Aubry - La Brique

Transcription

Aubry - La Brique
Dossier municipales
Aubry,
patronne de Lille
Portrait d'une énarque
proche du patronat, qui
s'est drappée de bleu
pour les municipales. Vous
avez dit « socialiste » ?
E
Méditerranée, etc. Objectif : rassembler
des entreprises locales et nationales
« souhaitant s’inscrire dans une relation
dynamique avec leur environnement social ». Depuis, d'autres entreprises très
« sociales » ont mis la main au portefeuille : Mac Donald's, Adecco, Carrefour, Décathlon. Toujours dans le même
esprit, se faire une bonne pub à moindre
frais sur le thème de la lutte contre l'exclusion, et faire ainsi diversion sur leur
bonne gestion d'entreprise : intérim à
gogo, contrats précaires, « réduction des
coûts », muselage des syndicats, profits
maximum.
levée à l'institut privé St Pierre de
Fourier, école huppée de Paris,
elle atterrit tout naturellement à
Sciences Po puis à l'ENA. Haut fonctionnaire, elle intègre le ministère du travail
car elle pensait « qu'à la fois [sa] formation
économique [lui] permettait d'entrer dans
un ministère qui était extrêmement social, et [se] disant que la
France avait un retard
assez grand dans la Ô, monstre de boue...
façon de traiter le capidonne-moi la force
tal humain en entreprise »1. Puis elle décide toute-puissante !!!
de rejoindre une grande
entreprise et devient
directrice générale chez
Péchiney pendant trois
ans. Sans l'empêcher,
au passage, d'adhérer au
parti socialiste. Vient
alors le choix de sa vie :
entrer ou non « en politique ». Elle s'explique :
«J'avais un engagement
vis à vis de Jean Gandois et j'avais un boulot
Martine, le contrat de confiance
passionnant, il m'avait fait confiance chez
2
Péchiney » . Gandois est alors le boss de C'est le déclic, Aubry se pose « la question
Péchiney. Quelques temps plus tard, il du mandat électoral, considérant qu'il falpréside aux destinées du CNPF (ancêtre lait avoir un mandat électoral si on voulait
du MEDEF).
faire de la politique »4. Quel courage... Plusieurs grandes villes lui sont gentiment
Pile ou face ?
proposées par la direction du PS. Mais elle
En 1991, elle devient ministre de l'em- décide de débarquer à Lille pour seconder
ploi sous le gouvernement Cresson, sans Mauroy lors de la campagne municipale
jamais avoir été élue. Puis c'est la victoire qui s'annonce. Son fidèle lieutenant, c'est
de la droite en 1993. Plutôt que d'aller « Pierre le Jolis de Villiers de Saintignon »
railler sur les bancs de l'assemblée, elle (il est né comte). Aujourd'hui n°2 de la
crée une fondation, « FACE » (Fondation mairie, celui-ci se définit davantage
Agir Contre l'Exclusion). Plusieurs comme « un homme d'entreprise ». Angrands patrons lui apportent quelques di- cien cadre de chez Darty, il est soutenu
zaines de millions de francs, dont Da- par une partie du patronat du Nord. Au
none3, Darty, Manpower, AXA, le Club
D AUBRESSE :
Conseil Régional, il subit une « volée de
bois rouge » en juin 2006 pour sa politique
d'aide aux entreprises qui licencient5.
Parachutée dans le Nord, Aubry peine à
pénétrer les réseaux lillois. Elle se fait
donc les siens en embauchant l'avocat
Brichen pour la culture, Da Sylva pour les
patrons et Polliautre pour les écolos et la
gauche du PS6... ou Walid Hanna, un médecin qui a soutenu la candidature lilloise
d’Alex Türk (RPR) en 1995. En 2001, elle
l'emporte de justesse avec 49% des voix,
grâce au maintien du FN au 2ème tour7.
Compte tenu de l'abstention record,
Aubry est devenue maire de Lille avec le
soutien de moins du quart des électeurs
et électrices...
Après avoir perdu la 5ème
circonscription en 2002
(c'était pourtant un fief du
PS), elle se frite avec Mauroy sur le grand stade et
les dernières législatives.
Pour espérer devenir patronne de Lille métropole,
c’était pas le meilleur
moyen... Le “Rougeaud de
Lille” ira se plaindre à la
direction nationale du PS8
: « Elle m'a fait beaucoup
de mal »... De la « politique » de haut niveau !
S.G
1,2,4 : La campagne de Martine Aubry lors des élections
municipales de Lille en 2001,
Lefebvre Wilfried et Lecocq Olivier, mémoire de DEA, IEP, 2001, dir. P.Mathiot.
3 : Elle serait très liée avec son PDG, F.Riboud, d'après Marc Prévost (cf note 5)
5, 6 : Le petit théâtre de Pierre Mauroy, Marc
Prévost, Edition Les Lumières de Lille, 2007,
p 155.
7 : Aux municipales, il suffit de 10% des suffrages pour se maintenir au deuxième tour.
A Lille, le FN empêche ainsi que la droite
l'emporte. Si l'extrême-droite ne passe pas le
1er tour en 2008, la droite a toutes ses chances:
en 1995 et 2001, le total des voix de la droite
et du FN devançaient la « gauche plurielle ».
8 : Il rajouta : « Elle ne sait pas y faire avec les
gens du Nord », etc. (L'Express du
06/04/2006)
Marc-Philippe Daubresse
veut hériter du trône de
Mauroy. La mairie de
Lambersart et ...
D
aubresse débute son engagement au syndicat étudiant très à droite UNI, avant de suivre les cours de l'école centrale de Lille. Il
devient responsable de l'UDF (Union pour la Démocratie Française) dans le Nord. Il siège au conseil régional dès 1986 et devient maire de Lambersart en
1988 suite au décès de G.Defosse. Mairie qu'il a
conservé jusqu'à aujourd' hui.
Il fait partie, comme tant d'autres, des rats qui ont
quittés le navire UDF après la création de l' UMP. Secrétaire d'Etat puis ministre du logement sous les
gouvernements Raffarin jusqu'en mai 2005. Il subit
l'arrivée du gouvernement Villepin, mais profite
d'élections législatives partielles en septembre 2005
pour retrouver un portefeuille. Il est actuellement
vice-président de la Métropole et de l'Assemblée Nationale. Il attend maintenant de gravir la dernière
marche du podium. Aidons-le à tomber.
Quand la fin justifie
les moyens
Pour obtenir ce qu' il souhaite, Daubresse ne semble
pas avoir de limites. Dans le cadre de sa stratégie de
com', il n'hésite pas à envoyer des tract-lettres aux
enfants. Mais pas à tous les enfants, celles et ceux
dont les parents sont sans- papiers ou les enfants de
Don Quichotte n'ont pas eut droit à la même attention... Pour se faire élire président de la CUDL, il est
prêt à affronter ses amis d'hier1 et racole du PS au FN
2
. En voilà un qui a compris la politique. Sauf que les
effets d'annonce et la surenchère ne suffisent pas. Ces
propos recueillis par le Canard Enchaîné l'illustrent
parfaitement. "En 2005, nous allons injecter dans les
quartiers en difficulté plus d’argent que les EtatsUnis en Irak. » Estimés à plus de 400 milliards de dollars3, le budget quartier de Daubresse a de la gueule.
Ou plutôt une grande gueule car dans les faits Daubresse n'a pas autant construit que les USA ont pu
détruire. A Lambersart il doit faire face à la révélation d'une affaire de marchés publics douteux qui
met en cause la mairie, et au Canard enchaîné qui lui
reproche de louer un château de 500 m2 au milieu
d'un grand parc de Lambersart pour 2500 euros par
mois. Il est maire d'une ville qui ne compte à l'heure
actuelle que 13 %4 de logements sociaux. Un ancien
ministre du logement qui ne montre pas l'exemple,
est-ce que ça se verra ? Daubresse préfère chercher la
parade et fait diminuer le nombre de communes
concernées par la loi SRU, en obtenant une baisse de
1 point du seuil légal de logements sociaux5 pour les
villes qui bénéficient de la Dotation Sociale Urbaine
(DSU). Mais casser le thermomètre n'a jamais fait
baisser la température. Et le nombre de logements
reste toujours, en construction ou disponible, largement insuffisant. Cet adepte du consensus « à la Mau-
HUYGHE , UN « SALE » MAIRE POUR LILLE
Monsieur Huyghe,
fidèle disciple de la sarkozie, espère
reprendre la mairie de Lille avec le
soutien du patronat et de la bourgeoisie locale.
J
-3, J-2, J-1... Le décompte envoyé par l'UMP du
Nord annonçait par mail un grand événement
mystérieux à la Voix du Nord1. Et vlan ! D'un
coup, au matin, 72 panneaux de quatre mètres sur trois
partout dans Lille, recouverts de la photo de la star
Huyghe et proclamant « Un nouveau maire pour Lille... ».
Les points de suspension sont là « pour signifier que tout
est à construire » selon le chargé de com'. C'est à dire ?
Une ville sans pauvre, sans manouche, sans chômeur et
truffée de caméras? Le service com' n'a rien compris : au
national, l'UMP s'attache à déconstruire le droit de grève,
la Sécu, le code du travail, le RMI, l'Assedic, les services
publics, etc. Huyghe devrait le mettre au courant sur son
parcours...
Petit notable au service des grands patrons
Il débute sa carrière à Démocratie Libérale. Dirigé par Alain
Madelin, ce parti de notables et de patrons travaille au dé-
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mantèlement des services publics et milite pour une économie ultra-libérale. S'il passe ensuite à l'UMP, il adhère au
Club des réformateurs dont le mot d'ordre se résume à : pas
de frontières pour les marchandises ! Il y côtoie des anciens
de la droite extrême tel Devedjian (voir p.11) ou Gérard
Longuet. En tant que député, il est à l'origine du projet de
loi sur les successions, un beau cadeau fait aux grandes fortunes de ce pays. Il travaille aussi sur un rapport concernant
« l'attractivité du territoire pour les sièges sociaux des grands
groupes internationaux », dans lequel il fustige les charges
sociales trop lourdes et « l'image de la France bloquée par
des grèves régulières ».
Héé... rentre vit' à ta maison...
Fils d'un petit patron du Nord, clerc de notaire, Huyghe
est partisan d'un grand stade tout privé gare St Sauveur,
de la généralisation de la vidéo-surveillance à Lille, et entend « incarner une rupture de génération et de style ».
Concrètement, il débauche des élu-e-s de « gauche »2, et
met au point des slogans de campagne « décomplexés »,
dont celui-ci, magnifique: « Si tu ne vas pas à Lagardère,
Lagardère ira à toi »3. Allez, pour conclure, cher Sébastien
Huyghe, on va être très gentil : casse-toi !
S.G
1 : La Voix dit -sans rire- que cela s'appelle du « teasing ». A La
Brique, on appelle ça des « spams » à foutre à la corbeille. Cette
campagne électo-publicitaire a eu lieu pendant la braderie.
2 : Mme Brigitte Mauroy, la nièce, a démissionné du Parti Radical
de Gauche pour prendre la deuxième place sur sa liste.
3 : Réplique lancée à Martine Aubry dans Le Point du
05/07/2007, pour ne pas avoir oser s'être représentée face à lui
aux dernières législatives de 2007.