CHAPITRE 1 - B - 2 ADAPTATION THERMIQUE

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CHAPITRE 1 - B - 2 ADAPTATION THERMIQUE
PREMIERE PARTIE : LES BASES de NOTRE EXERCICE
B- Physiologie de l’adaptation du nouveau-né à la vie extra utérine
B-2 L’adaptation thermique
1- Situation in utéro
In utero, l’enfant prend inévitablement la température de sa mère et l’augmente du fait de
son propre métabolisme basal, lui-même augmenté par l’action des catécholamines du
travail. Le nouveau- né à terme naîtra donc avec une température physiologiquement
supérieure de 0,3°à 0,8° à celle de sa mère.
2- A la naissance
L’être humain est homéotherme, sa température centrale est constante à 37°.
La température normale de l’enfant à la naissance est comprise entre 36°5 et 37°5. Ceci
implique des processus de thermorégulation pour atteindre la stabilité thermique atteinte en
1 semaine environ. La fonction thermique reste donc fragile toute la 1ère semaine de vie.
La thermorégulation résulte d’un équilibre entre production et déperdition de chaleur.
Le nouveau- né est exposé dès sa naissance aux échanges thermiques avec son
environnement. En l’absence de précautions particulières, cet environnement ne délivre pas
de chaleur que l’enfant pourrait capter (locaux spacieux, à 24°, déplacements de personnes,
surfaces à température ambiante), au contraire il peut capter du froid. L’échange thermique
s’effectue donc plutôt dans le sens de l’enfant vers l’environnement. Dès lors, l équilibre
thermique du nouveau- né dépend de la thermolyse, de la thermogenèse, et du centre
thermorégulateur.
La thermolyse s’effectue spontanément dès la naissance par :
- évaporation : à partir de la peau par voie transépidermique (perspiration) d’autant plus
importante que l’air ambiant est peu chargé en vapeur d’eau, et à partir des voies
respiratoires d’autant plus que l’air inhalé est froid et que l’enfant pleure.
- convection : transmission de la chaleur corporelle à l’air froid qui circule autour du corps et
entre en contact avec la peau et les voies respiratoires, elle dépend du gradient thermique,
de la position de l’enfant (plus importante en décubitus dorsal), de la vitesse de déplacement
de l’air (augmente avec la rapidité du courant d’air).
- conduction : du corps vers une surface froide avec laquelle il est en contact (mains,
balance), dépend du gradient thermique et de la conduction du matériau qui absorbe et
garde ou diffuse la chaleur reçue.
- radiation : vers tout objet ou surface froide par émission de radiations infrarouges, dépend
de la surface exposée donc de la posture, et de la différence de T° entre les 2 surfaces.
La thermolyse est également liée à certaines caractéristiques néonatales :
-l’épiderme très fin et très vascularisé, donc très perméable, de l’extrémité céphalique
favorise 50 à 85% de la déperdition totale de chaleur
-le corps du nouveau- né offre une grande surface cutanée par rapport à sa masse
-le tissu adipeux sous cutané est réduit, ne retenant pas la chaleur corporelle
-en cas d’hyperthermie la thermolyse par transpiration est réduite
La thermogenèse est limitée car :
- à terme, le rapport masse corporelle (production) surface de peau (pertes) est diminué
- le nouveau-né ne frissonne pas, se mobilise de façon limitée, ne peut se nourrir seul.
- son recours essentiel est la thermogenèse sans frisson, sous l’action de la noradrénaline
secrétée en réponse au froid. Elle consiste en une oxydation du tissu adipeux brun.
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Sélectivement dédié à la production de chaleur, ce tissu se constitue au 3eme trimestre de
la grossesse. Il est situé dans 2 zones superficielle (base du cou et espace inter scapulaire)
et profonde (région pré rachidienne du thorax et abdomen) .Son hydrolyse libère glycérol et
acides gras, réaction inhibée par l’hypoxie. Le glycérol passe dans la circulation sanguine,
les acides gras sont oxydés dans les mitochondries de divers tissus (cœur, cerveau,
diaphragme, muscles du squelette) pour y produire de la chaleur.
Un réchauffement préférentiel du sang qui se dirige vers le cœur, le cerveau et les reins est
ainsi assuré.
Le centre régulateur est situé dans l’hypothalamus et activé par des thermorécepteurs
périphériques et centraux. Le système régulateur n’est pas immature à la naissance,
(sudation, réactions vasomotrices), mais limité en fonction du métabolisme basal.
De plus, le fonctionnement du centre hypothalamique de la thermorégulation peut être altéré
par des drogues administrées à la mère telles morphiniques, anesthésiques.
La neutralité thermique désigne l’environnement dans lequel le nouveau né ne doit pas
engager d’énergie autre que son métabolisme basal pour maintenir une T°correcte.
Elle doit toujours être recherchée, et est obtenue par un ensemble de précautions consistant
à éviter les pertes caloriques inutiles, en apportant une chaleur immédiatement utilisable.
En absence de mesures sur l’environnement, les pertes caloriques sont difficilement
compensées et le nouveau-né est obligé de mobiliser des ressources énergétiques (glucose)
qui seraient utiles à d’autres métabolismes et à la croissance. S’il ne parvient plus à
mobiliser de ressources suffisantes, il refroidit.
Ces précautions et mesures seront développées en 2eme partie.
3- Dans les premiers jours et premières semaines
La thermorégulation est acquise en 48h avec une T°normale comprise entre 36,5° et 37,5°.
Le nouveau-né reste cependant encore très sensible au refroidissement car il ne dispose
toujours pas de moyens de thermogenèse suffisants et reste très dépendant de son
environnement. Dans des conditions de vie adaptées, rappelons que la stabilité thermique
n’est atteinte qu’à 1 semaine de vie.
Bibliographie
- Okken.A, Koch.J
Thermorégulation of sick and low birth weight neonates
Editions Springer- Berlin 1995 p127-139
- Gold.F, Saliba.E, Biran-Mucignat.V, Mitanchez-Mokhtari.D
Physiologie du foetus et du nouveau-né.
Adaptation à la vie extra utérine.
EMC( Elsevier MassonSAS, Paris) Pédiatrie, 4-002-P-10, 2007.
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