraint les départements (communication, marketing et service client notamment) à s’impliquer dans les réponses. La gestion des conversations devient donc peu à peu collaborative, à un point tel que les solutions de gestion des conversations doivent devenir de plus en plus des solutions collaboratives : cela permet de distribuer les messages entre les divers collaborateurs et facilite les échanges internes autour des messages. En fonction du volume de messages reçus chaque jour, une bonne organisation et de bons outils peuvent permettre de gagner un temps précieux. C’est la raison pour laquelle Sleek fut créé : aborder les conversations de façon collaborative, afin que l’entreprise dans son ensemble puisse traiter efficacement les messages qui s’adressent à elle, sans perdre du temps et en s’attachant à améliorer autant que faire se peut l’expérience client. Figure 2.7 Échange autour d’un message client sur Sleek Pour approfondir : http://sleekapp.io/fr ■■ Vous pouvez également créer des conditions pour que le service client puisse être crowdsourcé, en proposant à la communauté des outils plus fins que les FAQ pour lister les problèmes, documenter les réponses (forum, wiki) et exprimer de nouvelles idées. Au moyen de ces outils, la communauté s’entraide. L’information est à la fois plus riche, mieux ordonnée et plus accessible. Pour vous, elle constitue une mine dans laquelle vous pourrez aisément piocher. 76 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Starbucks et Salesforce idea community : la réinvention du panel client Cas pratique L’objectif initial de Starbucks est d’offrir à ses clients des outils pour échanger des avis sur les services existants et des idées sur les améliorations possibles à y apporter. Pour ce faire, elle lance http://www.mystarbucksidea.com/, plate-forme à ses couleurs, sur laquelle il est possible de proposer des idées, de voter et de commenter ces idées dans treize catégories différentes, des boissons jusqu’aux décors. Le système permet, par le biais des votes, de faire remonter les propositions les plus populaires. Il est utilement complété par l’action de quarante modérateurs qui assistent les participants, les aident à préciser leurs propos et à affiner les propositions les plus populaires, le but étant d’aboutir à des idées concrétisables. Depuis le lancement de la plate-forme, plus de 77 000 idées furent soumises, faisant l’objet de 760 000 votes et de 150 000 commentaires. 25 idées sélectionnées furent mises en œuvre. Elle fait également des émules jusqu’à aujourd’hui sous différentes formes, qu’il s’agisse d’un site web participatif dans le cadre d’une élection présidentielle (voir l’initiative du candidat Sarkozy au printemps 2012), ou d’une application Facebook destinée à recueillir les meilleures idées pour une chaîne de pizza (Think oven, par Domino aux États-Unis). © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Pour approfondir : http://www.salesforce.com/crm/customer-service-support/ideation/ L’étude de http://www.mystarbucksidea.com/ illustre la profonde transformation du service client depuis l’émergence des médias sociaux. Là où, hier, son rôle était de répondre aux questions et aux problèmes des clients, il consiste aujourd’hui à travailler plus en amont sur l’identification des attentes des clients. En définitive, il ne fait que refléter la manière dont les produits eux-mêmes sont repensés : non plus comme des objets finis dans le temps, mais comme des biens appelés à évoluer constamment, en fonction des demandes et des critiques formulées par les communautés online et offline. Cette révolution marketing est permise par des outils participatifs et collaboratifs, tels que Salesforce idea community, Get satisfaction, UserVoice ou encore Dimelo. Nous reviendrons sur ces outils dans le chapitre 4. 77 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager 4. Le développement commercial La communauté n’est pas un tout homogène. En elle, coexistent à la fois des passionnés et des curieux, des clients satisfaits et des clients potentiels, insatisfaits par d’autres marques, bref des gens plus ou moins actifs et impliqués, qu’il s’agit pour vous d’impliquer davantage en apportant les bonnes réponses au bon moment. 44440 Identifier les opportunités commerciales Il est possible au cours du travail de veille d’identifier les messages ressortant spécifiquement du développement commercial. Plusieurs critères objectifs permettent de le faire : ■■ Le message comporte-t-il une demande de prix ? Une question concernant les modalités de partenariats ? ■■ Le nom ou l’e-mail laissé permet-il de pointer vers une compagnie ou une agence ? ■■ S’il s’agit d’un particulier, suggère-t-il plus ou moins explicitement qu’il souhaiterait être contacté ? ■■ Celui qui se présente comme un particulier travaille-t-il en réalité pour une société cliente, potentiellement cliente, concurrente ? ■■ Quel compte est utilisé pour diffuser le message ? Il est probable qu’un professionnel utilise par exemple Twitter plutôt que Facebook pour s’exprimer sur un sujet touchant à son métier, ou LinkedIn. Le média social connote le message émis, il offre un contexte qui vous renseigne sur la nature du message. Pour qualifier les messages identifiés, il sera parfois nécessaire de mener l’enquête, de googler le nom de la personne pour en savoir plus sur ses intentions. 44440 Répondre aux questions sélectionnées Si les questions sont explicitement adressées à un responsable commercial, vous pouvez d’emblée la transmettre à la personne compétente. Cela implique que vous ayez un référent au sein du département com- 78 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. mercial, avec qui vous pouvez échanger ces types de message et qui pourra les traiter dans les meilleurs délais. Si d’autres questions en revanche doivent faire l’objet de précisions et que vous n’êtes pas encore sûr de bien cerner le profil ou les intentions de la personne, alors vous pouvez répondre en demandant des explications, pour mieux comprendre en quoi vous pouvez être utile et le cas échéant donner plus d’informations au responsable commercial. Dans certains cas, il vous sera difficile d’identifier des messages qui en réalité viennent d’importants responsables et sont – en dépit de leur apparence – clés. Chez Eyeka, un haut responsable de Numericable avait au préalable testé la réactivité de l’équipe marketing en envoyant une question anonyme sans intérêt pour voir si nous y répondions convenablement, dans les temps. Ces messages sont pour certains l’occasion de tester la réactivité et la compétence des clients avec lesquels ils s’apprêtent à traiter. Pour traiter efficacement l’ensemble de ces messages, identifiez les profils types en fonction de vos domaines d’activité, rédigez pour chaque profil type des modèles de messages que vous adapterez ensuite en fonction des destinataires. Partagez ces modèles avec les autres animateurs de communautés, pour pouvoir communiquer de façon homogène. Le moment venu, ces modèles viendront enrichir la charte d’animation de la communauté. Ils seront visés par l’équipe commerciale afin que vous recoupiez ensemble vos profils types et identifiiez le stade auquel les messages sont transmis d’un département à un autre. Plus le volume de ces messages sera important, plus la définition de tels processus sera nécessaire. 44440 Informer les responsables commerciaux En tant qu’expert de votre communauté, vous pouvez apporter aux responsables commerciaux de précieux conseils sur la manière dont la marque, les produits, les services, leurs prix sont perçus par les clients et les prospects. Ces informations sont décisives car elles permettent de façonner le discours commercial, en insistant sur certains points auxquels la communauté est sensible, en adressant des problèmes déjà connus et dont la marque pâtit, ou encore en identifiant des niches auxquelles jusqu’à présent on n’avait pas pensé. L’émergence des applications de chat change peu à peu la donne et les termes du travail du community manager, non seulement parce que ces applications modifient les usages et impliquent des échanges sans 79 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager cesse plus immédiats, mais également parce qu’elles sont potentiellement des canaux de vente massive. WeChat en Chine ou encore en Inde vend des mobiles, quand Amazon lance des deals sur Snapchat. En plus d’être des canaux de marketing et de relation client, ces applications représentent une source de revenus potentiellement significative. Il est possible que le métier de certains community managers se spécialise à terme, notamment dans des secteurs comme l’e-commerce ou le retail, et soit assorti d’objectifs plus commerciaux. Figure 2.8 Vente de téléphones Xiami sur WeChat 5. Les ressources humaines et la communication interne Lorsque l’on parle de communauté, on part souvent du principe qu’il s’agit des autres. Comme s’il y avait la communauté d’un côté et nous ou la société pour laquelle on travaille de l’autre. En réalité, en participant aux activités de la communauté, vous la rejoignez, de même que l’ensemble de la société qui interagit, par le biais de multiples applications, avec des communautés en ligne. En d’autres termes, animer une communauté implique de commencer le travail de l’intérieur, par sa propre communauté. L’étudier permettra d’en savoir plus sur la manière dont l’information est conçue, partagée et diffusée. Commencez donc le travail en vous posant les questions suivantes : ■■ Comment les informations nouvelles sont-elles produites et distribuées ? Par le biais de quel outil ? Quelles personnes sont les principaux relais d’informations, les principaux analystes ? 80 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Comment les messages sont-ils conçus ? Les messages sont-ils testés en interne, à l’extérieur ? Si oui, par qui, comment ? ■■ Quand les messages sont formulés, comment sont-ils transmis en interne ? Leur partage induit-il une transformation du message lorsqu’il est ensuite relayé à l’extérieur ? Si oui, quels biais induit cette transformation ? ■■ Les personnes déjà habilitées à communiquer sur les médias sociaux disposent-elles de documents particuliers (guidelines, charte) ? En tant que community manager, vous ne vous substituez pas à la communication interne. Votre rôle est plutôt – en vous posant ces questions – de favoriser l’échange d’informations, l’adoption de nouveaux outils et usages et enfin l’expression volontaire de ceux qui le souhaitent sur le web. La qualité de votre travail est fonction directe de la veille que vous effectuez sur les médias sociaux. Que se passerait-il si vos collaborateurs effectuaient eux aussi une veille active, s’ils échangeaient avec vous les informations potentiellement utiles et réciproquement ? Vous feriez ensuite bénéficier cette information à tous, sous une forme aisément consommable, déjà condensée. Imaginez à quel point le travail de veille serait plus productif si chacun partageait normalement ses informations. L’effet serait décuplé. On mesure mal les économies de temps, d’énergie, induites par un tel partage. Le partage de l’information est clé pour l’entreprise, aussi est-il nécessaire de l’organiser. Pour ce faire, vous pouvez apporter votre pierre à l’édifice, recommander le bon outil et les bons procédés pour permettre à vos collaborateurs d’apprendre plus de choses, en moins de temps. Voici quelques conseils pratiques d’actions à accomplir, en relation avec la communication interne. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ 44440 Recruter les mavens Identifier les personnes qui relayent le plus d’informations, notamment celles ayant trait aux nouveautés. Dans Le Point de bascule, Malcom Gladwell revient longuement sur le profil du maven*1. 1. Le Point de bascule, Malcom Gladwell, Transcontinental, 2003, p. 63. 81 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Est maven celui qui acquiert des connaissances et les dispense généreusement à son entourage, pour régler ses problèmes ou simplement améliorer son quotidien. Il est assez rapide de repérer qui, au sein de l’entreprise, joue le rôle de maven et apporte à ses collaborateurs des solutions répondant à leurs besoins de tous les jours, mieux anticipant leurs besoins à venir. Si les mavens répondent souvent de façon pertinente aux besoins, c’est qu’ils connaissent également les métiers et les besoins propres à chacun. En recherchant les mavens dans votre entreprise, ne perdez pas de vue que vous êtes censé – en tant que community manager – être le premier des mavens. En allant à la rencontre des autres, vous cherchez des alliés pour connecter et favoriser la distribution de l’information utile à tous. 44440 Introduire en douceur de nouveaux outils et usages Une fois que vous avez trouvé ces personnes, observez les outils qu’elles utilisent déjà, recommandez-leur en de nouveaux et voyez si elles les adoptent. Si les tests fonctionnent, encouragez l’adoption plus large des outils à d’autres personnes, directement ou indirectement. Il n’y a rien de pire pour quelqu’un que d’être exclu d’une conversation de bureau, portant qui plus est sur un sujet qui l’intéresse, sous prétexte qu’il n’utilise pas un des outils de communication du groupe. Initiez des conversations au moyen de nouveaux outils en y associant des personnes influentes de la société et des mavens, laissez la conversation déborder offline. Dans un second temps, arriveront les plus curieux, qui prendront également part à la conversation et ainsi de suite. Rappelez-vous qu’en tant que maven, vous jouez une part active dans la naissance et l’entretien de cette conversation. De cette manière, les outils ne sont pas imposés, c’est la conversation qui les rend nécessaires. Afin d’encourager l’adoption de nouveaux outils, vous pouvez également les utiliser pour solliciter l’avis de vos collaborateurs sur différents sujets. En complément du dispositif décrit plus haut, dans le cas pratique consacré à Salesforce idea community, Starbucks avait également offert à ses employés l’occasion de s’exprimer sur tous les points de leur quotidien dans l’entreprise, sous forme de commentaires, de votes, de critiques et de proposition. En associant de façon construc- 82 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager tive vos collaborateurs à la vie de l’entreprise au moyen d’outils participatifs, vous les impliquez davantage tout en les initiant durablement à de nouveaux usages qui leur serviront par la suite sur les médias sociaux. 44440 Approfondir la discussion offline Veillez toujours à ancrer ces conversations offline à un moment ou un autre. Les informations doivent participer à l’activité de l’entreprise : qu’il s’agisse d’un cas pratique, d’une analyse, d’un nouvel outil ou de l’opération d’un concurrent, chacune concourt à faire avancer la compagnie, à inspirer de nouvelles idées, de nouvelles pratiques. Animer une communauté, c’est aussi faire le lien entre les différents moyens d’informations et faire en sorte que ces informations deviennent des conversations utiles, enrichissantes pour tous. Cela implique des déjeuners avec les personnes les plus actives en interne, des sorties ensemble lors d’événements professionnels, l’organisation en interne de barcamp afin d’inciter les salariés à échanger des informations et de réfléchir sur elles. L’organisation de telles rencontres est décisive pour échanger les informations collectées, les traiter et voir ce qu’il en ressort ensemble. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Encourager la prise de parole à l’extérieur Vous devez encourager les collaborateurs qui ont le plus à cœur de partager les valeurs et les produits de la société à communiquer par le biais du blog officiel et des médias sociaux. Donnez-leur les bons outils, des conseils pour garantir une communication efficace et homogène et leur permettre de s’investir toujours de manière pertinente dans la communication. Cela vous permet d’alléger votre tâche et vous renseigne par ailleurs sur l’importance que votre organisation dans son ensemble accorde à la communication. Le fait que différentes personnes s’expriment, à différents niveaux, laisse à penser que la société est transparente sur ses actions et parfaitement coordonnée. Dans un numéro de Wired qui fit date, consacré à la transparence dans l’entreprise, Clive Thompson n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins en appelant à : « virer votre responsable des relations presse, libérer le message. Laissez vos employés s’exprimer et bloguer. Dans le 83 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager nouveau monde de la transparence radicale, le chemin du succès pour les entreprises est clair. » 1 Il n’est jamais bon de céder tout à fait au dogmatisme d’une époque, néanmoins il est bénéfique de s’inspirer de ce principe et de responsabiliser davantage les salariés, en les investissant d’un rôle à l’extérieur de l’entreprise. La prise de conscience en interne que le social est une opportunité pour repenser son organisation et se recentrer autour du client doit aussi se traduire par une autre approche du recrutement. C’est là où la communication interne embraye sur la communication externe, notamment en ce qui concerne la marque employeur, qui est censée refléter cette transformation et cette nouvelle identité. Là encore, le community manager a un rôle à jouer, en aidant les départements des ressources humaines à mieux recruter sur le web social. BONNES PRATIQUES Recruter sur les médias sociaux, les 5 étapes pour mettre en place un programme efficace et pérenne Depuis plusieurs années, les départements des ressources humaines sont conscients de la nécessité de s’adapter aux nouveaux usages d’une partie de leur jeune cible. Souffrant à la fois d’un manque de compétences et de moyens, ils ont tardé à être présent sur les médias sociaux. Parfois, les plus volontaires se sont cassé les dents, allant jusqu’à lancer des marques ressources humaines dédiées sur le social, qui ne trouvèrent jamais leur public. Il est bon de tirer des leçons de ces années de tests et de voir comment, aujourd’hui, – fortes de cette expérience significative – les marques peuvent investir efficacement dans le recrutement de candidats sur les médias sociaux. 1. Définir votre stratégie en fonction de vos objectifs Je suis encore sollicité par des équipes des ressources humaines désireuses d’être présentes sur Facebook d’une manière ou d’une autre, via une Page et/ou une application, qui pourtant ignorent tout de la finalité de telles actions. Leur seul objectif semble être de communiquer en interne sur le fait que la marque employeur est sur Facebook. Mais 1. « The see through CEO », Wired, issue 15.04, mars 2007 : http://www.wired.com/wired/archive/15.04/wired40_ceo.html. À propos de la transparence dans l’entreprise, lire également The Naked Conversation, Don Tapscott, Pinguin, 2003. 84 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager ces actions restent souvent sans suite : les objectifs n’étant pas définis, la stratégie est inexistante, les reportings n’enseignent rien et au final, les budgets ne suivent pas. Il est crucial pour votre marque employeur de définir des objectifs clairs en termes d’image, de recrutement de contacts ou de candidatures. Arrêtez ces objectifs et quantifiez-les dans la mesure du possible. Cela vous permettra d’évaluer vos budgets en conséquence et ainsi de vous donner les moyens de vos ambitions. 2. Penser social L’erreur de débutant que commettent nombre de marques employeur consiste à répliquer les contenus du site web (offres d’emploi, flux d’actualités, vidéos, etc.) sur les médias sociaux et à les restituer de façon totalement statique. Une telle approche est contre-productive, car elle donne une image très figée et désuète d’une société pourtant présente sur le social, mais qui en ignore les codes. « Penser social », c’est adapter les contenus à la cible (d’autres angles, d’autres formats), faire en sorte qu’ils soient aisément partageables, et bien évidemment partir du principe que l’objectif est d’initier une relation, pas de créer une énième vitrine. Cela implique de proposer une expérience participative, reposant sur des applications personnalisées ou des fonctionnalités natives de plates-formes sociales. Une expérience dont la finalité sera de rendre plus vivante une marque employeur désormais plus proche des candidats et plus ouverte. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 3. Créer les conditions d’un échange constant L’expérience proposée doit donc être aussi interactive que possible. L’objectif est de repenser les rendez-vous traditionnellement organisés offline (en salon, en école), de telle sorte qu’ils soient à la fois plus productifs et qu’ils puissent toucher plus de candidats. Pour ce faire, plusieurs solutions existent. Sur Facebook, il est nécessaire d’animer les conversations sur votre Page : il n’y a rien de pire qu’une Page où il ne se passe rien, elle fera fuir les candidats. Vous avez également la possibilité de créer des rendez-vous entre un recruteur qui apparaît en vidéo live, et des candidats qui ont l’occasion de poser leurs questions – au besoin de façon anonyme. La Société générale fut parmi les premières marques employeur à mettre en place ce dispositif avec Push My Career, en proposant sur Facebook des séances de coaching en live aux candidats désireux d’augmenter leurs chances de succès. Le dispositif est naturellement adaptable à Twitter, qui se prête particulièrement bien à ce type de rendez-vous. Ernst and Young en organise de nombreux dans le monde entier, sur des thèmes relativement différents, en invitant ponctuellement des personnalités. 85 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager 4. Révéler de nouvelles compétences Les médias sociaux ont pour particularité d’être le lieu par excellence de l’expression et de la créativité. C’est une excellente raison pour utiliser ces deux paramètres pour qualifier les candidatures et proposer des concours ou des défis permettant aux candidats d’exprimer leurs talents cachés et d’activer leur réseau. Les entretiens standards permettent peu ou mal d’apprécier ces dimensions chez les candidats, et les médias sociaux peuvent le révéler concrètement. Les entreprises qui recherchent des personnalités fortes ont très vite compris en quoi les médias sociaux pouvaient leur être utiles. Par exemple, L’Oréal luxe a mis en place il y a quelques années une opération permettant aux candidats d’envoyer leurs vidéos. Conçue par Tigerlily Studio avec Tequila Rapido, cette opération avait un objectif simple : juger les candidats sur un nombre de critères assez complets liés à la vidéo elle-même et à leur capacité à la promouvoir. Résultat : une visibilité accrue et une première étape dans la qualification des candidats. 5. Comprendre et intégrer le modèle POEM* propre au social Les marques employeur pâtissent souvent d’un déficit d’image ou de notoriété. Elles ne peuvent par conséquent pas compter sur des communautés nombreuses, toutes acquises à leur cause. Il faut donc partir d’une feuille vraiment blanche, définir une stratégie originale et conquérir un nouveau public. Ce public est là, quelque part, mais aussi faut-il aller le chercher, avant même d’initier une action. Nombre de marques employeur font cette démarche, mais les campagnes qu’elles lancent ne touchent que quelques centaines de personnes au final. Pour construire sa communauté, il faut bien entendu des contenus récurrents, mais également faire en sorte que ces contenus – relayés auprès de votre cible – soient vus de façon aussi large que possible. Peu à peu, les utilisateurs touchés iront rejoindre votre communauté. Les marques employeur doivent en d’autres termes investir dans des actions organiques (contenus, expériences participatives ou interactives), dans des actions payantes (promoted post, promoted tweet, Page likes, custom audiences, etc.) et faire en sorte que la combinaison de ces actions donne lieu à une visibilité virale additionnelle. C’est ce que l’on appelle le modèle Paid, Owned, Earned Media (POEM), qui permettra à toute marque employeur d’atteindre les objectifs fixés et, ainsi, de faire évoluer durablement la manière dont elle communique et dont elle recrute. 86 2 Chapitre Les cinq métiers du community manager Conclusion © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Loin de considérer ces différents métiers de façon distincte, il faut au contraire les concevoir comme nécessaires les uns aux autres. Les fondateurs de Basecamp considèrent par exemple leurs blogs comme un moyen de communiquer à la fois sur leur culture d’entreprise, sur leurs méthodes de travail et sur leurs produits. À travers eux, ils gèrent d’un seul tenant la culture d’entreprise, l’influence, le marketing produit, les relations presse et, pour les blogs produits, le service client. De la même façon que la forme ultime de publicité est un produit qui parle pour lui-même (et fait parler), la forme ultime de community management est une communauté qui parle d’elle-même pour la marque et engendre de façon indifférenciée : un sentiment positif, des clients satisfaits, de nombreux prospects et une presse qui en redemande. Aujourd’hui Basecamp jouit d’une aura sans égale, d’une base de plus d’un million de clients fidèles et d’une presse dithyrambique, sans s’être pour autant concentré de façon spécifique ni sur le marketing, ni sur les relations presse, mais plutôt sur leurs produits et leurs clients. Avoir une culture forte et partager les termes de sa culture, voilà, au final, l’unique but d’un community manager qui permet d’être gagnant sur tous les terrains. 87 Chapitre 3 Les cinq spécificités sectorielles du community management A u-delà des cinq métiers étudiés jusqu’à présent, il est intéressant de considérer la manière dont le community management est mis en œuvre d’un secteur à l’autre. De la même manière que le marketing diffère dans le secteur du luxe ou des causes humanitaires, de la grande consommation ou du sport, le community management comporte différentes dimensions en fonction des secteurs d’activité. Nous nous intéressons ci-dessous à cinq domaines particuliers. Il en existe bien sûr une multitude d’autres qui appellent des compétences spécifiques en termes de community management, comme le secteur des jeux vidéo et des univers virtuels par exemple. Les domaines retenus ont toutefois ceci de particulier que le public y occupe une place de choix et que le community management y est appelé à devenir un métier clé. Il s’agit de la politique (élargie aux ONG, et aux institutions), des médias, de la culture, du luxe et des grands groupes. 1. Animer une communauté au service d’une cause, de la chose publique ou d’un service public Mots-clés ■■ Chose La politique et plus largement les causes défendues par les ONG se prêtent à des méthodes de community management particulières axées sur : ■■ Le ciblage de communautés très spécifiques, susceptibles de relayer les messages. ■■ La diffusion et l’explication d’idées auprès du plus grand nombre, pour sensibiliser de nouveaux publics. publique ■■ (Bonnes) Causes ■■ Coordination ■■ Médiation ■■ Transmédia ■■ Relation ■■ Personnalisation 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management La mise en place de collaborations avec d’autres entités proches (partis ou ONG) et des partenaires (médias, organisations, figures populaires). ■■ Une capacité de traitement des messages et de réponse élevée. Animer des communautés pour servir une cause implique d’être extrêmement transparent (car l’activité des organisations repose souvent sur les dons) et de participer activement aux conversations de la communauté, pour répondre le cas échéant à ses questions, communiquer, expliquer et défendre de nouvelles idées. ■■ Cas pratique La campagne Obama 2008 Change.gov est mis en ligne le jour de l’investiture de Barack Obama. Sa structure est particulièrement éclairante sur la manière dont Obama place la communauté au centre même de sa politique. Premier point remarquable : les citoyens américains figurent au sommet de l’organigramme du pouvoir, ce qui semble logique dans une démocratie, mais bizarrement atypique dans un organigramme de pouvoir où seule une personne figure d’habitude au sommet. En plus de cet effet d’annonce, que certains pourraient taxer de démagogue, Change.gov dispose de fonctionnalités participatives qui permettent à ceux qui le souhaitent de poser des questions ou de témoigner. Au-delà de cette plate-forme, l’ensemble de la campagne illustre admirablement quelques principes clés du community management : ■■ ■■ ■■ ■■ Distribuer le pouvoir en donnant aux militants locaux des plates-formes pour collaborer et des outils pour agir. Conçu pour financer les voyages des militants dans les « swing-states », Obamatravel.com fut par exemple une initiative indépendante, initiée par des militants d’Obama. Délivrer et surtout illustrer un message fort, en insistant sur la volonté de changer la politique tout en innovant dans la manière de faire campagne. Offrir des expériences extraordinaires : la mobilisation des artistes autour du candidat démocrate contribua à la diffusion d’une myriade de contenus musicaux, vidéos et picturaux, sur les sites de partage (YouTube, Flickr), qui contribua grandement à faire d’Obama un symbole plus encore qu’un simple candidat (voir les affiches de Shepart Fairey1). Être constructif, même face aux critiques, en minimisant celles venant du camp adverse tout en restant concentré sur le propos de la campagne. D’où ce surnom attribué par un journaliste de « No drama Obama »2. 1. http://obeygiant.com/post/obama 2. Ryan Lizza, « Battle plans : how Obama won », The New Yorker, 17 novembre 2008 : http://newyorker.com/reporting/2008/11/17/081117fa_fact_lizza via The Whuffie Factor, de Tara Hunt. 90 3 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management Au-delà de ces tâches relativement classiques, de nouvelles apparaissent qui tentent d’impliquer plus directement et immédiatement le public. La première consiste à assigner aux membres les plus actifs de la communauté des missions spécifiques et à transformer ainsi une partie de la communauté en un bataillon de militants formés et organisés. C’est ce qu’ont initié les démocrates américains, notamment Howard Dean et JoeTrippi – son manager de campagne –, lors de la campagne présidentielle américaine en 2004. En axant sa campagne autour des trois mots d’ordre d’autorité décentralisée, de leadership émergent et de militants locaux investis de nouveaux pouvoirs1, Howard Dean est parvenu à impliquer davantage sa base d’électeurs, en mobilisant audelà d’elle un électorat qui jusqu’alors n’avait pas le sentiment d’être entendu ni de pouvoir s’exprimer. Depuis, la stratégie de Dean a fait école, reprise puis améliorée par d’autres démocrates, notamment Barack Obama qui l’a mise au centre de sa campagne et élargie à d’autres domaines tels que la culture (des clips musicaux aux posters, la campagne Obama est sans doute celle qui aura suscité le plus de créations dans l’histoire des présidentielles américaines). Au jour de son investiture, Obama disposait d’une base de 13 millions d’e-mails, avait reçu de l’argent de plus de 3 millions de donateurs et disposait sur son site principal de 2 millions de membres et d’une équipe de militants de quelque 1,2 million de personnes ayant formé plus de 20 000 personnes à l’organisation de communautés. Le plus important sans doute dans l’approche d’Obama est la manière dont sa gestion des communautés politiques s’inspire des principes démocratiques les plus élémentaires. À la fois promotrices et conceptrices du message politique qu’elles défendent, ces communautés ont le sentiment de partager à nouveau leurs idées et leur destin. Entre 2008 et 2015, l’administration Obama a poursuivi ses efforts, sollicitant ses communautés à chaque fois que cela s’avérait nécessaire, pour faire passer une loi importante (notamment sa réforme sur le Healthcare) ou en vue d’élections pour le Sénat ou le Congrès, et proposant des discussions ponctuelles et informelles à la faveur de dîners (Dinner with Barack). Ceci montre que loin d’être simplement un 1. Voir l’article « How the Internet invented Howard Dean », Wired : http://www.wired.com/wired/archive/12.01/dean.html. 91 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management outil de campagne relevant du marketing, l’animation de communauté devient peu à peu un instrument à part entière du politique, qui s’avère nécessaire au quotidien, autant pour mobiliser les communautés sur des sujets forts, que pour écouter ce qu’elles ont à dire. Lors des élections présidentielles en 2012, Obama bénéficiait du soutien d’une communauté bien plus importante (plus de 26 millions de likes sur Facebook et 13 millions de followers sur Twitter), rassemblée et fidélisée durant son mandat. Dans le même temps, il a diversifié ses points de présence sur Tumblr, Google+ ou encore Instagram ; il a introduit de nouveaux supports de communication (tels que les infographies, voir ci-dessous) ; et il a employé des outils comme Twitter de façon originale pour promouvoir ses messages (voir Tweet for Jobs ci-dessous). Il a introduit également sur le site de la Maison-Blanche un espace participatif, destiné à recueillir toutes les pétitions et à répondre aux questions (https://petitions.whitehouse.gov/). Figure 3.1 92 Obama #1 – Infographie 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management Tweet for jobs © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Gavin Newsom sur Facebook Figure 3.2 Cas pratique L’ancien maire de San Francisco était très volontariste lorsqu’il s’agissait d’animer ses communautés en ligne. Offrant tout à la fois sur Facebook des informations actualisées et des rendez-vous live (par le biais de Ustream.com), il proposait également à ses fans (plus de 140 000 à ce jour sur sa page Facebook) de relever des missions pour promouvoir de différentes manières le discours et les actions de Gavin Newsom. Cette application était particulièrement intéressante. Elle permettait tout d’abord de collecter les coordonnées des membres les plus actifs, qui pouvaient être sollicités ultérieurement pour d’autres actions. Elle présentait également l’avantage d’assigner des tâches très spécifiques (promotion d’événements locaux, contact des personnes qui disent du bien de Newsom sur Facebook) et d’identifier les plus plébiscitées. L’application tirait également parti de certaines fonctionnalités de Facebook pour rendre les messages plus viraux (recruter cinq amis pour devenir des Facebook captains, poster un bouton Newsom sur votre profil). Enfin, elle portait en elle des éléments de jeu, puisqu’il s’agissait pour les plus actifs de remplir l’ensemble des missions pour s’avérer être un bon capitaine. 93 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management Si le concepteur de l’application était allé plus loin et que le community manager s’était avec lui inspiré davantage des principes du game design, il aurait été possible de donner plus de visibilité au sein de la communauté aux capitaines qui remplissaient le plus de missions, incitant ainsi les autres à faire de même. Figure 3.3 La Page de Gavin Newsom FB captain Pour approfondir : http://www.facebook.com/GavinNewsom Cas pratique La love team de voyage SNCF Les entreprises publiques, semi-publiques ou privatisées depuis peu (si peu qu’on les considère encore comme publiques) sont investies d’une énorme responsabilité. On leur demande des comptes sur tout, le moindre problème devient inacceptable. Impossible dans ces cas-là de décevoir, ces entreprises, la SCNF en tête, doivent être à l’écoute et rendre des comptes. Face à ce constat, la direction de Voyage-sncf, une filiale de la SNCF, a pris le taureau par les cornes. Constituant un groupe de personnes issues de différents départements (le pôle social media, le service clients et le pôle technique notamment), elle a mis en place il y a environ deux ans la 94 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management love team. Une équipe chargée d’identifier tous les messages importants recueillis via e-mails, sur le site, les forums et les médias sociaux, et de les aborder chaque semaine à la faveur de réunions visant à traiter les problèmes remontés un à un. Si ce type d’initiative reste encore rare dans les grands groupes, il n’en reste pas moins exemplaire en ce sens qu’il illustre la capacité d’une société à écouter, comprendre et agir en fonction des messages adressés par la communauté. Cela implique un travail constant, qui néanmoins s’avère payant : l’entreprise s’affirme comme plus responsable et instaure avec son public une relation positive dans laquelle les questions sont identifiées, approfondies et résolues. C’est, comme le reconnaît Yaelle Teicher, community manager et membre actif de la love team, plus vrai encore sur les médias sociaux, qui encouragent les interactions, et permettent ainsi de cerner les problèmes en détail. Pour approfondir : http://www.votre-avis-voyages-sncf.com/fr 2. Animer une communauté autour d’un média © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Animer une communauté autour d’une information Le community management au sein d’une chaîne de télévision ou dans la presse papier est un exercice délicat. Cela implique d’être directement confronté au public, à ses réactions, prises à partie, commentaires – constructifs ou non. Avant l’avènement du web, les médias avaient le monopole de la parole. Ils sont aujourd’hui amenés à la partager, au jour le jour, avec un public réactif, parfois critique et militant. Les informations ont cela de délicat qu’elles se consomment dans l’instant et peuvent se répandre de manière virale. D’où la nécessité de rester vigilant et de participer à la parole qui entoure l’information, de laisser libre court aux réflexions tout en limitant autant que possible les écarts d’interprétation ou de parole. Le community manager journaliste est à la fois garant de l’intégrité de l’information mais aussi de la qualité de ce que la communauté produit autour de cette information. Cela implique de consacrer une part de temps importante à susciter, à modérer et éditorialiser les contenus produits par le public, qu’il s’agisse de commentaires ou articles envoyés (c’est le cas lorsque des médias accueillent des « citizen reporters » ou invitent leurs lecteurs à prendre une part active dans la création du journal). 95 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management En France, la presse en ligne laisse une place croissante à l’expression du public, c’est le cas de Mediapart (http://www.mediapart.fr/club/ participer) ou encore Rue 89 et l’Info à trois voix. Le Huffinghton Post par ailleurs met en avant les contributions de bloggeurs directement sur sa page d’accueil. Les journalistes écoutent davantage, sélectionnent les documents et éditorialisent les opinions. Dans un tout autre registre, des médias plus spécialisés comme Skyrock ont su tirer remarquablement parti des blogs en continuant, comme ils le faisaient déjà sur leur radio, à donner largement la parole à leur public. Le média d’opinion est par là revisité. Les journalistes, dans ce cadre, sollicitent, distribuent et ordonnent la parole. Sur leurs médias, leurs comptes Facebook ou Twitter, ils s’improvisent community managers en interagissant avec une communauté qu’ils appréhendent peu à peu comme un prolongement d’eux-mêmes. Aux États-Unis, CNN est exemplaire dans son rapport à la communauté : appels à témoignages par le biais de ireport (http://ireport.cnn.com/?cnn=yes) et à l’action par le biais d’impact (http://www.cnn.com/SPECIALS/2007/impact/). Dans ce contexte, CNN ne se contente plus de diffuser simplement l’information mais devient une chambre de résonance dans laquelle le public communique directement et devient le premier acteur de l’information. Le community management, dans ce cas, se trouve à mi-chemin entre le travail de journaliste (qui vérifie, produit et ordonne le contenu) et celui de médiateur dont la tâche est de rendre compte des réactions du public et de la position du journal par rapport à elles. Les médias étant aujourd’hui bien plus participatifs, la médiation est revisitée par le community manager, qui fait ce travail au jour le jour de manière minutieuse et continue. 44440 Animer une communauté autour d’un programme (trans)média À mi-chemin entre les médias et la culture, certaines œuvres audiovisuelles s’envisagent sur plusieurs médias qui contribuent chacun à leur compréhension globale 1. Ces œuvres transmédias offrent par leur nature plusieurs portes d’entrée au public pour rentrer dans les histoires : vidéo sur mobile, texte sur un blog, image sur Facebook, épisode TV, question sur Twitter. Concevoir une œuvre transmédia, c’est pla1. http://en.wikipedia.org/wiki/Transmedia_storytelling 96 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management nifier plusieurs parcours possibles de manière à laisser le spectateur déambuler librement entre les médias et avancer dans l’univers. Seulement, planifier une œuvre transmédia permet juste d’en préparer la production et de pouvoir mieux se concentrer le moment venu sur l’accompagnement du public. Contrairement à un programme audiovisuel classique ou à un film, une large partie de l’œuvre transmédia est produite en même temps que diffusée. Ceci permet d’avoir de manière presque immédiate la réaction du public en fonction de l’évolution des histoires et d’adapter ces dernières en conséquence. C’est à la fois dans ce travail de production et d’adaptation qu’interviennent les community managers : ils commentent, relancent, modèrent, endossent des rôles différents (en cas de fiction), exposent les règles, assistent les membres du public les plus à la traîne, défient ceux le plus en avance. Leurs rôles sont alors particulièrement variés puisque viennent s’ajouter aux compétences évoquées ci-dessus une bonne connaissance des projets transmédias, un certain talent d’improvisation pour interagir avec le public dans le cadre narratif défini par le(s) auteur(s) et une expérience du design de jeu pour engager le public dans l’histoire, varier ses plaisirs et le surprendre. Pour avoir suivi ce type d’expérience de près, il me semble intéressant de revenir sur le cas précis d’une série transmédia produite par Happy Fannie 1. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Happy Fannie : accompagner une œuvre transmédia auprès du public Cas pratique En février 2010, Happy Fannie, société de production transmédia, lance Faits divers paranormaux (FDP), une série de Jean-Christophe Establet qui se déplie sur le web, la télévision et la réalité. C’est l’aboutissement d’un long travail de préparation effectué tout à la fois par l’auteur, les producteurs (Sandrine Girbal et moi-même), un game designer (Renaud Boclet de Fremen Corp.), un experience designer doublé d’un lead community manager (Julien Aubert de Story Factory et Fais-moi jouer). Les travaux sont accompagnés par Orange, notamment Morgan Bouchet et Stéphane Adamiak. La préparation repose à la fois sur l’appropriation progressive de l’univers FDP par l’équipe, sur la définition des différentes phases du projet et de leurs temps forts et sur l’établissement d’un audit 1. L’auteur est l’un des associés de cette société de production. 97 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management de communautés pour préciser le public ciblé. Enfin, les grands axes de la charte de community management sont rédigés en vue du lancement. Au départ, le personnage principal – Jean-Christophe Déniarié – prend la parole sur un blog. Des personnages annexes prennent vie autour de lui, commentent le blog et commencent à exister sur Facebook. Les community managers endossent des rôles, acceptent des amis, commentent des blogs pour initier des conversations et constituer une communauté. Le public au départ est titillé, ne sachant pas au juste ce qui lui est donné à voir. Il prend peu à peu ses marques, à mesure que les community managers (Julien Aubert et Guillaume Ladvie) partagent les informations et laissent à voir un univers ample, riche en vidéos, en références et en exemples. Dans un second temps, une plate-forme web est lancée, qui se veut plus riche et plus engageante. Elle marque une évolution dans l’histoire. JeanChristophe est désormais reconnu et se découvre une nouvelle dimension : il va passer à la TV. L’univers s’étoffe avec une encyclopédie et propose à la communauté de témoigner sur des faits divers paranormaux. Suivent des défis et des quiz qui permettent aux plus engagés de s’impliquer davantage. Les community managers sollicitent les plus actifs et encouragent les membres de Facebook à interagir sur la page, puis sur le site. Ils fluidifient ainsi le parcours du public entre les différents jalons de l’univers sur les médias sociaux : le premier blog, Facebook, Twitter et la plate-forme web principale. Une fois la diffusion de la série annoncée sur Orange cinema series, le parcours du public se poursuit sur Video party et Orange cinema series. Un nouveau public rejoint le site, que les community managers doivent accueillir pour faciliter son immersion et l’amener à suivre dans le même temps la série TV et les prolongements des histoires en ligne. Une fois la série de 26 épisodes diffusée sur Orange cinema series, l’intrigue se poursuit dans un chassé-croisé entre web et réalité pour comprendre la disparition du frère du personnage principal. L’action des community managers s’amplifie encore en ligne et se déporte également dans la réalité pour donner plus de force aux enquêtes et impliquer les membres de la communauté. S’étirant sur près de quatre mois, le projet aura requis un grand nombre d’actions de community management : ■■ Écriture d’articles ou de commentaires au nom de personnages fictifs. ■■ Diffusion de vidéos, d’appels à témoignages et de lancements de défis. ■■ 98 Monitoring pour cerner la manière dont l’univers est compris, perçu et traité. 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management ■■ ■■ ■■ ■■ Analyse d’indicateurs pour identifier les communautés et les relais d’influence. Accompagnement des publics : explicitation des règles, incitation à participer de différentes manières, gestion des réfractaires. Création de systèmes de renvois entre les différents points de présence sur les médias sociaux. Organisation de réunions de communautés dans la réalité. Si le community manager transmédia commence par jouer des personnages, sa mission est de parvenir à faire jouer le public progressivement et à l’inviter dans l’univers, au point d’en faire un agent qui participera à son expansion (en créant des histoires, en invitant ses amis, en relevant des défis). Pour approfondir : http://www.happyfannie.com/index.html © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. L’animation de communauté nécessite au final une somme significative de compétences et requiert une connaissance approfondie des problématiques et des communautés propres à chaque domaine. Mais ces compétences ne sont rien si vous n’avez pas d’emblée une intelligence globale des communautés. Ces dernières peuvent participer à la vie de l’entreprise en la faisant évoluer dans tous les aspects de sa communication, de son offre et de sa culture. C’est sur la base de ce postulat que vous pourrez tirer parti de vos interactions avec elle et devenir ainsi pour votre organisation à la fois un vecteur de progression et un facteur de changement. 3. Animer une communauté autour d’une œuvre Depuis l’impulsion initiale de Malraux, l’État français a été très attaché à la démocratisation culturelle. Si aujourd’hui bon nombre d’élites politiques en ont fait leur deuil, les institutions mettent néanmoins en œuvre des politiques des publics volontaristes1. Elles investissent davantage dans les initiatives à l’égard de différents publics et dans des ressources de médiation culturelle. Elles sont toutefois confrontées 1. Le discours du Louvre est à cet égard assez représentatif : http://bit.ly/politiquedespublics. 99 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management à une évolution des usages. L’expérience culturelle évolue à la faveur de l’émergence de nouveaux écrans1. La culture n’est plus consommée de la même façon et les œuvres d’hier doivent être recontextualisées pour toucher des publics plus jeunes, moins disposés à aller à leur rencontre. C’est à présent aux œuvres de venir à eux. Dans ce contexte, animation de communautés se conjugue avec médiation culturelle. Animer ne signifie plus seulement initier des conversations mais également susciter des expériences culturelles et accompagner ceux qui souhaitent prolonger cette expérience en ligne. Tout l’enjeu du community manager est de faire en sorte que l’expérience culturelle ne subisse pas le même sort que la plupart des contenus culturels sur Internet, trop souvent consommés, rarement digérés. Cas pratique Le community management au service d’un musée, par Diane Dubray, Pdg de Buzzeum D’un espace de diffusion et communication supplémentaire à une nouvelle expérience muséale, Internet est actuellement perçu comme un nouvel espace d’échange et de médiation, fonctionnant grâce à de nouveaux supports (site Internet, réseau social, blog) et de nouveaux médias (Facebook, Twitter, YouTube). Le musée se place ainsi comme acteur et non plus comme centre des échanges en ligne, apprenant des internautes autant que l’on peut apprendre des musées. Partant du constat que nous allions rouvrir un musée monographique dont l’artiste était assez peu connu (pourtant peintre majeur du xixe siècle et lauréat du Prix de Rome en 1843), nous avons voulu rendre vie à JeanJacques Henner sur Internet et créer une communauté de passionnés et d’artistes s’inspirant des codes esthétiques d’Henner. Le site Henner intime est ainsi né, dévoilant les secrets de la vie et de l’art d’Henner et centralisant tous les aspects de sa vie en ligne, passant d’archives inédites à des commentaires ou contenus publiés sur Facebook, Flickr et Dailymotion. En lui rendant vie à travers la création d’un profil sur Facebook, nous avons voulu montrer à quel point l’art et la personnalité pouvaient encore trouver écho dans la société contemporaine. D’artistes s’inspirant de ses œuvres à des passionnés avides d’informations inédites, les « amis » de Jean-Jacques Henner ont vu revivre cet artiste proche de leur monde. 1. « Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique », Éléments de synthèse 1997-2008, Olivier Donnat. http://www2.culture.gouv.fr/culture/deps/2008/pdf/cetudes-09-5-pcf.pdf 100 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management 3 Un réel travail de documentation autour de la vie, de l’art et de la personnalité d’Henner a donc été nécessaire pour pouvoir commenter l’actualité contemporaine suivant ses goûts et passions et répondre aux demandes des internautes. La médiation autour de Jean-Jacques Henner se fait ainsi à travers ces nombreux nouveaux médias dont regorge Internet, qui nous permettent de diffuser une banque de données images (10 300 vues sur Flickr depuis octobre 2009), des vidéos événementielles et interviews (plus de 5 000 vues sur Dailymotion depuis octobre 2009), des textes et citations (près de 700 amis sur Facebook/6 000 visites uniques sur Henner intime), mais aussi de répondre en direct aux interrogations des internautes et de donner des clés de compréhension et de traduction des œuvres. Ainsi, de la création d’un web BD inspirée de l’univers d’Henner à des blogueuses de mode qui ont analysé l’esthétisme d’Henner et son influence dans les tendances 2009, Henner intime est devenu le reflet de l’influence d’un artiste du xixe siècle sur la société actuelle, exploitant toutes les nouvelles règles de communication que nous apportent les nouveaux médias. Des blogs aux communautés de Facebook, Flickr et Dailymotion, Henner en ligne va chercher sur l’Internet actuel les acteurs futurs de la renommée de Jean-Jacques Henner et adopte ainsi une communication transversale. Mais c’est aussi à travers ces nombreux nouveaux médias en ligne que nous pouvons instaurer une nouvelle médiation. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. http://www.flickr.com/photos/hennerintime/ http://www.facebook.com/jeanjacques.henner http://www.dailymotion.com/Henner-intime http://www.henner-intime.fr/ Pour approfondir : Le blog de Nina Simon (US) : http://museumtwo.blogspot.com/ Le blog d’Audiovisit (mobile) (FR) : http://www.museomobile.blogspot.com/ Le blog d’Agenda (FR/UK) : http://www.museumstrategyblog.com/ Le blog de Jim Richardson/SUMO (UK) : http://www.museummarketing.co.uk/ Le blog du Powerhouse Museum (Sydney) : http://www.powerhousemuseum.com/dmsblog/ 101 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management 4. Animer une communauté au service d’une marque de luxe Pour faire suite à l’art, le luxe s’envisage comme un art de vivre. Loin de se résumer à une somme de produits, il implique également une certaine relation aux clients. Aussi les objets et services s’accompagnent-ils de délicates attentions et d’un égard constant pour le client qui – plus encore qu’ailleurs – est roi. À cet égard, les liens entretenus avec la communauté de happy fews se doivent d’être plus forts et plus intenses. Ce qui est en jeu n’est pas une transaction mais plutôt une manière d’être, la possibilité de demeurer toujours dans un état de beauté et d’exception. Le community manager dans ce contexte doit se fondre dans ce milieu et en épouser les règles. Mieux, il doit s’en faire l’ambassadeur et ainsi mener sa communauté. Le luxe est affaire d’image et d’attentions donc. De goûts aussi, partant de prescription. La rue à cet égard n’est plus seulement une source d’inspiration pour les créateurs, elle influence désormais le marché. Longtemps pionniers dans ce domaine, The Sartorialist (http://thesartorialist.blogspot.com) a depuis fait des émules aux quatre coins du monde et jusqu’en France, avec par exemple Garance Doré (http://www.garancedore.fr). Certaines maisons de luxe parmi les plus innovantes dans les médias sociaux ont intégré ceci dans leur communication, à l’exemple de Burberry avec son Art of the trench (http://artofthetrench.com). Figure 3.4 102 Art of the trench : les influenceurs dans la rue Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management 3 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Le site est un savant mélange de photos saisies sur le vif par The Sartorialist, des passants et des photographes. La mode se découvre riche et variée. L’occasion est donnée à chacun de revisiter le trench, de le photographier, de le commenter, de l’aimer et de le partager par le biais de Facebook Connect. La communauté entière devient influenceuse. Le plus souvent toutefois, les influenceurs restent des happy fews, une sorte d’élus comme le dit Eric Briones (Darkplanneur), choisis par les community managers, qui agissent comme des apôtres au service de la marque. La hiérarchie est alors bien plus marquée que dans les autres communautés, et les échanges plus intéressés. Les influenceurs comme les community managers posent toutefois des conditions aux marques qu’ils mettent en avant, afin de toujours communiquer à leur manière et d’offrir à leurs communautés une forte valeur ajoutée. C’est le cas, par exemple, de Fubiz en France sur des marques de luxe telles que Veuve Cliquot1, ou de Monocle en Angleterre qui éditorialise la présence de nombre de ses sponsors, notamment sous la forme de podcasts. Le luxe a ceci d’unique qu’il attire sur lui énormément de lumière et entretient dans le même temps une culture du secret et parfois de l’effacement. En ceci les marques ont chacune leur principe, leur catéchisme pour ainsi dire, qui veut qu’Hermès par exemple communique de façon différente de Dior ou encore de Chanel. Le community management reprend à l’identique ce catéchisme et se voit entièrement défini par lui, ce qui explique à quel point il échappe à toute définition, dans ce milieu plus qu’ailleurs. 5. Animer une communauté au service d’un grand groupe Les grands groupes sont assez similaires aux maisons de luxe en ceci qu’ils font beaucoup parler d’eux sans pouvoir s’exprimer comme ils le souhaitent. Leurs moindres paroles sont guettées, interprétées et amplifiées. De fait, parler au nom d’un groupe est un exercice ardu. La pression sur l’information est forte et la latitude pour s’exprimer limitée. Autant, dans ce cas, privilégier la franchise et la transparence. Dans cette situation, voici les conseils de Lionel Fumado, corporate community manager à la direction de la communication d’Orange. 1. http://www.fubiz.net/2009/04/23/veuve-clicquot/ 103 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management 44440 Par quoi commencer ? On doit avant tout être à l’écoute afin d’être en phase avec l’actualité de sa communauté et de constituer ainsi un réseau d’alliés et d’ambassadeurs de sa marque. À travers ces écoutes, le community manager corporate sera capable de mesurer les fluctuations de l’e-réputation de sa marque. Il sera également capable d’identifier les opportunités et les risques liés à ces conversations. Une opportunité pourra permettre de rebondir, de communiquer sur un point favorable ou de valoriser les membres influents de sa communauté. Identifier les signaux faibles des risques potentiels débouchera sur une alerte auprès des personnes concernées et, le cas échéant, sur la mise en place d’un plan de communication adapté. 44440 Où prendre la parole ? Cela peut être sur son site institutionnel, dans son espace sur un réseau social, ou encore dans l’espace d’un utilisateur. Il est important d’identifier d’où vient la crise pour la traiter. Un community manager corporate sera probablement légitime pour gérer une polémique venant d’un blog, mais il devra dans la plupart des cas coordonner sa prise de parole avec les autres communicants de son entreprise. 44440 Quand ? Une des forces du community manager corporate est sa capacité à être proactif. Les communautés en ligne n’ayant pas pour habitude de solliciter directement une marque ou d’attendre un communiqué de presse officiel, c’est à lui de prendre la parole au même niveau que ses interlocuteurs. Cette prise de parole devra être mesurée et obéir aux règles préalablement définies. Réagir vite est parfois nécessaire, mais dans d’autres cas attendre que la fièvre tombe un peu permet d’être mieux entendu. Le rythme de communication aussi est important. Répondre spontanément peut générer des attentes trop contraignantes. Un rythme trop lent pourrait dans l’autre sens écarter le community manager de la conversation. 104 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management 44440 3 Auprès de qui ? Sur un site éditorialisé, il est souvent pertinent de contacter directement l’auteur d’un billet pour lui donner les informations pertinentes par rapport au sujet traité. Dans d’autre cas, on peut prendre la parole en public. Dans ce cas, il ne faut jamais perdre de vue que l’on ne cherche pas à convaincre un interlocuteur mais que l’on parle à une majorité silencieuse de lecteurs. 44440 Comment ? © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Le ton est important. À chacun de définir son ton suivant son auditoire. En règle générale, mieux vaut être personnel, cordial (ou du moins poli) et le plus factuel possible. Même si on peut être pris à parti, il faut si possible éviter d’entrer dans un débat ou procès d’intention. 105 3 Chapitre Les cinq spécificités sectorielles du community management Conclusion Vous pourrez être amené à vous spécialiser progressivement dans ces différents domaines. Vous disposerez non seulement de compétences propres à votre domaine d’activité, mais surtout d’un réseau précieux que vous pourrez par la suite valoriser dans d’autres entreprises évoluant dans le même domaine. Ceci dit, il est intéressant de s’intéresser aux autres domaines d’application du community management. Les pratiques et les outils sont en effet poreux d’un domaine à l’autre : la manière dont un community manager se sert du game design dans l’univers du jeu peut par exemple inspirer un community manager qui souhaite impliquer un public dans une histoire, ou amener des visiteurs à utiliser davantage une interface. À plus d’un égard, le community manager est un acteur transversal dont la vision embrasse différentes disciplines. Cette vision l’amène à s’inspirer de ce qu’il voit pour enrichir sa pratique et en renouveler les termes. 106 Chapitre 4 Les outils d’animation indispensables du community management L es outils que vous utilisez dans le cadre de votre travail de community management disent beaucoup de vous : votre degré de connaissance en matière de médias sociaux ; votre prédilection pour les outils de conversation, de participation, de collaboration ou encore de monitoring et de tracking ; votre aptitude enfin à opter pour les bons outils en fonction de vos besoins, de vos objectifs, du type d’opération dans laquelle vous êtes engagé, du domaine dans lequel vous travaillez et des communautés que vous visez. Opter pour les bons outils est un défi constant : il faut régulièrement en tester de nouveaux, en adopter certains, savoir évoluer lorsque c’est nécessaire mais pas trop. Le changement, pour être positif, ne doit pas être permanent et dicté par la nouveauté, cela serait contre-productif. Mieux vaut se concentrer sur l’optimisation des outils existants et capitaliser ainsi sur l’expérience. Ce chapitre présente des outils génériques. Il n’a pas vocation à être exhaustif et se concentre plutôt sur des services fiables qui illustrent les fonctionnalités pouvant vous être utiles. Au-delà, il faut identifier les fonctions essentielles, les usages induits, et comprendre sur quels critères vous devez Mots-clés choisir vos outils. Ce chapitre doit vous aider à faire ces ■■ Collaboration choix. L’apparition quotidienne de nouveaux outils et leur évolution rendent ces choix nécessaires et éminem■■ Conversation ment stratégiques. ■■ Workflow ■■ Tracking ■■ Participation ■■ Interaction ■■ Monitoring 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Les outils en interne : pourquoi et comment les introduire ? Il peut paraître surprenant d’entamer cette liste par des outils destinés à l’entreprise elle-même. Néanmoins le community management passe par la mise en ordre de sa propre communauté, et plus précisément : ■■ par l’organisation du travail, afin que chacun ait une visibilité, au moins au sein du même département, sur ce que fait l’autre ; ■■ par la circulation de l’information ; ■■ et surtout par la définition d’un contexte pour faire fructifier cette dernière. 44440 L’approche pas à pas : informer, collaborer, puis discuter Introduire de nouveaux outils dans l’entreprise n’est jamais facile, même lorsqu’il s’agit d’une TPE. C’est la raison pour laquelle il faut privilégier au départ des outils simples d’emploi qui offrent une expérience utilisateur agréable et sont accessibles (si possible à l’intérieur du navigateur). Les premiers outils auxquels on pense ont vocation à compléter les courriels, voire à s’y substituer en ce qui concerne les courriels internes. Ce sont des outils collaboratifs, qui encouragent la conversation et l’échange régulier d’informations autour des sujets qui touchent de près ou de loin l’entreprise. Yammer ou encore Jive furent conçus pour cela : échanger autour de tous les sujets et documents de travail et partager des informations en groupe ; autrement dit, à la fois travailler de façon collaborative et échanger de façon plus ouverte et fréquente. BONNES PRATIQUES Adopter et faire adopter Yammer Yammer est une plate-forme collaborative pour entreprise. Elle permet entre autres d’échanger des liens et de communiquer toutes les informations suffisamment importantes pour être partagées mais pas assez pour déranger vos collaborateurs. C’est un outil pertinent si vous travaillez au sein d’une large équipe. 108 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 Remplissez bien votre profil, indiquez votre poste et réglez vos paramètres pour ne pas recevoir trop de mails. Vous pouvez créer pour les besoins de votre département un groupe qui lui est consacré. N’hésitez pas à indiquer sur quoi vous travaillez, dès que vous changez de tâches, sauf si vous êtes un adepte du multi-tasking. Si vous avez la responsabilité d’animer l’espace de discussion, n’hésitez pas à écrire un petit mot aux nouveaux arrivants que vous verrez en vous abonnant au tag « #joined ». Participez aux conversations, initiez ou relancez des débats sur des points qui vous paraissent importants. Développez un petit groupe d’utilisateurs intensifs de Yammer qui peuvent expliquer les outils et faire découvrir de nouveaux usages. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Tester : http://www.yammer.com/ Si vous évoluez dans une petite structure, il est nécessaire de définir ce qui compte le plus pour vous afin de vous orienter vers des solutions plus spécifiques que Yammer. Des outils plus légers tels que Slack vous seront très utiles. Il s’apparente plutôt à un outil de chat, à ceci près qu’il est conçu pour l’entreprise : discussions directes d’une personne à l’autre ou en groupe, publiques ou privées, échange instantané de documents, intégrations multiples avec d’autres applications d’entreprise, Slack est l’outil parfait. C’est pour ma part la seule solution que je sois parvenu à faire adopter en moins d’une semaine par une équipe de plus de 25 personnes. Gestion de projets : Basecamp1 est à la fois simple et complet. L’outil permet d’envoyer des messages, de créer des to-do-lists et de les assigner à des personnes, de définir des dates limites, de rédiger et d’uploader des documents et enfin de chater. L’aperçu général permet d’observer la progression des équipes projet par projet et les actions accomplies. Au final, l’application s’avère idéale pour gérer les tâches, les attribuer et les gérer. Son utilisation est facile et agréable, ce qui permet à ceux qui sont le moins disposés à adopter ce type d’outils d’y prendre néanmoins goût rapidement. L’application convient à des entreprises de tailles petites et moyennes : elle est limitée mais répond aux besoins récurrents de chacun. Elle est néanmoins utilisée par des entreprises importantes, telles qu’Adidas, Warner Bros ou encore WWF. Si vous 1. http://basecamphq.com 109 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables souhaitez essayer Basecamp et qu’il vous paraît pertinent au regard de votre travail et de votre domaine d’activité, recommandez-le à vos collaborateurs en les aidant à tirer parti de l’outil et en insistant sur les fonctionnalités qui leur apportent des solutions. Les alternatives à Basecamp sont nombreuses : les PME pourront opter pour des solutions équivalentes telles que Redbooth1 ou Glip 2 . Gestion de la connaissance : Pbworks 3 est l’outil de collaboration par excellence. Conçu comme un wiki, il permet essentiellement d’éditer et de gérer des documents à l’intérieur de l’entreprise : les informations rassemblées sont plus nombreuses, la réflexion est continue et approfondie et les documents sont produits plus vite. La collaboration ne simplifie donc pas seulement les méthodes de travail, mais permet d’améliorer les résultats du travail 4 . De telles méthodes, bien intégrées en interne, peuvent ensuite être utilisées avec les communautés externes de manière plus fine et interactive mais dans la même logique. Réseaux sociaux d’entreprises : d’autres applications prennent le parti d’ajouter aux fonctionnalités collaboratives des outils empruntés aux médias sociaux. Ceci s’explique notamment par le fait que les médias sociaux recueillent de plus en plus des informations destinées à rester au sein de l’entreprise. Afin de ne pas créer de bruit parasitaire et de mieux contrôler leurs messages, les entreprises se dotent de réseaux internes. SocialText 5 répond à ce besoin, tout en comprenant des fonctionnalités aperçues chez Basecamp et Pbworks. Doté d’outils de collaboration, de micro-blogging et blogging, et de réseaux sociaux, SocialText est destiné à des entreprises qui ont vocation à offrir à leurs employés un ensemble complet de fonctionnalités susceptibles de leur permettre de travailler autrement. De l’organisation au sein de la communauté interne (collaboration) à la communication (blogging), en passant par les conversations (micro-blogging), l’adoption de telles plates-formes implique une évolution profonde dans la manière dont les entreprises travaillent et communiquent. Cela s’en ressent nécessairement dans l’appréhension des médias sociaux externes et l’utilisation qu’elles en font, ainsi que 1. http://redbooth.com/ 2. http://glip.com/ 3. http://pbworks.com 4. Voir l’étude de cas consacrée à Deloitte Digital : http://pbworks.com/content/casestudy-deloittedigital. 5. http://www.socialtext.com/index.php 110 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 dans la manière d’interagir avec l’extérieur. SocialText convient à des entreprises de taille moyenne et grande, les alternatives là encore sont nombreuses : Yammer, Socialcast1, Jive 2, Telligent 3, Mindjet 4, Moxie Software 5 ou encore BlueKiwi6 . Ces applications sont très complètes et nécessitent, pour être bien prises en main par les employés, un accompagnement important auquel il faut apporter un grand soin. Pour ce faire, il faut garder à l’esprit les principaux axes de cet accompagnement : ■■ Conduire le changement en privilégiant l’expérience des nouveaux outils aux discours s’y rapportant (sur leurs avantages ou leur nécessité). ■■ Cibler les early-adopters et les membres de l’entreprise centralisant déjà – offline – les informations et les conversations. Ces personnes peuvent devenir les ambassadeurs du changement. ■■ Plus généralement, ancrer le changement offline en revenant sur des informations partagées online. ■■ Aider les réfractaires en partant de leurs besoins et en étudiant la manière dont les nouveaux outils introduits peuvent y répondre. ■■ Au besoin, encourager l’adoption en faisant officiellement des meilleurs ambassadeurs des « évangélistes social média » au sein de l’entreprise. Les outils en interne © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Fonction Outil Tableau 4.1 Finalité Gestion de projets Basecamp, Flow, Wrike, Asana Accès plus large et plus rapide aux informations utiles, appropriation des outils de partage Collaborer autour de documents Pbworks, SocialText Gain de productivité, appropriation des outils de collaboration 1. http://www.socialcast.com/ 2. http://www.jivesoftware.com/social-business/solutions/social-intranet 3. http://telligent.com/ 4. http://www.mindjet.com/ 5. http://www.moxiesoft.com/ 6. http://www.bluekiwi-software.com/en/ 111 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Fonction Outil Finalité Discuter et échanger des documents rapidement Slack, HipChat Prolongement et approfondissement du travail hors ligne L’adoption de nouveaux outils en ligne doit toujours s’accompagner d’ancrages hors ligne Solutions exhaustives et globales Yammer, daPulse, Glip, Socialcast, Jive, Telligent, Mindjet, Moxie Software, BlueKiwi Tous les outils de collaboration, de partage de documents, de CRM, de micro-blogging à portée de main. Gestion fine des accès et des permissions Les outils de monitoring : de l’écoute à la social intelligence La veille est essentielle pour le community manager, qui doit garder un œil attentif à toutes les conversations le concernant de près ou de loin. Il a par conséquent besoin d’outils lui permettant d’agréger directement toutes les conversations. La toile est vaste. Mieux vaut donc, avant même de s’emparer de tous les outils de veille, se pencher sur les finalités de cette veille. Que faut-il surveiller au juste ? Principalement trois choses : ■■ Le nom de la société et/ou de la marque. Si le nom est commun (Orange par exemple), vous devrez y adjoindre des mots-clés qui permettent d’obtenir des résultats pertinents (de sous-marques par exemple comme « Livebox » ou de noms génériques comme « mobile »). N’hésitez pas non plus à inclure dans votre recherche des mots-clés comprenant des fautes d’orthographe (« Carefour » ou « Dannone » par exemple). ■■ Les noms de produits ou de services qui constituent votre cœur d’activité (par exemple « Yaourt » pour Danone), afin de suivre leur actualité. ■■ Les noms des principaux concurrents. Une fois que vous avez une vision claire des objectifs de votre veille, vous devez vous munir d’outils qui rassemblent dans un lieu unique 112 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 toutes les conversations qui vous concernent. Vous pouvez concevoir votre propre tableau de bord ou vous abonner à des services plus complets qui vous offrent des informations plus exhaustives, accompagnées de statistiques et d’outils pour les traiter directement (en répondant par exemple aux messages sélectionnés). BONNES PRATIQUES De l’écoute à la social media intelligence : le regard de Guilhem Fouetillou, cofondateur de Linkfluence Écouter le web social, c’est important, mais certainement pas suffisant. La social media intelligence (SMI) associe l’identification des conversations sur les médias sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, forums, blogs, commentaires, avis, etc.) et leur analyse en vue d’accomplir une action (répondre à un message, faire un communiqué officiel, etc.). C’est une source de valeur ajoutée capitale pour une marque qui veut tirer parti tactiquement des millions d’échanges de ses communautés ; encore faut-il se doter d’un outil expert et s’entourer d’équipes pour aller toujours plus loin… © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Des oreilles et des cerveaux 82 % des internautes sont présents sur les réseaux sociaux et chacun est en moyenne membre de 3,5 réseaux ou médias sociaux1. Le flux illimité d’informations qui circulent, notamment sur les marques, nécessite un monitoring dit « intelligent ». L’entreprise passe ainsi du statut d’observateur à celui d’acteur engagé, dans une relation constructive avec les parties concernées. La transition dépend pour beaucoup d’une juste combinaison entre écoute, analyse et compréhension des prises de parole spontanées. L’enjeu devient polymorphe : e-réputation, relation avec les influenceurs, management du risque, évolution des KPIs* et du ROI, transformation des prospects en clients, fidélisation, innovation produit… Tous les départements de l’entreprise sont nécessaires pour transformer les enseignements d’une écoute active en une stratégie marketing et communication raisonnée. C’est sans compter l’avantage compétitif pris par les marques qui utilisent des bons outils de SMI, ergonomiques, faciles d’utilisation et puissants… 1. Ifop, Observatoire des réseaux sociaux 2012. 113 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables La boussole du tacticien, la carte du stratège Le monitoring du web social, avec ses multiples indicateurs métriques et graphiques, n’a de sens que s’il est calibré aux besoins de l’entreprise. Première étape majeure : se poser les bonnes questions au regard d’objectifs concrets. La liste peut être longue mais elle mérite d’être dressée : définition des KPIs, analyse concurrentielle sur plusieurs pays, recrutement interne… L’avantage du SMI repose sur la souplesse d’évolution des données recherchées en fonction des attentes de l’entreprise. Rien n’est figé, tout évolue au rythme de l’actualité. Une fois le recueil des besoins établi et l’outil de SMI configuré, la marque bénéficie d’analyses synthétiques de tout premier ordre. Charge aux équipes de les transformer ensuite en leviers stratégiques opérationnels. Imbriquer les expertises internes et externes Faire vivre la marque sur la toile est une activité en temps réel qui nécessite une expertise à la fois tactique et stratégique, comme peut l’apporter le community manager ou l’agence spécialisée. Leur meilleur atout sera un outil de SMI proposant des modules métiers et des tableaux de bord exportables, lisibles et compréhensibles par la gouvernance. Par ailleurs, l’exploitation des ressources fournies offre la possibilité de mener des études plus pointues. Le recours à des spécialistes est fortement recommandé. Une nouvelle fois, le choix du partenaire doit être à l’image de la solution SMI : une méthodologie éprouvée, des technologies performantes et une véritable culture recherche et développement. La synergie entre l’outil et les compétences de professionnels des études marketing, communication et opinion est un excellent garant de l’efficience de la démarche d’écoute. 44440 Applications de veille et social intelligence Selon votre taille et vos moyens, vous pouvez vous munir d’outils qui vous permettront de récolter rapidement des informations exhaustives sur Internet et d’axer vos efforts sur l’analyse des statistiques associées. Mieux, ces outils vous permettront de définir une stratégie globale sur les médias sociaux en vous appuyant sur des acteurs ou des plates-formes pertinentes, et sur les thématiques les plus adaptées à vos publics. 114 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. L’audit de communautés Puisqu’il est bon d’écouter avant de parler, il est parfois utile d’avoir un aperçu à un instant T de l’écosystème social qui traite d’une marque ou d’un produit qui vous intéresse. Une telle photographie instantanée permet d’identifier d’emblée les acteurs importants et de déceler les logiques à l’œuvre dans les informations disséminées. ■■ Comment le message autour du produit est-il relayé ? Par qui et par quels sites en particulier ? Quel est le parcours du message ? ■■ Quelles informations puis-je déduire des informations échangées ? En quoi ces informations me renseignent-elles sur ce que ma communauté aime, pense ou attend ? Linkfluence permet de produire de telles cartographies, selon des critères définis à l’avance. Ces cartographies requièrent à la fois de la technologie et du service. N’étant pas d’emblée aisées à décrypter, elles nécessitent souvent une analyse approfondie. La veille permanente Le fait de bénéficier d’une telle cartographie ne peut vous dispenser d’un autre travail, qui doit se faire dans la durée : identifier et traiter les messages qui se rapportent à vous. Pour ce faire, vous avez besoin d’outils spécifiques, conçus pour vous faire gagner du temps. En fonction de vos besoins, de votre taille et de vos objectifs, différentes solutions s’offrent à vous, de la plus simple et légère à la plus évoluée. Commençons par les plus simples : Mention1 est une application de monitoring accessible et complète qui permet de suivre des mots-clés sur tous les médias sociaux et plus largement sur n’importe quelle page web. Elle répond aux besoins de petites et moyennes organisations, qui souhaitent à la fois surveiller ce qui se dit sur elles et l’analyser dans la mesure du possible. D’autres solutions de ce type existent, qui proposent davantage de fonctionnalités et sont donc susceptibles d’être plus onéreuses et moins faciles à prendre en main. Hootsuite 2, ou encore Viralheat 3 en font partie. 1. https://fr.mention.com 2. https://hootsuite.com 3. https://www.viralheat.com 115 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Pour les organisations de taille plus importante, plus sensibles au risque ou désireuses d’être en prise avec le marché, des solutions plus puissantes existent, telles que Synthesio 1, Brandwatch 2, Linkfluence 3, Salesforce 4 ou encore Sysomos 5 . Elles captent les messages de façon bien plus exhaustive que les outils précédents (plus de sources et plus de langues), le plus souvent en temps réel, disposent d’outils de visualisation et d’analyse également en temps réel, de statistiques avancées et de fonctionnalités permettant d’établir des comparaisons d’une organisation à l’autre. Certaines de ces solutions offrent également des fonctionnalités d’engagement, afin de répondre aux messages qui parlent de l’organisation et appellent une éventuelle réponse. La dimension CRM de ces solutions est de plus en plus importante, les organisations ayant naturellement besoin d’identifier et de comprendre qui parle d’elles afin, le cas échéant, d’adapter leur discours, de mieux répondre aux messages et de mieux comprendre leurs interlocuteurs. C’est là que se joue la première étape d’une approche centrée sur l’utilisateur, qu’il soit client ou pas. Les outils de veille Tableau 4.2 Taille . de l’organisation Outil TPE et PME Mention, Hootsuite, Viralheat, Sprout Social Veille et analyse de premier niveau, simple et efficace Établissements de taille intermédiaire et grands comptes Synthesio, Brandwatch, Linkfluence, Salesforce, Sysomos, Crimson Hexagon, Visible, Sprinklr Veille approfondie, statistiques avancées, visualisation détaillée. Informations exhaustives, captées en temps réel, pour permettre une plus grande réactivité. Fonctionnalité d’engagement dans certains cas 1. http://synthesio.com/corporate/#home 2. http://www.brandwatch.com 3. http://linkfluence.com 4. http://www.salesforce.com/fr 5. http://www.sysomos.com 116 Finalité Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Les médias sociaux : dialoguer et échanger Après l’écoute, vient l’heure du dialogue : il vous faut communiquer, parler et répondre. Initier des conversations, exister parmi les blogs, forums, utilisateurs Twitter ou Facebook qui s’emparent de sujets qui vous concernent. Vous devez faire acte de présence et utiliser les mêmes outils que vos communautés. Avant d’entrer dans les détails, une mise au point s’impose : les médias sociaux ne sont pas des lieux isolés les uns des autres qui pourraient se concevoir ou même exister séparément. Les informations qui les parcourent et les technologies qui les constituent sont par nature pervasives : elles vont d’un média social à l’autre et ne se saisissent que dans leur globalité. C’est dire qu’on ne saurait concevoir un média social comme une destination en soi : chacun est compris dans l’autre et s’envisage tout à la fois comme un lieu et comme une fenêtre ouverte sur un autre lieu. Le fait que vous maîtrisiez à la perfection l’un d’eux fera de vous un bon technicien. Mais un community manager doit quant à lui s’attacher à définir des parcours entre plusieurs médias sociaux, sur lesquels sa communauté se retrouve et dans lesquels elle se reconnaît. Des parcours pour construire de la valeur (informations, jeux, expériences, services, achats) et permettre à sa communauté de trouver son compte dans l’univers de marque. Au-delà des blogs, de Facebook et de Twitter et des fonctionnalités de chacun, la finalité du dialogue et de l’échange est de proposer un parcours à l’utilisateur avec qui vous interagissez : d’un média social à l’autre, vers un site Internet et au final vers un lieu réel par exemple. L’objectif n’est donc pas de converser au même endroit, mais de créer une relation qui par la suite évoluera à travers la toile. Maureen Evans et l’effet de seuil sur les médias sociaux Cas pratique Dans Wired de février 20101, Clive Thompson revient sur l’exemple frappant de Maureen Evans, une étudiante et poète. En 2006, elle crée son compte Twitter et dispose alors d’une petite centaine de followers. En 2007, elle a l’idée de tweeter des recettes de cuisine, ce qui lui permet d’augmenter significativement le nombre de ses followers. Elle passe à 3 000 puis 1. http://www.wired.com/magazine/2010/01/st_thompson_obscurity/ 117 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables à 13 000 followers. C’est alors que se produit quelque chose d’étrange : les gens cessent de se parler, il règne sur son compte « un silence de mort ». Les blogs, Twitter et Facebook permettent d’initier des conversations. Dans le même temps, les objectifs assignés au community manager sont souvent d’augmenter le nombre d’abonnés, de fans ou de followers. Il faut toutefois être vigilant à une chose que cet exemple met en lumière : les conversations sont permises par la possibilité qu’a chacun de se faire entendre. Lorsqu’un compte Twitter ou une page Facebook disposent de millions de followers ou de fans, ils sont menacés de devenir des médias traditionnels qui se contentent de s’adresser à la communauté et non plus de parler avec elle. Il faut donc bien garder à l’esprit, avant d’entrer en la matière et de voir comment il est possible d’utiliser les médias sociaux, la question de leur utilité et de la manière d’en tirer parti. Avant d’aborder en détail chaque média social, il est nécessaire d’avoir une vue d’ensemble et de considérer les principaux, par leur audience et l’intérêt que les marques leur portent. Nombre d’utilisateurs des principaux . médias sociaux dans le monde1 Figure 4.1 1350 Facebook 629 QZone 343 Google+ 332 Linkedln 300 Instagram 284 Twitter 230 Tumblr Sina Weibo 157 VKontakte 100 Snapchat 100 Nombre d’utilisateurs actifs (en millions) 1. Statista, décembre 2014. 118 Chapitre Les outils d’animation indispensables Médias sociaux sur lesquels les marques sont présentes dans le monde . (en pourcentages)1 4 Figure 4.2 100,0 % 96,3 % 94,2 % 90,8 % 79,1 % 75,4 % 59,7 % 44,0 % 39,5 % 29,3 % Ces deux figures ont le mérite de rappeler plusieurs réalités : Certains médias sociaux ont une importance strictement régionale, mais n’en sont pas moins incontournables pour les organisations internationales. C’est notamment le cas pour les médias sociaux asiatiques tels que WeChat, Weibo ou encore Youku. ■■ Ces médias évoluent extrêmement vite et leur utilisation peut, quelques années seulement après leur création, devenir inévitable tant pour les utilisateurs que pour les marques. WeChat fut créé en 2011, 3 ans seulement avant ce classement ! Snapchat, en Occident, est tout aussi incontournable pour les utilisateurs les plus jeunes et les marques qui s’adressent à eux. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ Au-delà des chiffres, rappelons qu’il est bien entendu nécessaire, dans la stratégie sociale média, de prendre en compte les fonctionnalités propres à chaque média social et le type d’utilisateurs qui les utilisent. Chaque organisation n’a pas forcément vocation à être partout, mais plutôt à choisir les plates-formes les plus pertinentes en fonction de ses ressources (il faut pouvoir produire et diffuser du contenu sur toutes ces plates-formes et participer aux conversations de façon régulière) et de l’audience qu’elle vise (difficile d’imaginer par exemple une compagnie d’assurance sur Snapchat). Ceci étant dit, à présent, étudions plus précisément chaque média social. 1. Statista, juin 2014. 119 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables 44440 Bien bloguer Les règles du blogging sont relativement simples et tiennent en quelques points : ■■ Des titres accrocheurs : simples, concrets et si possible surprenants. ■■ De courts articles illustrés apportant des informations ou une réelle valeur ajoutée par rapport à une information existante (avis, rebondissement, positionnement). ■■ De longs articles, pour faire le point sur des tendances autour de votre marque ou de vos produits : ils contiennent des réflexions, des conseils, des listes et des entretiens ; à long terme, ils seront susceptibles d’attirer une part importante de trafic vers votre site. ■■ En moyenne, 3 à 4 articles par semaine, si possible un par jour. ■■ Lister les sujets à l’avance, initier des conversations, entamer des articles en brouillon. ■■ Poser des questions à la fin de vos articles. ■■ Commenter les articles sur les blogs suivis, répondre aux commentaires sur le blog ; au besoin, tenir compte des commentaires en actualisant l’article sur lequel ils portent. 44440 Quels outils de blogging ? Un choix s’offre à vous, qui ne s’annonce pas facile. L’offre d’outils de blogging est vaste, aussi faut-il d’abord se pencher sur les différentes catégories de blogs. ■■ Vous pouvez opter pour une plate-forme et héberger votre blog sur l’une d’elle. Blogger1 ou Wordpress2 sont de belles plates-formes qui permettent de créer un blog en quelques clics. Elles comportent néanmoins deux inconvénients majeurs : il n’est pas possible d’en personnaliser entièrement l’apparence. Wordpress par ailleurs ne permet pas de personnaliser l’URL, qui reste attachée au domaine de référence : wordpress.com. Ceci dit, bloguer l’autorise. ■■ Vous pouvez opter pour des outils qui vous offrent plus de flexibi- 1. https://www.blogger.com/start 2. http://wordpress.com 120 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. lité pour personnaliser votre design et faire pointer l’URL de votre choix sur le blog. C’est ce que permet de faire Tumblr1. 2 ■■ Vous pouvez enfin opter pour Wordpress (gratuit), un outil de blogging qui s’apparente entièrement à un CMS et dispose par ailleurs de fonctionnalités sociales (création de comptes utilisateurs, interactions entre les utilisateurs). En revanche, cet outil doit être au préalable installé par vos soins. Votre choix doit se faire sur la base de plusieurs critères, tous aussi importants les uns que les autres : l’accessibilité, la flexibilité, le public visé et bien sûr le prix. Si vous bloguez déjà pour une société ou pour vous-même, vous avez probablement déjà opté pour un outil et vraisemblablement pour celui qui vous offre l’expérience utilisateur la plus agréable (Tumblr) ou vous permet d’aller le plus loin (Wordpress). Une multitude d’autres applications de blogging sont disponibles. Dans tous les cas, optez pour la flexibilité et la simplicité d’usage. Vous bloguez tous les jours, et le blog lui-même sera amené à évoluer tous les jours en se dotant de nouvelles fonctions : le choix de l’outil vous engage donc à long terme. Tumblr est de plus en plus utilisé par certains secteurs comme le luxe et la mode. Dans le cadre de campagnes spécifiques, les blogs de marques s’accompagnent de programmes payants de mise en avant auprès de la très large base d’utilisateurs de Tumblr. Oscar de La Renta 3 , Vogue, Kate Spade NY l’ont utilisé. Dans d’autres secteurs, l’usage de Tumblr se fait à d’autres fins. Obama l’utilise par exemple pour mettre en avant plus d’images et donner à ses déplacements et sa politique un côté plus accessible et convivial 4 . 1. http://tumblr.com 2. http://wordpress.org 3. http://oscarprgirl.tumblr.com/ 4. http://barackobama.tumblr.com/ 121 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Les outils de blogging Tableau 4.3 Outil Prix Flexibilité Pour quel utilisateur ? Public cible Blog Gratuit Faible Particulier, niveau faible 25-45 ans Culture, tendances, société, intime Wordpress Gratuit et payant (fonctions premium) Moyenne Particulier, niveau moyen Grand public Tumblr Gratuit + thèmes payants Grande Particulier et professionnel, niveau moyen 15-35 ans Design, mode, tendance, CSP+ Wordpress et Wordpress MU (pour plusieurs blogs/sites) Gratuit et payant (plugins et templates payants) Très grande Particulier et professionnel, niveau confirmé Grand public BONNES PRATIQUES Personnaliser Wordpress Une fois l’installation de Wordpress réalisée, vous bénéficiez d’un grand nombre de plugins qui peuvent vous permettre notamment de : Partager vos articles ■■ Partager les articles sur d’autres plates-formes (ShareThis1). ■■ Publier vos articles sur Facebook et Twitter (SharePress2). ■■ Vous pouvez également utiliser le « social sharing toolkit »3 . Afficher plus d’informations ■■ Afficher certains tweets et retweeter (tweetsuite). 1. http://sharethis.com 2. http://www.prelovac.com/vladimir/wordpress-plugins/wp-digg-this ; http://word press.org/extend/plugins/tweet-this/ 3. http://wordpress.org/plugins/social-sharing-toolkit 122 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 Donner au blog une dimension communautaire (Buddypress1 et bbPress) Encourager l’activité sur le blog ■■ ■■ Mélange de commentaires threadés et de diggs, Intense Debate rend les commentaires plus dynamiques, plus clairs, et incite les internautes à participer davantage (Disqus, ou IntenseDebate comments2). Pour engager les lecteurs, les sondages sont intéressants et permettent ensuite de leur donner des infos inédites (PollDaddy Polls3). Utiliser le graph social des visiteurs en intégrant les social plugins Facebook et notamment les boutons like, send, recommend, les plugins de commentaires et de recommandation. 3 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Facebook Facebook est le plus grand média social du monde, tant en termes de trafic que d’utilisateurs. Cela en fait une chambre de résonance sans égal, un réseau à part entière dans cet autre réseau qu’est le web. Offrant tout à la fois des fonctionnalités pour mettre en relation les amis, partager ou recommander des contenus, accéder à des applications ou enrichir des applications existantes, Facebook ne peut plus être réduit à un simple média social. Rendant social le moindre site web et la moindre application (sur le web, le mobile, une borne connectée ou encore la TV connectée), il est l’un des principaux artisans du web social. Il faut par conséquent envisager Facebook à la fois comme une destination (Facebook.com) et comme une plate-forme permettant à l’ensemble du web de devenir plus social. Avant de nous intéresser à la plate-forme, il est nécessaire de comprendre autour de quels espaces se structure Facebook.com. ◗◗Votre Page C’est à partir d’elle que vous allez bâtir votre stratégie sur Facebook. Elle vous permettra en effet d’accomplir plusieurs actions : ■■ Publier des contenus divers et variés (textes, images, vidéos) à destination de vos fans. 1. http://buddypress.org 2. http://wordpress.org/extend/plugins/intensedebate/ 3. http://www.polldaddy.com/wordpress-polls 123 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables ■■ Répondre aux commentaires des utilisateurs sur vos contenus, aux posts publiés sur votre Page (si vous les autorisez), ainsi qu’aux messages privés qui vous sont adressés. ■■ Accéder à l’ensemble des statistiques de vos Pages pour en savoir plus sur vos fans et sur les performances de vos contenus (en termes de portée et d’engagement notamment). ■■ Créer des applications dans des onglets distincts, accessibles depuis votre Page, pour offrir des informations complémentaires, des contenus, des jeux et des services. ■■ Offrir aux utilisateurs la possibilité de laisser des appréciations (notes et critiques), notamment si vous êtes un commerce. ■■ Gérer vos campagnes de publicité Facebook, afin d’amplifier vos contenus, de diffuser vos offres spéciales, de recruter des fans ou encore de promouvoir vos applications. Vous pouvez en effet accéder aux statistiques liées à chaque campagne de publicité. Figure 4.3 Exemple de publicité Facebook (Page Post Engagement) Pour le community manager, la Page est bien plus importante que le groupe. Le groupe donne certes des informations et permet d’identifier des communautés homogènes qu’il est ainsi possible de toucher efficacement. Mais la Page offre quant à elle une palette d’outils bien plus large pour promouvoir la marque et interagir durablement avec 124 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 les fans. Elle permet également de diffuser des messages à des communautés plus nombreuses. La Page est sur Facebook le lieu où vous passerez le plus de temps, celui où vous construirez jour après jour une relation durable avec votre communauté, où vous lui offrirez une réelle valeur ajoutée tout en faisant plus ample connaissance avec elle. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ◗◗Quelle stratégie pour votre Page ? Si les Pages présentent un grand nombre d’avantages, elles offrent également une multitude de fonctionnalités potentielles. Comment choisir parmi elles ? Pourquoi et comment les utiliser ? Revenons à l’essentiel : les Pages servent à constituer une communauté et interagir avec elle durablement. Ces interactions permettent de mieux connaître la communauté (ce qu’elle pense, ce qui l’intéresse), d’obtenir des informations la concernant (des coordonnées notamment) et enfin de lui proposer des parcours vers d’autres sites. Comprendre, recruter, attirer sont les trois temps forts de votre stratégie sur vos Pages : ■■ Comprendre : qui va sur vos Pages et pourquoi y vont-ils ? Pourquoi reviennent-ils, pour effectuer quel type d’action ? Comment se poursuivent leurs parcours ? Restent-ils dans votre univers de marque ? Si non, pourquoi ? ■■ Raconter : comment vos marques ou organisations peuvent-elles se raconter et se mettre en scène ? Quels éléments de leur passé peuventils être mis en avant, à travers quels contenus, à quelles fins ? Quels contenus pouvez-vous publier chaque jour pour fidéliser votre communauté et leur apporter une réelle valeur ajoutée ? ■■ Recruter : pourquoi les nouveaux visiteurs deviennent-ils fans ? Pourquoi le deviendraient-ils ? Quelles informations souhaitez-vous conserver d’eux ? Par quel biais vous est-il possible d’obtenir ces informations, selon quelle récurrence, pour quoi faire ? ■■ Attirer : que viennent trouver sur votre Page les visiteurs et les fans ? Que leur faites-vous entrevoir d’autre ? Quelles promesses, quels parcours ? Votre but est-il d’acquérir plus de trafic vers vos sites ? Pour en tirer quoi : plus de Pages vues, plus de conversions en achats ? En fonction de ces objectifs, quelle stratégie adopter sur la Page ? Une bonne stratégie répond à l’ensemble de ces questions, selon les objectifs fixés. Pour définir une stratégie y correspondant, un grand nombre d’outils sont disponibles. 125 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables ◗◗Bonnes pratiques La Page dispose d’une grande image en chapeau (la cover) et d’une image de profil. Elle permet de publier des articles, des photos, des vidéos et des liens, de créer de pin posts (mis en avant pendant une semaine) et des milestones (les principaux temps forts de l’histoire de la marque, quels qu’ils soient). Les covers ont une grande importance, puisque ce sont elles que les visiteurs voient en premier lorsqu’ils arrivent sur la Page. Qu’elles portent sur vos produits, vos compagnes ou vos valeurs, vous pouvez faire preuve d’imagination et les actualiser régulièrement. Attention, Facebook interdit d’utiliser ces covers pour faire des promotions ou inciter explicitement les utilisateurs à faire des actions sur la Page via des fonctionnalités natives de Facebook (par exemple « Like cette page »). Veillez à bien consulter l’ensemble des règles Facebook pour utiliser la Page le mieux possible : http://www.facebook.com/page_guidelines.php. Les articles et les milestones peuvent faire l’objet d’une ligne éditoriale définie, qui pourra être mentionnée dans les guidelines : sur quels sujets communiquez-vous, avec quels contenus, selon quelle périodicité ? Que constitue une milestone pour votre marque : l’ouverture d’un magasin ? Le lancement d’un produit ? L’obtention d’un prix ? D’un secteur d’activité à l’autre, la ligne éditoriale changera. Une fois que la ligne éditoriale est fixée, il est utile de définir un calendrier conversationnel, surtout si vous devez travailler en équipe, cela permet d’avoir une vision globale des prochaines échéances et, si vous utilisez des solutions de social marketing, de programmer vos articles à l’avance. Figure 4.4 126 Exemple de calendrier conversationnel Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 Plus globalement la Page requiert un vrai travail de curation rétroactif, que des marques comme Vuitton, Manchester United ou encore le New York Times ont fait superbement, en reprenant leurs archives en profondeur pour raconter l’histoire de leur marque, de leur équipe, de leur journal. Ces trois exemples très différents illustrent encore une fois que ce travail de curation est très varié d’une marque à l’autre. Tout dépend bien entendu du secteur, mais également de l’intérêt que présente la marque en elle-même aux yeux des utilisateurs. Prenez les services financiers : l’intérêt pour un utilisateur de parcourir leur histoire est moins évident, à moins qu’ils n’insistent sur certaines de leurs valeurs en particulier : le service client, la relation aux entrepreneurs ou à certains corps de métier tels que les artisans. En somme, parfois il s’agit de raconter une histoire, parfois plutôt de partager une culture. Dans tous les cas, cela implique la publication d’images, de vidéos et de textes qu’il faut savamment agencer pour faire passer les bons messages. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ◗◗Publier En l’espace de quelques années, la portée des messages publiés par les organisations a diminué dans des proportions très importantes. Elle est aujourd’hui de seulement quelques pourcents en moyenne. En d’autres termes, et à l’exception des sites de médias ou de divertissement, les publications des organisations ne touchent que quelques pourcents des fans qui suivent les contenus de la Page. Cela amène les organisations à revoir entièrement leur stratégie éditoriale et à s’envisager bien plus comme des médias, consacrant des ressources spécifiques à la production et à la distribution de contenus, qui doivent être sans cesse optimisés pour toucher un public aussi large que possible. Certains formats sont également privilégiés, tels que les vidéos natives Facebook, qui deviennent extrêmement efficaces et peuvent générer une grande viralité. Cela amène par ailleurs les organisations à revoir leur stratégie en termes d’achat de publicités sur Facebook, afin d’amplifier leurs contenus ou leurs promotions, bien plus qu’elles ne le faisaient il y a quelques années. Enfin, la baisse de la portée des messages pousse les organisations à se doter de solutions intelligentes, qui optimisent les publications de façon semiautomatique, en recommandant des thématiques et des formats et en publiant les contenus au bon moment pour maximiser leur portée et/ou leur engagement. 127 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Exemple de Page : The New York Times Figure 4.5 ◗◗Définir les interactions complémentaires au « J’aime » En plus du bouton « J’aime », sur lequel les utilisateurs peuvent cliquer pour suivre la Page, un autre bouton est disponible, que vous pouvez configurer pour définir l’action que vous souhaitez susciter de la part de l’utilisateur. Cette action est le plus souvent en lien direct avec l’un de vos principaux objectifs. Vous pouvez choisir parmi les actions suivantes : ■■ Réserver maintenant (vente). ■■ Contactez-nous (prospect). ■■ Utiliser l’application (téléchargement/inscription). ■■ Jouer au jeu (téléchargement/inscription). ■■ Acheter maintenant (vente). ■■ S’inscrire (inscription). ■■ Regarder la vidéo (visibilité). Ces actions sont relativement simples et impliquent de créer des Pages cible, pour convertir le maximum d’utilisateurs (c’est le cas de Dollar Shave Club pour l’inscription, illustrée ci-dessous). Ce bouton permet aux community managers d’atteindre plus directement leurs objectifs, et ce d’autant plus qu’il est intégré à des formats de publicité qui permettent d’augmenter dramatiquement les performances (en termes de visibilité, d’inscriptions, de ventes, etc.). 128 Chapitre Les outils d’animation indispensables Exemple d’un bouton « Inscription » © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ◗◗Commentaires, 4 Figure 4.6 messages privés et contenus créés par les utilisateurs Les utilisateurs peuvent commenter les contenus postés sur une Page, publier des articles et envoyer des messages directement aux administrateurs de la Page, si ces derniers l’ont permis. La gestion des commentaires et des messages varie grandement d’une marque à l’autre. Les articles d’utilisateurs par exemple sont rarement autorisés par les grandes marques. Les commentaires quant à eux sont souvent traités de façon différente : la modération, par exemple, est souvent stricte sur des pages d’institutions ou de grandes marques qui ne peuvent permettre les écarts de langage, les délais de réponses doivent être courts pour des marques qui se soucient de la qualité de leur service client et le ratio de questions/réponses relativement équilibré pour ne pas laisser trop de questions non résolues. Les personnes ayant aimé la Page peuvent envoyer des messages directs privés, s’ils ont par exemple une question ou un problème lié à leur commande. Ces messages relèvent le plus souvent du service client. Aussi est-il important de les traiter rapidement, afin de réduire au maximum le délai de réponse. Certaines solutions permettent d’analyser les messages envoyés et de les notifier automatiquement à la bonne personne au sein de l’organisation. Cela s’avère très utile tant pour le community manager (qui peut se concentrer sur autre chose que le routage de dizaines de messages par jour), que pour le service client qui peut traiter directement certaines demandes, tout en ayant un aperçu de l’historique des interactions entre l’utilisateur et l’organisation. ◗◗Onglets natifs et onglets personnalisés Les onglets donnent accès à la section « À propos », aux photos, aux vidéos, aux likes et aux applications installées sur la Page. Ces a pplications 129 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables sont accessibles dans le menu de la Page ou dans la section « Apps », qui se situe dans la barre latérale gauche de la Page. Les applications complémentaires permettent aux organisations de communiquer de façon plus personnalisée avec leurs membres, au travers d’interfaces à leurs couleurs et de fonctionnalités conçues pour répondre à des objectifs divers. Offrir des contenus exclusifs, régulièrement actualisés (vidéos, photos, musique, événements live, informations utiles, liste des autres Pages de la marque). Organiser des concours : tirages au sort, quiz, concours participatifs texte/photo/vidéo, instant win, pronostics, jeux à combinaisons multiples, et d’autres formes de concours plus créatifs encore. Les concours participatifs sont pertinents sur Facebook, puisqu’ils permettent aux communautés de s’exprimer librement pour partager des idées ou des commentaires, pour voter, pour proposer des idées de produits ou de services, pour raconter des histoires, faire des photos ou des vidéos. Les onglets recueillant un trafic souvent assez faible, les applications Facebook tendent de plus en plus à être accessibles ailleurs, aussi bien sur des sites web que sur des mobiles, au sein de divers navigateurs. Les applications touchent ainsi un public plus large et offrent une expérience plus immersive pour les utilisateurs. Figure 4.7 Exemple d’applications réalisées par Tigerlily dans le cadre de la Coupe Davis1 1. Un instant win est organisé en amont, complété par un onglet contenu invitant les fans à revivre les meilleurs moments de la Coupe Davis et à encourager l’équipe de France. 130 Chapitre Les outils d’animation indispensables © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Exemple d’application mettant en avant les photos du public1 4 Figure 4.8 1. Un intéressant mélange de crowdsourcing et de storytelling. 131 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Proposer des promotions : les promotions sont souvent ce pour quoi les utilisateurs aiment les Pages en premier lieu. Aussi est-il utile d’en proposer régulièrement : coupon de réduction, coupon pour un échantillon gratuit, invitations spéciales ; les formes varient avec toujours l’objectif d’augmenter le trafic en point de vente. ■■ Offrir des services : trouver des points de vente (McDonald’s local de McDonald ou encore le store locator Wallmart). Il est possible de proposer ces applications sur plusieurs supports, autrement dit non seulement sur Facebook.com, mais également sur un site web ou un smartphone. Ceci permet d’enrichir l’expérience utilisateur, en proposant des parcours en dehors de Facebook.com, sur des sites web ou des applications utilisant Facebook Connect, Open Graph et les social plugins, autant de fonctionnalités qu’il est nécessaire de bien comprendre à présent. ■■ ◗◗Concevoir une expérience sociale en dehors de Facebook.com Le grand public a encore trop tendance à considérer chaque site, fût-il un média social, comme un lieu cloisonné qui se suffit à lui-même et dans lequel il faudrait se rendre pour bénéficier des contenus ou services afférents. Il y a bien longtemps que cela n’est plus le cas, des technologies aujourd’hui aussi répandues que les fils RSS permettent de consommer des contenus par le biais d’une quantité d’interfaces distinctes des sources de ces contenus. De la même manière, les interfaces de programmation d’applications (API1) mises à disposition par les plus grands acteurs du web (Google, Facebook, Twitter, Amazon, Paypal) permettent à quiconque d’utiliser des fonctions (afficher un bouton Google+ sur un site, utiliser Facebook connect sur un site Internet) en dehors des plates-formes mères (en l’occurrence Google et Facebook). Ces API servent donc à utiliser certains services mis à disposition par une application dans une autre application distincte. Facebook connect offre un set d’API qui permet de rendre plus social les sites web et les applications. Ses bénéfices sont nombreux : ■■ Une connexion facilitée, le visiteur se connectant avec son identifiant Facebook. 1. De l’anglais « Application programming interface ». 132 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 ■■ Une expérience plus sociale. Si certains de vos amis utilisent par exemple Spotify, vous pourrez voir quels titres ils ont écouté et ainsi bénéficier d’une vaste liste de recommandations. ■■ Un partage plus simple. Facebook Connect et Open Graph vous permettent de publier automatiquement sur votre Page l’article que vous venez de lire (sur Yahoo grâce au social reader), la musique que vous venez d’écouter (via Spotify ou Deezer) ou la vidéo que vous venez de regarder (via Dailymotion). Une grande variété d’actions dans des applications peuvent ainsi faire l’objet d’une mention publiée automatiquement sur votre newsfeed* : le fait d’avoir envie d’un plat, de participer à une soirée ou encore de jouer avec un ami. Que ce soit sur un site web, une application mobile ou dans un magasin où vous vous serez authentifié au moyen d’une puce RFID, la moindre interaction pourra être sociale. ■■ Une source de trafic plus importante. Prenons Yahoo à titre d’exemple : suite à l’implémentation de Facebook Connect et de l’Open Graph, le site est devenu en quelques semaines l’une des applications Facebook comptant le plus d’utilisateurs, avec aujourd’hui plus de 60 millions d’utilisateurs actifs par mois. De la même manière, suite au choix de Facebook Connect comme l’unique moyen d’authentification, Spotify a vu croître son nombre d’utilisateurs actifs par mois de 3,5 millions à 4,5 millions en l’espace de 6 jours. C’était en septembre 2011, ce nombre s’élève aujourd’hui à plus de 50 millions. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Foodspotting Cas pratique Foodspotting est une application mobile permettant de prendre en photo des plats et de les partager avec ses amis. En ouvrant l’application, une notification m’invite à me connecter avec mes identifiants Facebook et à ajouter l’application à ma Timeline. Une fois l’application ajoutée, chacune de mes actions apparaîtra automatiquement sur ma Timeline : le fait que j’ai repéré un plat quelque part, que j’ai envie d’un plat ou que j’en ai aimé un. L’application a personnalisé chacune de ces actions, pour permettre aux utilisateurs de partager plus finement chacune de leurs actions, permettant d’intensifier les partages et en retour d’augmenter la visibilité et le nombre d’utilisateurs de l’application. Suite à cette utilisation d’Open Graph, Foodspotting vit son trafic depuis Facebook multiplié par 4 et son nombre d’utilisateurs actif multiplié par 2 en moins de 4 mois. 133 4 Figure 4.9 Chapitre Les outils d’animation indispensables Pop-up Foodspotting proposant à l’utilisateur . de partager ses actions sur sa Timeline La multiplicité des fonctionnalités de la plate-forme Facebook requiert une vraie expertise technique, mais également une compréhension profonde de la philosophie Facebook. Le but n’est pas en effet d’utiliser des fonctionnalités Facebook pour le principe, mais de mettre ces fonctionnalités au service d’une meilleure expérience pour l’utilisateur et d’un bénéfice accru pour la marque. Cette philosophie tient en deux mots : social design. BONNES PRATIQUES Mettre le social design au cœur de vos applications Facebook S’il ne revient pas toujours à un community manager de concevoir les fonctionnalités d’une application, il peut toutefois être force de proposition, pour offrir aux communautés une expérience aussi sociale que possible. Pour ce faire, il est utile de bien comprendre le principe du social design, afin de s’en inspirer le moment venu. Le social design repose sur trois principes clés : s’adresser aux communautés identifiées de façon personnalisée, permettre aux utilisateurs de ces communautés d’interagir avec leurs amis et de partager facilement les informations, et enfin offrir à ces utilisateurs un moyen d’exprimer leur identité. 134 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Communauté, conversation, identité, tels sont les trois principes qui permettent de garantir le succès d’une application Facebook, tant du point de vue de l’utilisateur que de la marque, qui y trouveront tous deux leur compte. Vous avez à présent une vision plus large et plus fine des tenants et aboutissant des actions permises par Facebook. Votre objectif n’est toutefois pas de planifier sur une série d’opérations ponctuelles, mais plutôt de construire dans la durée une stratégie cohérente pour interagir avec vos communautés sur le web social. Cela implique de créer un équilibre dans la stratégie entre des interactions constantes, des rendez-vous réguliers et des événements ponctuels qui viendront ajouter du piquant, pour élargir vos communautés et les fidéliser. Définir et mettre en œuvre une stratégie cohérente et bénéfique à long terme implique de s’inscrire dans la durée et d’utiliser des solutions qui permettent non seulement de personnaliser les applications Facebook mais aussi de les gérer ; de façon à investir du temps non plus dans la mise en œuvre des opérations mais plus en amont dans leur définition et en aval dans l’analyse des résultats. Qu’on se le dise, un community manager n’est pas un chargé de projet : son rôle n’est pas seulement d’accompagner la mise en œuvre d’opérations, il est surtout d’utiliser son expertise pour sans cesse optimiser davantage les efforts investis sur le web social. Pour ce faire, il lui faut des outils sur lesquels il peut capitaliser, qui simplifient la mise en œuvre des opérations et sont suffisamment flexibles pour être légèrement modifiés et améliorés.1 Ces outils prennent la forme de plates-formes de marketing social, qui permettent de gérer plus simplement les actions de marketing social. Il en sera question à la fin de ce chapitre. 44440 Twitter Comme Facebook, Twitter n’est pas un outil destiné à un usage unique : c’est une plate-forme qui permet d’envoyer des messages courts (140 carac1. En anglais, on parle dans le domaine du développement de « tweak », ce qui signifie : « effectuer un petit changement sur une machine ou un système afin d’en améliorer le fonctionnement ». Les tweaks font partie intégrante du travail du community manager. 135 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables tères) à un groupe de personnes abonnées. Les messages peuvent être de nature diverse et porter tout aussi bien sur des événements que sur du quotidien, des idées, des liens, des informations ou des conseils. ◗◗Les bases de Twitter Pour bien s’approprier les fonctionnalités de Twitter, il convient au préalable de se familiariser avec sa grammaire : Tweet Les utilisateurs parlent de « tweet » pour désigner les messages envoyés par Twitter. Following (suivre quelqu’un) Pour recevoir les derniers messages d’un utilisateur, vous devez suivre cette personne ou cette entreprise. Vous verrez ensuite apparaître ses messages sur votre page principale. @nomdutilisateur Vous pouvez vous adresser directement à un autre compte en faisant précéder votre message de @nomdutilisateur. Exemple : « @Dunod merci pour votre livre sur le community management » Si Dunod suit votre compte, votre message apparaîtra directement sur sa page d’accueil Twitter. S’il ne vous suit pas, votre message apparaîtra dans la partie @Dunod de son compte. Pour trouver tous les messages qui s’adressent à vous (commencent par @votreEntreprise) ou vous concernent (contiennent @votreEntreprise), sur votre page d’accueil Twitter dans la colonne de droite, cliquez sur le lien @votreEntreprise. Rendez-vous régulièrement dans cette section pour ne pas manquer les messages de vos clients ou clients potentiels. DM Les messages directs (direct messages ou DM) constituent le système de messagerie privée de Twitter. Ces messages apparaissent uniquement dans votre page d’accueil Twitter dans l’onglet « Direct Messages ». Notez bien que vous ne pouvez envoyer de messages directs qu’à des utilisateurs qui vous suivent. Inversement, vous n’en recevrez que de personnes que vous suivez. 136 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 Pour envoyer un message direct depuis votre page d’accueil, commencez votre message par DM@Dunodnomdutilisateur : « DM@Dunod A quand un livre sur le transmedia ? » RT Vous pouvez faire suivre un message envoyé par un utilisateur pour partager un lien, une idée, ou simplement pour lui donner un coup de pouce dans une recherche. Cette fonction s’appelle le retweet ou RT. On l’utilise de cette façon : « RT @nomdutilisateur : Message d’origine que je recopie » Pratique courante de Twitter, c’est un moyen puissant de diffuser un message à grande échelle et rapidement. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Hashtags Les hashtags permettent aux utilisateurs de catégoriser les messages envoyés sur Twitter. Il s’agit du symbole # suivi d’un mot décrivant au mieux le sujet du message. Utiliser les hashtags est une façon de prendre part à une discussion publique sur un sujet en particulier. Lorsqu’un utilisateur effectuera une recherche sur le hashtag utilisé, il verra apparaître tous les messages liés à ce sujet. Plus un hashtag est utilisé, plus il a de chances d’apparaître dans les Trending topics. C’est donc un moyen intéressant de donner de la visibilité à votre entreprise ou à votre marque. Vous pouvez utiliser les hashtags pour promouvoir des produits ou des événements. Shortened Les messages Twitter ne font que 140 caractères, ce qui laisse très peu de place pour partager des liens souvent trop longs. Lorsque vous ajoutez une URL dans votre message depuis le site, Twitter la réduit automatiquement, ce qui vous permet de gagner des caractères. Il existe par ailleurs de nombreux services qui vous permettent de réduire les URL en des liens très courts, au format parfait pour Twitter ; certains vous permettent même d’obtenir des statistiques sur les nombres de clics. ◗◗Les usages de Twitter Une fois ces bases assimilées, vous devez définir quelle utilisation au juste vous allez faire de Twitter et à quelles fins. 137 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Promouvoir Diffuser une annonce, communiquer sur un produit, promouvoir un événement : Twitter peut être un outil de viralisation efficace qui vous permettra de réunir rapidement des gens dans un lieu donné 1 ou de voir votre information très vite relayée par vos ambassadeurs. L’effet « retweet » peut être formidable (comme il peut être, du reste, lorsqu’il s’agit de critiques, dévastateur). Certaines marques se servent de Twitter pour faire des ventes éclairs, proposer des réductions, des produits déstockés voire des prix à remporter pour ceux qui retweeteront les annonces de jeux. @DellOutlet est particulièrement actif dans la vente d’ordinateurs reconditionnés. En France, après avoir proposé des offres spéciales, la @fnac a pourtant décidé de mettre son compte en veille, indiquant que les offres spéciales n’étaient au fond pas très drôles et qu’ils réfléchissaient à leur utilisation de Twitter pour créer un lien avec les utilisateurs. Ceci montre les limites de l’approche promotionnelle sur Twitter : elle ne marche que dans un sens et n’embraye sur aucune discussion. Elle ne saurait se suffire à elle-même et n’est en ce sens pas pertinente sur Twitter si elle n’est complétée par rien d’autre. Les Brand Page Twitter proposent aux annonceurs non seulement des pages plus personnalisées mais également l’occasion de bénéficier des produits promotionnels supplémentaires, tels que les bons de réduction. Dans cet esprit, Twitter initie des partenariats avec quelques annonceurs soucieux de fidéliser leur clientèle. L’exemple d’American Express est assez intéressant (https://ads.twitter.com/ amex). Amex propose à ses clients américains de synchroniser leur compte Twitter avec leur carte Amex. Après avoir suivi le compte officiel d’American Express et tweeté des hastags liés à des offres spéciales, les utilisateurs peuvent bénéficier de promotions exclusives. Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques, les études de cas et les formats de publicité Twitter, n’hésitez pas à consulter le site spécialement conçu par le réseau social à cet effet : https://biz.twitter.com/fr. 1. Les tweetups sont des soirées plus ou moins improvisées annoncées par Twitter. J’en ai organisé une à l’occasion de la venue de Tara Hunt, en décembre dernier, en France : « I was lucky enough to have Mathieu Chereau organize a fabulous whuffie tweetup with about 30 guests on the night I arrived in Paris. » 138 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Influencer Dans certains cas, l’objectif peut être de partager des articles, des idées ou des chiffres complémentaires à des articles. C’est ce que font généralement les influenceurs qui fonctionnent comme une sorte de plaque tournante : ils redistribuent les informations essentielles, ajoutant leur valeur ajoutée, produisent eux-mêmes des informations essentielles qui font ensuite l’objet de conversations. Les influenceurs participent ensuite activement aux échanges. C’est le cas par exemple de @jowyang, expert en médias sociaux chez Forrester, qui a l’art de jouer avec Twitter sur tous les registres : statistiques, avis sur des thèmes (#), interventions sur des conférences, informations complémentaires d’articles, réponses à ses followers. Certaines marques, notamment dans le luxe, tâchent de repérer les influenceurs, pour leur offrir des cadeaux ou interagir avec eux de façon personnalisée. Pour ce faire, elles identifient les personnes les plus influentes qui les suivent (selon leur score Klout ou PeerIndex), puis les contactent directement. Résoudre des problèmes de façon personnalisée Twitter permet d’être dans l’immédiateté, de répondre rapidement à des questions qui se posent sur l’instant. C’est particulièrement précieux en matière de service client, pour des utilisateurs qui doivent trouver rapidement des solutions à leurs problèmes et cherchent pour cela à se faire entendre aussi vite que possible de l’interlocuteur qui saura les aider. Des sociétés telles que @comcastcares réputées pour leur piètre service client se sont emparées de Twitter pour répondre plus vite à leurs clients et surtout de façon personnalisée. C’est cela qui plaît le plus : la personnalisation du service, l’impression que – enfin – le problème est entendu, identifié et réglé, le tout rapidement et surtout humainement (sans passer par un appel de quinze minutes avec des systèmes automatiques de renvoi de service en service, des numéros d’incident). Régler les problèmes ainsi, c’est gagner la fidélité d’un client à long terme. Trouver des idées Twitter est un espace d’expression spontanée : autant donc en profiter pour solliciter l’avis ou les idées d’une communauté de followers déjà disposée à répondre. Vous avez besoin d’exemple pour illustrer une présentation ? Il suffit de demander. D’idées pour développer de nouveaux produits ou les améliorer ? Vous disposez peut-être déjà d’applications 139 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables pour sourcer ces idées. Dell ideal storm est un exemple. Dans ce cas, Twitter peut constituer un complément utile : @IdeaStorm. Les deux cas pratiques ci-dessous illustrent de façon différente la manière dont Twitter peut permettre de trouver des idées pour améliorer un produit ou créer une campagne de communication. Vendre en ligne Twitter essaye de devenir un espace où il est possible pour une organisation de vendre ses produits. Cette fonctionnalité particulièrement attractive pour des e-commerçants par exemple permet de faire bénéficier la communauté d’un certain nombre d’offres ou de promotions tout au long de l’année. Amazon donne déjà cette possibilité. Acheter sur Amazon via Twitter Figure 4.10 Cas pratique Qui tweete ? Les dirigeants montrent l’exemple Au-delà des usages et des outils, le community manager n’est pas le seul, parfois, à gérer le compte Twitter de l’entreprise. Samy Zakari, ex-community manager de Netvibes, me confiait qu’en fin de journée, c’est souvent le Pdg lui-même – Freddy Mini – qui reprenait la gestion du compte et tweetait directement sur le compte de Netvibes. Le fait qu’un dirigeant s’exprime directement auprès de la communauté est un signe très fort de l’implication de la société et de sa volonté d’être en lien direct avec la communauté. Certains entrepreneurs américains se révèlent plus influents encore, au point de devenir eux-mêmes des médias au service de leurs différents projets. C’est le cas par exemple de Mark Cuban (plus de 2,5 millions de followers). 44440 Google+ Google+ pour les marques présente essentiellement trois avantages : ■■ Tout comme la Page Facebook, la Page Google+ permet aux marques de diffuser des contenus (messages, photos, vidéos) et d’entretenir des conversations avec une communauté aussi large 140 Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 que possible, mais également de proposer des offres via Google Offers, susceptibles d’intéresser les personnes ayant placé la Page dans leur cercle. ■■ Les cercles permettent plus de granularité dans le partage des messages, et ainsi de mieux cibler les publics auxquels les messages sont communiqués, qu’ils relèvent d’une offre, d’un événement ou bien, plus fréquemment encore, d’une question relevant du service client. Le chat et le hangout (conférence vidéo) permettent de prolonger les échanges directs avec certains utilisateurs. Google+ offre à cet égard plus de souplesse que Facebook et un large éventail d’outils pour interagir avec les différents types d’utilisateurs, de différentes manières. ■■ Enfin, Google+ contribue bien entendu au meilleur référencement des articles qui y sont partagés. Les messages recevant le plus d’inter actions et plus particulièrement de +1 ressortiront davantage sur Google Search, ce qui est une raison suffisante en soi pour commencer à poster régulièrement des actualités sur votre marque ou votre organisation. Google+ est également très pertinent pour les entreprises disposant de commerces et souhaitant promouvoir chaque commerce de façon locale via une page dédiée. Ces pages ressortent très bien dans les recherches, y compris et surtout sur les mobiles, et comportent toutes les informations utiles pour les utilisateurs (adresses, téléphones, commentaires, etc.). © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Les autres médias sociaux YouTube, Instagram, Pinterest, Tumblr, WeChat, Weibo ou encore Renren peuvent s’avérer tout aussi importants, si ce n’est plus, que Twitter ou Google+. Les organisations y investissent massivement en termes de contenus, d’applications et de campagnes médias. Chaque média social répond néanmoins à des objectifs précis. Weibo, Renren et VKontakte donnent naturellement la possibilité de toucher des audiences locales. YouTube ou Instagram permettent aux organisations de devenir de véritables médias et parfois de diversifier leurs sources de revenus (c’est le cas de médias comme Canal+ par exemple, ou encore The Walt Disney Company). Pinterest et plus récemment Tumblr penchent entre curation et affiliation, donnant l’opportunité aux marques de mettre en valeur leurs produits et de les vendre plus ou moins directement. 141 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Snapchat, WeChat ou encore LINE permettent quant à eux des ventes directes. En fonction de votre département (communication, marketing, service client ou ressources humaines), du territoire de marque, des objectifs (notoriété, acquisition, conversion, fidélisation) et des ressources (internes et/ou externes), certains de ces médias seront plus pertinents que d’autres pour vous. En effet, ces médias sociaux sont aujourd’hui trop nombreux pour qu’une organisation puisse se permettre d’être partout. De plus, de nouveaux médias sociaux apparaissent chaque jour. Leur choix devient de plus en plus stratégique, à la fois pour l’image, le business et, plus globalement, la relation que les organisations souhaitent avoir avec leurs communautés. Leur multitude requiert à la fois des ressources importantes, une réelle expertise pour savoir que faire et où, et surtout une grande agilité pour évoluer avec les usages, changeants par nature. BONNES PRATIQUES Focus sur les applications de messagerie : une opportunité inédite pour les marques Les signes du marché ne trompent plus : les marques se devront d’être, d’une manière ou d’une autre, sur les applications de messaging*. En passe de représenter en 2015 plus d’un milliard d’utilisateurs, elles sont devenues incontournables. Cette croissance va de paire avec une intensification des sessions utilisateur, qui en 2013 furent multipliées en moyenne par 3 ! Ces chiffres rappellent les belles heures de Myspace, YouTube ou encore Facebook. Les marques, quant à elles, se retrouvent dans la même position qu’il y a 5 ans : elles veulent en être, en ayant une vague idée du pourquoi, mais sans trop savoir comment. Alors pourquoi au juste, et comment ? Voici quelques pistes de réflexions pour ceux qui désirent y voir un peu plus clair et aller de l’avant, sans pour autant se précipiter : ■■ 142 En ce qui concerne le « pourquoi », les marques gardent encore leurs vieux réflexes et cherchent à répliquer leurs approches de push marketing sur ces terrains encore vierges. Voyant à quel point les utilisateurs prêtent attention aux notifications de messages, elles se prennent à rêver, imaginant des taux de clics record sur les promotions en tout genre. Elles cherchent encore à capter l’attention, là où Chapitre Les outils d’animation indispensables 4 plus probablement, il s’agira pour elles de prêter attention plutôt et d’engager celles et ceux qui souhaitent interagir. ■■ ■■ Sur le « comment », la question se posera de façon très concrète pour les marques, qui courront le risque de refaire les erreurs passées : débouler sur une terre vierge, faire feu de tout bois et au final user l’attention de communautés qu’elles assommeront de messages. Parce qu’être une entreprise sociale ne signifie pas seulement être sur des plates-formes sociales, mais bien être en prise avec ses communautés sociales, avec leurs usages et leurs attentes. Les marques devront s’interroger sur les finalités et les termes de leur présence. L’une est étroitement liée à l’autre si l’on considère trois spécificités du messaging : écrire des messages en one-to-one (service client), inventer chaque jour une langue faite d’e-mojis ou de virtual gifts (marketing), ou encore s’envoyer des paiements. Sur ce dernier point, l’exemple de Xiaomi et la vente de 100 000 téléphones en 86 secondes laisse rêveur. On voit ici que, loin d’être un simple levier marketing, ces applications de messagerie seront cruciales pour les marques. On a rarement vu des plates-formes répondre de façon aussi complète aux objectifs business des marques. Jusqu’alors, chaque plate-forme avait ses spécificités : Twitter est conversationnel, YouTube est au mieux aspirationnel, quant à Facebook, elle fut longtemps promotionnelle et s’efforce aujourd’hui d’être tout à la fois. WeChat, LINE ou encore WhatsApp pour leur part sont autant des médias que des plates-formes de communication (voice and data), ou encore des plates-formes de transaction, autrement dit davantage des services sociaux que des réseaux à proprement parler. Figure 4.11 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Vente flash d’accessoires sur LINE 143 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Les marques devront tirer parti de ces spécificités et s’engager sur ces trois pistes que sont le service client, via les échanges en one-toone, le marketing, via les stickers et les virtual gifts, et l’e-commerce. Il reste beaucoup à faire en termes de tests mais aussi d’outils pour aider les marques à être efficaces sur ces trois sujets et générer un revenu durable via ce canal. Un revenu qui, grâce aux données sourcées (e-mail, social graph, localisation, etc.) ira croissant, jusqu’à rivaliser – qui sait ? – avec les autres canaux de vente. Gérer globalement les actions d’engagement social Vos points de présence sur Twitter, Facebook, YouTube ou encore votre blog constituent ensemble votre écosystème social à l’intérieur duquel votre communauté navigue, en quête d’interactions, de contenus et de services. Si la tentation est grande de multipublier les mêmes contenus partout, elle est certainement contre-productive. Plutôt que de créer des redondances, votre rôle est d’offrir des parcours d’un point à l’autre du web social. Il vous sera donc nécessaire, avant d’entreprendre quoique ce soit, de bien définir la manière dont vous devez utiliser chaque média social, et plus largement chaque point de présence digitale, sachant que tous à présent ont trait au web social de façon directe. Quelle est votre ligne éditoriale sur votre Page Facebook, quels types d’actions devezvous y mener (promotions et/ou concours, contenus exclusifs ou jeu participatifs), quelle est votre ligne éditoriale sur Twitter ? Quels sont vos objectifs sur chacune de ces plates-formes en termes de visibilité, d’acquisition ou d’engagement ? Une fois ces objectifs et ces guidelines définis, il vous sera utile de disposer d’une plate-forme vous permettant de gérer vos actions simplement, au même endroit. Ceci vous permettra de concentrer vos efforts sur la planification des actions et la mesure des résultats. En fonction de votre identité, de votre maturité, de vos ressources et de vos objectifs, vous aurez toute la liberté de définir à la fois votre ambition (purpose), votre présence, votre organisation (process), votre stratégie (program) et vos indicateurs de performance. En utilisant ainsi la méthodologie des 5Ps décrite plus haut dans cet ouvrage, vous vous donnerez les moyens de maîtriser tous les tenants et aboutissants de vos actions sur le web social. 144 Chapitre Les outils d’animation indispensables © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Exemple de programme éditorial social, issu de social media guidelines 4 Figure 4.12 Quels outils choisir pour gérer toutes ces actions sur les médias sociaux ? Deux approches sont possibles, selon votre organisation, vos moyens et vos objectifs. Une organisation très pyramidale, soucieuse d’homogénéiser ses outils et capable d’investir lourdement dans une solution de social CRM se tournera naturellement vers des Suites de social CRM telles que celles de Salesforce, Oracle, Adobe ou encore Sprinklr. L’autre approche consiste à prendre des solutions moins riches fonctionnellement et répondant à des besoins plus précis, pour des départements spécifiques ou des objectifs particuliers. Pour le département marketing, il sera souhaitable d’investir dans des solutions de production et de distribution de contenus telles que Percolate, et d’aller jusqu’à exploiter le contenu des communautés pour valoriser les produits avec des outils tels que Olapic, Curalate ou Candid. Des médias ou des marques de divertissement désireux d’augmenter la portée de leurs contenus se tourneront naturellement vers des solutions telles que SocialFlow ou Wisemetrics, qui permettent d’améliorer constamment les performances des contenus organiques. Pour le département de la communication et de la relation client, les solutions conversationnelles seront plus importantes, afin d’être alerté en cas de message sensible, de pouvoir gérer un flot continu de demandes entrantes et d’y répondre au plus vite et le plus possible. Dans ces derniers cas, des outils tels que Hootsuite, Sleek ou Dimelo – selon la taille de l’organisation – peuvent être envisageables. 145 4 Chapitre Les outils d’animation indispensables Conclusion Vous aurez compris au terme de cette partie qu’il est vraiment nécessaire de réfléchir avant de s’engager sur des actions sur les médias sociaux. Leur diversité et leur complexité croissantes sont une invitation permanente à la réflexion. Vous parviendrez à les utiliser de façon optimale s’ils répondent à vos besoins (en fonction de la taille de votre communauté et de vos prérogatives) et si vous apprenez à en optimiser l’usage. Les médias sociaux continueront à évoluer, favorisant ainsi l’apparition de nouveaux outils et de nouvelles fonctionnalités (de publication, de veille ou encore de statistiques). Pour rester dans la course, une seule solution : tester les nouveaux outils, faire la part des choses et adopter les meilleurs. Ensuite, poursuivez vos tests, voyez comment vous pouvez pleinement vous approprier les applications sur lesquelles vous passez le plus de temps. Il va de soi que vous ne serez pas les seuls à utiliser ces outils et que se posera à un moment ou à un autre la question de savoir comment – entre community managers – vous vous répartissez les tâches. Cette répartition est favorisée par les outils de collaboration cités plus haut. Mais elle est également facilitée par des outils de gestion des flux d’informations. Avec l’émergence du temps réel et l’explosion des espaces de discussion, filtrer et adresser les messages prend un temps de plus en plus grand. C’est la raison pour laquelle la gestion du workflow représente un enjeu important au sein des équipes de community managers. Les outils de gestion des médias sociaux joueront à cet égard un rôle croissant pour permettre aux équipes de travailler plus vite et plus efficacement ensemble. Enfin, le fait que vous passiez la majeure partie de votre temps à utiliser les outils de publication, de veille et de statistiques vous donne voix au chapitre dans les discussions concernant les applications futures de votre entreprise. Que celle-ci opte pour des applications conçues en interne ou pour des applications existantes, votre avis compte et peut s’avérer déterminant. Aussi, n’hésitez pas à vous faire entendre et à faire valoir vos arguments. 146 Chapitre 5 De la stratégie au reporting : objectifs, indicateurs de performance , analyses des actions 1 U ne fois les principes, les compétences et les outils pleinement assimilés, ils doivent être mis au service d’une stratégie claire, faute de quoi le travail investi dans les communautés s’avérera vain. C’est pourtant faute d’une vision claire sur les tenants et aboutissants de leur présence sur les médias sociaux que les entreprises échouent le plus souvent. Tiraillées entre la nécessité d’être présentes et le désir jamais lointain de contrôler, les entreprises comprennent peu à peu que la gestion de leur image doit résulter d’une conversation et plus seulement d’un buzz*. Les paradigmes de communication changent, ce dont elles sont conscientes sans pour autant en tirer les leçons pratiques. Pour l’heure, c’est aux chiffres qu’elles prêtent encore le plus d’attention et aux indicateurs propres au marketing online : le trafic acquis par le biais des médias sociaux et converti en i nscriptions ou en ventes, le nombre de contacts Mots-clés récoltés, les actions générées par leurs contenus et ser■■ Owned media vices. Ces chiffres renseignent sur la rentabilité des ■■ Paid media investissements réalisés dans les médias sociaux et constituent des données précieuses pour optimiser les ■■ Earned média actions à long terme. ■■ ROI Ceci explique pourquoi les community managers ■■ KPI doivent reporter, sur la base d’objectifs définis au pré■■ Fidélisation alable. Ce reporting n’est pas seulement une manière de ■■ Engagement rendre des comptes, pour justifier l’utilité d’une action, d’un investissement ou d’un poste. Il sert avant tout au ■■ Optimisation ■■ Reporting 1. Key performance indicator (KPI). 5 Chapitre De la stratégie au reporting community manager à analyser les résultats de ses actions, à affiner sa stratégie, à enrichir ses connaissances sur ce qui marche ou pas, à allouer les budgets aux actions les plus efficaces à court et long terme. Définir sa stratégie social media Le community manager, nous l’avons vu, a vocation à initier l’ensemble de l’entreprise à de nouveaux outils, à de nouvelles méthodes et plus encore à une nouvelle manière de communiquer avec les communautés. C’est le préalable nécessaire pour concevoir une approche plus pertinente des médias sociaux et définir des stratégies originales. Pour ce faire, il doit faire évoluer les consciences en proposant de nouveaux paradigmes. 44440 Changer de paradigmes Comprendre les spécificités du travail de community manager permet d’entrevoir à quel point les médias sociaux offrent des opportunités aux entreprises pour communiquer. Néanmoins ces dernières peinent à cerner comment. Pour voir plus clair, il faut en revenir à l’essentiel et revisiter la typologie classique des médias sur laquelle les marques basent leurs stratégies. Cette typologie, reprise et enrichie par l’institut Forrester dans une étude 1, comporte trois catégories : owned media, earned media et paid media. Owned media (les médias que la marque possède) Les nouvelles technologies de l’information permettent à quiconque de devenir un média, y compris aux marques qui dorénavant peuvent investir massivement dans la production et la diffusion de contenus et toucher ainsi de multiples manières leurs cibles. Elles disposent pour ce faire de plusieurs relais de communication : leurs applications web et mobiles, les sites (pour la présentation de leurs activités, des événements spéciaux ou encore des programmes spécifiques) et leurs espaces sur les 1. http://www.forrester.com/rb/Research/no_media_should_stand_alone/q/ id/54869/t/2 148 Chapitre De la stratégie au reporting 5 médias sociaux. Ces médias, les marques les possèdent et les contrôlent en grande partie. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Earned media (les médias que la marque récolte) Si ce qu’offre la marque plaît, qu’elle mène un travail de longue haleine visant à structurer et animer une communauté qui partage un intérêt commun pour elle, alors cette communauté devient elle-même un média. Ses ambassadeurs deviennent des prescripteurs actifs et contribuent à un bouche à oreille positif autour de la marque. L’exemple le plus typique de earned media est sans aucun doute Apple qui, sans dépenser un centime, voit tous les médias confondus se répandre sur les rumeurs entourant les produits et sur les produits euxmêmes quand ils sont sortis. Les blogs, puis la presse écrite, la radio et la télévision s’emparent de la nouvelle, comme si elle était d’intérêt général. Dans un tout autre registre, une marque comme Ferrero jouit d’un grand succès sur Facebook : chaque publication est copieusement likée* et commentée, valant à la marque une visibilité accrue, acquise gratuitement. Paid media (les médias que la marque achète) Pour se faire connaître et conférer aux médias qu’elle possède un maximum de visibilité, la marque doit acheter des médias : bannières publicitaires, liens sponsorisés… autant d’actions qui servent des opérations ponctuelles et s’avèrent plus ou moins efficaces, plus ou moins en phase avec les stratégies mises en place par ailleurs sur les médias possédés et récoltés. Un community manager devra toujours jongler entre ces trois médias, et – loin de les traiter séparément – sera sans cesse conduit à trouver de nouvelles combinaisons entre eux. Il devra faire en sorte qu’ils bénéficient les uns aux autres, que s’opèrent entre eux des transferts (de communautés, de trafic, de confiance, de capital social) induisant à terme des économies d’argent et un gain d’influence. Quelles combinaisons est-il donc possible d’envisager ? Comment penser et intégrer ces trois médias de telle sorte qu’ils ne fassent plus qu’un autour de la marque ? 149 5 Chapitre De la stratégie au reporting 44440 Comment combiner les médias sociaux ? Les principes qui président au community management s’appliquent également au planning stratégique sur les médias sociaux, et les objectifs qui en découlent sont simples : converser, recruter, engager, convertir et fidéliser. Ceci implique une gradation tant de la nature de l’échange que dans l’implication mutuelle d’une part de la communauté et du community manager. L’essentiel, au final, reste de « produire quelque chose qui amène les gens à se rassembler et leur donne quelque chose à faire… » 1. Aussi faut-il considérer que ces gens sont différents, tant du point de vue de leurs attentes que de leur disposition à se rassembler et s’engager, et ajuster en conséquence les propositions pour toucher tous les publics. En somme, toute bonne stratégie sur les médias sociaux doit reposer sur trois fondamentaux : ■■ Expliquer et inspirer, pour susciter du dialogue et rassembler autour de valeurs communes. ■■ Définir des objectifs, proposer des outils, proposer des actions – de la plus petite à la plus importante. ■■ Faire évoluer les dispositifs en fonction des retours de la communauté, et du succès des actions. Une fois ces fondamentaux posés, il faut tester des combinaisons et s’interroger notamment sur la manière dont les paid media peuvent bénéficier aux earned media à long terme. L’objectif est bien de faire en sorte que, pour la communauté, les messages émis par le community manager ne soient jamais du bruit mais apportent toujours une valeur ajoutée et appellent des réponses. Le fait que vous ne contrôliez pas les campagnes de publicité ne signifie par pour autant que vous n’ayez pas votre mot à dire, au contraire : pour parvenir à constituer une communauté autour de la marque, il est nécessaire de faire en sorte que celle-ci parle d’une même voix et que ses trois médias – dans la manière dont ils communiquent – soient étroitement synchronisés. Dans ce contexte, les paid media ne peuvent tout à fait se résumer à créer du bruit : ils doivent constituer le premier temps d’un parcours, ou se faire l’écho d’histoire préexistante racontée par la marque et – pourquoi pas – par la communauté. Ils doivent introduire les visi1. http://www.henryjenkins.org/2006/12/how_transmedia_storytelling_be_1.html 150 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Chapitre De la stratégie au reporting 5 teurs dans un univers de marque. Les paid media fonctionnent comme des portes d’entrée qui ouvrent sur les owned media et les earned media : chaque communication amène les membres de la communauté à mieux connaître l’univers et à s’y aventurer davantage. À mesure qu’ils s’approprient cet univers, ils en deviennent des acteurs, qui contribuent aux earned media. Ce n’est sans doute pas un hasard si Facebook a, début 2010, annoncé l’abandon progressif de ses bannières publicitaires au profit des formats engagements. Comme l’explique Brandon McCormick, porteparole de Facebook : « Les formats de publicité qui permettent des actions sociales sont plus efficaces et offrent une meilleure expérience utilisateur, puisqu’elles sont plus cohérentes avec le style général de Facebook » 1. En concevant ses formats de publicité dans la continuité de sa plate-forme, elle sollicite de la part des utilisateurs les mêmes actions que sur leurs profils personnels, leurs applications et leurs pages. Ainsi, quand BNP Paribas organise sur sa page Facebook un jeu pour faire gagner des places de cinéma et en fait la promotion par le biais d’une campagne incitant à devenir fan pour participer, le paid media devient partie intégrante du owned media, et le earned media suit par le bouche à oreille. L’exemple de Facebook et de BNP Paribas révèle les éléments constitutifs d’une combinaison optimale des trois médias : ■■ Un univers homogène (unité thématique, graphique, fonctionnelle). ■■ Des parcours faciles et fluides entre les médias. ■■ Des actions claires pour avancer dans le parcours et partager l’expérience (des contenus attractifs et ludiques, des actions de partage, de commentaire et d’invitations). L’objectif est-il seulement de viser à une combinaison idéale entre les trois types de médias en vue de constituer et fidéliser une communauté autour de la marque ? Si la vocation du community manager est de rassembler et d’animer une communauté dans la durée, ne doit-il pas faire davantage ? Le mobile principal pour entrer dans l’univers d’une marque reste pour une communauté l’univers lui-même et non des incitations ponctuelles qui les dirigeraient inéluctablement vers la présentation d’offres, 1. http://www.businessweek.com/news/2010-01-20/microsoft-may-lose-more-offacebook-s-advertising-business.html 151 5 Chapitre De la stratégie au reporting quelles qu’elles soient. Un univers certes articulé autour de contenus, de produits et de services, mais sous-tendu par des valeurs, des figures et des histoires. Un univers suffisamment riche et dense pour que chacun y trouve son compte, puisse tout à la fois s’identifier et s’investir, trouver les raisons d’échanger ou simplement de revenir. Revenant sur ce qu’il appelle le transmedia planning, Faris Yakob esquisse les contours d’un tel univers : « Différents canaux pourraient communiquer différemment, contenant chacun des éléments de l’histoire de la marque qui ensemble créent un univers de marque plus grand. Les clients tirent alors différentes ficelles de l’histoire. La beauté de ceci tient à ce que cela produit des communautés de marque, de la même manière que Matrix produit des communautés quand le public se rassemble pour partager des parties de l’histoire. Un tel univers induit nécessairement le bouche à oreille » 1. Si la mission du community manager n’est pas de définir l’univers, il lui revient néanmoins d’en réviser sans cesse les contours, d’en renforcer les fondements et d’en aménager les parties. Il en est également le premier ambassadeur, celui qui adresse les différents publics pour leur donner des réponses ou, s’ils le souhaitent, des informations ou encore des missions. À l’interface entre les trois médias, il guide le parcours des communautés du paid media au earned media. Il gère la conversion de la communication en conversation, faisant en sorte que celle-ci soit bénéfique à la marque et que le earned media peu à peu s’accroisse. Telle est la mission du community manager dans le cadre de la stratégie social média de la marque. À présent, comment au juste mesurer les progrès accomplis sur ce chemin ? Sur quels indicateurs est-il possible de s’appuyer pour confronter les résultats aux objectifs fixés et les améliorer ? Définir des indicateurs pertinents Les médias sociaux sont légion et les indicateurs s’y rapportant sont bien plus nombreux encore. Il est crucial dans ce contexte de savoir comment les choisir pour ne pas perdre de temps et a fortiori en faire perdre à ceux qui auront à un moment ou à un autre à prendre connais1. http://farisyakob.typepad.com/blog/2006/10/transmedia_plan.html 152 Chapitre De la stratégie au reporting 5 sance des chiffres. La façon dont ils sont définis et – avant cela – justifiés fonde votre travail de tous les jours et le valorise. Ces indicateurs vous permettront à chaque étape de votre travail d’optimiser votre stratégie et surtout de valoriser en interne votre travail, de façon à obtenir par la suite plus de moyens. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Comment définir ces indicateurs ? Sur quoi au juste votre attention doit-elle porter ? Sur la finalité en dernier ressort de vos actions, fût-elle indirecte ? Augmenter les ventes par exemple. Sur les conséquences directes de vos actions à court terme (plus de commentaires, plus de fans ou de followers) ou à plus long terme (plus de temps passé sur un site, des utilisateurs plus impliqués) ? À la vérité, vous n’aurez le plus souvent pas à vous poser ces questions, pour la simple raison qu’on y aura répondu avant vous. Il m’arrive souvent, parfois plusieurs fois dans la même journée, d’entendre des clients m’expliquer qu’ils sont dans une « démarche ROIste 1 ». Le néologisme est clair mais ne signifie pas pour autant grand-chose. Une entreprise ne réalise un investissement que parce qu’elle escompte un retour sur investissement. C’est vrai pour la communication comme pour le reste. Doit-on néanmoins aborder les médias sociaux et définir les indicateurs clés de performance dans cette optique ? On l’a vu, les médias sociaux redéfinissent plus largement la manière dont les marques et leurs communautés communiquent. Ils offrent un contexte plus ou moins favorable à la discussion, à l’échange d’idées et d’informations et in fine aux transactions. Ils offrent un contexte qui impacte les transactions positivement ou négativement. Les indicateurs clés de performance nous renseignent sur ce contexte. Comme arvard le souligne Anthony Tjan, dans le blog qu’il tient dans la H business review : « Les chiffres financiers représentent la carte des scores qui nous intéresse, mais ils ne nous aident pas à savoir comment on score » 2 . Il est certain que c’est toujours le retour sur investissement qui est visé, mais il ne faut pas pour autant chercher à le viser directement. Ce qui compte avant tout est de savoir quels paramètres induits par l’action du community manager contribuent à optimiser 1. ROI : return on investment. En français : retour sur investissement. 2. http://blogs.hbr.org/tjan/2009/06/the-fallacy-of-financial-metri.html 153 5 Chapitre De la stratégie au reporting le ROI. Il peut être intéressant par exemple de voir comment l’initiative d’American Apparel rapportée dans le cas pratique sur Twitter a permis de minimiser les coûts de conception de campagne publicitaire, ou comment l’utilisation faite par Comcast de Twitter permet d’améliorer la satisfaction de ses clients et par conséquent leur durée moyenne d’abonnement. 44440 Par quoi commencer ? La réponse est simple : votre situation présente. Ce point temporel sert de référence pour tous les résultats que vous obtiendrez à l’avenir. Il permet d’évaluer les progrès accomplis de façon précise, non seulement d’un mois sur l’autre mais par exemple du premier trimestre en année n + 1 au premier trimestre en année n. Cela implique également de prendre en compte votre département et de regarder précisément les indicateurs généralement les plus significatifs pour lui (la visibilité pour la communication, l’acquisition pour le marketing, la satisfaction pour la relation client, la vente pour l’équipe des ventes par exemple). Comment réaliser cette photo instantanée de votre situation présente ? Si vous voulez en savoir plus sur votre notoriété, le Share of Voice sera utile pour apprécier votre « part de voix » par rapport à vos principaux concurrents. Si vous vous intéressez à la satisfaction de vos communautés, votre Net Promoter Score vous permettra de voir si les personnes qui parlent de vous le font plutôt en bien ou en mal. Voici aussi une liste indicative qui vous permettra de partir du bon pied : 1.Relevez dans tous les cas les principaux points de présence de votre marque sur le web et notamment dans les médias sociaux. 2.Relevez pour chacun d’eux les chiffres les plus évidents pour mesurer la taille de vos communautés, leur engagement, la visibilité induite par cet engagement. –– nombre de visiteurs uniques sur votre site, son pagerank1 et la durée moyenne de visite ; –– nombre de fans Facebook, la portée moyenne, le taux d’engagement ; –– nombre de followers Twitter, la portée hebdomadaire, le taux d’engagement ; 1. http://en.wikipedia.org/wiki/PageRank 154 Chapitre De la stratégie au reporting 5 3.Relevez les moyens mis en œuvre pour communiquer sur le web : –– Quel est le budget global de communication sur Internet ; comment se structure-t-il ? –– Quel est le budget moyen d’une campagne Adwords et/ou Facebook Ads et/ou Twitter Ads ? Ces deux dernières informations servent autant à identifier les évolutions en termes de stratégie qu’à évaluer les effets induits en termes de retour sur investissement. BONNES PRATIQUES Bien maîtriser les insights Facebook Il existe trois types d’insights Facebook : les Pages insights qui se rapportent aux Pages que vous administrez, les App insights, qui concernent vos différentes applications et les Ads insights qui relèvent de vos campagnes Facebook. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Pages insights Ces insights permettent tout d’abord de qualifier précisément la communauté de fans sur des critères socio-démographiques. Ils permettent également de mesurer la croissance de la communauté, c’est la première information à laquelle on prête attention. Vient ensuite la visibilité cumulée des différents posts publiés par la Page (weekly total reach) qui renseigne sur le nombre de personnes qui ont été exposées à un ou plusieurs messages de la marque. Enfin, « engaged users » concerne toutes les personnes ayant cliqué sur le post (pour voir le contenu, cliquer sur un lien, liker, commenter ou partager). Ce dernier indicateur est celui qui est le plus susceptible d’influer sur la portée des messages et d’en augmenter la visibilité virale (cf. earned media). Page insights – données socio-démographiques . des utilisateurs engagés . Décembre 2014 Femmes 26 % Personnes engagées Hommes 74 % Personnes engagées 35 % Vos fans 63 % Vos fans 0% 13-17 0% 14 % 9% 18-24 25-34 3% 35-44 0% 45-54 3% 14 % 0% 55-64 0% Figure 5.1 0% 65+ 0% 14 % 43 % 155 5 Chapitre De la stratégie au reporting Page insights – performances Figure 5.2 Nombre de likes sur la Page › Portée › Engagement 10 976 Nombre total de Likes 103 Portée totale 13 Personnes engagées i 0 % depuis la semaine dernière b 18,9 % depuis la semaine dernière b 35 % depuis la semaine dernière 4 23 0 Nombre de Likes a 100 % Nombre de Likes b 53,1 % Cette semaine La semaine dernière › Likes Cette semaine La semaine dernière 0 Commentaires 0 Partages 100 12/11 12/12 12/13 12/14 12/15 12/16 12/17 12/11 12/12 12/13 12/14 12/15 12/16 12/17 Clicks sur les posts i Apps insights Les apps insights renseignent sur les performances de vos applications, le nombre d’utilisateurs l’ayant installé, le nombre de stories générées à partir d’elles pour évaluer à quel point elle est engageante, et le nombre de clics induits par ces stories générées. C’est sur la base de ces deux chiffres qu’il est possible d’estimer à quel point l’application est virale et susceptible de toucher un public sans cesse plus large. Figure 5.3 156 Apps insights – Graph API Explorer Chapitre De la stratégie au reporting 5 Ads insights À ces deux insights, il faut ajouter une troisième catégorie optionnelle, qui est pertinente si vous êtes amené à gérer les Facebook Ads. Les trois indicateurs clés sont alors le targeted (soit l’ensemble des utilisateurs ciblés qui apparaissent lorsque vous définissez les critères de ciblage), le reach (soit les utilisateurs effectivement exposés) et le social reach (soit les utilisateurs ayant été exposés suite à l’interaction de l’un de leurs amis avec la publicité). Ads insights – performances 48 037 80 2,17 Ĥ 119,02 Figure 5.4 Ĥ 1,49 Page Post Engagement 15 10 5 0 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 JUN 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 Une large palette d’indicateurs de performance Les indicateurs sont extrêmement nombreux. Aussi faut-il être au départ concis en privilégiant seulement quelques-uns, qui répondent aux objectifs que vous vous êtes fixés et permettent d’établir des correspondances entre les médias sociaux sur lesquels vous travaillez (le contexte dont nous parlions plus haut) et les effets plus ou moins directs de ce travail sur la marque. Le fait par exemple que vous preniez comme indicateur de performance le nombre de likes de votre Page Facebook n’indique en rien que ceux qui ont liké sont également devenus clients ou ont au moins partagé leurs coordonnées. À quels types de conclusions vos indicateurs permettent-ils d’aboutir, quelles actions permettent-ils d’améliorer ? Une fois vos objectifs clairement définis, il vous sera facile de répondre à ces deux questions et de choisir alors parmi la foule d’indicateurs qui s’offrent à vous. Pour cela, il convient de mesurer la visibilité, la notoriété et l’influence du média visé. 157 5 Chapitre De la stratégie au reporting Trafic et utilisateurs La première donnée importante, qui doit dans tous les cas figurer dans le reporting, est celle du trafic sur vos différents sites. Quelle est la courbe de croissance, quels sont les pics de trafic, comment s’expliquent-ils, quelles sont les principales sources de trafic entrant ? Autant de questions qui – outre les données arrêtées chaque fin de semaine – vous permettent d’expliquer et donc d’améliorer à l’avenir ces résultats. Pour ce faire, Google analytics offre un grand nombre d’informations et fournit aux utilisateurs les plus avertis des fonctionnalités de personnalisation pour accéder directement aux données les plus consultées. BONNES PRATIQUES Google analytics Google analytics est un outil gratuit, complet et indispensable pour étudier les comportements des visiteurs de votre site. ■■ ■■ ■■ ■■ Après avoir rentré le code fourni par Google dans le footer de vos pages, vous pourrez analyser toutes les données souhaitées. Regardez le nombre de visiteurs uniques, le nombre de pages vues, le temps passé sur celles-ci. Quelles URL sont les plus populaires ? Google analytics indique la manière dont les visiteurs sont arrivés sur votre site, les sources de trafic : moteurs de recherches, liens directs, sites référents, vos mots-clés adwords. Quel pays, région, ville ? La façon dont ils l’ont exploré : par où sont-ils arrivés ? Quels étaient leur chemin de navigation ? Par où sont-ils sortis de votre site ? Ces informations vous permettent d’acquérir une meilleure connaissance de vos visiteurs et de votre communauté réelle et/ou potentielle. Au-delà de vos sites et/ou blogs et du trafic qui s’y rapporte, il est également utile de suivre l’évolution du nombre de téléchargements ou installations d’applications. Si les statistiques vous le permettent (celles disponibles sur l’Appstore par exemple ne sont en aucun cas similaires à celles disponibles sur Facebook), surveillez leur évolution à partir de leur mise en ligne au jour le jour, puis semaine après semaine, afin de mesurer le taux d’adoption et de saisir les éventuels impacts de vos échanges avec la communauté à leur sujet. 158 Chapitre De la stratégie au reporting 5 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Référencement Un travail efficace sur les médias sociaux peut permettre d’améliorer le référencement de votre site. Une bonne page Facebook, une vidéo populaire sur YouTube ou Dailymotion ou encore un certain nombre de liens distillés sur quelques blogs influents (ce que l’on nomme en anglais backlinks ou trackbacks pour certains de ces liens) peuvent optimiser significativement votre référencement. Il est aussi intéressant de disposer de comptes sur les médias sociaux correspondant exactement au nom de la marque : avoir son nom sur Twitter ou Facebook (facebook.com/lamarque) est important à la fois en termes de visibilité et de référencement. Pour avoir une visibilité sur les sites référents, il vous suffit d’accéder à la page du même nom dans Google analytics. Pour obtenir votre page rank, une quantité de sites permettent de le faire : par exemple www.prchecker.info. Fidélisation Les données quantitatives du trafic doivent être complétées par des données plus qualitatives : que font vos nouveaux visiteurs ? Reviennent-ils plus souvent sur votre site ? Si oui, pour quoi faire et pendant combien de temps ? Un visiteur fidèle a bien plus de prix qu’un curieux de passage, aussi devez-vous impérativement les distinguer les uns des autres et travailler à convertir les curieux en fidèles. Pour mesurer la fidélité, il suffit de vous rendre dans Google analytics, rubrique Visiteurs puis Fidélité des visiteurs. Les visiteurs les plus fidèles sont souvent ceux qui représentent le plus de valeur. À titre d’exemple, 75 % des commandes réalisées sur zappos.com proviennent de clients récurrents1. N’oubliez jamais qu’il est moins cher de conserver ses clients que de chercher à en acquérir de nouveaux. Engagement Rappelons à toutes fins utiles, avec Seth Godin, que « trop d’organisations se soucient des chiffres et non des fans. Elles s’intéressent aux clics ou aux mentions dans les médias. Elles manquent toutefois l’intensité de l’engagement et des connexions que les vrais fans apportent. 1. http://about.zappos.com/press-center/press-releases/zapposcom-debutsfortune-magazines-list-%E2%80%9C100-best-companies-work-for% E2%80%9D 159 5 Chapitre De la stratégie au reporting […] Les vrais leaders ont quant à eux compris que le réel enjeu était de convertir les fans occasionnels en fans authentiques ».1 Un membre fidélisé de la communauté visite régulièrement certains médias sociaux ou des sites web. Un membre engagé réalise quant à lui un certain nombre d’actions, diffuse les messages et participe à la vitalité de la marque. Aussi est-il intéressant de mesurer les interactions autour des contenus postés : les commentaires, les téléchargements, les partages, les retweets, les likes. Les statistiques des pages Facebook renseignent précisément sur le nombre et la nature des différentes interactions intervenues sur la page. Elles permettent également d’établir un ratio entre le nombre total de fans et le nombre de fans dits « actifs ». C’est ce ratio que vous serez amené à faire évoluer, afin que votre communauté soit plus impliquée et, par voie de conséquence, plus influente. Lorsqu’un fan like ou commente un article, cette action se répercute sur son profil : le fan engagé contribue ainsi à une plus grande visibilité du message, il s’en fait l’ambassadeur. BONNES PRATIQUES Bien mesurer le taux d’engagement (engagement rate ou ER) Il s’agit de mesurer le pourcentage des fans qui réagissent par rapport aux messages postés sur vos Pages. Le calcul est simple. Facebook : People engaged/People reach Il est souvent nécessaire de mettre ce taux d’engagement en regard de la taille de votre communauté. Plus celle-ci sera nombreuse, plus le taux d’engagement sera logiquement faible. À titre d’exemple, un taux d’engagement de 5 % sera considéré comme normal pour une Page ayant environ 100 000 fans, mais très élevé pour une Page ayant plus d’un million de fans. Pour ces dernières, le pourcentage moyen sera plutôt compris entre 1 % et 3 %. Il vous sera également nécessaire de mettre ce taux en regard d’autres Pages de votre secteur, de façon à vous faire une idée du niveau auquel vous êtes. Vous comparer à une Page de banque si vous gérez la Page d’une marque de sport n’aura pas grand intérêt. D’un secteur à l’autre l’amplitude en termes d’engagement peut être relativement importante, tant quantitativement que qualitativement. 1. Tribes, Seth Godin, p. 33. 160 Chapitre De la stratégie au reporting 5 Influence Influencer, c’est être écouté. L’influence se mesure donc avant tout par le nombre d’abonnés (blogs, newsletters), de fans, de membres, de groupes et de followers. C’est également être cité et donc s’intéresser au nombre de mentions de la marque dans les médias sociaux. Influencer, c’est enfin faire parler de soi et faire l’objet de conversations en ligne. L’enjeu pour vous est de mesurer à quel point exactement votre marque fait parler d’elle-même. Pour réaliser cette mesure, il vous suffit de faire ce calcul : votre part de conversation = nombre total d’articles traitant de « votre domaine d’activité » et de « votre marque »/nombre total divisé par le nombre total d’articles portant sur « votre domaine d’activité ». Bien évidemment, le nombre de conversations à propos de votre marque n’indique pas pour autant qu’elle est populaire. Une crise peut par exemple provoquer une soudaine augmentation des mentions négatives. Il faut donc compléter le calcul de la part de conversation par des données plus qualitatives renseignant sur le sentiment global des articles. De la même manière que vous identifiez vos fans les plus actifs, vous pouvez identifier vos followers les plus influents et mettre en place des programmes d’ambassadeurs ou de fidélisation, afin de vous ménager leurs faveurs. Il suffit pour cela de faire apparaître le Klout score de vos utilisateurs et de les ordonner de façon décroissante. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Optimiser, recruter et augmenter les revenus Constatez, avant d’entamer le travail, où en sont les différents départements susceptibles d’être affectés par vos actions : combien de sollicitations le service client reçoit-il tous les jours, combien dépense le département marketing, quel est le coût moyen d’un recrutement pour le département des ressources humaines ? ◗◗Optimiser les coûts du service client Constituer une communauté large et solide autour de la marque va souvent de pair avec une diminution des sollicitations du service client : son travail est allégé, à la faveur de l’apparition au sein de la communauté d’assistants bénévoles et de la création d’une littérature répondant aux problèmes les 161 5 Chapitre De la stratégie au reporting plus fréquemment évoqués. Il est donc intéressant de faire un inventaire régulier des éléments contribuant à une plus grande compréhension des produits de la marque et d’évaluer dans quelle mesure cela influe sur les requêtes faites au service client. En quoi le ratio des coûts liés au service client en ligne comparé aux coûts du service client offline évolue-t-il ? ◗◗Optimiser les coûts liés au développement de nouveaux produits Combien d’idées de nouveaux produits ou d’améliorations de produits pertinentes obtenez-vous tous les mois ? Combien d’idées ou d’améliorations aboutissent et sont retenues ? Les remarques de vos communautés vous permettent-elles de raccourcir le temps de développement entre l’invention et la sortie d’un nouveau produit ? Si oui, comment au juste : par des tests, des commentaires ? Les plates-formes évoquées plus haut telles que Salesforce idea community ou Get satisfaction sont très utiles pour répondre à ces questions, de même que Dimelo en France. ◗◗Optimiser le recrutement On se souvient de la publicité IBM tournant en dérision un ingénieur incapable de trouver parmi ses amis un profil correspondant à celui indiqué par la responsable des ressources humaines. Les choses ne sont toutefois pas toujours si simples, et le recrutement par le biais des médias sociaux est de plus en plus pratiqué. Il ne constitue pas une alternative mais plutôt un complément utile à d’autres démarches plus traditionnelles. Ernst and Young dispose par exemple d’une Page Facebook relativement complète : http://www.facebook.com/ernstandyoungcareers. Des services tels que Work4Us permettent d’ores et déjà aux plus grands groupes internationaux d’industrialiser leurs recherches de profils sur Facebook. Ces services permettent de réaliser des équations simples : combien de candidatures organiques obtenues via la Page RH Facebook, combien coûte le CV en moyenne via un service tel que Work4Us, au final ne devrais-je pas conseiller au pôle RH de déporter une partie de son budget sur des actions organiques sur ma Page, quitte également à prévoir un budget Facebook Ads si cela s’avère intéressant ? 162 Chapitre De la stratégie au reporting ◗◗Augmenter 5 les prospects Combien de prospects réorientez-vous chaque mois vers le département commercial, quelle part de ces prospects devient des clients ? En mettant en place un système de suivi simple avec votre interlocuteur commercial, vous serez à même de mesurer cela finement. Si votre entreprise utilise Salesforce par exemple, faites apparaître les prospects issus de votre communauté et demandez au commercial d’indiquer s’ils sont ou non devenus clients. Il en va de même pour les visiteurs qui arrivent sur votre site par le biais d’un média social : quelle proportion représentent-ils par rapport au nombre de visiteurs global ? Combien d’entre eux deviennent des clients ? Si vous avez des objectifs en termes de collecte de données, combien de contacts parvenez-vous à recueillir par mois ? En fonction de l’utilisation que vous en faites par la suite (par le biais par exemple d’une newsletter), quelle proportion de contacts devient des prospects, puis des clients ? Enfin si la gestion des paid media vous revient et que vous devez gérer les campagnes d’acquisition payante, il vous suffit de bien u tiliser AdWords ou encore Facebook Ads et de produire à partir d’eux des mesures pertinentes. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. BONNES PRATIQUES Comment établir l’efficacité de vos publicités ? Les conseils de Nicolas Duminil, ex-responsable marketing online chez Eyeka Google Adwords Adwords est un outil presque indispensable aujourd’hui pour pouvoir se vendre et acquérir de nouveaux clients/utilisateurs. Commencez par établir ce que vous cherchez, ce qui est en rapport avec votre secteur d’activité. Faites une liste non exhaustive des mots-clés et expressions s’y rapportant. Par exemple, si vous cherchez à faire une formation en community management, vous devez être présent sur « community », « community management », « community manager », « animation de communauté », « communauté en ligne ». 163 5 Chapitre De la stratégie au reporting Vous créez ensuite vos annonces, en trois lignes : ■■ Titre : Community management. Ligne description 1 : Vous voulez vous perfectionner ? Ligne description 2 : Formation intensive de 2 jours. URL à afficher : communitymanagementjobs.com. ■■ ■■ URL de destination :... De cette manière, lorsque des internautes effectueront des recherches sur Google en utilisant un mot-clé que vous avez ajouté à votre liste, ils tomberont sur votre annonce au-dessus ou à côté des résultats de recherche. Cette annonce est donc ciblée et pertinente pour les internautes –, ce qui amènera du trafic qualifié sur votre site (si vous avez, bien entendu, préparé correctement ces publicités ;-). Ces annonces peuvent aussi apparaître dans les sites affiliés à Google, ce que l’on appelle réseaux de contenu et qui contiennent donc des mots-clés sur leurs sites ou blogs, en rapport avec votre liste à vous. Le ciblage est possible sur des critères de langues, de pays, de régions et de villes… Vous décidez ensuite combien vous dépensez par jour, ce qui vous permet de définir votre budget et de le maîtriser. Enfin, vous choisissez de payer lorsqu’un utilisateur clique sur votre annonce (CPC), ou lorsque l’annonce s’affiche 1 000 fois (CPM) (avec ou sans clics). Les mots-clés marchent sur un système d’enchères. Si vous décidez d’être présent sur le mot-clé « community manager » et que vous estimez qu’un clic vaut 0,23 €, mais qu’un concurrent estime que ce mot-clé vaut 0,45 €, alors vous ne serez que second dans la liste des Google Ads à côté des résultats de recherches. Il existe aussi un indicateur de qualité. Si votre annonce est pertinente, donc rapporte beaucoup de clics par rapport à son nombre d’affichages, votre indice de qualité monte et votre coup baisse…, c’est un travail de longue haleine. Pour approfondir : L’optimiseur de conversion Google www.google.com/intl/fr/adwords/ conversionoptimizer/ Le générateur de mots-clés https ://adwords.google.fr/select/KeywordToolExternal Le AdWords editor http://www.google.com/intl/en/adwordseditor/ 164 Chapitre De la stratégie au reporting 5 Le générateur de mots-clés https ://adwords.google.fr/select/KeywordToolExternal Le AdWords editor © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. http://www.google.com/intl/en/adwordseditor/ Facebook Ads Les Facebook Ads sont un moyen efficace de cibler les utilisateurs présents sur le site en fonction de critères très précis (fournis par Facebook) et de mots-clés eux aussi prédéfinis. Les statistiques liées à ces publicités renseignent sur le nombre de clics et de conversions (Become fan/Join this event). Comme sur Adwords, on établit le coût au CPC* ou au CPM*. En revanche, lorsqu’il s’agit de faire la promotion d’un service externe, ces publicités ont un très grand défaut : il n’y a pas de code de conversion disponible pour connaître directement le nombre de nouveaux prospects qui ont, certes, cliqué mais qui, surtout, se sont inscrits/ont acheté sur votre site, bref, ceux qui comptent réellement. Pour remédier à ceci, il existe un moyen approximatif qui permet de vous faire une idée sur l’efficacité de vos campagnes et leur coût d’acquisition. Prenez le nombre de clics sur votre annonce fourni dans votre interface d’administration Facebook et le coût associé par semaine. Avec Google analytics, rendez-vous dans la rubrique Sources puis Sites externes : vous trouvez alors Facebook.com et/ou apps.facebook.com et/ou facebook.com/inbox. Prenez le nombre de visites uniques associées à ces URL, puis le taux de conversion indiqué. Vous allez maintenant diviser le nombre de visites par le budget dépensé sur la semaine, pour obtenir votre CPA*. Celui-ci ne sera bien entendu par 100 % fiable, car les URL désignent à la fois le trafic naturel et payant, mais en fonction de clics que Facebook vous annonce dans son interface, cela vous donnera une très bonne idée de l’efficacité de vos campagnes, de leurs coûts réels et des modifications à leur apporter. Pour approfondir : Les bonnes pratiques de publicité Facebook http://www.facebook. com/advertising/?src=awgl01#!/ads/best_practices.php 165 5 Chapitre De la stratégie au reporting ◗◗Augmenter les ventes Votre département marketing utilise sans doute déjà des outils pour mesurer le taux de conversion des visiteurs en clients. Google analytics permet une nouvelle fois de mesurer ceci. Il suffit de se rendre dans la rubrique Objectifs puis Nombre total de conversions et Taux de conversion. Vous devez bien entendu au préalable avoir défini vos différents objectifs (par exemple la création d’un compte ou l’achat d’un produit). Pour mesurer efficacement la conversion du trafic, vous pouvez définir des liens spécifiques pour chaque média social, de façon à ce que vous ayez une vision précise du trafic ramené par chacun et de la qualité de ce trafic. Peut-être votre société mène-t-elle déjà des campagnes adwords. Mais beaucoup reste à faire sur vos propres médias sociaux (owned media) : en 2009, Dell a réalisé par le biais de Twitter plus de 6,5 millions de dollars de ventes1. De même les vidéos très virales de Blendtec sur sa chaîne YouTube ont permis au fabricant de mixeur de toucher près de 8 millions de personnes et de multiplier ses ventes par cinq2 . Cas pratique Dell et Twitter Dans un article de Fast company consacré à Dell et Twitter, Kit Eaton ne se contente pas de relayer l’information concernant les bénéfices de Dell induit par ses comptes Twitter. Il part du principe que 500 employés environ ont alimenté les 35 comptes Twitter, que chacun de ses employés a consacré en moyenne 20 % de son temps à tweeter et que cela a coûté à Dell environ 500 000 dollars en termes heures/hommes. Rapporté aux 6,5 millions de dollars de ventes, il calcule que cela représente un retour sur investissement d’environ 1 300 %, ce qui est énorme. Ce calcul montre qu’au-delà des outils et des formules arrêtées, il est possible de réaliser des calculs simples qui – même approximatifs – permettent de se faire une idée précise de l’impact de nos actions. Si l’on ajoute à ces chiffres de ventes le fait que ces comptes Twitter ont contribué à améliorer l’image de Dell auprès du public et qu’ils permettent de recueillir plus de retour client, Dell peut estimer que l’utilisation de Twitter est rentable à plus d’un titre. Source : Fast company, 8 déc. 2009 1. http://www.fastcompany.com/blog/kit-eaton/technomix/twitter-really-worksmakes-65-million-sales-dell 2. http://econsultancy.com/blog/1795-will-it-blend-viral-videos-boost-sales 166 Chapitre De la stratégie au reporting 5 Ces indicateurs sont nombreux. Une fois que vous les aurez sélectionnés, assurez-vous bien que les principaux soient validés par votre direction et recueillent une large adhésion au sein de la société, afin qu’ils puissent recevoir toute l’attention qu’ils méritent. Ils ne doivent en effet pas uniquement servir à évaluer l’impact de vos actions et à vous faire progresser, ils doivent aussi faire entrevoir aux autres départements à quel point votre travail leur profite. Les trois formats de reporting Une fois vos objectifs et vos indicateurs clés de performance définis, vous devez pouvoir consigner vos résultats afin d’avoir une vision d’ensemble de l’évolution des chiffres et de les partager plus facilement au sein de votre entreprise. Il existe essentiellement deux critères qui permettent de différencier les formats de reporting : la périodicité d’une part, et le destinataire d’autre part. En croisant ces deux données, on obtient les trois principaux formats : le reporting opérationnel, le reporting de pilotage et le reporting stratégique. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. 44440 Le reporting opérationnel Au terme de chaque semaine, il vous sera utile de jeter un regard rétrospectif sur votre activité et de réaliser les premiers comptes. L’enjeu n’est pas seulement de récolter des statistiques, mais également de vous aider à mesurer le temps passé sur chaque activité, à savoir si vous gagnez en efficacité sur certaines tâches. À vous de définir le format de reporting qui correspondra le mieux à vos indicateurs et à vos besoins. Ces documents doivent aussi pouvoir embrayer sur des actions précises. Voici dans tous les cas une somme d’informations qu’il peut être bon de relever de façon hebdomadaire : Problèmes urgents d’utilisateurs détectés/réglés Il s’agit du nombre de commentaires reçus/répondus, ou du nombre de mentions Twitter reçus/répondus, etc. 167 5 Chapitre De la stratégie au reporting En filigrane, posez-vous la question de savoir pourquoi vous n’avez pas pu tous les régler, ou – s’ils sont tous réglés – intéressez-vous au temps moyen que vous avez mis pour les régler. Aperçu général de l’offre supplémentaire de contenus mise à la disposition de la communauté Pour l’assister (actualisation de la FAQ, notules d’aides contextuelles ajoutées sur le site, Tutorial, etc.). ■■ Pour communiquer sur la marque (articles de blogs, vidéos). ■■ Pour apporter des précisions par rapport aux questions de certains membres de la communauté. À travers ces points, l’objectif est de savoir quelle valeur ajoutée vous avez offert à votre communauté. ■■ Liste des actions menées dans le cadre d’opérations ponctuelles Les KPIs sont souvent les mêmes pour ce type de reporting : visibilité, acquisition, engagement et le cas échéant conversion. ■■ Si l’objectif résidait dans le recrutement de membres, de fans ou d’informations, est-il atteint ? Quels sont les chiffres ? ■■ Si l’objectif résidait dans l’obtention d’une plus grande notoriété, la marque bénéficie-t-elle d’une plus grande visibilité ? ■■ Si l’objectif était d’augmenter le trafic vers le site web ou en point de vente, comment le trafic a-t-il augmenté ? Si c’est le cas, quelle est la part de Facebook (Google analytics l’indiquera pour le site web) ? Listes, même sommaires, utilisables par les autres départements Avez-vous identifié des partenaires commerciaux potentiels ? Établissez une liste et transmettez-la au responsable commercial. ■■ Il en va de même pour les prospects (pour le responsable commercial) et les partenaires médias (pour le responsable de la communication). ■■ Sur cette liste, ajoutez en complément de chaque nom et contact une ligne de commentaire pour motiver votre choix. Classez chaque nom par ordre de priorité. ■■ 168 Chapitre De la stratégie au reporting 44440 5 Le reporting de pilotage Son objectif est de prendre un peu plus de recul et de dégager une vision d’ensemble. Il s’adresse au département marketing mais intéresse aussi d’autres départements avec lesquels il est utile de s’asseoir pour discuter des résultats mais aussi des termes de la collaboration. Ce rapport est relativement exhaustif et constitue une base pour définir les grandes lignes du community management le mois suivant. Il est bon de reprendre un plan relativement similaire à celui retenu pour les indicateurs. ◗◗Commencer par les informations liées à la communauté Est-elle plus nombreuse (membres, visiteurs uniques, fans, followers) ? ■■ Est-elle plus fidèle et active (nombre d’abonnés, durée moyenne sur le site, engagement rate sur Facebook) ? ■■ Est-elle plus influente (proportion de commentaires positifs, backlinks et trackbacks intéressants, retweetabililty) ? ■■ ◗◗Par quelle visibilité cela se traduit-il en ligne ? Des mentions particulières ? Si ce n’est pas le cas, quels membres pourraient, le cas échéant, être mis en avant et recommandés aux médias intéressés ? ■■ Récupérer les meilleurs articles de blogs et les faire figurer en annexe. ■■ © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ ◗◗Identifier les principaux commentaires de manière à dégager ensuite des tendances Portent-ils essentiellement sur des problèmes ? Si oui, ces derniers sont-ils liés aux produits, au service après-vente ou à l’image de la marque ? ■■ S’agit-il de questions ? Si c’est le cas, en quoi pouvez-vous y répondre durablement ? S’il s’agit de recommandations, ce rapport hebdomadaire est l’occasion de les trier et de faire remonter les plus récurrentes. ■■ 169 5 Chapitre De la stratégie au reporting Sont-ils plutôt positifs ou négatifs ? Dans quelle proportion ? Comment pouvez-vous y remédier ? Le reporting hebdomadaire est également le moment où, en établissant un diagnostic, vous avez aussi l’opportunité d’esquisser des solutions. ■■ ◗◗Évaluer les gains induits par votre travail Quel est le nombre total de conversions ? Quel est le taux de conversion (création de compte et/ou transaction) ? Comment évolue-t-il ? ■■ Combien de prospects ramenez-vous par mois ? Quelle proportion d’entre eux devient clients ? ■■ Le service client est-il moins sollicité ? S’il l’est toujours autant, les requêtes sont-elles les mêmes ? ■■ Le département marketing ressent-il les bénéfices de vos actions au travers des hausses de trafic, de la hausse de qualité de ce trafic par exemple ? Le reporting de pilotage offre l’occasion d’échanger avec les différents départements, tant pour évaluer les conséquences des actions que pour optimiser ces dernières. L’objectif est également d’éviter autant que possible d’éventuelles frictions entre le community manager et les départements qui souhaitent parfois avoir un contrôle total sur leur domaine (le contrôle de la communication est, par exemple, un point très sensible dans les grandes entreprises). ■■ 44440 Le reporting stratégique Le reporting stratégique offre une vision d’ensemble de la marque. Il s’adresse à des décideurs, qui doivent pouvoir saisir rapidement des données clés et établir des diagnostics. Sa périodicité est variable : il pourra être demandé en vue d’un conseil d’administration, parfois un directeur le demandera une fois par mois. Un tel reporting doit être extrêmement concis et tenir si possible en une page. ◗◗Reprendre certains éléments du reporting de pilotage Il sera intéressant de reprendre de façon condensée les données telles que : ■■ Taille de la communauté en 4 chiffres (visiteurs unique, fans, followers, communauté YouTube ou Dailymotion). 170 Chapitre De la stratégie au reporting 5 Visibilité de la marque en 4 chiffres (mentions en ligne, reach Facebook, reach Twitter, vues YouTube ou Dailymotion si c’est pertinent pour vous) – certaines entreprises iront jusqu’à demander des équivalents médias pour valoriser concrètement cette visibilité obtenue de façon organique. Il faut alors ramener le reach Facebook par exemple au CPM moyen dans votre secteur. ■■ Sentiment moyen autour de la marque en 1 chiffre. ■■ Évaluation des gains en 4 chiffres (% acquisition, engagement, conversion) et % de renouvellements (en plus), si possible directs (via des promotions ou des ventes flash). ■■ ◗◗Comparer ces chiffres à ceux du marché Quelle part de conversation par rapport aux trois concurrents principaux ? ■■ Quels sont les sentiments moyens autour de ces marques concurrentes ? ■■ Benchmarking des éventuels nouveaux acteurs et de ce qui se dit d’eux. ■■ ◗◗Dresser une liste indicative des nouvelles tendances au sein de la communauté de la marque et, au-delà, sur le marché de la marque Nouveaux sujets de discussion au sein de la communauté. Principales demandes récurrentes. ■■ Nouveaux produits et ce qui se dit d’eux en ligne. ■■ Nouvelles fonctionnalités et usages intéressants sur les médias sociaux, le cas échéant, utiles et stratégiques. ■■ © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. ■■ 171 5 Chapitre De la stratégie au reporting Conclusion Aucune statistique n’est, en matière de médias sociaux, gravée dans le marbre. Beaucoup sont encore à définir, à fabriquer, à affiner. Pour arriver à formuler vos propres indicateurs, vous devez pouvoir faire preuve de discernement et définir, à partir des objectifs qui vous sont fixés, les formules statistiques qui permettent d’y répondre. Prenez par exemple un programme transmédia. Aucune règle n’existe en la matière, ni aucun indicateur clé. Ceci ne vous empêche pas pour autant de faire preuve d’imagination. Partez de la définition même d’un programme transmédia : un univers qui se déplie sur plusieurs écrans et immerge totalement le public au point qu’il devienne partie prenante de l’histoire. Le public joue donc un rôle essentiel dans le programme, et la réussite du programme est fonction de son implication. Il suffit donc d’identifier les différents types de public (du plus passif au plus actif) et de définir les indicateurs clés d’engagement (durée passée dans l’univers, actions réalisées) pour évaluer ensuite la proportion des différents publics, l’évolution de cette proportion dans le temps et bien entendu, au final, le volume des différents publics. La recette est donc simple : collectez des statistiques crues, interrogez-vous sur la finalité de vos calculs, « cuisinez » vos statistiques crues pour aboutir à des statistiques affinées qui parlent d’elles-mêmes. 172 Conclusion Que retenir de cet ouvrage ? De nouveaux paradigmes Il importe tout d’abord d’entrevoir à travers le community management les nouveaux paradigmes de la relation entre les organisations et leurs communautés : Une révolution de l’organisation qui trouve son principe de fonctionnement déplacé de l’intérieur vers l’extérieur, de la direction générale vers le consommateur. L’approche client-centrique tend à primer de plus en plus et se révèle le secret d’une réussite à long terme. Elle implique toutefois de reconsidérer un certain nombre de méthodes et, au-delà, d’idées sur lesquelles les entreprises se sont longtemps reposées : –– ne plus chercher à utiliser les membres de la communauté mais leur rendre service, même si cela revient à les orienter vers un autre site ou vers un concurrent ; –– ne plus privilégier les opérations de communication ponctuelles mais investir à long terme dans des relations pérennes avec vos communautés ; –– voir dans votre communauté plus qu’un relais d’influence : votre base et votre avant-garde, votre think-tank et votre relais de croissance ; –– ne plus faire d’économies de bouts de chandelles sur le community management et le service client en temps de crise, limiter les coûts structurels et opérationnels. ■■ Une nouvelle forme de communication, multilatérale et partagée, qui repose sur de nouveaux outils et des usages en constante évolution. ■■ Conclusion ■■ De nouvelles méthodes pour appréhender et identifier des besoins de niches spécifiques, pour concevoir par conséquent des produits et des services ou les modifier. Ces paradigmes sont ici pour durer : l’affirmation du temps réel et l’émergence de la géolocalisation dans les services web et mobiles ne feront que les renforcer en les ancrant davantage encore dans le réel. Une vision multidimensionnelle du community management Le community management est encore un mot-valise dans lequel chacun met ce qui l’intéresse. Pour ceux qui découvrent le terme, il s’agit essentiellement d’un autre métier d’artisan du web, standard et de plus en plus normé. Mais si les community managers disposent d’un certain nombre de compétences communes, leur métier s’avère très différent selon le domaine dans lequel on les retrouve. D’un domaine à l’autre, les communautés n’obéissent pas aux mêmes règles, les pratiques et les discours changent du tout au tout, comme nous avons pu l’entrevoir par exemple dans le domaine de la politique, des médias, de l’art plastique ou encore du luxe. Plus encore, il faut concevoir le community manager comme un acteur qui existe au-delà de l’entreprise qui l’emploie : il dispose de sa propre voix et de sa communauté qui lui fait confiance et lui confère par conséquent une autorité. C’est dans cette position que le community manager évolue tout au long de son parcours. Et c’est de ce fait qu’il est très tôt amené à se spécialiser. Une nouvelle position au sein de l’organisation De petits jeunes férus de médias sociaux, l’on passe à une vision des community managers plus précise et ambitieuse : ayant assimilé les nouveaux paradigmes précités, ils comprennent les attentes de leurs communautés et s’en font l’écho auprès des organisations qui les emploient. A minima simples interfaces, a maxima leaders de tribues, ils portent en eux un pouvoir bien plus grand que celui des communicants d’hier, 174 Conclusion celui non plus de faire du bruit mais d’influencer. Loin de simples porteurs de messages, ils connaissent tout à la fois leurs communautés et les cadres de leurs organisations, dont ils se révèlent les clés de voûte. Ceci leur confère une vision et une intelligence plus grandes de leur domaine et le pouvoir de faire en sorte que leurs messages portent et changent la donne. Échappant en définitive au strict cadre de son organisation, le community manager se découvre comme un hérétique en puissance, au sens où Seth Godin l’entend : quelqu’un qui pense en dehors de la boîte et ne se contente pas de suivre le règlement, mais plutôt écoute, invente et inspire. Vers le social business © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Pris entre différents départements, le community manager voit peu à peu évoluer son rôle. Il n’a plus seulement vocation à être cet hommeorchestre présent sur tous les fronts, mais aussi celui qui éclaire une organisation devant se tourner tout entière vers l’extérieur. Une organisation qui doit complètement redéfinir sa communication, son marketing, et l’intégralité de l’expérience client. Le community manager, conscient de cette tendance lourde et des enjeux qu’elle représente pour son organisation, saura tirer parti de son rôle pour évoluer au sein de son entreprise pour y conquérir au final une place centrale. 175 Buzz Mot-valise anglais signifiant bourdonnement. Il décrit la communication faite autour d’un produit et le bouche à oreille induit par cette communication. CPM (coût par mille impressions) Unité de mesure permettant de déterminer le coût d’achat d’espace sur un site Internet. Ce coût est fonction du nombre d’affichages de la publicité. CPC (coût par clic) Unité de mesure permettant de déterminer le coût d’achat d’espace sur un site Internet. Ce coût est fonction du nombre de clics sur la publicité. CPA (coût par action) Unité de mesure permettant de déterminer le coût d’achat d’espace sur un site Internet. Ce coût est fonction du nombre d’actions (un achat, une inscription, etc.) obtenues par le biais d’une publicité. CRM (customer relationship management) La gestion de la relation client ou CRM recouvre tous les outils et données liés aux clients et aux prospects de l’entreprise. Elle permet de contrôler, de suivre et d’enregistrer les actions entreprises auprès de la clientèle et plus largement de la communauté. À cet égard, elle relève aussi bien du département business développement, du marketing et du service client. Le community manager, lui, s’intéresse plus précisément au social CRM. Crosscanal Peut exprimer l’adaptation d’un contenu, d’une application ou d’une action sur plusieurs supports de communication digitale, tels que l’ordinateur, le mobile, la tablette ou plusieurs leviers de communication digitale tels que les médias sociaux, le site Internet d’une organisation, la newsletter, etc. Glossaire Crowdsourcing Procédé qui consiste à déléguer au public une tâche particulière, quelle qu’elle soit. Il peut s’agir de définir des mots (Wikipedia.com), d’accomplir des tâches simples (Mturk.com), de créer des designs pour des t-shirts (Threadless.com) ou encore de voter (Hotornot.com). Engagement Mesure qui permet d’apprécier le degré d’interaction d’une communauté avec une marque. FAQ (frequently asked questions, ou foire aux questions) Il s’agit, comme l’indique son nom anglais, des questions les plus fréquemment posées et des réponses qui leur correspondent. Les FAQ doivent être régulièrement actualisées pour anticiper les demandes de la communauté. Follower Quelqu’un qui suit quelqu’un d’autre sur Twitter. Si je suis lemondefr, je suis un follower du Mondefr. Game design Procédé par lequel on conçoit le contenu et les règles d’un jeu. Le game design est une compétence requise pour la conception de jeux, de programmes audiovisuels et plus largement de services interactifs visant un large public. Influenceur Personne disposant d’un compte sur un média social (blog, Twitter, groupe ou page Facebook) et diffusant régulièrement un nombre important de contenus à une communauté large et fidèle. Cette personne dispose d’un capital social élevé qui fait d’elle un prescripteur auprès de sa communauté. KPI Anglicisme désignant les indicateurs (indicator) clés (key) de performance. Lead community manager Responsable de l’équipe des community managers. Il conçoit et actualise la charte de community management, et coordonne son équipe. 178 Glossaire Like Action d’aimer un contenu ou une page. Le like est particulièrement utilisé sur Facebook. Maven Terme anglais qui définit quelqu’un de particulièrement érudit dans un domaine précis. Dans Le point de bascule, Malcom Gladwell utilise le terme dans un sens plus large : est maven celui qui acquiert des connaissances et les dispense généreusement à son entourage, pour régler ses problèmes ou simplement améliorer son quotidien. Messaging Fait de s’envoyer des messages en temps réel, le plus souvent via des applications conçues à cet effet, telles que WhatsApp, LINE, WeChat, Snapchat ou Viber. Modérateur Personne dont le travail consiste à modérer des contenus. En fonction de la nature de ces derniers, il est amené à les supprimer, à les valider et parfois à les mettre en avant. En fonction des sites sur lesquels il intervient, le modérateur intervient a priori ou a posteriori. © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. Newsfeed Méthode qui permet d’afficher sur la page personnelle d’un utilisateur les informations concernant les actions de son réseau social. Facebook détient le brevet de cette méthode. POEM Paid owned earned media représente les trois différents types de visibilité qu’une organisation peut avoir sur les médias sociaux. Cette visibilité est liée à ses actions organiques (owned), aux actions payantes (paid, publicités en vue d’amplifier un message ou un contenu) et aux interactions des utilisateurs sur les contenus ou applications qui forment une visibilité additionnelle (earned media). Territoire de marque Ensemble des éléments de la marque constitutifs de son univers et qui accompagnent sa représentation : traits de personnalité et éléments récurrents de son exécution publicitaire qui font qu’on la reconnaît. 179 Glossaire Viralisation Action propre au passage d’un virus d’une personne à une autre. Par extension, le terme est entendu dans cet ouvrage comme une action de viraliser une information, c’est-à-dire de la faire circuler d’une personne à une autre. Whuffie Monnaie virtuelle basée sur la réputation utilisée dans le roman de science-fiction Down And Out In The Magic Kingdom, de Cory Doctorow. Dans The Whuffie Factor, Tara Hunt s’approprie le terme et appelle « whuffie » le capital social d’un individu. Un capitaliste social est quelqu’un qui construit et nourrit une communauté, et par là accroît son whuffie. Wording Terminologie employée sur un site Internet pour définir les noms de catégories, de boutons, de modules et l’ensemble des contenus texte du site. Le wording reflète fidèlement l’identité de la marque, sa culture et la relation qu’elle souhaite entretenir avec les visiteurs. 180 G 5Ps 31 A agile 41 agilité 46, 51 ambassadeur 14-15, 35, 67, 102, 152, 160 B branded content 54 buzz 18 buzz marketing 54 C capital social 9-11, 19, 22, 27, 56, 149, 178, 180 collaboration 107, 110 communauté 2, 4, 8, 14-15, 27 crowdsourcing 41-42 E earned media 148-152 engagement 144, 151 e-réputation 104 F feedback 18 fidélisation 159 game design 56, 94, 106 game guide 59 graph social 10 guideline 30-31, 59 I influence 14, 22 influenceur 35, 37, 51, 139 M maven 81-82 média social 8, 62, 117 médiateur 38 O owned media 148 P paid media 148-151 planning stratégique 150 R réputation 10 ROI 153 Index des concepts S social guidelines social media intelligence 113 social media policy 30 T transmedia planning 152 transparence 24, 27 182 W word of mouth – WOM – marketing 65 workflow 146 A Adamiak Stéphane 97 Adidas 109 Adobe 145 Agenda 101 AJBomber 59, 60 Amazon 25 American Apparel 61-62, 140, 154 Android 35 Anthony Babkine 70 Apple 61 Asana 111 Aubert Julien 97-98 Audiovisit 101 Automattic 39 B Basecamp 109 Benkler Yochai 41 Bezos Jeff 25, 33 Blendtec 166 BNP Paribas 151 Boclet Renaud 97 Bouchet Morgan 97 Bouygues Telecom 73 Brandwatch 116 Burberry 102 Buzzeum 100 C Canal+ 141 Carrefour 16 Chanel 103 CNN 96 Comcast 154 Cuban Mark 140 Curalate 145 D daPulse 112 Dean Howard 91 Dell 67, 140, 166 Dimelo 77, 145 Dior 103 Dollar Shave Club 128 Doré Garance 102 Drive 17 Drivy 24 Drupal 42 Dubray Diane 100 Duminil Nicolas 163 E Eaton Kit 166 Edelman 69 Edison Thomas 45 Ernst and Young 85, 162 Establet Jean-Christophe 97 Etsy 61 Index des noms et marques Evans Maureen 117 Eyeka 79, 163 J Jarvis Jeff 23, 35, 67 F Facebook 23, 25 Fairey Shepart 90 Fake Caterina 34 Fast company 166 Festival Pocketfilms 23 Flickr 34 Flow 111 Fnac 138 Forrester 139, 148 Fremen Corp. 97 Fubiz 103 Fumado Lionel 103 G Get satisfaction 77 Girbal Sandrine 97 Gladwell Malcom 81 Godin Seth 3, 20, 50, 159, 175 Google 36 Greenpeace 71-72 Guilhem Fouetillou 113 H Happy Fannie 97 Henner Jean-Jacques 100-101 Hermès 36, 103 HipChat 112 Hootsuite 115, 145 Hot or not 40 Hsieh Tony 19 Hunt Tara 22, 27, 51, 56, 69, 74, 180 I Instagram 49 iPhone 35 184 K Kilar Jason 25 KitKat 71 L Ladvie Guillaume 98 La Redoute 73 Lego 72 Libération 23 Linkfluence 116 L’Oréal luxe 86 M Malraux 99 McDonald’s 132 Mediapart 96 Menchacha Lionel 68 Mention 115 Mini Freddy 140 Monocle 103 MoveOn 26 Mozilla 42 N Newsom Gavin 93-94 New York Times 127-128 O Oates Geoges 34 Obama Barack 90-91 Oculus 49 Olapic 145 Ooshop 17 Oracle 145 Orange 30, 103 Orange cinema series 98 Index des noms et marques P Pbworks 110 Percolate 145 Powerhouse Museum 101 R Rechelbacher Horst 74 Reddit 10 Richardson Jim 101 © Dunod - Toute reproduction non autorisée est un délit. S Salesforce 116, 145 Salesforce idea community 77 Simon Nina 101 Skype 42 Skyrock 96 Slack 109 Sleek 76, 145 Slideshare 49 SocialFlow 145 social guidelines 144 SocialText 110 Société générale 85 Southwest 74 Sprinklr 116, 145 Sprout Social 116 Starbucks 77, 82 Stern Music 4, 5 Story Factory 97 Swarm 59 Synthesio 116 Sysomos 116 T Tanguy Moillard 73 Tequila Rapido 86 The Sartorialist 102-103 The Walt Disney Company 141 Thompson Clive 83, 117 Threadless 20, 61 Tigerlily 130 Tjan Anthony 153 Trippi Joe 91 Twitter 27-28, 132 U Ubuntu 42 Universal Music 4 UserVoice 77 Ustream 93 V Veuve Cliquot 103 Viralheat 115 Vuitton Louis 127 W Wal-Mart 69 Warner Bros 109 Wikis 64 Winfrey Oprah 36-37 Wired 83 Withings 58 Wordpress 39 World of Warcraft 59 Wrike 111 WWF 109 X Xiaomi 143 Y Yakob Faris 152 Yammer 108-109, 111 Yeung Bernice 27 Z Zakari Samy 41, 140 Zappos 19, 33, 159 Zuckerberg Mark 23, 26 185 B Blogger 120 C L LINE 10, 142-143 LinkedIn 57-58, 78 O Chictopia 62 D Oculus 49 P Dailymotion 100-101 F Facebook 16-18, 23, 25-28, 42-43, 49-50, 77-78, 92-93, 100-101, 117-118, 122-123, 125-126, 132135, 140-141, 144, 149, 151, 155, 157-160, 162-163, 165, 168-169, 171, 178 Flickr 34, 61, 64, 90, 100-101 Foursquare 59 G Google+ 140 Google analytics 158 I Pinterest 141 R Reddit 10 Renren 141 S Snapchat 10, 80, 119, 142 Swarm 59-60 T Tumblr 54, 92, 121-122 Twitter 27-28, 117-118, 135-140, 144, 154-155, 159, 166, 167, 171, 178 V Instagram 49, 141 J Jive 108 VKontakte 141 W WeChat 10, 80, 119, 141-143 Weibo 119, 141 Index des médias sociaux WhatsApp 10, 49, 143 Wordpress 39, 120 Wordpress et Wordpress MU (pour plusieurs blogs/sites) 122 188 Y Youku 119 YouTube 90, 100, 144, 159, 166, 170-171 Déjà parus dans la collection :